Accueil > Archives de la XIIe législature > Discours de M. Jean-Louis Debré, Président de l'Assemblée nationale

18/10/2004 - 10ème anniversaire de l'Association Solidarité-défense

Cher Yvon Bourges,
Cher Amiral Lanxade
Messieurs les Officiers généraux,
Chers collègues députés,
Mesdames et Messieurs,

Vous ne pouvez pas imaginer combien je suis heureux de vous accueillir ici, dans ce magnifique palais, au Palais Bourbon et à l'Hôtel de Lassay, au cœur de la République, au cœur de la République parlementaire. C'est une joie pour moi, mais c'est aussi un honneur que de vous permettre d'accéder à ces locaux.

Je voudrais, si vous le permettez, saluer particulièrement les membres de votre association, les représentants des entreprises qui vous soutiennent, mais également, et surtout, les personnes que Solidarité Défense prend en charge, leurs familles et leurs accompagnateurs auxquels je souhaite tout particulièrement et très chaleureusement la bienvenue ici.

La France, en abandonnant la conscription, a fait le choix, en 1996, de la professionnalisation de ses forces armées, afin d'être en mesure d'intervenir, sans délai, partout dans le monde et de pouvoir y mener, le cas échéant, des actions que l'on qualifie très pudiquement de haute intensité. Pour autant, elle n'a pas voulu abandonner ces notions héritées de la Révolution française d'armée citoyenne et de Nation en armes qui s'exprimaient parfaitement avec le service national. C'est pourquoi les différents gouvernements ont toujours été attentifs, très attentifs, à ce que le lien Armée-Nation ne se distende pas, à ce que les forces armées ne se coupent pas de la Nation. Il y a bien sûr la journée d'appel et de préparation à la défense. Il y a de nombreuses actions de communication organisées par les services du ministère de la défense. Il y a une volonté bien établie de chacune des unités de notre armée de s'enraciner localement, de tisser de véritables liens de partenariat, d'échanges, de fraternité avec les habitants des villes et des régions dans lesquelles elles sont implantées, afin de susciter, d'entretenir une sorte de communauté de destins.

L'action que votre association développe depuis maintenant dix ans s'inscrit parfaitement dans cette démarche qui lie l'armée et la Nation. Je le dis comme je le pense, nous devons, peut-être plus que par le passé, manifester par des actes très concrets la solidarité de la Nation à l'égard de celles et ceux qui ont accepté, ou qui ont fait profession de défendre la Nation. Les militaires sont toujours sensibles à l'accueil qui leur est réservé à l'occasion des cérémonies patriotiques auxquelles ils participent. Ils le sont encore davantage lorsque des gestes de simple amitié leur sont prodigués, lorsqu'ils sont loin de chez eux.

Je voudrais aussi profiter de votre présence pour rendre hommage à tous nos soldats, qui aujourd'hui, de par le monde, contribuent à cette certaine idée de la France que nous avons au plus profond de nous-mêmes, contribuent au rayonnement de notre patrie et à la mise en œuvre de la politique étrangère au service de la paix.

Je voudrais rendre hommage à nos militaires blessés, avoir une pensée pour ceux qui ont trouvé la mort lors de ces opérations ainsi que pour leurs familles durement éprouvées.

Le métier des armes, vous le savez, est un métier exaltant, mais c'est aussi un métier exigeant.

Exigeant d'abord, en matière de disponibilité et de mobilité, puisque aujourd'hui nos soldats sont engagés un peu partout dans le monde : en Afghanistan, en Bosnie, au Kosovo, au Liban, en Afrique, sans parler de nos forces de souveraineté qui assument et assurent une présence sur chacun de nos territoires et sur notre immense domaine maritime. Tous sont désormais appelés à participer à ces opérations.

C'est un métier exigeant, car au-delà de la disponibilité, il demande un engagement total, quelquefois au détriment de sa vie privée et familiale, et parfois aussi, il faut le rappeler, il exige le sacrifice de sa vie.

C'est pourquoi il est indispensable que celles et ceux qui ont fait ce choix se sentent portés, se sentent soutenus, se sentent aimés par l'ensemble de nos compatriotes, et je crois que les actions que vous menez y contribuent.

Il y a, sur le drapeau de la République, trois mots : liberté, égalité, fraternité. Il n'y a pas de liberté, il n'y a pas d'égalité, s'il n'y a pas ce souci de fraternité, et vous êtes un exemple de cette exigence de fraternité.

Il faut que celles et ceux, particulièrement aujourd'hui, qui font le choix de ce métier sachent que s'il leur arrive quelque chose, la collectivité, la Nation dans son ensemble se portera à leur secours et viendra les soutenir dans l'épreuve.

Il faut que celles et ceux qui font le choix de ce métier sachent que s'ils venaient à disparaître, la famille qu'ils laissent derrière eux sera soutenue, entourée, aimée.

Biens sûr, me direz-vous, cela fait partie du contrat. C'est un devoir de l'État. Et c'est vrai, l'État est prêt à assumer et assume cette responsabilité. Et je pense d'ailleurs que l'État n'a jamais failli à cette mission, à laquelle participent le ministère de la défense, celui des anciens combattants et des institutions que nous connaissons tous comme l'ONAC ou l'Institution des Invalides, représentée aujourd'hui par son Gouverneur.

Mais je crois que l'action de votre association vient compléter ce que fait l'État, humaniser ce que fait l'État, en ajoutant un supplément d'âme, en apportant à travers l'engagement de vos membres, à travers l'engagement des entreprises qui vous soutiennent, un peu plus de chaleur, un peu plus d'humanité, un peu plus de fraternité, celle de dizaines, de centaines d'hommes et de femmes qui, sans avoir fait le choix de la carrière militaire, se sentent concernés par la défense de notre pays, se sentent solidaires de celles et de ceux qui servent la France, en montrant à ceux qui ont été éprouvés dans leur chair, à celles et ceux qui ont perdu un fils, un frère, un père, qu'ils ne sont pas seuls, et que l'ensemble de nos concitoyens partage leur douleur et les soutient dans l'adversité.

Alors, si je suis profondément heureux que vous soyez là, c'est que je voudrais, au nom de mes collègues parlementaires députés ici présents, au nom de l'ensemble des députés qui représentent la Nation, vous dire, le plus simplement possible, un mot qui a tendance à disparaître, hélas, de la langue française : c'est le mot merci.

Merci à celles et ceux qui sont tombés en opérations, la France ne les oublie pas.

Merci à vous qui avez souffert ou souffrez encore dans votre chair, pour votre dévouement et votre abnégation.

Merci à vous toutes et à vous tous pour le soutien que vous leur apportez ainsi qu'à leurs familles.