N° 1866 ______ ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
AU NOM DE LA COMMISSION DE LA PRODUCTION ET DES ÉCHANGES (1) SUR LE PROJET DE loi de finances pour 2000 (n° 1805), TOME IV AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE et ENVIRONNEMENT ENVIRONNEMENT PAR M. JEAN-PIERRE BLAZY, Député. (1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page. Voir le numéro : 1861 (annexe 7) Lois de finances. La commission de la production et des échanges est composée de : M. André Lajoinie, président ; MM. Jean-Paul Charié, Jean-Pierre Defontaine, Pierre Ducout, Jean Proriol, vice-présidents ; MM. Léonce Deprez, Christian Jacob, Daniel Paul, Patrick Rimbert, secrétaires ; MM. Jean-Pierre Abelin, Yvon Abiven, Jean-Claude Abrioux, Stéphane Alaize, Damien Alary, André Angot, François Asensi, Jean-Marie Aubron, Pierre Aubry, Jean Auclair, Jean-Pierre Balduyck, Jacques Bascou, Mme Sylvia Bassot, MM. Christian Bataille, Jean Besson, Gilbert Biessy, Claude Billard, Claude Birraux, Jean-Pierre Blazy, Jean-Claude Bois, Daniel Boisserie, Maxime Bono, Franck Borotra, Christian Bourquin, Mme Danièle Bousquet, MM. François Brottes, Vincent Burroni, Marcel Cabiddu, Alain Cacheux, Dominique Caillaud, André Capet, Jean-Paul Chanteguet, Jean Charroppin, Philippe Chaulet, Jean-Claude Chazal, Daniel Chevallier, Pierre Cohen, Alain Cousin, Yves Coussain, Jean-Michel Couve, Jean-Claude Daniel, Marc-Philippe Daubresse, Philippe Decaudin, Mme Monique Denise, MM. Jacques Desallangre, Eric Doligé, François Dosé, Jean-Pierre Dufau, Marc Dumoulin, Dominique Dupilet, Philippe Duron, Jean-Claude Etienne, Alain Fabre-Pujol, Albert Facon, Alain Ferry, Jean-Jacques Filleul, Jacques Fleury, Nicolas Forissier, Roland Francisci, Claude Gaillard, Robert Galley, Claude Gatignol, André Godin, Alain Gouriou, Joël Goyheneix, Michel Grégoire, Gérard Grignon, Hubert Grimault, Lucien Guichon, Gérard Hamel, Patrick Herr, Claude Hoarau, Robert Honde, Claude Jacquot, Mme Janine Jambu, MM. Aimé Kergueris, Jean Launay, Thierry Lazaro, Jean-Yves Le Déaut, Patrick Lemasle, Jean-Claude Lemoine, Jacques Le Nay, Jean-Claude Lenoir, Arnaud Lepercq, René Leroux, Roger Lestas, Alain Le Vern, Félix Leyzour, Michel Liebgott, Lionnel Luca, Jean-Michel Marchand, Daniel Marcovitch, Alfred Marie-Jeanne, Alain Marleix, Daniel Marsin, Philippe Martin, Jacques Masdeu-Arus, Marius Masse, Roger Meï, Roland Metzinger, Pierre Micaux, Yvon Montané, Gabriel Montcharmont, Jean-Marie Morisset, Bernard Nayral, Jean-Marc Nudant, Jean-Paul Nunzi, Patrick Ollier, Joseph Parrenin, Paul Patriarche, François Patriat, Germinal Peiro, Jacques Pélissard, Mmes Marie-Françoise Pérol-Dumont, Annette Peulvast-Bergeal, MM. Serge Poignant, Bernard Pons, Jacques Rebillard, Jean-Luc Reitzer, Gérard Revol, Mme Marie-Line Reynaud, M. Jean Rigaud, Mme Michèle Rivasi, MM. Jean Roatta, André Santini, Joël Sarlot, François Sauvadet, Michel Tamaya, Jean-Claude Thomas, Léon Vachet, Daniel Vachez, François Vannson, Michel Vaxès, Michel Vergnier, Gérard Voisin, Roland Vuillaume.
MESDAMES, MESSIEURS, Le projet de loi de finances pour 2000 confirme que la protection de lenvironnement constitue désormais une des principales priorités de laction gouvernementale. Sélevant à 4,298 milliards de francs, les crédits de lenvironnement sont en progression de 8,6 % par rapport à ceux inscrits dans la loi de finances initiale pour 1999. Le budget de lenvironnement se situe au deuxième rang (après le budget de loutre-mer) des plus fortes progressions budgétaires. Cette volonté politique de doter le ministère de lenvironnement de moyens substantiels est récente. La loi de finances pour 1998, largement « prise en marche » par lactuel gouvernement naugmentait que très modestement les crédits de lenvironnement (+ 0,9 %) faisant alors déplorer à Mme Nicole Bricq, rapporteur pour avis de la commission de la production et des échanges, que « ce budget reste dannée en année lun des plus modestes de lEtat ». Cest la loi de finances pour 1999 qui a marqué linfléchissement de la politique gouvernementale dans ce domaine avec linscription de crédits en hausse de près de 15 % et surtout avec la mise en oeuvre dune véritable fiscalité écologique fondée sur un instrument unique : la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). Le temps est donc révolu où le ministère de lenvironnement était au mieux considéré comme un simple contre-pouvoir face à plusieurs départements ministériels à la puissance avérée (équipement, transports, industrie, agriculture) et sapparentait dans le pire des cas à l« alibi écologique » dune politique gouvernementale ayant dautres priorités. Le projet de loi de finances pour 2000 sinscrit dans le prolongement du budget précédent. Désormais, le ministère de lenvironnement tend à devenir un ministère « de plein exercice ». En effet, la progression des dotations budgétaires permettra en particulier dasseoir lautorité technique du ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement. Cest à cette fin que sera créée lannée prochaine une nouvelle direction centrale chargée des études économiques et de lévaluation environnementale permettant de renforcer les capacités dexpertise du ministère. Comprenant 60 à 70 personnes, cette direction mesurera lefficacité de nos instruments juridiques et fiscaux de protection de lenvironnement et limpact « écologique » des politiques publiques. Dans le même esprit, les crédits alloués à lInstitut français de lenvironnement (IFEN) connaîtront une forte augmentation (+ 10,6 % en crédits de paiement et + 18,7 % en autorisations de programme) soutenant ainsi sa mission de connaissance de lenvironnement. Par ailleurs, un effort particulier est fait en faveur de la prévention des risques. Les autorisations de programme proposées pour lInstitut national de lenvironnement industriel et des risques (INERIS) et pour lAgence de lenvironnement et de la maîtrise de lénergie (ADEME) progressent ainsi respectivement de 24 % et de 8 %. Votre rapporteur ne peut toutefois que relever pour le déplorer le manque dhomogénéité de cet effort. Ainsi dans les crédits de lADEME, alors que les sommes allouées pour des actions telles que la dépollution des sols ou le ramassage des huiles usagées sinscrivent en hausse, les dotations affectées à la politique des déchets et à lisolation acoustique au voisinage des aérodromes ne sont que reconduites dans une période où les demandes des citoyens et des collectivités territoriales affluent et où le retard dans le traitement des dossiers saccumule. Les exigences communautaires conduisent par ailleurs le Gouvernement à accentuer son effort en direction des zones naturelles sensibles. Afin de combler le retard pris par le précédent gouvernement pour la détermination des sites du réseau « Natura 2000 », le fonds de gestion des milieux naturels (FGMN) voit doubler sa dotation en crédits de paiement en 2000 et ses autorisations de programme progresser de plus de 36 %. Pour leur part, les crédits alloués aux parcs nationaux augmentent de 5 % en dépenses ordinaires de près de 15 % en subventions dinvestissement (autorisations de programme) afin de financer louverture du nouveau parc national de Corse. Parallèlement à cet important effort budgétaire, le Gouvernement a continué à développer dautres instruments servant la politique de lenvironnement. Cest ainsi quun nouveau compte spécial du Trésor alimentant le fonds national de leau a été créé. Ce fonds est composé de deux sections. La première dotée de 958 millions de francs finance le fonds national pour le développement des adductions deau ; elle est gérée par le ministère de lagriculture. La seconde, dotée de 500 millions de francs, correspond au nouveau fonds national de solidarité pour leau. Financée par un prélèvement sur les agences de leau, ce fonds, géré par le ministère de lenvironnement et de laménagement du territoire, met en place une véritable politique de solidarité entre les bassins versants permettant ainsi de financer des actions dintérêt commun à lensemble des bassins. Enfin, lassiette de la taxe générale sur les activités polluantes est élargie aux domaines de la pollution de leau les détergents phosphatés entrent dans son champ dapplication et des pollutions dorigine agricole (en attendant son extension en 2001 aux consommations intermédiaires dénergie). Intégré au projet de loi de financement de la sécurité sociale, le produit de la TGAP doit contribuer à alléger le financement des charges résultant de la réduction du temps de travail. De ce point de vue, la TGAP permet dinscrire laction du Gouvernement en faveur de lenvironnement dans le cadre plus vaste de la lutte pour lemploi, impératif mis en tête des priorités nationales par le Premier ministre dès sa prise de fonctions. La poursuite de lextension de lassiette de la TGAP lannée prochaine doit dores et déjà nous conduire à nous interroger sur ses conséquences budgétaires. La rationalisation et la simplification de notre fiscalité écologique passait par la création dune taxe unique dont le produit devait être versé à lEtat et servir des causes dintérêt national, telle la création demplois. Cependant, il est essentiel que la forte progression des revenus attendus de la TGAP trouve, dès le prochain projet de loi de finances, une traduction arithmétique dans le budget de lenvironnement. Enfin, il faut signaler que 2000 sera pour notre pays une année importante puisque la présidence de lUnion européenne lui reviendra à partir de juillet prochain. Dans ce contexte, on ne peut que se féliciter de la progression de 11 % des crédits consacrés à laction internationale du ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement. Souhaitons que ces six mois de présidence soient mis à profit par la France pour relancer une véritable politique européenne de lenvironnement et que les directives promises ou à létude depuis de nombreuses années (telle celle sur le bruit), voient enfin le jour. Pour de nombreux observateurs soucieux de la protection de lenvironnement, la loi de finances pour 1999 avait été historique. En effet, outre le lancement dun véritable instrument fiscal au service de lenvironnement la TGAP , ce budget enregistrait la plus forte croissance des crédits de lenvironnement depuis la création du ministère. Sétablissant à 2,179 milliards de francs (hors TGAP), ils étaient en progression de près de 15 % par rapport à la loi de finances pour 1998, affichant ainsi une hausse que navait même pas générée la création des directions régionales de lenvironnement (DIREN) en 1991. Le projet de loi de finances pour 2000 était donc attendu, chacun voulant voir si cet effort avait fait long feu ou si, au contraire, laction du Gouvernement en faveur de lenvironnement sinscrivait dans la durée. Avec des crédits de paiement en hausse de 8,6 %, la démonstration est faite que le Gouvernement tient à faire du ministère de laménagement et de lenvironnement, un ministère de plein exercice et donc à le doter de moyens financiers conséquents. BUDGET DE LENVIRONNEMENT (en milliers de francs)
* TGAP incluse Indiquons également que dans le projet de loi de finances pour 2000 sont inscrits pour plus de 2,3 milliards de francs de mesures nouvelles représentant 53,7 % de lensemble des crédits alloués au ministère de lenvironnement. Lanalyse de ces crédits par agrégats souligne les priorités retenues par le Gouvernement en matière de politique environnementale. RÉPARTITION DES CRÉDITS PAR AGRÉGATS (en millions de francs)
Une analyse plus précise des différents chapitres contenus dans ces agrégats montre que laction du Gouvernement se concentre principalement autour de trois priorités : le renforcement des capacités dexpertise et de contrôle du ministère comme latteste la création dune nouvelle direction dadministration centrale spécialisée dans les études économiques et lévaluation ; la prévention des pollutions, des nuisances et des risques naturels ; la consolidation des dispositifs de protection des espaces naturels sensibles et de la biodiversité. La politique de leau nest pas pour autant négligée, comme pourrait faussement lattester le tableau ci-dessus. Elle est désormais principalement financée sur un compte spécial du Trésor qui sera présenté ultérieurement dans ce rapport. I. VERS UN MINISTÈRE DE « PLEIN EXERCICE » A. LA CRÉATION DE LA DIRECTION DES ÉTUDES ÉCONOMIQUES ET DE LÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE Outre la direction générale de ladministration et du développement, les directions dadministration centrale du ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement avaient jusquà présent des compétences verticales : eau, prévention des pollutions et des risques, nature et paysage. Pour asseoir lautorité technique du ministère, il importait de créer une structure transversale ayant vocation à conduire des expertises, à donner des conseils et à évaluer les politiques publiques en matière denvironnement. Cest cette mission qui a été assignée à la direction des études économiques et de lévaluation environnementale (D4E). Cette nouvelle direction, dotée de 10 millions de francs de crédit pour sa première année dexistence regroupera environ 60 à 70 personnes. Celles-ci devraient provenir pour moitié de redéploiements effectués au sein du ministère ; des personnels de la direction de la nature et des paysages et du service de la recherche et des affaires économiques de la direction générale de ladministration et du développement seront ainsi mutés à la D4E. Lautre moitié des effectifs devrait être affectée à des postes créés, ceux-ci devant pour une large part être réservés à des économistes. Parmi ses attributions, la D4E aura la responsabilité de la tutelle de linstitut français de lenvironnement (IFEN) et de la commission des comptes de lenvironnement. LIFEN, qui constitue une unité essentielle du ministère, pourra ainsi fournir, conformément à sa mission de connaissance de lenvironnement, les données chiffrées utiles à la D4E. La forte hausse de sa dotation budgétaire (+ 8,6 % dont + 10,6 % pour les seuls crédits dinvestissement) traduit la volonté publique de voir son rôle renforcé, ce quatteste la création de cinq postes en son sein. La D4E constituera donc une unité permanente de conseil et dassistance dans la négociation, la définition et la mise en uvre des politiques publiques ayant un impact environnemental. Elle sera également chargée de mesurer sur le long terme les incidences environnementales des choix gouvernementaux. Pour mener à bien ses différentes missions, la D4E travaillera en collaboration étroite avec les organismes internationaux concernés par les problèmes environnementaux et, en France, avec lINSEE, le commissariat général au Plan et la direction de la prévision du ministère chargé des finances. On voit donc que son champ daction dépasse largement les compétences réglementaires du ministère de lenvironnement. Il est certain que confier à un département ministériel une fonction lautorisant à expertiser même dans un domaine précis les politiques publiques mises en uvre par dautres ministères va susciter des problèmes. Des habitudes seront ainsi bousculées et des susceptibilités devront être tues. Reste à savoir toutefois comment sexercera cette mission : la D4E pourra-t-elle s« autosaisir » et expertiser de sa propre initiative les politiques publiques ? Son attention devra-t-elle être alertée par une tierce personne, qui, en lespèce, ne pourrait être que le Premier ministre ? Au jour où ce rapport est rédigé, la question ne semble pas encore tranchée. Elle est pourtant dimportance et loin dêtre politiquement neutre. B. UNE CAPACITÉ DEXPERTISE MISE AU SERVICE DUNE POLITIQUE DÉCONCENTRÉE DE LENVIRONNEMENT 1. Le renforcement des moyens des directions régionales de lenvironnement (DIREN) Créées en 1991 en métropole et en 1994 dans les départements doutre-mer, les directions régionales de lenvironnement (DIREN) constituent un rouage essentiel de laction du ministère dans ses missions dexpertise et de contrôle. Leur rôle est multiple : coordination de laction des différents services déconcentrés de lEtat dans des domaines touchant à la protection de lenvironnement, contrôle de lapplication des lois et règlements relatifs à leau, à la protection de la nature et des sites, aux études dimpact, aux paysages, à la publicité extérieure, participation à lélaboration des documents de planification (contrats de plan Etat-régions, schémas directeurs, schémas daménagement et de gestion des eaux, chartes des parcs naturels), instruction de certaines demandes dautorisation (travaux en sites classés, questions relatives aux réserves naturelles), expertise dans de multiples domaines (hydrogéologie, écologie, paysage, hydrobiologie, etc.). Pour divers que soit le champ dapplication de leurs prérogatives, la réalité du pouvoir des DIREN nen est pas moins relative, dabord parce que leurs missions de police sont assez limitées (elles concernent principalement le seul domaine de leau) et ensuite parce que leurs effectifs sont trop faibles (ce qui induit souvent des temps de réaction trop longs). Dès 1998, le ministère de lenvironnement sest lancé dans une entreprise de modernisation de ses services territoriaux visant en particulier à accroître les pouvoirs des DIREN par une plus forte déconcentration des procédures administratives. Dans le même esprit, des négociations ont été initiées en 1999 avec les ministères chargés de lagriculture et de léquipement afin délaborer des chartes précisant le rôle respectif des différents services déconcentrés dans la mise en uvre des politiques de lenvironnement. Cet effort de modernisation trouve aujourdhui une traduction budgétaire dans le projet de loi de finances pour 2000. Ainsi les moyens des services alloués aux DIREN progressent très fortement : les crédits liés aux rémunérations du personnel en activité passent de 140 millions de francs en 1999 à 244 millions de francs dans le projet de budget pour 2000 ; ils reflètent la progression des effectifs des DIREN, 36 nouveaux postes devant être créés lan prochain dans les services déconcentrés du ministère ; les crédits de matériels et de fonctionnement des services sélèvent à 84,5 millions de francs contre 70,5 millions de francs lors de lexercice budgétaire précédent (soit une progression de 19,8 %) ; les crédits dinvestissement sont désormais de 25 millions de francs alors quils sétablissaient à 17,8 millions en 1999 (+ 40,4 %). Cette progression importante et généralisée des moyens alloués aux DIREN montre que le Gouvernement ne veut pas sen tenir à un simple réaménagement des missions de ces services déconcentrés mais procède à un véritable réexamen de leur action. Aidé par la création de la D4E, le ministère définira courant 2000 un ensemble dindicateurs permettant dévaluer le suivi de la politique environnementale. Le programme de mise à niveau des moyens humains et matériels sera donc poursuivi. De même, la possibilité de mettre à disposition des services vétérinaires et des directions régionales de lindustrie, de la recherche et de lenvironnement (DRIRE), des personnels des DIREN doit être étudiée afin de renforcer le rôle joué par les agents du ministère de lenvironnement dans la police des installations classées. A noter que linspection des installations classées compétente pour les seuls établissements industriels donc hors installations classées agricoles qui dépend des DRIRE, voit en 2000 ses effectifs passer de 775 à 819. 2. Les volets « environnement » des contrats de plan La prise en compte de limpératif de protection de lenvironnement au niveau régional est au centre des préoccupations du Gouvernement. Un chiffre illustre éloquemment cette volonté : sur les 296 emplois nouveaux créés, en deux ans, au sein du ministère de lenvironnement, 210 ont concerné les services déconcentrés. Cest à travers les contrats de plan Etat-régions que cette volonté trouve sa pleine expression. Pour la période 20002006, les actions proposées à la contractualisation sarticulent autour de six axes : connaître et faciliter laccès à la connaissance de lenvironnement, définir et mettre en uvre une gestion partenariale de lespace, prévenir et traiter les risques, les nuisances, et les pollutions, maîtriser lénergie, sattacher à une gestion durable de leau, veiller à « lécoconditionnalité » des programmes dactions. Les crédits affectés par lEtat aux volets environnement (première enveloppe) sélèvent, pour la période 20002006 à 2 618 millions de francs contre 1 302 millions pour le précédent contrat (métropole et DOM), soit un doublement, au service des trois priorités gouvernementales : lemploi, la cohésion sociale et le développement durable. A ces sommes, doivent sajouter les dotations finançant les grands programmes inter-régionaux : Plan Loire Grandeur Nature, Territoire Saône-Rhin, Mont Saint-Michel.
II. LA PRÉVENTION DES POLLUTIONS, DES NUISANCES Les crédits affectés à la prévention des pollutions et des risques, regroupés sous lagrégat 04, sélèvent à 2,29 milliards de francs dans le projet de loi de finances pour 2000 contre 2,19 milliards de francs dans le budget pour 1999, soit une progression de 4,4 %. Cet agrégat dont on trouvera le détail des crédits dans le tableau ci-après regroupe différents types dactions : prévention des risques naturels, lutte contre la pollution de lair, prévention des risques industriels, lutte contre le bruit, promotion des éco-produits et renforcement des moyens de lInstitut national de lenvironnement industriel et des risques (INERIS) et de lagence de lenvironnement et de la maîtrise de lénergie (ADEME). TABLEAU TABLEAU A. LA PRÉVENTION DES RISQUES NATURELS Les crédits affectés à la prévention des risques industriels sélèvent dans le projet de budget pour 2000 à 89,2 millions de francs (+ 13,6 %). Les quatre cinquièmes de ces dotations sont consacrés à létablissement des plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPR) et des dossiers communaux synthétiques (DCS). Rappelons en effet que la loi n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de lenvironnement a prévu lélaboration de plans de prévention des risques naturels prévisibles tels que les inondations, les mouvements de terrain, les avalanches, les incendies de forêts, les séismes, les éruptions volcaniques, les tempêtes et les cyclones. 10 000 PPR devront être réalisés dici dix ans. A ce jour, 2 273 seulement lont été. On a toutefois enregistré en 1999 une accélération sensible du rythme délaboration des PPR puisque 300 furent achevés au cours de cette année contre 245 en 1998 et 99 en 1997. La progression importante des crédits du chapitre 34-98, consacrés à ce type dactions (ils passent de 67 à 92,5 millions de francs, affichant ainsi une hausse de 8,1 %), laisse à penser que lannée 2000 devrait permettre au Gouvernement de franchir le cap des 3000 PPR. Ces dotations budgétaires devraient également améliorer linformation des populations exposées en soutenant financièrement lélaboration de dossiers communaux synthétiques (4 636 ont été réalisés à ce jour dont les trois cinquièmes au cours de la seule année 1999). Lessentiel des crédits restants consacrés à la prévention des risques naturels sont inscrits au chapitre 67-20. En 2000, les autorisations de programme inscrites sur cette ligne feront plus que doubler en sélevant à 10,6 millions de francs (contre 5,1 millions en 1999), permettant principalement daider les collectivités locales entreprenant des études pour diminuer leur vulnérabilité face aux aléas naturels. Pour clore le chapitre sur la prévention des risques naturels, il convient enfin de signaler quune dotation annuelle de 3 millions de francs a été créée afin de permettre danalyser les catastrophes naturelles survenues tant en France quà létranger. B. LA LUTTE CONTRE LA POLLUTION DE LAIR Lensemble des dépenses ordinaires et des crédits de paiement relatifs à la lutte contre la pollution atmosphérique sélève pour 2000 à 355,4 millions de francs, affichant ainsi une progression de 8,1 % par rapport à 1999 (328,6 millions de francs). Plus de la moitié de ces crédits est destinée à la mise en uvre de la loi n° 96-1236 du 30 décembre 1996 sur lair et lutilisation rationnelle de lénergie. Ces dotations présentent une double particularité : elles se déconcentrent fortement ; ainsi en 1999, les crédits des titres III et IV consacrés à lapplication de la loi sur lair étaient gérés pour plus de moitié par ladministration centrale alors quen 2000, le cinquième seulement de ces crédits relèvera encore de ladite administration ; elles sont en sensible progression : · Les crédits du chapitre 34-98, articles 60 et 70 sont portés à 13 millions de francs (+ 30 % par rapport à 1999). Ils doivent servir à la réalisation détudes préalables à lélaboration des plans prévus par la loi (plans de déplacement urbain, plans régionaux pour la qualité de lair, plans de protection de latmosphère) et à la mise en uvre de diverses actions de communication. La forte augmentation de ces crédits sexplique, en particulier, par le fait que 2000 sera une année importante pour lélaboration des plans de protection de latmosphère en raison de la mise en application de la directive européenne du 22 avril 1999 qui, par la fixation de nouvelles valeurs limites, aura pour effet daccélérer la réalisation de ces documents. Sagissant plus spécialement des plans de déplacements urbains (PPU), rendus obligatoires par larticle 14 de la loi sur lair dans les périmètres de transports urbains (PTU) des 58 agglomérations de plus de 100 000 habitants, lavancée des travaux délaboration est variable. Pour linstant, seule Lyon a approuvé son PDU en octobre 1997. Dautres agglomérations sont à un stade avancé de la procédure puisquelles ont déjà validé leur projet. Tel est le cas dAubagne, Orléans, Metz, Rouen, Nice, Bordeaux, Rennes, Lille, Grenoble et Saint-Etienne. Une enquête, réalisée récemment en concertation avec le groupement des autorités responsables des transports (GART) et le centre détude sur les réseaux, les transports, lurbanisme et les constructions publiques (CERTU), indique que 28 des 50 agglomérations ayant répondu se situent au niveau des phases de pré-diagnostic ou de diagnostic, les autres se répartissant de part et dautre de ces étapes : une à lamont, 11 au stade de lancement de la démarche ou de la constitution des structures de travail et 10 au stade, soit de lélaboration de scénarios, soit de la finalisation du projet choisi. Ce même travail montre également que, sur les 33 agglomérations ayant avancé une date prévisionnelle dapprobation de leur plan, seules deux dentre elles envisagent une date postérieure au 31 décembre 2000. En Ile-de-France, le problème est particulier car lélaboration du PDU incombe à lEtat et non à lautorité locale compétente pour lorganisation des transports urbains. Actuellement, le stade du diagnostic vient dêtre dépassé par la publication dun rapport le 25 juin 1999. Lélaboration des scénarios est en cours et le calendrier prévisionnel retenu pour les phases ultérieures de la démarche prend en compte celui relatif à létablissement du plan régional de la qualité de lair (PRQA). Cet échéancier prévoit une approbation du PDU régional à lissue de premier semestre 2000, lequel sera consacré aux procédures obligatoires de consultation des collectivités locales et denquête publique, prescrites par la loi sur lair. · Les crédits du chapitre 44-10, articles 80 et 90, sélèvent à 55 millions de francs, progressant ainsi de 10 % par rapport à ceux inscrits dans la loi de finances précédente. Lessentiel des dotations de ce chapitre permet de soutenir le fonctionnement des associations chargées de gérer les réseaux de surveillance de la qualité de lair et de la banque de données sur la qualité de lair. La hausse de ces crédits est justifiée par les besoins encore insatisfaits dans le domaine de la lutte contre la pollution atmosphérique : couverture de lensemble du territoire national par les réseaux de surveillance, définition de nouveaux indicateurs de pollution pour le benzène ou les particules fines, développement de nouveaux moyens dinformation du public, etc. Il convient, à ce stade du rapport, de souligner que la mise en place du dispositif de surveillance na pas fait lobjet de retards criants. Larticle 3 de la loi prévoyait la mise en place de tels dispositifs : au 1er janvier 1997 dans les agglomérations de plus de 250 000 habitants (soit 23 agglomérations), au 1er janvier 1998 dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants (soit 35 agglomérations), au 1er janvier 2000 pour lensemble du territoire national. Au 1er janvier 1997, 22 des 23 agglomérations de plus de 250 000 habitants recensées faisaient effectivement lobjet dune surveillance de la qualité de lair, la dernière, Tours na été équipée que courant 1998, après association des collectivités concernées. Parmi les 35 agglomérations de plus de 100 000 habitants recensées, plus de 25 étaient effectivement équipées au 1er janvier 1998 ; les autres étaient soit en cours déquipement (Lorient, Perpignan, Tours), soit sur le point dêtre équipées, après extension du périmètre de compétence dun réseau existant (Troyes, Maubeuge) ou après création dune nouvelle association (Valence). Trois agglomérations de départements doutre-mer étaient également concernées par ces retards. A ce jour, pour deux dentre elles (Saint-Denis-de-la-Réunion et Fort-de-France), une association de gestion de réseau a été créée, une étude préalable à limplantation dun réseau a été réalisée et les premières stations sont en cours de mise en place. Pour la troisième, Pointe-à-Pitre, une association est en cours de création et une étude préalable va commencer. Au niveau du territoire national, les 39 associations de gestion de réseaux en place, devraient être en mesure dassurer, dès le 1er janvier 2000, grâce à une extension de leur périmètre de surveillance, la couverture de lensemble du territoire national, à lexception toutefois de la Corse, où à ce jour, aucune association na encore été créée. · La plupart des autres crédits sont reconduits, tant ceux du chapitre 57-20 concernant divers travaux détudes que ceux affectés, par le biais du chapitre 67-30, à lADEME afin de lui permettre de mener à bien sa mission de surveillance de la pollution atmosphérique. Dun point de vue plus général, lapplication de la loi sur lair est satisfaisante. Alors que ce texte comportait un nombre important de mesures très disparates, techniquement ou politiquement difficiles à mettre en uvre, il na pas connu de retards trop importants dans sa traduction réglementaire. Ce constat vaut principalement pour les textes dapplication relevant du ministère de lenvironnement, à lexception notable du décret relatif aux plans de protection de latmosphère dont on nous dit toutefois la procédure délaboration très avancée. En revanche, sagissant des textes relevant dautres départements ministériels, tel le ministre de léquipement, des transports et du logement, votre rapporteur ne peut que regretter que certains décrets et arrêtés ne soient toujours pas publiés, comme ceux relatifs à lincorporation de bois dans la construction, aux règles de construction et disolation thermique des bâtiments et à laffichage de la consommation énergétique à lintérieur des immeubles. C. LA PRÉVENTION DES RISQUES INDUSTRIELS Les crédits consacrés à la prévention des risques industriels sélèvent à 17,3 millions de francs, affichant ainsi une progression de près de 40 % par rapport à ceux inscrits lors de lexercice budgétaire précédent. Ces moyens vont permettre de mettre en uvre la directive européenne 96/82 du 9 décembre 1996 concernant la maîtrise des dangers liés aux accidents majeurs impliquant des substances dangereuses, dite directive « Seveso II ». En effet, les exigences renforcées de la directive Seveso II ne manquent pas davoir des incidences financières pour lEtat car : les études réalisées dans le cadre de la mise en uvre de la directive Seveso I vont devoir aussi être mises à jour ; les programmes dinspection que la nouvelle directive impose aux Etats membres sont plus sévères, plus fréquents et portent sur un plus grand nombre détablissements ; alors que 372 établissements sont soumis à la directive Seveso I, on estime à environ 500 le nombre de sites devant respecter les dispositions des nouvelles normes européennes ; en effet, certains seuils (pour les produits agropharmaceutiques par exemple) ont été abaissés et certains critères ont été redéfinis (ainsi la notion de présence de produits dangereux se substitue à celle de stockage) ; les exigences en matière dinformation du public et de maîtrise de lurbanisation sont également renforcées ; les plans durgence sont plus détaillés. Cest pour anticiper lapplication de la directive Seveso II que les effectifs des inspecteurs des installations classées ont été augmentés par la création de 44 postes dans les directions régionales de lindustrie, de la recherche et de lenvironnement (DRIRE) et de 20 postes dans les directions des services vétérinaires. Signalons enfin quen matière de prévention des risques industriels, les dépenses ordinaires et les autorisations de programmes de lInstitut national de lenvironnement industriels et des risques (INDERIS) qui seront analysées ultérieurement, progressent de 18 millions de francs en 2000 (+ 14,8 %). D. LA LUTTE CONTRE LE BRUIT La lutte contre le bruit est une exigence essentielle car, de toutes les nuisances, cest incontestablement celle qui perturbe le plus la vie quotidienne de nos concitoyens au point de pouvoir, dans les cas dexposition les plus graves, affecter leur équilibre personnel. Curieusement, cet impératif constitue le « parent pauvre » des actions budgétaires de prévention contre les pollutions et les nuisances. En effet, les dépenses ordinaires et les crédits de paiement affectés à la lutte contre le bruit (en y intégrant évidemment les dotations allouées à lADEME dans ce but qui seront présentées ultérieurement) dépassent à peine 20 millions de francs et représentent 0,9 % des dépenses consacrées par le ministère de lenvironnement à la prévention des pollutions et des risques. Certes les autorisations de programme augmentent de manière significative (+ 44 %), passant de 20 à 29 millions de francs en un an. Il est vrai aussi que lessentiel de laction des pouvoirs publics, visant à limiter le bruit, relève du ministère de léquipement, des transports et du logement (construction décrans anti-bruit, réalisation de chaussées absorbantes, soutien à lisolation phonique des logements, limitation ou aménagement des flux de transports aériens, etc.). Au total, la dépense nationale de lutte contre le bruit peut être estimée à 5 milliards de francs représentant 3 % de la dépense publique globale de protection de lenvironnement et 0,06 % du PIB. Si lon garde en mémoire que 40 % de nos concitoyens se disent gênés par le bruit dans leur vie quotidienne, on ne peut quêtre surpris par la modestie des sommes engagées par les pouvoirs publics. Comment pourra-t-on, par exemple, avec de telles sommes répondre au rapport de M. Claude Lamure sur la résorption des « points noirs du bruit » qui définit un programme financier de rattrapage ambitieux ? Comme le reconnaît, le ministère de lenvironnement lui-même, ces sommes inscrites au projet de loi de finances pour 2000 permettront simplement de conduire des « études et expertises portant notamment sur les points noirs du bruit liés aux infrastructures de transports terrestres. ». Accessoirement, quelques missions dinformation et de sensibilisation du public pourront également être financées sur les fonds du ministère de lenvironnement. Mais rien de plus ! Pourtant, lactivité législative et réglementaire du Gouvernement en matière de lutte contre les nuisances sonores est demeurée intense en 1999. Quon en juge : · Promulgation de la loi n° 99-588 portant création de lAutorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (ACNUSA). · Application, à partir du 16 décembre prochain, du décret réglementant « les établissements ou locaux recevant du public et diffusant à titre habituel de la musique amplifiée » ; signalons que les conséquences de lapplication de ce texte ont fait lobjet dune étude commandée par le ministère de lenvironnement au Centre dinformation et de ressources pour les musiques actuelles. A lissue de cette étude, diverses actions sont en cours pour accompagner la parution de la nouvelle réglementation sur les lieux musicaux : des actions de formation à la gestion des niveaux sonores et de sensibilisation aux risques auditifs en direction des professionnels de la musique amplifiée, et, plus particulièrement, des sonorisateurs ; des actions de sensibilisation aux risques auditifs en direction du public ; lélaboration dun guide méthodologique à destination des exploitants de salles pour la prise en compte de lacoustique des lieux de diffusion musicale ; enfin, létude de limpact des nuisances sonores accompagnée de solutions proposées pour y remédier et la pose éventuelle de limiteurs de pressions acoustiques qui pourront faire lobjet, pour les salles subventionnées par lEtat, dune aide au titre des mécanismes financiers existants. · Entrée en vigueur du décret n° 99-457 du 1er juin 1999 relatif aux modalités de contribution de lADEME aux dépenses engagées par les riverains des aérodromes pour latténuation des nuisances sonores et du décret n°99-508 du 17 juin 1999 venant préciser les modalités de détermination de lassiette et de perception de la TGAP. · Publication, avant la fin de lannée dun arrêté fixant les seuils de bruit applicables aux établissements hospitaliers neufs et dun arrêté relatif au bruit des infrastructures ferroviaires. Par ailleurs, plusieurs autres textes réglementaires sont en préparation. La diversité des secteurs concernés montre, sil en était besoin, la permanence et luniversalité de la nuisance sonore : établissements denseignement, installations sportives, pratique des sports mécaniques et du tir sportif, aviation de loisir, etc. Cette liste non exhaustive témoigne de lomniprésence dune nuisance dont la limitation ne semble malheureusement pas être, pour linstant, reconnue comme un objectif prioritaire. E. LES MOYENS DACTIONS DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS 1. LInstitut national de lenvironnement industriel et des risques (INERIS) Le budget de lINERIS progresse fortement dans la loi de finances pour 2000. En effet, comme le montre le tableau ci-après le total des dépenses ordinaires et des crédits de paiement augmente en 2000 de 23,8 % et les seules autorisations de programme connaissent une hausse de 10 millions de francs. BUDGET DE lINERIS
Cette sensible progression de la dotation budgétaire est la traduction directe de la réflexion engagée depuis 1998 sur les objectifs et les moyens de linstitut. Cette démarche, qui a associé ministères, partenaires économiques et associatifs et communauté scientifique, sest fondée en particulier sur les conclusions de la mission parlementaire conduite par Mme Odette Grzegrzulka et M. André Aschieri. Cette réflexion a mis en évidence la nécessité daccroître les moyens de lINERIS et dorienter leffort de linstitut afin : de développer les actions danticipation pour constituer une force de proposition à la disposition des pouvoirs publics ; daccroître leffort de recherche, dans un contexte douverture et de coopération avec les autres centres scientifiques en France et en Europe ; de fournir aux administrations et aux entreprises des expertises opérationnelles fiables ; de devenir ainsi le laboratoire de référence dans le domaine de lenvironnement, tout en diffusant plus largement son savoir en direction des opérateurs et du grand public. Ces orientations ont été accueillies favorablement par les autorités de tutelle. Elles seront prochainement précisées et formalisées dans un contrat dobjectifs pluriannuel entre lEtat et lINERIS. Dores et déjà, linstitut a entrepris de renforcer ses programmes de recherche-développement, et de réorganiser ses activités autour de trois directions opérationnelles : risques chroniques, risques accidentels, risques liés au sol et au sous-sol. En 1998 et 1999, lINERIS a mis en place le pôle national décotoxicologie. Dans le domaine de la pollution atmosphérique, il a, entre autres, mis au point des marqueurs biologiques de limpact sanitaire de lozone et réalisé une étude critique du modèle scientifique proposé comme base du protocole international « multipolluants, multi-effets ». Dans le domaine des risques accidentels, linstitut a particulièrement contribué aux travaux relatifs à la sécurité des transports (accident du tunnel du Mont-Blanc et modélisation des risques liés aux substances dangereuses) et à la sûreté des véhicules au GPL. Enfin, lINERIS a largement participé aux recherches et expertises relatives aux séquelles des anciennes exploitations minières. 2. LAgence de lenvironnement et de la maîtrise de lénergie (ADEME) Les autorisations de programme accordées à lADEME au titre de la subvention dinvestissement sélèvent à 1,82 milliard de francs (elles représentent ainsi plus de 40 % du budget total de lenvironnement), correspondant à une hausse de 133 millions de francs par rapport à 1999 (+ 7,8 %). Les crédits de paiement (1,71 milliard de francs en 2000) connaissent, de leur côté, une hausse plus modérée (+ 2 %). Au total, les subventions allouées à lADEME sétablissent comme suit : (en millions de francs)
Dès le début de 1998, lADEME a élaboré avec ses ministres de tutelle un projet dentreprise précisant ses objectifs. De fait, dès 1998, les pouvoirs publics ont décidé de relancer vigoureusement la politique déconomies dénergie. En 1999, une dotation supplémentaire de 500 millions de francs a été attribuée à lagence à cette fin, permettant de financer diverses opérations de réduction des consommations dénergie dans les bâtiments et dans certaines branches industrielles, de poursuivre le plan bois énergie, de relancer le programme solaire thermique et de soutenir plusieurs programmes de recherche dans le secteur de lénergie photovoltaïque, de la géothermie et de la biomasse. Par ailleurs, la décision prise par les pouvoirs publics de moderniser la fiscalité écologique, en créant la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), à compter du 1er janvier 1999, a entraîné la suppression à cette même date des cinq taxes fiscales et parafiscales que lADEME était chargée de percevoir et de gérer. Sur le plan financier, cette suppression a été compensée par loctroi dune dotation budgétaire complémentaire, dun montant analogue, provenant du ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement ; lADEME a été mise ainsi en mesure de poursuivre, dans un cadre institutionnel simplifié, les missions qui lui avaient été confiées, sagissant de la modernisation de la gestion des déchets, de la dépollution des sols, de la filière « huiles usagées », de la surveillance et de la prévention de la pollution atmosphérique et de latténuation des nuisances sonores. Mais, sur ce dernier point, lévolution des crédits de lADEME ne manque pas de préoccuper votre rapporteur, puisque les dotations, consacrées à lisolation acoustique des biens immobiliers situés au voisinage des aérodromes, ne sont que reconduites à hauteur de 84,5 millions de francs (tant en autorisations de programme quen crédits de paiement) dans le projet de loi de finances pour 2000 (alors que les autorisations de programme consacrées aux déchets, à la collecte des huiles usagées et aux actions de dépollution des sols progressent dans des proportions oscillant entre 10 et 20 %). Ce budget sera réparti entre les neuf aérodromes sur lesquels a été institué le dispositif daide aux riverains (Orly, Roissy-Charles-de-Gaulle, Lyon-Satolas, Nice-Côte dAzur, Toulouse-Blagnac, Bordeaux-Mérignac, Marseille-Provence, Mulhouse-Bâle et Strasbourg-Entzheim). Cette répartition est censée répondre aux objectif fixés dans le cadre des programmes pluriannuels daide définis par lADEME pour chaque aérodrome après consultation de la commission consultative daide aux riverains concernée. Limpact des nuisances sonores continue donc à être sous-estimée (en valeur absolue, les crédits de lADEME, alloués à la lutte contre le bruit, représentent moins de 5 % de sa subvention dinvestissement). Cette situation ne va pas manquer de poser des problèmes à court terme car les demandes daides se multiplient en raison, en particulier, de lextension du plan de gène sonore de Roissy-Charles-de-Gaulle. Or, aujourdhui, lADEME accuse déjà un retard certain dans le traitement de ces dossiers. Il est à craindre, à la lecture du projet de budget, que celui-ci naille pas en se résorbant au cours de lannée 2000 et ce dautant plus que lADEME instruit dorénavant seule les demandes, Aéroports de Paris (ADP) nintervenant plus dans la procédure. En effet, jusquà cette année, ADP signait au nom de lADEME la plupart des conventions dattribution de subvention, en vertu de la délégation qui lui avait été faite par convention. En tenant compte dun « taux dabandon » des dossiers estimé à 15 %, on peut estimer à 14 millions de francs, les engagements dADP transmis à lADEME et non encore inscrits dans ses comptes. A ce montant, sajoute celui représenté par les dossiers dont lADEME a repris la gestion en 1999 (68 millions de francs en affectation et autant en prévision dengagement). Quant aux demandes instruites en 1999 par les commissions consultatives daide aux riverains (CCAR), on peut prévoir quelles correspondront à 76,8 millions de francs daides à la fin de lannée auxquels il faut ajouter une somme 1,2 million de francs correspondant à des diagnostics portant sur 242 logements. Sagissant enfin des quelque 3 000 dossiers en cours dinstruction ou non encore reçus, ils devraient mobiliser 7,7 millions de francs. Pour 2000, le nombre prévisionnel de nouveaux dossiers « logements » qui seront instruits en cours dannée sélève à environ 1 800. Sur ce volume, il est prévu que tous les travaux portant sur des logements ayant fait lobjet dun diagnostic devraient être financés, soit 7,7 millions de francs ; pour le reste des demandes, seuls 33 % des travaux seraient engagés, soit 28 millions de francs (en tenant compte du « taux dabandon » de 15 %). A cette première catégorie dopérations, il convient dajouter les dossiers « tertiaires » les plus importants, soit 30 millions de francs, ainsi le coût lié à lacquisition dimmeubles qui sélève à 17 millions de francs. En province, une croissance significative des besoins risque également dêtre enregistrée, particulièrement autour des aéroports de Toulouse et de Marseille, en raison de lextension annoncée des zones géographiques couvertes par les plans de gêne sonore (PGS) vers des zones densément peuplées. PRÉVISIONS DAFFECTATION ET DENGAGEMENT AU TITRE DES AIDES À LINSONORISATION
(1) Estimation dun « risque » de dossiers engagés juridiquement par ADP et non connus à ce jour de lADEME (2) Montant correspondant à lhypothèse où 63 % des travaux sont réalisés en 2000 (3) Montant correspondant à lhypothèse où 28 % des travaux sont réalisés en 2000 (4) Hypothèse impliquant notamment le lancement dune première tranche de lhôpital de Gonesse pour 16,5 MF N.B. : Les prévisions daffectation et dengagement tiennent compte, de manière générale, dun taux dabandon des dossiers par les demandeurs de 15 % en Ile-de-France Source : ADEME Le tableau ci-dessus reprend les calculs prévisionnels des affectations et des engagements de crédits pour les exercices 1999 et 2000. Il fait apparaître que de nombreux travaux seront impossibles à subventionner en raison de la faiblesse des crédits inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000. Le coût total de ces travaux avoisine les 150 millions de francs (somme ramenée à 120 millions de francs en tenant compte de la baisse de la TVA sur les travaux damélioration des logements). En effet, les informations fournies à votre rapporteur montrent quune stricte exécution du budget aura pour conséquence de reporter plusieurs opérations (acquisitions dimmeubles suite à expropriation, opérations portant sur le secteur tertiaire comme linsonorisation de lhôpital de Gonesse, travaux sur les logements pour le quart des demandes environ). La stagnation de crédits consacrés à la politique de gestion des déchets ménagers et assimilés suscite le même type dinquiétude . Pour 2000, les crédits de paiement sont simplement reconduits à hauteur de 811 millions de francs alors que les collectivités locales sont mobilisées pour mettre en uvre les plans départementaux délimination et préparer léchéance de 2002 qui verra la fin de la mise en stockage des déchets non ultimes. LADEME se trouve donc aujourdhui saisie de nombreuses demandes de soutien financier à des opérations de collecte sélective, de traitement, de recyclage et délimination des déchets. Les chiffres sont éloquents : en 1997, les investissements aidés par lADEME étaient de 1,9 milliard de francs, en 1998, ils sélevaient à 3,2 milliards. Le montant attendu des investissements pour 1999 et 2000 sélèvera, selon les informations fournies à votre rapporteur, respectivement à 3,7 et 8,4 milliards de francs. Cette évolution reflète la montée en puissance de la politique des déchets dans laction du Gouvernement en faveur de lenvironnement. Rappelons en effet que depuis dix-huit mois, le Gouvernement a : pris une circulaire déterminant des objectifs clairs et encourageant la réutilisation, le recyclage et la valorisation des déchets ; mis en uvre les décisions annoncées lors de la communication sur la politique des déchets lors du Conseil des ministres du 26 août 1998, en particulier celle portant sur la baisse du taux de TVA à 5,5 % pour les collectivités recourant à la collecte sélective. On ne peut donc que sétonner dune évolution budgétaire peu conforme aux besoins des collectivités territoriales et aux orientations du Gouvernement. Or, devant la montée des demandes, lADEME a déjà dû adapter ses barèmes dintervention à ses moyens budgétaires comme le montre le tableau ci-après.
Source : ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement 1) Les taux indiqués sont les taux de référence, les taux plafond sont en général supérieur de 10 % au taux de référence 2) 5 % si les conditions de collecte séparative ne sont pas réunies On nous rétorquera certes que leffet cumulatif de la baisse du taux de TVA et de la mise en place dinstruments plus incitatifs par les sociétés Eco-emballages et Adelphe relativise ce problème. Il nempêche : lévolution des crédits dans le présent projet de loi de finances ne peut que conduire à sinterroger sur lefficacité, voire la pérennité des dispositifs de soutien de lADEME dans ce domaine. Il est donc essentiel que la ministre de laménagement du territoire et de lenvironnement explique à la représentation nationale comment lADEME pourra en 2000 continuer à mener efficacement ses missions de lutte contre les nuisances sonores et à aider les collectivités territoriales dans le traitement des déchets ménagers. III. LA PROTECTION DE LA NATURE, DES SITES Les dépenses affectées à la protection de la nature, des sites et des paysages sétablissent en 2000 à 747,3 millions de francs correspondant à une augmentation de 12,9 % des dépenses ordinaires et des crédits de paiement. Celle-ci fait suite à laugmentation exceptionnelle de 22 % enregistrée par ce type de dotations en 1999. Le tableau ci-après récapitule les évolutions budgétaires des différentes actions. On notera que lessentiel de leffort budgétaire porte sur : les moyens alloués au Fonds de gestion des milieux naturels (FGMN) en particulier ceux affectés aux parc naturels régionaux et au réseau Natura 2000 ; les crédits destinés aux espaces naturels protégés (parcs nationaux, réserves naturelles et dans une moindre mesure conservatoire du littoral) ; le soutien à la politique de préservation des paysages et des sites. ÉVOLUTION PAR ACTION DES CRÉDITS AFFECTÉS À LA PROTECTION DE LA NATURE, (en millions de francs)
A. LE FONDS DE GESTION DES MILIEUX NATURELS (FGMN) Créé par larticle 33 de la loi n° 99-533 du 25 juin 1999 dorientation pour laménagement et le développement durable du territoire, le Fonds de gestion des milieux naturels (FGMN) avait, par anticipation, été abondé par la loi de finances pour 1999. Ce fonds contribue au financement de projets dintérêt collectif concourant à la protection et à la réhabilitation des milieux et habitats naturels. Sa mise en uvre prend en compte les orientations du schéma des services collectifs des espaces naturels et ruraux. Le FGMN assure le financement de la politique de préservation des milieux naturels et de la diversité biologique relevant principalement des mesures de gestion contractuelles : réseau Natura 2000, parcs naturels régionaux, conservatoires régionaux des espaces naturels, programme de conservation des espèces sauvages et extension du réseau des conservatoires botaniques nationaux. En conséquence, le fonds a pour mission : dactualiser et de pérenniser les inventaires de diversité biologique ; de modéliser, par types dhabitat, les règles de gestion ; de gérer sur ces bases les habitats et les territoires ; deffectuer des travaux de génie écologique ; de soutenir, dans un cadre conventionnel, les propriétaires et les exploitants qui, dune part, apportent leur concours à la préservation des milieux naturels dans le réseau Natura 2000 ou, dautre part, subissent un handicap économique du fait de la présence de certaines espèces protégées ; dassurer le suivi écologique des espaces et espèces ainsi gérés en développant la capacité dexpertise des services déconcentrés. 241,8 millions de francs sont inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000 au titre des dotations du FGMN. Ce budget progresse de plus de 50 millions par rapport à celui voté en 1999 (soit une hausse de 26,2 %). Deux actions enregistrent une augmentation particulièrement importante : 1. La mise en place du réseau Natura 2000 Rappelons que la constitution du réseau Natura 2000 se fait en deux temps : chaque Etat membre doit dabord établir une liste nationale des sites dimportance communautaire. Cest le retard accumulé par le précédent gouvernement dans lélaboration de cette liste qui a valu à la France lengagement par la Commission dune procédure dinfraction en manquement. La Cour de justice des communautés européennes en a été saisie en juin dernier. Depuis les premières propositions transmises à lautomne 1997, cinq autres envois successifs ont été transmis par la France en 1998 et 1999. Ceux-ci portent à 1 029 les propositions de sites susceptibles dêtre reconnus dimportance communautaire. Ces sites couvrent environ 26.720 km2 de superficie terrestre soit 4,9 % du territoire. La répartition en nombre et en superficie de ces sites selon les régions administratives est la suivante :
Source : ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement. Dans un second temps, les Etats membres doivent rédiger un document dobjectifs propre à chaque site. Cest la réalisation de ces documents qui justifie largement la progression des crédits affectés à Natura 2000. En 2000, ils sélèveront à 106,86 millions de francs contre 70,85 millions en loi de finances initiale pour 1999 (+ 50,8 %). 2. Le soutien aux parcs naturels régionaux La dotation allouée aux parcs naturels régionaux (PNR) sélève à 54,77 millions de francs, affichant ainsi une progression de plus de 10 % par rapport au budget 1999. Les parcs naturels régionaux sont aujourdhui au nombre de 37. Ils couvrent près de 11 % du territoire national, intéressent 23 régions, 61 départements et 3 104 communes représentant près de 2,7 millions dhabitants. Créés à linitiative des régions, ils constituent un instrument original daménagement du territoire jouant un rôle déterminant en faveur de la protection, de la gestion et de la mise en valeur des patrimoines locaux. Les moyens nouveaux alloués aux PNR serviront à soutenir les nouveaux parcs et à aider ceux dont la charte sera renouvelée. Il convient en effet de rappeler que le projet de budget pour 2000 intègre la création de trois parcs (Guyane, Monts dArdèche, Trois-Forêts, dans les départements de lOise et du Val-dOise), que huit projets de parc sont à létude et que les deux derniers exercices budgétaires ont vu louverture de cinq parcs (trois en 1998 : Perche, Périgord-Limousin et Avesnois et deux en 1999 : Gâtinais français et Causses du Quercy). Par ailleurs sept parcs ont bénéficié dun renouvellement de classement en 1998 (Camargue, Livradois-Forez, Scarpe-Escaut, Haut-Jura, Ballon des Vosges, Brenne et Marais du Cotentin et du Bessin) et trois en 1999 (Corse, Haute Vallée de Chevreuse et Haut-Languedoc). Il reste à mener à terme les révisions des chartes de huit parcs en vue de leur renouvellement de classement : Brière, Brotonne, Caps et Marais dOpale (qui correspond au regroupement des secteurs du Marais Audomarois et du Boulonnais, parties du parc naturel régional initial du Nord/Pas-de-Calais), Landes de Gascogne, Lorraine, Pilat, Volcans dAuvergne, Vosges du Nord. Enfin, il convient de signaler que les crédits du Fonds de gestion des milieux naturels serviront également à mener à bien des actions de plusieurs types telles que : la mise en uvre du schéma des services collectifs des espaces naturels et ruraux ; lamélioration des connaissances scientifiques et techniques portant sur la biodiversité des éco-systèmes forestiers ; le développement du programme de conservation des espèces animales sauvages ; lextension du réseau des conservatoires botaniques nationaux ; la création dun comité de linitiative française pour les récifs coralliens. B. LA PROTECTION DES ESPACES NATURELS SENSIBLES 1. Les parcs nationaux Avec 186,3 millions de francs de crédits inscrits dans le projet de loi de finances pour 2000, la dotation budgétaire allouée aux parcs nationaux progresse de 4,7 %. Cette augmentation permettra aux sept parcs existant aujourdhui de poursuivre leur modernisation (informatisation des services administratifs, soutien à lélaboration dun programme daménagement pour les parcs des Cevennes et du Mercantour, modernisation du patrimoine immobilier). Un effort particulier sera également accompli en direction des zones périphériques afin de sauvegarder le patrimoine naturel, réhabiliter le petit patrimoine rural (chapelles, fontaines, moulins, etc.), mener des actions de communication et de pédagogie et soutenir laménagement de grands sites tel Gavarnie dans la zone périphérique du parc national des Pyrénées. Mais lessentiel des crédits alloués aux parcs nationaux sera consacré à la création de nouveaux parcs. Rappelons quà ce jour, trois projets sont en cours. Parmi ces trois projets, un seul concerne le milieu strictement terrestre, le parc national de la forêt tropicale de Guyane, et les deux autres privilégient les milieux marins. La création de parcs nationaux marins nest réellement possible en France que depuis ladoption de la loi n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de lenvironnement. En effet, larticle 35 de la loi permet à un parc national de sétendre sur les eaux territoriales et intérieures et non plus seulement sur le domaine public maritime. Il permet, en outre, aux gardes moniteurs du parc de constater les infractions aux réglementations marines portant atteinte au patrimoine naturel et culturel (pêche maritime, chasse sous-marine, pollutions, balisage, épaves, ). Le futur parc national marin de Corse concerne une superficie marine de 100 000 ha et littorale de 40 000 ha entre Piana et Calvi. Il a fait lobjet dun avant-projet qui a donné lieu, en 1996, à des premières délibérations favorables des collectivités locales et des chambres consulaires, du Conseil national de la protection de la nature en février 1997 et du comité interministériel des parcs nationaux en mai 1997 sur le principe de sa création. Le dossier a été pris en considération par le Premier ministre par arrêté du 18 septembre 1997. Un chargé de mission a été nommé en février 1997 et un comité de pilotage, coprésidé par le préfet de Corse et le préfet maritime de la Méditerranée, a été institué par décision ministérielle du 4 septembre 1997 et mis en place par la ministre chargée de lenvironnement le 24 octobre. Les travaux de ce comité et du chargé de mission permettront de soumettre le projet de décret de création du parc à lenquête publique, au cours du dernier trimestre de 1999. Limminence de la création de ce parc se traduit dans le budget par la création de treize emplois (sur un nombre total demplois créés de dix-neuf) et par la mise à disposition de crédits permettant lacquisition des bateaux nécessaires à la surveillance du parc. Votre rapporteur tient à souligner limportance que revêt à ses yeux la protection du littoral corse (à laquelle procède également la prochaine création de la réserve naturelle des bouches de Bonifacio). En effet, la protection de ces espaces sensibles en Corse constitue un moyen original de renforcement de lEtat de droit car elle permet de prévenir les dérives urbanistiques trop souvent constatées sur lîle. Le projet de création dun parc national marin de la mer dIroise, lancé en 1990, est moins avancé que le projet corse. En mai 1991, le préfet a confié au parc naturel régional dArmorique la réalisation dune étude de faisabilité terminée en 1993 et mis en place un comité de pilotage mais, faute de moyens, le projet ne progressait pas. Le Premier ministre a décidé dengager la procédure de création en octobre 1995 et un chargé de mission a été mis en place en septembre 1996. La richesse du patrimoine naturel mise en évidence par létude didentification est remarquable et la motivation de ses promoteurs (en particulier le parc naturel régional dArmorique) mérite dêtre soulignée. Le comité de pilotage rassemble, sous la coprésidence du préfet du Finistère et du préfet maritime de lAtlantique, les élus, les scientifiques, les professionnels, les usagers et les administrations. Le document dintention devrait être présenté à lautomne 1999 au comité de pilotage. Le projet de parc national de la forêt tropicale de Guyane constitue une priorité depuis lengagement sur la diversité biologique pris par la France à la Conférence de Rio de 1992. Cette idée de parc national faisait suite aux nombreuses études qui, depuis plus de vingt ans, avaient démontré lintérêt scientifique et la richesse biologique exceptionnelle de la forêt guyanaise et avaient conclu à lintérêt de mettre en place un système de protection adapté. En février 1993, le ministre chargé de lenvironnement a nommé un chargé de mission auquel il confiait le soin de préparer, avec le comité de pilotage, un projet de parc national. En octobre 1994 avaient été arrêtées les grandes lignes dun premier projet dont la délimitation territoriale était affinée en décembre 1995. Le Premier ministre, en mai 1996, a confirmé la nécessité dune grande concertation sur le terrain avec lensemble des partenaires locaux. A la suite de ces concertations, un deuxième projet est en cours délaboration depuis 1997. Il sappuie sur les travaux de trois groupes techniques présidés par des élus locaux qui ont permis de proposer un projet reposant sur quatre grands objectifs : protéger le patrimoine naturel du sud guyanais de manière à assurer la pérennité de lécosystème forestier, reconnaître et respecter la richesse et la spécificité des cultures, participer activement à lémergence dun développement adapté aux spécificités des communes de « lespace parc » (zones centrale et périphérique), constituer une référence en matière détude et de valorisation de la biodiversité, ainsi que de gestion des espaces naturels protégés. Le deuxième projet a été transmis par le préfet, en début dannée 1999, aux élus pour avis. Malgré cela, la région se cantonne actuellement dans une logique dattente car, compte tenu des débats et initiatives actuellement en cours autour de lavenir et du statut de la Guyane, il semble que le projet de parc national constituera, dans les mois à venir, un outil de négociation alors que des rapports excellents ont été établis jusque là avec les communes directement concernées et avec les communautés amérindiennes qui se sont prononcées favorablement pour la création du parc national. 2. Le conservatoire de lespace littoral et des rivages lacustres Le projet de budget pour 2000 du conservatoire du littoral présente une structure différente de celui de lannée précédente, puisquun transfert de 12,7 millions de francs sopère de la section dinvestissement vers la section de fonctionnement afin de favoriser la création de cinq postes supplémentaires. Compte tenu de ces transferts, le projet de budget pour 2000 se caractérise par sa quasi-stabilité par rapport à celui de 1999 (- 0,6 %). En revanche, la baisse plus sensible des autorisations de programme est plus préoccupante ( 18,4 %). Il ne faudrait pas que cette évolution perdure car les missions assignées au conservatoire pourraient sen trouver affectées. En effet, la stratégie à long terme du conservatoire conduit à prévoir la maîtrise foncière de 200 000 hectares en bord de mer. Au 1er août 1999, le patrimoine du conservatoire était de 58 768 hectares répartis sur 427 sites et correspondant à 795 km de rivages. On mesure ainsi le chemin quil reste à parcourir. BILAN DES ACQUISITIONS DU CONSERVATOIRE DE LESPACE LITTORAL ET DES RIVAGES LACUSTRES
(1) dont 91 km de rivage détangs littoraux Source : ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement. Ce constat est dautant plus préoccupant quon a pu constater en 1999 un net ralentissement des acquisitions foncières : alors quen 1997 et 1998, 3 900 et 4 500 hectares étaient entrés dans le patrimoine du conservatoire, à peine plus de 1 000 ha ont été acquis au cours des sept premiers mois de 1999. De plus, des investissements importants sont programmés pour les prochaines années : acquisition des salines de Guérande, acquisition sur la presquîle de Giens de terrains appartenant aux Salins du Midi. Par ailleurs, le conservatoire va devoir continuer à étoffer les effectifs des délégations régionales entre 2001 et 2003, ce qui impliquera un nouvel effort de lEtat. 3. Les réserves naturelles En août 1999, la France comptait 146 réserves naturelles protégeant 541 700 hectares. Comme le montre le tableau ci-après la dotation budgétaire allouée aux réserves naturelles est en sensible augmentation dans le projet de loi de finances pour 2000 : les dépenses ordinaires progressent de 18,8 % et les dépenses dinvestissements de 15,5 % en autorisations de programme et de 31,1 % en crédits de paiement. Cette évolution doit permettre au Gouvernement de poursuivre une politique de protection des espaces naturels sensibles visant à atteindre lobjectif de 250 réserves naturelles en 2050. Pour 2000, ces crédits serviront principalement à accompagner la gestion des immenses réserves créées en Guyane depuis quatre ans (quatre réserves représentant près des deux tiers de la surface cumulée des réserves naturelles, ont été créées dans ce département doutre-mer depuis 1995). PRINCIPALES DONNÉES RELATIVES AUX RÉSERVES NATURELLES
(1) La chute de ces ratios à partir de 1996 est due à la création des quatre réserves guyanaises qui couvrent 285 500 hectares. Source : ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement. Un effort sera également porté vers les réserves très récemment créées ou à créer. Sept réserves ont été classées en 1998 et deux depuis le début de lannée 1999. Sept projets sont également susceptibles daboutir avant la fin de cette année (dont le parc international franco-italien des Bouches de Bonifacio qui aura, pour sa partie française - 250 hectares de terres et près de 80 000 hectares marins -, le statut de réserve naturelle), huit autres pourraient être classées en 2000 et cinq en 2001 (dont 600 000 hectares dans les terres australes et antarctiques, ce qui doublerait instantanément la surface totale protégée). C. LA PROTECTION DES SITES ET DES PAYSAGES La forte augmentation des dépenses de fonctionnement consacrées à la protection des sites et des paysages montre que le Gouvernement fait de cette action un axe important de sa politique environnementale. Les dépenses ordinaires font ainsi plus que doubler passant de 3,2 millions de francs en 1999 à 8,2 millions de francs en 2000. Ces crédits permettront la mise en place dun conseil national du paysage placé auprès de la ministre de laménagement du territoire et de lenvironnement pour la conseiller sur les grandes orientations de la politique du paysage. Ils autoriseront également la création de douze postes de paysagistes conseils intervenant auprès des directions régionales de lenvironnement. En revanche, les dépenses dinvestissement enregistrent une réduction préoccupante ( 4,3 % en autorisations de programme et 7,7 % en crédits de paiement). Même si cette contraction de moyens ne compense pas la forte hausse des crédits des titres III et IV, il ne faudrait pas que ces transferts budgétaires se fassent au détriment dactions importantes telles que : lélaboration des inventaires et atlas des paysages, la mise en uvre de directives, prises dans le cadre de la loi n° 93-24 du 8 janvier 1993 sur la protection et la mise en valeur des paysages destinées à protéger certains paysages remarquables ( seules quatre directives sont aujourdhui à létude concernant les Alpilles, les Côtes de Meuse, les vues sur la cathédrale de Chartres et le Mont Salève) ; le soutien aux écoles du paysage ; le classement des sites (16 sites ont été classés en 1998, 7 lont été au 1er août 1999) ; les opérations « grand site » visant à réhabiliter des sites classés dégradés par une fréquentation touristique excessive ; la participation à la valorisation du paysage dans des territoires spécifiques, en partenariat avec dautres ministères. (Il en est ainsi du projet de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel, de la prise en compte des paysages dans le plan Loire Grandeur Nature, de laction conduite avec la délégation à la ville sur le thème « Paysage et intégration urbaine » et, avec le ministère de la culture, dopérations pédagogiques à propos de jardins). IV. LES AUTRES MOYENS MIS AU SERVICE DE LA PROTECTION DE LENVIRONNEMENT A. UN NOUVEL INSTRUMENT DE PÉRÉQUATION ET DE SOLIDARITÉ DANS LE SECTEUR DE LEAU ÉVOLUTION DES CRÉDITS CONSACRÉS À LA POLITIQUE DE LEAU
Le tableau ci-dessus, qui regroupe lintégralité des crédits gérés par le ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement destinés à la protection de leau et des milieux aquatiques ne donne quune idée très partielle de laction gouvernementale dans ce domaine. En effet, les sommes annuellement consacrées par les ministères de lagriculture et de léquipement pour le plan de prévention des inondations et pour le plan Loire Grandeur Nature (22 millions de francs en 1999) ny sont pas mentionnées. Mais surtout, cette présentation ninclut pas les fonds de concours des agences financières de bassin mis en place en 1997 et 1999. Le premier fonds de concours dun montant de 110 millions de francs était destiné à la restauration des rivières et des zones naturelles dexpansion des crues. Son rôle dans lensemble de la politique publique de leau, pour réel quil soit, doit toutefois être relativisé puisque sa création saccompagna de la réduction à hauteur de 70 millions de francs du budget de la direction de leau du ministère de lenvironnement. Le second fonds de concours était de 140 millions de francs ; sa création se justifiait par la nécessité de renforcer les moyens de la police de leau et des milieux aquatiques ainsi que ceux de certains services détudes ou de collectes de données relatives à leau. Le projet de loi de finances pour 2000 prévoit de supprimer ces deux fonds de concours et de rationaliser le soutien budgétaire à la politique de leau par la création dun fonds unique appelé fonds national de solidarité pour leau inclus dans un compte spécial du Trésor unique intitulé fonds national de leau (compte spécial du Trésor n° 902-00). Ce compte spécial du Trésor comprendra deux sections : la première portant sur 958 millions de francs reprend la ligne budgétaire consacrée au fonds national de développement des adductions deau. Géré par le ministère de lagriculture et de la pêche, ce fonds permet daider, par des subventions ou des prêts, les collectivités locales de zones rurales réalisant des travaux dadduction deau potable ou dassainissement ; la seconde section concerne le fonds national de solidarité pour leau (FNSE) et porte sur 500 millions de francs. Outre la rationalisation et la simplification de la présentation budgétaire que constitue la mise en place du FNSE, lintérêt majeur de ce nouveau fonds est quil constitue la première manifestation dune politique de leau inter-bassins fondée sur la solidarité. En effet, plus du tiers des sommes inscrites sur la section FNSE (soit 184 millions de francs) servira à mettre en place des actions péréquées entre bassins versants. Celles-ci porteront sur la restauration des rivières, sur la protection des zones humides et sur la lutte contre les pollutions diffuses. Le temps des agences de bassins « riches » côtoyant des agences « pauvres » est donc révolu. Par ailleurs, 94 millions de francs sont consacrés à des actions nouvelles portant en particulier sur léconomie de leau dans lhabitat social et sur ce que le ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement appelle « la correction des héritages dun développement non durable », formule qui semble recouvrir des opérations de restaurations de milieux aquatiques anciennement pollués. 168 millions de francs sont affectés aux études sur la connaissance de leau et des milieux aquatiques. Les crédits restant (54 millions de francs) financeront diverses actions dintérêt commun aux bassins et soutiendront les instances de concertation compétentes en matière de politique de leau. Sagissant des crédits classiques de leau, le tableau précédemment présenté montre leur stabilité (- 0,3 %). La majeure partie de ces dotations (214 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement) est consacrée à la mise en uvre des plans gouvernementaux décidés les 4 janvier et 24 janvier 1994 : le plan Loire Grandeur Nature et le plan décennal de restauration des rivières prescrits au titre de la prévention des inondations dans le cadre du programme pluriannuel de prévention des risques naturels. Le programme décennal « Plan Loire Grandeur Nature » cherche à répondre à trois objectifs principaux : améliorer la sécurité des personnes et des biens en cas de crue exceptionnelle de la Loire ; améliorer la satisfaction des besoins quantitatifs et qualitatifs en eau ; mener des actions de préservation, de protection et de mise en valeur du patrimoine exceptionnel, mais fragile, que constitue le lit de la Loire sur la plus grande partie de son parcours. A partir de 1998, le Gouvernement a réexaminé le contenu du Plan Loire Grandeur Nature. Durant ce réexamen, les volets du plan relatifs à la sécurité des hommes et à la restauration des milieux naturels ont continué à être appliqués. Les financements mis en place en 1999 sur le volet eau du budget de lenvironnement se sont élevés à 56,35 millions de francs. Après avoir consulté lensemble des partenaires concernés par le plan Loire, et notamment le comité de bassin Loire-Bretagne, le Gouvernement a fait connaître lors du comité interministériel daménagement du territoire du 23 juillet 1999 les propositions dorientation pour la poursuite du plan Loire Grandeur Nature durant la période 2000-2006 quil comptait présenter aux régions ligériennes. Le Gouvernement a ainsi souhaité améliorer larticulation entre le plan Loire et les contrats de plan Etat-régions. Une enveloppe spécifique de crédits dEtat fixée à 705 millions de francs, marquant la volonté de lEtat de sengager au-delà de ce quil avait prévu en 1994 (dont 500 millions de francs sur le budget de lenvironnement) a été consacrée à la poursuite du plan Loire Grandeur Nature. LEtat propose de porter son effort durant la deuxième phase du plan Loire : sur la poursuite des actions de préventions des inondations pour lesquelles il propose dengager 340 millions de francs sur le budget de lenvironnement en partenariat avec les collectivités locales, ce qui devrait permettre avec les règles habituelles de cofinancement de ce type dactions dengager près dun milliard de francs dans ce domaine de 2000 à 2006 en donnant la priorité aux actions de réduction de la vulnérabilité des zones inondables (par la mise en uvre de plans de prévention des risques notamment), à lamélioration des modalités dalerte (avec la poursuite du réseau CRISTAL), au renforcement des levées de la Loire et à la poursuite des travaux de restructuration du lit du fleuve ; sur la restauration de la qualité des eaux et des milieux naturels aquatiques des vallées ligériennes pour laquelle il propose dengager 145 millions de francs (dont 130 millions de francs sur le budget de lenvironnement), en complément des aides que pourra apporter lagence de bassin Loire-Bretagne ; sur la mise en valeur et la promotion des vallées ligériennes pour lesquelles sera engagé un programme interministériel de 220 millions de francs de crédits dEtat faisant intervenir conjointement les budgets de lenvironnement (30 millions de francs) de laménagement du territoire (40 millions de francs) et ceux des transports, du tourisme et de la culture (150 millions de francs). Le contenu de ce programme est en cours de négociation entre lEtat et les régions. Les dotations inscrites dans le projet de loi de finances pour 2000 permettent dengager la première tranche de la deuxième étape du plan Loire à concurrence de 72 millions de francs en ce qui concerne le budget de lenvironnement. Quant au programme de prévention des risques naturels, il comporte plusieurs implications budgétaires : le soutien à la réalisation des plans de prévention des risques naturels prévisibles (PPR). En 1994, un programme sur cinq ans a été établi dans chaque département, afin que les 2000 communes les plus vulnérables soient couvertes par un plan de prévention des risques en lan 2000. Cette programmation a été actualisée en 1998, pour tenir compte de lobjectif défini par linstance dévaluation de la politique de prévention des risques naturels à la fin de 1997, consistant à couvrir par un PPR en 2010 les 10 000 communes les plus exposées à un risque naturel. Elle devrait permettre de doter dun PPR en 2005 les 5000 communes les plus exposées. Les moyens financiers consacrés à la prise en compte des risques naturels sont passés de 20 millions de francs en 1993 à 42 millions de francs en 1998 et à 67 millions de francs en 1999 (dont 45 millions de francs de crédits déconcentrés et 22 millions de francs de crédits non déconcentrés). Le montant des crédits réservés à la prise en compte des risques naturels est de 75,5 millions de francs dans le projet de loi de finances pour lan 2000 (dont 50,5 millions de francs de crédits déconcentrés et 25 millions de francs de crédits non déconcentrés). Au 1er août 1999, 2121 PPR, anciens PER et périmètres de risques délimités en application de larticle R. 111-3 du code de lurbanisme, étaient recensés, auxquels il convient dajouter environ 2 000 plans de surfaces submersibles qui valent également PPR. Par ailleurs, 2 071 PPR ont été prescrits ; enfin, environ 2 000 PPR font lobjet détudes, mais nont pas encore été prescrits ; la prévention des inondations sappuie sur un programme décennal de restauration des cours deau. Ce programme, de 10,2 milliards de francs (financés en moyenne à 40 % par lEtat et ses établissements publics), comprend 2 milliards de francs dopérations sur les cours deau navigables (relevant de la compétence du ministère en charge des transports), dont le financement incombe pour lessentiel à Voies navigables de France (VNF) et 8,2 milliards de francs pour les autre cours deau pour lesquels lintervention de lEtat incombe au ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement. Entre 1994 et 1998, plus de 2 900 opérations ont été lancées pour un coût total de près de 4 milliards de francs (50 % du programme prévu sur 10 ans), dont 1 500 millions de francs de crédits en provenance du budget de lenvironnement. En 1999, un montant de 284,5 millions de francs (en dépenses ordinaires et autorisations de programme) a été consacré par le ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement au financement dopérations dentretien et de restauration de cours deau et de zones naturelles dexpansion des crues ainsi quà la protection des lieux habités contre le débordement des cours deau. Sur ce montant, 110 millions de francs provenaient de lancien fonds de concours des agences de leau pour la restauration des cours deau et des zones naturelles dexpansion des crues institué dans le cadre des VIIèmes programmes des agences de leau. En 2000, le montant des crédits sélève à 271 millions de francs (dépenses ordinaires et autorisations de programme) dont 90 millions de francs provenant du fonds national de solidarité pour leau, prévu à partir de 2000. le financement des mesures de sauvegarde des populations. La loi du 2 février 1995 a institué un dispositif dexpropriation pour les biens exposés à certains risques naturels menaçant gravement des vies humaines et a créé à cet effet un fonds de prévention des risques naturels majeurs. Ce fonds est alimenté par un prélèvement de 2,5 % du produit des primes ou cotisations additionnelles relatives à la garantie contre le risque de catastrophes naturelles figurant dans les contrats dassurances. Ce prélèvement est dû sur les contrats émis à compter du 18 mars 1995. Il représente environ 125 millions de francs par an. Au 1er août 1999, un montant de 105,3 millions de francs a été prélevé sur le fonds de prévention des risques naturels majeurs depuis sa mise en place afin de financer lexpropriation des biens exposés. Par ailleurs, le fonds de prévention des risques naturels majeurs contribue : au financement des études et travaux réalisés en vue ou à loccasion des opérations dexpropriation des biens exposés à certains risques naturels majeurs menaçant gravement des vies humaines ; au financement de travaux propres à prévenir les conséquences exceptionnelles de certains risques naturels majeurs lorsque, dune part, leurs effets sur les personnes, les biens et lenvironnement ne peuvent être circonscrits au périmètre de réalisation du risque et lorsque, dautre part, la réalisation des travaux de prévention est hors de proportion avec les ressources des communes sur le territoire desquelles le risque est susceptible de se produire. Deux sites (situés dans les Alpes-Maritimes et lIsère) sont concernés par cette disposition et ont fait lobjet de versements dans ce cadre pour un montant total de 113 millions de francs au 1er août 1999. B. LAN II DE LA TAXE GÉNÉRALE SUR LES ACTIVITÉS POLLUANTES 1998 a vu la mise en place de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP), qui peut être regardée comme le premier instrument à vocation généraliste au service dune fiscalité écologique. La TGAP sest en effet substituée aux différentes taxes et taxes parafiscales gérées par lADEME. Trois textes dapplication ont été publiés dans le courant de lannée 1999 : le décret n° 99-446 du 26 mai 1999, qui met fin, à compter du 1er janvier 1999, à la perception des taxes parafiscales sur les huiles de base et sur la pollution atmosphérique ; le décret n° 99-457 du 1er juin 1999, relatif aux modalités de contribution de lADEME aux dépenses engagées par les riverains des aérodromes en vue datténuer les nuisances sonores ; le décret n° 99-508 du 17 juin 1999, qui précise les modalités de déclaration et de perception de chacun des volets de la TGAP. Le produit des anciennes taxes perçues par lADEME et de la nouvelle TGAP est évalué comme suit : (en millions de francs)
Les volets « déchets », « pollution atmosphérique » et « bruit » de la TGAP ont été contrôlés et recouvrés, à titre transitoire, par lADEME en 1999. A partir de 2000, ils le seront par la direction générale des douanes et des droits indirects. Le volet « huiles et lubrifiants » est dores et déjà contrôlé et recouvré par cette même direction. La prévision de produit de la TGAP pour 2000 indiquée ci-dessus est faite à assiettes et taux inchangés. Toutefois, il est envisagé de procéder aux modifications suivantes, à compter du 1er janvier 2000 : augmentation du taux appliqué aux huiles et lubrifiants de 200 francs à 250 francs la tonne (rendement attendu de lordre de 35 millions de francs), augmentation des taux appliqués au volet « substances émises dans latmosphère » : 250 francs par tonne au lieu de 180 francs pour les oxydes de soufre et lacide chlorhydrique ; 300 francs par tonne au lieu de 250 francs pour les oxydes dazote et les composés oxygénés de lazote ; 375 francs par tonne au lieu de 250 francs pour le protoxyde dazote (rendement attendu de lordre de 80 millions de francs). Par ailleurs, à compter du 1er janvier 2000, la TGAP devrait sappliquer également : aux lessives et produits adoucissants pour le linge (pour une somme variant entre 470 francs et 570 francs la tonne selon leur teneur en phosphates) ; aux grains minéraux naturels (0,60 franc la tonne) ; aux produits antiparasitaires à usage agricole (entre 2500 francs et 11 000 francs la tonne) ; pour cette partie de la TGAP, les rentrées fiscales attendues sont estimées à 300 millions de francs ; aux installations classées qui paieront une redevance annuelle de 14 600 francs (sauf pour les installations classées correspondant à des activités artisanales qui bénéficient dun régime plus avantageux). Lintérêt majeur de la TGAP est de rendre plus lisible notre fiscalité environnementale. Elle ne constitue pas un impôt supplémentaire mais un outil permettant de rationaliser et de moderniser cette fiscalité environnementale en se fondant sur le principe pollueur-payeur. Avec une assiette qui sélargit progressivement chaque année (en 2001, ainsi que le propose le livre blanc, publié en juillet dernier, portant sur les modalités dextension de la TGAP, les consommations intermédiaires dénergie rentreront dans lassiette de la taxe permettant ainsi daccompagner les politiques déconomies dénergie et de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre), la TGAP deviendra à court terme une véritable « pollutaxe » généraliste. Pour 2000, il est prévu daffecter le produit de la TGAP aux comptes sociaux afin quil contribue à aider au financement des charges publiques résultant de la réduction du temps de travail. Ce dispositif, qui a pu paraître surprenant à certains en première analyse, a pour mérite de cumuler les avantages. Tout en incitant les entreprises à user de produits ou de procédés plus respectueux de lenvironnement, il contribue à la création demplois nouveaux. La TGAP est ainsi « doublement vertueuse ». Pour 2001, il serait évidemment souhaitable que ce dispositif soit, pour une large part, reconduit. En raison de lélargissement de lassiette, les revenus de la TGAP seront en nette augmentation. Pour que cette taxe garde un lien ne serait-ce que théorique avec le budget du ministère de lenvironnement, il serait souhaitable que le Gouvernement sengage pour quune partie du surcroît de revenus dégagé en 2001, trouve une traduction dans les crédits dinvestissement du ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement. EXAMEN EN COMMISSION Lors de sa réunion du 20 octobre 1999, la commission a entendu Mme Dominique Voynet, ministre de laménagement du territoire et de lenvironnement, sur les crédits de son ministère pour 2000. Mme Dominique Voynet a indiqué que le projet de budget de son département pour 2000 confirme la priorité donnée par le Gouvernement en 1998 à laménagement du territoire et à lenvironnement. Le budget de lenvironnement est en progression de 8,6 % par rapport à 1999. Par ailleurs, un instrument complémentaire visant à mettre en place une politique de solidarité et de péréquation dans le domaine de leau est institué. La création du Fonds national de solidarité pour leau (FNSE) constitue une étape importante dans le domaine de la protection de leau et des milieux aquatiques. Ce fonds revêt la forme dune section dun nouveau compte spécial du Trésor intitulé « Fonds national de leau », qui sera alimentée à hauteur de 500 millions de francs en 2000 par des versements des agences de leau. Il se substitue aux deux fonds de concours créés en 1997 et 1999 et vient doubler la capacité dintervention de la direction de leau du ministère de lenvironnement. Au-delà des missions jusqualors financées par les anciens fonds de concours, ce compte assurera le financement dactions nouvelles et permettra la péréquation interbassins, encouragera la solidarité nationale et améliorera la connaissance de leau et des milieux aquatiques. Lensemble des crédits consacrés à la politique de leau, à la protection de la ressource et à celle des milieux aquatiques progresse ainsi de 48,5 % par rapport à 1999, conférant ainsi une dimension nouvelle à lintervention publique. Le renforcement du réseau des espaces protégés afin daméliorer la protection des zones naturelles sensibles constitue la seconde priorité du budget pour 2000. Les crédits du Fonds de gestion des milieux naturels (FGMN) créé en 1999, progressent de 27 % pour atteindre 242 millions de francs. Instrument essentiel de préservation des milieux naturels, ce fonds est appelé à soutenir la mise en uvre, dans le cadre de la directive européenne « Habitats », du réseau Natura 2000 et les orientations du futur schéma de services collectifs des espaces naturels et ruraux. Globalement les crédits consacrés à la protection de la nature (agrégat 02), enregistrent une croissance de 14,2 %, qui atteste de la volonté du Gouvernement de construire une véritable politique des espaces naturels. La prévention des pollutions et des risques constitue le troisième pilier dintervention du ministère en charge de lenvironnement. Ses crédits progressent de 4,5 % en moyens de paiement et de 9 % en moyens dengagement. Leffort en faveur de la mise en place des plans de prévention des risques sera poursuivi et les budgets de lAgence de lenvironnement et de la maîtrise de lénergie (ADEME) et de lInstitut national de lenvironnement industriel et des risques (INERIS) seront confortés : lADEME sera dotée de 143 millions de francs de crédits nouveaux (financement de la politique en matière de déchets ménagers et dhuiles usagées) alors que les moyens de lINERIS progresseront de 27 millions de francs (afin notamment de prévenir les risques chroniques et accidentels). La politique de réduction des nuisances sonores, identifiées comme le premier facteur de gêne par les Français, bénéficie dun supplément de moyens de 10 millions de francs en 2000. Ces crédits doivent permettre de développer des recherches, notamment sur les difficultés liées aux infrastructures de transport terrestre et de soutenir des projets pilotes en matière de lutte contre le bruit. Le renforcement de la place du ministère passe par une consolidation de ses moyens humains, que traduit linscription au budget de 140 créations demplois et 70 transferts de postes en provenance dautres départements ministériels. Une partie de ces effectifs nouveaux sera affectée à la mise en place de la direction des études économiques et de lévaluation environnementale (D4E) au ministère, instrument dexpertise et daide à la décision en matière économique et environnementale. Les autres services déconcentrés (DIREN, DRIRE et direction des services vétérinaires) verront également leurs effectifs renforcés afin de voir accrues leurs capacités dintervention. Laccord du Premier ministre a également été sollicité en vue de créer une inspection de lenvironnement. Lensemble de ces évolutions trouve sa traduction dans une simplification de la nomenclature budgétaire, qui conduit à regrouper dans un agrégat 01 lensemble des crédits consacrés au personnel et à ladministration générale, à la connaissance de lenvironnement et à la coopération internationale ainsi quà la recherche, jusqualors répartis sur trois agrégats. M. Jean-Pierre Blazy, rapporteur pour avis des crédits de lenvironnement sest félicité, en préambule, que le projet de loi de finances pour 2000 confirme la place prioritaire désormais détenue par la protection de lenvironnement dans laction du Gouvernement. Il a rappelé que les crédits de lenvironnement progressaient de 8,6 % plaçant ce budget au deuxième rang des plus fortes hausses budgétaires. Après laugmentation modeste des crédits dans la loi de finances pour 1998 « prise en marche » par lactuel gouvernement (+ 0,9 %), le budget 1999 a marqué linfléchissement de la politique gouvernementale avec linscription de crédits en hausse de près de 15 % et avec la mise en uvre dune véritable fiscalité écologique fondée sur la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). Le projet de loi de finances pour 2000 sinscrit dans le prolongement du budget précédent. Désormais, le ministère de lenvironnement tend à devenir un ministre « de plein exercice ». En effet, la progression des dotations budgétaires permettra en particulier dasseoir lautorité technique du ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement. Cest à cette fin que sera créée lannée prochaine une nouvelle direction centrale chargée des études économiques et de lévaluation environnementale permettant de renforcer les capacités dexpertise du ministère. Comprenant 60 à 70 personnes, cette direction mesurera lefficacité de nos instruments juridiques et fiscaux de protection de lenvironnement et limpact « écologique » des politiques publiques. Dans le même esprit, les crédits alloués à lInstitut français de lenvironnement (IFEN) connaîtront une forte augmentation (+ 10,6 % en crédits de paiement et + 18,7 % en autorisations de programme) soutenant ainsi sa mission de connaissance de lenvironnement. Par ailleurs, un effort particulier est fait en faveur de la prévention des risques. Les autorisations de programme proposées pour lInstitut national de lenvironnement industriel et des risques (INERIS) et pour lAgence de lenvironnement et de la maîtrise de lénergie (ADEME) progressent ainsi respectivement de 24 % et de 8 %. Le rapporteur ne peut toutefois que relever pour le déplorer le manque dhomogénéité de cet effort. Ainsi dans les crédits de lADEME, alors que les sommes allouées pour des actions telles que la dépollution des sols ou le ramassage des huiles usagées sinscrivent en hausse, la dotation affectée à lisolation acoustique au voisinage des aérodromes nest que reconduite dans une période où les demandes des citoyens affluent et où le retard dans le traitement des dossiers saccumule. Les exigences communautaires conduisent par ailleurs le Gouvernement à accentuer son effort en direction des zones naturelles sensibles. Afin de combler le retard pris par le précédent Gouvernement pour la détermination des sites du réseau « Natura 2000 », le Fonds de gestion des milieux naturels (FGMN) voit doubler sa dotation en crédits de paiement en 2000 et ses autorisations de programme progresser de plus de 36 %. Pour leur part, les crédits alloués aux parcs nationaux augmentent de 5 % en dépenses ordinaires de près de 15 % en subventions dinvestissement (autorisations de programme) afin de financer louverture du nouveau parc national de Corse. Parallèlement à cet important effort budgétaire, le Gouvernement a continué à développer dautres instruments servant la politique de lenvironnement. Cest ainsi quun nouveau compte spécial du Trésor alimentant le Fonds national de leau a été créé. Ce Fonds est composé de deux sections. La première dotée de 958 millions de francs finance le Fonds national pour le développement des adductions deau ; elle est gérée par le ministère de lagriculture. La seconde, dotée de 500 millions de francs, correspond au nouveau Fonds national de solidarité pour leau. Financé par un prélèvement sur les agences de leau, ce fonds, géré par le ministère de lenvironnement et de laménagement du territoire, met en place une véritable politique de solidarité entre les bassins versants permettant ainsi de financer des actions dintérêt commun à lensemble des bassins. Enfin, lassiette de la taxe générale sur les activités polluantes est élargie aux domaines de la pollution de leau les détergents phosphatés entrent dans son champ dapplication et des pollutions dorigine agricole (en attendant son extension en 2001 aux consommations intermédiaires dénergie). Intégré au projet de loi de financement de la sécurité sociale, le produit de la TGAP doit contribuer à alléger le financement des charges résultant de la réduction du temps de travail. De ce point de vue, la TGAP permet dinscrire laction du Gouvernement en faveur de lenvironnement dans le cadre plus vaste de la lutte pour lemploi, impératif mis en tête des priorités nationales par le Premier ministre dès sa prise de fonctions. La poursuite de lextension de lassiette de la TGAP lannée prochaine doit dores et déjà conduire à sinterroger sur ses prochaines conséquences budgétaires. La rationalisation et la simplification de la fiscalité écologique passaient par la création dune taxe unique dont le produit devait être versé à lEtat et servir des causes dintérêt national, telle la création demplois. Cependant, il est essentiel que la forte progression des revenus attendus de la TGAP trouve, dès le prochain projet de loi de finances, une traduction arithmétique dans le budget de lenvironnement. Enfin, il faut signaler que 2000 sera pour notre pays une année importante puisque la présidence de lUnion européenne lui reviendra à partir de juillet prochain. Dans ce contexte, on ne peut que se féliciter de la progression de 11 % des crédits consacrés à laction internationale du ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement. Souhaitons que ces six mois de présidence soient mis à profit par la France pour relancer une véritable politique européenne de lenvironnement et que les directives promises ou à létude depuis de nombreuses années (telle celle sur le bruit), voient enfin le jour. M. Jean-Pierre Blazy, rapporteur pour avis, a ensuite souhaité que la ministre réponde aux questions suivantes : comment seront recrutés les personnels de la nouvelle direction centrale ? Quelles seront exactement les missions de cette nouvelle direction ? De quels pouvoirs disposera-t-elle pour évaluer limpact environnemental des politiques publiques conduites par dautres ministères ? comment sarticule en région la mise en uvre de la politique environnementale du Gouvernement entre les différents services déconcentrés concernés (directions départementales de lagriculture et de la forêt, directions départementales de léquipement, directions régionales de lenvironnement, directions régionales de lindustrie, de la recherche et de lenvironnement, directions des services vétérinaires). Des chartes seront-elles conclues comme prévu avec les divers ministères intéressés ? quelles sont les principales orientations des volets « environnement » des contrats de plan Etat-régions ? où en est la résorption du retard accumulé pour la mise en uvre de Natura 2000 ? les moyens alloués pour 2000 au conservatoire de lespace littoral seront-ils suffisants pour lui permettre de poursuivre sa politique dacquisition foncière ? quelles devraient être les conséquences de lélargissement de lassiette de la TGAP en 2001 sur le budget du ministère ? Y aura-t-il une traduction arithmétique de ce changement de base de calcul ? comment le projet de budget répond-il aux exigences du rapport Lamure sur la résorption des points noirs liés au bruit des transports terrestres ? Comment se justifie lévolution des crédits de lADEME destinés à aider à lisolation acoustique des immeubles situés au voisinage des aérodromes ? Cette évolution ne risque-t-elle pas de générer des retards dans linstruction des dossiers ? un corps dinspecteurs de lenvironnement sera-t-il prochainement créé ? quel est le calendrier retenu pour lexamen et ladoption du code de lenvironnement ? Répondant au rapporteur pour avis, Mme Dominique Voynet, ministre de laménagement du territoire et de lenvironnement, a apporté les précision suivantes : la direction des études économiques et de lévaluation environnementale a pour vocation de fournir une expertise et une aide à la décision tant à la ministre quaux autres directions sectorielles du ministère. Ses compétences, qui relèvent principalement du domaine de léconomie, permettront de mesurer limpact environnemental des décisions publiques. Un décret en Conseil dEtat fixera prochainement ses attributions. La direction entretiendra des relations étroites avec lINSEE, la Commission des comptes nationaux, le Commissariat général du plan et la direction de la prévision du ministère de léconomie, des finances et de lindustrie. Elle sera composée, dune part, de personnels déjà en place au sein du ministère et, dautre part, deffectifs nouveaux provenant pour partie dautres administrations. Elle bénéficiera de la création de 25 postes ; à côté de ses propres services déconcentrés - les directions régionales de lenvironnement (DIREN) - le ministère de laménagement du territoire et de lenvironnement dispose dautres services mis à sa disposition dans le cadre de ses domaines de compétences. Ces services sont considérés par la ministre comme ses propres services ainsi quen atteste la création de 44 postes dans les directions régionales de lindustrie, de la recherche et de lenvironnement (DRIRE), et de 20 postes dans les directions des services vétérinaires sur les crédits de son ministère. Afin de faciliter la réalisation des missions des services déconcentrés, la rédaction de chartes sur la coordination de leur action a été entreprise avec les ministres de lagriculture et de léquipement. Deux projets de charte sont ainsi en cours de rédaction. Sagissant des directions régionales de lindustrie, de la recherche et de lenvironnement, dans le contexte des réformes en cours au sein du ministère de léconomie et des finances, le problème de la séparation fonctionnelle des actions de conseil aux entreprises et des missions régaliennes de contrôle, au sein des DRIRE, voire hors des DRIRE, demeure posé ; la part consacrée à lenvironnement dans les contrats de plan, arrêtée lors du CIADT du 23 juillet 1999, sélève à 2,623 milliards de francs, soit une progression supérieure à 100 % par rapport au montant inscrit dans les contrats en cours dachèvement. Une fraction importante de cette somme sera consacrée à la politique de leau (environ 1 milliard et demi) et permettra ainsi de poursuivre lélaboration dun plan de lutte contre les inondations, de favoriser une gestion concertée de leau et daccéder à une meilleure connaissance des milieux aquatiques. Le volet environnement des contrats de plan encouragera également la prise en compte de la biodiversité, en particulier dans le cadre de la mise en place du réseau Natura 2000. Y seront associés les conservatoires régionaux des espaces naturels, les conservatoires botaniques nationaux et les parcs naturels régionaux. Enfin, lultime priorité des contrats de plan porte sur la prévention des pollutions et des risques. Dans ce domaine, une communication sera prochainement effectuée en Conseil des ministres sur la résorption des nuisances sonores, le dispositif de résorption des points noirs devant selon le vu de la ministre être également contractualisé ; dans le cadre de la mise en uvre du réseau Natura 2000, la France a adressé à Bruxelles plusieurs listes recensant au total 1 029 sites couvrant une superficie terrestre de 2,67 millions dhectares (soit 4,9 % de notre territoire) et une surface maritime de 470 000 hectares. Le dernier envoi portant sur 553 sites a posé un problème juridique car, afin déviter dêtre condamnée par Bruxelles, en raison du retard accumulé par la France dans lapplication de la directive « habitats », il a été décidé daccélérer la procédure et de ne procéder aux concertations réglementaires quaprès la transmission à la Commission européenne. Cette concertation a bien eu lieu et a eu pour conséquence le retrait de douze sites ; le Conservatoire de lespace littoral bénéficiera en 2000 de 149 millions de francs de crédits (contre 147 millions de francs en 1999). Ces dotations lui permettront de poursuivre sa politique dacquisitions foncières. Près de 60 000 hectares ont déjà été acquis depuis 1975, lobjectif étant que le Conservatoire dispose à terme de 200 000 hectares. Plusieurs opérations importantes sont en cours dans lestuaire de la Loire, celui de la Seine et dans le Var ; la TGAP vise dabord à décourager les comportements nuisibles à lenvironnement. Cest un instrument fiscal dissuasif pris en application du principe pollueur-payeur. Cette taxe a été conçue comme une ressource initialement affectée au budget général de lEtat, puis pour 2000 au financement de la sécurité sociale. En 2001, son rendement devrait progresser sensiblement en raison de lélargissement de son assiette. Cet élargissement naura toutefois pas deffet mécanique sur le budget du ministère chargé de lenvironnement mais ceci ne signifie pas que la progression des recettes ne doit pas saccompagner dun accroissement des ressources du ministère. Ainsi, depuis la création de cette taxe, les crédits affectés au ministère de lenvironnement ont régulièrement progressé ; avec le concours du ministère de léquipement, un programme daction sera défini afin de résorber les points noirs liés aux transports terrestres. Ce programme, qui sera présenté prochainement en Conseil des ministres, permettra dinsonoriser en dix ans au moins 200 000 logements. Il débutera en 2000 et sera proposé à la contractualisation des régions et des collectivités concernées dans le cadre des contrats de plan et des contrats dagglomérations. Sagissant du retard pris dans la gestion des dossiers portant sur linsonorisation des biens immobiliers situés au voisinage des aérodromes, un effort sera demandé à lADEME pour combler les retards accumulés dans linstruction des dossiers de demande ; la création dune inspection de lenvironnement a été demandée dans le cadre du programme pluriannuel de modernisation de ladministration transmis au Premier ministre. La diversité des métiers liés à lenvironnement ne justifie toutefois pas aujourdhui la création dun nouveau corps dinspecteurs. Linspection de lenvironnement sera donc composée de personnes venant des différents corps existants tels les Conseils généraux des Ponts et chaussées, des Mines, et du Génie rural des eaux et forêts. Des agents spécialistes des problèmes environnementaux ayant exercé leurs fonctions au sein du ministère ou de ses établissements sous tutelle, pourront également rejoindre cette inspection. Sa création fait actuellement lobjet dun projet de décret ; le code de lenvironnement est inséré avec huit autres codes dans un projet de loi habilitant le Gouvernement à légiférer par ordonnances. Ce projet de loi vient dêtre adopté par le Sénat à lunanimité. Il devrait être inscrit à lordre du jour de lAssemblée nationale vers la fin du mois de novembre. Par la suite, le code de lenvironnement pourrait être publié au cours du premier semestre 2000 suivi dans les deux mois suivants, du dépôt dun projet de loi de ratification. M. Robert Galley a tout dabord remarqué que le Gouvernement avait respecté ses engagements, en conservant un niveau acceptable aux prélèvements des redevances du Fonds national de leau, ceux-ci sétablissant à 500 millions de francs en 2000. Il a demandé si lobjectif de la concentration des moyens précédemment affectés aux fonds de concours pour lutter contre les inondations était maintenu et si le fonds contribuerait au renforcement de la police des eaux. Il a ensuite évoqué les effets de la mise en uvre de la taxe générale sur les activités polluantes. Il a ainsi rappelé quil avait été initialement prévu pour lagriculture, de taxer les suppléments dazote. La détermination de cette assiette sest révélée rapidement difficile, compte tenu de la complexité de la mesure. Par ailleurs, il a considéré quil nétait pas cohérent de taxer les activités de prélèvement de granulats, sans tenir compte du mode dextraction. Il a estimé que la mise en place de la TGAP était inspirée de la gabelle de lAncien régime ; taxer au motif affiché de préserver lenvironnement, lensemble des engrais sans tenir compte du caractère spécifique de chacun dentre eux et de leur impact écologique particulier, soulève un problème déthique. Il a enfin demandé si le ministère chargé de lenvironnement profiterait de la présidence française de lUnion européenne à partir de juillet prochain, pour tenter de modifier les normes nouvelles limitant la présence de plomb dans leau, ou tout au moins essayer dobtenir létalement dans le temps de leur application. Il a rappelé que la mise en conformité des installations coûterait en France plusieurs dizaines de milliards de francs, ce qui ne manquerait pas de poser des problèmes de financement aux agences de bassin et risquerait de se répercuter sur le prix de leau. M. Jean-Michel Marchand a exprimé sa satisfaction à légard dun projet de budget qui se situait à la hauteur des ambitions de la ministre. Il a considéré que les préoccupations que traduisait ce budget rejoignaient les intérêts de nos concitoyens en matière de lutte pour la qualité de leau et de lair, de réduction des nuisances sonores et des risques industriels. Il a estimé quil existait un décalage entre, dune part, les objectifs affirmés, lors de linstauration de la TGAP, en faveur de lemploi et de lenvironnement et, dautre part, les possibilités réelles, les industriels étant incités par la technique fiscale retenue, à modifier leur production pour échapper à la taxation. Il sest réjoui de la création de la nouvelle direction créée au sein du ministère. Il a demandé des précisions sur les moyens que consentira le ministère en faveur des associations, qui seront sollicitées sur la mise en place du volet environnemental des contrats territoriaux dexploitation issus de la loi n° 99-574 du 9 juillet 1999 dorientation agricole. Il a enfin souhaité savoir comment le ministère contribuerait à la mise en place des conseils de développement au sein des comités de bassin demplois des pays et des agglomérations. M. Léonce Deprez a craint que la TGAP ne subisse, par un processus de « Bercyfication », le sort de la vignette Ramadier. Il a invité la ministre à tenir bon pour conserver lobjet originel de cette taxe. M. Daniel Marcovitch a souhaité que la TGAP soit perçue comme un élément de dissuasion vis-à-vis de la pollution et non comme une avance sur réparation : il ne doit donc pas sagir du paiement dun droit à polluer. Le fait que son produit abonde le budget de lEtat va en ce sens. Il sest ensuite interrogé sur la définition des assiettes respectives des redevances de bassin et de la TGAP, et notamment sur la prise en compte de paramètres tels que le réchauffement des cours deau, le déversement de nitrates ou de produits contaminés. Concernant la pollution de leau par les phosphates, il a souligné quen labsence de marquage, aucune politique de lutte ne sera vraiment efficace. Quant à la taxation de lusage de produits phytosanitaires dangereux pour lenvironnement, il a demandé quune campagne de communication soit mise en place pour parvenir à signaler au public les produits ayant été cultivés sur des terrains contaminés par des produits réputés dangereux. Il a ensuite rappelé que les dépenses nécessaires à la lutte contre la pollution de leau par le plomb avaient été chiffrées à 120 milliards de francs. Il a souhaité savoir si, plutôt que de tenter de modifier les normes en vigueur, il ne serait dabord pas préférable de mieux cerner le coût qui, selon certains experts, pourrait être ramené à 80 ou 90 milliards de francs et de définir en fonction du chiffrage les instruments dintervention les mieux adaptés. M. Jacques Le Nay a ensuite abordé la question de la reconversion des terres arables en herbages extensifs, en notant que cette action faisait partie du volet « mesures agri-environnementales », financées pour partie par lUnion européenne et destinées à protéger les cours deau et les périmètres de captage. Il a souligné la nette progression de cette action depuis 1997, les agriculteurs ayant été très sensibilisés à cette démarche, mais a déploré que les fonds prévus pour son financement soient désormais dédiés à celui des contrats territoriaux dexploitation. Il a souhaité savoir en conséquence, quelles mesures pourraient être mises en place afin de poursuivre ces actions. M. Jacques Le Nay a ensuite observé que, à moins de trois mois de la clôture définitive des engagements, la consommation des crédits communautaires destinés à lobjectif 5b approchait, voire atteignait le taux de 100 % dans certaines régions, témoignant de la mobilisation de lensemble des acteurs concernés, notamment dans les cantons ruraux. Il sest inquiété des difficultés qui en résultent pour de nombreux maîtres douvrage, notamment en matière daide à limmobilier industriel, qui ont pris en compte les crédits des fonds structurels européens dans leurs plans de financement et dont les projets sont aujourdhui remis en cause. Ainsi, des dossiers ayant pourtant reçu lavis favorable des comités départementaux de pilotage, ne pourront être honorés faute de crédits disponibles. M. Joseph Parrenin, évoquant les crédits détudes inscrits au FNADT, a observé que de nombreuses communes souffraient dun manque de moyens en matière dingénierie de projets. Aussi a-t-il demandé sil était envisageable de leur apporter une aide à cet égard. Par ailleurs, il a déploré, citant lexemple de son département, que les interprétations de la loi sur lintercommunalité divergent sur la maîtrise douvrage dans le cadre de syndicats mixtes de pays empêchant ainsi la réalisation de certains projets. Enfin, il a regretté que, dans le cadre de lélimination des déchets par les collectivités locales, les contribuables soient financièrement sollicités alors que la grande distribution est le premier producteur de déchets. Aussi a-t-il estimé que la charge financière résultant du traitement et de lélimination de ces derniers devait être plus équitablement répartie. M. Marc Dumoulin a souligné que la directive Natura 2000 avait donné lieu à des gels de territoires auparavant disponibles pour les communes, et a demandé si des mesures compensatoires à ces contraintes avaient été envisagées. En réponse aux différents intervenants, Mme Dominique Voynet a apporté les précisions suivantes : les orientations de la politique de leau seront présentées lors dun prochain Conseil des ministres. Les priorités porteront sur la réduction des pollutions diffuses, la protection des zones humides, la restauration des milieux aquatiques anciennement pollués, la prise en charge des factures deau pour les personnes en difficulté, la mise en place dinstances consultatives tel le Haut conseil de leau et la lutte contre les inondations. Les 500 millions de francs affectés aux Fonds national de solidarité pour leau permettront de réaliser ces différentes actions. En revanche, les moyens affectés à la police de leau seront directement inscrits au budget de lenvironnement ; la TGAP doit être compréhensible au regard des objectifs de protection de lenvironnement. Cest pour cette raison quil a été décidé détablir un bilan de lutilisation des produits azotés en agriculture avant détendre lassiette de la taxe. Les deux tiers des produits phytosanitaires (600 sur 900) ne seront pas taxés. Quant aux produits de ce type entrant dans le champ dapplication de la TGAP, ils font lobjet dun traitement différencié puisquon dénombre sept classes de taxation. Sagissant des granulats, il aurait été souhaitable quune base de calcul différente soit retenue selon leur lieu dextraction (carrières ou lits de rivière) mais le ministère chargé des finances sy est opposé. Quant aux détergents il était légitime de prévoir une taxation différenciée en fonction de leur teneur en phosphates ; il nest pas envisagé un changement des normes applicables en matière de distribution deau car celles-ci ont fait lobjet de négociations longues et sont le fruit dun compromis délicat. Or, il est nécessaire que les industriels et les collectivités locales disposent de normes durablement stables. Sagissant de la mise aux normes des réseaux de distribution deau comportant du plomb, deux délais successifs de 15 ans ont été accordés pour rendre conformes les canalisations. Ce double délai sexplique par le coût de cette action (entre 40 et 50 milliards de francs) et par le fait que le plomb se trouvant souvent sur des canalisations situées en aval des compteurs, les travaux sont souvent à la charge des particuliers ; le décret relatif aux contrats territoriaux dexploitation sera complété par une circulaire précisant les engagements environnementaux des exploitants agricoles. Le ministère de lenvironnement se montrera particulièrement vigilant sur son application dans certains espaces particulièrement sensibles comme les zones humides ; le ministère sefforce de favoriser les actions visant à réduire les emballages, à encourager les éco-audits et lapplication des normes ISO 9000 et ISO 14000 dans le domaine des déchets. Certaines collectivités locales ont lancé des initiatives associant les usagers à leur politique de gestion des déchets (pesage suivi dune taxation différenciée) ; la détermination des sites du réseau Natura 2000 ne devrait pas entraîner, en principe, de contraintes particulières pour les collectivités locales, mais lEtat sengage, sur le fondement de cahiers dobjectifs, à prendre si nécessaire des mesures compensatoires. à à à Conformément aux conclusions de M. Jean-Pierre Blazy, rapporteur pour avis, la commission a émis un avis favorable à ladoption des crédits de laménagement du territoire et de lenvironnement : II. environnement pour 2000. N°1866-04. - Avis de M. Jean-Pierre BLAZY, au nom de la commission de la Production, sur le projet de loi de finances pour 2000. - Aménagement du territoire et environnement : environnement - Cliquer ici pour retourner au sommaire général - Cliquez ici pour retourner à la liste des rapports et avis budgétaires - Cliquez ici pour retourner à la liste des discussions budgétaires
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