COMPTE RENDU N° 28
(Application de l'article 46 du Règlement)
12/03/95
Mercredi 7 avril 1999
(Séance de 17 heures 15)
Présidence de M. Paul Quilès, Président
SOMMAIRE
Communication de M. Guy-Michel Chauveau sur les restructurations dans lindustrie aéronautique et spatiale
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Information relative à la Commission
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M. Guy-Michel Chauveau a présenté à la Commission une communication sur les restructurations dans lindustrie aéronautique et spatiale.
M. Guy-Michel Chauveau a tout dabord rappelé quun groupe de travail sur les restructurations dans laéronautique avait été constitué en mars 1998 par les Commissions de la Défense et de la Production. Cette initiative répondait à une préoccupation constante de la Commission de la Défense et faisait suite au rapport Quilès-Chauveau de septembre 1997 sur les perspectives de lindustrie française de défense. Le groupe de travail a comme objectif, dune part, de mieux informer les membres des Commissions qui lont constitué sur les problèmes de lindustrie aéronautique et spatiale, dautre part, de suivre les processus de restructurations en cours dans ce secteur.
Evoquant la situation de lindustrie aéronautique et spatiale française, il a souligné quelle avait réalisé un chiffre daffaires de près de 160 milliards de francs en 1998, enregistrant ainsi une progression de 9 % par rapport à 1997, et que ses effectifs représentaient environ 96 000 personnes en emploi direct et 80 000 en emploi indirect. Le caractère de haute technologie de cette industrie est souligné par limportance du chiffre daffaires (18 %) consacré à la recherche et développement, et par la part dingénieurs et de cadres dans les effectifs (près de 30 %). Les perspectives de plan de charges diffèrent sur le court ou le moyen terme, certaines analyses prévoyant une progression annuelle de 5 % pour le marché civil.
Présentant les motifs des restructurations actuelles, M. Guy-Michel Chauveau a mis en avant les impératifs industriels, dans la mesure où les fusions permettent de profiter de leffet de taille et des complémentarités de cycles conjoncturels. Il a toutefois rappelé que le Ministre de la Défense avait insisté pour que le rapprochement entre les sociétés européennes naboutisse pas à un déplacement de capacités dun pays à lautre.
Il a également souligné limportance des impératifs financiers, compte tenu notamment des mises de fonds nécessaires aux investissements dans les programmes majeurs. Il a fait observer que le rôle de lEtat dans sa fonction dactionnaire est souvent remis en cause par les partenaires européens de la France et par les marchés financiers. Il a regretté quaucune solution nait encore été envisagée au niveau européen pour intégrer dans une société européenne unique les blocs dactionnaires ou pour déterminer dans quelle mesure les Etats peuvent encore conserver des actions comportant des prérogatives (golden shares).
Après avoir indiqué que plusieurs options divergentes étaient concevables pour lavenir de lindustrie aéronautique et spatiale européenne, il a rappelé que, depuis quelques années, avec laccord des gouvernements successifs, les entreprises françaises avaient privilégié une approche par métiers autour de quatre grands pôles (aéronautique civile et militaire, missiles, activité spatiale, électronique de défense).
M. Guy-Michel Chauveau a alors rappelé les principales conditions dans lesquelles sétaient opérés le rapprochement de Dassault et dAérospatiale dont il a finalement regretté léchec, la constitution dun nouveau groupe Aérospatiale-Matra et la privatisation de Thomson-CSF. Il a souligné à cet égard que la séparation des activités civiles et militaires de Dassault Aviation pouvait préfigurer une alliance dans le secteur militaire, et rappelé que la conclusion de laccord Aérospatiale-Matra sétait accompagnée du transfert à la nouvelle entité de la participation de lEtat dans Dassault Aviation ainsi que de la privatisation dAérospatiale.
Présentant les restructurations européennes, il sest interrogé sur léchec du rapprochement entre British Aerospace et Dasa, et sur les raisons financières et industrielles de la fusion annoncée entre British Aerospace et GEC Marconi qui fera du nouvel ensemble le premier industriel de défense et daéronautique en Europe.
M. Guy-Michel Chauveau a souhaité la poursuite du processus de restructuration industrielle en France, soulignant quelle nécessiterait la transformation en société du GIE Airbus et la clarification de la situation de concurrence qui pourrait naître entre groupes français dans les activités spatiales et missilières. Il a rappelé que selon le Ministre des Finances, M. Dominique Strauss-Kahn, la participation de lEtat dans le futur groupe Aérospatiale-Matra, dont il est prévu quelle sétablisse à 48 %, pourrait être réduite à loccasion dune future ouverture du capital.
Il a par ailleurs émis des doutes sur la consistance du bureau détudes commun créé par Dassault Aviation et British Aerospace. Il a également fait part de sa crainte que la fusion Bae-GEC Marconi nempêche la création dune grande société européenne aérospatiale et de défense (EADC) et a fait observer que les restructurations européennes devraient prendre en compte lavenir des groupes espagnol CASA et italien Alenia.
En conclusion, il a souligné limportance de plusieurs événements attendus dans les prochains mois : la naissance du groupe Aérospatiale-Matra, la mise sur le marché de 17 % de son capital et la décision des gouvernements européens sur lavion de transport futur. Il a estimé que la participation des forces françaises dans les interventions extérieures, par exemple en RFY, faisait apparaître la nécessité dune capacité militaire européenne autonome et, par conséquent, dun regroupement industriel européen dans le domaine de la défense, regroupement qui lui-même supposait une redéfinition des relations entre les Etats, lUnion européenne et les maîtres duvre industriels majeurs. Il a donc souhaité que la Commission de la Défense continue à apporter son attention aux restructurations industrielles, en France comme dans les autres pays européens.
Relevant lintérêt des réflexions du groupe de travail sur laéronautique et de la communication qui en résultait, M. René Galy-Dejean a souhaité formuler le jugement global quil portait sur la politique menée par le Gouvernement à la manière dune annotation de carnet scolaire. Il a ainsi estimé que la majorité avait accompli de louables efforts pour lever des blocages psychologiques néfastes et il la invitée à poursuivre dans cette voie.
Soulignant la qualité du travail présenté devant la Commission sur un sujet qui évolue rapidement, le Président Paul Quilès a proposé que de nouvelles discussions aient lieu dans les prochains mois sur ce thème.
Il a alors informé la Commission que le Président de la Commission de la Défense de la Chambre des Députés italienne et lui-même avaient écrit, à titre personnel, à tous les autres Présidents des Commissions de la Défense des Chambres élues au suffrage universel direct de lUnion européenne pour leur faire part de leur proposition de création dune zone humanitaire protégée au Kosovo sous lautorité du Conseil de sécurité de lONU.
Sur la proposition du Président Paul Quilès, la Commission a ensuite décidé quune délégation de dix de ses membres représentant tous les groupes effectuerait entre les 17 et 19 avril une mission auprès des forces françaises directement concernées par le conflit du Kosovo. Elle a également décidé que plusieurs de ses membres se déplaceraient très prochainement dans les lieux dimplantation en France des unités engagées dans le conflit.
Information relative à la Commission
LA COMMISSION A DÉSIGNÉ M. FRANÇOIS LAMY RAPPORTEUR DINFORMATION SUR LE CONTRÔLE PARLEMENTAIRE DES OPÉRATIONS EXTÉRIEURES.
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