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22/10/2003 - Toast en l'honneur de Monsieur Borut PAHOR, Président de l'Assemblée nationale de Slovénie

Monsieur le Président,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd'hui à l'Assemblée nationale pour vous dire notre sympathie et pour saluer à travers vous le peuple slovène. Nous en sommes d'autant plus heureux que l'élargissement de l'Union européenne entrera dans les faits dans un avenir désormais très proche et fera de la Slovénie un nouveau membre de la grande famille européenne, partageant, au sein de l'Union, une communauté de destin avec le peuple français.

Ce nouveau membre de la famille européenne, Monsieur le Président, nous l'attendons, je souhaite le souligner, avec toute la confiance que justifient une stabilité politique exceptionnelle, un niveau de prospérité inégalé dans la région, et un engagement résolu en faveur de l'Europe dès que votre pays accédait à l'indépendance en 1991.
Faisant preuve d'une capacité d'adaptation remarquable, c'est avec une très grande maturité que la Slovénie a conduit ses négociations d'adhésion. En plébiscitant l'entrée dans l'Europe le 23 mars dernier par 90 pour cent des suffrages exprimés, le peuple slovène pouvait ainsi confirmer avec une conviction sans égale son attachement à la construction européenne.

Il est donc tout naturel que la France et la Slovénie, bientôt membres de la même famille et partenaires dans la même alliance, souhaitent développer une coopération déjà importante. Cette semaine, que l'on pourrait qualifier de franco-slovène, en donne la parfaite illustration : notre ministre délégué au Commerce extérieur, était hier à Ljubljana, notre ministre des affaires étrangères fera à son tour une visite officielle demain puis, le 24 octobre, ce sera notre ministre de la recherche scientifique.

Notre partenariat économique est marqué par des évolutions positives : troisième fournisseur de votre pays, son cinquième client, et quatrième investisseur étranger, la France a fait en effet de la Slovénie son principal partenaire dans la zone. Renault en est sans doute le meilleur symbole, puisqu'une Clio sur trois est assemblée en Slovénie et que le doublement de la capacité du site de Novo Mesto semble aujourd'hui pouvoir se réaliser; la mise en œuvre du programme de libéralisation économique adopté par le gouvernement renforcera certainement cet intérêt des investisseurs français.

Notre coopération culturelle, scientifique et technique a fait une large place à l'aide à l'intégration européenne, qu'il s'agisse d'aide à la décentralisation, de coopération policière ou de formation de fonctionnaires slovènes, effort que la France entend maintenir dans le cadre des jumelages Phare elle souhaite relancer la coopération scientifique, entre universités et centres de recherche, qui sera l'objet de la visite de notre ministre de la recherche scientifique. Enfin, nous avons noté avec intérêt la réforme de l'enseignement des langues étrangères récemment adoptée par le gouvernement et qui devrait permettre de relancer l'enseignement du français. La France s'efforcera d'accompagner cette orientation nouvelle, marque d'un intérêt que nos deux pays partagent pour la défense de la diversité culturelle et linguistique dans la future Europe élargie, mais aussi, plus largement, dans un monde globalisé menacé d'uniformisation : c'est animé par ce même intérêt que nous nous sommes retrouvés côte à côte, et la France s'en réjouit,   pour soutenir  le  projet  de  négociation  d'une  convention  sur  la diversité culturelle dans le cadre de l'Unesco et dont la conclusion appellera la volonté et la vigilance de tous.

Monsieur le Président,

Après avoir constitué une première principauté indépendante au VIème siècle, les Slovènes, nous dit l'histoire, ont développé leur identité au travers de la langue et de la littérature et passèrent à la politique sous l'influence des idées de la révolution française. Nous nous rappelons que dans le cadre des "provinces illyriennes", les Slovènes bénéficièrent, sous la période napoléonienne, d'une certaine autonomie et que, tandis qu'était introduit le code civil et nommés des préfets et sous-préfets, la langue slovène était encouragée dans les écoles.

Aujourd'hui, par delà les vicissitudes de l'histoire et animées toutes deux par des sentiments de fierté nationale et de volonté d'indépendance, la France et la Slovénie portent un regard très proche sur ce que devrait être le socle d'une ambition commune : la construction d'une Europe respectueuse des identités nationales mais également forte, capable de s'affirmer sur la scène internationale et de nouer des relations denses avec les autres grands pôles du monde, au service d'un multilatéralisme qui n'aurait d'autre alternative qu'un monde sans ordre et sans repère.

C'est dire toute l'importance de la Conférence intergouvernementale ouverte le 6 octobre pour adopter un traité constitutionnel pour l'Europe élargie. La plupart des Etats membres, présents et futurs, peuvent s'accommoder globalement du projet adopté par la Convention européenne, quand bien même chacun d'entre nous peut y trouver des motifs d'insatisfaction; sans doute certaines questions institutionnelles devront-elles être clarifiées ou précisées et certaines politiques de l'Union ajustées. La France n'est est pas moins convaincue que ce projet offre le meilleur compromis possible pour porter un projet européen à la hauteur des enjeux, et elle se réjouit de l'esprit pragmatique qui anime la Slovénie sur cette question.

Monsieur le Président,

Ces derniers mois ont démontré combien il importait de pouvoir affirmer une identité européenne forte sur la scène internationale. Beaucoup a déjà été fait mais beaucoup reste à faire et le chemin ne sera pas toujours dépourvu d'embûches. Il est donc nécessaire de multiplier les occasions de nous concerter, de nous consulter, d'échanger nos analyses, de rapprocher nos positions. Les échanges entre nos deux assemblées, entre leurs émanations, et entre nos parlementaires peuvent, j'en suis convaincu, apporter une contribution irremplaçable à la concertation nécessaire entre nos deux pays.

Je suis donc heureux que votre visite à l'Assemblée nationale nous ait donné l'occasion d'un premier contact particulièrement fructueux et je suis certain que le groupe d'amitié apportera une contribution très active à cette concertation.

C'est donc à l'amitié entre la France et la Slovénie, à la coopération entre nos deux Parlements, et en votre honneur que je souhaite lever mon verre.