N° 1864 ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 ONZIÈME LÉGISLATURE Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 14 octobre 1999. AVIS PRÉSENTÉ
AFFAIRES ÉTRANGÈRES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET COOPÉRATION PAR M. Bernard CAZENEUVE, Député. (1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page. Voir les numéros : 1861 (annexes nos 1 et 3) Lois de finances. La commission de la défense nationale et des forces armées est composée de : M. Paul Quilès, président ; MM. Didier Boulaud, Arthur Paecht, Jean-Claude Sandrier,
MESDAMES, MESSIEURS, Cest la troisième fois quest présenté un rapport pour avis portant sur les crédits et les actions du ministère des Affaires étrangères relevant de la compétence de la Commission de la Défense. De fait, la politique de sécurité et de défense sexprime principalement à travers trois types dactions. Lorganisation de la sécurité en Europe est, de plus en plus, un élément central de cette politique. On la vu, cest laction de lOTAN qui seule a amené la République fédérale de Yougoslavie à finalement respecter les termes des injonctions que lui adressait, depuis plusieurs mois, le Conseil de sécurité. Cest elle encore qui assure le bon accomplissement des décisions de lONU dans cette région, à travers notamment les éléments de sécurité quelle offre à la Mission des Nations Unies pour le Kosovo, la MINUK. La question du rapport de la France à lOTAN, y compris dans ses aspects les plus quotidiens, doit faire lobjet dun compte rendu exact. Essentielle pour notre pays est aussi la mise en place dune politique étrangère et de sécurité européenne. Lentrée en vigueur du traité dAmsterdam, le 1er mai 1999, est sur ce point un événement majeur, appelé à avoir des répercussions considérables dans les années qui viennent sur la capacité daction de lEurope dans ce domaine. Après moins de six mois, on peut dores et déjà en distinguer les premières : mise en place dune véritable structure permanente pour gérer la PESC, disparition annoncée de lUnion de lEurope occidentale après cinquante et un ans dexistence, premières « stratégies communes » envers les pays voisins, notamment la Russie et les pays des Balkans. Enfin, on voit bien quel cadre privilégié peut constituer lOSCE pour laffirmation de la PESC envers les pays de la grande Europe et donc pour le rayonnement politique de lUnion européenne. La coopération militaire et de défense est un instrument de grande portée pour le rayonnement de notre pays et de laffirmation des politiques quil met en uvre par le moyen de sa diplomatie. La réorientation positive de ses principes et de ses moyens indique à quel point son unification au sein du ministère des Affaires étrangères était une réforme fructueuse. Enfin, la capacité daction de la France au sein des instances internationales est un élément essentiel de son statut parmi les nations. La France travaille à faire vivre lONU, où son poids est grand au sein du Conseil de sécurité. Elle sefforce de lui donner les moyens de ses responsabilités internationales, à travers des moyens financiers, administratifs, et aussi militaires : la France place son action armée internationale sous légide et les résolutions de lONU autant quil est possible et elle ne ménage pas les moyens quelle y affecte. La conduite de ces trois types dactions a pu, autrefois, ne se traduire que difficilement dans les structures du ministère. Lunification géographique, avec la fusion de ladministration de la coopération au sein du ministère des Affaires étrangères, lémergence de la gestion spécifique de la PESC et la plus grande visibilité de la politique de coopération militaire et de défense ont mis fin à cet état de fait. On ne peut y voir que la confirmation du bien fondé de lapproche décidée par la Commission. PREMIÈRE PARTIE LEurope sest dabord construite en ignorant les questions de défense. Cest le développement de lEurope économique, couronné cette année par linstitution de leuro, qui a dabord mobilisé les esprits et les énergies. Longtemps le traité de lAtlantique Nord, dont les institutions englobaient de fait celles du traité de Bruxelles modifié, ont suffi aux pays européens en matière de sécurité et de défense. Avec la fin de la guerre froide sest cependant fait jour le concept dune Identité européenne de sécurité et de défense. Quatre institutions européennes pouvaient concourir à une telle identité : lOTAN, où la place des Etats-Unis est si grande, était le vrai cadre daction militaire des pays européens ; lOSCE, où figurent tous les anciens membres du pacte de Varsovie, pays issus de lex-URSS compris, constituait le cadre des négociations politiques pour la sécurité intérieure de lespace européen ; face à ces deux institutions, bien différentes mais sétendant chacune hors de lEurope proprement dite, lUEO et lUnion européenne formaient des structures bien fragiles pour laffirmation éventuelle dune Europe de la sécurité et de la défense affranchie des diverses tutelles et pressions extérieures. La période de la fin de lannée 1998 et du début de lannée 1999 a représenté un tournant majeur dans léquilibre et larchitecture de lEurope de la sécurité et de la défense. Du 23 mars au 9 juin 1999, lOTAN a mené pour la première fois une action armée autonome sur le territoire européen. Cest aussi pendant cette période, le 1er mai 1999, quest entré en vigueur le traité dAmsterdam, qui comporte plusieurs dispositions essentielles pour la mise en uvre de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), notamment en matière daction militaire. Ces deux événements modifient profondément la physionomie de lEurope de la sécurité et de la défense. I. LES TRANSFORMATIONS DE LOTAN ET LA PLACE DE LA FRANCE Lannée 1999 a été une année importante pour lOTAN. Lévénement majeur devait être le cinquantenaire de lOrganisation. Cependant, il a été éclipsé par le premier engagement que lOTAN ait conduit sur le sol européen, puisquaprès des frappes aériennes du 24 mars au 9 juillet contre la Serbie, les forces de lOrganisation sont entrées au Kosovo, où elles se trouvent toujours. Cest à partir de cet événement, combiné à lélaboration dun nouveau concept stratégique, que sorientera cette année lexamen traditionnel que consacre à lOTAN le présent rapport. En effet, la disparition de ladversaire et le développement de conflits localisés amène lOTAN à agir non plus en application de larticle 5 du traité de lAtlantique Nord, dans le cadre de la défense commune de ses membres, mais pour assurer de façon beaucoup plus générale la sécurité collective. Or on sait que la position de notre pays dans lOTAN est singulière : pour des raisons qui tiennent à laffirmation de lindépendance de sa décision militaire nationale, la France ne fait pas partie de lorganisation militaire intégrée. Cependant, les transformations qui touchent lorganisation et les modes daction de lOTAN ont forcément des conséquences sur la façon dont la France sy insère. Il doit être rendu compte de ces modalités dinsertion. A. LA RÉVISION DU CONCEPT STRATÉGIQUE ET LE STATUT DE LOTAN Pour la France, la révision du concept stratégique ne devait remettre en cause ni, dune part, les principes fondamentaux du traité, et notamment ses références à la Charte des Nations Unies, ni, dautre part, la fonction de défense collective de lAlliance et le lien transatlantique. De même la question de la dissuasion nucléaire devait rester hors du champ de la révision. Le nouveau concept stratégique de lOTAN a été adopté le 24 avril 1999 au sommet de Washington. Après des négociations serrées, son libellé satisfait pleinement les préoccupations de la France. Sagissant de lenjeu le plus primordial, la base juridique des opérations de lOTAN autre que celles de larticle 5, le paragraphe 10 du concept stratégique dispose que, dans laccomplissement de leurs tâches de sécurité fondamentales, « les nations de lAlliance sont engagées par le Traité de Washington et la Charte des Nations Unies ». Le même paragraphe fait aussi référence à larticle 7 du traité de Washington, qui rappelle « la responsabilité première du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales ». Enfin, le paragraphe 31 rappelle loffre de lAlliance, formulée en 1994 au sommet de Bruxelles, de « soutenir au cas par cas des opérations de maintien de la paix et autres opérations » « sous lautorité du Conseil de sécurité » ou « la responsabilité de lOSCE ». Sagissant maintenant des missions de lAlliance, le même paragraphe 10 se borne à formaliser lévolution engagée par les Alliés depuis le sommet de 1994 en ce qui concerne les nouvelles missions. Aucun rôle global nest donc conféré à lAlliance et celle-ci est maintenue dans son champ géographique, « la sécurité de la zone euro-atlantique ». La lutte contre les menaces liées à la prolifération faisait lobjet de grandes ambitions des Etats-Unis. Cependant, cest une présentation mesurée qui en est faite. Le paragraphe 22 prend ainsi en compte les progrès accomplis dans le domaine de la non-prolifération et nouvre pas la voie à des compétences nouvelles de lAlliance pour organiser la mise en uvre de mesures préventives de contre-prolifération. Enfin, la question des forces nucléaires est bien sûr restée à lécart. Ainsi, comme la France le souhaitait, la révision du concept stratégique na en rien modifié la situation de lOTAN au sein des institutions internationales. De fait, le déroulement de la crise du Kosovo confirme la validité de cette interprétation. Tout dabord, on ne saurait voir dans la campagne aérienne conduite contre la République fédérale de Yougoslavie un précédent dautosaisine de lOTAN. Certes, il existe un cheminement spécifique à lOTAN de la décision de recourir à la force : cest lémission, le 12 octobre 1998, de l« ACTORD » sur les opérations aériennes, puis la délégation par le Conseil atlantique du recours à la force au Secrétaire général le 30 janvier 1999, enfin la décision de celui-ci dengager les frappes le 23 mars. Il reste que le nombre dactes internationaux dans la perspective, voire sous lautorité desquels on peut placer cette décision est impressionnant : résolutions du Conseil de sécurité sous chapitre VII, notamment les résolutions n° 1 199 du 23 septembre 1998 et 1 203 du 24 octobre 1998, déclaration du président du Conseil de sécurité, rapports du Secrétaire général des Nations Unies au Conseil de sécurité, notamment celui en date du 30 janvier 1999. On peut sincèrement considérer que par leur nombre, par la similitude et la gravité de leurs préoccupations et de leurs orientations, voire par leur libellé, elles valaient consentement des Nations Unies et de la communauté internationale à une action. Ensuite, le processus de sortie de crise ainsi que le déploiement dune force internationale de sécurité se sont déroulés sous le contrôle étroit des Nations Unies. La résolution n° 1 244 du Conseil de sécurité, adoptée le 10 juin 1999, a établi de façon incontestable lautorité du Conseil de sécurité sur le déroulement des opérations au Kosovo. Cest sur la base de cette résolution, placée sous chapitre VII, et de ses annexes que sont intervenus aussi bien le retrait de toutes les forces militaires et de police serbes du Kosovo que le déploiement sur le terrain dune force de sécurité internationale chargée dassurer le respect du cessez-le-feu, y compris, le cas échéant, par lusage de la force. Lautorisation de déploiement de la KFOR na été donnée par le Conseil atlantique quaprès ladoption à New-York de la résolution n° 1 244. Sagissant de lévolution du rôle futur de lOTAN, la crise du Kosovo a gravement perturbé lapplication de l« Acte fondateur » OTAN-Russie. Or, en Europe, la Russie ne saurait être considérée autrement que comme un partenaire majeur. Le rôle quelle a pu jouer, en accord avec les autres membres du G 8 et de lUnion européenne, dans la formulation dune issue politique au conflit, le montre. La réintégration de la Russie dans le processus diplomatique a ouvert la voie à une première réunion du Conseil permanent conjoint OTANRussie, le 23 juillet 1999, consacrée au Kosovo. Il faudra de nouveau poursuivre dans cette voie. De même, la question de lélargissement a été occultée par la crise. Si lOTAN veut rester un élément de pacification en Europe, son accès, quoi quil arrive, doit rester ouvert. B. LA PARTICIPATION DE LA FRANCE AUX OPÉRATIONS On le sait, lorganisation militaire intégrée est un héritage de la Guerre froide. Elle se présente donc comme une chaîne exclusivement militaire de commandement qui remonte jusquau Conseil atlantique, dont elle applique avec une très grande autonomie daction les ordres qui sont en fait très généraux. Le présent rapport avait noté, ces deux dernières années, les difficultés que cela pouvait poser pour un pays qui aurait souhaité conserver le contrôle politique de ses troupes. En effet, les ordres auxquels obéit, au fur et à mesure que la situation évolue, le contingent sur le terrain, sont ceux de la chaîne militaire, laquelle aboutit au commandement régional (pour la Bosnie, le Commandement Sud), puis au SACEUR (Commandement stratégique Europe), qui est tenu par un officier général ressortissant américain. A vrai dire, il avait aussi été signalé que pour conserver le contrôle politique de lemploi de ses forces participant aux grandes opérations développées par lOTAN en dehors des conditions de larticle 5, la France avait développé des mécanismes originaux, le commandant du contingent français rendant compte non seulement à son supérieur de la chaîne de commandement de lOTAN, mais aussi aux autorités militaires nationales, en loccurrence le chef détat-major des armées, pour leur demander lautorisation dexécuter les missions demandées. Le chef détat-major des armées se tournant lui-même vers les autorités politiques, il était souligné quun contrôle politique était ainsi instauré. Il était aussi remarqué que les autres pays européens sengageaient sur la même voie. Lexistence de cette double logique amène donc à sintéresser de façon précise aux conditions dans lesquelles ont été déclenchées les opérations puis engagées les forces. Il savère dabord que le déclenchement des opérations, opérations aériennes puis déploiement terrestre, sest fait sous létroit contrôle des Etats membres. La planification des opérations a été faite sur la demande du Conseil de lAtlantique Nord. Celui-ci a en effet chargé, dès le 28 mai 1998, les instances compétentes délaborer une gamme doptions pour une intervention. Par la suite, la totalité des plans dopération a été soumise à lapprobation du Conseil après avis du Comité militaire. Le déclenchement des opérations aériennes a lui aussi ménagé le contrôle politique des Alliés. Dabord, la décision organisant le transfert dautorité du Conseil aux autorités militaires (décision sur l« ACTORD » des 12 et 27 octobre 1998) imposait un « feu vert », une ultime décision du Conseil avant le début effectif des opérations. Ensuite, lorsque, le 30 janvier 1999, le Secrétaire général a reçu du Conseil le pouvoir de lancer et de suspendre les frappes, chaque décision dengagement ou de désengagement a été précédé de « consultations » bilatérales du Secrétaire général. La conduite des opérations a elle aussi ménagé le contrôle politique des Etats. En effet, seul le passage dune phase dopération à une autre autorisait un changement de la nature des objectifs et du rythme des missions aériennes. Or cest le Conseil atlantique qui maîtrisait la définition des phases dopération. Il a, par ailleurs, été tenu informé quotidiennement du déroulement des opérations par le SACEUR. Le Comité militaire est cependant intervenu de façon plus limitée dans la conduite des opérations. En effet, la gestion des opérations sest, en grande partie, effectuée au moyen de contacts bilatéraux directs entre le SACEUR et les chefs détat-major concernés. En revanche, les autorités nationales des forces employées ont exercé pleinement leur contrôle sur lemploi de leurs forces. Le dispositif de double subordination a joué à plein. Ainsi, le général commandant les forces aériennes françaises était en contact quotidien avec le chef détat-major des armées, à qui il présentait les objectifs demandés. Les autorités politiques françaises ont ainsi été mises en situation dapprouver ou de refuser dapprouver les objectifs proposés aux escadrilles françaises, et les forces françaises sont restées sous leur autorité. De ce fait, la France a pu, tout au long de la crise du Kosovo, jouer un rôle déterminant dans la conduite des opérations, à la fois par le biais du Conseil atlantique et du Comité militaire, à travers des contacts bilatéraux avec le Secrétaire général ou le SACEUR, et en même temps conserver le contrôle quotidien de laction de ses forces. C. LA PARTICIPATION DE LA FRANCE AUX STRUCTURES On le voit, labsence de la France de la structure militaire intégrée na en aucun cas été pour elle un handicap. Il ne la même pas été sur le plan opérationnel, les pilotes français sétant parfaitement intégrés au sein de missions internationales. Ce succès doit cependant sans doute beaucoup à lhabitude quils ont pris de participer à de grands exercices dentraînement internationaux, notamment avec les Américains. Non participation à la structure intégrée, habitude de travailler en commun, cela amène à évoquer la situation dune structure nouvelle créée dans ce but, les GFIM. Le concept de GFIM a été proposé à lOTAN et adopté officiellement à loccasion du sommet de Bruxelles, en 1994. Les GFIM, ou « groupes de forces interarmées multilatérales » sont des éléments détats-majors internationaux, identifiés et projetables en cas dopération. Il sagit donc de structures conçues pour laccomplissement des nouvelles missions que sont les missions hors article 5. Les GFIM permettent en effet laction en commun, lorganisation étant maîtrisées et les personnels ayant lhabitude de travailler ensemble, sans pour autant nécessiter de la part des pays participants dabandons de souveraineté. De façon logique, les GFIM ont été reconnus en 1996, au sommet de Berlin, comme lun des instruments privilégiés de renforcement de lIESD dans lAlliance. Le communiqué de Berlin a en effet prévu la mise à disposition de GFIM pour des opérations conduites par lUEO. Aujourdhui, la mise en place des GFIM est entrée dans sa phase finale. Lobjectif affiché est de leur permettre dêtre pleinement opérationnels en 2005. Le choix sest porté sur la création de noyaux détat-major de GFIM de grande taille (122 officiers et sous-officiers) au sein des états-majors existants, cest-à-dire en pratique auprès des commandements régionaux de lOTAN. La France sest beaucoup investie dans le développement de ce concept. Elle a, à plusieurs reprises, manifesté sa volonté de participer pleinement à son développement et à sa mise en uvre. Or, les exercices dexpérimentation du concept de GFIM ont montré quil serait difficile pour une nation non représentée dans le noyau de létat-major de GFIM dès le temps de paix dobtenir des postes dinfluence lors de sa montée en puissance. Cest pourquoi, la France a fait le choix de placer des officiers à disposition des noyaux de GFIM dès la phase de préparation à la mise en uvre du concept. Le ministère de la Défense a donc détaché un officier par noyau de GFIM. Cette participation atteindra, à terme, 19 militaires. Cette participation se fait cependant dans le plein respect de notre position spécifique vis-à-vis de la structure militaire intégrée. Les officiers détachés dans les noyaux de GFIM le sont au titre de « contribution volontaire nationale ». Des protocoles de mise à disposition de ces officiers définissent avec précision le champ des missions qui leur sont confiées. Enfin, la France assure le financement complet de ces postes ; ils napparaissent pas dans les tableaux deffectifs des états-majors de lOTAN et leur retrait peut être demandé à tout moment. D. LA FRANCE ET LE BUDGET DE LOTAN La question du budget de lOTAN a été, pendant un temps, inextricablement lié à celle de lélargissement. En effet, lélargissement était censé impliquer le rééquipement quasi-total des nouveaux membres pour les mettre au niveau des anciens dans luvre de défense contre la menace soviétique. Des chiffres faramineux avaient circulé, dont le présent rapport sétait fait lécho. Le Président de la République avait alors exposé, au sommet de Madrid, que « pour ce qui concerne la France, elle na pas lintention daugmenter sa contribution à lOTAN du fait de lélargissement ». LOTAN a fait effectuer par ses experts sa propre étude, en prenant en compte le changement du contexte stratégique depuis la fin de la guerre froide. Ceux-ci ont considéré que la diminution du niveau de la menace permettrait aux nouveaux membres détaler la modernisation de leurs forces armées, et que les coûts nouveaux dus à la réorganisation de lOTAN pour ses nouvelles missions (programmes dinvestissements au service de la sécurité -NSIP-) pouvaient très largement être financés par redéploiements internes. En décembre 1997 les coûts de lélargissement étaient ainsi estimés à 9 milliards de francs environ pour les budgets communs, dont 7,7 milliards de francs pour le NSIP, coûts raisonnables et acceptés par tous les Alliés. Par ailleurs, pour les Alliés anciens, ces hausses sont partiellement compensées par la diminution de leur quote-part du fait de larrivée de nouveaux membres. Ainsi la quote-part de la France au budget civil passe-t-elle de 16,5 % à 15,35 %. Le budget de lOTAN a été, en 1999, de 9,29 milliards de francs. Le budget civil aura représenté 990 millions de francs. Il est en hausse de 2,55 %, du fait de laugmentation des retraites qui y sont imputées. La cotisation française, au chapitre 42-31 du budget des Affaires étrangères, est de 142 millions de francs. Le budget militaire, qui recouvre les coûts de fonctionnement, aura lui représenté, 4,3 milliards de francs. La France, qui nappartient pas à lorganisation intégrée, ne participe pas à toutes les dépenses. De ce fait, alors que, lorsquelle contribue à une dépense de fonctionnement, sa quote-part est de 15,25 %, elle ne finance que 4,19 % de ce budget. La cotisation française, qui constitue larticle 65 du chapitre 36-01 du titre III du ministère de la Défense, sera de 240 millions de francs en 2000, comme en 1999. Le budget dinvestissement est du même ordre que le budget militaire : 4,17 milliards de francs en 1999. Cependant, la participation des Alliés aux différents équipements seffectue sur une base ad hoc. En pratique, ils participent aux frais des installations quils utilisent, selon des clés de partage de coûts fixées en fonction des parties prenantes à la réalisation de léquipement. Ainsi, la participation de la France va de 12,9044 % pour des équipements financés à 19 alliés à 13,3436 % pour des équipements réalisés à 15. La contribution de la France, imputée au chapitre 54-41, article 63, du budget de la défense, saccroît régulièrement. Fixée à 185 millions de francs en 1998, elle est passée à 211 millions de francs en 1999 et est fixée à 280 millions de francs pour 2000, soit une hausse dun tiers par rapport à lannée précédente. Au bout du compte, la participation de la France aux budgets de lOTAN, telle quétablie en loi de finances initiale, devrait dépasser 660 millions de francs en 2000 contre 592 en 1999, 527 en 1998 et 422 en 1997. Cest indiscutablement lindice dun rapport nouveau de la France à lOTAN, lié à la profondeur de lévolution de cette organisation. II. LUNION EUROPÉENNE, ACTEUR DIPLOMATIQUE ET MILITAIRE ? Depuis le traité de Maastricht, lUnion européenne dispose dune politique étrangère et de sécurité commune. Aux termes des dispositions de larticle J.4, celle-ci inclut « lensemble des questions relatives à la sécurité de lUnion européenne, y compris la définition à terme dune politique de défense commune qui pourrait conduire, le moment venu, à une défense commune ». En revanche, le traité ninstaure pas lui-même cette défense commune : au contraire, le même article écarte de ses dispositions la capacité de dissuasion nucléaire des Etats qui en disposent et précise que doivent être respectées « les obligations qui découlent pour certains Etats membres du Traité de lAtlantique Nord ». Ainsi définie, la PESC a longtemps été considérée comme assez largement incantatoire. LUnion européenne napparaissait pas comme un acteur diplomatique, et encore moins militaire, face aux grandes alliances comme lOTAN ou aux Etats eux-mêmes. Sur ce point, lentrée en vigueur du traité dAmsterdam constitue un progrès important. A. LINSTAURATION DE MÉCANISMES DE DÉCISION Le traité dAmsterdam napporte guère de modifications aux objectifs du traité de Maastricht. En particulier il norganise en aucun cas une défense commune. En revanche il règle plus précisément que ne le faisait le traité de Maastricht lorganisation de la décision dans le domaine de la PESC. Pour lexpression de la politique étrangère et de sécurité commune, le traité de Maastricht avait institué deux outils, les actions communes et les positions communes. Le traité dAmsterdam y ajoute les stratégies communes, précise les définitions de ces trois instruments, établit entre eux une hiérarchie et détermine des modalités précises pour leur adoption. Les stratégies communes sont la clé de voûte de la politique étrangère de lUnion. Elles sont « mises en uvre par lUnion dans des domaines où les Etats membres ont des intérêts communs importants. » Elles « précisent leurs objectifs, leur durée et les moyens que devront fournir lUnion et les Etats membres ». De même que les principes et les orientations générales de la PESC, les stratégies communes sont de la compétence du Conseil européen, formé des chefs dEtat et de Gouvernement des Quinze, assistés de leur ministre des Affaires étrangères, ainsi que du Président de la Commission. Le Conseil de lUnion européenne (la réunion des ministres) met en uvre les stratégies ainsi décidées par le Conseil européen « notamment en arrêtant des actions communes et des positions communes ». Ces deux instruments, on le voit, apparaissent donc comme des outils de mise en uvre des stratégies communes, celles-ci se référant elles-mêmes aux orientations de la PESC. Les procédures de vote ont elles aussi été rationalisées. En effet, si les stratégies communes sont décidées à lunanimité, pour leur application la majorité sera seule nécessaire. Ainsi laction pourra être plus facilement menée. La première stratégie commune, concernant la Russie, a été adoptée par le sommet européen de Cologne en juin 1999. En matière militaire, la véritable nouveauté apportée par le traité dAmsterdam concerne lattribution à lUnion dune capacité daction armée à lappui des décisions (stratégies, positions et actions communes), quelle peut être amenée à prendre en matière de politique étrangère commune et de sécurité internationale. Ces actions militaires « incluent les missions humanitaires et dévacuation, les missions de maintien de la paix et les missions de forces de combat pour la gestion des crises, y compris les missions de rétablissement de la paix ». LUnion se trouve donc désormais habilitée par ses membres à mener en son nom propre des actions allant jusquà lenvoi de forces de combat, donc de forces militaires armées. Cest le sens de la mention des missions non seulement de maintien de la paix mais aussi de rétablissement de la paix, qui sont conduites en application du chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Les missions mentionnées par le traité dAmsterdam sont bien connues des pays européens. En effet, il sagit des missions dont lUEO avait accepté de se charger, sur demande de l'Union européenne et en application du traité de Maastricht, par la déclaration de Petersberg du 19 juin 1992. Ce transfert est cependant essentiel. En effet, la déclaration de Petersberg nengageait que les seuls membres de lUEO, à lexception des observateurs et associés. Le traité dAmsterdam concerne, lui, lensemble des membres de lUnion européenne, autrement dit non seulement les dix membres de lUEO (membres à la fois de lUnion européenne, de lOTAN et de lUEO) mais aussi les cinq observateurs (non membres de lOTAN et Danemark). Il consacre donc le ralliement des Etats neutres membres de lUnion européenne ainsi que du Danemark à la conduite collective par lUnion des missions de Petersberg. Cette évolution de la position de ces pays est un élément essentiel, qui crée dans ce domaine et pour la première fois lunité des Etats membres de lUnion. Par ailleurs, si en matière de défense, la règle reste lunanimité, un élément essentiel de souplesse a été instauré. En effet, à labstention simple, seule prévue jusquici, est ajoutée labstention constructive. Ce dispositif permet à un Etat en désaccord avec la mesure proposée de ne pas y être associé et de ne pas lappliquer, sans pour autant que cette décision empêche la mise en uvre de la mesure, au nom de lUnion, par les pays qui ny sont pas défavorables. Le fait quil sapplique ainsi aux questions militaires est un changement fondamental pour la capacité daction de lEurope en ce domaine. En effet, lUEO ne connaissant pas labstention constructive, il est arrivé que des actions souhaitées par la quasi-totalité des membres naient pu être mises en place pour la seule raison quun des partenaires ne souhaitait pas y participer. Tel ne sera plus le cas. Un seuil minimum est cependant institué. Pour toute décision, un vote positif des deux tiers des voix pondérées est nécessaire. Ce seuil permet néanmoins de lancer une action par exemple sans la participation de deux des plus grands pays européens. B. DES INSTRUMENTS ADMINISTRATIFS POUR CONDUIRE LA PESC Le traité dAmsterdam ne se limite pas à doter la PESC de nouveaux instruments juridiques. Il instaure aussi de nouveaux leviers institutionnels et opérationnels. Lapport le plus marquant du traité est sans doute la création dun poste permanent de Haut Représentant pour la PESC. Aux termes de larticle 18 du traité sur lUnion européenne, cest le Secrétaire général du Conseil qui en exercera les fonctions. Si les décisions en matière de PESC restent ainsi de la compétence du seul Conseil, elles seront désormais préparées et mises en uvre sous lautorité du Secrétaire général, qui, au-delà de la rotation rapide des présidences, sera une voix et un visage pour laction internationale de lEurope, un animateur des travaux de la PESC, et un garant de la continuité de son action. Le Secrétaire général, qui participe aux réunions du Conseil, et qui est en relation avec la Commission et le Parlement européens, agira sous le contrôle de la Présidence et au nom du Conseil et sera, si le Conseil le souhaite, linterlocuteur politique privilégié des tiers pour les questions relatives à la PESC. Par ailleurs, du fait de lattribution de ces nouvelles fonctions au Secrétaire général, la gestion administrative du Conseil sera désormais confiée à un Secrétaire général adjoint. Il était admis par tous les membres de lUnion que du choix du futur secrétaire général dépendrait grandement laffirmation effective de la PESC. Laccord sétait fait pour nommer une personnalité politique importante, à lexemple du Président de la Commission européenne. La nomination à ce poste du secrétaire général de lOTAN, si elle a pu surprendre, comporte nombre déléments positifs. Alors que le rôle effectif qui reviendra au Secrétaire général nest pas autrement précisé que par les termes « il assiste la présidence », alors que lorganisation, les procédures et les instances de consultation, de planification et de préparation de la décision politique sont entièrement à créer, il faut souligner quest ainsi nommée la seule personnalité européenne qui ait lexpérience des fonctions de secrétaire général dune grande alliance politico-militaire, et même dune telle alliance en action. Cette nomination est donc porteuse despoir quant à la mise en place des mécanismes et des structures par lesquels pourra saffirmer la PESC. Un autre apport du traité dAmsterdam est la création, par une déclaration annexée à lActe final, dune unité de planification et dalerte rapide (UPPAR). Cette structure dexpertise sera placée sous lautorité du Secrétaire général. Elle peut apparaître ainsi à la fois comme une sorte dunité danalyse et de prévision et en même temps comme le cabinet du Secrétaire général. Elle élaborera des analyses, recommandations et projets de stratégies à lattention de la présidence ou à sa demande, développant ainsi la capacité de décision de lUnion dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité. LUPPAR, qui devrait être installée au cours de lautomne, sera composée dune vingtaine de hauts fonctionnaires dorigine nationale ou européenne. C. LACCESSION À DES MOYENS DE COMMANDEMENT ET DACTION : LA FIN ANNONCÉE DE LUEO Les nouveaux mécanismes et les nouvelles institutions créés en matière de PESC par le traité dAmsterdam sont amenés à avoir des répercussions considérables sur lUEO. Il avait déjà été signalé ici-même le caractère paradoxal du renforcement des moyens et des capacités techniques de lUEO, tandis que, faute dun mécanisme dabstention constructive, cette organisation narrivait pas à organiser sa décision. Or, le traité dAmsterdam instaure lexécution des décisions militaires de lUnion européenne par lUEO. LUEO a accepté cette disposition. Dès lors, on voit mal comment un Etat qui accepterait de sen tenir à une abstention constructive lors de la décision dune action par lUnion européenne, plutôt que dopposer son veto, déciderait de réserver ce veto à la mise en uvre de la décision de lUnion européenne par lUEO. De ce fait, le blocage de lUEO a été contourné. LUEO nest désormais plus un lieu de décision, mais seulement de mise en application des décision relatives aux missions de Petersberg prises par lUnion européenne. Dès lors se pose la question de larticulation des moyens de lUEO avec ceux de lUnion européenne. Ils ont été considérablement renforcés depuis le début des années 1990. LUEO sest ainsi progressivement dotée dun centre danalyse, dun centre de renseignement satellitaire, dun comité des chefs détat-major, présidé par le Chef dEtat-major des Armées du pays présidant lUEO ; les pays européens ont identifié en leur sein des « FRUEO », forces relevant de lUEO et prêtes à être utilisées pour des missions décidées par celle-ci. De même, larticulation entre lUEO et lOTAN a été réorganisée. Au sein de lOTAN, une chaîne de commandement européenne est en cours didentification, sous lautorité du SACEUR-adjoint européen, pour des missions décidées par la seule UEO. En même temps, les nouvelles procédures de collaboration entre lUnion européenne et lUEO sont entrées en application : lUnion européenne a eu recours au Centre satellitaire de lUEO pour surveiller la situation au Kosovo. Il est donc tentant, pour développer les moyens de la PESC, dannexer purement et simplement ceux, déjà prêts, de lUEO. La déclaration franco-britannique de Saint-Malo, lan dernier, allait largement dans ce sens. Le Conseil européen de Cologne a constitué un pas supplémentaire décisif. La déclaration finale a exposé que lobjectif était de renforcer la politique étrangère et de sécurité commune en mettant en mesure lUnion européenne de réagir face aux crises. « A cette fin, continue le texte, lUnion doit disposer dune capacité daction autonome soutenue par des forces militaires crédibles, avoir les moyens de décider dy recourir et être prête à le faire, sans préjudice des actions entreprises par lOTAN ». Dans cette perspective, il conviendra de « définir les modalités de linclusion de celles des fonctions de lUEO qui seront nécessaires à lUnion européenne pour assumer ses nouvelles responsabilités dans le domaine des missions de Petersberg », en vue de ladoption des décisions nécessaires « dici lan 2000. » Laffaire est claire. Élément supplémentaire, les Etats membres se seraient mis daccord pour que la fonction de secrétaire général de lUEO, qui sera vacante à la fin de lannée, soit attribuée au Secrétaire général du Conseil, Haut Représentant pour la PESC, M. Javier Solana, qui cumulerait ainsi les deux fonctions. Lintégration de lUEO dans lUnion européenne serait ainsi rapidement effectuée, en application de larticle 17 du traité sur lUnion européenne, qui prévoit « lintégration éventuelle de lUEO dans lUnion, si le Conseil européen en décide ainsi .» LUEO aura alors cessé dexister, au profit dune capacité daction organisée de lUnion européenne. D. UN BUDGET POUR LA PESC Le développement des instruments de la PESC amène désormais à se pencher sur les modalités de financement et les coûts de ce qui est finalement la politique étrangère et de sécurité menée par la France dans le cadre de lUnion européenne. Aux termes de larticle 28 du traité sur lUnion européenne, les dépenses, tant administratives quopérationnelles, générées par la PESC sont, sauf décision prise à lunanimité du Conseil, à la charge du budget des Communautés européennes, à lexception notable des dépenses opérationnelles ayant des implications militaires ou dans le domaine de la défense. On voit bien que de ce fait, les engagements de forces, dinterposition ou de rétablissement de la paix seront à la charge des Etats. Cette disposition est du reste cohérente avec la procédure de labstention constructive, les Etats qui accepteraient de sabstenir nétant ainsi pas tenus de participer au financement de lopération à laquelle ils ne veulent pas participer. En revanche, les missions dobservation seront à la charge du budget de la PESC. Ainsi, lECMM, la mission européenne de surveillance et de médiation en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, actuellement financée par les Etats, devrait être financée à partir de 2000 sur le budget de la PESC. Le budget de la PESC constitue la sous-section B-8 du budget général de lUnion européenne. En conséquence du développement de la politique étrangère et de sécurité commune, il devrait augmenter fortement. Alors que les crédits dengagement étaient de 30 millions deuros en 1999, la première lecture du budget par le Conseil a abouti à un projet de 47 millions deuros (308 millions de francs), soit une hausse de 56 %. Les crédits de paiement, eux, passeraient de 22,95 à 30 millions deuros (197 millions de francs), soit une hausse de 30 %. Il faut noter que le budget de la PESC entamerait ainsi une croissance qui lamènerait à rejoindre puis à dépasser le budget actuel de lUEO, qui est stable aux environs de 220 millions de francs. III. LE TRAVAIL DISCRET DE LOSCE LOSCE est la plus large institution dEurope puisquelle regroupe 55 pays, soit tous les pays du continent, et même au-delà puisque les pays issus de lex-URSS en font tous partie, ainsi que les Etats-Unis et le Canada. La République fédérale de Yougoslavie en est suspendue depuis le 7 juillet 1992. De par son passé lOSCE est dabord lirremplaçable enceinte de consultation et de développement de la confiance entre ses membres, quelle réunit sur un pied dégalité. Ainsi, elle dispose seule de la légitimité nécessaire pour tenter de résoudre le plus prudemment possible les difficultés les plus graves de ses zones de crise. LOSCE dispose même du statut dorganisation régionale de sécurité, au sens du chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. Aujourdhui, lOSCE réunit trois fonctions au service de la paix du continent. Dabord, elle est le cadre de la maîtrise des armements en Europe. Ensuite, elle tente dêtre une instance daffirmation de valeurs communes. Enfin, dans le contexte de promotion de ces valeurs, elle est un instrument de diplomatie préventive et daide au règlement des crises. A. LOSCE ET LA MAÎTRISE DES ARMEMENTS EN EUROPE Dans le domaine de la maîtrise des armements, lannée 1999 devrait être marquée pour lOCDE par deux grandes négociations. Cest dans le cadre de ce qui était alors la CSCE qua été conclu le traité sur les Forces Conventionnelles en Europe (FCE), entré en vigueur en juin 1992. Il lie trente Etats parties, soit les Etats membres de lAlliance atlantique, les anciens membres du Pacte de Varsovie, et les Etats issus de lex-URSS. Compte tenu de lévolution de la sécurité en Europe, les Etats parties au traité ont décidé, en décembre 1996, douvrir une négociation dadaptation. Tirant les conséquences de lélargissement de lOTAN, le futur traité devrait reposer sur les Etats parties et non plus sur les alliances politico-militaires. Chaque Etat partie devrait être doté de deux plafonds darmement : un plafond national répertoriant les armements quil peut détenir dans la zone dapplication du traité, et un plafond territorial répertoriant les armements qui peuvent être stationnés sur son territoire, quils lui appartiennent ou pas. Les clauses particulières à la zone dite des flancs (Balkans, Turquie, Caucase, Nord de la Russie, Norvège et Islande) seront également révisées. En pratique, les Etats des « flancs » ne pourront recevoir de déploiements temporaires exceptionnels et ne pourront procéder à des échanges de plafond territorial quentre eux, la Russie et lUkraine conservant par ailleurs des sous-limites propres à leur territoire. Après un cheminement difficile, lobjectif est de conclure pour le sommet de lOSCE qui se tiendra à Istanbul les 18 et 19 novembre 1999. Le traité FCE devrait ainsi pouvoir continuer à jouer son rôle dans le contrôle international des tensions nées de léclatement de lex-URSS, même si des points comme le stationnement des forces russe en Géorgie ou en Moldavie nont pas été fondamentalement réglés. LOSCE va également servir de cadre à un nouveau projet majeur, le Pacte de stabilité pour lEurope du sud-est. En 1996, plusieurs accords sur des mesures de confiance et la réduction des forces conventionnelles entre les anciens belligérants du conflit en Bosnie-Herzégovine avaient été conclu dans le cadre de lOSCE. En décembre 1997, ces mesures de confiance avaient été étendues à lensemble du sud-est de lEurope. Cette négociation prend maintenant une dimension générale : le Pacte de stabilité pour lEurope du sud-est. Ce projet, qui a été adopté à Cologne le 10 juin 1999 par 27 pays et organisations internationales, et donné lieu à la réunion extraordinaire dun sommet, le 30 juillet 1999 à Sarajevo, couvre lensemble des facteurs de crise régionaux (dimension politique, sécuritaire, économique). Quoi quil soit lancé par lUnion européenne dans le cadre de la PESC, il prend bel et bien la forme dun processus placé sous légide de lOSCE. Il sappuiera sur une mise en cohérence des différentes initiatives multilatérales existant dans la région. Les pays de la région, notamment les successeurs de lex-Yougoslavie, concourront à la réalisation des objectifs du Pacte en concluant entre eux des accords bilatéraux et multilatéraux de coopération. Il est attendu de ces accords une diminution des tensions régionales et des progrès en termes économiques et de libertés publiques : le niveau de rapprochement des pays du Pacte avec lUnion européenne dépendra du niveau de conclusion et de la réalisation de ces accords bilatéraux. Le Pacte nest cependant pas une étape préparatoire à ladhésion ; il reste une initiative de sécurité en Europe sans modification de la géographie politiques, et rentre donc bien dans le cadre de lOSCE. B. LA CHARTE DE SÉCURITÉ EUROPÉENNE Le prochain sommet de lOSCE devrait également voir adoptée une Charte de sécurité européenne. Lune des caractéristiques des crises qui ont affecté lespace de lOSCE au cours de la dernière décennie est quelles sont désormais de nature interne et, la plupart du temps, à caractère identitaire. Ces crises nen concernent cependant pas moins lensemble des Etats participants. Le but recherché est donc daméliorer lefficacité des mécanismes mis en place pour aider les Etats à respecter les engagements quils ont souscrits, notamment dans le domaine des droits de la personne humaine. De ce fait, la Charte devra encourager la coopération entre les Etats ainsi quentre lOSCE et les autres organisations concernées, sur une base non hiérarchique, et compléter et développer les processus dintégration dans lespace de lOSCE. Elle devrait être un document politiquement, sinon juridiquement, contraignant et sinscrire dans le prolongement de lActe final dHelsinki et de la Charte de Paris. Selon lOSCE, lobjectif est de « bâtir une nouvelle Europe démocratique, pacifique et unie, libre de toutes divisions, fondée sur une approche coopérative de la sécurité, légalité souveraine et la solidarité entre les Etats, dans le plein respect des principes de lOSCE et des intérêts des Etats membres, indépendamment de leur appartenance à des arrangements ou des structures de sécurité ». C. LOSCE, INSTRUMENT DE DIPLOMATIE PRÉVENTIVE LOSCE est enfin un instrument de diplomatie préventive. Elle lest dabord par un dialogue mené à Vienne. LOSCE est en effet en situation de se saisir de toute question susceptible de conduire ou conduisant à une violation de ses normes et principes. LEtat incriminé est alors amené à répondre de cette situation ; il peut recevoir, le cas échéant, lappui de lOSCE pour y remédier. Lun des instruments essentiels de lOSCE pour mener cette action dapaisement et de développement des valeurs sur lesquelles elle est fondée est cependant ses missions à létranger. Ces missions sont actuellement déployées dans le sud-est de lEurope, au Kosovo, en Macédoine, en Croatie, où la définition de sa mission en Slavonie orientale a été élargie, en Bosnie-Herzégovine, où elle a assuré lintégralité de lorganisation des élections de septembre 1998, en Albanie, ainsi que dans les pays de lex-URSS, Lettonie, Estonie, Moldavie, où elle est garante du mémorandum daccord du 8 mai 1998 entre les parties, Ukraine, Biélorussie, Géorgie, Tadjikistan et Russie (Tchétchénie). Si ces missions ne bénéficient pas toutes des feux de lactualité, et ont parfois la tâche difficile, leur rôle savère souvent utile dans le règlement de questions liées au séparatisme et à la recherche dun règlement politique, au traitement des minorités, aux mesures de confiance dans le domaine militaire, à la démocratisation, à lassistance en matière électorale, au domaine humanitaire et au respect des droits de lhomme. La preuve en est que le rôle de lOSCE en matière de diplomatie préventive sest accru ces dernières années. LOrganisation sest ainsi trouvé impliquée dans plusieurs dossiers dactualité tels que la Bosnie-Herzégovine, lAlbanie ou encore le Kosovo, avec la mission de vérification (MVK) qui a été la dernière tentative de règlement pacifique avant les frappes de lOTAN. Signe aussi de laccroissement de ce rôle, si les effectifs de ces missions sont en général limités, entre 5 et 15 personnes, un changement déchelle est progressivement apparu. Ainsi la mission en Bosnie-Herzégovine est composée de 230 personnes, celle de Croatie de 280 personnes, et les effectifs prévus pour celle qui est en train de se mettre en place au Kosovo dans le cadre de la MINUK sont denviron 700 personnes. D. LE BUDGET DE LOSCE Eu égard au développement des missions de lOSCE, le budget total de lOrganisation a littéralement explosé, passant de 160 millions de francs en 1995 à 1 340 millions de francs estimés en 1999, soit une multiplication par plus de huit en cinq ans. Il a maintenant atteint un niveau comparable à celui du budget civil de lOTAN (aux environs du milliard de francs) ou encore de celui de lOCDE (1,2 milliard de francs). Le budget de fonctionnement de lOrganisation, à Vienne, représente moins dun cinquième de ce total (254,1 millions de francs pour 2000), même sil est en hausse de 12 % par rapport à 1999. Cest donc des actions de terrain que provient cette hausse, et plus précisément des missions dites « missions denvergure », celles qui représentent un montant de plus de 15 millions de dollars, soit 90 millions de francs. Celles-ci sont au nombre de trois, toutes en ex-Yougoslavie ; il sagit des missions de lOSCE en Bosnie-Herzégovine, en Croatie, et maintenant au Kosovo. Le budget de la mission en Bosnie-Herzégovine est de 310,79 millions de francs en 1999 ; 314,23 millions de francs sont prévus pour 2000. Celui de la mission en Croatie est de 146,21 millions de francs en 1999 ; 126 millions de francs sont prévus pour 2000. Enfin, le budget estimé de la seule mission au Kosovo pour 1999 est de 653,66 millions de francs, aucune estimation nétant disponible pour 2000. Ces trois missions représentent ainsi 1 110,66 millions de francs en 1999, soit les cinq sixièmes du budget total. La quote-part de la France est de 9 % pour le budget ordinaire de lOrganisation et de 10,34 % pour les opérations denvergure. En 1999, elle aura contribué à hauteur de 125,38 millions de francs, dont 74,09 millions de francs pour la mission au Kosovo. Pour 2000, 68,39 millions de francs sont inscrits au chapitre 42-31 du budget des Affaires étrangères, Kosovo non compris. DEUXIÈME PARTIE LA RÉFORME DE LA COOPÉRATION Il ny a pas de grande puissance sans politique de coopération militaire. Celle-ci est même, par la répartition de ses orientations, un indicateur précieux de la situation internationale du pays qui la mène. Il y a deux ans, le présent rapport regrettait la part excessive, voire quasi-exclusive prise par la coopération militaire avec les pays dAfrique sub-saharienne, la conception désuète de celle-ci, et le délabrement qui frappait la politique de coopération militaire générale, isolée et réduite à des budgets de misère. Lensemble apparaissait non seulement indigne du statut international de notre pays et du rôle quil souhaite continuer à jouer en Europe et dans le monde, mais même proprement extravagant compte tenu de la vigueur de ses engagements dans la diplomatie internationale et de limportance des moyens et des forces quil met à la disposition de la communauté internationale pour lexécution des décisions communes. Lan dernier, votre rapporteur se félicitait davoir été entendu. Une réorganisation administrative dynamique était annoncée. La chute des budgets était arrêtée. Une réorientation positive des moyens et des objectifs était entamée. Cette année, le présent rapport peut être plus positif encore : lensemble des évolutions notées lan dernier se trouve confirmé par le présent projet de loi de finances. La France sengage enfin dans une coopération militaire digne de son rang et en cohérence avec ses orientations politiques internationales. La coopération militaire devient, par son organisation, ses orientations voire ses budgets, un instrument cohérent de la politique étrangère définie par le Gouvernement. I. LA RÉORGANISATION DES STRUCTURES A. LE NOUVEAU DISPOSITIF Comme on pouvait lenvisager lan dernier, une nouvelle direction de la coopération militaire et de défense regroupe désormais les missions conduites par les anciennes mission militaire de coopération et sous-direction de laide militaire. Preuve de son importance, elle est rattachée directement à la direction générale des affaires politiques et de sécurité, le directeur général étant aussi le secrétaire général adjoint du ministère des Affaires étrangères. Ses attributions, définies à larticle 16 de larrêté interministériel du 10 décembre 1998 relatif à lorganisation de ladministration centrale du ministère des Affaires étrangères, sont les suivantes : « La direction de la coopération militaire et de défense est chargée de lassistance et de la coopération avec les Etats étrangers dans le domaine militaire. Elle assure la gestion administrative et financière des actions de coopération technique et militaire résultant de lapplication daccords conclu avec des Etats étrangers, ainsi que ladministration des personnels militaires qui y sont affectés, la mise en place de laide logistique et la gestion des stagiaires militaires étrangers. En liaison avec le ministère de la Défense, elle statue sur les demandes dautorisation de survol du territoire national et descale des aéronefs et descale des navires. Elle instruit les demandes de survol des territoires étrangers par les aéronefs dEtat français et les demandes descales pour les bâtiments de la Marine nationale à létranger ». On le voit, le cur de ses attributions suppose un lien fort avec le ministère de la Défense. De fait, autant la mise en cohérence de lexpression de notre diplomatie et des actions de coopération militaire implique le rattachement de la coopération militaire au ministère des Affaires étrangères, autant lexpertise de la coopération militaire relève du ministère de la Défense, qui maîtrise les concepts opérationnels et fournit les hommes. De fait, les liens avec le ministère de la Défense sont désormais institutionnalisés. La DCMD est désormais systématiquement associée aux rencontres détat-major et aux commissions mixtes (avec les pays partenaires) organisées par létat-major des armées tandis que le ministère de la Défense est toujours associé aux commissions mixtes organisées par le ministère des Affaires étrangères pour les pays de lex-champ, participe à lélaboration des objectifs par pays et à celle des moyens à mettre en uvre, et procède à lévaluation des résultats. Gage defficacité dans ses liaisons avec le ministère de la Défense, son directeur est un officier général. Cest la première fois quun officier général en activité occupe un poste aussi élevé et stratégique dans lorganigramme du ministère des Affaires étrangères. Comme on pouvait le présager lan dernier, la nouvelle direction comporte deux sous-directions, la sous-direction de la coopération militaire (ce terme se référant plus spécifiquement à lancien secteur du « champ »), et la sous-direction de la coopération de défense. Aux termes de larrêté du 10 décembre 1998 elles « préparent et mettent en uvre , chacune dans leur domaine de compétence, les actions de coopération technique et militaire résultant de lapplication daccords conclu avec des Etats étrangers ». Une approche différenciée en fonction de la situation et des besoins de nos partenaires a ainsi été maintenue, ce dont il faut se réjouir. La sous-direction de la coopération de défense est linstrument premier de la redéfinition de la politique de coopération militaire et de défense. Ses tâches sont essentielles et de grande ampleur : · suivi des accords de défense ; · élaboration et conduite des projets spécifiques à caractère transversal, tels que les projets de coopération aéronautique et spatiale, de coopération en matière de déminage ; · définition des modes daction dans les régions prioritaires, comme les pays dEurope centrale, orientale et balkanique (ECOB), ou les domaines les plus importants ; en Afrique, la promotion de la sécurité régionale, le suivi des relations avec les organisations régionales, laction politique pour le maintien de la paix, la vérification de la cohérence de nos actions avec celles des autres pays donateurs relèvent de ses attributions ; · coordination avec les autres organismes français auprès des pays dEurope, dAsie et des Amériques. Enfin, elle est chargée de lapplication de la politique en matière de survols et descales navales ainsi que du suivi des visites et échanges. Elle assure aussi le suivi et la coordination des activités de coopération militaire et de défense dans les pays où il ny a pas de mission de coopération militaire et de défense. La sous-direction de la coopération militaire conserve les tâches traditionnelles de la mission militaire de coopération. Elle a en effet pour objectifs prioritaires la formation des élites militaires et le développement du concept de maintien de la paix, la contribution au renforcement des institutions démocratiques et de lEtat de droit, grâce à lassistance en matière de formation et déquipement des forces de sécurité intérieure (la Gendarmerie, par exemple) et lassistance et le conseil pour la restructuration des forces armées. Elle recourt pour cela aux moyens traditionnellement mis en uvre par la mission militaire de coopération du ministère de la coopération : mise à disposition de coopérants militaires français, accueil en France de stagiaires militaires étrangers (formation des cadres) et de plus en plus formation de stagiaires sur place dans des écoles nationales à vocation régionale, et enfin fourniture de prestations et de matériels, au profit des écoles de formation notamment. Le maintien dune telle structure permet ainsi de poursuivre sans à-coup la réalisation des missions traditionnelles de la MMC auprès des pays de lancien ressort de celle-ci. Cest un gage defficacité pour les pays ainsi aidés, dont il faut se réjouir. En revanche, les moyens nécessaires à la mise en uvre des actions des deux sous-directions, élément essentiel de rapprochement et de la fusion des deux coopérations et de leur dynamisation lune par lautre, ont bel et bien été regroupés. Dabord, les deux sous-directions peuvent recourir à un bureau commun, le bureau « études et coordination », regroupant les officiers conseillers géographiques. Chaque conseiller est à la fois chargé dune zone particulière du globe et du traitement dun aspect transversal spécifique de la coopération militaire et de défense (Gendarmerie, armée de lAir, armée de Terre, Marine, maintien de la paix, Partenariat pour la paix, coopération cartographique, action de lEtat en mer). Lien supplémentaire entre laction des ministres des Affaires étrangères et de la Défense, un officier chargé du maintien de la paix est attaché à ce bureau, il est adjoint à lambassadeur en mission pour le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix (concept RECAMP). La direction dispose enfin dun pôle de moyens composé de quatre bureaux : le bureau juridique et financier, qui est chargé de la gestion administrative et financière des actions menées dans les domaines de la coopération militaire et de la coopération de défense, le bureau personnels, qui a pour fonction la gestion et laffectation des personnels militaires (article 10 du chapitre 42-29), le bureau logistique, qui est chargé de la gestion du budget daide directe (article 40 du chapitre 42-29) et le bureau formation-stages, qui a pour mission la mise en uvre du volet « formation et aide aux stagiaires militaires étrangers » (article 20 du chapitre 42-29). B. LES AMÉNAGEMENTS BUDGÉTAIRES A lintégration des structures de la coopération militaire et de défense dans lorganisation générale du ministère des Affaires étrangères correspond aussi une intégration plus poussée des crédits qui y sont consacrés. La loi de finances pour 1999 avait organisé la fusion des deux budgets de la coopération de défense et de la mission militaire de coopération en un seul chapitre budgétaire, le chapitre 42-29, qui regroupait alors les crédits du service de laide militaire, mais selon la ventilation en usage à la mission militaire de coopération. En même temps 900 000 francs de crédits de déplacement des personnels de ladministration centrale de la coopération étaient transférés du budget de la coopération au chapitre adéquat du ministère des Affaires étrangères, en loccurrence le chapitre 34-90, tandis que 8 millions de francs étaient transférés au titre VI (chapitre 68-80) pour permettre le subventionnement dopérations dinvestissement et non pas seulement de fonctionnement. Le résultat en était un maintien réel des crédits consacrés à la coopération militaire et de défense, pour la première fois depuis plus de 10 ans, mais sous lapparence paradoxale dune diminution de ceux du chapitre principal consacré à cette action. Le rapport présenté lan dernier avait soigneusement détaillé ce point. Ce phénomène est de nouveau à luvre cette année. En effet, pour la deuxième année consécutive, les crédits en francs courants sont maintenus, au franc près. En revanche, ce maintien saccompagne de redistributions des fonds au sein des chapitres budgétaires du ministère. Cest là la traduction budgétaire de la réforme des structures de la coopération militaire et de défense : maintien de la capacité daction financière de la coopération militaire et de défense, rattachement plus serré à laction du ministère des Affaires étrangères. La nouvelle ventilation concerne cette année trois types de crédits. Dabord, les crédits consacrés à la rémunération des personnels de ladministration centrale, soit 39 emplois, étaient traditionnellement imputés sur larticle 10 du chapitre du budget de la coopération militaire, consacré à laide en personnel. A partir du 1er janvier 2000, ils sont transférés au titre III du budget du ministère des Affaires étrangères. Cette décision fait ainsi passer un montant de 9 411 880 francs du chapitre 42-29 au chapitre 31-90. Ensuite, larticle 30 du chapitre 42-29, qui, sous le titre « appui aux missions de coopération » regroupait les crédits de personnels recrutés locaux, de fonctionnement sur place et de représentation des missions de coopération militaires et de défense, est purement et simplement supprimé. Les crédits consacrés aux rémunérations des personnels recrutés locaux sont transférés au chapitre 31-98 et les frais de fonctionnement au chapitre 34-98, pour un montant de 16 366 000 francs, lensemble étant bien sûr mis à la disposition des ambassadeurs pour le bon fonctionnement des services qui leur sont rattachés. Le tableau ci-après récapitule ces mouvement, tout en faisant apparaître également le maintien effectif des crédits consacrés à la coopération militaire et de défense. COOPÉRATION MILITAIRE ET DE DÉFENSE ÉVOLUTION DES DOTATIONS (en francs)
II. LA RÉORIENTATION DES MISSIONS A. LA REDÉFINITION DES OBJECTIFS La réorganisation administrative de la coopération militaire et de défense naurait aucun sens sans la reformulation des missions. En réalité, ces deux éléments sont les deux volets indissociables dune même réforme, la globalisation de la coopération permettant seule sa reformulation et celle-ci imposant la mise en place dun instrument unique et centralisé. En fait, les missions de la coopération militaire et de défense sont déclinées par zones géographiques. Sept zones ont ainsi été définies. Dans les pays de lAfrique sub-saharienne tout dabord, laction de la coopération française souhaite englober outre les anciens pays du « pré carré », les pays de lAfrique anglophone, hispanophone et lusophone. Dans cette zone, la coopération militaire française se fixe dabord pour ligne de conduite de contribuer à créer les conditions favorables au développement. En particulier il sagit dinsérer les armées et les Gendarmeries dans la construction et le développement de lEtat de droit, ainsi que de rendre les armées aptes à la maîtrise de lespace des Etats et à la défense des personnes et des biens. Dans ce cadre, la coopération française redéfinie a pour objet de former les militaires des pays amis et alliés de la France, et, le cas échéant de leur faire profiter de lexpérience de larmée française dans la gestion détats-majors ou des services centraux dun ministère de la Défense, mais plus de se substituer à eux dans la conduite de leurs affaires. Quant aux accords de coopération militaire et de défense qui sont signés avec nos partenaires, on voit bien quils ont dabord pour objectif de faciliter linsertion des outils de défense dans les cadres démocratiques dun Etat de droit, même sils ne sauraient négliger la prise en compte des intérêts français. Dans cette optique, la coopération militaire et de défense française accorde une grande importance au renforcement des capacités africaines de maintien de la paix. En Afrique du Nord, tout particulièrement au Maroc et en Tunisie mais aussi en Égypte, leffort doit porter notamment sur la prévention des crises et la stabilité dans la perspective dune sécurité intérieure française et européenne accrue. Dans cet esprit, seront recherchés des partenariats de défense et des relais, non seulement pour nos actions euro-méditerranéennes mais aussi pour nos actions en Afrique noire. En Europe centrale, orientale et balkanique et dans lex-URSS, il sagit de développer le rôle de la France dans la mise en uvre de lIdentité européenne de sécurité et de défense, de travailler à orienter nos partenaires vers la perspective dune telle défense européenne, daccompagner leur démarche vers lOTAN et linteropérabilité par la voie de nos normes dorganisation nationales et de notre savoir-faire technologique et militaire. La coopération militaire et de défense française se fixe aussi pour but la défense de la francophonie en milieu militaire. Avec les pays, notamment de lex-URSS, nayant pas vocation à intégrer les enceintes de larchitecture de défense européenne, il sagit de créer des liens stables de coopération concourant à prévenir des facteurs dinstabilité ou de crise, ces actions passant notamment par des partenariats bilatéraux ou multilatéraux (dont le Partenariat pour la paix). La coopération doit aussi concerner la promotion de marchés de défense. Au Proche-Orient, la coopération française a pour objet lappui au processus de paix, de la stabilité, la coopération euro-méditerranéenne et la préservation de linfluence française. Elle a aussi pour objet la défense et la promotion de nos marchés darmement. Au Moyen-Orient, la ligne daction est semblable : défense de nos intérêts stratégiques, de la stabilité et de la sécurité de nos approvisionnements énergétiques, ainsi que de nos marchés de défense. LAsie orientale et lOcéanie sont des partenaires plus lointains. Les objectifs sont la connaissance des grands acteurs de défense et la constitution de viviers de partenaires. En font partie linstauration de dialogues de nature stratégique et de coopérations concrètes avec le Japon, la Corée du Sud, la Chine et lInde. Seront aussi recherchés linsertion de la France et de lEurope dans le jeu stratégique régional, la promotion de nos marchés de défense et de notre image industrielle, et aussi la promotion de nos intérêts - ceux de nos territoires doutre-mer -, dans le Pacifique sud. En Amérique latine enfin, lobjectif est la réinsertion des armées dans les relations de démocratie à démocratie, le développement de coopérations militaires de proximité à partir de nos D.O.M., la protection de la base de Kourou, le maintien des affinités culturelles et de la formation dans le domaine militaire, et, bien sûr, la promotion de nos marchés de défense. Enfin, dans le domaine plus spécifique de la Gendarmerie, la coopération en matière de lutte contre la drogue et le crime organisé sera développé. B. LES REDÉPLOIEMENTS BUDGÉTAIRES 1. La poursuite des rééquilibrages géographiques Le travail de réorganisation et de redéfinition de la coopération militaire et de défense na de sens que si une action nouvelle est effectivement menée. On voit progressivement celle-ci prendre corps. Dabord, pour la deuxième année consécutive, la règle fixée en Conseil de défense en 1998 aux termes de laquelle 3 % au moins des crédits de la coopération militaire et de défense doivent être chaque année redéployés au profit de la coopération dans lex-zone « hors champ » est effectivement appliquée. Le budget de la coopération militaire et de défense étant de 754 millions de francs, cest donc 22 millions de francs qui sont transférés de lex-mission militaire de coopération vers ce quon pourrait presque appeler la nouvelle coopération. Les crédits consacrés aux pays qui relevaient autrefois du service de laide militaire du ministère des Affaires étrangères passent ainsi de 86,1 millions de francs en 1998 à 132,3 millions de francs en 2000, augmentant de plus de moitié et retrouvant presque leur niveau de 1990 (138 millions de francs). Compte tenu de la réforme de la présentation budgétaire, ils sont en hausse de plus de 20 % après une progression de 32 % entre 1998 et 1999. Ils représentent désormais 21 % des crédits réservés aux pays de « lex-champ » contre 17 % en 1999 et 12 % en 1998. Inversement, bien sûr les moyens daction dans les ex-« pays du champ » sont, avec 622,5 millions de francs, diminués de ces 22 millions de francs. Le tableau ci-après retrace ces évolutions. COOPÉRATION MILITAIRE ET DE DÉFENSE
2. Une nouvelle répartition des moyens dintervention Comme on peut également le constater à la lecture du tableau précédent, le redéploiement des moyens ne se décline pas seulement de façon géographique. Il comporte aussi une répartition nouvelle entre les divers instruments daction de la coopération militaire. Eu égard à la nouvelle définition de la politique de coopération envers lAfrique sub-saharienne, on note dabord une réduction importante des crédits de larticle 10, consacrés à la rémunération des assistants militaires techniques. La diminution est de 15,87 millions de francs. Ce chiffre est difficile à traduire en pourcentage, eu égard au transfert de 9 411 880 francs au chapitre 31-90 évoqué précédemment. La répartition de la diminution est en revanche hautement significative. Par rapport à 1999, les crédits attribués à lex-zone « du champ » sont en baisse de 28 millions de francs, à 345,2 millions de francs. Ceux consacrés à lex-zone « hors champ » sont en hausse de 12,2 millions de francs. Ils passent de 15,7 % à 20,5 % des crédits daide en personnel attribués aux ex-« pays du champ ». Dans la nouvelle définition de la politique de coopération militaire et de défense, la formation tient un rôle central. Le caractère prioritaire de ce mode daction se retrouve dans les répartitions budgétaires. De fait, on constate dabord une légère augmentation, de 3,82 %, des crédits qui y sont consacrés, cest-à-dire ceux de larticle 20. Ceux-ci passent en effet de 157 millions de francs à 163 millions de francs. Surtout, là aussi, la modulation de cette hausse est beaucoup plus significative encore : si les crédits destinés aux pays relevant de lex-mission militaire de coopération sont maintenus, avec 105 millions de francs, ceux destinés aux anciens pays « hors champ » passent de 51,6 à 57,6 millions de francs, soit une augmentation de 11,62 %. Pour la première fois les crédits de formation destinés à ces pays dépassent la moitié de ceux destinés aux anciens pays du champ. Enfin, on peut constater une légère hausse des crédits de larticle 40, destinés à laide en matériel. Une fois de plus, cette évolution recouvre deux types de décisions. Les crédits destinés aux ex-« pays du champ » sont maintenus en francs courants, à 172 millions de francs. On ne peut que constater en effet la réalité des besoins de ces pays. En application dune démarche déjà engagée cependant, laide directe est désormais systématiquement attribuée dans le cadre de projets établis dans un souci de partenariat et faisant lobjet de conventions écrites fixant les obligations des deux parties. Mais le fait majeur est que laide directe à lattention des ex-« pays hors champ » quintuple, passant de 700 000 francs en 1999, montant à vrai dire symbolique, à 3,8 millions de francs. La même démarche peut être observée pour les subventions dinvestissement du chapitre 68-80. Ces crédits sont maintenus à 8 millions de francs. Cependant, alors quils étaient intégralement consacrés aux ex-« pays du champ » en 1999, 2,9 millions de francs seront cette année consacrés aux ex-« pays hors champ ». III. LÉVOLUTION DES ACTIONS On le voit, la réforme de la coopération militaire est une réalité. Il y a une traduction budgétaire de la démarche politique. Il convient donc désormais dexaminer les conséquences effectives de lépure budgétaire. La répartition par paragraphe des crédits de chaque article fournit, en supplément des traditionnelles listes des coopérants et des moyens fournis par pays, un élément déclairage intéressant. CHAPITRE 42-29 RÉPARTITION DES DOTATIONS PAR ARTICLE ET PARAGRAPHE
A. LA MISE À DISPOSITION DE COOPÉRANTS MILITAIRES TECHNIQUES La redéfinition du rôle des coopérants militaires a forcément des conséquences sur limplantation et les effectifs des missions locales de coopération militaire et de défense. En fait, elle entraîne la diminution régulière du nombre des coopérants militaires dans les missions les plus importantes. Cela touche bien sûr au premier chef les ex-« pays du champ ». Cette année, la diminution du nombre de coopérants militaires est considérable. Au 1er janvier 2000, ils devraient nêtre plus que 427, contre plus de 570 lan dernier. Les effectifs de coopérants dans les ex-« pays hors champ » restant globalement stables, autour dune soixantaine, on voit quelle réduction drastique est opérée en ce qui concerne les pays dAfrique francophone. Le nombre de coopérants dans les ex-« pays du champ » passera de 506 au 1er janvier 1999 à 366 au 1er janvier 2000, soit une diminution considérable de 140 postes, plus du quart, alors que traditionnellement leffectif ne diminuait que 70 postes environ chaque année. A vrai dire, cette diminution nest pas seulement liée à la reconfiguration de laction de coopération. Plus de la moitié de la diminution, soit 75 postes, est liée à lévolution des relations bilatérales avec trois pays. La France a en effet suspendu sa coopération, sauf en matière de santé, avec les Comores et le Niger, à la suite des coups dEtat qui y ont eu lieu. A la suite de larrestation dun capitaine mauritanien sur le sol français, la Mauritanie a décidé de suspendre sa coopération avec la France. En réalité, indépendamment de ces trois événements, la diminution se poursuit au rythme de ces dernières années. Désormais, plus aucune mission de coopération militaire et de défense natteint les 40 membres. Quatre seulement atteignent les trente membres : celle du Cameroun, en conflit avec le Nigeria dans laffaire de Bakassi, et celles du Tchad, de Côte-dIvoire et du Gabon. Celle du Sénégal lui-même ne comporte plus que 28 membres, tandis quavec linstallation de la MINURCA celle de la République Centrafricaine sera passée de 63 membres en 1996 à 18 en 2000. Cette politique est dautant plus justifiée que dans nombre de ces pays, ou à proximité, la France dispose dimportantes forces prépositionnées ou de souveraineté, parfaitement à même dapporter leur concours technique le cas échéant. Contrepartie de ce redéploiement, les attachés de défense chefs de mission de coopération militaire et de défense ont reçu consigne, conformément aux souhaits du ministère de la Défense, de faire appel à elles autant que faire se pourra. Votre rapporteur, qui plaide depuis deux ans pour un réel développement des actions de coopération de ces forces, y voit un signe très positif pour notre politique étrangère et de défense. En revanche, lannée 2000 ne devrait pas voir dimplantations nouvelles dans les ex-« pays du champ ». Cest donc essentiellement à des missions de courte durée et à des missions dexperts que sont consacrés les crédits nouveaux qui y sont affectés sur larticle 10. Cependant, si la direction de la coopération militaire et de défense dispose désormais de correspondants dans lensemble des pays dEurope, ou presque, lAmérique du Sud ou lAsie du Sud-Est ne méritent-elle pas de disposer elles aussi de tels correspondants, dont la présence serait sans doute le meilleur support pour ce type de missions ? Il y a là une lacune quil faudrait sans doute combler. ÉVOLUTION DES POSTES DE COOPÉRANTS
Afrique sub-saharienne et Cambodge(1) (ex MMC)
B. LES ACTIONS DE FORMATION On la vu, cest désormais la formation des cadres officiers et sous-officiers des armées et des Gendarmeries qui est la priorité de la coopération militaire et de défense française. Cette formation est effectuée de deux façons : en France dabord, dans les écoles militaires françaises et dans le cadre de stages réguliers ou de cours spéciaux et, de plus en plus, en Afrique, dans les écoles nationales, à vocation régionale ou non, aidées par la coopération militaire et de défense française. En 1999, cest plus de 2 000 places de stage qui ont été offertes à des militaires étrangers originaires de plus de 100 pays, dont 1 717 en France et 415 dans des écoles nationales à vocation régionales (ENVR) véritables écoles de formation militaires françaises décentralisées. Loffre est ainsi en hausse de près de 20 % par rapport aux offres séparées de stages de lex-service de laide militaire du ministère des Affaires étrangères et de lex-mission militaire de coopération. 1. La formation en France Lenseignement et la formation dispensés en France sadressent dabord aux personnels de haut niveau appelés à exercer des niveaux de responsabilité élevés dans leur pays. A ce titre ils concernent lenseignement militaire supérieur, du 1er et du 2ème degrés. Sont aussi offerts des stages de formation, dapplication et de perfectionnement, pour les officiers subalternes, et des stages techniques de spécialité, pour les sous-officiers. Leur durée varie de quelques semaines, pour les stages techniques de spécialité, à plusieurs années pour les formations dofficiers et de médecins. La seule contrainte réelle est en fait la réduction du format des forces françaises, qui limite le nombre de stagiaires élèves des cours français à titre étranger. Des filières spécialisées et adaptées aux besoins des pays partenaires ont donc aussi été développées dans les écoles militaires françaises pour mieux répondre à la demande de formation. Il sagit du Cours supérieur international de Gendarmerie à Melun, du Cours supérieur du commissariat de larmée de Terre à Montpellier, du Cours spécial de lEcole de lair à Salon-de-Provence et du Cours spécial de lEcole navale à Lanvéoc-Poulmic). Chacun de ces cours forme chaque année entre une dizaine et une trentaine dofficiers. Leffort de formation représentera ainsi en 2000 147 millions de francs, 97 millions de francs pour les ex-« pays du champ » et 47 millions de francs pour les ex-« pays hors champ ». Du fait à la fois du coût et des enjeux de la formation, leffort de redéfinition des missions a également porté sur les contenus de loffre de formation. Des axes prioritaires ont été fixés par type de grandes régions. Sagissant de lEurope centrale et orientale et de la CEI, les stages ont pour objectif de délivrer des qualifications de haut niveau, relevant de lenseignement militaire supérieur et des écoles détat-major ainsi que des formations techniques. Ces cours sadressent essentiellement aux officiers et sont réalisés dans un cadre bilatéral ou multilatéral. Ainsi 4 millions de francs de larticle 20 sont réservés à des programmes de formation multilatéraux, cest-à-dire à des programmes du Partenariat pour la Paix. Il faut noter que la modestie de ce paragraphe recouvre en fait une hausse, après des budgets de 3,42 millions de francs en 1999 et 2,61 millions de francs en 1998. Par ailleurs, en Europe comme dans les régions émergentes, un effort a été accompli et sera poursuivi pour augmenter le nombre, encore très modeste, des formations technologiques de haut niveau (pilotes, missiliers etc.), par ailleurs généralement onéreuses, dans loptique de promouvoir nos technologies de défense. Dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, notre action est orientée vers la formation de formateurs et les enseignements du plus haut niveau notamment au Maroc et en Tunisie. Lanalyse de la répartition des stages effectués en France en 1999 confirme la réorientation des priorités. Les pays dEurope totalisent, avec 476 stages, 134 stages de plus quen 1998, soit une hausse de près de 40 %. Les pays dAfrique du Nord (cest-à-dire le Maroc, lAlgérie et la Tunisie) et du Moyen-Orient en totalisent 368, soit 130 stages de plus quen 1998 et une hausse de 55 %. Les stages offerts aux pays dAsie et dOcéanie sont passés de 70 à 97. La place des Amériques reste faible, avec 42 stages (au lieu de 30 en 1998), tandis quun effort est fait vers les pays francophones de lOcéan Indien, Maurice et les Seychelles, avec 20 places de stage au lieu de 7. En revanche, et comme prévu, la part de lAfrique francophone diminue, avec 676 stages au lieu de 819. RÉPARTITION DES STAGES DE FORMATION
Du fait de cette réorientation, les pays qui auront envoyé le plus de stagiaires en France en 1999 sont le Maroc (136 stagiaires), la Tunisie (83) et le Liban (68). Apparaissent ensuite Madagascar (62), le Bénin (57) et le Tchad (54), mais aussi, et cest une grande nouveauté, la Pologne et lÉgypte (51 stagiaires chacun). La Roumanie aura envoyé 40 stagiaires, autant que la Côte dIvoire, le Cambodge 39, et lAllemagne et la Belgique 35 chacun, plus que la Mauritanie (34). Cest un revirement quil faut saluer. 2. La formation à létranger La diminution du nombre des stagiaires africains en France ne correspond en aucun cas à un désintérêt de celle-ci pour ses alliés traditionnels et anciens. En fait, lenseignement dispensé en France ne correspond pas toujours aux besoins de nos partenaires. En particulier, linstruction de sous-officiers sur nombre darmements sophistiqués ny trouve pas son application, de telles armes ny étant pas en dotation. Cest pourquoi la France participe au fonctionnement de nombre décoles de formation locales, notamment dans les ex-« pays du champ ». Depuis 1996, elle a même systématisé cette démarche, en favorisant le développement décoles nationales à vocation régionale (ENVR). Les raisons en ont été détaillées dans le précédent rapport pour avis. Fortement aidées par la France, ces écoles proposent un enseignement de même qualité que celui dispensé dans les écoles françaises correspondantes mais adapté aux réalités et moyens locaux. La qualité de lenseignement est vérifiée régulièrement. Elles accueillent des stagiaires dautres pays que le pays où elles sont implantées et qui ont des liens de coopération avec la France. En 1999, dix écoles de ce type fonctionnent en Afrique : lécole dapplication de linfanterie au Sénégal (EAI à Thiès) (30 stagiaires en 1999) ; lécole militaire dadministration au Mali (EMA à Koulikoro) (78 stagiaires en 1999) ; lécole détat-major au Mali (EEM à Koulikoro) (39 stagiaires en 1999) ; la division dapplication des transmissions en Côte dIvoire ((DAT à Bouaké) (60 stagiaires en 1999) ; lécole nationale des officiers dactive au Sénégal (ENOA à Thiès) (30 stagiaires en 1999) ; lécole dapplication de la Gendarmerie en Côte dIvoire (Abidjan) (30 stagiaires en 1999) ; lécole du service de santé au Togo (ESSA de Lomé) (28 stagiaires en 1999) ; le centre dinstruction naval en Côte dIvoire (CIN dAbidjan ) (34 stagiaires en 1999) ; lécole du maintien de la paix en Côte dIvoire (EMP de Zambakro) (68 stagiaires en 1999) ; le centre de perfectionnement de la police judiciaire au Bénin (CPPJ de Porto-Novo) (18 stagiaires en 1999). Leffort de création décoles se poursuit. En effet, la DCMD participera au soutien et au financement de quatre écoles nouvelles en 2000 : lécole de soutien matériel à Ouagadougou (Burkina Faso) ; le centre de perfectionnement de la Gendarmerie mobile à Ouakam (Sénégal) ; le centre de perfectionnement du maintien de lordre dAwae (Cameroun) ; lécole de pilotage de Garoua (Cameroun). Au total, plus de 600 stagiaires devraient être formés dans ces écoles en 2000 contre 415, provenant de 20 pays, en 1999, 269 en 1998 et 193 en 1997. On le voit, cette politique permet très largement de compenser la diminution du nombre des stagiaires africains en France. Il faut noter aussi que ces écoles ne sadressent pas aux seuls ressortissants dAfrique francophone, puisquen 1999 lAngola, la Guinée équatoriale et le Zimbabwe y ont envoyé des stagiaires. STAGIAIRES MILITAIRES FORMÉS DANS LES ENVR
Il faut aussi insister sur la place que prend progressivement leffort de formation consenti par la France dans lensemble de sa coopération militaire. Cet effort nest pas contenu dans les seuls 12 millions de francs figurant au paragraphe 20 de larticle 20 du chapitre 42-29. Ceux-ci ne recouvrent guère que les frais de fonctionnement et dinstruction, ainsi que lalimentation, lhébergement et les frais de transport des stagiaires. Leffort de formation simpute aussi sur les autres articles. Il en est ainsi de celui relatif aux assistants militaires techniques (AMT). Contrairement à la politique générale de réduction de leur nombre, les AMT mis à la disposition dans les ENVR sont aujourdhui au nombre de 16, au lieu de 12 en 1998, et ceux en poste dans les autres écoles militaires sont au nombre de 111, se partageant de façon à peu près égale entre officiers (59) et sous-officiers (52). Cest ainsi 127 coopérants militaires que la France affecte dans les écoles militaires. Ils représentent désormais plus du quart des coopérants militaires, et un budget de lordre dune centaine de millions de francs. De même, les crédits de larticle 40 sont aussi largement consacrés à la formation sur place : cest sur cet article que simputent les frais engagés pour lamélioration et lentretien des infrastructures denseignement. Surtout les crédits, nouveaux, du titre VI (subventions dinvestissement) y sont quasi-exclusivement affectés. Sagissant de lAfrique, cette année cest dabord à lENVR de pilotage de Garoua, au Cameroun, (pour 1,6 million de francs) et à lécole détat-major du Gabon, qui nest pas une ENVR (pour 3 millions de francs), quils sont consacrés. Enfin, cette politique nest en aucun cas réservée à lAfrique sub-saharienne ou aux pays relevant de lex-mission militaire de coopération. La France consacrera cette année, pour la première fois depuis longtemps, plusieurs millions de francs de crédits de larticle 40 et du titre VI pour des écoles de guerre au Maroc et en Tunisie. Surtout, elle va subventionner pour la première fois la mise en place dune ENVR dans un pays européen. Il sagit de lENVR de Gendarmerie qui sera installée en Roumanie. RÉPARTITION DE LAIDE EN MATÉRIEL (en millions de francs)
C. LA COOPÉRATION POUR LA GENDARMERIE On sait que lun des axes traditionnels dintérêt de lex-MMC en Afrique était la constitution de forces militaires de sécurité solides, opérationnelles et respectueuses de la loi. Cette préoccupation sest traduite par un double effort de formation et déquipement des forces de Gendarmerie africaines. Le présent rapport avait, lan dernier, largement développé ce point. De façon générale, en 1999, sur 506 AMT, 103, soit près dun sur cinq, sont des gendarmes, pour un coût de lordre de 82 millions de francs. Ils sont affectés, pour près de la moitié dentre eux (47), dans des centres de formation. Par ailleurs, un très gros effort a été accompli depuis 1992 afin de donner aux forces de Gendarmerie une capacité opérationnelle suffisante. Chaque année, cette aide est à peu près de 40 millions de francs, 20 millions de francs daide directe (chapitre 42-29, article 20) et 20 millions de francs du Fonds daide et de coopération (FAC), auquel laide à la Gendarmerie est éligible. Laide, ciblée sur des moyens de transport et de transmission radio, permet lapplication effective sur le terrain des principes daction enseignés dans les écoles de Gendarmerie, en France ou en Afrique. De façon générale, la priorité est désormais lappui aux Gendarmeries territoriales. La direction de la coopération militaire et de défense a repris cette préoccupation. Elle la même élargie. En 1999, 238 stagiaires de 40 pays, dont 60 officiers appelés à exercer des responsabilités importantes, auront été formés dans les écoles de Gendarmerie, pour un coût de 9,6 millions de francs. Si parmi ces stagiaires, 161 ressortissent de pays relevant de lex-mission militaire de coopération, 77, soit le tiers, relèvent de 19 autres pays, pays dEurope (Roumanie, Ukraine, par exemple), dAfrique du Nord (les Tunisiens forment le contingent le plus nombreux, avec 16 stagiaires), du Moyen-Orient (Liban), voire dAmérique (Mexique, Argentine, Chili). De même le Cours supérieur de Gendarmerie à Melun, créé en 1994 à linitiative de la mission militaire de coopération a été maintenu. Il permet de doubler la capacité de formation. Sagissant de la formation des forces de Gendarmerie à létranger, il faut rappeler quaprès louverture en 1998 de lENVR de Gendarmerie dAbidjan, et, en 1999, de celle de police judiciaire de Porto Novo au Bénin, deux des quatre ENVR dont louverture est prévue pour 2000 sont des écoles de Gendarmerie : le centre de perfectionnement de la Gendarmerie mobile dOuakam (Sénégal) et le centre de perfectionnement du maintien de lordre dAwae (Cameroun). Par ailleurs dans ce domaine aussi, la coopération est développée avec les ex-« pays hors champ ». En Jordanie, des experts de la Gendarmerie nationale en mission assurent la formation au maintien de lordre dune unité spécialisée. Au Maroc, trois officiers français sont détachés auprès de la Gendarmerie royale marocaine, pour des actions de formation, notamment au pilotage dhélicoptères. Enfin, on la vu, lan prochain devrait être marqué par les débuts de la réalisation dun projet bilatéral avec la Roumanie, la création dune école dofficiers de Gendarmerie destinée à assurer la formation dune centaine dofficiers roumains de cette arme chaque année avec la participation dofficiers français. IV. LA POURSUITE DU DÉVELOPPEMENT DES SYNERGIES AVEC LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE La réforme de la coopération militaire et de défense inclut un rapprochement entre la coopération menée par le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Défense, soit pour expertiser des projets, soit même pour en développer en commun. Ce rapprochement inclut la conduite dactions communes menées sur le terrain, notamment dans les pays où la France entretient des forces militaires permanentes. Celles-ci sont ainsi rapprochées des missions locales de coopération militaire et de défense. Néanmoins ce rapprochement seffectue aussi dans le cadre de la réforme de limplantation de ces forces. A. LÉVOLUTION DU DISPOSITIF FRANÇAIS Les forces militaires permanentes, dites forces prépositionnées, sont stationnées dans le cadre daccords de défense, conclus pour la plupart lors des indépendances, avec des pays africains. Elles sont installées au Sénégal, en Côte dIvoire, au Gabon, à Djibouti ainsi quau Tchad où leur présence est légalisée non par un accord de défense, mais par un accord de coopération militaire technique. Pour le pays daccueil, cest une garantie de type dissuasif pour assurer lintégrité de son territoire national et lintangibilité de ses frontières. Pour la France, il sagit de disposer de moyens pour assurer la protection de nos ressortissants et des étrangers installés dans le pays demandeur ou dans la région, et de sassurer de bases et de points dappui procurant de larges facilités (aéroports, dispositifs daccueil et de soutien déventuels renforts) en cas dinterventions extérieures. Leur commandant relève directement du Chef détat-major des armées. Elles disposent de moyens importants. Au 1er juin 1999, elles représentaient 6 308 hommes et, en termes déquipement, quinze avions de combat, sept avions de transport, un avion de patrouille maritime, 18 hélicoptères et de nombreux blindés légers. MOYENS MILITAIRES PRÉPOSITIONNÉS EN AFRIQUE
Lévolution de la doctrine française sur la sécurité en Afrique, qui avait été longuement présentée dans le rapport pour avis présenté lan dernier, au terme de laquelle celle-ci doit dabord être assurée par les forces armées africaines elles mêmes, amène à la fois à reconfigurer le format des forces prépositionnées, en fait à lalléger, et à donner à celle-ci un rôle plus grand dassistance aux forces africaines dans la maîtrise des opérations de maintien de la paix. Alors quil y avait près de 8 000 militaires prépositionnés en Afrique en 1997, ils ne sont plus que 6 308 en 1999, pour un objectif de 5 600 en 2002. Après la très importante déflation due au départ des Français de République Centrafricaine, dun cinquième environ, la déflation en 1999 a été de moins de 4 % des effectifs, du fait de la situation à Djibouti, où une opération extérieure est en cours comme le relève la troisième partie du présent rapport. Le budget consacré aux forces prépositionnées est très supérieur à celui de la coopération militaire et de défense. En 1997, dernière estimation fournie à votre rapporteur, les crédits qui y étaient consacrés sélevaient à 3 milliards de francs environ, dont la moitié pour Djibouti. Compte tenu depuis de la réforme des rémunérations des militaires en opérations extérieures et de la diminution des effectifs, les coûts pour 1999 pourraient être évalués comme en 1998 aux environs de 2,3 milliards de francs. Cette estimation reste une estimation basse, les forces prépositionnées au Tchad étant placées budgétairement sous le régime des opérations extérieures, ce qui signifie que les sommes provisionnées (342,3 millions de francs en 1999) ne concernent que des surcoûts par rapport à leur entretien et à leur rémunération en métropole. B. LASSOCIATION DES FORCES PRÉPOSITIONNÉES AUX ACTIONS DE COOPÉRATION ET LA POURSUITE DU PROJET RECAMP La fin de lannée 1997 avait été marquée par la décision commune de la France, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis de coordonner leurs initiatives en en matière de renforcement des capacités africaines de maintien de la paix, notamment dans la perspective de permettre aux armées de ces pays de participer plus largement à de futures opérations de maintien de la paix mandatées par le Conseil de sécurité. Les Etats-Unis ont ainsi lancé le programme ACRI (African Crisis Response Initiative). Il vise à former au maintien de la paix 10 000 à 12 000 soldats africains sur cinq ans. Chaque pays africain fournit un bataillon, qui reçoit une formation initiale de 70 jours. Cinq pays ont à ce jour bénéficié du programme, le Sénégal, lOuganda, le Malawi, le Mali et le Ghana. La France a lancé le projet RECAMP (REnforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix). Ce projet a aussi pour objectif de contribuer à préserver les équilibres actuels, tant intérieurs que sous-régionaux. Il se traduit essentiellement par la formation de cadres et le prépositionnement de matériel. Les forces prépositionnées y sont directement associées. Après lexercice Guidimakha en 1998, la prochaine réalisation majeure est lexercice Gabon 2000 planifié pour 1999 et début 2000. Il sagit, en sappuyant sur le dispositif français présent à Libreville, de faire apparaître la capacité du Gabon à engager, avec dautres Etats voisins, une force denviron 1 500 hommes pour maintenir la paix avec le consentement des parties et protéger la population civile, tout en facilitant le déroulement dune opération humanitaire. Dans ce cadre, un séminaire diplomatico-militaire sur le thème du maintien de la paix sest tenu à Libreville en juin 1999 : y ont été représentés 27 organisations et pays africains, et 18 organisations internationales, dont lONU et lUnion européenne, et pays partenaires, dont les Etats-Unis, le Canada, le Brésil, et nombre de pays européens. Un exercice de PC se tiendra en novembre 1999, avec lobjectif de faire travailler ensemble des officiers dune même sous-région au sein dun état-major interarmées multinational. Lexercice majeur, en terrain libre, de type gestion de crise, est programmé en janvier 2000. Le budget de lexercice Gabon 2000 est de 4,5 millions de francs, sur les crédits du ministère de la Défense. Les forces prépositionnées mènent aussi des actions de formation dans un cadre bilatéral. Les actions de formation collective sont réalisées par le biais de détachements dinstruction opérationnelle (DIO) ou technique (DIT), constitués à cette fin et qui dispensent une formation tactique ou technique. Ces actions sont conduites au sein des forces armées du pays hôte et répondent, soit à un besoin connu et planifié à lavance, soit même à une demande de caractère inopiné. A titre dexemple, le 43ème BIMA stationné à Abidjan a fourni durant le premier semestre 1999 un DIO de vingt instructeurs pour la préparation du contingent burkinabé désigné pour servir au sein de la MINURCA, ainsi que deux DIT au profit de deux bataillons dartillerie ivoiriens. Le 6ème BIMA, stationné au Gabon, a procédé en mars, à la remise à niveau dinstructeurs et à la formation tactique dune compagnie parachutiste ivoirienne. Les forces prépositionnées mènent aussi des actions de formation individuelle. On y trouve à la fois des stages à caractère opérationnel (servant de mortier, tireur délite, conducteur, plongeur, navigateur aéronautique ) et dautres intéressant les soutiens (mécanicien, plombier, cuisinier ). Ainsi, les forces françaises stationnées à Djibouti ont fait participer en 1998 46 militaires djiboutiens à leurs propres stages. Enfin, elles peuvent mener des actions de soutien dopérations de la paix menées par les pays africains. Les Forces françaises du Cap Vert, stationnées au Sénégal, ont conduit, du 28 mai au 17 juin 1999, une opération dénommée RECAMP Bissao consistant à faciliter le déploiement en Guinée-Bissao, en application des accords dAbuja du 30 octobre 1998, dun bataillon dinterposition de 600 hommes de lECOMOG, (Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group) constitué par le Togo, le Bénin, la Gambie et le Niger, puis à assurer son soutien. Laction des forces prépositionnées ne se limite cependant pas à lAfrique. Les forces stationnées à Djibouti contribuent de manière significative aux actions de coopération que la France mène dans plusieurs pays du Golfe arabo-persique comme le Qatar, les Emirats Arabes Unis ou le Sultanat dOman. En effet, la France effectue régulièrement des exercices avec ces pays dans le cadre des accords de coopération et de défense quelle a passés avec eux. Les forces françaises de Djibouti envoient régulièrement des détachements au Qatar participer à des exercices conjoints avec larmée qatarie : plus de 200 hommes appartenant à larmée de Terre et à la Marine auront été déployés dans ce pays au printemps 1999. Les forces françaises à Djibouti participeront aussi, au côté des Emiriens cette fois, à lexercice majeur Golfe 2000 qui aura lieu au début de lannée prochaine, avec 300 hommes et une soixantaine de véhicules environ. Ainsi, les hommes et les ressources de la DCMD et les forces prépositionnées sont-ils désormais mis en commun au service de la coopération militaire en Afrique. TROISIÈME PARTIE LA FRANCE Dans le jeu des rapports internationaux, il nest pas toujours facile aux organisations de sécurité collective dassurer leurs positions. Certains pays particulièrement puissants peuvent être tentés détablir avec elles un rapport de forces où ils pensent pouvoir garder lavantage. Dautres peuvent vouloir ignorer leurs décisions et résolutions. La France, puissance nucléaire et lun des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies, a décidé dhonorer pleinement ce statut et de promouvoir sans réserves le rôle de lONU dans lorganisation mondiale et la résolution des crises. Cela se traduit par une triple action : promotion de lONU comme instrument diplomatique mondial principal et participation à ses initiatives ; loyauté dans le financement de lOrganisation ; fourniture de forces pour les missions dinterposition et de rétablissement de la paix quelle décide, soit quelle les mène elle-même, soit quelle les délègue à des organisations régionales. I. LA FRANCE ET LE SYSTÈME DES NATIONS UNIES A. LA FRANCE ET LE RÔLE DE L'ONU La France a pris nombre dinitiatives pour promouvoir le rôle prééminent de l'ONU dans la solution des conflits. En Irak tout dabord où les crises demeurent récurrentes depuis la fin de la guerre du Golfe, la France continue à travailler, au sein du Conseil de sécurité, à la recherche de solutions pacifiques, fondées sur lapaisement et le dialogue, pour le rétablissement de la coopération entre lIrak et l'ONU. Ainsi, lors de lopération Desert Fox de décembre 1998, elle a pris plusieurs initiatives pour rétablir une relation normale entre lIrak et le Conseil de sécurité ; parallèlement, elle a en pratique cessé de participer aux opérations militaires menées contre ce pays dans le cadre des résolutions n° 688 et 949 (opération Southern Watch). La France a également travaillé à ce que le règlement de la crise kosovare ait lieu dans le cadre des Nations Unies. Le présent rapport a précisément développé ce point dans les pages consacrées à lOTAN : laction de lOTAN à légard de la Yougoslavie sest bien inscrite dans le cadre fixé par les résolutions n° 1 160, 1 199 et 1 203, placées sous le chapitre VII. Le processus de règlement de cette crise est pour sa part défini par la résolution n° 1 244, qui définit les responsabilités de la composante internationale de sécurité au Kosovo, et autorise le Secrétaire général de l'ONU à établir dans cette région une présence internationale civile. Celle-ci, la MINUK, a été placée sous lautorité dun représentant spécial du Secrétaire général, M. Bernard Kouchner. On le sait, laffirmation de cette prééminence de l'ONU par rapport à lOTAN ne sest pas faite sans une action déterminée, au Conseil de sécurité, de la France, soutenue par la Russie et la Chine, face à la volonté des Etats-Unis, soutenus par quelques partenaires, de faire prévaloir le rôle de lOTAN. La France veille également à ce que linfluence de l'ONU puisse sexercer pour la prévention des conflits dans dautres régions du monde. En Afrique, notre pays a joué un rôle moteur dans la mise en place, à partir du 15 avril 1998, dune force de maintien de la paix de l'ONU en République Centrafricaine (MINURCA), à laquelle participaient, jusquen février 1999, plus de 200 militaires français. La création de cette force, la première entièrement nouvelle depuis 1994, a démontré que le Conseil de sécurité et le Secrétaire général de l'ONU étaient en mesure dapporter une réponse concrète à une situation de conflit intra-étatique et dappuyer une série de réformes internes à un pays pour consolider la paix. Cette année, la France a aussi plaidé pour une implication de lONU dans le règlement de la crise dans la région des Grands Lacs. Sur la base de laccord de Lusaka (10 juillet 1999), le Conseil de sécurité a adopté la résolution n° 1 258, qui prévoit le déploiement dun groupe de liaison des Nations Unies pour faciliter la mise en uvre de cet accord. La France a annoncé son intention de mettre à disposition de ce groupe cinq officiers de liaison français. La France soutient également le projet de renforcement de lopération de maintien de la paix en Sierra Leone, la MONUSIL, pour prendre en compte les progrès réalisés à la suite de la signature de laccord de Lomé du 7 juillet 1999. Enfin, on la vu, depuis 1997, la France a pris linitiative, avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, de créer un cadre ouvert à tous les Etats intéressés, bénéficiaires et donateurs, pour renforcer les capacités des pays africains dans le domaine du maintien de la paix, sous les auspices des Nations Unies et en liaison avec lOUA. Cest dans ce cadre que sinscrit le programme RECAMP, dont la deuxième partie du présent rapport a relaté létat actuel davancement et de réalisation. Le souhait exprimé par la France dune prise aussi grande que possible de l'ONU sur les désordres du monde saccompagne dun souci permanent concernant sa représentativité. Lorganisme permanent essentiel de l'ONU étant le Conseil de sécurité, la France souhaite une évolution raisonnable de sa composition, qui reflète mieux les équilibres actuels du monde. Nombre de propositions sont faites dans cette perspective. Sagissant de lAllemagne et du Japon, on doit considérer quils ont désormais leur place au Conseil, et ce en tant que membres permanents. Cependant, un Conseil élargi devrait aussi refléter lémergence des pays du Sud ainsi que leur contribution au maintien de la paix. De grands Etats représentatifs des pays dits émergents doivent pouvoir y participer plus facilement. De ce fait, lélargissement doit donc sappliquer non seulement aux membres permanents mais aussi aux membres non permanents ; lélargissement doit néanmoins rester limité quantitativement, afin de préserver lefficacité du Conseil. En revanche, la position française na aucune raison dêtre aussi ouverte sur le point de la révision des prérogatives des membres permanents historiques, cest-à-dire le droit de veto. B. LE SOUTIEN FINANCIER DE LA FRANCE À LONU La promotion de l'ONU comme cadre prééminent de règlement des crises suppose de donner, comme il convient, à cette organisation les moyens de son action. La France satisfait donc intégralement et dans les temps à lensemble de ses obligations financières à légard de lOrganisation des Nations Unies. Cette année encore, notre pays est le premier membre permanent du Conseil de sécurité à avoir versé sa contribution au budget ordinaire due au titre de lannée 1999, soit 68 millions de dollars. ÉVOLUTION DE LA CONTRIBUTION FINANCIÈRE
Il sagit là dune politique tout à fait délibérée. En effet, eu égard aux retards de remboursement de lONU pour les forces engagées dans les opérations de maintien de la paix, la France est aussi le premier pays créancier de lONU, avec une créance de 158 millions de dollars au 31 août 1998 (le second créancier étant la Grande-Bretagne, avec 66 millions de dollars de créance). Cette attitude est loin dêtre le fait de tous les pays membres. En effet, en dépit de la très forte baisse des montants mis en recouvrement par l'ONU (la diminution est de 51 % depuis 1994 et de 18,7 % entre 1996 et 1998), due à la décroissance des appels pour les opérations de maintien de la paix (OMP), le montant des arriérés na que faiblement diminué (- 5,6 % entre 1996 et 1998). Au 31 décembre 1998, les Etats membres de lOrganisation des Nations Unies étaient encore redevables de 2 milliards de dollars, soit léquivalent dune année et demie de fonctionnement de l'ONU. Quels sont les principaux débiteurs ? LUkraine, avec 210 millions de dollars représente 10 % du total. La Fédération de Russie, avec 126 millions de dollars, doit 6,5 % du total. Ces deux débiteurs importants poursuivent cependant lapurement de leur dette : entre 1997 et 1998, la dette ukrainienne a diminué de 40 millions de dollars et la dette russe de 101 millions de dollars. Entre 1998 et 1999, la dette ukrainienne a encore été réduite de 25 millions de dollars, et la dette russe de 10 millions de dollars. En réalité le grand pays débiteur de lOrganisation reste les Etats-Unis dAmérique. Leur dette est de 1,29 milliard de dollars, soit 63,5 % du total. Elle se partage entre 316 millions de dollars pour le budget ordinaire (76 % des dettes) et 976 millions de dollars pour les OMP (61 % des dettes). En réalité, la politique américaine, en fait du Congrès, est tout aussi délibérée que celle de la France. Le Sénat américain vient ainsi dadopter, pour la deuxième fois depuis 1997, à linitiative des sénateurs Helms et Biden, une loi autorisant le règlement des arriérés. Mais, bien sûr, cette loi est, comme en 1997, assortie de conditions à remplir par l'ONU. Il sagit toujours dobtenir une diminution de la participation des Etats-Unis au budget de lOrganisation et un accroissement de leur contrôle sur celui-ci. L'ONU, pour obtenir ce règlement, devrait accepter dabord un paiement seulement partiel des sommes dues, les contributions non reconnues par le Sénat étant portées sur un « compte spécial dattente » ; ensuite, le Sénat demande un abaissement des quotes-parts américaines à 22 % (voire 20 %) pour le budget ordinaire, contre 25 % à ce jour, et à 25 % pour les budgets des OMP, contre 31,5 % actuellement. Il est également demandé que la croissance des budgets de l'ONU et de ses institutions spécialisées soit nulle. Enfin, les Etats-Unis devraient se voir accorder un siège permanent au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (dont les seize experts sont élus par lAssemblée générale et les Etats-Unis absents depuis quatre ans, après deux tentatives infructueuses pour retrouver leur siège) et un bureau de contrôle interne au sein de chaque institution spécialisée devrait être créé. Lappréciation de la France sur ce projet ne peut quêtre extrêmement négative. Dabord, les conditions mises au règlement de la dette américaine sont contraires au droit international. Si un Etat saffranchit de ses obligations, dautres Etats pourraient faire de même. Comment alors les en empêcher ? Ensuite, ce projet ne règle même pas la question des arriérés : les montants sont trop faibles et les versements échelonnés ne sont pas garantis. Or, dans le passé, il est déjà arrivé que des plans de règlement ne soient pas respectés par les Etats-Unis alors que l'ONU avait rempli sa part du contrat. Enfin, laboutissement de ce projet est rien moins que certain. Pour devenir définitif, il doit aussi être adopté par la Chambre des représentants. Or, selon le ministère des Affaires étrangères, le Représentant Smith aurait lintention, comme il la déjà fait en 1997, de faire adopter un amendement à cette nouvelle mouture du paquet « Helms-Biden » interdisant les subventions aux organisations internationales qui font la promotion du planning familial. Dans ce cas, il est probable que le Président serait amené à opposer, une fois encore, son veto pour ne pas saliéner lélectorat libéral du parti démocrate. La crise financière de lONU est ainsi bien loin dêtre réglée. Cela nest pas sans conséquence sur les modalités dexécution et de remboursement des opérations de maintien de la paix. II. LES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX La France ne se borne pas à contribuer au meilleur fonctionnement possible de la structure de lONU. Pour faire valoir la loi internationale, lONU doit être capable de fournir des moyens dinterposition, voire demployer la force. Ces deux leviers daction sont lobjet des chapitres VI et VII de la Charte. Il faut noter que sous chapitre VII, les forces dépêchées sont habilitées à assurer par elles-mêmes leur sécurité alors que sous chapitre VI, celle-ci est de la responsabilité des pays hôtes. La France contribue à la fois à la bonne organisation par lONU dopérations de maintien de la paix, et, par ses participations militaires, à la bonne réalisation de celles-ci. A. LA GESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX Dans le passé, lONU a conduit elle-même de très lourdes opérations de maintien de la paix. Elle sest dotée à cette fin dun département spécialisé, le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) placé sous lautorité dun directeur, ayant rang de secrétaire général adjoint. On sait cependant que la mise en place de ces opérations, leur suivi administratif, et plus encore leur conduite même, ont fait lobjet de critiques extrêmement vives. On peut citer notamment celles qui ont été faites sur la FORPRONU, en Bosnie-Herzégovine, de 1992 à 1995, lONUSOM, en Somalie, ou plus encore, la MINUAR au Rwanda. Ce type dactions a donc considérablement diminué. Les appels de cotisation pour les OMP ont été divisés par 3 entre 1995 et 1997. En réalité, les actions directement conduites par le DOMP ne sont plus guère que des missions dobservation ou de police civile, les opérations les plus lourdes étant confiées à des coalitions régionales. La France souhaite cependant défendre lexistence et surtout le rôle du DOMP. Pour tenir compte des critiques faites, le DOMP a entrepris, sous limpulsion de son nouveau directeur, le Français Bernard Miyet, de réorganiser ses structures et ses méthodes : il sagit de la création dun centre de suivi des opérations, dune cellule de planification, dun « Groupe des enseignements tirés des opérations passées » et dune banque de données des modules de forces en attente. Sagissant de ces modules, dénommés « réservoirs de forces », la France a signé le 25 juin 1999 le mémorandum officialisant les conditions de mise à disposition des troupes et des matériels quelle inscrit comme modules de forces en attente. Ce type de mémorandum a pour objet léchange de renseignements dans la perspective dune bonne planification. Il ne sagit pas dun accord de mise à disposition : avant chaque opération, laccord de lEtat signataire est demandé. Par ailleurs le rapprochement du DOMP, du Département des Affaires politiques et dun nouveau Département du désarmement et de la maîtrise des armements, dans un pôle « paix et sécurité » pour une meilleure coordination de leurs activités, ainsi que la décision de confier au DOMP les activités de déminage jusque là de la responsabilité du Département des Affaires humanitaires, sont de bon augure pour cette réorganisation et cette rationalisation des moyens et des organigrammes. Après plusieurs années, la création de nouvelles opérations telles que la mission des Nations Unies en République Centrafricaine (MINURCA), devraient montrer que lOrganisation des Nations Unies a retrouvé la capacité daction indispensable à la réalisation des missions dont elle est chargée par la communauté internationale. La mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK), même si elle est dune nature différente et beaucoup plus complexe (puisquelle associe dautres organisation internationales telles que lOTAN, lUnion européenne et lOSCE) est également lun des signes de ce renouveau. B. LA PARTICIPATION DE LA FRANCE AUX OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX La France contribue aux opérations de maintien de la paix de trois façons : elle contribue aux opérations conduites par le DOMP, elle prend une large part aux opérations sous commandement international, pour lessentiel déléguées par le Conseil de sécurité, enfin, elle mène des opérations en application de larticle 51 de la Charte. 1. Les opérations conduites par le DOMP LONU conduit actuellement quatorze opérations de maintien de la paix. Ces opérations sont celles qui ont été expressément ordonnées par une résolution du Conseil de Sécurité et qui sont placées aussi sous lautorité du Secrétaire général de lONU, via le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP). Elles font lobjet dun réexamen tous les six mois. La France ne participe pas à toutes ces opérations, mais seulement à neuf dentre elles. Ainsi elle ne participe pas à lUNMOGIP (surveillance de la frontière indo-pakistanaise), à lUNFICYP (à Chypre), à lUNDOF (Golan), au groupe de soutien des polices locales en Slavonie orientale (Croatie), à la MONUT (Tadjkistan) ou à la MONUSIL (Sierra Leone). On trouve ci-après la liste des opérations auxquelles la France participe. De façon générale, la France est présente dans les régions quelle considère stratégiques pour elle ainsi que dans les missions où un savoir-faire spécifique est demandé, comme les opérations de police civile.
Ces opérations auront ainsi mobilisé 466 militaires français pour un surcoût de 102,2 millions de francs. Lexamen détaillé de la participation française indique que, sauf dans les cas où elle estime avoir une responsabilité particulière, au titre de puissance régionale ou dobligations liées au passé ou à la francophonie, la France ne détache plus que des observateurs. Il faut également signaler que dans deux cas, la FINUL et la MINURCA, la France peut prétendre à remboursement de la part de lONU (les missions dobservation et de police ne donnent pas lieu à remboursement). On a décrit les difficultés de lONU en la matière. De fait, la participation du bataillon français à la MINURCA a duré dix mois. Les armées ont supporté un surcoût de 75 millions de francs, 66 pour 1998 et 9 pour 1999. A ce jour, seuls 10 millions de francs ont fait lobjet dun remboursement, au titre des soldes et indemnité. Un remboursement de 40 millions de francs est toujours attendu. Sagissant de la FINUL, le dernier remboursement, en juin 1999 correspond aux sommes dues au titre des soldes de juin à novembre 1998. 2. Les opérations sous commandement international On la vu, malgré lengagement de la réforme du Département des opérations de maintien de la paix, ce sont des organisations régionales ou des coalitions qui sont désormais chargées des opérations les plus lourdes ou les plus conflictuelles. De ce fait, la caractéristique de ces opérations est que leur conduite opérationnelle est effectuée non pas sous lautorité du Département des opérations de maintien de la paix, mais dans des cadres et selon des modalités fixés par les Etats et les organisations qui en sont chargés. En 1999, cest onze opérations de ce type qui ont été conduites avec la participation de la France, dont six sont toujours en cours. Ce nombre élevé est lié au conflit du Kosovo, les diverses phases de celui-ci ayant donné lieu à autant dopérations. En pratique, les opérations menées en 1999 sont celles qui étaient en cours en 1998, auxquelles se sont ajoutées celles décidées pour traiter laffaire du Kosovo. Il faut souligner que ces opérations néchappent en aucun cas au système juridique mondial. Sur les six interventions actuellement en cours, en effet, les trois plus importantes (Southern Watch, SFOR, KFOR) trouvent leurs fondements juridiques dans une résolution des Nations Unies. Laction de la KFOR sinsère du reste dans laction de la mission dadministration de lONU au Kosovo, la MINUK. Deux opérations (lECMM et lEMCP) sont sous légide lune de lOSCE, lautre de lUEO, tandis que lopération FMO est une petite opération dobservation. Ces trois dernières opérations se déroulent en accord avec les Etats sur le sol desquels elles sont menées. Enfin, le statut des opérations au Kosovo autres que la KFOR a été évoqué dans les pages consacrées à lOTAN.
Comme on peut le voir, ces opérations représentent un engagement important puisquelles ont mobilisé 11 408 militaires français et occasionné à la France des surcoûts budgétaires de 4,45 milliards de francs. Aux six opérations toujours en cours il faut désormais ajouter la force multinationale sous commandement unifié australien chargée par la résolution n° 1 264 du rétablissement de la paix au Timor oriental. Dans le cadre de cette force, la France a envoyé une antenne chirurgicale avancée, un élément de protection de 250 hommes, des VAB et des hélicoptères. Lélément français étant basé en Nouvelle-Calédonie et son cadre de mise à la disposition du commandement australien non précisé, il nest pas encore possible dindiquer précisément leffectif et les coûts qui lui seront imputés. 3. Les opérations sous commandement national Outre sa participation à des opérations multinationales, la France a mené en 1999 plusieurs opérations extérieures avec ses seules forces. Elles sont au nombre de 12. Il y en a de plusieurs sortes. Lopération Corymbe est une mission de présence souveraine au large des côtes africaines. Les opérations Condor et Hélianthe sont des opérations de médiation et de surveillance dun cessez-le-feu, dans le cadre dun mandat international accepté par les parties. Les opérations Iroko et Okoumé sont des missions dévacuation ou de préparation dévacuation de ressortissants pour des raisons de troubles dans les pays qui les concernent. Lopération Aramis est une mission de soutien à un pays allié dans le cadre dun différend frontalier avec lun de ses voisin, en loccurrence le Nigeria, dans le cadre dun accord de défense conformément à larticle 51 de la Charte des Nations Unies. Lopération Khor-Angar est une opération de protection des forces françaises. Les opérations Algérie (Ambassade) et Murène sont des opérations de protection des ambassades. On peut y rattacher lopération Pécari. Enfin les opérations Epervier, au Tchad, et Recamp-Bissao ont été évoquées dans la deuxième partie du présent rapport. OPÉRATIONS EXTÉRIEURES
Ces opérations ont donc coûté à la France 124,5 millions de francs de surcoût, pour une participation de 863 militaires. C. UN BILAN SIGNIFICATIF Au bout du compte, la participation de la France aux opérations de maintien de la paix apparaît importante. Elle peut être synthétisée par le tableau ci-après :
La participation de la France aux opérations de maintien ou de rétablissement de la paix appelle ainsi plusieurs commentaires. Tout dabord, il faut noter la faible part des opérations entreprises par la France seule. Elles représentent moins de 7 % des effectifs. Lordre de grandeur est le même quen 1998 (1 209 militaires) et 1997 (782 militaires). Il y a là le signe dune volonté de notre pays de recourir autant que faire se peut dans son action internationale aux mécanismes de lONU, en cohérence avec ce qui a été dit de sa politique étrangère. Cette affirmation doit être relativisée à la lumière de la part écrasante des opérations sous commandement international par rapport aux opérations conduites par le DOMP. En réalité, la participation de la France à celles-ci est devenue symbolique. Là aussi, il sagit dun phénomène stable puisque la participation française était de 662 militaires en 1998 et 469 en 1997. La diminution entre 1998 et 1999 sexplique par le retrait français de la MINURCA. Les opérations sous commandement international ont donc mobilisé 90 % de la participation française, avec 11 408 militaires. Cela représente le triple de 1998 (3 775 militaires). Cet accroissement sexplique par les opérations au Kosovo qui ont requis jusquà 7 700 militaires. Sur ces 11 408 militaires, 11 217 sont affectés au contrôle de la crise en ex-Yougoslavie. En réalité, cette répartition témoigne de la très grande difficulté de lONU à conduire des opérations difficiles. Cest aussi le signe que la réforme des capacités daction de lONU, à laquelle notre pays est attaché, sera une entreprise lourde, et que sa réalisation est encore devant nous. CONCLUSION Au terme de cet examen, il faut sans doute dabord mettre en exergue le renforcement de la capacité daction de lEurope en matière de sécurité et de défense. La redéfinition du concept stratégique de lOTAN ne sest pas traduite par un changement de statut pour cette institution. La façon dont a été conduite laction au Kosovo est restée sous le contrôle de lensemble des alliés. Ceux qui fournissaient des forces ont pu voir leur influence renforcée dautant. La réorganisation des structures de lOTAN permettra une meilleure association de la France aux actions, sans que cela ait pour conséquence une subordination supplémentaire. Lentrée en vigueur du traité dAmsterdam est un élément fort en matière de politique européenne de sécurité et de défense. Son caractère structurant est porteur dune très grande dynamique. La rapidité de mise en place des structures en est lindice sûr. Ce nest cependant que le début dun processus dont on peut déjà pressentir la grande force dentraînement. La coopération militaire française redevient progressivement cohérente avec le statut international de notre pays. Sans que la France abandonne ses responsabilités auprès de ses traditionnels alliés africains, elle renouvelle ses méthodes et redéploie progressivement ses moyens vers ses amis européens, longtemps délaissés, et ses partenaires du reste du monde. Cest une action quil faut saluer. Enfin, laction de la France est constante pour que lONU reste le cadre de la définition des relations internationales et le lieu privilégié de la résolution des crises. Ce nest pas une tâche facile. Mais laction est continue et ses résultats loin dêtre mineurs. EXAMEN EN COMMISSION La Commission de la Défense sest réunie le 26 octobre 1999, sous la présidence de M. Didier Boulaud, Vice-Président, pour examiner les crédits des Affaires étrangères pour 2000, sur le rapport de M. Bernard Cazeneuve, rapporteur pour avis. Après avoir précisé que, comme lan dernier, les développements de son rapport pour avis sur le budget du ministère des Affaires étrangères sattacheraient à traiter de lensemble des aspects de sécurité et de défense de la politique étrangère de la France, M. Bernard Cazeneuve a choisi de concentrer son propos sur la coopération militaire et de défense. Il a fait remarquer quil y a deux ans, la mission militaire de coopération entretenait au sein du ministère de la Coopération des relations désuètes avec les pays dAfrique sub-saharienne, qui mobilisaient tous les moyens disponibles, sans lien avec les actions que pouvait conduire dans la même région le ministère de la Défense au moyen des forces prépositionnées, comme le rapport de la mission de la mission dinformation sur le Rwanda lavait fait apparaître. Au ministère des Affaires étrangères, la coopération militaire générale était isolée et réduite à des budgets de misère, qui représentaient une faible part de celle entretenue avec les pays du « champ ». Lensemble apparaissait tout à fait en décalage par rapport au statut international de la France et à ses engagements en Europe et dans le monde. Le rapporteur pour avis a alors exposé quaprès les premières mesures prises lan dernier, lintégration des structures autonomes de la coopération au sein du ministère des Affaires étrangères se déroulait dans de bonnes conditions et promettait une réorientation de la politique de coopération militaire et de défense vers une présence française plus efficace et plus diversifiée. Dabord, lancienne mission militaire de coopération et la sous-direction de laide militaire du ministère des Affaires étrangères ont été fusionnées au sein dune nouvelle direction de la coopération militaire et de défense, la DCMD. Gage de lintégration de la coopération militaire et de défense dans laction générale du ministère, la DCMD est lune des quatre directions de la direction générale des affaires politiques et de sécurité. Par ailleurs, les liens de la DCMD avec le ministère de la Défense sont institutionnalisés, conformément à une demande formulée par la mission dinformation sur le Rwanda, puisque son nouveau directeur est un officier général et quelle intervient désormais systématiquement en commun avec les états-majors sur les projets de coopération engagés. M. Bernard Cazeneuve a souligné que, pour la deuxième année consécutive, les crédits de la coopération militaire et de défense étaient intégralement reconduits en francs courants. Les missions ont été reformulées et déclinées par zones géographiques différenciées et les moyens réorientés. Pour la deuxième année consécutive, la règle fixée en Conseil de défense en 1998 aux termes de laquelle 3 % au moins des crédits doivent être chaque année redéployés au profit de la coopération en dehors de lancienne zone du « champ » est effectivement appliquée. Les crédits consacrés à ces pays passent ainsi de 86,1 millions de francs en 1998 à 132,3 millions de francs en 2000, augmentant de plus de la moitié. Ils représentent désormais 21 % des crédits réservés aux pays de « lex-champ » contre 17 % en 1999 et 12 % en 1998. Cette évolution touche toutes les actions de coopération : envoi de coopérants, formation, aide directe. M. Bernard Cazeneuve a alors détaillé le changement de caractère des actions menées. Le rôle des coopérants militaires est désormais conçu comme un rôle dappui, ce qui entraîne la diminution de leur nombre. Au 1er janvier 2000, ils devraient nêtre plus que 427, contre plus de 570 lan dernier. Les effectifs de coopérants dans les pays nappartenant pas à lancien « champ » restent globalement stables, autour dune soixantaine. En conséquence, le nombre de coopérants dans les anciens « pays du champ » passera de 506 au 1er janvier 1999 à 366 au 1er janvier 2000, soit une diminution du quart, cette diminution étant cependant due pour moitié à la suspension de la coopération avec les Comores, le Niger et la Mauritanie. Plus aucune mission locale natteint les 40 membres, ce qui garantit labsence dintervention des militaires français dans le commandement des armées des pays concernés. La diminution du nombre des coopérants militaires dans les anciens « pays du champ » est compensée désormais par le recours systématique aux forces prépositionnées ou de souveraineté, solution demandée depuis longtemps, y compris pour servir dappui, dans le cadre du projet RECAMP, à des coopérations entre les armées africaines destinées à favoriser la stabilité régionale. Pour les mêmes raisons, les crédits nouveaux qui sont affectés aux pays nappartenant pas à lancien « champ » sont dabord consacrés à des missions dexperts de courte durée. Dans la nouvelle définition de la politique de coopération militaire et de défense, la formation tient un rôle central. Les crédits qui y sont consacrés passent de 157 millions de francs à 163 millions de francs. Les crédits destinés aux pays nappartenant pas à lancien « champ » en représentent désormais plus du tiers. En 1999, plus de 2 000 places de stage ont été offertes à des militaires étrangers originaires de plus de 100 pays, dont 1 717 en France et 415 en Afrique dans des écoles nationales à vocation régionale (ENVR), véritables écoles de formation militaire françaises décentralisées. Loffre globale est ainsi en hausse de près de 20 %. Parmi les premiers pays bénéficiaires figurent le Maroc, la Tunisie, le Liban, le Tchad, le Bénin, mais aussi, fait nouveau, la Pologne et lEgypte. 4 millions de francs sont réservés à des programmes de formation multilatéraux relevant du Partenariat pour la Paix de lAlliance atlantique. Le développement des ENVR permet daccroître le nombre des stagiaires africains formés avec lassistance de la France. En 1999, dix écoles de ce type fonctionnent en Afrique : au total, plus de 600 stagiaires, dont des ressortissants de pays de lAfrique non francophone, devraient y être formés en 2000. La France affecte 127 coopérants militaires dans les écoles militaires. Ils représentent désormais plus du quart des coopérants militaires, et un budget de lordre dune centaine de millions de francs. M. Bernard Cazeneuve a souligné que la DCMD avait également comme priorité le développement de la coopération en matière de Gendarmerie ; en 1999, 238 stagiaires de 40 pays, dont 60 officiers appelés à exercer des responsabilités importantes, auront été formés en France dans les écoles de Gendarmerie. Le rapporteur pour avis a conclu que la France sengageait enfin dans une coopération militaire en cohérence avec ses orientations politiques internationales, en répartissant mieux son assistance dans le monde, et en la renforçant dans les pays du Partenariat pour la Paix. Il a précisé que cette réorientation avait des conséquences directes sur le développement de lidentité européenne de sécurité et de défense, par les actions quelle permettait désormais de développer à la fois dans le cadre du Partenariat de la Paix et dans un cadre bilatéral avec des pays ayant récemment adhéré à lOTAN comme la Pologne, ou demandant à y adhérer, comme la Roumanie ainsi quavec nos partenaires européens plus anciens. Il a ajouté quen Afrique, cette réorientation avait des effets salutaires en associant mieux le ministère de la Défense aux actions de coopération militaire et de défense et en favorisant les coopérations régionales, facteurs de paix. Il a estimé quelle devait être poursuivie, notamment en ce qui concerne les pays de lAsie du sud-est et de lAmérique du sud. Il a néanmoins considéré que les efforts faits devaient être salués et que les résultats, notamment en Europe, étaient dores et déjà tangibles. Soulignant que le projet de budget permettait une réorganisation positive et salutaire de la coopération en faveur des pays nappartenant pas à lancien « champ » tout en donnant les moyens dune reconfiguration des interventions dans les pays qui en relevaient antérieurement, sans désengagement, il a proposé à la Commission de la Défense de donner un avis favorable aux crédits des Affaires étrangères pour 2000. M. Michel Voisin sest tout dabord félicité que les remarques quil avait formulées lors des précédents débats budgétaires sur les stages de formation des militaires étrangers aient été prises en considération. Puis il a souhaité avoir des précisions, dune part, sur les aides directes en matériels, dautre part, sur le niveau de la coopération militaire en Centrafrique et au Tchad. M. Bernard Cazeneuve a précisé que les crédits affectés aux aides en matériel étaient réorientés et faisaient lobjet dune nouvelle présentation. Alors quen 1998, 180 millions de francs avaient été consacrés à ces aides, le projet de loi de finances pour 1999 a différencié les aides en matériels proprement dites, pour un montant de 172 millions de francs, et les aides à la réalisation dinvestissements, pour 8 millions de francs. Le projet de loi de finances pour 2000 envisage daffecter 172 millions de francs daide aux pays de lancien « champ », 3,8 millions de francs aux pays « hors champ », et de reconduire la dotation de 8 millions de francs en faveur des investissements dont 3 millions de francs pour les pays situés « hors champ ». Il a également précisé que la mission de coopération militaire et de défense au Tchad comprenait 55 personnes en 1998, 46 en 1999, et que ce nombre serait ramené à 35 en 2000. Il a indiqué quune évolution comparable était constatée en République centrafricaine puisque les effectifs de la mission de coopération militaire et de défense, dun niveau de 59 en 1998 et 28 en 1999, y décroîtront à 18 au cours du prochain exercice. M. Michel Voisin a considéré que le groupe UDF ne pourrait pas se prononcer sur les crédits du ministère des Affaires étrangères puisque seuls ceux consacrés à la coopération militaire et de défense venaient dêtre analysés. Le rapporteur pour avis a expliqué quil navait présenté oralement que les crédits de la coopération militaire et de défense dans la mesure où les autres dotations du ministère des Affaires étrangères intéressant la défense seraient évoqués dans le cadre du débat budgétaire tenu en présence du Ministre par la Commission des Affaires étrangères lors de sa séance du 4 novembre, ouverte à la presse et au public. M. Didier Boulaud, Président, a indiqué que le vote de lavis sur les crédits du ministère des Affaires étrangères aurait lieu lors de la séance de la Commission de la Défense le 3 novembre. * * * Au cours de sa réunion du 3 novembre 1999, la Commission de la Défense a donné un avis favorable à ladoption des crédits du ministère des Affaires étrangères pour 2000, les membres des groupes DL, RPR et UDF votant contre et ceux du groupe communiste sabstenant. N°1864-01. - Avis de M. Bernard Cazeneuve , au nom de la commission de la Défense, sur le projet de loi de finances pour 2000. - Affaires étrangères : affaires étrangères et coopération - Cliquer ici pour retourner au sommaire général - Cliquez ici pour retourner à la liste des rapports et avis budgétaires - Cliquez ici pour retourner à la liste des discussions budgétaires
|