Hommage aux parlementaires
ayant refusé, le 10 juillet 1940, la délégation du pouvoir constituant

1ère séance du mercredi 20 juin 1990

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M. le président. Mes chers collègues, j'ai une courte déclaration à vous faire.

Le 18 juin, les Français ont chaleureusement célébré l'appel du général de Gaulle. Notre assemblée s'associe tout entière à cet hommage. En cette circonstance, les événements de juin et de juillet 1940 sont revenus dans les mémoires, les plus grands comme les plus douloureux, et c'est à l'un de ces moments que je souhaite aujourd'hui devant vous faire écho.

Le 10 juillet 1940, triste jour pour la République, Laval demande au Parlement de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. On connaît les conditions dans lesquelles ce vote intervint, les pressions inacceptables, l'absence forcée des députés communistes déchus et celle des parlementaires du Massilia. Quoi qu'il en soit, au moment du croix décisif, quatre-vingts de nos anciens collègues refusèrent de saborder la démocratie et de voter les pleins pouvoirs.

Trois sont aujourd'hui encore parmi nous, les anciens députés Emile Fouchard, Philippe Serre et Maurice Montel, lequel est présent dans les tribunes. (Mmes et MM. les députés et les membres du Gouvernement se lèvent et applaudissent longuement.)

En disant non, ces hommes ont donné un exemple de courage, et ils ont fait honneur au Parlement. Cinquante ans après, il est juste que nous rendions hommage aux « Quatre-vingts » . Je leur dis la reconnaissance de l'Assemblée nationale. (Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et communiste et sur de nombreux bancs des groupes Union pour la démocratie française. de l'Union du centre et du Rassemblement pour la République.)