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26/06/2007 – Discours prononcé lors de la séance d’ouverture de la XIIIe législature

Monsieur le secrétaire d’État chargé des relations avec le Parlement,

Mes chers collègues,

Au moment où j’accède à l’éminente fonction pour laquelle vous m’avez élu, je veux vous dire mon émotion et ma reconnaissance.

En cet instant, je pense à ma famille, à mes proches, à tous ceux dont j’ai croisé la route, en Rhône-Alpes, ma région, en Haute-Savoie, mon département d’adoption. Je les ai rencontrés en vivant mes passions : mon métier, la médecine, la vie publique, la politique.

Je ressens l’émotion d’un professionnel devenu élu, qui entend rester un élu de terrain proche de ses concitoyens, convaincu que le rôle d’un élu de la nation est de conduire son mandat avec la double priorité de servir la France et de respecter, en les écoutant, nos compatriotes, pour les aider, dans leurs difficultés, leurs attentes et leurs espérances.

Présider notre assemblée, l’Assemblée nationale, est un très grand honneur. Je veux dire ma reconnaissance à ceux et à celles qui m’ont accordé leur confiance, je veux dire aussi, le respect, l’estime et le dévouement qui seront les miens pour vous tous, mes chers collègues, quels que soient les bancs sur lesquels vous siégez.

Me remémorant la liste de mes illustres prédécesseurs, je demeurerai, tout au long de mon mandat, fidèle à l’esprit qui les a inspirés. Comme je veux saluer amicalement et chaleureusement Patrick Ollier, qui a su, en quelques mois, apporter lui aussi sa contribution.

Tous ensemble, nous formons l’Assemblée nationale, en conséquence, chacun et chacune d’entre nous porte une part de la souveraineté nationale. Loïc Bouvard, que je veux remercier, vient de nous le rappeler avec son autorité souriante.

Nous sommes rassemblés en ce lieu chargé d’histoire dans le même but, servir l’intérêt général, animés par la même passion, servir la République. Représentants de la nation, élus par le peuple de France, nous avons le devoir de faire vivre pleinement notre assemblée. Soyons, mes chers collègues, comme nous y invite le Président de la République, à l’image de ceux qui ont fait et font la richesse de la France : travailleurs, inventifs, audacieux.

Je suis, vous le savez, particulièrement attaché aux institutions de la Ve République ; elles ont fait leurs preuves, depuis cinquante ans, après tant de crises politiques, après les drames effrayants qui ont marqué à jamais l’histoire du XXe siècle.

C’est dans le respect de l’esprit de nos institutions que le Président de la République a pris devant les Français des engagements pour les adapter à notre temps, les moderniser afin de mieux prendre en compte les attentes de nos compatriotes.

Ainsi des réformes importantes de notre règlement, comme de notre fonctionnement, seront-elles rapidement proposées. Il s’agit de donner à notre assemblée un plus grand rôle dans le fonctionnement de l’État, une meilleure capacité de contrôle et d’évaluation, davantage de transparence et d’efficacité, pour une démocratie irréprochable.

Mes chers collègues, nous l’avons vécu sur tous les bancs, je l’ai moi-même vécu, je le reconnais volontiers, nous sommes trop souvent ici prisonniers des habitudes, parfois même de préjugés, eux-mêmes trop souvent manichéens.

C’est pour cela que j’ouvrirai sans tarder une concertation dans tous les domaines de notre assemblée qui pourraient mériter une modernisation : périmètre des commissions permanentes, intégration dans leurs compétences de priorités nouvelles telles que le développement durable, ce qui pourrait poser la question du nombre de ces commissions.

Je souhaite aussi que nous réfléchissions ensemble au renforcement de notre fonction constitutionnelle de contrôle, sur notre information dans des domaines, ou des circonstances, qui jusque-là en sont exclus.

Ainsi que le Président de la République l’a annoncé, nous devrons travailler à un véritable statut de l’opposition.

Sur le plan international, nous devrons également développer notre action. Alors que la France et l’Allemagne viennent de relancer avec bonheur la belle et grande aventure de l’Europe au service de la paix et du développement économique et social, nous devons affirmer davantage notre implication dans les affaires européennes.

Nous devons être le Parlement de tous les Français. Je veillerai donc à ce que nos travaux soient mieux connus dans leur diversité comme dans leur qualité.

Pour que notre assemblée soit forte et respectée, nous devons être attentifs à l’image que nous donnons de nos travaux. Notre présence, notre attitude lors des débats, sont le cœur de cette image. Nous devons y penser constamment.

L’écoute et le respect mutuels ne sont pas incompatibles, au contraire, avec notre liberté d’expression, qui est notre droit et notre honneur. Même si la passion peut se comprendre en démocratie, nous devons toujours veiller à l’image que nous donnons de notre institution.

Pour ces réformes, ma méthode de travail, sera le dialogue et la concertation, mon objectif, la recherche du consensus le plus large. Mais cette modernisation, attendue par les Français, cette ouverture envers l’opposition, appellent en retour une attitude constructive et responsable de tous.

Mes chers collègues, au XXIe siècle, en France, pays que nous voulons tous exemplaire pour la démocratie, pouvons-nous impunément continuer les batailles interminables, stériles et coûteuses de milliers d’amendements, conduisant à des blocages ou à des décisions autoritaires ? Je ne le crois pas. Ma préférence ira toujours au travail législatif sérieux, certes le plus souvent contradictoire, mais honnête et finalement heureux pour nos choix.

C’est dans un véritable esprit de responsabilité démocratique partagé que nous devons bâtir ensemble une démocratie moderne et apaisée, où majorité et opposition dépassent leurs divergences et leurs affrontements au profit de solutions de compromis.

Mes chers collègues, quelles que soient nos opinions politiques, c’est pour la France que nous œuvrons. Nous avons la chance et l’honneur de vivre dans une des plus grandes et des plus belles démocraties du monde. Une grande nation qui a tant apporté aux droits de l’homme, au droit des peuples. Pensons à la France à chaque instant de notre mandat. Pensons aux Français. C’est ce à quoi je m’engage, c’est ce à quoi je vous invite.

Pour chacun d’entre vous, sur tous les bancs, je forme des vœux sincères et chaleureux, pour l’exercice de votre fonction de député.

Je souhaite à notre assemblée, un fructueux travail au service de la France, afin que cette XIIIe législature soit à l’honneur de la République.