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Journées européennes du Patrimoine
18 et 19 septembre 2010

  Journées européennes du Patrimoine

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Le patrimoine et l'histoire de l'Assemblée nationale

 

Aux origines : une histoire d’amour
Si le Palais Bourbon, temple de la République, porte un nom qui rappelle la monarchie, c’est parce qu’il a été construit pour Louise-Françoise, duchesse de Bourbon (1673-1743), fille légitimée de Louis XIV et de la Montespan : l’hôtel voisin héberge le jeune ami de la duchesse, Léon, comte de Lassay (1681-1750). Tous deux ont fait bâtir un ensemble architectural en bord de Seine, au moment où l’aristocratie délaissait Versailles pour Paris, qui s’étendait vers l’ouest avec l’édification de vastes hôtels particuliers. Armand de Lesparre, marquis de Lassay (1652-1738) et père de Léon, a fait appel à un architecte italien, Giardini. L’achat des terrains commence en 1719 et les premiers travaux en 1722, sous la direction de trois élèves de Jules Hardouin-Mansart : Pierre Cailleteau, dit Lassurance, puis Jacques V Gabriel et Jean Aubert. Synthèse du classicisme français et du baroque italien, cet ensemble passe en 1764 au prince de Condé, qui le réaménage dans un style plus guerrier : le vestibule de l’hôtel de Lassay en porte témoignage. Initialement composé d’un seul rez-de-chaussée, l’hôtel de Lassay a été rehaussé d’un étage au milieu du XIXe siècle par l’architecte Jules de Joly. Peu d’éléments de sa décoration remontent à l’époque de sa construction. Les éléments décoratifs des salons de réception - dorures, peintures en médaillon et stucs -  sont de style régence mais ont été réalisés au début du second empire. Ces salons permettent aujourd’hui de recevoir des délégations étrangères, chefs d’État et parlementaires. [La demeure princière]

La Révolution : un palais national
Le prince de Condé ayant émigré, ses biens sont confisqués en 1791. En juillet 1794, l’hôtel de Lassay accueille l’Ecole centrale des travaux publics, devenue ensuite l’Ecole Polytechnique. En 1798, pour la première fois, une assemblée parlementaire vient siéger au Palais-Bourbon : le Conseil des Cinq-Cents. L’hôtel de Lassay abrite la bibliothèque et sert de vestiaire aux députés, affublés d’un uniforme drapé « à l’antique ». Puis, en 1803, Lassay devient la résidence du président du Corps législatif, Fontanes (1757-1821).

Au XIXe siècle : de profonds réaménagements

Racheté à la famille de Condé en 1843, l’hôtel de Lassay est surélevé d’un étage et relié au Palais-Bourbon par une galerie très richement ornée. Sous le Second Empire, le président du Corps législatif, le duc de Morny (1811-1865), demi-frère de Napoléon III, double la galerie des Fêtes d’une galerie latérale étroite pour y exposer sa collection privée de tableaux, que la IIIe République remplacera par des tapisseries des Gobelins. Au Palais-Bourbon, une véritable bibliothèque est construite : ses plafonds en coupoles sont peints par Delacroix, qui orne aussi de décorations spectaculaires le « salon du Roi », devenu « salon Delacroix ».

La galerie des fêtes

A l’origine, le Palais-Bourbon et l’Hôtel de Lassay étaient séparés par un jardin mais, dès 1799, une modeste galerie en bois les réunit. C’est en 1845 que l’architecte Jules de Joly entreprend la construction de la Galerie des Fêtes, habile transition entre les XVIIIe et XIXe siècles. Cinq larges fenêtres ouvrent sur le jardin de la Présidence à droite ; à gauche, par autant de baies, la salle communique avec la Galerie des Tapisseries, ajoutée en 1860 par le duc de Morny. Avec ses peintures de François-Joseph Heim, ses tentures rouges et ses ors, elle mérite bien d’accueillir depuis des décennies les invités illustres de l’Assemblée.

La salle des pas perdus

La salle des pas perdus, ou salon de la paix, en impose par ses dimensions monumentales et son plafond, peint durant la monarchie de Juillet par Horace Vernet et Charles Séchan. Les deux bronzes (Paetus et Arria, et Laocoon) proviennent du château de Marly et ont été installés au Palais Bourbon en 1798. La proximité de l’hémicycle en fait un lieu de passage et de rencontres mais c’est aussi un lieu très symbolique que traverse le président de l’Assemblée, à chaque début de séance de l’après-midi, au son des tambours, entouré d’une double haie de gardes républicains.

Le salon Delacroix

Eugène Delacroix reçoit d’Adolphe Thiers, en août 1833, sa première commande officielle avec la décoration de ce salon. L’année précédente, son séjour décisif en Afrique du Nord lui révèle les effets de la lumière sur les couleurs et l’amène à changer sa palette et à équilibrer romantisme et classicisme. On peut voir au plafond et sur la frise la représentation des thèmes de la Justice, de la Guerre, de l’Industrie et de l’Agriculture. Sur les pilastres sont personnifiés les mers et les fleuves de France : l’Océan, la Méditerranée, la Seine, le Rhône, la Garonne, la Saône, la Loire et le Rhin. Sous la monarchie de Juillet, le roi Louis-Philippe venait officiellement ouvrir les sessions de l’Assemblée dans ce salon et siégeait sur un trône installé dans la niche en arrondi, aujourd’hui occupée par un buste de Marianne.

[Les peintures de Delacroix dans le salon du Roi] [Module interactif]

L’Hémicycle

Construite entre 1828 et 1832 par Jules de Joly, l’actuelle salle des Séances remplace le premier hémicycle en bois et stuc du Conseil des Cinq-Cents. Jules de Joly en conserve le plan en hémicycle ainsi que les colonnades. Subsistent également de l’époque révolutionnaire le fauteuil du Président, décoré par Lemot et Michallon, ainsi que le bas-relief de la tribune de l’orateur, dû également à Lemot, qui représente l’Histoire écrivant les hauts faits proclamés par la Renommée.

 

Le salon Casimir Perier

Le salon Casimir Perier s’ouvre sur la cour intérieure de l’Assemblée. De part et d’autre d’un étonnant plafond à caissons, deux bas-reliefs sculptés par Triquetti illustrent la loi protectrice et la loi vengeresse. Au fond, un bas-relief en bronze figure l’acte fondateur du parlementarisme français, quand Mirabeau s’opposa, le 23 juin 1789, au marquis de Dreux-Brézé, le maître des cérémonies de Louis XVI en déclarant : « Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ». Fondu en un seul bloc de quatre tonnes, ce bronze de Jules Dalou a été commandé pour le premier centenaire de la Révolution française. Les niches abritent les statues de Mirabeau, de Bailly, de Portalis, de Tronchet, du général Foy et de Casimir Perier.

La Bibliothèque

Conçue en 1830 par l'architecte Jules de Joly, la bibliothèque est célèbre pour ses plafonds peints par Eugène Delacroix entre 1838 et 1847. A chaque « cul-de-four », les deux grandes fresques représentent en s’opposant symboliquement, Orphée, porteur d'avenir, enseignant aux Grecs les arts de la paix, et Attila, porteur de mort, ravageant l'Italie et les arts. Les cinq coupoles rappellent les classifications adoptées dans les bibliothèques et illustrent les activités de l'esprit : la législation au centre, la philosophie et la théologie de part et d'autre, la science et la poésie aux extrémités. Riche de 700 000 volumes, dont 70 000 dans cette salle même, la bibliothèque possède des pièces rares comme l’exemplaire original du procès de Jeanne d’Arc (celui de l’évêque Cauchon), le manuscrit de la nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau, un manuscrit illustré aztèque, une Constitution annotée par Maximilien Robespierre... Lieu de travail pour les députés, les fonctionnaires de l’Assemblée et les collaborateurs des groupes ou des députés, la bibliothèque est ouverte, sur autorisation, aux chercheurs spécialisés.

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Histoire résumée de l'Assemblée nationale

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Visite virtuelle de l'Assemblée nationale

 

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