Accueil > Archives de la XIIe législature > Discours de M. Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée nationale

02/06/2004 - Ouverture de la semaine de la Liberté

Monsieur le Ministre,
Chère Madame Eisenhower,
Chers Amis,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir ce soir à l'occasion du lancement de la Semaine de la Liberté, organisée à l'heureuse initiative de Pierre Lellouche et appuyée par nombre d'institutions publiques et privées qu'il faut ici remercier.

Je voudrais vous dire, à cette occasion, combien, pour moi, cette réception et, plus encore, la projection que nous aurons le plaisir de découvrir tout à l'heure sur la colonnade du Palais Bourbon me paraissent chargées de symboles.

Quel symbole, en effet, que le temple de la démocratie, de la démocratie parlementaire qui suppose la liberté, soit associé aux célébrations du débarquement et de la libération de notre pays ! N'oublions pas à cet égard que le Palais Bourbon, pendant les quatre années de guerre, fut un théâtre d'ombres sinistres où l'armée allemande avait pris ses quartiers ; un lieu où elle n'hésitait pas à rendre sa justice expéditive comme en témoigne la plaque apposée tout près d'ici, dans les jardins, à la mémoire des fusillés du Palais Bourbon qui, s'ils ne furent pas exécutés sur place, furent condamnés à mort à quelques pas d'ici.

Sans la liberté, point de démocratie, aussi convenait-il, à la veille des célébrations qui vont se dérouler sur tout le littoral normand, que les représentants de cette démocratie rendent un hommage particulier à tous ceux qui participèrent à la libération de la France et de l'Europe et à la chute du nazisme.

De quel poids aurait été, en effet, la détermination des Français qui, refusant la défaite, s'étaient regroupés autour du Général de Gaulle, de quel poids auraient pesé nos territoires d'Afrique et d'outre-mer ralliés, de quel poids aurait pesé l'abnégation des résistants de l'intérieur s'ils n'avaient été épaulés, soutenus par nos alliés anglais et américains et si les Etats-Unis, avec leur impressionnante machine de guerre, n'avaient été en mesure de fournir toujours plus d'avions, de bateaux et de chars et si des centaines de milliers de leurs enfants n'étaient venus débarquer sur les plages de Normandie un jour de juin 1944 ?

Si nous autres, enfants de la Libération, avons encore en tête le récit de nos parents, les images de ces villes et de ces villages dévastés, force est de constater que chez les plus jeunes, le souvenir de ces moments s'est estompé et qu'il est presque oublié. Aussi, et je sais que c'est également le désir du Gouvernement et d'un grand nombre de Français, je souhaiterais que ces célébrations soient une grande leçon d'histoire et de civisme pour notre jeunesse afin qu'elle se rappelle ce que furent ces quatre années d'occupation et de souffrances, afin qu'elle se rappelle que la démocratie et les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité sur lesquelles elle repose ne sont jamais acquises, qu'il faut les préserver mais aussi, à certains moments, s'engager, parfois au péril de son confort et de sa vie, pour les défendre.

Je voudrais que ces célébrations soient l'occasion, en rappelant ces combats qui furent parfois sanglants, de réaffirmer que ces valeurs de la démocratie sont des valeurs partagées qui savent nous rassembler nous autres Français mais qui savent également nous rassembler de part et d'autre de l'Atlantique. Et si vous, amis américains, vous cultivez le souvenir du Marquis de Lafayette et du Maréchal de Rochambeau, nous autres, Français, avons conservé pieusement la mémoire de Pershing, celle d'Eisenhower et des centaines de milliers de soldats qui les accompagnèrent et dont un grand nombre a trouvé la mort sur notre terre dans laquelle il repose encore.

Je suis sûr que cette projection, sur un des sites les plus symboliques de Paris et les plus regardés, y contribuera largement.

Aussi, permettez-moi, Chère Madame Eisenhower de vous dire, comme je le dirai ces jours prochains aux diverses délégations de parlementaires américains que je recevrai ici, toute la gratitude de la France pour l'aide et la part que prirent les Etats-Unis à sa libération et à celle de l'Europe.