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12/04/2005 - Réception dans l'hémicycle de Monsieur Jorge SAMPAIO, Président de la République portugaise

C'est, Monsieur le Président de la République, un très grand honneur que vous nous faites en acceptant l'invitation des députés.

Nous sommes d'autant plus heureux de vous recevoir que peu de peuples ont noué des liens personnels aussi denses que Français et Portugais. Nombreux sont les Français qui portent avec fierté leurs racines lusitaniennes. Nombreux sont les citoyens portugais que la France accueille, plusieurs centaines de milliers, une des toutes premières communautés étrangères dans notre pays, et certainement aussi l'une des plus remarquablement intégrées. Une communauté qui a tant apporté à la France, matériellement, culturellement, spirituellement, par son ardeur, par son courage et par son dynamisme, et dont témoignent plusieurs dizaines d'élèves, français et portugais, de lycées de la région parisienne qui sont venus vous écouter aujourd'hui.

J'y vois le gage d'une relation toujours plus étroite entre deux nations, entre deux peuples, dont le destin est aujourd'hui lié. Il y une trentaine d'années, en effet, le peuple portugais tournait la page de la dictature et recouvrait la liberté. Les valeurs démocratiques, auxquelles les Portugais n'avaient jamais renoncé, étaient rétablies, les institutions représentatives et le pluralisme politique s'enracinaient, les libertés individuelles et les droits fondamentaux étaient restaurés. Et nous savons, Monsieur le Président de la République, quel fut votre engagement en ces années cruciales. Douze ans plus tard, votre pays rejoignait l'Europe, sa famille naturelle, dont elle avait été, dans une histoire glorieuse, la sentinelle avancée. On ne peut qu'admirer le chemin parcouru, avec courage et constance, et les succès qui en sont les fruits.

Nos relations économiques n'ont pas manqué d'accompagner cet essor remarquable, faisant aujourd'hui de la France votre troisième partenaire commercial, et un des tout premiers investisseurs étrangers, employant près de 80.000 personnes dans plus de 400 filiales.

Tout se réunissait donc pour relancer un intense dialogue entre deux grandes nations partageant le même attachement à la liberté, à la démocratie, au progrès, et à la paix. Il est ainsi naturel que la France et le Portugal soient aujourd'hui l'un pour l'autre des partenaires majeurs, et même, depuis l'année 2003 et l'institution d'un séminaire gouvernemental annuel, des partenaires privilégiés qui se retrouvent dans de multiples convergences.

C'est ainsi que nous entretenons un dialogue intense sur l'évolution de l'Europe et recherchons une approche commune des problématiques européennes.

Mais ces convergences, pour n'en citer que quelques autres, ont également pour nom l'Afrique, qui nous tient tant à cœur, où nos deux pays tiennent de l'histoire une longue expérience, et que nous devons aider sur le chemin de la démocratie, de la sécurité et du développement. C'est bien animé de cette conviction que votre pays, Monsieur le Président de la République, organisait il y a cinq ans le premier Sommet entre nos deux continents.

Elles ont aussi pour nom la Méditerranée, à laquelle nous accordons la même priorité, car nous sommes convaincus de son importance pour l'avenir pour la paix et la stabilité de notre continent.

Nous reconnaissons également la priorité que doit recevoir l'aide publique au développement, car nous savons que nous ne pourrons pas, ni humainement ni politiquement, laisser indéfiniment une part croissante de l'humanité à la misère et à la faim.

Mais il est un autre domaine dans lequel la France et le Portugal sont et doivent être plus que jamais des partenaires naturels, celui de la culture et de la diversité culturelle. Qu'il s'agisse de l'éducation, de l'enseignement, des manifestations culturelles, de la radio-télévision, ou encore dans le domaine des sciences, où nous tirons fierté d'être votre premier partenaire, notre coopération est déjà très étroite ; nos affinités culturelles si profondes se nourrissent dans nos nombreux établissements, instituts et fondations et les liens qui les unissent.

Poursuivons donc la voie de nos écrivains, de nos penseurs, de nos artistes qui ont, de très longue date, entretenu de passionnantes conversations. Nos musées en portent témoignage, les succès de vos grands écrivains, nous les vivons comme s'ils étaient nôtres, vos musiciens, vos artistes de fado sont chez eux en France.

Deux nations, deux cultures aussi anciennes que les nôtres, qui ont déjà beaucoup apporté au monde, ont toujours, un message à diffuser. Elles partagent le même attachement à leurs langues et aux valeurs qu'elles incarnent ; la même conviction que le monde de demain, pour conserver toute sa richesse, doit permettre le développement et le dialogue de toutes les cultures. Faisons-le ensemble partout où nous le pouvons.

Français et Portugais ont noué des liens sur tous les continents, ils ont exercé  et exercent encore des responsabilités à l'échelle de la planète, ils participent à la même entreprise commune en Europe. C'est dire l'importance du rôle de l'amitié luso-française pour faire face à tous les enjeux, à tous les défis d'un monde globalisé.

Votre visite d'État, Monsieur le Président de la République, témoigne de cette remarquable proximité qui lie Français et Portugais.

Au nom de tous les députés, je veux vous exprimer l'attachement qui est le nôtre à cette proximité et formuler le souhait qu'elle soit toujours plus forte.

La parole est à Monsieur Jorge Sampaio, Président de la République portugaise.