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01/02/2011 – Remise des insignes de Commandeur de la Légion d’honneur à Norbert LAMMERT, Président du Bundestag

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,

Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs,

Monsieur le Président, Cher Dr Norbert LAMMERT,

La très haute distinction que vous recevez aujourd’hui est la marque de la reconnaissance que la France a pour vous. Je sais cette estime, et cette amitié, partagées par les personnalités et les parlementaires réunis ce soir pour vous rendre hommage.

Je tiens à associer à cet hommage votre famille : votre épouse, ainsi que vos enfants, Felicitas, Nils, Jonas et Teresa.

C’est un grand honneur pour moi d’être celui par qui, aujourd’hui, la République française distingue l’homme d’exception que vous êtes, et de vous remettre, dans quelques instants, les insignes du prestigieux grade de Commandeur de la Légion d’honneur.

Au fil de nos nombreuses rencontres, j’ai pu apprécier vos qualités, votre inlassable engagement public, vos convictions européennes et votre indéfectible amitié pour notre pays.

Vous rendre hommage, Dr LAMMERT, c’est évoquer l’homme qui rassemble : vous l’avez prouvé tout au long de votre vie, la démocratie est avant tout une éthique. Une éthique de la discussion, fondée sur la recherche du consensus et sur la franchise.

C’est donc bien sûr au Président du Bundestag et au grand parlementaire que vous êtes que je m’adresse. Mais c’est aussi à l’homme. L’homme de culture, passionné de musique, docteur en sciences sociales, aujourd’hui Vice-Président de la Fondation Konrad Adenauer. Et l’homme de conviction, l’Européen éclairé du 21e siècle, réceptif au Zeitgeist, qui parle, non seulement notre langue, mais aussi celle de la coopération : la langue de la confiance.

Votre clairvoyance, votre regard sur l’Histoire font de vous un acteur de premier plan des mutations de l’Allemagne. De votre pays qui, il y a 20 ans, a accompli une révolution d’un type nouveau, pacifique et responsable, dont l’Europe et le monde sont sortis transformés.

Il est des trajectoires fertiles qui rencontrent et façonnent l’Histoire. La vôtre, Monsieur le Président, prend sa source au cœur de la Ruhr. Plus précisément à Bochum, votre ville natale, « l’une des deux plus belles villes d’Allemagne », comme vous aimez à le dire.

C’est dans cette ville, où votre père est boulanger, que se déroule votre enfance au sein d’une fratrie de 7 enfants… et que l’étudiant avide de savoirs entreprend de brillantes études. Vous saurez ensuite faire partager cette passion du savoir en la transmettant. Maître de conférences à l’Institut d’études supérieures de Bochum et à l’Institut d’études supérieures d’Hagen, vous enseignerez également au sein de diverses académies, institutions et entreprises.

Vous avez 16 ans lorsque vous vous engagez en politique au sein des Jeunes chrétiens démocrates, puis au sein de la CDU. Vous en avez 27, quand vous êtes élu pour la première fois au conseil municipal de Bochum.

Ce premier mandat marquera pour vous le début d’un engagement constant pour la Ruhr, cette région devenue aujourd’hui le laboratoire européen des mutations économiques réussies.

Elu au Bundestag en 1980, à l’âge de 32 ans, vos qualités déjà éprouvées vous conduisent ensuite à occuper les fonctions de secrétaire d’État parlementaire : d’abord au ministère de l’éducation et des sciences, puis aux ministères de l’économie et à celui des transports. Au cœur de l’exécutif, vous continuez de renforcer votre inclinaison pour le travail parlementaire.

C’est tout naturellement que vous accédez, en 2002, à la vice-présidence du Bundestag, pour en devenir, le 18 octobre 2005, le Président.

Dès votre discours d’investiture, vous marquez la législature de votre style : franc, direct et fédérateur. Aux députés, vous déclarez, je cite : « Nous sommes l’Allemagne, et chacun dans cette maison doit l’être à sa propre façon ». Vous serez triomphalement réélu en 2009.

Convaincu du rôle primordial des parlements nationaux dans la construction européenne, vous développez une conception moderne de l’Europe, la réinventant en vertu des vœux de ses fondateurs : la paix et le progrès. Avec vos partenaires, avec la France, vous ouvrez de nouvelles voies, créant des « solidarités de fait ».

Vous rendre hommage, Dr LAMMERT, c’est aussi évoquer l’ami fidèle de la France que vous êtes. Notre coopération n’est pas le seul produit des circonstances, mais aussi d’authentiques affinités. De plus, votre francophilie nous honore. J’ai appris que vous preniez un cours particulier de français chaque semaine.

Entre le Bundestag et l’Assemblée nationale s’est tissée une relation exemplaire, nourrie, au quotidien, par le travail et les échanges réguliers entre les parlementaires, nos groupes d’amitié, entre les commissions permanentes et les fonctionnaires. Oui, l’amitié franco-allemande est une relation exemplaire : une relation fraternelle qui s’ouvre aux autres, comme - ce fut le cas récemment- à la Diète polonaise, dans le cadre du Triangle de Weimar.

Fidèle à l’esprit de Jean Monnet qui écrivait : « nous ne réunissons pas des Etats, nous réunissons des êtres humains », vous mettez cette fraternité au service de l’Union européenne, notre « communauté de destin. »

Jamais sans doute, les convergences de vues, sur les deux rives du Rhin, ni la concertation dans l’action n’auront été aussi nécessaires. Votre opiniâtreté, votre engagement personnel sans faille sont un atout, particulièrement précieux en ces temps de crise.

Nos sociétés, qui ont longtemps accumulé les silences, sont désormais liées par des « affinités électives », par un échange constant.

Vous incarnez une conception de la politique, une certaine idée de l’homme qui donnent à la démocratie son âme. Vous êtes de ceux, Monsieur le Président, qui font l’Histoire, avec une modestie et une humilité naturelles, avec humour aussi, cet humour qui est l’une des marques de votre sagesse. Avec honnêteté, avec éthique.

C'est bien à une personnalité exceptionnelle à tous égards, un Européen convaincu, un ami sincère que la France témoigne aujourd’hui de son estime et de sa reconnaissance.

Dr Norbert LAMMERT, au nom du Président de la République, nous vous conférons les insignes de Commandeur de la légion d'Honneur.