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08/12/2004 - Remise de décoration à Madame Sona ATTAMIAN

Chère Sona,

Permettez-moi de vous dire notre joie à tous de vous accueillir en cet Hôtel de Lassay pour nous associer à l'hommage qui vous est justement décerné.

Le Président de la République en vous faisant Chevalier dans l'Ordre de la Légion d'Honneur a voulu avec éclat vous exprimer la reconnaissance de la République française, à vous-même, à votre famille et à la communauté arménienne tout entière.

Chère Sona,

Je mesure parfaitement l'honneur qu'est le mien ce soir, dans ce magnifique palais de la République où les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité ont bien souvent trouvé refuge, de vous remettre cette plus importante distinction française.

Honneur, car j'ai déjà eu l'occasion de remettre au Docteur Attamian, il y a quelques années, de l'autre côté de la Seine, au ministère de l'intérieur, cette même distinction.

Alors, hier comme aujourd'hui, je souhaite vous témoigner toute notre admiration pour votre itinéraire personnel. Quel chemin parcouru depuis votre arrivée en France en provenance de Jérusalem il y a quarante ans.

La France est votre patrie, chère Sona, votre deuxième patrie. Nous partageons ensemble un rêve d'avenir partagé pour reprendre l'expression d'Ernest Renan. Mais vous, vous n'oubliez pas le passé. Votre famille a été marquée par le génocide du début du siècle. Cela ne s'oublie pas, ne peut pas s'effacer de son âme et de son cœur.

Parce que l'église arménienne a été pendant longtemps le rempart dressé pour affronter l'oubli, vous l'avez aidée de votre mieux mais pour vous il ne s'agit pas aujourd'hui de ne ressasser que ce passé, de vivre dans la nostalgie. Non, bien au contraire, vous-même, votre mari et la communauté arménienne le montrez, le démontrez chaque jour avec éclat. Il s'agit de s'intégrer dans le monde d'aujourd'hui, de réussir dans une société difficile, tout en respectant sa propre histoire, ses propres croyances, ses propres traditions.

Voilà, chère Sona, ce que je voulais vous dire, dire aux membres de la communauté arménienne qui vous entourent, vous regardent.

Le Président de la République a tenu à vous récompenser, à honorer une Arménienne, qui n'a pas connu que l'exode, mais qui, sans renier son passé, respecte, partage et défend les valeurs de la République française.