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le 6 novembre 2000
N° 2624
______
ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 12 octobre 2000.
RAPPORT
FAIT
AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE L'ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN (1) SUR
LE PROJET DE loi de finances pour 2001 (n° 2585),
PAR M. DIDIER MIGAUD,
Rapporteur Général,
Député.
--
ANNEXE N° 40
DEFENSE
Rapporteur spécial : M. Jean-Michel BOUCHERON
Député
____
(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.
Lois de finances.
La commission des finances, de l'économie générale et du plan est composée de : M. Henri Emmanuelli, président ; M. Didier Migaud, rapporteur général ; MM. Michel Bouvard, Jean-Pierre Brard, Yves Tavernier, vice-présidents, MM. Pierre Bourguignon, Jean-Jacques Jégou, Michel Suchod, secrétaires ; MM. Maurice Adevah-Poeuf, Philippe Auberger, François d'Aubert, Dominique Baert, Jean-Pierre Balligand, Gérard Bapt, François Baroin, Alain Barrau, Jacques Barrot, Christian Bergelin, Éric Besson, Alain Bocquet, Augustin Bonrepaux, Jean-Michel Boucheron, Mme Nicole Bricq, MM. Christian Cabal, Jérôme Cahuzac, Thierry Carcenac, Gilles Carrez, Henry Chabert, Didier Chouat, Alain Claeys, Yves Cochet, Charles de Courson, Christian Cuvilliez, Arthur Dehaine, Jean-Pierre Delalande, Francis Delattre, Yves Deniaud, Michel Destot, Patrick Devedjian, Laurent Dominati, Julien Dray, Tony Dreyfus, Jean-Louis Dumont, Daniel Feurtet, Pierre Forgues, Gérard Fuchs, Gilbert Gantier, Jean de Gaulle, Hervé Gaymard, Jacques Guyard, Pierre Hériaud, Edmond Hervé, Jean-Louis Idiart, Mme Anne-Marie Idrac, MM. Michel Inchauspé, Jean-Pierre Kucheida, Marc Laffineur, Jean-Marie Le Guen, Guy Lengagne, Maurice Ligot, François Loos, Alain Madelin, Mme Béatrice Marre, MM. Pierre Méhaignerie, Louis Mexandeau, Gilbert Mitterrand, Alain Rodet, José Rossi, Nicolas Sarkozy, Gérard Saumade, Philippe Séguin, Georges Tron, Jean Vila.
CHAPITRE PREMIER : L'EUROPE DE LA DÉFENSE 9
I.- DES AVANCÉES POLITIQUES 9
A.- LA FORCE DE RÉACTION RAPIDE DE L'UNION EUROPÉENNE 9
B.- L'HARMONISATION BUDGÉTAIRE NE SUIT PAS 11
II.- LA COOPÉRATION EUROPÉENNE EN MATIÈRE D'ARMEMENT : DES HAUTS ET DES BAS 17
A.- TIRER LES ENSEIGNEMENTS DES ÉCHECS 17
B.- EN ATTENDANT L'OCCAR 20
CHAPITRE II : FONCTIONNEMENT : VERS UNE PROFESSIONNALISATION RÉUSSIE 25
I.- UN FORMAT GLOBALEMENT CONFORME AUX PRÉVISIONS 27
A.- LA DISPARITION PROGRESSIVE DES APPELÉS ET LE RELAIS DES VOLONTAIRES 29
B.- LE RECRUTEMENT DES ENGAGÉS 30
C.- LE RAJEUNISSEMENT DES CADRES 32
D.- LE SOUS-EFFECTIF DES PERSONNELS CIVILS 34
II.- LA PRESSION DES DÉPENSES DE RÉMUNÉRATION 36
A.- DES PROCÉDURES DÉROGATOIRES QUI FACILITENT LE REPORT DE CHARGES 41
B.- L'IMPACT DES OPÉRATIONS EXTÉRIEURES 44
C.- UNE DÉPENSE INDEMNITAIRE PEU MAÎTRISÉE 49
D.- LES MESURES PROPOSÉES POUR 2001 53
III.- DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT PROGRESSIVEMENT AJUSTÉS AUX BESOINS 55
A.- LES ÉCONOMIES À DIMENSION VARIABLE DE LA PROFESSIONNALISATION 56
B.- LA PRISE EN COMPTE DE L'ACTIVITÉ DES FORCES 59
C.- LE DÉVELOPPEMENT DE L'EXTERNALISATION 62
CHAPITRE III : ÉQUIPEMENT : UN PILOTAGE ENCORE LABORIEUX 67
I.- ANNULATIONS, CONSOMMATION ET PROGRAMMATION 68
A.- 1999 : DES ANNULATIONS IMPORTANTES 71
B.- UNE CONSOMMATION INFÉRIEURE AUX PRÉVISIONS 72
II.- LE FINANCEMENT DES PROGRAMMES D'ARMEMENT 76
A.- LES RÉDUCTIONS DE COÛTS OBTENUES PAR LA DGA 77
B.- LES COMMANDES GLOBALES : ENTRE RATIONALISATION DE LA GESTION ET ORTHODOXIE BUDGÉTAIRE 80
III.- LA RECHERCHE : UN EFFORT INSUFFISANT 85
IV.- L'ENTRETIEN PROGRAMMÉ DU MATÉRIEL : DES EFFORTS DE RATIONALISATION 90
A.- LA SIMMAD 91
B.- LE SERVICE DE SOUTIEN DE LA FLOTTE 93
V.- LES SCORIES : UNE PRÉSENCE PESANTE 94
A.- LES RESTRUCTURATIONS 95
B.- LES COMPENSATIONS ACCORDÉES À LA POLYNÉSIE 97
1.- Des engagements de l'État extrêmement généreux 98
2.- Des procédures sans contrôles sérieux 100
3.- Une conception extensive de la reconversion économique 101
C.- LE BUDGET CIVIL DE RECHERCHE ET DE DÉVELOPPEMENT 103
CHAPITRE IV : RESTRUCTURATIONS ET RÉORGANISATIONS 105
I.- L'ARMÉE DE TERRE 106
II.- L'ARMÉE DE L'AIR 109
III.- LA MARINE 110
CHAPITRE V : L'ENVIRONNEMENT DES FORCES 113
I.- LA DÉLÉGATION GÉNÉRALE POUR L'ARMEMENT 113
A.- LA BAISSE DU COÛT D'INTERVENTION DE LA DGA 113
B.- UN EXEMPLE APPLIQUÉ : LA DIRECTION DES CENTRES D'EXPERTISES ET D'ESSAIS 115
II.- OTAN : LA PARTICIPATION FRANÇAISE 118
III.- LE RENSEIGNEMENT 123
A.- LA DIRECTION GÉNÉRALE DE LA SÉCURITÉ EXTÉRIEURE 123
B.- LA DIRECTION DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE 126
CHAPITRE VI : L'EXÉCUTION DES GRANDS PROGRAMMES 131
I.- LES FORCES NUCLÉAIRES 131
A.- LES CRÉDITS TRANSFÉRÉS AU COMMISSARIAT À L'ÉNERGIE ATOMIQUE (CEA) 133
B.- LE DÉMANTÈLEMENT 135
1.- Le démantèlement de la composante terrestre 135
2.- Le démantèlement des sites de production de matières nucléaires 136
C.- LA SIMULATION 137
D.- LA FORCE OCÉANIQUE STRATÉGIQUE 142
E.- LA COMPOSANTE AÉROPORTÉE 150
F.- LES TRANSMISSIONS 153
II.- L'ESPACE 155
A.- L'OBSERVATION 155
B.- LES TÉLÉCOMMUNICATIONS 160
C.- L'ÉCOUTE ÉLECTROMAGNÉTIQUE 163
III.- L'ARMÉE DE L'AIR 165
A.- LES AVIONS DE COMBAT 166
1.- Le Rafale : une étape décisive 166
2.- Le Mirage 2000 D 176
3.- La rénovation des Mirage 2000 DA (Mirage 2000-5 France) 177
B.- LES MISSILES 178
C.- LES MATÉRIELS ÉLECTRONIQUES 182
D.- L'AVION DE TRANSPORT EUROPÉEN 185
IV.- LA MARINE 192
A.- LE GROUPE AÉRONAVAL 193
B.- LES AUTRES PROGRAMMES NAVALS 200
C.- L'HÉLICOPTÈRE DE TRANSPORT NH90 204
V.- L'ARMÉE DE TERRE 207
A.- LE CHAR LECLERC 208
B.- LE VÉHICULE BLINDÉ DE COMBAT D'INFANTERIE 210
C.- L'HELICOPTÈRE DE COMBAT TIGRE 213
D.- LA VALORISATION DU SYSTÈME ANTIAÉRIEN ROLAND 215
E.- LE MISSILE ANTICHAR DE 3ÈME GÉNÉRATION À MOYENNE PORTÉE 217
CHAPITRE VII : L'AVENIR DES « INDUSTRIELS D'ÉTAT » 221
I.- LA DIRECTION DES CONSTRUCTIONS NAVALES 221
A.- LA REFORME MISE EN PLACE EN 2000 : UNE ETAPE INTERESSANTE 222
B.- UN PROCESSUS DE REDRESSEMENT QUI DEMANDERA DES EFFORTS IMPORTANTS 224
II.- LE GROUPE GIAT INDUSTRIES 227
A.- UNE DÉCENNIE DE PERTES 227
B.- DES PERSPECTIVES D'ACTIVITÉ PEU FAVORABLES 229
C.- LA RÉDUCTION DES COÛTS 233
EXAMEN EN COMMISSION 239
Article 33 : Mesures nouvelles - Dépenses ordinaires des services militaires 243
Article 34 : Mesures nouvelles - Dépenses en capital des services militaires 245
ANNEXE : LISTE DES PERSONNES ENTENDUES 247
La politique européenne de sécurité et de défense a connu une étape décisive en décembre 1999 au sommet d'Helsinki avec l'adoption du projet de mise en place d'une force de réaction rapide propre à l'Union européenne, après la déclaration franco-britannique de Saint-Malo en décembre 1998, qui poursuivait le même objectif.
Cette initiative devrait permettre de consolider la coopération européenne en matière d'armement, de même que le choix du missile air-air Météor par le Royaume-Uni ou la décision de lancer l'avion européen de transport confirmée officiellement au salon de Farnborough en juillet 2000.
Conférer à l'Union européenne des compétences en matière de défense et lui assigner comme objectif une capacité d'action autonome dans le règlement des missions dites de Petersberg (maintien de la paix, rétablissement de la paix et action humanitaire) constitue un changement institutionnel et stratégique dont l'ampleur est considérable.
Sa portée pratique dépendra aussi d'une certaine harmonisation de l'effort budgétaire consenti en matière de défense par les pays européens.
L'application des décisions prises à Helsinki a fait l'objet de travaux intenses, notamment sous la présidence française de l'Union, ce qui devrait permettre au sommet de Nice, en décembre 2000, de faire largement progresser le processus.
Sur un plan capacitaire, le catalogue de forces est en train de se bâtir ; il répartira les contributions des membres de l'Union à la force de réaction rapide définie par le sommet d'Helsinki : 60.000 hommes déployables en 60 jours et pouvant demeurer un an sur place, 150 navires et 300 à 350 avions de combat.
Deux difficultés surgiront inévitablement : le degré de mutualisation des moyens stratégiques et la réponse aux carences globales constatées.
S'agissant des capacités stratégiques, il conviendra de définir des modalités de coopération appropriées (mise à disposition de l'Union européenne) en matière de renseignement, de commandement (planification, état-major), contrôle et communication, avec l'OTAN mais aussi entre les différents pays membres.
Des carences seront inévitablement identifiées dans ces domaines où l'OTAN bénéficie d'une position de force.
Il est vraisemblable que d'autres lacunes apparaîtront, notamment pour les moyens aériens hors aviation de combat (Awacs, ravitailleurs en vol, hélicoptères de recherche et sauvetage, hélicoptères de man_uvre...) ou dans la lutte antiradar.
Là encore, des solutions devront être trouvées : achats sur étagères, lancement de programmes en coopération, locations à l'OTAN...
Les Européens devront aussi, d'ici le 20 novembre, coordonner leurs offres, se répartir les postes et les fonctions clé, expertiser le réalisme des propositions avancées (disponibilité et durée de déploiement) sans froisser les susceptibilités nationales, en vue d'aboutir à une planification crédible des moyens.
Sur un plan institutionnel, il conviendra de définir précisément les compétences et les pouvoirs des organes permanents de décision de la politique européenne de défense, vraisemblablement dans la continuité des structures temporaires mises en place en 2000 : comité politique et de sécurité (COPS), comité militaire, état-major, centre de situation civilo-militaire.
Ceci passera par la clarification des relations avec les États tiers (membres de l'UEO ou de l'OTAN mais pas de l'UE), la définition des relations entre le COPS et le comité des pays contributeurs lors d'une opération donnée, des arrangements UE/OTAN, du concept d'emploi des forces de police et du transfert des fonctions et des moyens, notamment satellitaires, de l'UEO à l'UE. Ces constructions institutionnelles, aussi importantes soient-elles, ne doivent pas faire oublier la réalité : en cas de crise, la relation intergouvernementale directe reprend le dessus et les décisions se prennent au plus haut niveau, ce qui est légitime et rassurant.
Il est frappant de constater que le débat sur l'harmonisation des efforts de défense des pays européens a quasiment disparu de la scène publique. On voit cependant mal comment l'Union européenne peut affirmer son autonomie d'action en matière de règlement des crises si ses principaux membres ne coordonnent pas leurs efforts budgétaires selon une répartition équilibrée des contributions.
S'il n'est ainsi plus question des critères de convergence en matière de défense, c'est peut-être aussi parce que les politiques budgétaires divergent fortement, comme le montrent les données ci-après :
PART DES DÉPENSES DE DÉFENSE (HORS PENSIONS) DANS LE PIB EN STRUCTURE OTAN À PARTIR DES MONNAIES COURANTES (en %) | ||||||
Année |
France |
Allemagne |
Royaume Uni |
Espagne |
Italie* |
États-Unis |
1990 |
2,85 |
2,43 |
3,75 |
1,43 |
1,64 |
5,22 |
1991 |
2,85 |
1,95 |
3,91 |
1,31 |
1,59 |
4,61 |
1992 |
2,70 |
1,78 |
3,54 |
1,15 |
1,52 |
4,80 |
1993 |
2,66 |
1,58 |
3,35 |
1,31 |
1,61 |
4,49 |
1994 |
2,63 |
1,40 |
3,14 |
1,10 |
1,52 |
4,11 |
1995 |
2,42 |
1,31 |
2,86 |
1,15 |
1,33 |
3,79 |
1996 |
2,33 |
1,28 |
2,83 |
1,09 |
1,49 |
3,52 |
1997 |
2,28 |
1,22 |
2,60 |
1,06 |
1,18 |
3,39 |
1998 |
2,12 |
1,199 |
2,56 |
0,98 |
1,20 |
3,17 |
1999** |
2,14 |
1,17 |
2,47 |
1,16 |
3,10 | |
(*) Depuis 1997, les montants ne sont pas significatifs à cause d'un changement de comptabilisation des pensions. (**) Prévisions. |
On constate la position médiane de la France qui, avec 2,14 % du PIB consacrés en 1999 à la défense, est à mi-chemin des États-Unis (3,10 %) et de la plupart des pays européens. L'écart avec la Grande-Bretagne et même les États-Unis s'est resserré depuis 1990.
L'examen des mêmes données en valeur absolue, par habitant et selon la méthode de conversion des parités de pouvoir d'achat amène aux mêmes conclusions pour ce qui concerne l'Europe mais démontre l'ampleur de l'effort des États-Unis par rapport aux autres pays :
DÉPENSES DE DÉFENSE PAR HABITANT (hors pensions) EN STRUCTURE OTAN en francs courants* | ||||||
Année |
France |
Allemagne |
Royaume-Uni |
Espagne |
Italie |
États-Unis |
1990 |
3.328 |
2.951 |
3.926 |
1.108 |
1.763 |
7.666 |
1991 |
3.436 |
2.164 |
3.979 |
1.069 |
1.782 |
6.779 |
1992 |
3.348 |
2.108 |
3.802 |
975 |
1.772 |
7.270 |
1993 |
3.340 |
1.932 |
3.728 |
1.146 |
1.871 |
7.244 |
1994 |
3.403 |
1.824 |
3.667 |
996 |
1.886 |
7.012 |
1995 |
3.221 |
1.780 |
3.382 |
1.084 |
1.716 |
6.578 |
1996 |
3.170 |
1.784 |
3.634 |
1.084 |
2.018 |
6.439 |
1997 |
3.206 |
1.756 |
3.533 |
1.107 |
1.631 |
6.482 |
1998 |
3.088 |
1.765 |
3.531 |
1.067 |
1.696 |
6.273 |
1999** |
3.209 |
1.773 |
3.517 |
1.694 |
6.236 | |
Sources : OTAN - Memorandum statistique de juin 1999 (retraitement DAF) | ||||||
* Montants convertis aux taux de parité de pouvoir d'achat | ||||||
** Prévisions |
Ces données concernent l'effort global de défense, pensions militaires exclues. La comparaison de l'effort de défense appelle de nombreuses précautions méthodologiques et des retraitements de périmètre importants afin de comparer ce qui est comparable. On peut citer l'existence d'une Gendarmerie, d'une force de dissuasion, d'arsenaux, etc.
Les différences de format sont importantes et dépendent fortement du degré de professionnalisation. Les Pays-Bas, la Belgique, la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne ont ainsi renoncé à la conscription. Il faut aussi prendre en compte le clivage civils/militaires et éventuellement l'organisation militaire proprement dite (Marines aux États-Unis, Gurkhas britanniques, etc.).
L'un des critères budgétaires les plus pertinents en matière de comparaison internationale est celui de l'effort d'équipement de défense par rapport au PIB. Il permet notamment de mesurer l'effort d'acquisition de chacun en vue de coopérations internationales. Il neutralise l'impact de l'organisation des forces et permet de disposer d'une appréciation sur le clivage fonctionnement/équipement. Les chiffres ci-après mesurent les dépenses de défense en capital selon la nomenclature OTAN, c'est-à-dire agrégeant les dépenses de fabrication, de recherche, de développement et d'infrastructure.
DÉPENSES DE DÉFENSE EN CAPITAL (en % du PIB) | ||||
France |
Allemagne |
Royaume-Uni |
États-Unis | |
1990 |
1,20 |
0,62 |
0,95 |
1,46 |
1991 |
1,19 |
0,47 |
1,02 |
1,34 |
1992 |
1,08 |
0,37 |
0,82 |
1,17 |
1993 |
1,02 |
0,30 |
1,21 |
1,06 |
1994 |
1 |
0,27 |
1,11 |
1,26 |
1995 |
0,85 |
0,27 |
0,82 |
1,14 |
1996 |
0,79 |
0,26 |
0,87 |
1,02 |
1997 |
0,76 |
0,24 |
0,81 |
0,94 |
1998 |
0,64 |
0,27 |
0,83 |
0,87 |
1999 |
0,65 |
0,28 |
0,81 |
0,80 |
2000 (1) |
0,64 |
NC |
0,79 |
0,73 |
(1) Estimations. |
Ces chiffres traduisent la baisse généralisée de l'effort d'équipement des pays occidentaux. Toutefois, cette décroissance est plus ou moins affirmée. Elle reflète bien sûr la baisse de l'effort global de défense mais aussi les arbitrages faits entre la baisse des dépenses de fonctionnement et celles d'équipement. On constate ainsi que l'Allemagne a sacrifié davantage encore son budget d'équipement qui représente moins du quart du total de ses dépenses de défense.
Ses dépenses de rémunération sont ainsi élevées en raison à la fois de son format, de son taux de professionnalisation important pour une armée de conscription (60 %) et du niveau de rémunération de ses appelés.
A la suite de la crise du Kosovo et des travaux de la Commission consacrée à l'avenir de la Bundeswehr, présidée par l'ancien président fédéral Richard von Weizsäcker, l'Allemagne s'est engagée dans un processus de réforme de son outil de défense afin d'accroître sa mobilité, son caractère projetable et sa contribution au règlement international des crises.
Il est ainsi envisagé de réduire les effectifs militaires de 340.000 hommes actuellement à 280.000 hommes en 2004 dont 160.000 appartenant aux forces opérationnelles projetables rapidement et 120.000 relevant du soutien au sens large.
Dans le même temps, les civils passeraient de 130.000 personnes actuellement à 85.000 personnes.
En tout, les effectifs civils et militaires évolueraient donc de 470.000 personnes à 365.000 personnes d'ici 2004.
En matière d'équipement, l'accent serait mis sur le renseignement spatial (programme d'observation radar Sar Lupe), les moyens de communication et de commandement, la frappe de précision à distance, la surveillance maritime et la capacité de projection.
On peut cependant légitimement douter de la réalité de la marge de man_uvre financière qui accompagnera les intentions allemandes.
En effet, la réduction du format, de grande ampleur dans un délai assez bref, nécessitera un financement spécifique considérable, comparable dans ses mécanismes à celui de la LPM 1997-2002 en France (pécules, restructurations). Par ailleurs, les intentions affichées en matière de revalorisation de la condition militaire (rémunérations, formations) généreront aussi d'importants surcoûts.
Le rééquilibrage au profit de l'équipement s'annonce donc difficile à court terme sauf à augmenter le budget global de la défense mais le gouvernement allemand s'est orienté dans l'autre direction puisque ce budget, d'un montant de 47,3 milliards de marks en 1999 passera progressivement à 43,7 milliards de marks en 2004. A ce budget s'ajoute cependant une contribution annuelle de 2 milliards de marks au titre de la participation allemande à la SFOR en Bosnie, très largement calculée, ce qui permet des financements complémentaires pour l'outil de défense.
Il est donc très peu probable que l'Allemagne augmente significativement son effort d'équipement pourtant déjà très faible (moins de 40 milliards de francs en 1999), alors qu'elle est pourtant engagée dans des programmes structurants (hélicoptère NH 90, hélicoptère Tigre, avion de transport européen, avion de combat Eurofighter).
La comparaison entre l'effort d'équipement de la France et celui du Royaume-Uni est plus complexe. Il semble bien que l'écart, qui s'est aggravé en 1998 au détriment de la France, se stabilise depuis, ce qui autorise le Royaume-Uni à revendiquer un rôle moteur pour certaines capacités ou technologies clé.
Avec un budget d'équipement supérieur à 10,2 milliards de livres sterling (hors immobilisations) en 1998/1999 et 1999/2000, le Royaume-Uni a concrétisé son intention affichée à la suite de la « Strategic defence Review » de donner la priorité à l'équipement des forces. Ceci n'est pas sans conséquence sur la répartition des plans de charges des industriels entre la France et le Royaume-Uni et sur les rapports de force internes dans un contexte d'intégration industrielle et de construction d'un outil opérationnel commun.
Il y a là un enjeu stratégique qui, avec celui du renseignement et des systèmes de commandement, s'avérera déterminant dans l'équilibre futur de la construction européenne de défense. Il ne s'agit pas d'instaurer une quelconque compétition entre les trois grands européens, mais il est évident que la crédibilité de l'outil de Défense européen résultera non seulement du niveau d'équipement mais aussi du niveau de cohérence des efforts respectifs des nations pilotes.
II.- LA COOPÉRATION EUROPÉENNE
EN MATIÈRE D'ARMEMENT : DES HAUTS ET DES BAS
La conduite de programmes en coopération internationale n'est pas une nouveauté puisqu'elle remonte au moins aux années 1960 entre la France et l'Allemagne ou la France et la Grande-Bretagne, notamment sur des programmes de missiles.
Ce qui est nouveau, en revanche, c'est la part prise par ces programmes et le début d'institutionnalisation de la coopération européenne dans ce domaine avec la montée en puissance de l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR).
Il faut toutefois reconnaître que cette politique n'est pas toujours auréolée de succès et que la coopération réserve parfois de mauvaises surprises. Il conviendra de tirer les enseignements des échecs mais aussi des succès pour définir la conduite des programmes majeurs qui s'annoncent (A400M, missile air-air, notamment).
Sur l'ensemble de la programmation, les programmes conduits en coopération européenne, au nombre d'une vingtaine, mobiliseront de l'ordre de 30 milliards de francs, soit plus de 9 % des crédits de paiement consacrés à l'équipement des armées. Cette part ne fera qu'augmenter après 2002 compte tenu du volume financier des nouveaux programmes en coopération annoncés.
LISTE DES PRINCIPAUX PROGRAMMES EN COOPÉRATION | ||||||||
Programmes |
Partenaires |
|||||||
Allemagne |
Italie |
Espagne |
Royaume-Uni |
États-Unis |
Autres | |||
Hélicoptère TIGRE |
||||||||
Hélicoptère NH 90 |
Pays-Bas | |||||||
Véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI) |
||||||||
Radar de contre batterie (COBRA) |
||||||||
ACED obus antichar à effet dirigé Obus (BONUS) |
Suède | |||||||
Frégates Horizon |
||||||||
Torpille MU 90 |
||||||||
Missile antichar 3ème génération moyenne portée (AC3GMP) (1) |
Belgique Pays-Bas | |||||||
Missile antichar 3ème génération longue portée (AC3GLP) (2) |
||||||||
Valorisation ROLAND |
||||||||
Système principal de missile antiaérien (PAAMS) |
||||||||
Missile de croisière SCALP EG |
||||||||
Famille de missiles sol-air futurs (FSAF) |
||||||||
HELIOS I |
||||||||
Système de distribution d'informations multifonctions (MIDS) |
||||||||
Système d'identification ami-ennemi (IFF futur) |
||||||||
Système d'aérodynes télépilotés Brevel(2) |
||||||||
Roquette LRM NG |
||||||||
Avion de transport futur (A400M)(3) |
Turquie Belgique | |||||||
Missile d'interception à domaine élargi (MIDE) (3) |
Suède | |||||||
(1) le Royaume-Uni a annoncé le 27 juillet 2000 qu'il ne participerait pas à la phase de production. (2) participation de la France limitée à la phase de production. (3) négociation en cours. |
Les raisons de cette politique qui ne fera que se développer dans les années à venir sont connues : baisse des coûts à la charge de chaque État, promotion de l'interopérabilité des matériels d'armées appelées à agir ensemble, amorce d'une identité européenne de défense.
La coopération européenne est indispensable mais elle n'est pas le remède à toutes les difficultés de la conduite des programmes. Elle peut générer des étalements de calendrier en raison de la difficulté de concilier les besoins et les échéances de chacun ; la définition des spécificités est trop souvent plus cumulative que rationalisée.
De même, la règle du juste retour appliquée au cas par cas compliquait le partage industriel et les motivations des partenaires n'apparaissaient pas toujours très clairement dès le début de la coopération. En cas de retrait d'un partenaire majeur, les autres États ont du mal à rebondir et doivent parfois sacrifier des capacités initialement jugées importantes mais impossibles à financer sans le partenaire déficient.
La baisse générale des budgets de défense et les calendriers décalés des différents gouvernements qui lancent les uns après les autres des revues des programmes et des exercices systématiques de réduction de coûts ne facilitent pas la rapidité de la prise de décision. Des reports ou des échecs apparaissent même si, inversement, d'autres programmes se déroulent bien ou sont lancés sur de bonnes bases.
En matière spatiale par exemple, l'échec a failli être majeur après le retrait allemand des satellites d'observation optique et le renoncement des Britanniques à s'engager sur le satellite de télécommunication successeur de Syracuse II en 1998. L'annonce d'une coopération renouvelée en matière d'observation radar avec l'Allemagne ou l'Italie permettra peut-être de revenir sur les échecs passés.
En matière d'équipement terrestre, le VBCI est parti sur des bases fragiles puisque les besoins des différentes armées n'étaient pas rigoureusement les mêmes, les uns voulaient un véhicule de combat, les autres un véhicule de transport de troupes. De fait, la France a lancé un appel d'offres purement national sur la version du véhicule de combat d'infanterie.
En matière d'arme anti-char, c'est la France qui a décidé de ne pas participer à la phase d'industrialisation du missile antichar de troisième génération à longue portée alors que le Royaume-Uni annonçait la même décision pour le missile de moyenne portée une année après.
Dans le domaine naval, la Grande-Bretagne a abandonné le programme de frégates Horizon après trois années de négociation en contraignant les deux partenaires restants (la France et l'Italie) à poursuivre seuls. Ne demeure que la coopération sur le système principal de missile antiaérien (principal anti-air missile system), c'est-à-dire sur le système d'armes des frégates.
De son côté, la France a décidé en 1998 son retrait du programme de porte-torpille MILAS, à l'issue de la phase de développement menée conjointement avec l'Italie.
Dans le domaine aéronautique, le lancement de la fabrication de l'hélicoptère de transport NH90 a été décidé en 2000. Les réductions budgétaires en Allemagne, les intérêts variables des différents partenaires pour chacune des deux versions (transport tactique et version navale), la réouverture de l'appel d'offres par les Pays-Bas, les échéances rapides des Scandinaves et notamment des Finlandais composaient pourtant un contexte périlleux.
Même si certains programmes en coopération connaissent un déroulement satisfaisant comme l'hélicoptère de combat Tigre ou le radar de contrebatterie Cobra, il est certain que l'organisation héritée de la situation antérieure génère trop de retards dans la conduite des programmes. L'intégration accélérée de l'industrie d'armement européenne permettra de surmonter quelques uns des handicaps de la coopération comme par exemple les questions de partage industriel.
Le lancement d'un programme structurant de l'envergure de l'avion de transport européen pourrait aussi permettre de créer une dynamique sur des bases plus optimistes. La montée en puissance de l'OCCAR devrait enfin atténuer la puissance des égoïsmes nationaux.
L'organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR) créée en 1996, regroupe aujourd'hui la France, l'Allemagne, l'Italie et le Royaume-Uni.
L'élargissement de cette organisation à de nouveaux États a été envisagé dès sa mise en place. Une des conditions d'adhésion est la participation du pays demandeur à un programme géré par l'OCCAR. L'adhésion des Pays-Bas est actuellement en cours. L'Espagne, la Suède et la Belgique se sont aussi portées candidates.
La convention internationale signée à Farnborough le 9 septembre 1998 a créé les conditions du développement de cette institution.
Les avancées obtenues dans cette convention ne sont pas minces comme en témoigne la liste suivante :
· renoncement à un calcul analytique du juste retour industriel programme par programme, pour le remplacer par la recherche d'un équilibre global multi-programmes et pluriannuel (article 5) ;
· attribution à l'OCCAR de l'élaboration des spécifications techniques conjointes pour le développement et l'acquisition d'équipements définis en commun (article 8) ;
· coordination des investissements et de l'utilisation des centres d'essais (article 8) ;
· interdiction faite au personnel de l'OCCAR d'accepter des instructions d'aucun gouvernement ni autorité extérieure à l'OCCAR (article 22) ;
· reconnaissance de la personnalité juridique la plus large qui lui permettra de conclure des contrats, d'acquérir des biens meubles ou immeubles et d'ester en justice (article 39).
L'obtention de la personnalité juridique est ainsi une étape majeure dans la mesure où elle conférera à l'OCCAR une capacité contractuelle spécifique, indispensable à la conduite de programmes mais encore faut-il obtenir la ratification de cette convention par chacun des quatre Parlements des pays signataires. L'Italie devrait rapidement conclure le processus de ratification, ce qui permettra à l'OCCAR de jouer pleinement son rôle dès le 1er janvier 2001.
Dans cette perspective, le projet de loi de finances pour 2001 prévoit d'ores et déjà, la quote part de la France pour doter le siège central de l'OCCAR des emplois et des crédits nécessaires à son fonctionnement. Ainsi 48 postes sont-ils supprimés au sein de la DGA et 2 millions de francs de crédits de fonctionnement redéployés afin de doter l'OCCAR de la contribution française. Les postes créés à cette occasion seront attribués à des personnels des nations participantes, en privilégiant volontairement des critères de compétences plutôt que les répartitions a priori entre les pays membres.
A ce stade, le montant des programmes actuellement placés sous l'égide de l'OCCAR représente plus de 42 milliards de francs, dont 20 milliards de francs au titre de la part française.
PROGRAMMES ACTUELLEMENT INTÉGRÉS DANS L'OCCAR (en millions de francs) | ||
Programmes |
Montant total phase en cours |
Part française |
COBRA - radar de contre batterie |
3.667 |
1.308 |
FSAF famille de sol-air futur |
15.230 |
8.363 |
HOT (missile) |
1.031 |
743 |
MILAN (missile) |
808 |
312 |
ROLAND (sol-air) |
203 |
98 |
TIGRE (hélicoptère) |
21.698 |
8.684 |
Totalisation |
42.637 |
19.508 |
Les nations partenaires de l'OCCAR constituent un référentiel, actuellement en phase finale d'élaboration, de règles de gestion et de procédures inspirées des méthodes en vigueur dans leurs administrations.
Dans le domaine des acquisitions notamment, les quatre pays se sont mis d'accord sur des principes structurants (mise en concurrence systématique dans tous les pays européens, extension à la concurrence extra-européenne en cas de réciprocité effective, abandon du juste retour industriel programme par programme...), totalement nouveaux par rapport aux pratiques traditionnelles de la coopération. La définition des modalités d'application de ces règles est bien avancée.
Intégrée au sein de l'OCCAR, chaque direction de programme le sera également dans son fonctionnement avec les États-majors. L'équipe ainsi constituée sera rassemblée en un même lieu, chaque membre de l'équipe disposant d'une large délégation de sa hiérarchie et travaillant dans l'intérêt du programme plutôt qu'en fonction de consignes nationales. L'échelon central de l'OCCAR définira, en liaison avec les nations, la politique et assurera la synthèse et la coordination des actions vis-à-vis des directions de programme.
Lors de la signature de l'arrangement administratif instituant l'OCCAR en novembre 1996 à Strasbourg, il a été convenu d'exclure a priori de l'OCCAR tout programme géré par une agence de l'OTAN, c'est la raison pour laquelle l'Eurofighter et l'hélicoptère NH 90 ne sont pas intégrés à l'OCCAR.
La convention signée le 9 septembre 1998 à Farnborough prévoit que tout programme mené en coopération entre les États membres puisse être intégré à l'OCCAR. Les modalités détaillées d'une telle intégration, notamment les dispositions transitoires, font l'objet d'un accord entre les États membres concernés et l'OCCAR.
Les programmes de frégate franco-italienne Horizon et de système d'arme franco-italo-britannique PAAMS sont en cours d'intégration. Les calendriers et modalités d'intégration éventuelle du programme d'avion de transport futur sont en cours d'analyse et de discussion. En revanche, quelques autres projets d'intégration (dont les programmes de missile anti-char de troisième génération) ont été abandonnés en raison d'incertitudes sur leur avenir. Les critères d'intégration doivent correspondre à une amélioration effective de la gestion des programmes. C'est pourquoi certains programmes (PzH 2000, Hélios II, SLAT) ont, dans un premier temps, été déclarés éligibles à l'intégration puis exclus.
Les perspectives d'adhésion de nouvelles nations et d'intégration de programmes importants (frégate Horizon, système anti-aérien PAAMS et avion de transport futur) augurent bien du succès de l'OCCAR alors même que, n'ayant pas encore acquis sa personnalité juridique, il ne peut encore donner sa pleine mesure.
L'OCCAR a vocation à étendre ses actions à la gestion du programme en intégrant le soutien en service.
L'accélération de la restructuration de l'industrie de défense européenne appelle une organisation étatique rapidement consolidée, notamment en matière de gestion des programmes d'armement. Dans ce contexte, l'OCCAR correspond à la vision de la France d'un rapprochement efficace des principaux pays à la fois producteurs et clients d'armement en Europe.
Dans cette perspective, la création de cet organisme représente une des initiatives les plus originales, novatrices et performantes dans le vaste éventail des instances participant à la construction de l'Europe.
FONCTIONNEMENT :
VERS UNE PROFESSIONNALISATION RÉUSSIE
Le projet de budget pour 2001 se caractérise par une grande stabilité par rapport à la loi de finances pour 2000 comme le montrent les données ci-après :
BUDGET DE LA DÉFENSE POUR 2001 (en milliards de francs) | |||
Loi de finances |
Projet de loi de finances pour 2001 |
Variation | |
Pensions |
54,8 |
55,8 |
+ 1,7 |
Titre III hors pensions |
105 |
105,5 |
+ 0,5 |
Titres V et VI (en crédits de paiement) |
83 |
83,4 |
+ 0,6 |
Total |
242,8 |
244,7 |
+ 0,8 |
Hors pensions, le budget sera sensiblement équivalent à celui de 2000 : + 0,5 % en francs courants et - 0,4 % en francs constants.
La construction budgétaire pour 2001 se situe aussi dans la continuité des deux évolutions de fond qui caractérisent le budget de la défense depuis le début de la décennie et qui sont retracées dans les graphiques ci-après.
DEUX GRAPHIQUES DAF.
Ainsi, en loi de finances pour 2001, la part des titres V et VI sera de 44 % contre 56 % pour le titre III et la part des dépenses de rémunérations et charges sociales (RCS) au sein du titre III atteindra 80,2 %.
Pour ce qui concerne le seul titre III, on constate que l'avant-dernière annuité de la programmation se caractérise par :
· une répartition des effectifs globalement conforme aux prévisions de la programmation ;
· la confirmation d'une incontestable pression des dépenses de rémunération, supérieure aux prévisions de la programmation ;
· un ajustement progressif des crédits de fonctionnement aux besoins des armées.
I.- UN FORMAT GLOBALEMENT CONFORME AUX PRÉVISIONS
Il est maintenant permis de prévoir la réussite du modèle de professionnalisation arrêté en 1996 et intégré dans la loi de programmation militaire 1997-2002. Ce succès, qui pourrait paraître naturel à des observateurs superficiels, doit être salué comme ce qu'il est, c'est-à-dire l'accomplissement dans un délai tendu d'une réforme administrative d'une ampleur considérable. En la matière, l'État, et notamment le ministère de la Défense ont su faire preuve d'une réactivité et d'une capacité d'adaptation qu'il importe de souligner.
Le pari était pourtant ambitieux car le bouleversement majeur. Le comportement civique des jeunes Français appartenant aux dernières classes d'âge incorporables ainsi que l'effort financier consenti par la collectivité au moyen de dispositifs variés et bien conçus, ont participé de ce succès.
La comparaison de la physionomie des maquettes des différentes armées telles qu'elles apparaissent après prise en compte du projet de budget pour 2001 avec celle qui fait référence pour 2002, terme de la transition vers la professionnalisation, autorise cet optimisme sur l'issue de la réforme.
Le graphique ci-après consolide l'ensemble des flux d'effectifs du ministère après prise en compte du projet de loi de finances pour 2001.
GRAPHIQUE dossier de presse (couleur)
Même si le flux de créations de postes de civils est un peu en retrait par rapport au modèle en raison de difficultés à pourvoir certains postes déjà créés, l'équilibre de la professionnalisation est respecté.
L'écart entre les effectifs budgétaires 2001 inscrits au projet de loi de finances et l'annuité de programmation 2001 telle qu'elle a été évaluée en 1996 se limite, après prise en compte des divers ajustements intervenus en 5 ans, à 0,4 %, hors effectifs d'appelés.
Le solde net des mesures d'effectif pour 2001 est retracé par le tableau ci-après.
ÉVOLUTION DES EFFECTIFS INSCRITS AU BUDGET 2001 PAR CATÉGORIE ET PAR ARMÉE OU SERVICE | ||||||||||
Air |
Terre |
Marine |
Gendarmerie |
DGA |
SSA (1) |
Essences |
Autres |
Total | ||
Militaires |
Officiers |
- 62 |
- 232 |
- 17 |
+ 223 |
- 49 |
- 24 |
+ 2 |
- 159 | |
Sous-officiers |
- 975 |
- 933 |
- 1.015 |
+ 470 |
- 29 |
- 2.482 | ||||
Militaires du rang |
+ 1.466 |
+ 5.879 |
+ 279 |
+ 30 |
+ 53 |
+ 7.707 | ||||
Appelés |
- 4.369 |
- 27.086 |
- 3.954 |
- 3.901 |
- 103 |
- 235 |
- 9 |
- 39.657 | ||
Volontaires |
+ 433 |
+ 2.019 |
+ 603 |
+ 3725 |
+ 132 |
+ 87 |
+ 6.999 | |||
Sous-total |
- 3.507 |
- 20.353 |
- 4.104 |
+ 517 |
- 20 |
- 171 |
+ 44 |
+ 2 |
- 27.592 | |
Civils |
Titulaires |
+ 315 |
+ 1.483 |
+ 355 |
+ 125 |
- 79 |
+ 377 |
+ 31 |
+ 407 |
+ 3.014 |
Contractuels |
- 33 |
- 177 |
- 9 |
- 486 |
- 13 |
- 2 |
- 12 |
- 732 | ||
Ouvriers |
- 123 |
- 989 |
- 42 |
- 62 |
- 756 |
- 518 |
- 65 |
- 1 |
- 2.556 | |
Sous-total |
+ 159 |
+ 317 |
+ 304 |
+ 63 |
- 1.321 |
- 154 |
- 36 |
+ 394 |
- 274 | |
Total |
- 3.348 |
- 20.036 |
- 3.800 |
+ 580 |
- 1.341 |
- 325 |
+ 8 |
+ 396 |
- 27.866 | |
(1) SSA : Service de santé des armées. |
L'analyse détaillée des mesures prévues au projet de loi de finances pour 2001 pour chacune des catégories de personnel confirme ce jugement.
Les appelés poursuivent leur diminution progressive (- 39.657 dont 27.000 dans l'armée de Terre) dans des proportions équivalentes à celle des quatre premières annuités de la programmation. Le processus est légèrement accéléré puisque les suppressions d'emplois d'appelés excèdent de 5.000 unités le chiffre prévu par la programmation dont 500 au titre de gage d'un relèvement des crédits consacrés à l'externalisation. Le maintien de cette ressource était indispensable à la réussite de la transition vers la professionnalisation. Comme lors des années précédentes, les jeunes Français ont fait preuve de civisme en 2000 ce qui a permis globalement de répondre aux besoins des armées.
Les différents indicateurs en matière de service national peuvent en effet être caractérisées comme suit :
· constance du taux d'insoumission à 2 % ;
· forte progression des reports demandés au titre de l'article L. 5 bis (études) en 1999 (301.000 soit + 35 % par rapport à 1998) et de l'article L. 5 bis A (contrat de travail à durée indéterminée ou déterminée) avec 38.000 reports en 1999 contre 17.800 en 1998. Au premier juillet 2000, ce type de report s'élevait à 22.500 ;
· forte progression du nombre de dispenses à caractère économique et social ;
· augmentation du taux d'exemption (29 % au premier juillet 2000 contre 22 % en 1997).
Ce bon comportement civique est aussi observé lors de la journée d'appel de préparation à la défense (APD) puisque le taux de réponse au préavis d'appel est actuellement de 83 % et le taux de présence de 90 %. En 2001, l'organisation de cette journée coûtera 135 millions de francs en fonctionnement et 56 millions de francs en investissement au ministère de la Défense.
Le projet de loi de finances prévoit la création de 7.000 emplois de volontaires dont 3.750 pour la Gendarmerie qui s'ajoutent aux 11.250 déjà créés les deux dernières années, ce qui représente 67 % du total attendu en 2002 (27.200). Première concernée par cette ressource, la Gendarmerie fait état d'une sélection suffisante (2,5 candidats par poste), d'un taux de renouvellement satisfaisant (65 %) et d'une satisfaction globale des commandants de brigade qui s'explique notamment par la durée de la formation initiale (4 mois et demi) donnée aux gendarmes-adjoints.
Le projet de loi de finances prévoit la création de 7.707 emplois de militaires du rang (MDR), inscrits en loi de programmation, pour l'essentiel au profit de l'armée de Terre (5.879 postes), de l'armée de l'Air (1.466 postes) et de la Marine (279 postes). Depuis 1997, ce sont 39.491 emplois de militaires du rang qui ont été créés, soit près de 90 % des créations d'emplois prévues par la loi de programmation militaire entre 1997 et 2002.
Ces créations de postes tiennent compte de 424 transformations de postes de sous-officiers en militaires du rang dans l'armée de l'Air et la Marine.
Le recrutement des militaires du rang est une des principales difficultés des armées professionnalisées (États-Unis, Royaume-Uni). Il conviendra d'être vigilant sur ce processus à moyen terme. Pour l'instant, les choses se déroulent plutôt convenablement.
La revalorisation du statut financier des engagés qui leur permet de disposer d'une rémunération nette de 6.593 francs par mois sans les primes d'activité (contre 4.100 francs début 1997), donc très supérieure au SMIC compte tenu des avantages en nature (alimentation, hébergement, réduction SNCF), n'est vraisemblablement pas étrangère à ces bons résultats.
S'agissant des engagés volontaires de l'armée de Terre (EVAT), l'année 1999 s'est caractérisée par un recrutement ultérieur (issu du personnel appelé ou volontaires service long) de 4.310 personnes auquel s'est ajouté un recrutement initial (issu du secteur civil) de 7.360 personnes (pour 12.000 candidats aptes), soit un total de 11.670. Pour 2000, l'objectif est de 10.500 recrutements et pour 2001 de 12.250 (créations de postes + remplacement des départs importants en raison du cumul des fins de contrats inscrits en 1998 et en 1996).
La durée moyenne de service est actuellement de 6 ans et demi. À terme, la mise en place de nouveaux parcours professionnels des EVAT devrait permettre d'atteindre 8 ans.
S'agissant des militaires techniciens de l'Air (MTA), le recrutement s'est élevé en 1999 à 2.950 personnes pour 3.160 candidatures jugées recevables et plus de 90 % des recrutés possédaient un diplôme de type CAP, BEP ou bac professionnel. L'objectif 2000 est de 2.600 recrutements et celui de 2001 de 2.500. La durée du contrat initial est de quatre ans et la durée maximale de 8 ans. L'armée de l'Air a récemment fait état de certaines tensions dans le recrutement sur des spécialités précises comme fusilier-commando, conducteur routier ou agent de restauration.
La Marine recrute de l'ordre de 2.400 engagés initiaux de longue durée (EILD) et maistranciers pour des contrats d'une durée de 4 à 8 ans. En 1999, elle a recruté 1.100 EILD pour 3.830 dossiers présentés. À ceci s'ajoutent les contrats court Marine proposés à des jeunes en difficulté d'insertion pour une durée de 26 mois éventuellement extensible à 3 ans.
Ce régime monte en puissance puisque de 500 en 1997, il est passé progressivement à 1.000 par an à partir de 2000. Des difficultés de recrutement sont apparues pour la spécialité de protection défense (sécurité des emprises à terre) dont les conditions d'emploi (port d'armes) exigent une sélection plus sévère.
Au-delà des moyens communs du ministère de la Défense (journées APD, publications de la Délégation à l'information et à la communication, site internet), les armées consacrent des ressources importantes aux campagnes de communication orientées vers le recrutement. L'armée de Terre évalue ainsi à 45 millions de francs en 2000 ses efforts dans ce domaine, l'armée de l'Air à 3,5 millions de francs, la Marine 3,3 millions de francs pour sa seule campagne intensive de janvier, la Gendarmerie 9,7 millions de francs (pour une prévision 2001 de 12 millions de francs).
La réduction du nombre de sous-officiers (2.482 postes au projet de loi de finances pour 2001) se poursuit dans la Marine (1.015), dans l'armée de l'Air (975) et au service de santé (29). Cette réduction est légèrement atténuée dans l'armée de Terre (933 postes en 2001 contre 991 en 2000).
En revanche, pour faire face à l'évolution de ses missions, la Gendarmerie verra ses effectifs de sous-officiers augmenter de 470 postes, compte tenu des restructurations prévues dans la programmation et de la création de 1.050 postes nouveaux, dont 50 postes de gendarmes d'autoroute.
De même, la Gendarmerie renforce ses effectifs d'officiers (+ 223) tandis qu'ils baissent très légèrement dans les autres armées : l'armée de l'Air (62), l'armée de Terre (232), et la Marine (17). Elles continuent d'améliorer leur taux d'encadrement en raison d'une diminution plus modérée de leurs effectifs d'officiers par rapport à la baisse des effectifs de sous-officiers et militaires du rang.
Le sujet essentiel de préoccupation pour les cadres ne relève pas du recrutement mais du rajeunissement. Afin de disposer d'une moyenne d'âge conforme aux normes d'une armée professionnelle, il est indispensable de favoriser les carrières courtes, notamment des sous-officiers, ce qui n'est pas sans poser le problème de leur coexistence actuelle ou future avec les personnels civils qui, du fait de la nature des tâches qu'ils assument, ne sont pas soumis à cet impératif de mobilité et de départ précoce.
La politique d'encouragement aux départs anticipés des cadres menée depuis 1997 a le même objectif de rajeunissement et de repyramidage des carrières.
L'instrument principal de cette politique est le pécule d'incitation au départ anticipé, institué par l'article premier de la loi N° 96-111 du 19 décembre 1996. Il faut rappeler que le pécule d'incitation au départ anticipé peut être accordé aux militaires de carrière en activité se trouvant à plus de trois ans de la limite d'âge de leur grade et qui font valoir leurs droits à une pension militaire de retraite à jouissance immédiate (25 ans pour les officiers et 15 ans pour les sous-officiers).
Le montant non imposable de ce pécule est égal à 45 mois de solde budgétaire pour le militaire se trouvant à plus de dix ans de la limite d'âge de son grade. Son montant est ensuite dégressif en fonction de la durée des services restant à accomplir avant la limite d'âge. En outre, une réduction de 10 % de ce montant est également prévue pour les pécules attribués à partir de 1999 et de 20 % à partir de 2001.
PÉCULES D'INCITATION AU DÉPART ANTICIPÉ | |||||||
1999 |
2000 |
||||||
Nombre de demandes déposées |
Nombre de demandes agréées |
% |
Nombre de demandes déposées |
Nombre de demandes agréées |
% | ||
Colonels |
24 |
21 |
87,50 |
12 |
8 |
66,66 | |
Lieutenants-colonels |
103 |
86 |
83,50 |
52 |
37 |
71,15 | |
Commandants |
5 |
1 |
20,00 |
8 |
5 |
62,5 | |
Capitaines |
81 |
42 |
51,85 |
76 |
46 |
60,52 | |
Lieutenants |
19 |
5 |
26,32 |
21 |
5 |
23,80 | |
Total officiers |
232 |
155 |
66,81 |
169 |
101 |
59,76 | |
Majors |
967 |
300 |
31,02 |
905 |
278 |
30,71 | |
Adjudants-chefs |
3.622 |
1.012 |
27,94 |
3.381 |
1.182 |
34,96 | |
Adjudants |
1.956 |
750 |
38,34 |
1.873 |
681 |
36,35 | |
Sergents-chefs |
380 |
113 |
29,74 |
395 |
147 |
37,21 | |
Sergents et gendarmes |
1.190 |
374 |
31,43 |
1.343 |
471 |
35,07 | |
Total sous-officiers |
8.115 |
2.549 |
31,41 |
7.897 |
2.759 |
34,93 |
Le nombre total d'officiers bénéficiaires du pécule est relativement stable depuis 1997 (180 en 1997, 164 en 1998, 155 en 1999) mais il a chuté en 2000. Le nombre total de sous-officiers a augmenté par rapport à 1999. En 1999, le pécule moyen des officiers était de 450 KF et celui des sous-officiers de 263 KF.
Pour 2001, le nombre prévu est en baisse puisqu'il est de l'ordre de 80 officiers et 2.000 sous-officiers.
Ce dispositif a été financé à hauteur de 572 millions de francs en 1997, 830 millions de francs en 1998 (pic sous-officiers), 742 millions de francs en 1999 (baisse des sous-officiers et effet de la dégressivité de 10 %), 762 millions de francs en 2000 et 566 millions de francs en 2001 (nouvelle diminution de 10 % du montant des pécules et diminution de leur nombre).
La stratégie en matière de pécules doit trancher entre deux options : soit faire partir le maximum de personnes et favoriser avec des pécules réduits les départs de cadres très proches de la limite d'âge de leur grade, ce qui s'apparente à un effet d'aubaine, soit privilégier le déblocage de la pyramide des carrières et faire partir moins de gens mais plus éloignés de la limite d'âge de leur grade.
La moyenne constatée en 2000 pour les sous-officiers était une durée de 5 ans et 2 mois précédant la limite d'âge de leur grade. Elle était de 5 ans et 6 mois en 1999. Pour les officiers, la moyenne était de 6 ans et 2 mois en 2000.
Malgré ces départs, l'augmentation du taux d'encadrement (rapport officiers et sous-officiers/effectif militaire total) prévue par la loi de programmation se vérifie progressivement. Il est obtenu par une diminution du nombre de cadres plus faible que celle qui est appliquée à la somme des autres catégories (appelés, engagés, volontaires).
TAUX D'ENCADREMENT (en %) |
||||||||
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Objectif 2002 | ||
Air |
57 |
60 |
63 |
68 |
71 |
73 |
71 | |
Terre |
31 |
33 |
35 |
37 |
40 |
45 |
48 | |
Marine |
59 |
62 |
66 |
70 |
73 |
78 |
78 | |
Selon le modèle de la programmation, les civils doivent passer de 73.747 personnes (13 % du total) en 1996 à 83.023 en 2002 (19 % du total), soit une progression de 12,6 %.
Les armées qui ont le plus misé sur la croissance des effectifs de civils sont la Marine, avec une évolution de 6.500 postes en 1996 (9,3 % du total) à 11.600 en 2002 (plus de 20 % du total), et dans une moindre mesure, l'armée de l'Air qui passera de 4.900 postes en 1996 (5,2 % du total) à 6.730 en 2002 (9,5 % du total).
Pour l'armée de Terre, cette catégorie revêt aussi une grande importance puisque la faible croissance des effectifs de civils (+ 6 % entre 1996 et 2002) aura paradoxalement pour effet d'en augmenter la proportion à 20 % des effectifs totaux, du fait de la réduction du format de l'ensemble. Quel que soit le modèle d'armée, les recrutements de civils sont donc fondamentaux pour la réussite de la professionnalisation.
Le nombre des personnels civils titulaires augmentera, au titre de la programmation, de 3.014 emplois en 2001. Les trois armées et la gendarmerie bénéficient de la création de 2.278 postes (315 pour l'armée de l'Air, 1.483 pour l'armée de Terre, 355 pour la Marine, 125 pour la Gendarmerie) et 736 postes sont créés dans divers services.
Le nombre des contractuels sera réduit du fait des restructurations (432 postes) mais aussi de la titularisation de certains d'entre eux (303 postes).
Si les créations de postes de civils respectent bien la programmation, les vacances d'emplois ont constitué un sujet de préoccupation récurrent depuis 1998. La situation, sans être encore pleinement satisfaisante, s'est cependant améliorée en 2000 et les mesures prévues par le projet de budget 2001 devraient permettre de progresser encore.
Au 31 décembre 1999, le sous-effectif global (fonctionnaires et ouvriers d'État) était de 9.314 et au 1er septembre 2000, il restait du même ordre de grandeur malgré les importantes créations de postes opérées par le budget 2000. Les perspectives pour la fin 2000 sont de 5.500 vacances.
S'agissant des fonctionnaires et contractuels, le sous-effectif prévisionnel à la fin 2000 est de 2.500 emplois sur un total de 48.700 postes dont 1.100 sont « mis en réserve », c'est-à-dire gelés par le ministère de l'Économie et des Finances.
Le ministère s'efforce de réduire ce chiffre élevé en anticipant la date des concours et en simplifiant leurs procédures. Au-delà de l'accélération des entrées dans les cadres, il convient aussi d'améliorer le rendement des concours d'ingénieurs et de techniciens par exemple en ciblant la publicité sur ces catégories, mais la gageure est difficile à relever du fait de l'amélioration de la conjoncture économique.
Pour ce qui concerne les ouvriers d'État, les vacances s'élevaient au 31 décembre 1999 à 4.750 postes pour un effectif budgétaire de 50.400 en 2000. L'objectif est de réduire ces vacances à 3.000 emplois à la fin de 2000, soit 6 % des postes ouverts.
La position traditionnelle du ministère de l'Économie et des Finances est l'interdiction d'embauche tant que les ouvriers en sureffectif à la DGA, à la DCN et au GIAT n'ont pas accepté leur mutation dans les armées. Ces mutations se faisant actuellement sur la base du volontariat, leur volume n'est jamais suffisant pour remplir les objectifs.
Face à cette situation dont les armées font les frais alors qu'elles n'en portent aucunement la responsabilité (l'armée de Terre comptait encore 4.500 vacances de civils en septembre 2000), plusieurs catégories de mesures ont été prises :
· des autorisations exceptionnelles d'embauche (150 en 1997, 500 en 1998, 250 en 1999) ;
· la transformation d'emplois vacants d'ouvriers d'État en emplois de fonctionnaire (987 postes pour 2001) ;
· la transformation d'emplois vacants d'ouvriers d'État en crédits de fonctionnement destinés à l'externalisation (216 millions de francs gagés par 1.000 emplois dont 750 ouvriers d'État en 2000, 104 millions de francs gagés par 1.020 emplois dont 400 emplois d'ouvriers d'État en 2001).
II.- LA PRESSION DES DÉPENSES DE RÉMUNÉRATION
Depuis plusieurs années, le ministère de la Défense peine à maîtriser l'exécution de son titre III, ce qui se manifeste par des dotations initiales en progression constante et par des ouvertures importantes de crédits en cours d'exercice, sous forme de décrets d'avance ou de lois de finances rectificatives.
CRÉDITS INITIAUX ET OUVERTURES EN COURS D'EXERCICE (en milliards de francs courants) | |||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 * |
2001 | |
Loi de finances initiale |
102,2 |
103,7 |
104 |
105 |
105,5 |
Ouvertures de crédits en exécution |
3,3 |
4,5 |
4,850 |
2,7 |
|
Total |
105,5 |
108,2 |
108,850 |
107,7 |
|
* exécution au 31 juillet. |
La même conclusion peut être tirée de l'observation de la dépense nette du ministère telle qu'estimée par la Cour des comptes dans son rapport annuel sur l'exécution des lois de finances.
DÉPENSES NETTES DU TITRE III (en millions de francs courants) | ||||
1996 |
1997 |
1998 |
1999 | |
Rémunérations |
70.595 |
71.274 |
75.818 |
76.467 |
Charges sociales |
7.149 |
7.708 |
8.114 |
8.344 |
Fonctionnement courant |
26.809 |
24.467 |
22.760 |
21.600 |
Subventions de fonctionnement |
1.029 |
1.038 |
1.239 |
1.063 |
Dépenses diverses |
1.910 |
1.810 |
1.651 |
1.869 |
Ensemble du titre III |
107.492 |
106.297 |
109.582 |
109.343 |
Prévisions LPM |
- |
102.200 |
103.300 |
104.000 |
Ce montant est très supérieur aux prévisions de la loi de programmation qui, pour la première fois, prenait en compte le titre III à l'occasion de la professionnalisation des armées. Cette réalité est moins souvent évoquée que la sous-dotation du titre V par rapport à cette même programmation.
Ce sont les dépenses de rémunérations et de charges sociales (RCS) qui expliquent l'essentiel de la croissance du titre III. Elles progressent plus vite que le reste des dépenses et elles dépassent désormais, dès la construction budgétaire, le seuil de 80 % du total.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE RCS DEPUIS 1996 | |||||||
LFI 1996 |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
PLF 2001 |
Total 2001/1996 | |
Montant des crédits RCS |
74.785 |
77.720 |
80.471 |
82.820 |
84.049 |
84.662 |
|
Variation n / (n-1) en MF |
+ 2.935 |
+ 2.751 |
+ 2.348 |
+ 1.230 |
+ 613 |
+ 9.877 | |
Variation n/ (n-1) en % |
+ 3,9 |
+ 3,5 |
+ 2,9 |
+ 1,5 |
+ 0,7 |
+ 13,2 |
Le processus semble toutefois se ralentir en 2001 puisque l'augmentation ne sera que de 613 millions de francs, soit 0,7 % contre 3,1 % en moyenne annuelle sur la période 1997-2000. La moindre inflation du « glissement vieillesse technicité » résultant de la politique de rajeunissement des cadres et les transformations d'emplois en crédits de fonctionnement consacrés à l'externalisation seraient les causes de ce ralentissement qui demande néanmoins à être confirmé en exécution.
CRÉDITS DU TITRE III (hors pensions) | ||||
LFI 2000 |
PLF 2001 |
PLF 2001/LFI 2000 (en %) |
||
Rémunérations |
75.473 |
76.066 |
0,78 | |
Charges sociales |
8.576 |
8.595 |
0,22 | |
Fonctionnement courant |
18.513 |
18.436 |
- 0,42 | |
Subventions de fonctionnement |
1.008 |
1.075 |
6,64 | |
Dépenses diverses |
1.421 |
1.341 |
- 5,63 | |
Total |
105.000 |
105.500 |
0,47 |
Dans l'édition 2000 de son rapport annuel d'exécution de la programmation, le Gouvernement apporte les éclaircissements suivants :
« De 1996 à 2001, les crédits de RCS du ministère de la défense auront augmenté de 9,9 milliards de francs soit + 13,2 %. Cette évolution s'explique par plusieurs facteurs :
· En premier lieu, la progression des RCS traduit les orientations de la politique salariale dans la fonction publique. L'évolution mécanique des RCS (revalorisation de l'indice de la fonction publique et autres mesures salariales) ainsi que diverses autres mesures représentent près de 3,8 milliards de francs sur la période. L'application des mesures de l'accord salarial de la fonction publique au personnel civil et militaire de la Défense et divers ajustements de crédits (mesures catégorielles, dispositif à l'étranger...) ont représenté un accroissement supplémentaire de 410 millions de francs. Le total de ces mesures correspond à près de 43 % de l'augmentation globale des crédits de RCS.
· En second lieu, les mesures de modification du périmètre initial de la LPM (budgétisation des gendarmes affectés aux pelotons autoroutes, débudgétisation de la partie étatique de la DCN-SPN, intégration du secrétariat d'État aux Anciens combattants) et les charges nouvelles (augmentation de l'indemnité compensatrice de la CSG et de la cotisation employeur pour le fonds spécial de pension des ouvriers des établissements industriels de l'État) ont entraîné une hausse de 2,9 milliards de francs, soit près de 30 % de l'augmentation globale.
· Enfin, les créations d'emplois de militaires du rang, de civils et de volontaires ont un coût supérieur à celui des suppressions d'emplois d'appelés et de cadres militaires. Ainsi le surcoût en RCS des mesures d'effectifs représente 1,4 milliard de francs sur la période. S'y ajoute le coût des aides au départ (640 millions de francs) et à la reconversion (18 millions de francs), la mensualisation des MDR (817 millions de francs), ainsi que l'augmentation des crédits consacrés à la nouvelle politique de réserve (115 millions de francs). A contrario, la transformation de crédits de RCS en crédits de fonctionnement consacrés à l'externalisation par la LFI 2000 et le PLF 2001 entraîne une diminution de 295 millions de francs. Au total, l'impact de la professionnalisation sur les crédits de RCS s'élève à près de 2,7 milliards de francs de 1997 à 2001, soit 27,3 % de l'évolution globale de ces crédits.
Pour l'avenir, le ministère de la défense souhaite améliorer ses instruments de prévision et de suivi de dépenses de RCS, notamment les dépenses indemnitaires fortement touchées par la professionnalisation. »
La professionnalisation (effectifs + mesures d'accompagnement) n'expliquerait donc l'inflation des RCS qu'à hauteur de 27 %, comme le résume le tableau ci-après.
ORIGINES DE L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE RCS |
|||||||||
LFI 1997 |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
PLF 2001 |
Total 2001/1996 |
Moyenne annuelle | |||
en MF |
% du Total | ||||||||
Mesures d'effectifs de la programmation |
|||||||||
Création MDR |
523,7 |
736,0 |
977,0 |
926,5 |
861,3 |
2.639,5 |
|||
Création volontaires |
- |
- |
336,2 |
483,1 |
501,5 |
819,3 |
|||
Création civils |
183,9 |
235,2 |
259,6 |
161,9 |
161,1 |
656,6 |
|||
Déflation sous-officiers. |
- 274,9 |
- 342,6 |
- 516,7 |
- 699,9 |
- 549,9 |
- 1.559,1 |
|||
Déflation appelés |
- 450,0 |
- 448,8 |
- 556,3 |
- 518,4 |
- 497,3 |
- 1.523,5 |
|||
Officiers |
17,4 |
3,0 |
- 14,8 |
- 42,5 |
- 39,3 |
- 54,3 |
|||
Total |
+ 0 |
+ 183 |
+ 485 |
+ 302 |
+ 437 |
+ 1.407 |
14,2 |
+ 281,5 | |
Accompagnement de la professionnalisation |
|||||||||
Aides au départ |
+ 670 |
+ 250 |
- 100 |
+ 20 |
- 205 |
+ 636 |
|||
Reconversion |
+ 5 |
+ 10 |
+ 3 |
+ 0 |
+ 18 |
||||
Réserves |
+ 10 |
+ 10 |
+ 30 |
+ 30 |
+ 35 |
+ 115 |
|||
Mensualisation des MDR et des élèves officiers |
+ 396 |
+ 421 |
+ 817 |
||||||
Sous-traitance |
- 205 |
- 90 |
- 295 |
||||||
Total |
+ 1.076 |
+ 686 |
- 60 |
- 153 |
- 259 |
+ 1.290 |
13,1 |
+ 258,0 | |
Total mesures d'effectifs de la professionnalisation |
+ 1.076 |
+ 869 |
+ 425 |
+ 149 |
+ 178 |
+ 2.698 |
27,3 |
+ 539,5 | |
Mesures acquises et ajustements techniques (point FP, et autres évolutions salariales et indemnitaires inéluctables) |
+ 946 |
+ 930 |
+ 840 |
+ 735 |
+ 372 |
+ 3.822 |
38,7 |
+ 764,4 | |
Mesures diverses (accord salarial, mesures catégorielles, GVT, dispositif à l'étranger, rebasage indemnitaire et divers ajustements) |
+ 181 |
- 79 |
+ 290 |
- 26 |
+ 45 |
+ 410 |
4,2 |
+ 82,0 | |
Mesures de périmètre (Budgétisation DCN, gend. d'autoroutes, FSPOIEI, CSG, Anciens combattants...) |
+ 733 |
+ 1.031 |
+ 793 |
+ 372 |
+ 18 |
+ 2.947 |
29,8 |
+ 589,4 | |
Total mesures hors professionnalisation |
+ 1.859 |
+ 1.882 |
+ 1.923 |
+ 1.080 |
+ 435 |
+ 7.179 |
72,7 |
+ 1.435,9 | |
Total général |
+ 2.935 |
+ 2.751 |
+ 2.343 |
+ 1.230 |
+ 613 |
+ 9.877 |
100,0 |
+ 1.975,4 |
Il est indéniable que les mesures d'effectifs qui résultent de la professionnalisation sont inflationnistes.
Si la professionnalisation se traduit en effet par une baisse globale des effectifs, elle entraîne surtout une modification de leur structure : des professionnels, même moins nombreux que les appelés, coûtent plus cher.
Pour mémoire, la solde spéciale d'un caporal appelé est actuellement de 939 francs par mois alors que la solde mensuelle d'un caporal volontaire est de 4.529 francs et celle d'un caporal engagé de 7.211 francs.
La portée de ces mesures est toutefois atténuée par les ajustements d'effectifs hors programmation.
On estime ainsi l'impact des mesures totales d'effectifs du projet de loi de finances pour 2001 à un surcoût net des RCS de 106 millions de francs (contre 437 millions de francs pour les seules mesures liées à la programmation) réparti comme suit :
IMPACT DES MESURES D'EFFECTIFS DU PLF 2001 SUR LES RCS
(en millions de francs) | |
Air |
- 54 |
Terre |
+ 205 |
Marine |
- 150 |
Gendarmerie |
+ 190 |
DGA |
- 31 |
Autres |
- 54 |
Total |
+ 106 |
Le moins que l'on puisse dire, c'est que malgré la revue des crédits du titre III opérée pendant l'hiver 1998-1999, une opacité relative continue de prévaloir sur l'origine exacte des surcoûts constatés en matière de RCS. La hausse des dépenses de rémunérations résulte aussi de trois causes distinctes, au-delà de celles justement développées dans le rapport du Gouvernement qui ne traite que de la croissance des dotations initiales et pas des ouvertures obtenues en exécution :
· le caractère dérogatoire des procédures d'exécution de la dépense qui favorise le report de charges d'un exercice à l'autre ;
· la multiplication des opérations extérieures ;
· l'absence de maîtrise de la dépense indemnitaire.
Ces procédures dérogatoires sont habituellement désignées par le terme générique de dépenses à bon compte. Elles regroupent les fonds d'avances destinés aux dépenses de solde et d'alimentation et les masses, elles-mêmes décomposées en quatre catégories afin de financer les dépenses d'entretien du personnel, de chauffage, éclairage, eau et force motrice, de casernement et d'entretien des matériels d'usage courant.
Le caractère dérogatoire de ces procédures de dépenses réside dans le fait que les crédits destinés à être dépensés sont extraits de la caisse du comptable public avant l'engagement juridique et versés dans les caisses des trésoriers militaires. Ce sont alors ces derniers qui effectuent les paiements venant éteindre les dettes de l'État.
Le fait que les crédits concernés soient versés par le comptable public dans la caisse d'un agent militaire, avant d'être réellement dépensés, relativise fortement l'application des principes de spécialité et d'annualité budgétaires au ministère de la Défense.
Enfin, le contrôle de droit commun est inapplicable à ces dépenses, compte tenu de leurs particularités. Le contrôle particulier qui leur est appliqué repose, d'une part, sur la responsabilité pécuniaire de tout militaire gestionnaire de fonds, selon un régime spécifique, analogue à celui des comptables publics et rapprochant les trésoriers militaires des régisseurs, d'autre part, sur l'activité de surveillance administrative et de vérification des comptes dévolue aux commissaires dans les unités et, plus largement, sur le Contrôle général des armées.
Conscient de la nécessité d'évoluer, le ministère a décidé d'engager une réflexion afin de :
· recentrer le périmètre d'utilisation des procédures dérogatoires sur ce qui demeure strictement nécessaire au terme du processus de professionnalisation, en faisant passer sous le régime de droit commun les dépenses qui pourraient désormais s'en satisfaire ;
· étudier les possibilités offertes par certaines modalités spécifiques de dépenses du droit commun (la régie d'avance, en particulier) pour vérifier dans quelle mesure leur utilisation pourrait répondre à certains besoins actuellement satisfaits par les procédures dérogatoires.
Ces travaux ont trouvé leur première traduction dans le domaine du paiement des rémunérations : le paiement sans ordonnancement préalable est appliqué au personnel civil de l'administration centrale depuis le 1er janvier 1998. Cette réforme a été étendue en 1999 au reste du personnel civil de la Défense, à l'exception des personnels ouvriers de la DGA.
S'agissant des fonds d'avance de soldes, plusieurs actions ont été menées. Traditionnellement calculé sur la base du sixième des dotations budgétaires, le montant des fonds d'avance ouverts pour la gestion 1999 a fait l'objet d'un resserrement de 30 % (7,1 milliards de francs au lieu de 10,2 milliards de francs). Ce resserrement répond au souci d'éviter l'immobilisation d'une trésorerie excédentaire au regard des besoins réels des armées.
Chaque année, les fonds d'avance de la gestion à venir étaient ouverts par anticipation dès le mois de novembre de l'exercice en cours. Motivée par la nécessité d'assurer sans rupture le passage d'une gestion à l'autre, cette anticipation a souvent permis, dans les faits, de masquer les insuffisances de dotations au regard de la dépense réelle de l'exercice. La volonté du ministère de maîtriser les reports de charges en RCS se traduit aujourd'hui en gestion par l'abondement des dotations concernées au niveau nécessaire, par la voie des décrets d'avances, des collectifs ou de redéploiements internes, ce qui permet au Parlement d'en avoir connaissance. Ainsi, fin 1999, seulement 885 millions de francs sur 7 milliards de francs de fonds d'avance ont été ouverts par anticipation.
Enfin, une plus grande transparence de la dépense réelle en cours de gestion a été recherchée en modifiant la procédure d'enregistrement des opérations comptables effectuées sur fonds d'avance. En effet, l'existence d'un article-paragraphe conventionnel (88-88) en nomenclature d'exécution permettant l'imputation globale, au sein des chapitres concernés, des mandats mensuels de recomplètement des fonds d'avance, interdisait toute connaissance détaillée de la réalité des dépenses par nature. Les sommes imputées sur cet article-paragraphe n'étaient ventilées en nomenclature d'exécution de droit commun qu'une fois par an, après la clôture de la gestion. En 1997, pour remédier à cette situation, le ministère s'était engagé à produire trimestriellement la ventilation des dépenses réelles par paragraphe, aux services de la comptabilité publique.
Ce n'est que depuis le 1er janvier 2000 que de nouvelles modalités d'exécution des dépenses ont été mises en _uvre, parmi lesquelles figurent :
· la restitution aux comptables publics, par les ordonnateurs de la Défense, à titre d'information, d'états mensuels de ventilation des dépenses sur fonds d'avance sur la base de la nomenclature budgétaire à l'article et au paragraphe d'exécution, ainsi qu'un état des effectifs soldés ;
· un état national de ventilation des dépenses (jusqu'au paragraphe budgétaire) établi par la Direction des affaires financières et transmis mensuellement à la Direction du budget du ministère de l'Économie et des Finances et à l'Agence comptable centrale du Trésor.
Derrière une formulation technique, il faut bien prendre la mesure concrète de ce que permettent de telles procédures en matière de dépenses de rémunération.
Le mécanisme des fonds d'avances permet la mise en place, deux mois à l'avance, auprès des centres payeurs de la solde des militaires, des fonds nécessaires à ces dépenses. Ces organismes reçoivent ces fonds sur leur CCP et vont ensuite assurer le paiement des rémunérations. Dès lors, les reports de charges ont lieu en faisant varier la trésorerie des CCP qui n'est pas consolidée, sans qu'il soit possible de les mesurer avec précision.
Une partie des fonds d'avance est déléguée aux corps de troupe pour la solde des appelés qui gèrent ces crédits sur les mêmes CCP que des dépenses d'alimentation ou de fonctionnement : c'est le régime de masse, qui conduit à une fongibilité des crédits. De ce fait, le contrôle de la dépense ne peut se fonder que sur les restitutions qui sont adressées par les organismes gestionnaires, sans aucun moyen de contradiction.
Le financement des opérations extérieures (OPEX) du ministère de la Défense est un sujet récurrent de discussions et d'interrogations.
Il est difficile, même si de récents efforts ont été entrepris dans ce domaine, de prévoir, en construction budgétaire, le volume de ressources supplémentaires destinées aux OPEX, alors même que ces dernières sont soumises à l'émergence de crises parfois brutales et aux aléas de la diplomatie internationale.
De même, il est souvent complexe d'évaluer, à l'occasion d'une demande d'ouverture de crédits, ce qui ressortit à un véritable surcoût directement engendré par la projection de force sur un théâtre extérieur et de ce qui relève, somme toute, de l'activité normale des armées. Le ministère de la Défense est légitimement fondé à obtenir le financement complémentaire d'une surcharge imprévue résultant directement de l'opération qui lui est imposée, mais pas davantage.
L'évaluation des surcoûts générés par les OPEX est retracée par le tableau ci-après :
SURCOÛTS DES OPÉRATIONS EXTÉRIEURES (en millions de francs) |
|||||||||||||||||||||||||
1998 |
1999 |
2000 * | |||||||||||||||||||||||
Théâtres d'opérations |
Titre III |
Titre III |
|||||||||||||||||||||||
RCS |
Alimen-tation |
Fonction-nement |
Entretien programmé des matériels |
Sous-total |
Titre V |
Total général |
RCS |
Alimen-tation |
Fonction-nement |
Entretien programmé des matériels |
Sous-total |
Titre V |
Total général |
RCS |
Alimen-tation |
Fonction-nement |
Entretien programmé des matériels |
Sous-total |
Titre V |
Total | |||||
Bosnie et Croatie |
769 |
45 |
156 |
14 |
983 |
57 |
1.040 |
709,47 |
44,38 |
138,94 |
5,81 |
898,60 |
130,12 |
1.028,72 |
683,60 |
46,53 |
163,16 |
7,25 |
900,54 |
64,33 |
964,87 | ||||
Macédoine Kosovo |
988,25 |
60,92 |
276,56 |
28,16 |
1.353,89 |
1.443,66 |
2.797,54 |
1.062,06 |
79,40 |
248,25 |
5,00 |
1.394,71 |
221,21 |
1.615,92 | |||||||||||
Tchad et Centrafrique |
271 |
36 |
186 |
12 |
504 |
44 |
548 |
181,85 |
44,78 |
105,8 |
8,49 |
340,92 |
22,68 |
363,61 |
198,27 |
35,75 |
130,92 |
10,56 |
375,50 |
31,99 |
407,49 | ||||
Liban |
60 |
-1 |
4 |
1 |
64 |
1 |
65 |
47,58 |
-0,94 |
2,46 |
0,23 |
49,33 |
0,58 |
49,91 |
53,31 |
- 0,80 |
3,65 |
0,10 |
56,26 |
1,33 |
57,59 | ||||
Autres |
223 |
13 |
85 |
7 |
328 |
116 |
444 |
181,55 |
15,64 |
85,64 |
7,38 |
290,21 |
33,42 |
323,62 |
189,72 |
11,33 |
62,20 |
5,65 |
268,90 |
53,16 |
322,06 | ||||
Total général |
1.323 |
93 |
431 |
34 |
1.879 |
218 |
2.097 |
2.108,7 |
164,78 |
609,4 |
50,07 |
2.932,94 |
1.630,45 |
4.563,39 |
2 .186,96 |
172,21 |
608,18 |
28,56 |
2.995,91 |
372,02 |
3.367,93 | ||||
* prévision annuelle arrêtée au 30 juin 2000. |
En 1998, l'estimation du surcoût total des OPEX était de 2,1 milliards de francs, le plus bas de la décennie après un sommet en 1996 (5,1 milliards de francs).
Du fait de la crise du Kosovo, 1999 renoue avec un montant élevé, proche de 4,6 milliards de francs.
Après quelques approximations successives, le chiffre finalement retenu pour l'opération menée en Macédoine et au Kosovo est de 2,8 milliards de francs, proche de celui que nous avions évoqué (2,6 milliards de francs) dans le rapport d'information intitulé « Kosovo : le prix de la paix » publié le 1er juillet 1999.
Le chiffre indiqué pour les surcoûts du titre V, soit plus de 1,4 milliard de francs, est important. Il faut savoir que l'évaluation de ce type de dépenses supplémentaires résulte souvent de conventions.
Les munitions consommées au cours des opérations extérieures et les matériels accidentés ou détruits se substituent souvent aux munitions ou matériels qui auraient été consommés, accidentés ou détruits au cours des activités normales d'entraînement. Toutefois, certaines dépenses, comme celles qui correspondent aux infrastructures spécifiques réalisées sur les lieux des opérations extérieures constituent incontestablement des surcoûts nets.
L'effectif moyen engagé en 1998 sur le théâtre d'opérations en Bosnie s'élevait à 3.900 personnes et à 2.900 personnes en Macédoine et Albanie.
Au 30 juin 1999, il était de 3.700 personnes en Bosnie et 5.800 personnes en Macédoine et au Kosovo. Au 30 juin 2000, il serait de 3.200 personnes en Bosnie, mais toujours de 5.800 personnes au Kosovo.
Traditionnellement, les RCS représentent une proportion importante des surcoûts dus aux OPEX : cette part s'élevait ainsi à 57 % du total en 1997 et 63 % en 1998. Elle a baissé en 1999 (46 %) car les opérations au Kosovo ont entraîné un fort surcoût en titre V (usure de potentiel des avions, consommation de munitions, etc...).
En 2000, la proportion remonte à 65 %. De plus, en exécution, les surcoûts RCS sont les seuls à être systématiquement et intégralement pris en compte dans les lois de finances rectificatives alors que les autres catégories de surcoût le sont au mieux partiellement.
Il est incontestable que les OPEX entraînent un surcoût de RCS même s'il a été réduit par la révision du régime de solde à l'étranger, intervenue par décret en date du 1er octobre 1997 qui a donné ses pleins effets en 1998 et 1999.
Depuis 1968, les militaires à l'étranger bénéficiaient du régime de rémunération des agents de l'État en service à l'étranger qui s'appliquait non seulement aux militaires affectés sur des postes permanents à l'étranger, mais aussi à ceux en service dans les forces prépositionnées - qu'ils soient affectés ou en renfort temporaire - et à ceux envoyés en opérations extérieures.
L'inadaptation de ce régime de rémunération, conçu pour des agents affectés pour plusieurs années à l'étranger, avec leur famille, à la situation des militaires envoyés en opération ou en renfort temporaire pour des durées courtes (4 à 6 mois) sans leur famille, a conduit à l'élaboration d'un régime spécifique qui a fait l'objet du décret n° 97-902 du 1er octobre 1997.
Dorénavant, le régime de rémunération des agents à l'étranger concerne donc exclusivement les militaires affectés à l'étranger (postes permanents à l'étranger et forces prépositionnées).
Les militaires envoyés en opération ou en renfort temporaire à l'étranger perçoivent désormais, pendant leur séjour à l'étranger, l'intégralité de leur rémunération servie en métropole (solde et accessoires de solde) à laquelle s'ajoute une " indemnité de sujétion pour service à l'étranger " (ISSE), représentant, quel que soit le pays, 1,5 fois la solde de base pour les militaires d'active. Un supplément à l'ISSE est également alloué pour chaque enfant à charge.
Quant aux financements des surcoûts ainsi générés, il avait été établi lors de la préparation de la loi de programmation militaire 1997-2002 que l'ensemble des dépenses liées aux opérations extérieures courantes seraient désormais financées sur le budget courant et que seules les dépenses imprévues liées aux opérations extérieures de grande ampleur seraient couvertes par des crédits supplémentaires.
En application de ce principe, en 1997, pour l'essentiel, seules les dépenses supplémentaires découlant des opérations en ex-Yougoslavie auront été financées par des ouvertures nettes de crédits, les autres opérations étant financées par redéploiements internes et par des mesures d'économies.
S'agissant de l'exercice 1998, outre l'inscription, dans la loi de finances initiale d'une dotation de 260 millions de francs pour couvrir les rémunérations supplémentaires versées aux personnels militaires en opérations extérieures dites « normales » (essentiellement sur le territoire africain), il a été procédé à l'ouverture complémentaire de 1,260 milliard de francs par décret d'avance en date du 21 août 1998.
Ces ouvertures de crédits couvraient en fait les seuls surcoûts en RCS et elles avaient été gagées par des annulations au titre V du budget de la Défense.
Pour 1999, comme pour 2000 et 2001, la dotation initiale a été réduite à 160 millions de francs mais le décret d'avance du 2 septembre 1999 a ouvert 2,8 milliards de francs au titre des OPEX.
Cette dotation complémentaire a couvert la totalité des surcoûts annoncés en matière de rémunérations et charges sociales (2,2 milliards de francs en plus des 160 millions de francs inscrits dans la loi de finances initiale). Elle a permis aussi de financer, comme lors des engagements exceptionnels au Koweit en 1991 et en Bosnie en 1996, la totalité des surcoûts du titre III hors RCS, c'est-à-dire fonctionnement, alimentation et entretien programmé du matériel.
Par ailleurs, le gage sur les crédits d'équipement n'a porté que sur les crédits de paiement et non pas sur les autorisations de programme.
Pour 2000, l'évaluation actuelle du surcoût OPEX s'élève à 3 milliards de francs au titre III dont 2,2 milliards de francs de RCS. La loi de finances rectificative du 13 juillet 2000 a ouvert 1,850 milliard de francs au titre des RCS auxquels s'ajoute la provision de 160 millions de francs inscrite en loi de finances initiale pour 2000, soit un total de 2.010 millions de francs.
Par ailleurs, cette même loi a ouvert 355 millions de francs au titre des surcoûts de fonctionnement OPEX des différentes armées. Enfin 160 millions de francs ont été ouverts pour l'amélioration des moyens de fonctionnement de la Gendarmerie et 335 millions de francs comme compensation à la hausse des carburants. Ces ouvertures d'un montant total de 2.540 millions de francs ont été gagées par des annulations de crédits de paiement sur le titre V à hauteur de 2.390 millions de francs.
Les OPEX génèrent donc incontestablement des surcoûts en RCS mais pas à la hauteur des ouverture de crédits obtenues, même en validant les montants déclarés par les armées qui peuvent parfois prêter à contestation (effectifs réellement sur le terrain, différences entre les individus statistiques utilisés pour calculer les surcoûts et les effectifs réels...).
IMPACT DES OPEX SUR LES SURCOÛTS DE RCS (en millions de francs) | |||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 * |
||
Augmentations des RCS décidés en cours d'année (A) |
1.700 |
4.120 |
3.350 |
1.850 | |
Surcoûts RCS déclarés au titre des OPEX (B) |
1.960 |
1.320 |
2.100 |
2.190 | |
Différence (A - B) |
- 260 |
+ 2800 |
+ 1.250 |
- 340 | |
* données arrêtées au 31 juillet 2000. |
Les exercices 1998 et 1999 ont en fait permis, par des ouvertures de crédits importantes en cours de gestion, d'apurer des montants significatifs de reports de charges sur le titre III.
Ces reports, pour l'essentiel imputables aux RCS, ont été estimés à 800 millions de francs de l'exercice 1996 sur l'exercice 1997, 2.100 millions de francs de 1997 sur 1998, 700 millions de francs de 1998 sur 1999 et 200 millions de francs de 1999 sur 2000. Ceci illustre la difficile maîtrise par le ministère de la Défense de ses charges de RCS et notamment de sa dépense indemnitaire.
La dépense indemnitaire dans les armées s'est élevée en 1999 à 16 milliards de francs alors qu'elle était inférieure à 12,8 milliards de francs en 1996. La prévision pour 2002 est de l'ordre de 16,5 milliards de francs en francs constants de 1999. Le tableau ci-après récapitule les principales indemnités militaires.
LISTE DES PRINCIPALES PRIMES ET INDEMNITÉS MILITAIRES | |||||
Coût estimé en 2000 (vert budgétaire) | |||||
(en millions de francs) | |||||
Terre |
Air |
Marine |
Gendar-merie |
Total | |
Indemnités relatives à la sujétion - Indemnité pour charges militaires (ICM) - Majoration de l'indemnité pour charges militaires (MICM) - Complément et supplément de l'indemnité pour charges militaires (CSICM) |
2.082 |
1.064 |
929 |
1.018 |
5.093 |
- Indemnité pour service en campagne |
341 |
33 |
374 | ||
- Majoration d'embarquement (20 % de la solde de base des marins) |
363 |
363 | |||
- Majoration pour services en sous-marins (50 % de la solde de base) |
182 |
||||
- Prime pour services en campagne |
15 |
15 | |||
- Indemnité de sujétions spéciales de police |
18 |
1.985 |
2.003 | ||
- Indemnité de mise en _uvre des aéronefs |
38 |
38 | |||
Primes relatives à la qualification |
|||||
- Primes des officiers brevetés (26 % de la solde de base) |
132 |
74 |
55 |
16 |
277 |
- Primes des officiers diplômés (13 % de la solde de base) |
238 |
106 |
76 |
50 |
470 |
- Prime de qualification de sous-officiers diplômés (10 % de la solde de base) |
218 |
150 |
87 |
250 |
705 |
- Prime de service des sous-officiers (5 % de la solde de base) |
311 |
220 |
180 |
437 |
1148 |
Indemnité relative aux risques encourus |
|||||
- Indemnité pour services aériens (50 % ou 25 % de la solde de base) |
671 |
380 |
173 |
33 |
1257 |
Entre 1996 et 1999, le coût indemnitaire par homme a augmenté de 58 % dans l'armée de Terre, de 49 % dans l'armée de l'Air et de 37 % dans la Marine. La professionnalisation, qui s'est traduite par la mensualisation des militaires du rang et donc par la croissance des indemnités constitutives du statut des militaires professionnels comme l'indemnité pour charges militaires, est une cause évidente de cette évolution. Elle est cependant loin d'être la plus importante en volume.
Il faut tout d'abord prendre conscience que les mesures interministérielles résultant d'accords régissant l'ensemble de la fonction publique comme la revalorisation automatique du point d'indice ou les accords de revalorisation des traitements les plus bas, impactent fortement les indemnités militaires car celle-ci sont pour la plupart directement indexées sur l'évolution du traitement.
Les mesures interministérielles spécifiquement indemnitaires affectent évidemment aussi le ministère de la défense. On estime ainsi que la création de l'indemnité exceptionnelle CSG a engendré une dépense de plus de 800 millions de francs pour les deux années 1998 et 1999. En 2001, la revalorisation de l'indemnité de résidence applicable aux militaires affectés à l'étranger coûtera presque 100 millions de francs au budget de la défense.
Par ailleurs, la professionnalisation ne s'est pas traduite que par la mensualisation de la solde des militaires du rang mais aussi par l'augmentation des primes d'engagement, de l'indemnité de départ du personnel non officier (IDPNO) dont le montant est passé en 1997 de 14 à 24 mois de la solde de base ou encore de l'augmentation des mutations entraînant le versement du complément et du supplément de l'indemnité pour charges militaires ou l'indemnité pour affectation outre-mer.
Malheureusement, les outils de prévision et de pilotage budgétaire du ministère ne se sont pas révélés à la hauteur de cette inflation : peu d'anticipation mais plutôt constat ex post et demande de crédits supplémentaires en collectif, parfois insuffisamment évalué.
Les illustrations de cette insuffisante maîtrise peuvent être résumées comme suit :
- cloisonnement des circuits administratifs entre le décideur (celui qui fait évoluer la réglementation et qui ouvre des droits nouveaux à indemnités ) et le payeur ;
- globalisation excessive ou inadaptation de la nomenclature budgétaire censée pourtant respecter depuis 1998 la séparation entre rémunérations principales et indemnités ;
- absence de restitution fiable de la dépense exécutée dans les armées, indemnité par indemnité, en raison du système de recomplètement des fonds d'avances précédemment décrit.
Par ailleurs, les exigences requises en matière de régularité n'ont pas toujours été respectées.
La base juridique de certaines indemnités est des plus fragiles (décision ministérielle dérogeant aux textes réglementaires) ou l'interprétation de certains textes est parfois des plus contestables (octroi de la prime d'embarquement aux états-majors de la Marine à terre).
Plus concrètement, le contrôle de la fonction solde peut légitimement susciter des inquiétudes du fait de l'obsolescence des systèmes informatiques et du manque de personnels dans les centres payeurs. La découverte d'une escroquerie massive à Marseille en 1999 a toutefois conduit les autorités militaires, notamment de l'armée de Terre, à réagir en accroissant les moyens de ces centres.
Face à ces insuffisances, la négociation budgétaire en loi de finances initiale a souvent conduit à des sous-estimations parfois délibérées des besoins indemnitaires. Ce fut, par exemple, le cas en LFI pour 1998 avec l'absence de financement de l'indemnité exceptionnelle de la CSG.
Il convient de remédier à ces différentes carences afin d'achever l'actuelle programmation sur des bases plus saines et de disposer d'un coût consolidé fiable de la professionnalisation en matière de RCS.
La lisibilité de l'actuelle nomenclature budgétaire doit être renforcée. L'indemnité spéciale de sujétion pour service à l'étranger (ISSE) devrait par exemple être extraite du chapitre des rémunérations principales.
Un réalignement des dotations budgétaires en fonction de la dépense réelle doit être entrepris, de même qu'un rebasage des lignes manifestement sous dotées. Il apparaît que la construction budgétaire est ainsi déficiente sur les lignes suivantes :
- indemnité pour charges militaires ;
- indemnité spéciale pour sujétions de police ;
- primes d'engagement ;
- indemnité exceptionnelle CSG .
La LFI pour 2000 avait ainsi opéré un rebasage de 200 millions de francs. Il est proposé la même mesure pour 2001. Un effort similaire à celui de 2000 et 2001 pourrait donc être envisagé en 2002 et 2003 à condition que le ministère de la défense continue à améliorer ses outils de gestion et s'engage à mettre un terme ou à régulariser les irrégularités constatées.
Outre la mesure de rebasage des indemnités à hauteur de 200 millions de francs, le projet de loi de finances pour 2001 abonde le chapitre (31-94) des provisions pour mesures générales intéressant les personnels d'un montant de 222 millions de francs, ce qui portera sa dotation à 327 millions de francs. Ceci devrait permettre de financer les effets d'une éventuelle augmentation de 0,4 % du point d'indice (275 millions de francs) ainsi qu'un contingent de 130 congés spéciaux accordés aux officiers (39 millions de francs) et un contingent supplémentaire de 289 hors échelle A (10 millions de francs) pour les armées.
Les autres mesures nouvelles en faveur du personnel s'élèveront à 87 millions de francs, dont 51 millions de francs pour les militaires et 36 millions de francs pour les civils.
S'agissant des militaires, l'accent est mis sur le service de santé des armées (SSA), la Gendarmerie et les ingénieurs de la DGA.
Le sous-effectif des médecins militaires s'accroît : il était de 0,7 % des effectifs budgétaires en moyenne en 1997 et s'est élevé à 4,3 % en 1999.
Cette situation est due à une plus grande attractivité du secteur médical civil généraliste et hospitalier, public ou privé, provoquant une diminution du nombre des candidats au recrutement et une augmentation des départs des personnels du SSA en cours de carrière.
Le plan de revalorisation proposé par le SSA sera réalisé en annuités de 15,8 millions de francs. Il se compose de trois volets :
- attribution d'une indemnité forfaitaire de compensation des gardes hospitalières, l'objectif étant de réduire sensiblement l'écart avec la fonction publique hospitalière (11,3 millions de francs en 2001) ;
- amélioration de l'avancement au grade de médecin principal (3 millions de francs) ;
- création d'une prime pour le recrutement de médecins titulaires d'une thèse (1,5 million de francs en 2001).
La gendarmerie bénéficie de mesures catégorielles pour un montant de 30 millions de francs :
- plan de requalification de ses personnels sous-officiers (4 millions de francs) ;
- augmentation du contingent des primes de qualification des officiers brevetés (2 millions de francs) ;
- augmentation du contingent des primes de qualification des sous-officiers à hauteur de 22,3 millions de francs ;
- augmentation des crédits de la nouvelle bonification indiciaire de 1,7 million de francs.
Enfin, les ingénieurs de l'armement bénéficieront de 5 millions de francs de revalorisation indemnitaire. Cette mesure s'ajoute à celles qui sont intervenues en LFI 1999 (1 million de francs) et en LFI 2000 (1 million de francs) et représente une revalorisation de près de 13 % des deux indemnités des ingénieurs de l'armement qui ne sont pas revalorisées périodiquement.
Espérons que ceci contribuera à renforcer l'attractivité de la DGA dans le classement de sortie de Polytechnique. La DGA n'a pu pourvoir que 14 des 33 postes qu'elle a offerts à la dernière promotion de polytechniciens, ce qui commence à poser de sérieux problèmes de recrutement.
S'agissant des civils, les mesures se répartissent comme suit :
- revalorisation des primes des personnels d'administration centrale et alignement du régime indemnitaire des personnels des services déconcentrés servant en administration centrale sur celui de l'administration centrale (+ 18 millions de francs) ;
- revalorisation des primes des personnels des services déconcentrés (+ 7 millions de francs) ;
- mesures catégorielles diverses ( 11 millions de francs dont 4,7 millions de francs de mesures de repyramidages).
Ces mesures doivent permettre de rapprocher la situation indemnitaire de ces personnels de celle en vigueur dans d'autres ministères et de revaloriser des indemnités qui n'ont pas connu d'augmentation significative depuis plusieurs années ; elles permettent en outre de poursuivre l'amélioration des indemnités des personnels des services déconcentrés notamment pour ceux qui sont affectés en région parisienne.
III.- DES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT PROGRESSIVEMENT AJUSTÉS AUX BESOINS
Les crédits de fonctionnement s'élèvent à 20,850 milliards de francs, soit 90 millions de francs de moins qu'en 2000.
Pendant la première moitié de l'actuelle programmation, les crédits de fonctionnement ont servi de variable d'ajustement du titre III, en contrepoint de la hausse des crédits de RCS. Depuis la loi de finances initiale 2000, un mouvement de consolidation est apparu (+ 3 % à périmètre constant alors que les effectifs baissaient de 5 %), confirmé par le projet de loi de finances pour 2001 qui se traduit par une augmentation de 1,3 % à périmètre constant alors que les effectifs baissent de près de 6 %.
Les transferts et modifications de périmètre internes au budget de la Défense seront nombreux en 2001, soit qu'ils procèdent du titre III au titre V, soit qu'ils restent internes au titre III (transformations d'emplois en crédits de fonctionnement).
Les principaux transferts sont les suivants :
Mesure |
Impact |
Augmentation des crédits de fonctionnement destinés à l'externalisation, gagée par la suppression d'emplois vacants |
104 millions de francs des RCS vers les crédits de fonctionnement (après 216 millions de francs en 2000) |
Transfert des emplois des écoles de la DGA |
10 millions de francs des RCS vers les crédits de fonctionnement |
Transfert du compte de commerce des constructions navales vers le titre III du CEDOCAR et du CCSA |
+ 70 millions de francs du titre V vers les RCS |
Transfert de dotations d'entretien programmé du matériel et de maintien en condition opérationnelle |
135 millions de francs des crédits de fonctionnement vers le titre V. |
A ces mesures de transfert, qui se soldent par un transfert de charges positif de 86 millions de francs pour les crédits de fonctionnement, il faut ajouter l'impact de la baisse du taux normal de TVA de 20,6 % à 19,6 % qui se traduit par une baisse de charges de 96 millions de francs sur les dépenses courantes, et les conséquences de deux opérations de trésorerie (prélèvement sur le compte spécial des subsistances pour l'alimentation à hauteur de 150 millions de francs et récupération de recettes d'un fonds de concours pour l'entretien immobilier à hauteur de 31 millions de francs). Au total, la progression à enveloppe constante atteint donc 1,3 %.
L'évolution des crédits de fonctionnement de la défense se caractérise par les tendances suivantes :
- les économies à dimension variable de la professionnalisation ;
- le nécessaire maintien de l'activité des forces ;
- le développement de l'externalisation.
La professionnalisation se caractérise par des réductions nettes d'effectifs et par une rationalisation de l'implantation des unités et de la gestion des soutiens ; elle a donc un impact évident sur les crédits de fonctionnement.
Les conséquences des seules mesures d'effectifs sur les crédits de fonctionnement sont estimées à une économie de 727 millions de francs pour 2001 dont 233 pour l'alimentation, 162 millions de francs pour la contribution SNCF et 332 millions de francs pour le fonctionnement courant. L'effort de rationalisation demandé en plus à la défense pour 2001 s'élève à 360 millions de francs.
L'impact de la réduction des effectifs sur le fonctionnement est donc certain, mais il n'est pas toujours arithmétiquement proportionnel. Il varie selon les catégories de dépenses.
Pour ce qui concerne l'alimentation, la correspondance est globalement établie, comme le montre le tableau ci-après.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS D'ALIMENTATION ET DES EFFECTIFS |
||||||||||||||||||||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Évolution |
|||||||||||||||||
(en %) |
(en %) |
(en %) |
(en %) |
(en %) | ||||||||||||||||||
Air |
Crédits (MF) |
530 |
483 |
- 8,9 |
404 |
- 16,4 |
371 |
- 8,2 |
317 |
- 14,6 |
- 34,4 | |||||||||||
Effectifs |
83.460 |
78.149 |
- 6,4 |
70.802 |
- 9,4 |
66.473 |
- 6,1 |
62.966 |
- 5,3 |
- 19,4 | ||||||||||||
Terre |
Crédits (MF) |
1.551 |
1.415 |
- 8,8 |
1.246 |
- 11,9 |
1.121 |
- 10 |
879 |
- 21,6 |
- 37,9 | |||||||||||
Effectifs |
219.966 |
203.214 |
- 7,6 |
186.744 |
- 8,1 |
169.342 |
- 9,3 |
148.989 |
- 12,0 |
- 26,7 | ||||||||||||
Marine |
Crédits (MF) |
589 |
557 |
- 5,4 |
464 |
- 16,7 |
440 |
- 5,2 |
371 |
- 15,7 |
- 33,43 | |||||||||||
Effectifs |
60.326 |
57.016 |
- 5,5 |
53.624 |
- 5,9 |
49.491 |
- 7,7 |
45.387 |
- 8,3 |
- 20,4 | ||||||||||||
Gendarmerie |
Crédits (MF) |
200 |
212 |
6 |
223 |
5,2 |
242 |
8,5 |
228 |
- 5,8 |
7,5 | |||||||||||
Effectifs |
92.905 |
93.654 |
0,8 |
94.174 |
0,6 |
94.665 |
0,5 |
95.182 |
- 0,5 |
1,6 | ||||||||||||
Total |
Crédits (MF) |
2.870 |
2.667 |
- 7,1 |
2.337 |
- 12,4 |
2.174 |
- 7 |
1.795 |
- 17,4 |
- 32,7 | |||||||||||
Effectifs |
456.657 |
432.033 |
- 5,4 |
405.344 |
- 6,2 |
379.971 |
- 6,3 |
290.437 |
- 23,6 |
- 32,8 |
On constate ainsi que les dépenses d'alimentation auront baissé d'un tiers entre 1998 et 2001 (de 2,7 milliards de francs à 1,8 milliard de francs) comme les effectifs militaires budgétaires du ministère (432.000 à 290.000).
Cette corrélation est plus ou moins étroite selon les armées.
Elle est en effet étroitement dépendante de la réduction des effectifs des catégories de personnel qui bénéficient de la gratuité des repas, c'est-à-dire les appelés, et, dans une moindre mesure, les personnels de certaines armées (armée de l'Air pour le déjeuner) ou en mission (équipages de la Flotte, gendarmes en opération de maintien de l'ordre, ensemble des personnels en opération extérieure).
L'exception de la Gendarmerie traduit le caractère spécifique de l'évolution de ses effectifs : seule une faible part de ses effectifs totaux est nourrie gratuitement et cette catégorie de personnel (volontaires notamment) est en augmentation sur la période.
La corrélation peut être relativisée par des mesures exogènes comme la revalorisation de la prime globale d'alimentation mais elle est tout de même globalement vérifiée.
Le même raisonnement pourrait être tenu pour d'autres catégories de dépenses de fonctionnement courant (informatique, entretien immobilier, entretien courant de matériels, chauffage, éclairage, instruction et transport).
La dotation à la SNCF est un exemple plus complexe.
Les militaires bénéficient d'une réduction tarifaire de 75 % sur le prix plein tarif des billets de train, lorsqu'ils empruntent le réseau SNCF, y compris les lignes de la zone du syndicat des transports parisiens, pour leurs déplacements professionnels comme privés.
En contrepartie de cet avantage tarifaire accordé aux militaires, le ministère de la défense verse à la SNCF une indemnité compensatrice dont le montant correspond à la différence entre la valeur des titres de transport délivrés, réduite d'un abattement commercial de 21,6 %, et la somme correspondant aux 25 % du prix des transports effectués, acquittés par les militaires ou leur administration, lors de la délivrance des billets.
Cette dépense est imputée sur le budget de la Défense (chapitre 37-94) dont la dotation s'établit à 957 millions de francs pour 2001 contre 1.030 millions de francs en 2000. Cette baisse de 73 millions de francs résulte en fait de deux mouvements opposés :
- un abattement de 163 millions de francs au titre de la baisse mécanique des effectifs militaires et notamment d'appelés,
- un rebasage de 90 millions de francs visant à amorcer l'apurement du déficit constaté depuis 1998 sur ce chapitre.
En effet, l'échéancier des abattements au titre des réductions d'effectifs semble avoir été optimiste et en avance de deux ans sur la baisse effective des factures de la SNCF. Au-delà de cet effet différé, il faut prendre en compte l'ensemble des paramètres qui peuvent impacter ce poste :
- propension des militaires à voyager, pour raisons professionnelles (restructurations) ou privées ;
- politique tarifaire de la SNCF ;
- crédibilité de la comptabilité analytique de la SNCF.
A la suite d'une mission conjointe des corps de contrôle compétents, il a été décidé de renégocier la convention avec la SNCF afin de tirer les conséquences des différentes évolutions récentes dans ce domaine. Il serait judicieux de prévoir une entrée en vigueur de cette nouvelle convention permettant la prise en compte de ses effets dans la prochaine loi de programmation.
Le projet de loi de finances pour 2001 permettra une revalorisation sensible des crédits d'activité des forces, à hauteur de 200 millions de francs, dont 120 millions de francs pour l'armée de Terre, 40 millions de francs pour la Marine et 40 millions de francs pour l'armée de l'Air. Les budgets de fonctionnement courant, hors carburant, progresseront comme suit :
Terre : - 1 % (ce qui correspond à + 4,5 % par homme)
Mer : + 3,7 %
Air : + 2,4 %
Gendarmerie : + 5,7 %
Ces budgets devraient permettre, dans la continuité des efforts déjà faits en 2000, de stopper la dégradation du taux d'activité des personnels de l'armée de Terre, comme le montrent les chiffres ci-après, même si l'on reste loin du niveau du début des années 1990 où le nombre moyen de sorties sur le terrain approchait de 100 jours par an.
ÉVOLUTION DU TAUX MOYEN D'ACTIVITÉ DE L'ARMÉE DE TERRE | |||
Année |
Nombre de journées |
Nombre de journées |
Total |
(avec matériels) |
(sans matériels) |
||
1997 |
40 |
38 |
78 |
1998 |
38 |
37 |
75 |
1999 |
34 |
34 |
68 |
2000 |
37 (prévisions) |
36 (prévisions) |
73 |
2001 |
40 (prévisions) |
40 (prévisions) |
80 |
Si l'amélioration des crédits de fonctionnement conduit à un développement significatif du taux d'activité de l'armée de Terre, il faut relever que ceci conduira aussi, par voie de conséquence, à une augmentation des indemnités pour service en campagne.
Cette indemnité, d'un taux compris entre 33 % et 71 % de la solde de base, est accordée dès lors que les militaires quittent leur garnison pour des man_uvres d'une durée supérieure à 36 heures. Son coût total est estimé à 380 millions de francs en 2000, dont 340 millions de francs pour l'armée de Terre. Elle se révèle particulièrement difficile à prévoir et à maîtriser au niveau national puisqu'elle dépend directement de l'activité des différentes unités. On pourrait envisager de l'intégrer dans le budget de fonctionnement de ces unités de manière à mieux l'adapter à la réalité des activités militaires qui, par essence, reposent sur des man_uvres et des exercices sur le terrain.
On peut aussi s'interroger sur les coûts de gestion d'un tel dispositif qui n'existe pas au Royaume-Uni et qui existe en Allemagne pour des montants très faibles et forfaitaires (3 marks pour un exercice d'une durée de plus de dix heures, 10 marks par jour au-delà de 12 heures...).
Par ailleurs, il faut relativiser la portée des statistiques relatives à l'activité qui ne prennent pas en compte les opérations extérieures. Si l'on réintègre les opérations extérieures, on obtient une amélioration du taux d'activité opérationnelle moyen de 8,5 jours en 1998 et de 14 jours en 1999. Il existe cependant des débats sans fin sur la valeur d'entraînement des opérations extérieures. Le maintien de l'ordre sur un pont à Mitrovica ne vaut pas qualification pour affronter une armée régulière dans un combat classique.
L'armée de Terre bénéficiera aussi en 2001 d'un financement de 50 millions de francs pour couvrir le coût du transport des compagnies tournantes envoyées outre-mer. Cette politique, dont le rapport d'information n° 2591 consacré à Djibouti et publié le 21 septembre 2000, a caractérisé les tenants et aboutissants, a en effet un coût, même si elle génère par ailleurs des économies au titre des RCS. La multiplication des rotations entraîne un recours accru aux compagnies aériennes civiles en sus des moyens propres à la défense dont le coût est moins facilement identifiable.
Quant à l'armée de l'Air, elle a effectué en 1999 un total de 310.580 heures de vol pour une planification initiale de 315.600 heures. Cet écart est la conséquence de la réduction du format (baisse d'activité des écoles), de l'obsolescence accéléré des moyens de transport et du poids de la crise du Kosovo qui a mobilisé beaucoup de personnel.
Pour 2000, les prévisions d'activité étaient de 317.000 heures réduites à 310.000 heures du fait du retard de la livraison du troisième Airbus A310 et de la réorganisation de la formation des pilotes. Pour 2001, la prévision est de 305.000 heures en raison de la fermeture de deux escadrons de Jaguar.
S'agissant des personnels, les objectifs sont indépendants du type d'appareil utilisé mais différents selon la spécialisation. Pour un pilote de combat, l'objectif est de 180 heures par an, soit 15 heures par mois en moyenne alors que pour un pilote de transport, la moyenne mensuelle est de 31 heures, soit 370 heures par an.
Le tableau ci-après compare l'activité moyenne des forces aériennes de plusieurs pays de l'OTAN à celle de la France pour l'année 1999.
ACTIVITÉ AÉRIENNE EN 1999 | |||||
France |
États-Unis |
Allemagne |
Royaume Uni |
||
Activité totale (Heures de vol) |
310.580 |
2.132.000 |
133.044 |
343.651 | |
Activité en heures par pilote de combat |
181 |
190 |
146 |
211 |
L'armée de l'Air participera en 2001 à deux exercices majeurs, Red Flag aux États-Unis et Cope Thunder en Alaska.
S'agissant de la Marine, le volume général d'activité des bâtiments, avec 293.000 heures de navigation, s'est stabilisé en 1999 après une période de décroissance régulière (-11 % depuis 1995) consécutive au ralliement du format.
Évaluée en jours de mer, sur la base d'un minimum de 6 heures de navigation par jour de mer, cette activité représente un total de 16.200 jours, avec la répartition moyenne suivante :
· bâtiments de combat................................ 90 jours de mer
· bâtiments de soutien................................ 69 jours de mer
· bâtiments auxiliaires................................ 79 jours de mer
· bâtiments de la gendarmerie maritime........... 94 jours de mer
Pour mémoire, le taux d'activité moyen de la Royal Navy serait de 150 jours de mer pour les bâtiments de surface.
S'agissant de l'aviation navale, le total d'heures de vol effectuées s'élevait pour l'année 1999 à 58.400 heures. Le potentiel prévu pour l'année 2000 est de 60.200 heures. Le retrait du service d'une vingtaine d'appareils en 1999 produira principalement ses effets à partir de 2000 pour atteindre un potentiel stabilisé de 60.000 heures en 2001.
Comme pour les pilotes de combat de l'armée de l'Air, la norme d'activité des pilotes de Super-Etendard est de 180 heures par an. Elle est de 220 heures en moyenne pour l'ensemble des pilotes de l'aéronautique navale.
La Gendarmerie enfin fait l'objet d'un traitement favorable puisque le projet de loi de finances pour 2001 lui attribue 350 millions de francs de crédits supplémentaires, conformément aux décisions annoncées lors du Conseil de la fonction militaire du 28 février 2000, en plus des 160 millions de francs déjà ouverts par la loi de finances rectificative du 13 juillet 2000.
Ils recouvrent le fonctionnement des brigades territoriales (162,5 millions de francs), le fonctionnement associé à la création des emplois de volontaires (105 millions de francs), des effectifs supplémentaires dans les brigades (53 millions de francs ) et sur le réseau autoroutier (2 millions de francs), le financement de surcoûts découlant du renforcement d'effectifs en zone périurbaine décidé par le Conseil de sécurité intérieure en 1999 (20,5 millions de francs) et l'augmentation des crédits consacrés aux réserves (7 millions de francs).
En matière de fonctionnement et pour l'ensemble du ministère, l'exécution 2001 sera marquée, comme l'exécution 2000, par l'évolution de la dotation consacrée aux carburants.
La construction budgétaire de 2000 avait adopté un taux de change du dollar à 6 francs et un cours du baril de brut à 14,61 dollars.
Jusqu'au 31 juillet 2000, l'Armée de l'Air a payé un tarif moyen équivalent au double de ce tarif de référence. Afin de préserver leur activité, les armées ont obtenu un abondement de 395 millions de francs dans la loi de finances rectificative du 13 juillet 2000 dont 220 millions de francs pour l'armée de l'Air, 40 millions de francs pour l'armée de Terre, 85 millions de francs pour la Marine et 50 millions de francs pour la Gendarmerie. Des dotations complémentaires sont attendues dans le collectif de fin d'année.
Pour 2001, la construction budgétaire repose sur des hypothèses d'un taux de change du dollar à 6,50 franc et d'un cours du baril de brut à 20 dollars. Ceci a conduit à revaloriser d'un montant de 700 millions de francs (soit de 31 %) la dotation aux carburants par rapport à la loi de finances initiale 2000. En 2001, le coût de la facture de la défense en carburants (opérationnel ou non) est ainsi estimé à près de 3 milliards de francs (2.970 millions de francs) ce qui représente près de 3 % du titre III.
Pour la deuxième année consécutive, le budget prévoit des crédits spécifiquement dédiés à l'externalisation (104 millions de francs en 2001, 216 millions de francs en 2000), gagés par des suppressions de postes vacants.
Bien évidemment, les armées n'ont pas attendu cette identification spécifique de crédits pour recourir à l'externalisation. On estime ainsi que le ministère de la Défense y consacre 2,8 milliards de francs par an.
L'armée de Terre y affecte un budget annuel de 900 millions de francs, soit 15 % du titre III (hors RCS).
Les principales tâches sous-traitées sont l'entretien et la réparation de l'immobilier (355 millions de francs), le transport de matériel (100 millions de francs), l'enlèvement et le traitement des déchets (101 millions de francs), la maintenance des installations de chauffage (93 millions de francs), des matériels informatiques (63 millions de francs), l'entretien des espaces verts et le nettoyage des locaux (52 millions de francs) et l'alimentation (39 millions de francs).
A côté de ces fonctions traditionnellement sous-traitées, l'armée de Terre va lancer à très court terme la préparation puis la mise en _uvre de quelques expérimentations d'envergure, consistant à externaliser une partie du soutien général des entités ou organismes suivants :
· les pôles de soutien de Metz/Nancy ;
· le Centre d'Instruction Élémentaire de Conduite (CIEC) de Mourmelon ;
· le camp de Mourmelon ;
· un organisme de formation à préciser
La Marine prévoit d'y consacrer un budget de 550 millions de francs en 2000, en forte progression par rapport à 1999 (465 millions de francs) et à 1998 (344 millions de francs). L'externalisation porte sur l'affrètement des remorqueurs de service public ou de bâtiments de soutien de haute mer (95 millions de francs), l'entretien et le soutien technique (164 millions de francs) ou le soutien des unités (130 millions de francs dont 73 millions de francs pour le transport de matériel), mais aussi la formation des contrôleurs aéronautiques au sein de l'école nationale de l'aviation civile depuis septembre 1999.
La Marine souhaite développer la sous-traitance en matière de formation, notamment pour l'enseignement du management et pour les formations aéronautiques. Dans ce domaine en effet, l'évolution constante des normes et le coût des simulateurs ont imposé de rechercher des prestataires extérieurs spécialisés.
L'armée de l'Air est l'armée qui d'ores et déjà recourt le plus à l'externalisation des tâches. Elle y a consacré 69 millions de francs en 2000, auxquels s'ajoutent 363 millions de francs sur les budgets de fonctionnement des bases. Depuis de nombreuses années, l'armée de l'Air confie à des sociétés civiles la réalisation d'activités à caractère non strictement opérationnel, parmi lesquelles :
· l'entretien de niveau technique d'intervention 3 (DC 8, Airbus, CASA 235, FALCON, C 130, Super Puma, STRIDA, simulateurs) ;
· la formation des équipages (A 310, DC 8, FALCON), des spécialistes météorologie et des linguistes ;
· l'assistance en escale (Air France Cargo) ;
· la révision de véhicules de type commercial ;
· la maintenance des matériels informatiques ;
· certaines fonctions de soutien général sur les bases aériennes (la direction départementale de l'équipement assure ainsi la fonction de service constructeur sur certaines bases).
L'armée de l'Air va généraliser, au profit de toutes les bases aériennes, l'externalisation de l'entretien des locaux et des espaces verts, du ramassage des ordures ménagères et industrielles ainsi que du nettoyage des tenues, à la suite de l'expérimentation menée dans la base entrepôt, c'est-à-dire sans avion, de Varennes-sur-Allier.
Cette expérimentation a concerné toutes les tâches de soutien, qu'il s'agisse de la sécurité, de la protection contre l'incendie, de l'entretien des espaces verts et des bâtiments, de l'hébergement, du nettoyage ou de la restauration. L'économie attendue est de l'ordre de 5 millions de francs sur 25 millions de francs par an, soit 20 %, et même davantage si on inclut la charge des pensions des personnels qui n'incombera plus à l'État. Un deuxième essai de ce type débutera à Romorantin en 2002.
Parallèlement, une campagne d'expérimentations a été lancée dans de nouveaux domaines, tels que l'entretien de niveaux un et deux de l'ensemble des véhicules de la gamme commerciale de 14 bases aériennes, l'entretien de la bureautique dans trois bases aériennes, et le soutien du réseau informatique de l'état-major de l'armée de l'Air.
L'armée de l'Air conduit enfin quelques expériences d'externalisation de postes centralisés de gestion de l'espace aérien ou de maintenance des caméras thermiques de nacelle de désignation pour tir laser.
La budget de la Gendarmerie est de 226 millions de francs pour l'externalisation. Il s'agit essentiellement de la maintenance informatique et du développement de logiciels ou d'entretien de locaux. Des expérimentations sont lancées dans le domaine de l'alimentation (école de Rochefort), du soutien automobile (groupement du Val d'Oise) et de la gestion immobilière (9.000 logements dans la circonscription d'Orléans).
L'impression générale qui se dégage de ces différentes constatations est que les armées se sont engagées très prudemment dans l'externalisation en privilégiant des fonctions traditionnelles de soutien.
Ce n'est pas le cas en Allemagne, où le gouvernement a annoncé au mois de mai 2000 un très important programme d'externalisation de fonctions actuellement assurées par la Bundeswehr parmi lesquelles on peut citer :
· gestion centralisée (achats, logistique, entretien) des pièces détachées des matériels de l'armée de Terre actuellement dispersées dans vingt-huit dépôts différents ;
· entretien des uniformes ;
· gestion du centre d'entraînement au combat de l'armée de Terre à Magdebourg ;
· gestion des stocks des munitions ;
· documentation technique de l'Eurofighter ;
· entraînement sur simulateur sur Eurofighter et hélicoptère NH90 ;
· logistique et soutien du radar des frégates F124 ;
· entraînement sur simulateur, documentation technique et logistique de la flotte de sous-marins.
Les économies attendues de ce plan sont estimées entre un et un milliard et demi de marks par an.
Sans égaler le modèle allemand, le mouvement devrait prendre de l'ampleur en France dans les années à venir. Ce développement passe toutefois par un certain nombre de conditions :
· l'élaboration d'une comptabilité analytique apte à mesurer les coûts réels des fonctions actuellement assurées en interne de manière à comparer le coût d'opportunité de leur éventuelle externalisation ;
· la formation à la négociation contractuelle de manière à garantir la sécurité juridique et financière des activités sous-traitées, y compris dans le traitement des situations d'urgence ou des périodes de crise ;
· la garantie de la réversibilité du processus, y compris sous forme de création d'emplois, en cas d'échec avéré.
ÉQUIPEMENT : UN PILOTAGE ENCORE LABORIEUX
Le projet de budget d'équipement pour 2001 s'élèvera à 84,7 milliards de francs en autorisations de programme et à 83,4 milliards de francs en crédits de paiement. Par rapport à la loi de finances pour 2001, il s'agit d'une quasi reconduction des crédits de paiement (+ 400 millions de francs) mais d'un net décrochage des autorisations de programme (- 3,3 milliards de francs soit presque 4 %).
Il est inutile de dissimuler que ces montants constituent une légère déception après celle déjà ressentie l'année dernière. Ils sont inférieurs tant à l'annuité théorique de la loi de programmation (90,3 milliards de francs) qu'à celle issue de la revue des programmes et validée par le Premier ministre dans son discours du 3 avril 1998 à Saint-Mandrier (86,1 milliards de francs).
Après l'encoche de la loi de finances initiale pour 1998 (82 milliards de francs), seules la première annuité et la loi de finances pour 1999 se sont approchées des annuités de référence au cours de cette loi de programmation (LPM).
Si la baisse du taux normal de la TVA de 20,6 % à 19,6 % devrait se traduire par une augmentation des moyens nets en 2001, il faut aussi relever que la détestable pratique d'inscription de crédits relevant du budget civil de recherche développement (BCRD), expressément interdite par la loi de programmation, est reconduite à hauteur de 1,250 milliard de francs contre 1,500 milliard de francs en 2000. Par ailleurs, ce budget ne prend pas en compte le financement de l'avion de transport qui fera l'objet de mesures spécifiques dans la loi de finances rectificative de fin d'année 2000.
Le budget d'équipement par catégorie de coûts se présentera comme ci-après.
ÉVOLUTION GLOBALE DES CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT PAR CATÉGORIES DE COÛTS (en millions de francs) |
||||||||
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Évolution | ||||||
LFI 2000 |
PLF 2001 |
LFI 2000 |
PLF 2001 |
AP |
CP | |||
Études |
4.542,060 |
4.338,877 |
4.592,900 |
4.467,667 |
- 4,4 |
- 2,73 | ||
BCRD |
1.500 |
1.250 |
1.500 |
1.250 |
- 16,67 |
- 16,67 | ||
Développements |
16.242,850 |
10.442,091 |
13.968,950 |
14.724,420 |
- 35,71 |
5,41 | ||
Entretien programmé du matériel |
16.361,650 |
15.240,528 |
15.495,200 |
14.885,018 |
- 6,85 |
- 3,94 | ||
Entretien programmé du personnel |
1.897,330 |
1.695,400 |
1.800,640 |
1.720,500 |
- 10,.64 |
- 4,45 | ||
Fabrications |
27.812,542 |
37.824,903 |
29.102,216 |
30.580,063 |
36 |
5,08 | ||
Infrastructures |
11.109,070 |
11.487,839 |
10.659,120 |
10.859,370 |
3,41 |
1,88 | ||
Munitions |
6.922,314 |
1.467,987 |
4.745,490 |
3.961,587 |
- 78,79 |
- 16,52 | ||
Restructurations |
1.077,654 |
975,750 |
1.090,754 |
977,750 |
- 9,46 |
- 10,36 | ||
Total |
87.465,470 |
84.723,375 |
82.955,270 |
83.426,375 |
- 3,14 |
0,57 |
Avant de détailler les conséquences de ces dotations pour chacune des catégories, il importe de revenir sur l'exécution 1999 et 2000, caractérisée par la classique dialectique entre la consommation et l'annulation.
I.- ANNULATIONS, CONSOMMATION ET PROGRAMMATION
Le tableau de bord des crédits d'équipement de l'actuelle LPM se présente comme suit :
CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT DE LA DÉFENSE (en milliards de francs constants de 2000) | ||||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 | |
Loi de programmation |
90,3 |
90,3 |
90,3 |
90,3 |
90,3 |
90,3 |
Revue de programmes |
- |
- |
86,1 |
86,1 |
86,1 |
86,1 |
Lois de finances initiales |
90,7 |
82 |
86,8 |
83 |
82,7 |
|
dont BCRD |
- |
0,5 |
0,9 |
1,5 |
1,250 |
|
Réalisé *(1) |
85,2 |
77,5 |
77,9 |
|||
(1) Paiements comptabilisés au titre de l'année budgétaire considérée + transferts effectués vers d'autres administrations (CEA + BCRD). |
En prenant une hypothèse de consommation médiane pour 2000, soit 80 milliards de francs, transferts compris, on peut évaluer à 320 milliards de francs les crédits effectivement dépensés au cours des quatre premières annuités de la programmation, à comparer aux 361 milliards de francs théoriques ou même aux 353 milliards de francs de référence à l'issue de la revue des programmes.
L'exécution est donc inférieure de plus de 9 % dans la référence la plus favorable et de plus de 11 % dans l'autre.
Cette situation regrettable n'est toutefois pas nouvelle, comme le montre le graphique ci-après retraçant l'exécution des précédentes programmations.
Pour autant, il n'est pas question de remettre en cause le fondement même de la programmation qui garde son utilité comme référentiel pluriannuel, tant pour les responsables du ministère que pour les industriels fournisseurs d'équipement. On peut en revanche réfléchir à une modernisation de la notion de programmation, dans la lignée des réflexions actuelles sur la réforme de l'ordonnance du 2 janvier 1959 portant loi organique relative aux lois de finances.
Cette modernisation pourrait par exemple consister à développer l'évaluation par objectif et bien la planification glissante des moyens, ce qui reviendrait à débattre publiquement de l'actualisation annuelle du référentiel de programmation, exercice actuellement exclusivement interne au ministère de la défense.
En 1999, la gestion des crédits d'équipement s'est caractérisée par deux phénomènes :
· un mouvement important d'annulations ;
· une consommation inférieure aux prévisions.
L'année 1999 s'est caractérisée par un mouvement important d'annulations :
ANNULATIONS DE CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT (en millions de francs courants) | ||||||
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 | |
Dotations initiales titres V et VI (crédits de paiement) |
94.939 |
88.948 |
88.705 |
81.003 |
86.000 |
82.955 |
Annulations |
||||||
- en volume |
11.892 |
8.507 |
5.010 |
7.350 |
9.480 |
2.390 |
- en % des dotations initiales |
12,5 |
9,6 |
5,6 |
9,1 |
11 |
Il faut remonter à la crise financière de 1995 pour retrouver un taux d'annulation plus élevé qu'en 1999. Alors que la loi de finances initiale pour 1999 était la plus proche de l'annuité théorique de référence, les annulations ont considérablement diminué le volume de crédits finalement utilisable.
Ces annulations ont gagé pour partie des ouvertures de crédits au titre III à hauteur de 4,850 milliards de francs, le reste ayant contribué à améliorer le solde d'exécution du budget de l'État. Elles n'ont pas non plus gagé une opération de recapitalisation de Giat alors que cette hypothèse se dessine pour l'exécution 2001. Elles ont été effectuées par trois arrêtés d'annulation de crédits en date du 3 septembre (4,0 milliards de francs), du 26 novembre (5,3 milliards de francs) et du 31 décembre (180 millions de francs).
Ces annulations n'auraient pas eu trop de conséquences sur le déroulement des programmes, compte tenu de la faiblesse des engagements passés.
En règle générale, les annulations sont calculées en début d'année en fonction du prorata de chaque armée dans la loi de finances initiale, puis, en fin d'année, au prorata du reste à ordonnancer. On annule aussi plus facilement sur les dépenses dites à flux (infrastructures, maintenance, munitions) qui sont plus difficiles à défendre que les programmes d'armement majeurs.
S'agissant de 2000, la loi de finances rectificative du 13 juillet a annulé 2.390 millions de francs à titre de gage des ouvertures de crédits du titre III (OPEX et carburant).
Il est à craindre que les nouvelles ouvertures de crédits demandées au titre III de la loi de finances rectificative de fin d'année ne suscitent un nouveau mouvement d'annulations sur le titre V dont l'ampleur dépendra aussi de l'évolution de l'exécution budgétaire du ministère (taux de consommation) et de l'ensemble du budget de l'État.
Hors transferts (CEA et BCRD notamment) qui se sont élevés à 8,180 milliards de francs, le ministère de la Défense a consommé en 1999 69 milliards de francs de crédits d'équipement (76,3 milliards de francs en intégrant les seuls transferts CEA), soit quasiment le même montant qu'en 1998, alors que cette année était déjà considérée comme médiocre et que le volume des reports disponibles en 1999 était supérieur à celui de 1998.
Ce chiffre, inférieur aux prévisions (72 milliards de francs) n'a été obtenu, comme en 1998, que par le versement de un milliard de francs à la DCN, in extremis, c'est-à-dire le 28 janvier 2000, dernier jour de la période complémentaire comptabilisée au titre de la gestion 1999.
La consommation a été de surcroît très irrégulière tout au long de l'année puisque le premier semestre s'est conclu par un taux de consommation très inférieur aux objectifs. La DGA n'a pas pu mandater normalement au cours des premiers mois en raison de l'entrée en vigueur laborieuse de la nouvelle application comptable NABUCCO. Il s'agissait toutefois dans ce cas d'une fausse sous-consommation, de nature essentiellement comptable, car pendant ce temps les dépenses étaient effectuées et les factures certifiées mais non mandatées d'où la légère remontée des impayés constatée à la fin de l'exercice 1999 (3,6 milliards de francs contre 1,9 milliard de francs fin 1998).
Le caractère tardif et massif des annulations pratiquées en fin d'exercice peut aussi expliquer cette remontée des impayés qui reste sans commune mesure avec les montants atteints fin 1995 (12 milliards de francs) et fin 1996 (11 milliards de francs) et qui ne s'accompagne pas d'une hausse des intérêts moratoires (212 millions de francs en 1999 contre 278 millions de francs en 1998).
La conséquence de cette sous-consommation est une remontée des reports (6,6 milliards de francs sur 2000 contre 5,5 milliards de francs sur 1999) et ce malgré les importantes annulations de l'exercice.
Malgré la déception que représente ce chiffre au regard des objectifs poursuivis, il faut prendre la mesure de cette sous-consommation qui n'est que relative et dont les causes sont difficiles à isoler.
Rapporté aux ressources disponibles (ouvertures + reports + fonds de concours - annulations), ce montant de 69 milliards de francs représente un taux de 91 % contre 92,6 % en 1998 et 91,8 % en 1997 alors que l'on considère un taux de 95 % comme maximal compte tenu des caractéristiques des systèmes budgétaires.
Ce taux reste très supérieur à la moyenne des ministères civils qui était de 71 % en 1999. Si l'on réintègre le montant des annulations, le taux du ministère de la Défense descend à 81 % mais reste supérieur aux ministères civils (72 %).
La principale cause mise en avant pour expliquer les paiements d'aujourd'hui est de se référer aux engagements d'hier, conformément à la logique de la comptabilité publique. L'historique des engagements et des paiements, illustré par le graphique ci-après, conforterait cette thèse.
Les exercices 1998 et 1999 peuvent ressentir les effets des plans de refroidissement des engagements déclenchés en 1994 et 1996 (61 milliards de francs d'autorisations de programme engagées). Il est toutefois difficile voire impossible de quantifier cet impact puisque la couverture en crédits de paiement des autorisations de programme de la défense fait l'objet d'appréciations diverses. Les clés de calcul des crédits de paiement - services votés (hors commandes globales) varient en effet selon que l'on s'adresse à la Direction du budget ou à la Direction des affaires financières (DAF) du ministère de la Défense. Le Budget pondère davantage les trois premières années (75 % contre 47 % pour la DAF).
On peut cependant admettre que les engagements de 1996 impactent la gestion 1999 voire 2000.
S'il en va ainsi, le niveau d'engagement des autorisations de programme en 1999 devrait contribuer à une reprise des paiements dans les prochaines années. L'objectif des paiements pour 2000 est ainsi supérieur au montant atteint en 1999 puisqu'il est compris dans une fourchette entre 72 et 75 milliards de francs.
S'agissant des engagements, le niveau atteint en 1999 (86 milliards de francs) est lui aussi très inférieur aux objectifs même s'il est supérieur aux montants précédents (79 milliards de francs en 1998). Le stock des autorisations de programme disponibles à l'engagement baisse de ce fait plus lentement que prévu puisqu'il est passé de 78 milliards de francs à la fin 1998 à 74 milliards de francs fin 1999. L'objectif 2000 est un montant d'engagements de 90 milliards de francs pour un stock de 63 milliards de francs en fin de gestion.
Ce stock diminue régulièrement depuis quelques années pour les raisons suivantes :
· réduction des dotations initiales ;
· annulations supérieures en autorisations de programme qu'en crédits de paiement ;
· évolution des règles de couverture des commandes globales et des programmes en coopération qui mobilisent d'importants volumes d'autorisations de programme.
L'application progressive du plan de mobilisation des autorisations de programmes anciennes et la multiplication des commandes globales ont nécessité, à partir de 1999, une remontée des dotations initiales d'autorisations de programme (elles ont même été supérieures aux crédits de paiement en 2000 et 2001) et une relative sanctuarisation de ces autorisations face aux annulations (180 millions de francs en 1999 contre 12,5 milliards de francs en 1998).
La résorption de ce stock d'autorisations de programme dépendra aussi de la capacité du ministère et de sa direction financière à identifier précisément les multitudes de lignes budgétaires contrôlées par de nombreux ordonnateurs secondaires qui constituent ce matelas d'autorisations de programme.
Le volume d'autorisations de programme affectées, c'est-à-dire attribuées à une opération budgétaire d'investissement après visa du contrôleur financier, mais non engagées, c'est-à-dire n'ayant pas fait l'objet des procédures comptable et juridique encadrant la signature des contrats, qui s'élève, fin 1999, à 47 milliards de francs contre 42 milliards de francs, fin 1998, laisse à penser qu'il existe encore un stock résiduel d'autorisations de programme n'ayant plus de justification, dites « dormantes », dont l'affectation aurait du être annulée pour les rendre de nouveau disponibles.
Il devient urgent d'organiser un recensement fiable de ces catégories d'autorisations de programme dont la disponibilité n'est pas certaine mais dont la couverture en crédits de paiement reste juridiquement opposable.
II.- LE FINANCEMENT DES PROGRAMMES D'ARMEMENT
Au sein du ministère de la Défense, il existe plusieurs type de ventilations des dépenses d'équipement. L'approche la plus utilisée dans la communication externe est la ventilation par catégories de coûts développée ci-dessus et reposant sur les agrégats suivants : études, budget civil de recherche et développement, entretien programmé du matériel, entretien programmé du personnel, fabrications, développements, infrastructures, munitions et restructurations.
Mais on peut aussi utiliser une approche par domaine (nucléaire, espace, classique), par genre (programmes d'armement opposés aux dépenses de flux ou du socle) ou par contenu physique (pour la Marine, par exemple, aéronavale, flotte, systèmes d'armes, soutien des forces, etc.).
Il est révélateur qu'aucune des ventilations utilisées par les opérationnels ne recoupe celle de la nomenclature budgétaire qui s'apparente à un mélange opaque des genres (forces nucléaires, équipements communs interarmées, équipements des armées, infrastructures, soutien des forces, entretien programmé du matériel).
Seule la présentation privilégiée par l'état-major des armées distingue la notion de programme d'armement qui s'oppose au socle.
Encore faut-il rappeler que la notion de programmes n'est pas équivalente à celle d'équipement des forces en matériel opérationnel. Un programme désigne une procédure particulière qui encadre une opération complexe ou financièrement lourde, régie par une instruction bien définie. Certaines opérations d'infrastructures sont ainsi érigées en programmes.
A l'inverse, certaines opérations d'approvisionnement des forces en matériel militaire ne sont pas érigées en programmes, c'est notamment le cas pour la majorité des dépenses de munitions.
Stricto sensu, les programmes d'armement ont représenté en 2000 28,3 milliards de francs en crédits de paiement et 34 milliards de francs en autorisations de programme, soit respectivement 34 % et 39 % des dotations totales d'équipement.
S'agissant de la nomenclature traditionnelle par catégories de coût, si l'agrégat entretien programmé du matériel représente l'effort consenti en matière de maintenance et de gestion du matériel en dotation actuellement dans les forces, ce sont les agrégats développement et fabrication qui traduisent l'investissement dans la modernisation et le renouvellement de l'équipement. Le développement englobe les dépenses qui vont de la phase de faisabilité jusqu'à l'élaboration des prototypes. A partir de l'industrialisation, les dépenses sont regroupées sous l'agrégat fabrication.
Pour les développements, on constate en 2001 un ralentissement des engagements (- 36 % en autorisations de programme) en raison de l'inscription de grosses opérations l'an dernier (M 51, ASMP-A), mais une légère progression des crédits de paiement (5,4 %).
Pour les fabrications, on observe une progression des moyens d'engagement (+ 36 %) due à des commandes importantes (2ème tranche des Rafale, chars Leclerc) et une progression des crédits de paiement (+ 5 %) comparable à celle des développements.
A la suite de l'opération « coup de poing » menée dans la deuxième partie de l'année 1996, électrochoc salutaire destiné à mobiliser l'ensemble de la Délégation générale pour l'armement (DGA) sur l'objectif de réduction des coûts des programmes d'armement, un contrôle de gestion des programmes a progressivement été mis en place à partir de 1997.
Ce contrôle repose sur la référence d'un coût objectif notifié au directeur de programme par le délégué général pour l'armement en accord avec le ou les états-majors concernés.
Les objectifs de réduction de coût sont échelonnés selon l'état d'avancement des programmes (de 30 % pour ceux entrant en phase de faisabilité à 10 % ou moins pour ceux en production).
Chaque mois, les responsables de programme fournissent une estimation des réductions de coût qu'ils ont obtenues. Elles sont considérées comme acquises lorsqu'elles sont actées (par une décision ou dans un contrat passé à l'industrie) ou considérées comme très proches de l'être.
Les méthodes de réduction de coûts sont nombreuses. Les plus importantes d'entre elles portent sur la stratégie d'acquisition, l'analyse de la valeur qui, au terme d'une optimisation du rapport entre le coût et la performance, permet de fixer les spécifications au « juste besoin », la négociation avec les industriels, l'optimisation du soutien logistique et des essais ou encore la réutilisation de matériels existants.
Parmi les méthodes utilisées pour obtenir les réductions de fin 1999 et 2000, on peut notamment citer :
· le travail en plateau : sur le sous-marin d'attaque futur Barracuda a été menée, dès la phase de faisabilité, une démarche de conception à coût objectif avec la participation de spécialistes de la DGA, de la DCN, de représentants de l'état-major de la marine et des industriels fournisseurs potentiels ; cette démarche en équipe intégrée a permis d'obtenir une première réduction de devis en 2000 ;
· la réduction de délai d'une opération : pour la valorisation du véhicule de l'avant blindé VAB, la négociation d'un marché à durée réduite de 8 à 6 ans a permis d'obtenir une réduction supplémentaire de 7 % du devis initial s'ajoutant aux 14 % déjà obtenus fin 1999 ;
· la négociation : 4 % de réduction supplémentaire du devis total du programme ont pu être obtenus avec le dernier marché de série du poste radio PR4G, grâce au regroupement de commandes et à l'action sur les formules de révision de prix de marchés ;
· l'optimisation du maintien en condition opérationnelle : pour les missiles balistiques M4-M45, l'optimisation du renouvellement des propulseurs a réduit de 8,4 %, soit 1.823 millions de francs (CF01/98), le coût de maintien en condition opérationnelle ; 1,6 % supplémentaires ont été gagnés par la mise en _uvre d'orientations définies lors de la revue des programmes.
L'objectif d'économies fixé au départ de l'opération de réduction de coût est de 102 milliards de francs, soit 19 % de la somme (537 milliards de francs) qui restait à engager au mois de septembre 1996 pour financer 81 programmes d'armement placés sous contrôle de gestion.
Au 30 juin 2000, 85 programmes étaient placés sous contrôle de gestion. Les réductions de coût cumulées représentaient 9,8 % des dépenses qu'il restait à engager à l'été 1996. Les réductions de coût dépasseraient donc les 54 milliards de francs. Elles se traduisent par des diminutions des besoins financiers, étalées sur la durée de réalisation de ces programmes dont certains dépassent 2010.
Ce résultat, qui tient compte des contraintes opérationnelles imposées par le ministère, est clairement à mettre à l'actif du délégué général pour l'armement. La revue des programmes menée pendant l'hiver 1998 avait repris à son compte un certain nombre de ces mesures d'économies, à côté des réductions de capacité et des étalements des calendriers.
L'ampleur de ces chiffres appelle toutefois des commentaires.
La DGA, pourtant moins réticente que naguère à communiquer vers l'extérieur comme en témoigne, par exemple, la publication d'un rapport d'activité très documenté depuis le printemps 1998, ne fournit pas d'état détaillé de la répartition des économies. Il est par conséquent difficile de déterminer une décomposition, même approximative ou rudimentaire, par catégorie de coût, par programme ou par type de mesure.
Si la réalité et l'étendue de la réforme engagée en 1996-1997 ne fait guère de doutes, non plus que la tendance à la réduction effective des coûts sous la contrainte qui, comme chacun sait, rend imaginatif, on peut accompagner le chiffrage publié de quelques commentaires afin d'en mieux cerner la portée.
Tout d'abord, le montant d'économies de 102 milliards de francs à atteindre porte sur des programmes à terminaison, c'est-à-dire au terme de leur durée de vie qui peut être très longue, parfois de l'ordre de 30 ans. Plus la période chronologique considérée est étendue, plus les montants en cause sont importants.
Par ailleurs, il faut souligner que la référence comptable des économies obtenues est constituée des devis initiaux des programmes, parfois reflet d'une époque où les choses se faisaient autrement et où la maîtrise des coûts n'était pas la préoccupation première. La validation des devis initiaux des industriels est une étape décisive du processus de réduction des coûts qui engage largement sa crédibilité.
La DGA en est pleinement consciente puisqu'elle a mis en place des spécialistes des achats dans les équipes de programme. Une sous-direction des achats, créée en 1997, est chargée de centraliser les informations de prix et de coûts disponibles dans les services de programme et de favoriser la concurrence au niveau des maîtres d'_uvre et des sous-traitants afin d'obtenir plusieurs références pour évaluer une offre. Dans ce but, une base de données économiques mise en place début 1998 s'attache à recenser les éléments déterminants de la structure des prix de revient des fournisseurs : taux horaires des principales sections de main d'_uvre (fabrication, études ...), niveaux de frais hors production et de frais d'approvisionnement. Ces éléments sont issus des enquêtes d'éléments comptables de valorisation effectuées par les experts de coût de la DGA auprès des sociétés d'armement, principaux fournisseurs de la DGA.
Enfin, des astuces de présentation ne sont pas à exclure (modifications de périmètre, réductions de capacités, etc), ni des déconvenues ou des malentendus résultant de négociations pourtant médiatiquement érigées en modèle (groupe MINOS sur le missile M 51).
Il n'en reste pas moins que la direction indiquée est la bonne et que la DGA, sous l'impulsion de ce programme mobilisateur, est incontestablement en train de changer de culture ; le cap doit évidemment être maintenu.
La séparation d'avec la direction des Constructions navales et la contractualisation renforcée avec la direction des Centres d'études et d'expertise devraient aussi lui permettre de s'affranchir de certains obstacles à l'ouverture à la concurrence qui reste le meilleur moyen de faire baisser les prix.
La DGA pratique de façon courante les commandes pluriannuelles pour des opérations d'ampleur limitée ou lorsqu'il s'agit de commander des ensembles cohérents (développement d'un matériel prototype, fabrication d'un système complet comme un bâtiment naval) dont la réalisation prend plusieurs années.
Fin 1997, la DGA a passé les premières commandes pluriannuelles dites « globales » qui consistent à s'engager pour plusieurs tranches de fabrication d'un matériel de série ou plusieurs annuités de développement, en maintenant le calendrier de réalisation et l'échelonnement des paiements. L'État peut ainsi obtenir des prix plus intéressants en contrepartie de l'engagement à plus long terme qui est pris vis-à-vis de l'industriel.
La procédure des commandes globales a connu en 1997 un début de mise en application pour cinq programmes. Les commandes ont concerné les missiles de croisière air-sol Apache anti-piste et Scalp EG, la torpille franco-italienne MU 90, le missile air-air Mica et les moyens de transmission MTBA de dix-huit bases aériennes.
LISTE DES COMMANDES GLOBALES PASSÉES EN 1997 | |||
Programmes |
Nature de la commande |
Date |
Montant |
Apache anti-piste |
100 missiles |
28 octobre 1997 |
1.564 |
Mica |
225 missiles |
17 décembre 1997 |
1.180 |
MU 90 |
300 torpilles |
23 décembre 1997 |
1.819 |
Scalp EG |
500 missiles |
29 décembre 1997 |
4.208 |
MTBA |
18 systèmes fixes |
31 décembre 1997 |
1.400 |
Total |
10.171 |
En 1998, la procédure des commandes globales a concerné cinq autres programmes : le système de combat de la frégate Horizon (PAAMS), les moyens de transmission des garnisons de l'armée de terre (MTGT), les chars et dépanneurs Leclerc ainsi que le missile stratégique M 51.
LISTE DES COMMANDES GLOBALES PASSÉES EN 1998 |
||||
Nature de la commande |
Date |
Montant | ||
PAAMS |
cinq années de développement |
23 juin 1998 |
1.100 | |
Dépanneur Leclerc |
15 dépanneurs |
27 juillet 1998 |
700 | |
Missile M 51 |
deux années de développement |
5 août 1998 |
3.800 | |
MTGT |
99 systèmes de transmission des garnisons de l'armée de terre |
28 octobre 1998 |
500 | |
Char Leclerc |
Regroupement des commandes de 1997 et 1998 pour un nombre total de 88 chars |
30 octobre 1998 |
5.000 | |
Total |
11.100 |
Pour 1999, la procédure des commandes globales n'a concerné que trois programmes mais pour des volumes plus importants : l'avion de combat Rafale, l'hélicoptère de combat franco-allemand Tigre et la modernisation des chasseurs de mine tripartites (CMT).
Nature de la commande |
Date |
Montant | ||
Rafale |
28 avions de combat |
9 juin 1999 |
9.600 | |
Tigre |
80 hélicoptères de combat |
18 juin 1999 |
12.700 | |
CMT |
Modernisation de 13 bâtiments |
1er octobre 1999 |
837 | |
Total |
23.137 |
Pour 2000, la procédure des commandes globales a concerné, à ce stade, le programme NH 90.
Nature de la commande |
Date |
Montant | ||
NH 90 |
27 hélicoptères de combat marine |
6 juin 2000 |
8.134 |
Les autres commandes globales attendues pour le second semestre 2000 sont relatives aux programmes AASM (1,6 milliard de francs), MICA (1,6 milliard de francs), M 51 (7 milliards de francs) et VBCI (1,9 milliard de francs).
On constate la montée en puissance rapide de la procédure des commandes globales qui aura mobilisé 12 % des engagements en 1997, 16 % en 1998 pour s'élever à 23 % du total en 1999.
Il est évident que cette procédure peut conduire à des économies à terminaison des contrats à condition bien évidemment que les échéanciers signés soient respectés, c'est-à-dire que les crédits de paiement soient effectivement disponibles lors des annuités critiques et que les tranches optionnelles qui accompagnent certaines commandes soient affermies dans les délais requis sous peine d'avoir à honorer les dédits contractuellement prévus.
Dans cette hypothèse, l'économie à terminaison des commandes globales est en moyenne de 5 % mais peut s'élever à 8 % pour des commandes particulièrement importantes (Rafale, Tigre). Il s'agit donc incontestablement d'une rationalisation de la gestion.
Cette méthode présente toutefois un inconvénient majeur : celui de porter largement atteinte au principe de spécialité budgétaire en déconnectant totalement l'autorisation parlementaire annuelle de l'exécution.
L'exercice 1999 a ainsi largement vidé de son sens le vote parlementaire sur les dépenses de programme d'armement puisque les autorisations de programme inscrites sur les différents articles, qui, depuis 1999, individualisent des programmes majeurs, ont été mobilisées pour financer les montants d'engagement requis avant signature des commandes globales.
Sur ce point, la position du ministère de l'Économie et des finances, qui consiste à exiger l'engagement immédiat d'un montant d'autorisations de programme correspondant à la tranche ferme, aux dédits liés à la tranche optionnelle et aux hausses économiques, a été inébranlable et le ministère de la Défense a donc dû mobiliser de nombreuses lignes dispersées sur une multitude d'opérations budgétaires d'investissement pour réunir les autorisations de programme exigées.
L'exemple de la commande du Tigre est particulièrement éclairant. Après une année de discussion infructueuse, entre l'automne 1998 et l'automne 1999, le contrôleur financier refusant de viser la fiche d'affectation des autorisations de programme initialement prévues pour financer la commande, le ministère de la Défense finissait par réunir les autorisations de programme requises en mobilisant la quasi totalité des lignes sous gouvernorat de l'état-major de l'armée de Terre dont celle du Leclerc, à hauteur de 2,9 milliards de francs, mais aussi en sollicitant d'importantes contributions d'autres gouverneurs, à titre de prêt.
Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner de l'ampleur des crédits transférés d'un article à l'autre par arrêté de sous-répartition (ASR) sans que le Parlement, pas plus qu'aucune autorité extérieure au ministère de la Défense, n'ait eu à en connaître. Les autorisations de programme affectées à un programme autre que celui au titre duquel elles ont été adoptées en loi de finances initiale, se sont ainsi élevées à 16 milliards de francs en 1999, soit presque 19 % des dotations totales. Ceci relativise fortement la portée pratique de la réforme mise en place en 1999 consistant à identifier les dotations consacrées aux programmes majeurs sur des articles individualisés.
Le contrôleur financier auprès du ministère de la Défense estime qu'en moyenne, sur cinq ans, 20 % des autorisations de programme et 16 % des crédits de paiement ouverts en lois de finances ont été utilisés pour une opération autre que celle pour laquelle ils avaient été prévus. Si cette pratique n'est pas interdite puisque des décrets de virement peuvent déplacer des crédits de chapitre à chapitre dans la limite de 10 % de leur montant, et que des arrêtés de sous-répartition peuvent faire la même chose d'article à article, au sein d'un même chapitre, son ampleur ne peut être cautionnée.
Faut-il, dès lors, prendre acte du sentiment de propriété des gouverneurs sur leurs autorisations de programme et ne les juger que sur des objectifs précis et quantifiés en leur laissant la libre disposition d'une enveloppe de crédits, réévaluée chaque année au regard des résultats atteints, en supprimant la fiction de l'actuelle nomenclature budgétaire, ou bien, au contraire, réaffirmer la nécessité du principe de spécialité en multipliant les chapitres précisément identifiés au risque de compliquer la gestion ?
Ce débat recoupe pour partie celui de la nécessaire modernisation du contrôle parlementaire sur le budget de l'État, actuellement entreprise à l'occasion de la réforme annoncée de l'ordonnance du 2 janvier 1959 relative aux lois de finances.
Au-delà des relations entre l'exécutif et le législatif, la pratique des commandes globales illustre une nouvelle fois les inconvénients résultant du nombre élevé de gouverneurs de crédits au sein du ministère de la défense. L'optimisation de la gestion des autorisations de programme, et plus globalement, de la conduite des investissements, plaide pour une mutualisation accrue des crédits qui ne pourrait se faire que sous l'autorité de l'état-major des armées, compte tenu du renforcement évident du caractère interarmées des équipements et des opérations.
Quant à la problématique de la rigidification des dépenses à moyen terme, elle rejoint celle de la cohérence physico-financière de l'exécution de la LPM qui devient plus aiguë au fur et à mesure que l'on se rapproche de son terme.
Il est incontestable que la vive croissance du montant des commandes globales passées ces dernières années, et notamment en 1999, accroît la rigidité des budgets futurs dans le sens où elles créent des obligations de couverture en crédits de paiement, conformément aux échéanciers négociés.
Un indicateur permet de mesurer cette progression, c'est celui des paiements inéluctables, c'est-à-dire la différence entre les engagements comptables constatés et les paiements comptabilisés en fin de gestion.
Au 31 décembre 1999, la situation globale se présentait comme suit :
MONTANT DES PAIEMENTS INÉLUCTABLES (en millions de francs) | |||
Année 2000 |
2001 |
2002 |
Années ultérieures |
60.276 |
37.445 |
24.122 |
35.890 |
(38 %) |
(24 %) |
(15 %) |
(23 %) |
Le montant des paiements inéluctables postérieurs à 2002 a significativement progressé en un an, bien au-delà de la simple prise en compte d'une année d'activité supplémentaire. Si l'on progresse à ce rythme jusqu'à la fin de la gestion 2002, les premières années de la prochaine loi de programmation militaire seront déjà largement déterminées.
Toutefois, cette situation n'a pas encore atteint un niveau insupportable qui interdirait toute marge de man_uvre future. L'armée de l'Air estime, par exemple, à 13 % au plus, la part de ses dotations (1997-2007) mobilisées par les commandes globales notifiées entre 1997 et 1999. En 2001, les commandes globales devraient engendrer 6 milliards de francs de paiements et de l'ordre de 8 à 9 milliards de francs en 2003.
De plus, les contrats signés permettent de prendre des initiatives (non affermissement des tranches souples, décadencement de la production) si la conjoncture l'imposait, il est vrai souvent au prix d'un dédit qui relativiserait fortement l'intérêt économique de la procédure.
En tout état de cause, les commandes globales ne peuvent être tenues pour responsables d'une éventuelle bosse de financement qu'elles auraient plutôt tendance à réduire du fait des économies qu'elles sont susceptibles de générer. L'ampleur de cette bosse, c'est-à-dire du décalage entre les ressources mises à disposition de la défense et celles qui seraient nécessaires à l'exécution rigoureuse de la loi de programmation militaire, reste difficile à mesurer, alors que l'on s'achemine pourtant vers la fin de l'actuelle programmation.
La cohérence physico-financière de la programmation, faute de la publication d'indices synthétiques d'avancement des programmes, reste une question sans réponse précise, ce qui n'est pas satisfaisant.
La responsabilité finale du Parlement reste fondamentalement le contrôle politique de l'action du Gouvernement, c'est-à-dire de vérifier sa capacité à mettre à la disposition de la France les moyens matériels et humains lui permettant d'assumer les missions internationales qu'elle s'assigne en tant que grande nation européenne, membre permanent du Conseil de sécurité.
III.- LA RECHERCHE : UN EFFORT INSUFFISANT
Les crédits de paiement consacrés aux études en 2001, en s'établissant à 4.468 millions de francs, seront encore en baisse de 3 % par rapport à 2000.
Les années passent et les arbitrages continuent à ne pas être favorables à l'effort de recherche de défense. De surcroît, la réforme des procédures applicables aux études amont s'est traduite par des retards importants dans les prises de décision et par un niveau des paiements historiquement bas en 1998.
Deux agrégats sont généralement distingués pour mesurer les financements donnés aux laboratoires, organismes de recherche et bureaux d'études au titre des budgets de défense :
· l'agrégat recherche et technologie (R&T) mesure l'effort consenti « en amont » des programmes d'armement ; il correspond à l'acquisition d'expertise préalable à la définition et au lancement des armements.
· l'agrégat recherche et développement(R&D) comprend la R&T et les travaux de développement des matériels, dont ceux des programmes d'armement déjà lancés.
L'agrégat (R&T), dont l'évolution depuis 1996 est détaillée dans le tableau suivant, comprend :
- les études amont, ;
- les études à caractère opérationnel ou technico-opérationnel (EOTO) et les études à caractère politico-militaire, économique et social (EPMES) ;
- les subventions versées aux organismes de recherche sous tutelle du ministre de la défense (ONERA, Institut franco-allemand de Saint-Louis, écoles d'ingénieurs) ;
- le financement des travaux de recherche fondamentale et relatifs aux nouveaux moyens d'expérimentation et de simulation du CEA ;
- la participation du ministère de la défense au budget civil de recherche et de développement (BCRD).
ÉVOLUTION DE L'AGRÉGAT RECHERCHE ET TECHNOLOGIE (en milliards de francs courants | ||||||
LFI 1996 |
LFI 1997 |
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
PLF 2001 | |
Études amont |
4,19 |
4,17 |
3,27 |
3,08 |
3,01 |
3,05 |
EOTO-EPMES |
- |
- |
0,08 |
0,09 |
0,16 |
0,16 |
Subventions (titres III et V) |
0,80 |
0,87 |
0,91 |
0,89 |
0,90 |
0,88 |
Études CEA |
1,05 |
2,16 |
2,13 |
2,43 |
2,36 |
2,44 |
BCRD |
2,0 |
0 |
0,50 |
0,90 |
1,50 |
1,25 |
Total |
8,04 |
7,2 |
6,89 |
7,39 |
7,93 |
7,78 |
Total sans BCRD |
6,04 |
7,2 |
6,39 |
6,49 |
6,43 |
6,53 |
En retirant la dotation du BCRD qui ne relève pas de la recherche de défense, on constate que l'agrégat R&T se maintient difficilement en francs courants, uniquement grâce à la dotation du CEA dont le doublement à partir de 1997 répond à un objectif bien déterminé (simulation des essais nucléaires), alors que l'enveloppe consacrée aux études amont est passée de plus de 4 milliards de francs en 1996 et 1997 à peine 3 milliards en 1999, 2000 et 2001.
La France ne fait pas un effort suffisant dans ce domaine alors que des pays partenaires de l'Europe de la défense comme le Royaume-Uni consolident le leur.
Les comparaisons internationales sont toutefois particulièrement délicates en raison des problèmes méthodologiques suivants :
- détermination du contenu physique associé aux différents agrégats ;
- prise en compte des têtes nucléaires ;
- conversions monétaires.
La DGA a lancé une étude complète sur ce sujet. Ses résultats devront être examinés de près, dans la perspective de la discussion de la LPM.
Le c_ur de l'effort de recherche militaire est constitué en France par la notion d'étude amont. Les études amont dont la vocation est de permettre la préparation des programmes d'armement, sont des recherches exclusivement appliquées qui vont de la recherche scientifique ou technique jusqu'à la réalisation de maquettes ou la mise au point de démonstrateurs. Elles s'arrêtent là où commence la phase de faisabilité du programme.
La préparation des programmes d'armement futurs est elle-même orientée en fonction des besoins identifiés par le plan prospectif à trente ans (PP30) du ministère de la Défense.
RÉPARTITION BUDGÉTAIRE DE L'AGRÉGAT « ÉTUDES AMONT » ET DES SUBVENTIONS AUX ORGANISMES DE RECHERCHE (en millions de francs) | ||||
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
PLF 2001 | |
Crédits de paiement |
Crédits de paiement |
Crédits de paiement |
Crédits de paiement | |
Études amont |
||||
Espace |
314 |
219,6 |
235 |
200 |
Nucléaire |
544,4 |
359,7 |
305 |
265,8 |
Classique |
2.399,6 |
2.454,5 |
2.397,6 |
2.482,2 |
Total |
3.258 |
3.033,8 |
2.937,6 |
2.948 |
Subventions |
||||
ONERA (Office national d'études et de recherches aérospatiales) |
255 |
247,4 |
232,1 |
225 |
Institut de St-Louis (ISL) |
129 |
125,5 |
132,3 |
114 |
Organismes d'études |
70 |
100 | ||
Total titre VI |
384 |
372,9 |
434,4 |
439 |
ONERA (hors plan social) |
307,5 |
318,3 |
313,2 |
305 |
Total titre III |
307,5 |
318,3 |
313,2 |
305 |
Total |
3.949,5 |
3.725 |
3.685,2 |
3.692 |
En moyenne période, les dotations initiales consacrées aux études amont baissent tendanciellement même si 2001 se caractérise plutôt par une très légère augmentation des dotations par rapport à 2000. En 1997, ces dotations s'élevaient à 4,9 milliards de francs, soit 25 % de plus que le montant actuel. De plus, la réforme des procédures d'attribution de ces crédits, opérée par l'instruction ministérielle du 4 juillet 1997, a eu pour effet de ralentir la consommation des crédits en 1998.
Il n'est pas question de remettre en cause le bien fondé de la réforme de 1997. Il faut être conscient que les procédures jusqu'alors en vigueur dans le secteur de la défense en matière de crédits d'études amont ne permettaient pas une optimisation de l'utilisation de l'argent public ni même un suivi précis de leur affectation. Il est des exemples de création de valeur industrielle obtenue à partir de crédits de recherche de la défense dans des domaines assez éloignés de l'objectif initial. Beaucoup d'argent s'est aussi perdu dans les sables de la recherche fondamentale peu appliquée.
Cependant, la lenteur de l'entrée en vigueur des nouvelles procédures et la rigidité qu'elle illustre sont regrettables.
DESTINATAIRES DES CRÉDITS D'ÉTUDES AMONT DU TITRE V
(en %)
1998 |
1999 |
2000 | |
Thomson |
25 |
23 |
21 |
Dassault |
6 |
7 |
5 |
Onera |
7 |
7 |
6 |
Snecma |
5 |
4 |
2 |
Aérospatiale-Matra |
8 |
11 |
13 |
GIAT |
3 |
3 |
3 |
DCN |
3 |
5 |
3 |
SNPE |
3 |
3 |
4 |
Sagem |
3 |
2 |
2 |
Alcatel |
2 |
3 |
1 |
Eurocopter |
2 |
1 |
1 |
PME/PMI |
10 |
8 |
8 |
Autres |
23 |
23 |
31 |
Total titre V |
100 |
100 |
100 |
L'effort consacré aux nouvelles catégories d'armes adaptées à l'évolution de la menace ou de l'engagement des forces est insuffisant comme le montre l'exemple des armes non létales.
Alors qu'aux États-Unis se mettait en place dès 1997 un bureau de programmes piloté par les Marines à Quantico, chargé d'étudier et de développer ce type d'armes, avec un budget annuel d'environ 25 millions de dollars, la France s'est signalée par un certain immobilisme dans ce domaine. Les états-majors n'étant pas demandeurs, la DGA s'est limitée à une veille technique (évaluation de matériels sur étagères).
De fait, l'armée américaine s'est engagée dans l'acquisition de filets d'immobilisation de véhicule, de munitions non létales pour dispersion de foules, de systèmes d'interdiction de zones montés sur véhicules et de mousses destinés à interdire l'accès à des bâtiments. Elle a d'ores et déjà déployé ce type d'armes en Bosnie et elle a utilisé des fibres de carbone projetées au dessus d'installations à haute tension lors de la guerre du Golfe puis de nouveau au Kosovo. Elle étudie actuellement notamment un système d'arrêt de véhicule par irradiation micro-ondes ainsi qu'un système de dispersion de charges non létales par drone.
Compte tenu de l'ampleur potentielle des effets des micro-ondes sur les systèmes d'armes, la DGA étudie néanmoins ces phénomènes, ne serait-ce qu'à titre défensif, dans son centre d'essais de Grammat.
A côté des études amont figurent désormais des études à caractère opérationnel ou technico-opérationnel pour un montant de 120 millions de francs en 2000 et 2001. Elles sont classées par systèmes de forces et ont pour but d'affiner les futures expressions de besoin militaire dans une optique de long terme ou de fournir des éléments d'aide à la décision pour la préparation des programmes identifiés, comme le montrent les exemples d'étude ci-après :
· concept d'emploi et de vulnérabilité de l'avion de transport futur ;
· complémentarité entre avions et véhicules non habités ;
· analyse de la vulnérabilité NBC au niveau théâtre, etc.
Enfin, 40 millions de francs sont inscrits au projet 2001 pour financer des études à caractère politico-militaire, économique et social principalement pour la délégation aux affaires stratégiques qui compte elle-même 85 personnes. Cette dernière arrête un programme de travail autour de quelques objectifs ciblés comme la coopération de défense, la relation franco-allemande, la lutte contre la prolifération et passe des contrats avec des organismes ou des chercheurs isolés.
Chacun sait que les États-Unis consacrent des ressources importantes à leur recherche de défense et que le fossé technologique se creuse peu à peu de part et d'autre de l'Atlantique, notamment dans les domaines suivants :
- cryptographie ;
- composants hyperfréquences (télécommunications) ;
- composants durcis (espace) ;
- moteurs aéronautiques (petites turbomachines pour missiles) ;
- microsystèmes.
C'est d'autant plus regrettable que l'Europe a occupé et occupe encore des positions d'excellence dans de nombreux secteurs de la recherche de défense, mais l'excellence sans crédits suffisants pour la préparation du futur ne peut durer éternellement.
IV.- L'ENTRETIEN PROGRAMMÉ DU MATÉRIEL :
DES EFFORTS DE RATIONALISATION
Les crédits d'entretien programmé du matériel (EPM) inscrits au titre V, baisseront de 510 millions de francs soit 4 % en 2001, pour s'établir à 14.885 millions de francs malgré un transfert de crédits en provenance du titre III à hauteur de 135 millions de francs.
ÉVOLUTION DES CRÉDITS D'EPM (1) (en millions de francs) | ||||
LFI 2000 |
PLF 2001 |
Évolution (en volume) |
Évolution (en %) | |
Terre |
2.177 |
2.187 |
+ 10 |
+ 0,5 |
Air |
5.319 |
5.255 |
- 64 |
- 1,2 |
Marine |
5.742 |
5.026 |
- 716 |
- 12,5 |
Gendarmerie |
133 |
156 |
+ 23 |
+ 17 |
(1) Titres III et V |
Le ministère de la Défense a pris conscience des gisements de productivité de son dispositif de maintenance des équipements. Sous la contrainte des réduction de crédits mais aussi d'un taux de disponibilité des matériels insatisfaisant, il s'est engagé dans des réformes importantes en créant une structure intégrée de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques de la Défense (SIMMAD) et un service de soutien de la flotte.
La SIMMAD regroupe dans une structure interarmées les fonctions qui participent au maintien en condition opérationnelle (MCO) de tous les aéronefs (avions et hélicoptères) et qui étaient jusqu'ici dispersées au sein des trois armées, de la gendarmerie et de la DGA.
Ce regroupement sous une autorité unique doit permettre d'optimiser la disponibilité de ces aéronefs par une réactivité accrue dans l'exécution des activités de MCO (réparations, achats de pièces de rechanges, gestion des stocks) et de réduire les coûts.
La cellule de montée en puissance de la SIMMAD, créée par arrêté du 9 novembre 1999, avait pour objectif la mise en place de la nouvelle structure en septembre 2000. Ses travaux, menés en concertation avec les états-majors et la DGA se sont concrétisés par :
- une décision ministérielle du 8 février 2000 qui définit le périmètre des attributions de la SIMMAD et qui désigne le site de Brétigny pour son installation ;
- la préparation de la mise en place matérielle de la SIMMAD à Brétigny ;
- l'élaboration des textes réglementaires relatifs à la création de cette dernière.
A partir du 4 septembre 2000, la mise en place a débuté dans les locaux libérés par le centre d'essais en vol (CEV) et rénovés au profit de la SIMMAD. Mi-septembre, un échelon précurseur d'un peu plus de deux cents personnels, en provenance des armées et de la DGA, a rejoint la SIMMAD pour assurer à Brétigny des travaux de MCO auparavant traités dans leurs anciens organismes d'appartenance. Des moyens informatiques en nombre suffisant permettent de démarrer ces activités dans de bonnes conditions en attendant l'équipement complet de la SIMMAD qui est intervenu fin novembre.
Le décret fixant les attributions de la SIMMAD et les arrêtés d'application lui permettent d'exercer pleinement ses attributions à compter du 1er janvier 2001.
La montée en puissance se poursuivra en 2001 avec l'intégration des différentes entités assurant le MCO des matériels aéronautiques qui portera les effectifs de la SIMMAD à un total d'environ 450 personnels.
Au 1er janvier 2003, la SIMMAD aura la responsabilité effective de l'ensemble des marchés de MCO ; elle devra gérer un stock de 700.000 pièces pour un parc de 2.000 appareils et un budget de l'ordre de 7 milliards de francs.
Créé par décret du 28 janvier 2000, le service de soutien de la flotte est placé sous les ordres directs du chef d'état-major de la Marine. Il assure la maîtrise d'ouvrage des activités garantissant la disponibilité technique des matériels maritimes.
Le service est constitué d'une direction centrale à Paris et de directions locales dans les ports de Brest et de Toulon. Des antennes relaieront son action à Cherbourg et dans les ports d'outre-mer. En outre, la station d'essais des combustibles et lubrifiants de la flotte lui est rattachée. Son effectif sera d'environ 750 personnes.
La création du service de soutien de la flotte vise, d'une part, à remédier aux redondances identifiées dans l'organisation antérieure, qui partageait la responsabilité du maintien en condition des bâtiments entre différentes autorités de la Marine et de la DGA. Elle est d'autre part destinée à permettre d'assurer une contractualisation efficace, et la prise en charge par la Marine de la gestion de son stock militaire de rechanges dans le contexte de la séparation des activités étatiques et industrielles de la DCN.
Le service devra piloter la totalité de la maintenance, qu'elle soit effectuée par les éléments de force maritime, les ateliers militaires de la flotte, les bâtiments de soutien, ou l'industrie, étatique (DCN) ou de droit privé. Son action doit permettre de répartir au mieux les charges des différents niveaux d'intervention.
Il devra également assurer le soutien logistique du matériel naval et des munitions, depuis l'approvisionnement et la réparation des matériels jusqu'au ravitaillement des formations. Cette activité sera intégrée au soutien technique, principalement chargé de la maintenance. Elle favorisera ainsi la mise en place d'un soutien logistique intégré, gage de cohérence, d'efficacité et d'économie des moyens.
A ce titre, il devra :
- répondre, dès sa constitution, aux besoins des formations, des autorités opérationnelles et organiques en ce qui concerne la disponibilité, la qualité des travaux de maintenance et la mise à disposition des rechanges ;
- faire progressivement bénéficier les formations d'une tenue à jour plus rigoureuse de la configuration des matériels des bâtiments et des installations, d'une prise en charge plus attentive et plus systématique du retour d'expérience dans les domaines techniques (défaillances et avaries) et logistique (consommation, taux de satisfaction) afin de permettre l'optimisation des soutiens et, à plus long terme, l'amélioration des programmes de bâtiments futurs ;
- concevoir et réaliser un système d'information mettant à la disposition des bâtiments de surface, des sous-marins, des états-majors, des autorités opérationnelles et organiques, l'information technique et logistique qui leur est nécessaire, et en établir la distribution en réseau ;
- achever la rationalisation du dispositif de soutien des munitions de la marine en recentrant l'ensemble des activités de stockage et d'entretien des munitions sur les deux pyrotechnies maritimes de Brest et de Toulon ;
- poursuivre la rationalisation des stocks de munitions et leur adaptation aux stocks objectifs définis par l'état-major de la Marine.
Dans le domaine des rechanges, enfin, le service de soutien de la flotte adoptera une gestion centralisée, s'appuyant sur une informatique puissante, qui permettra de satisfaire dans des délais optimisés les besoins en pièces de rechange des bâtiments, quelle que soit leur zone de déploiement.
Avec la création du service, la Marine prend à son compte la maintenance et le soutien logistique de ses navires, désormais nettement séparés du métier de la construction neuve.
V.- LES SCORIES : UNE PRÉSENCE PESANTE
Un volume non négligeable de crédits inscrits aux titres V et VI ne correspondent pas à des dépenses d'équipement militaire. D'origines diverses et de légitimité plus ou moins affirmée, ces crédits pèsent trop sur le budget des armées dont l'enveloppe globale est en réduction alors que certaines de ces dépenses ont tendance à augmenter.
Ces pratiques faussent de surcroît les comparaisons internationales. Pour évaluer l'effort français en matière d'équipement de défense, il faut en effet procéder à certains retraitements. Le premier d'entre eux concerne les relations entre le titre V et les comptes de commerce, notamment ceux de la construction navale et du service de maintenance aéronautique. Ces deux services de l'État emploient un personnel nombreux dont la masse salariale ne figure pas au titre III du budget mais au titre V puisqu'elle est financée sur les programmes d'armement ou d'entretien qui leur sont commandés par les armées.
La même situation vaut pour la direction des applications militaires (DAM) du CEA dont la masse salariale est financée sur les programmes militaires au sein des crédits inscrits au titre V et qui font l'objet de transferts en exécution.
L'assimilation du traitement budgétaire de ces services de l'État à celui réservé aux entreprises d'armement qui fournissent les armées peut donc prêter à contestation. En matière civile, les programmes de recherche du CEA sont financés par des subventions d'équipement inscrites au titre VI du fascicule recherche alors que sa masse salariale est financée par des subventions de fonctionnement inscrites au titre IV du fascicule industrie.
Le fait que le compte de commerce des constructions navales (CCCN) serve encore de support à 900 emplois qui relèvent de quatre centres d'essais de la DGA est encore plus hétérodoxe. Rien ne justifie plus cette pratique héritée du passé et qui a pour conséquence de gonfler indûment le titre V d'un montant de 300 millions de francs (RCS + crédits de fonctionnement). La perspective de la certification prochaine des comptes de la DCN et la nécessité de repartir sur des bases incontestables pour la loi de programmation militaire imposent une opération de clarification dès la loi de finances pour 2002.
Au-delà de la nomenclature budgétaire, trois catégories de dépenses pèsent sur le budget d'équipement des armées. Ces « scories » sont :
· les crédits finançant les restructurations qui ont accompagné les mutations de l'outil de défense ;
· les crédits attribués à la Polynésie à titre de compensation pour l'arrêt des essais nucléaires ;
· les crédits de la recherche civile.
Le fonds pour les restructurations de la défense (FRED), créé en 1992, a pour but de compenser les effets des mesures de restructuration (fermetures de sites militaires, dissolution d'unités) pour les collectivités territoriales ou les bassins d'emplois les plus pénalisés. Au 31 décembre 1999, ce fonds avait fait l'objet depuis sa création de 658 millions de francs d'engagement et de 442 millions de francs de mandatements au titre de subventions d'investissement relevant des catégories d'opérations suivantes :
· réalisation d'un projet industriel ;
· réaménagement d'une emprise libérée pour favoriser l'implantation d'activités nouvelles ;
· diversification du tissu industriel de défense.
Ces crédits dont la légitimité n'est pas discutable, ne financent donc que très marginalement de l'équipement de défense. Ils seront néanmoins considérés comme tels encore en 2001 à hauteur de 200 millions de francs, aussi bien en moyens d'engagement que de paiement. Il faut toutefois reconnaître que la loi de programmation 1997-2002 avait expressément inclus le FRED dans l'enveloppe consacrée à la défense (article 2-1-1 du rapport annexé).
Par ailleurs, la même loi avait institué un fonds d'adaptation industrielle (FAI)devant être doté de 4,8 milliards de francs sur la période et destiné à financer l'accompagnement social des restructurations de la DAM et de la DCN. Le coût de la restructuration de la DAM, en voie d'achèvement, s'est élevé à 781 millions de francs. La restructuration de la DCN, elle, n'est pas achevée. Son coût social est estimé à 3 milliards de francs pour 1997-2002. Il s'agit essentiellement de financer la préretraite des ouvriers à 52 ans ou à 55 ans, les départs volontaires, les indemnités de conversion et les compensations de RCS pour ceux qui sont transférés dans les armées. Depuis 1997, les crédits inscrits au FAI pour la DCN ont évolué comme suit :
(en millions de francs) | |
1997 |
327 |
1998 |
454 |
1999 |
736 |
2000 |
769 |
2001 |
769 |
Total |
3.055 |
La montée en puissance à partir de 1999 s'explique par la croissance des départs à 52 ans. L'entrée dans le dispositif s'arrêtant au 31 décembre 2000, le stock des ayants droit ne grossira pas après 2000 mais il continuera à solliciter les finances publiques jusqu'à ce que les derniers bénéficiaires atteignent l'âge de la retraite (60 ans), c'est-à-dire jusqu'en 2008.
Au-delà du FAI, le titre V (chapitre 55-11) de la défense finance, spécifiquement, c'est-à-dire sans lien avec un programme particulier, des investissements bénéficiant à la DCN (installations techniques des ports) ainsi qu'une participation à son plan d'entreprise, ce qui souligne, une fois de plus, l'ambiguïté des relations entre le budget de la Défense et le compte de commerce.
En tout état de cause, les dépenses relevant du seul FAI ne peuvent être assimilées ni à de l'investissement ni à de l'achat d'équipement militaire.
S'agissant enfin de la restructuration de GIAT, la prise en charge par le budget d'équipement est moins directe puisqu'il s'agit d'une entreprise mais elle existe néanmoins sous deux formes :
· le coût élevé des prestations et des matériels fournis à l'armée de Terre ;
· la taxation du titre V sous forme d'annulations gageant les dotations en capital récurrentes de l'entreprise (voir infra).
Depuis le début de la programmation jusqu'à l'annuité 2001 comprise, on peut donc estimer à 5 milliards de francs le volume des crédits de restructuration imputés sur le budget d'équipement des armées sans contrepartie directe pour l'équipement des forces, auquel il faudrait ajouter les annulations gageant les dotations en capital de GIAT.
Avec les compensations accordées par l'État au Territoire de la Polynésie à la suite de l'arrêt des essais nucléaires et des activités du centre d'expérimentations du Pacifique (CEP), il ne s'agit pas seulement de constater la sollicitation forcée du budget de la Défense pour financer des actions n'ayant aucun rapport avec l'équipement des armées, mais aussi de s'interroger sur le bien-fondé du cadre juridique qui régit l'utilisation de ces crédits.
Il existe malheureusement peu d'articles du budget d'équipement de la Défense dont les dotations augmentent au même rythme depuis le début de la programmation que celui sur lequel est financée l'aide à la Polynésie, comme le montre le tableau ci-après.
CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET DE LA DÉFENSE AU TITRE DE L'AIDE À LA POLYNÉSIE (en millions de francs courants) | ||
Autorisations de programme |
Crédits de paiement | |
LFI 1996 |
47,17 |
70,31 |
LFI 1997 |
377 |
218 |
LFI 1998 |
535,8 |
343 |
LFI 1999 |
615 |
613 |
LFI 2000 |
707,3 |
691,7 |
PLF 2001 |
1.024 |
603 |
Total |
3.306,27 |
2.539,01 |
Après examen de l'origine de cette croissance et de l'utilisation des crédits, il apparaît que ce dispositif, qui pèse de plus en plus sur les finances de la Défense, présente de nombreuses insuffisances qui légitimeraient un réexamen de son régime à l'occasion de la discussion de la prochaine loi de programmation militaire.
La base juridique de ce dispositif est la convention conclue entre l'État et le Territoire et signée le 25 juillet 1996 par M. Gaston Flosse, président du gouvernement de la Polynésie et M. Alain Juppé, Premier ministre.
Cette convention « pour le renforcement de l'autonomie économique de la Polynésie française » pose le principe du maintien pendant 10 ans des flux financiers qui résultaient de l'activité du CEP. Comme le stipule la convention, il s'agit « d'une période exceptionnellement longue » qui constitue une première exception par rapport aux dispositifs habituels de garantie de ressources ou d'activités.
Le mécanisme financier qui permet l'application concrète de ce principe, subtil et complexe à souhait, n'est pas moins généreux.
Les flux qui font l'objet d'un engagement de maintien de la part de l'État font l'objet d'une estimation globale de référence de 990 millions de francs. Il s'agit d'une part des recettes douanières et fiscales dont le montant de référence de départ est évalué à 220 millions de francs et, d'autre part, de l'ensemble des dépenses ayant un impact économique sur le territoire, évaluées à 770 millions de francs.
Au titre de la compensation des dépenses à caractère économique, l'État apporte son financement à un programme stratégique pour l'avenir économique et social de la Polynésie française. Ce financement comprend :
· une dotation à un Fonds pour la reconversion économique de la Polynésie française ;
· les dépenses au titre du service militaire adapté (SMA) ;
· des contributions nouvelles apportées par les différents ministères et organismes publics.
Le montant de la subvention destinée, au titre de chaque année, au Fonds pour la reconversion économique de la Polynésie française est donc, après déduction des flux financiers, assurés directement par l'État.
En effet, le Fonds reçoit chaque année un montant de crédits égal au niveau de référence (770 millions de francs), déduction faite des flux qui demeurent maintenus au titre de la surveillance des sites et des contributions nouvelles.
Les flux de référence ainsi définis ont évolué comme suit :
(en millions de francs) | ||||
1996 |
1997 |
1998 |
1999 | |
Droits et taxes |
182 |
64,44 |
31,33 |
11,25 |
Dépenses ayant un impact économique |
759,5 |
609,2 |
389,33 |
221,43 |
Total |
941,5 |
673,64 |
420,66 |
232,68 |
On constate que les dépenses réelles ont rapidement chuté du fait de la fermeture du CEP et de la base de Hao dont le processus de dissolution a été engagé à la mi-1999, les dépenses liées au SMA demeurant constantes, de l'ordre de 40 millions de francs.
Par conséquent, les montants de la subvention versée au Territoire au titre de la compensation ont évolué comme suit :
1999 |
2000 |
2001 | ||||
Autorisations de programmes |
Crédits |
Autorisations de programmes (au 31 août 2000) |
Crédits (au 31 août 2000) |
Autorisations de programmes (Projet de loi |
Crédits | |
Droits et taxes |
208,43 |
208,43 |
171,12 |
171,12 |
218 |
218 |
Fonds de développement |
598,82 |
151,20 |
537,67 |
111,84 |
806 |
385 |
Total |
807,25 |
359,63 |
708,79 |
282,96 |
1.024 |
603 |
Il faut noter que l'intégralité des crédits dus en application de la convention au titre d'une année donnée n'est pas mise en place nécessairement sur cette même année, mais peut-être étalée sur plusieurs budgets au vu des appels de fonds des programmes déjà lancés et des besoins réels de l'année, ceci afin d'éviter une immobilisation trop importante des crédits.
De même, le jeu des échéanciers de mise en place de fonds fait que, au cours d'une année donnée, peuvent être versées des autorisations de programme dues au titre de la subvention cumulée, calculée à partir des flux constatés les années précédentes. La dotation 2000 n'ayant pas pris en compte le désengagement accéléré des moyens militaires, il a été nécessaire d'augmenter la dotation 2001 pour pouvoir verser les montants de subvention nécessaires. Celle-ci est particulièrement élevée en autorisations de programme pour tenir compte de l'accroissement du montant dû au titre de l'année 2000 finançable en 2001.
En résumé, ce mécanisme garantit pendant dix ans le maintien absolu, sans aucune sorte de dégressivité, d'un volume très important de ressources dont une proportion élevée (à hauteur de 220 millions de francs) est directement affectée au budget du Territoire, alors que le solde est mobilisé sur un fond de développement économique.
Aucune autre collectivité territoriale de la République affectée par les nombreuses dissolutions d'unités accompagnant la professionnalisation des armées n'a bénéficié d'un traitement si généreux.
Le Fonds de reconversion est géré par un comité présidé conjointement par le Haut-Commissaire et le Président du gouvernement et dont le secrétariat est assuré par le Délégué au développement économique et social qui est actuellement détaché du ministère de la Défense mais qui relève de la double tutelle.
L'initiative des projets appartient aux représentants de la Polynésie. Leur instruction contradictoire relève à la fois du Territoire et des représentants de l'État sur place mais ceux-ci ne disposent pas d'une expertise permettant une instruction approfondie des projets puisque le Délégué est seul et que le Haut-Commissaire ne peut s'appuyer que sur la dizaine de personnes constituant la mission économique ou sur la direction de l'assistance technique. Ce faible nombre de personnes ne permet en aucun cas un contrôle approfondi de l'utilisation des fonds.
Au-delà de l'expertise préalable minimale sur les coûts, la marge de man_uvre des représentants de l'État demeure assez faible, compte tenu de l'existence d'un volume de crédits garanti qui doit être consommé. La négociation semble, en fait, se résumer à la détermination du taux de participation du Territoire qui tourne autour de 20 %.
Le Délégué, parce que soumis à la double tutelle, ne peut avoir pour fonction le contrôle de l'utilisation des fonds. En dehors du traditionnel contrôle comptable sur pièces justificatives du Payeur du Territoire, qui est un comptable principal nommé par la Direction de la Comptabilité publique, il n'existe pas de contrôle particulier émanant de la métropole et notamment pas du ministère de la Défense sur l'utilisation de ces fonds publics. Quant au contrôle juridictionnel, la Chambre territoriale des comptes compétente était jusqu'à très récemment basée à Nouméa, ce qui ne facilite pas le développement du contrôle sur place. Elle vient toutefois de s'installer à Papeete.
Les corps de contrôle métropolitains pourraient utilement se saisir de ce dossier aux perspectives prometteuses.
Le bilan des projets financés par le Fonds de reconversion économique est résumé par le tableau ci-après :
BILAN DES PROJETS AIDÉS PAR LE FONDS DE RECONVERSION ÉCONOMIQUE (en millions de francs français) | |||
Coût total |
Décision du Comité de gestion | ||
de l'opération |
Taux |
Subvention | |
Aménagement de la caserne Broche |
non communiqué |
- |
30 |
Port d'Uturoa |
218 |
85 |
185 |
Port de pêche de Papeete |
48 |
92 |
44 |
Routes Marquises |
132 |
82 |
109 |
Mesures d'aide à l'emploi |
275 |
100 |
275 |
Logement social |
non communiqué |
- |
440 |
SOFIDEP (société capital risque) |
32 |
100 |
32 |
Projets communaux |
2 |
80 |
1 |
Environnement |
41 |
96 |
39 |
Foncier (cadastre et cartographie) |
89 |
100 |
89 |
Hôpital |
8 |
100 |
8 |
Metu @ (numérisation réseaux d'équipement) |
26 |
50 |
13 |
Autres |
58 |
75 |
43 |
Total décision du Comité de gestion |
1.310 | ||
Dotations reçues |
1.473 |
La principale difficulté à laquelle s'est heurté le Délégué au développement économique à son arrivée en 1997 a été d'amorcer l'aide à projet, les entreprises polynésiennes lui ayant affirmé qu'elles bénéficiaient d'un niveau déjà suffisant de subventions et qu'elle ne pouvaient prétendre à un dispositif d'aide supplémentaire. Il est vrai que les lois de défiscalisation en vigueur créent un contexte favorable au développement de l'esprit d'entreprise en Polynésie.
A défaut de projets, le Fonds a donc commencé par financer ceux qui étaient inscrits en toute lettre dans la convention, c'est-à-dire une participation de 30 millions de francs au réaménagement de la caserne Broche en palais du Gouvernement territorial, une aide au logement social d'un montant annuel de 110 millions de francs et une aide à la création d'emplois d'un montant annuel de 55 millions de francs.
Le programme d'aide à la création d'emplois, d'un coût particulièrement élevé puisqu'il revient en moyenne à 24 KF par demandeur d'emploi (la Polynésie en comptait 11 500 en 1996), a fait l'objet d'une évaluation qui a mis en lumière ses faiblesses en concluant qu'il s'agissait davantage d'aide à l'insertion professionnelle et sociale. Aucun chiffre portant sur les emplois créés n'a été mis à notre disposition pas plus que les critères de désignation des bénéficiaires.
S'agissant du logement social, le Fonds a financé notamment 230 farés pour un coût total voisin de 77 millions de francs, soit 320 KF par faré. Le principe était qu'en échange d'une contribution de 5 % du coût de l'opération, la famille sélectionnée devenait propriétaire du faré construit. Une évaluation du programme, confiée à des cabinets spécialisés de métropole, est en cours à la suite d'interrogations portant, là encore, sur les critères de sélection des famille ainsi aidées.
L'accent a ensuite été mis sur les infrastructures favorisant le développement : routes, assainissement des eaux, etc. A ce titre, le cadastre a été largement modernisé pour un coût étonnamment élevé, dû notamment aux frais de déplacement des géomètres résultant de la dispersion géographique du Territoire et à la fréquence du régime de l'indivision.
On constate, par ailleurs, que les projets communaux sont quasiment inexistants et que le Territoire monopolise l'initiative.
Les grands chantiers prennent peu à peu le relais de ces investissements initiaux. L'opération la plus importante porte sur l'implantation dans l'île de Raia Téa, chère au président Flosse, d'un pôle de développement touristique centré sur le port d'Uturoa.
Enfin, un projet très conséquent de création d'un hôpital est à l'étude mais l'ampleur et la technicité de ce dossier devraient faire intervenir des expertises extérieures au Territoire. L'accompagnement en crédits de fonctionnement d'une telle initiative est aussi à étudier ; le Fonds de reconversion qui n'a pas vocation à être pérennisé, ne saurait en aucun cas être mobilisé pour financer cette catégorie de dépenses.
En conclusion, on doit constater que, faute d'une programmation élémentaire, l'utilisation de ce Fonds a été très disparate et que de nombreux projets n'ont qu'un lointain rapport avec le développement ou la reconversion économique.
Compte tenu de ces différents éléments, il paraît souhaitable de réexaminer les dispositions de la convention avant l'entrée en vigueur de la prochaine loi de programmation militaire, conformément à ce qui avait été convenu en juillet 1996. L'article 13 de la convention prévoit, en effet, un réexamen de ses dispositions « à l'issue d'une période de cinq ans sur la base d'un bilan établi conjointement par l'État et la Polynésie française et portant sur les résultats enregistrés, les moyens et les procédures mis en _uvre ».
Avant ce réexamen qui doit donc intervenir à l'été 2001 au plus tard, il conviendra que la représentation nationale dispose de ce bilan détaillé d'utilisation des crédits. Il est intolérable que l'utilisation réelle de sommes aussi importantes échappe à tout contrôle sérieux. Cela ne rend pas service à l'archipel. Il est à espérer que la transparence soit enfin au rendez-vous. Elle est indispensable à la crédibilité de l'État et à l'intérêt des populations polynésiennes.
Le budget civil de recherche et de développement (BCRD) fait l'objet d'un financement inscrit au titre VI du ministère de la Défense depuis 1996. Depuis 1998, le Centre national d'études spatiales (CNES) est le bénéficiaire exclusif de cette dotation.
DOTATIONS DU BCRD INSCRITS AU FASCICULE DÉFENSE (en millions de francs) | ||||||
1996 (1) |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 | |
CNES |
1.120 |
0 |
500 |
900 |
1.500 |
1.250 |
(1) En 1996, 880 millions de francs avaient été inscrits de surcroît pour la recherche civile du CEA et pour les programmes aéronautique civils. |
Cette dotation, qui fait l'objet d'un transfert en exécution à destination du CNES est une opération de bourrage d'enveloppe caractérisée qui avait été expressément exclue par la loi de programmation militaire (article 2.2.1 du rapport annexé).
Si l'activité du CNES peut générer des synergies avec celle de la Défense (gains de productivité entre Spot 4 et Helios I et entre Spot 5 et Helios II), ces crédits servent exclusivement à financer les équipes du CNES, sans contrepartie directe et apparente pour la Défense. Aucun compte rendu de leur emploi n'a jamais été communiqué au ministère de la Défense qui se voit réduit à jouer un rôle de guichetier afin d'améliorer le solde d'exécution du budget de l'État tout en gonflant artificiellement les crédits d'équipement des armées. Sur la période de programmation, ce sont ainsi 4,150 milliards de francs qui auront été ainsi distraits de l'enveloppe de programmation.
RESTRUCTURATIONS ET RÉORGANISATIONS
Pour atteindre le modèle d'armée fixé par la loi de programmation 1997-2002, environ 475 mesures d'adaptation se sont révélées nécessaires. Ces mesures comprennent des dissolutions d'unités, des transferts d'une ville à une autre et des réorganisations, c'est-à-dire des aménagements internes se traduisant, le plus souvent, par des diminutions d'effectifs.
Elles s'articulent en deux phases
- 175 mesures, portant sur la période 1997-1999, ont été annoncées le 16 juillet 1996 par le ministre de la défense ;
- 300 mesures, portant sur la période 2000-2002 avec un recouvrement sur 1999, ont été annoncées le 7 juillet 1998 par le ministre de la défense.
Au total, en raison du recouvrement sur 1999, 252 mesures ont porté essentiellement sur les forces. Aujourd'hui entièrement réalisées, elles représentent 53 % du nombre des mesures annoncées sur l'ensemble de la période 1997-2002 et correspondent à 180 dissolutions, 26 transferts, 36 réorganisations et 10 créations.
Notons au passage, pour nous en réjouir, que la nécessaire continuité dans la réforme n'a souffert ni de l'alternance politique ni de la cohabitation.
Pour la période 2000-2002, 225 mesures environ concerneront les structures territoriales, le soutien et la formation.
Afin de compenser les conséquences économiques de ces dissolutions d'unités pour les zones les plus fragiles, un fonds pour les restructurations de la défense (FRED) a été créé dès 1992. Il finance des projets industriels, le réaménagement des emprises libérées afin de favoriser l'implantation d'activités nouvelles ou bien encore la diversification du tissu industriel de défense.
Au 31 décembre 1999, le FRED avait ainsi engagé 660 millions de francs et mandaté 440 millions de francs depuis sa création. Pour 2001, un montant de 206 millions de francs est prévu pour ce fonds en crédits de paiement.
L'armée de Terre a dissous 39 régiments et en a transféré 4 d'une garnison à une autre. La quasi totalité de ces régiments étaient situés dans des villes comportant plusieurs unités militaires ou en Allemagne. Dans 3 villes seulement (Montbéliard, Oissel et Nevers), le départ d'un régiment n'a pas été compensé par l'arrivée d'une unité ou par la professionnalisation d'une structure militaire voisine. Dans le même temps, 5 états-majors ont été dissous et 4 transférés. Les soutiens et l'environnement des forces ont fait l'objet de mesures particulières : dissolution de centres mobilisateurs, d'établissements du matériel et du commissariat, regroupements d'écoles.
Après l'importante phase de restructuration des forces mise en _uvre pour l'essentiel entre 1997 et 1999, l'armée de Terre s'est préoccupée de la réorganisation de son commandement et de ses structures de soutien.
La réorganisation du commandement et du soutien est la traduction directe, après la réduction du format déjà bien avancée, du passage d'une armée territoriale de masse à une armée professionnelle de projection.
La réorganisation du commandement de l'armée de Terre vise à la doter de deux chaînes de commandement, l'une à vocation opérationnelle et l'autre de nature organique. La chaîne à vocation opérationnelle, en place depuis l'été 1999, est chargée d'assurer l'entraînement des forces, ainsi que de conduire et de soutenir les opérations dans lesquelles l'armée de Terre est engagée.
Elle est placée sous l'autorité du commandement de la force d'action terrestre de Lille qui permettra de disposer, en permanence, d'états-majors projetables, aptes à assurer sur faible préavis le commandement opérationnel d'ensembles interarmes, nationaux ou multinationaux.
Elle repose sur quatre états-majors de force qui se sont implantés au siège de trois circonscriptions militaires de défense n'accueillant pas de régions militaires (Besançon, Limoges et Marseille) ainsi qu'à Nantes, et sur neuf états-majors de brigade.
Par ailleurs, l'ensemble des unités logistiques projetables, articulées en deux brigades, est placé sous l'autorité du commandement de la force logistique terrestre de Montlhéry. Quatre commandements d'appui spécialisés (CAS) sont situés à Strasbourg (génie), Oberhoffen (artillerie), Metz (renseignement) et à Luneville (transmissions).
Sur un plan organique, le nouveau dispositif a été mis en place au 1er juillet 2000. L'objectif était de poursuivre la déconcentration du commandement vers de nouvelles régions Terre, en leur confiant plus de responsabilités notamment dans les domaines de la gestion du personnel civil et militaire et du recrutement, mais aussi de recentrer les régions Terre sur leurs attributions organiques, c'est-à-dire le maintien en condition des forces et le soutien des formations stationnées sur leurs territoires.
Il s'agissait aussi de rationaliser le dispositif territorial en réduisant les structures de commandement. De fait, les 9 circonscriptions militaires de défense (CMD) ont été remplacées par 5 régions Terre (RT) implantées comme suit :
- la RT Île de France dont l'état-major se trouve à Saint-Germain en Laye,
- la RT Nord-Ouest à Rennes,
- la RT Sud-Ouest à Bordeaux,
- la RT Nord-Est à Metz,
- la RT Sud-Est à Lyon.
La nouvelle organisation territoriale a permis de réduire de façon significative le volume des structures de commandement, avec la dissolution de quatre états-majors de CMD (Lille, Besançon, Limoges et Marseille), permettant de réaliser un gain d'effectifs de près de 240 postes, personnel appelé compris. En terme d'aménagement du territoire, ces dissolutions ont eu des conséquences limitées dans la mesure où 3 états-majors de force ont été créés en corollaire à Besançon, Limoges et Marseille.
Les formations sont donc placées sous une double subordination, celle du général commandant la région Terre en matière de fonctionnement et de vie courante et celle des différentes chaînes fonctionnelles pour tout ce qui relève spécifiquement du métier.
On peut toutefois s'étonner que cette réorganisation n'ait pas également concerné l'échelon des délégués militaires départementaux (DMD) de l'armée de Terre (lieutenant-colonels, colonels ou généraux) alors qu'apparaît discutable l'architecture d'un tel maillage devant l'évolution des missions et de l'organisation de l'armée de Terre.
Afin de constituer un ensemble de grandes unités spécialisées et adaptables, à tout moment, aux besoins des forces de circonstance mises sur pied pour une opération particulière, les unités de soutien et de formation rattachées en temps de paix aux grandes unités permanentes, du type de la division, seront supprimées. Il s'ensuivra un important mouvement de regroupement de sites. Entre 2000 et 2002, l'adaptation du dispositif de formation et de soutien entraînera la suppression de près de 200 organismes tandis que plus de 200 autres seront transférés ou restructurés.
Le service du matériel est très profondément restructuré. La diminution du nombre des formations à soutenir, la priorité donnée à la projection des forces et le transfert progressif des activités à caractère industriel au secteur concurrentiel auront pour conséquence le regroupement de la totalité des régiments, des bataillons et des établissements du matériel dans une composante unique comprenant quinze formations au sein desquelles les détachements projetables seront clairement identifiés. C'est ainsi que 88 organismes (régiments, bataillons, établissements et groupements) seront soit dissous, soit restructurés, soit transférés.
Le commissariat s'adapte, lui aussi, à la réduction du format et à l'augmentation du nombre de professionnels à soutenir : les fermetures, les restructurations et les regroupements viseront à atteindre cet objectif.
Les progrès techniques des télécommunications et de l'informatique, la modification du plan de stationnement des armées sur le territoire, ainsi que la complémentarité accrue des réseaux fixes et des réseaux mobiles conduisent à une transformation générale du service des transmissions. C'est ainsi que la totalité des moyens affectés aux missions de mise en _uvre des systèmes de communication et d'information sera regroupée dans une même composante associant les formations projetables et les unités fixes.
La réorganisation générale des forces et des soutiens nécessitera inévitablement des travaux sur les emprises et bâtiments redistribués. Elle impose de ce fait une relative stabilité dans l'organisation du service du génie tout au long de la loi de programmation. Pour autant celui-ci devra s'adapter à la modification de l'implantation des forces survenues au cours de la première période. Ainsi, deux établissements devront être fermés, dix-sept autres feront l'objet d'une réorganisation et la totalité des détachements de maintenance du génie sera dissoute.
Enfin, la suspension de la conscription et la transformation du rôle et de l'organisation de la réserve ont rendu inéluctable la dissolution des onze derniers centres mobilisateurs en 2000.
La rationalisation du dispositif de soutien, de fonctionnement et de formation (le socle) de l'armée de Terre a un objectif simple : augmenter la proportion de forces projetables à bref préavis. Le réservoir de forces de ce type dont dispose actuellement l'armée de Terre est de 75.000 personnes (pour une prévision de 85.000 en 2001), soit 40 % de ses effectifs. La proportion de forces projetables en 1996 n'était que de 10 % du total, elle doit s'élever aux trois quarts en 2002, ce qui montre l'étendue du chemin parcouru.
Il s'agit là d'un des acquis majeurs de la professionnalisation puisqu'en 1990/1991, lors de la guerre du Golfe, un délai de plusieurs mois avait été nécessaire pour déployer 12.000 soldats de métier.
La réduction globale des effectifs, l'effort accru de rationalisation des organisations territoriale et de soutien et les améliorations technologiques dans le domaine de la surveillance de l'espace aérien conduisent l'armée de l'Air à poursuivre le resserrement de son dispositif pour atteindre, en 2002, un format de 33 bases aériennes, dont 25 dotées d'une plate-forme aéronautique.
Les mesures d'adaptation de l'armée de l'Air sur la période 2000-2002 concerneront ses unités aériennes, son organisation territoriale, son dispositif de surveillance de l'espace aérien et de contrôle de la circulation aérienne militaire, et enfin, ses services de soutien (matériel, commissariat et infrastructure).
Conformément aux conclusions de la revue des programmes, deux escadrons de Jaguar stationnés à Saint-Dizier seront retirés du service en 2001. En outre, les unités constitutives du système Astarte basées à Évreux seront dissoutes à la même échéance.
La dissolution de la compagnie régionale d'infrastructure de la région aérienne Méditerranée a été décidée en 2000.
Par ailleurs, les centres de détection et de contrôle de la circulation aérienne militaire verront leur nombre et leur structure évoluer. Ainsi, les sites de Prunay-Belleville et Narbonne, tout en conservant leur mission de détection, ont fait l'objet d'un resserrement de leurs infrastructures, respectivement en 1999 et 2000. Par ailleurs, le site de Contréxeville adoptera le même statut en 2001, date à laquelle il perdra sa fonction de contrôle en secours. Enfin, la base aérienne de Doullens deviendra, en 2002, un détachement essentiellement dédié à la mission de détection radar.
S'agissant du service du matériel, les deux bases-établissements de Varennes-sur-Allier et Romorantin verront leurs missions recentrées sur la maintenance aéronautique, respectivement en 2000 et 2002.
Le service du commissariat adaptera le nombre de ses établissements de stockage de matériels au nouveau format de l'armée de l'Air, ce qui se traduira par la fermeture de deux de ses quatre établissements : Reims en 2000, puis Toulouse-l'Hers en 2002.
Enfin, une décision importante a été prise en matière de maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques puisqu'a été annoncée le 1er octobre 1999 la création d'une structure intégrée constituée en organisme à vocation interarmées relevant de l'armée de l'Air. Cette structure aura pour mission d'optimiser la disponibilité des aéronefs de l'ensemble du ministère et d'en maîtriser le coût de possession. Il s'agit là d'un domaine d'action essentiel où les gisements de productivité sont importants (voir supra).
La réforme organique de la Marine s'est achevée à l'été 2000 avec le regroupement de la totalité des bâtiments de surface sous l'autorité d'un amiral commandant la force d'action navale (ALFAN).
Cette réforme, étape significative de la modernisation et de la rationalisation de l'organisation de la marine a été mise en place progressivement, notamment pour les forces outre-mer. La force d'action navale (FAN) compte désormais cent dix-sept bâtiments armés par dix mille hommes et femmes.
ALFAN est responsable de la mise en condition et de la mise en _uvre de l'ensemble des forces de surface. Sous ses ordres, ALFAN/Toulon et ALFAN/Brest, autorités organiques de proximité, sont chargées de la mise en condition des forces, respectivement basées en Méditerranée et en Atlantique. ALFAN/Brest est pour sa part secondé par ALFAN/Mines pour la guerre des mines et la plongée humaine.
ALFAN a en charge la disponibilité, la préparation et l'entraînement des forces qui seront placées sous le commandement opérationnel du chef d'état-major des armées.
La gamme des moyens est large : de la frégate, qui peut être déployée seule pour une mission de présence en zone de crise, aux groupes aéronaval et amphibie pouvant intervenir de façon dissuasive ou offensive dans un conflit régional, en passant par la force de guerre des mines qui assure la liberté d'accès des ports des façades Atlantique-Manche et Méditerranée.
Les bâtiments de la force d'action navale peuvent être classés en sept grandes catégories :
- le porte-avions autour duquel s'organise le groupe aéronaval ;
- les transports de chalands de débarquement, c_ur du groupe amphibie ;
- les frégates qui assurent la protection des groupes ;
- les bâtiments de soutien nécessaires à la permanence d'une force navale à la mer ;
- les bâtiments de guerre des mines ;
- les bâtiments de souveraineté, déployés outre-mer pour des missions de prévention ;
- les bâtiments de service public.
Depuis 1997, la Marine a désarmé 12 bâtiments (un porte-avions, deux bâtiments de soutien logistique, deux frégates de premier rang, quatre frégates de deuxième rang et trois sous-marins) et dissous le groupe des sous-marins d'attaque de l'Atlantique.
La Marine restructure son dispositif de soutien aussi bien en matière de localisation que d'organisation.
Ainsi, après avoir regroupé ses moyens navals dans les ports de Toulon et de Brest, la Marine recentrera son dispositif de soutien des forces sur ces mêmes ports, tout en maintenant une structure permanente à Cherbourg. A cette fin, les soutiens militaires techniques seront réorganisés dans les ports de Brest et de Toulon et regroupés au sein d'une base navale à Cherbourg.
Cette politique de regroupement des soutiens techniques est, désormais, indépendante des activités industrielles de la Délégation générale pour l'armement à Cherbourg et à Lorient. Ainsi, pour le port de Lorient, le soutien apporté par la Marine aux bâtiments en armement ou en construction s'effectuera en majeure partie à partir de Brest. Enfin, les services de soutien de la Marine participeront également à l'effort de réduction des effectifs par un plan de déflation de 15 % d'ici 2002, passant par la réorganisation ou la fermeture des directions locales de Lorient et de Cherbourg.
Le regroupement des soutiens à Brest a conduit à la dissolution de l'arrondissement maritime de Lorient dont les attributions ne se justifiaient plus et à son remplacement par une structure de commandement de la Marine.
Parallèlement, sur un plan administratif, il a été créé par décret du 28 juin 2000 un service de soutien de la Flotte, chargé du soutien technique et logistique des bâtiments de surface et des sous-marins. Cette structure placée sous l'autorité directe du chef d'État-major, comprenant du personnel de la Marine et de la Délégation générale pour l'armement (DGA) sera chargée de la maîtrise d'ouvrage des activités concourant à la disponibilité technique des moyens navals et sera localisée principalement à Toulon et à Brest.
Enfin, la restructuration de l'aéronautique navale s'est matérialisée par la décision de dissoudre la base de Saint Mandrier au profit de la base de Hyères.
I.- LA DÉLÉGATION GÉNÉRALE POUR L'ARMEMENT
La Délégation générale pour l'armement (DGA) est le plus important des services communs du ministère de la Défense. Son effectif budgétaire total (comptes de commerce compris) était de 37.546 personnes pour 2000. A l'instar du reste du ministère et notamment des armées, elle est engagée dans un processus de rationalisation de sa gestion qui passe par la réduction de son coût d'intervention. Il importe de bien saisir la portée et la définition de cette notion avant d'en détailler un domaine d'application particulièrement important, c'est-à-dire la restructuration de la direction des centres d'expertise et d'essais.
Le coût d'intervention est la mesure de l'ensemble des coûts de structure (rémunération du personnel, fonctionnement et investissements courants des services) générés par l'activité propre de la DGA.
Son évaluation est limitée à la seule partie étatique de la DGA c'est-à-dire la totalité de ses directions, y compris la direction des centres d'expertise et d'essais (DCE) à l'exclusion de ses établissements industriels (Direction des constructions navales, Service de la maintenance aéronautique), qui sont gérés en comptes de commerce, ainsi que des établissements publics placés sous sa tutelle (Office national d'études et de recherche aérospatiale, Institut de Saint-Louis, écoles d'ingénieurs).
Plus précisément, le coût d'intervention de la DGA étatique correspond à la différence entre la somme des charges et la somme des produits générés par l'activité.
Les produits générés par l'activité donnent lieu à des paiements reçus de prestations effectuées au profit de clients « extérieurs » à la DGA et se matérialisent essentiellement par des rentrées de fonds de concours.
La somme des charges générées par l'activité est le coût complet de structure qui est obtenu par un retraitement du coût budgétaire afin de disposer de données économiquement significatives.
En 1999, les modalités d'évaluation du coût d'intervention ont été ajustées pour mieux cerner les coûts induits par l'activité. La nouvelle méthode de calcul se distingue essentiellement de celle utilisée de 1996 à 1998 par la prise en compte du coût du personnel employé et non rémunéré et des dépenses d'assistance technique et par la déduction des recettes (fonds de concours) générées par l'activité.
Selon cette nouvelle méthode, le coût d'intervention de la DGA étatique s'est établi à 6,4 milliards de francs en 1999, soit une valeur en baisse de 10 % par rapport à 1998 et de 23 % en francs constants par rapport à 1996.
Depuis 1996, la baisse du coût d'intervention a été obtenue par la maîtrise des dépenses de rémunérations et charges sociales (RCS) ainsi que par la réduction des dépenses de fonctionnement et d'investissement courant.
La maîtrise des RCS a été permise par une déflation importante de l'effectif employé qui, de fin 1996 à fin 1999, dans le périmètre du coût d'intervention, a concerné environ 3.900 personnes, soit les deux tiers de la diminution prévue sur les six années de la loi de programmation militaire 1997-2002.
La réduction des dépenses de fonctionnement courant, qui, à la fin de l'année 1999, a atteint près de 30 % par rapport à 1996, est issue de la rationalisation du soutien qui s'est traduite notamment par le regroupement des moyens au sein d'un établissement central de soutien, le resserrement des surfaces occupées (quatre sites utilisés en région parisienne ont déjà été libérés et, à terme, la DGA n'occupera plus que six sites au lieu de quinze dans Paris et sa proche banlieue), l'homogénéisation du parc et des applications informatiques et l'optimisation des achats par la globalisation et la mise en concurrence systématiques.
L'objectif de coût d'intervention arrêté pour 2000 est de 6,4 milliards de francs, ce qui correspond à une stabilisation de l'effort d'économie, la réduction obtenue l'an dernier ayant été plus importante que prévu (l'objectif de l'année 1999 était de 6,8 milliards de francs pour un résultat définitif de 6,4 milliards de francs). Les dépenses de personnel et de fonctionnement continueront à baisser en 2000 sous l'effet de la poursuite de la déflation de l'effectif employé (environ 500 personnes) et de l'action de rationalisation du soutien. Une hausse des dépenses d'investissement est attendue, conséquence du rattrapage en 1998 et en 1999 du retard pris sur les engagements en 1996 et en 1997.
L'objectif du coût d'intervention pour 2001 ne sera fixé qu'à la fin de l'année 2000, lorsque les résultats de cette gestion seront mieux connus. Il sera cohérent avec l'objectif assigné à la DGA par le ministre de la défense de réduire son coût d'intervention de 30 % en six ans, au terme de la loi de programmation militaire 1997-2002. Si le coût d'intervention s'établit comme prévu à 6,4 milliards de francs en 2000, la réduction supplémentaire à réaliser sur la période 2001-2002 ne sera plus que d'environ 8 %.
La direction des centres d'expertise et d'essais (DCE) est la plus grosse direction de la DGA budgétaire.
En 1996, elle regroupait plus de 12.000 personnes sur 23 centres répartis sur plus de 50 implantations et 52.000 hectares. Elle pesait 7 milliards de francs de « chiffre d'affaires » et 60 milliards de francs d'immobilisations.
Dès 1997, une réflexion stratégique a été entreprise au sein de cette direction afin de s'adapter aux nouvelles contraintes qui encadraient désormais son activité. Il s'agissait, d'une part, de participer à la réduction du coût des programmes d'armement, par l'amélioration de la compétitivité des centres et, d'autre part, de faire face à la baisse du plan de charge liée à l'évolution des crédits d'études et de développement inscrits dans la loi de programmation militaire.
A titre d'exemple, la réduction de charge des centres spécialisés dans les systèmes aéronautiques sera en moyenne de 30 % entre 1996 et 2002. La charge relative aux missiles sera également diminuée de 20 %. Pour les systèmes navals et terrestres, l'activité se situera en 2002 à un niveau égal à 85 % de celui de 1996.
Au terme d'une intense phase de concertation interne, la DCE a adopté le premier volet de son plan stratégique début 1998. Le Plan a défini les orientations stratégiques de la direction en ces termes :
· contribuer à la construction de l'Europe de l'armement ;
· améliorer la compétitivité (30 %) ;
· élargir la clientèle ;
· développer une « culture du client » ;
· fournir des prestations globales et développer des pôles d'excellence ;
· mobiliser et valoriser les compétences de chacun.
Un plan pluriannuel de réduction du coût d'intervention de la DCE a été mis en place au terme duquel ce coût doit baisser de 32 % entre 1996 et 2002. En 1998, le résultat était de 17,5 %,soit un milliard en deux ans.
La DCE a poursuivi, en 2000, sa politique de réduction du coût d'intervention à un rythme plus mesuré.
COÛT D'INTERVENTION DE LA DCE (en millions de francs) |
|||||
Réalisé 1998 |
Réalisé 1999 |
Prévisions 2000 |
Écart |
Variation (en %) | |
RCS |
2.242 |
2.222 |
2.108 |
- 114 |
- 5,1 |
Investissements |
890,1 |
950 |
986 |
+ 36 |
+ 3,8 |
Fonctionnement |
753,9 |
571 |
581 |
+ 10 |
+ 1,8 |
Total |
3.886 |
3.743 |
3.675 |
- 68 |
- 1,8 |
En matière de coût de fonctionnement, la DCE a engagé une démarche de rationalisation de son système d'information, s'appuyant sur des logiciels unifiés au sein de la direction, qui devrait engendrer des économies. Par ailleurs, la baisse volontaire et pilotée de l'assistance technique sera poursuivie mais l'enjeu va en s'amenuisant.
Une source d'économie privilégiée dans les années à venir sera la rationalisation et l'externalisation des activités de soutien. La rationalisation se fera en regroupant des activités communes à plusieurs centres, par grandes régions géographiques (Toulon, Sud-Ouest, Val de Reuil, Vernon). Dans ce domaine, comme dans les autres, les centres ont encore gardé des comportements autarciques qu'il faut faire évoluer rapidement. La direction s'efforce cependant de mettre en place des pôles d'action transverses entre les centres, y compris sur des activités faisant partie de leur c_ur de métier. En matière de ciblerie, par exemple, ceci a permis de grouper les achats et d'optimiser les commandes ou l'utilisation des moyens lourds.
L'externalisation concernera les activités de soutien pour lesquelles il existe un métier reconnu sur le marché (restauration, gardiennage, soutien informatique, transport, nettoyage...). Des sociétés extérieures spécialisées sont en mesure de proposer un ensemble de services logistiques à moindre coût que des personnels de l'administration du fait de la spécialisation et de l'effet d'échelle. Une autre option peut consister à s'appuyer sur les solutions appliquées localement par les armées.
Par ailleurs, la DCE a engagé un plan de rationalisation qui comporte notamment le transfert de l'activité aérienne d'essais en vol de Brétigny vers Istres et Cazaux. Plus de la moitié des activités ont été transférées en 1999, le reste l'ayant été au cours de l'été 2000. Plus de 170 personnes ont ainsi quitté Brétigny pour Istres, Cazaux ou d'autres organismes de la DGA ou du ministère. Les effectifs de la DGA sur la base d'essais de Brétigny sont passés de 800 personnes à un peu plus de 500. Les travaux d'infrastructures d'accueil à Istres et Cazaux, évalués à 150 millions de francs pour l'ensemble de l'opération, ont débuté au printemps 1999.
L'objectif en ce qui concerne les effectifs budgétaires autorisés s'élève à 8.334 personnes pour 2000. A ces effectifs, s'ajoutent les personnels affectés à la DCE mais non rémunérés par elle, qui représentent 927 personnes. Au 31 juillet 2000, les effectifs s'élevaient à 9.311 personnes, ce qui permet de prévoir que les objectifs budgétaires fixés pour 2000 pourront être atteints. Depuis janvier 1997, la DCE suit une trajectoire lui permettant d'atteindre la réduction de format prévue sur la période de programmation.
01/01/1197 |
31/12/1997 |
31/12/1998 |
31/12/1999 |
31/07/2000 |
Prévisions fin 2000 | |
Total rémunérés DGA |
10.371 |
9.889 |
9.080 |
8.671 |
8.390 |
8.334 |
Total scientifiques du contingent et pompiers |
329 |
251 |
226 |
123 |
101 |
108 |
Total non rémunérés DGA |
1.276 |
1.146 |
973 |
878 |
820 |
819 |
Total DCE |
11.976 |
11.286 |
10.279 |
9.672 |
9.311 |
9.261 |
Le défi des prochaines années sera de faire face à une concurrence accrue des centres européens en raison de la multiplication des programmes menés en coopération alors qu'existent d'évidentes surcapacités en Europe. Dans ce domaine, l'harmonisation des investissements n'a pas encore commencé comme en témoignent certaines décisions récentes de pays partenaires qui ont financé des installations qui doublonnent avec celles de la France.
La DCE doit s'y préparer en améliorant son système de définition des coûts et sa compétitivité et en renforçant ses services commerciaux.
Les centres d'expertise et d'essais européens, concurrents à court et moyen terme, deviendront ultérieurement des partenaires. A l'instar des industriels, ils devront se restructurer dans un cadre transnational. Il s'agit d'un processus lent sur le déroulement duquel il est difficile de faire aujourd'hui des hypothèses solides. La DCE s'attache à favoriser les rapprochements entre centres, en développant notamment l'étalonnage concurrentiel ou « benchmarking ». Une telle démarche, lancée en 1998 par la DGA, est en cours pour une étude comparée du BWB (Allemagne) et de la DGA. La DCE étudie par ailleurs les possibilités offertes par le centre de Vidsel (Suède) qui présente des infrastructures aptes aux essais des missiles de croisière. Une coopération avec le Maroc pourrait aussi être envisagée dans ce domaine.
Les essais croisés entre l'ETAS à Angers et le centre du BWB à Trèves qui se sont déroulés en 1999 sont une première utilisation réciproque des moyens d'essais européens.
II.- OTAN : LA PARTICIPATION FRANÇAISE
Les crédits relevant de la participation française aux dépenses de l'OTAN, pour ce qui concerne le budget militaire, se répartissent entre le titre III et le titre V du budget de la Défense, selon le tableau ci-après.
PARTICIPATION DU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE (en millions de francs) | |||
LFI 1999 |
LFI 2000 |
PLF 2001 | |
Titre III |
239 |
239 |
239 |
Titre V dont CEPMA (1) |
241 30 |
280 30 |
296 37 |
Total |
481 |
520 |
536 |
(1) Agence de gestion des oléoducs en centre Europe. |
Ces crédits n'englobent pas la participation française au budget civil de l'OTAN qui est financée par le ministère des Affaires étrangères.
L'évolution récente des différents budgets de l'Alliance est retracée par le tableau ci-après :
ÉVOLUTION DES BUDGETS DE L'OTAN (en millions de francs) | ||||
1998 |
1999 |
2000 |
2001 | |
Budget civil |
936 |
936 |
nc |
nc |
Budget militaire de fonctionnement |
4.071 |
4.292 |
4.643 |
4.757 |
Budget militaire d'investissement |
4.073 |
4.073 |
4.167 |
4.201 |
La décomposition par fonction de ces budgets est détaillée dans le tableau ci-après :
DÉCOMPOSITION DU BUDGET MILITAIRE Défense aérienne 34,4 % Structure de commandement 27 % Support C3 de cette structure 18,5 % Remboursement aux nations 0 Recherche et développement 9,2 % Exercices 3,5 % Régime des pensions 2,2 % Partenariat pour la paix 1,4 % OPS 8,7 % DÉCOMPOSITION DU BUDGET MILITAIRE Communications 20 % Systèmes d'information 17 % Surveillance, identification 11 % Contrôle aérien 10 % Moyens pour les opérations 16 % Force Awacs 5 % Divers 21 % |
La participation française au budget militaire de l'OTAN est en forte augmentation. Elle résulte des règles particulièrement complexes des répartitions des contributions des membres de l'OTAN.
La France qui, depuis 1966, n'appartient plus institutionnellement à la structure militaire intégrée de l'OTAN, continue néanmoins à adhérer à certains des organismes qui en dépendent et contribue en conséquence à leurs budgets.
Le budget militaire de l'OTAN est ainsi constitué d'environ 75 codes budgétaires ou budgets qui couvrent les dépenses annuelles de ses quartiers généraux, agences, organismes, et de ses activités militaires.
L'essentiel des coûts supportés au titre V par le ministère de la Défense français est imputable aux opérations du « Programme OTAN d'investissement au service de la sécurité ».
Ce programme a été organisé en 1993 en remplacement de l'ancien programme de l'infrastructure de l'OTAN. Les procédures applicables ont alors été profondément rénovées, dans un souci d'adaptation au nouvel environnement stratégique et de réduction des coûts. Alors que la formule précédente retenait une programmation par tranche annuelle et par catégorie d'infrastructure, la nouvelle approche introduit le concept de « paquets de capacités » et les grands commandements présentent désormais un besoin global pour remplir une capacité donnée.
La France a obtenu, en 1995, de ne participer qu'aux paquets qui l'intéressent. Sa contribution y est calculée conformément aux clefs de partage des coûts réexaminées en 1996, lorsque le Canada a demandé l'allégement de sa charge. Soumises à l'appréciation du Conseil, ces clefs s'efforcent de reposer sur un ensemble de critères économiques :
· la capacité contributive des pays membres, calculée sur la base du produit national brut ;
· les avantages économiques induits.
Ces clefs résultent, d'une manière générale, de propositions du secrétariat général validées par le Conseil de l'OTAN. Elles ont été construites en cinq grandes étapes :
· janvier 1966 : sur la demande du Royaume-Uni, le partage des coûts est réétudié en sa faveur. La clef alors définie reste valable pour les budgets qui sont financés par les 14 membres de l'Alliance plus la France ;
· été 1966 : la France se retire de la structure militaire intégrée. Les ¾ des budgets militaires basculent dans une enveloppe à partager à 14 ;
· 1984 : sont arrêtées les formules des budgets à 12 et 13 ;
· 1989 : la contribution de l'Espagne qui a adhéré à l'OTAN en 1982 est ajustée pour les budgets partagés à 15 ou 16 membres ;
· 1999 : adhésion de la Pologne, de la Hongrie et de la République tchèque.
Avant le 12 mars 1999, la contribution française était donc déterminée à l'aide des clefs de répartition retracées dans le tableau ci-après.
PART DE LA FRANCE DANS LES BUDGETS DE L'OTAN (en %) | |||||
Budget civil |
Budget militaire de fonctionnement |
Budget militaire d'investissement | |||
A 15 |
A 16 avec l'Espagne |
A 15 |
A 16 avec l'Espagne | ||
Part de la France |
16,5 |
17,1 |
16,5 |
13,3 |
12,9 |
Depuis le 12 mars 1999, la part de la France est passée de 16,5 % à 15,25 % dans le budget militaire de fonctionnement à 19 membres et elle est restée de 12,9 % dans le budget militaire d'investissement à 19 membres.
Le coût de l'élargissement a été officiellement estimé par l'OTAN à 7,8 milliards de francs pour les investissements et à 840 millions de francs pour le fonctionnement sur une période de dix ans.
Le coût pour la France serait en fonction de sa participation actuelle, de l'ordre de 1 milliard de francs en investissement et d'environ 140 millions de francs en fonctionnement, inégalement réparti sur toute la période.
La France a officiellement indiqué que l'élargissement de l'Alliance devait se réaliser sans surcoût par rapport aux enveloppes actuellement prévues. Cette volonté, partagée par de nombreuses nations, de stabiliser les plafonds de ressources autorisées, a conduit l'OTAN à étudier un redéploiement des opérations en cours. De ce fait, le volume global des budgets de l'Alliance ne devrait pas augmenter.
Toutefois, la participation de la France risque de croître au cours de la période 2003-2007, pour un montant non encore défini. En effet, les programmes auxquels la France participe sont principalement concernés par l'élargissement de l'OTAN. Elle pourrait donc ne pas bénéficier de la baisse de la dotation des crédits afférents aux autres programmes dans la même proportion que l'augmentation de la dotation des programmes affectés par l'élargissement.
Enfin, compte tenu de l'adhésion de nouveaux États et de la vétusté des locaux, l'OTAN a décidé de construire un nouveau siège. Le financement de ce projet fait l'objet d'une opération « ad hoc » au terme de laquelle la contribution de la France devrait s'élever à 287 millions de francs. La couverture, étalée sur neuf ans, sera assurée à hauteur de 166,1 millions de francs par le budget d'investissement du ministère de la Défense (0,3 million de francs en 2000 et 2,7 millions de francs en 2001), le ministère des Affaires étrangères prenant à sa charge le solde
A cette contribution il faut ajouter les effectifs français affectés en permanence auprès de l'OTAN qui sont au nombre de 184 personnes réparties comme suit :
- le personnel de liaison (110 personnes) essentiellement au sein des missions militaires françaises auprès de l'organisation politique de l'OTAN ou auprès des structures de commandement intégré ;
- le personnel inséré dans les structures de l'OTAN (54 personnes) ;
- le personnel mis en place de façon temporaire au sein des états-majors de l'OTAN au titre de la conduite des opérations en cours dans les Balkans hors contingents français SFOR et KFOR (20 personnes).
Le budget pour 2001 de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) est retracé par le tableau ci-après.
CRÉDITS DE LA DGSE (en millions de francs) | |||||
Budget voté 1997 |
Budget voté 1998 |
Budget (1) voté 1999 |
Projet voté 2000 |
PLF 2001 | |
Dépenses ordinaires - personnel : charges sociales - matériel et fonctionnement |
740,5 509,2 65,0 167,8 |
759,9 536,2 66,1 159,7 |
811,8 581,3 70,5 160,0 |
850,6 617,2 73,4 160,0 |
900 659 82 159 |
Dépenses en capital (CP) - fabrication - infrastructures |
620,0 425,0 195,0 |
534,0 399,0 135,0 |
639,0 482,0 157,0 |
654,7 442,0 212,7 |
722 495 227 |
Total/Défense |
1.362,0 |
1.296,0 |
1.450,8 |
1.505,3 |
1.622 |
(1) l'année 1999 a connu 116 millions de francs d'annulations au titre V. |
La direction générale de la sécurité extérieure bénéficiera en 2001d'un budget en hausse de presque 8 % par rapport à 2000.
En sus des moyens inscrits au fascicule de la Défense, la DGSE bénéficie de fonds spéciaux en provenance du fascicule des Services généraux du Premier ministre pour un montant voisin de 200 millions de francs. Ces fonds financent certaines activités opérationnelles dont les caractéristiques (urgence, discrétion) ne permettent pas l'application des procédures classiques encadrant la dépense publique.
Ses effectifs budgétaires civils seront portés de 2.884 en 2000 à 3.037 en 2001 pour un effectif réalisé estimé à 2.790 à la fin décembre 2000 dont presque 50 % de catégorie C, 25 % de catégorie B et 25 % de catégorie A.
Les crédits individualisés au fascicule Défense ne financent que les personnels civils de la DGSE. Les effectifs militaires sont financés sur les dotations des différentes armées et il n'existe pas d'état consolidé de la masse salariale des personnels affectés à la DGSE. Celle-ci emploie en 2000, aux côtés des 2.884 civils, un effectif militaire de l'ordre de 1.400 personnes soit un total consolidé de l'ordre de 4.300 personnes, dont 475 officiers et 860 sous-officiers.
Au terme de la programmation, l'effectif de la DGSE doit passer de 3.950 personnes en 1997 à presque 4.500 en 2002.
De nombreux emplois sont occupés concurremment par des militaires ou des civils (technicien d'interception, analyste, logisticien). L'un des problèmes majeurs de la DGSE est la gestion de la carrière de ses personnels militaires. Leur avancement au sein des armées souffre de leur affectation à la DGSE car il n'existe pas de cadre d'évaluation de leur activité reconnu par les États-majors si bien que de nombreux militaires hésitent à rompre avec leur cadre d'origine en postulant à la DGSE. La DGSE ne compte par exemple qu'un emploi de général pour six à la direction du renseignement militaire (DRM).
Même si son statut dérogatoire permet des facilités administratives et si son haut niveau de technicité reste attractif, la DGSE se heurte à quelques difficultés de recrutement de contractuels, notamment afin de remplacer certains appelés informaticiens ou interprètes. Les appelés étaient encore 105 à la DGSE en 1999, ils sont 50 en 2000 et 10 en 2001. Ils constituaient un vivier privilégié de pré-recrutement puisque 80 % d'entre eux restaient dans les cadres à l'issue de leur service national.
Les moyens de fonctionnement sont reconduits à leur niveau de 1999 et de 2000 alors que les effectifs progressent. Le titre V augmentera de 10 % en moyens de paiement mais baissera de 21 % en moyens d'engagement par rapport à 2000.
En matière d'infrastructure, l'effort portera en 2001 comme en 2000 et 1999 sur l'aménagement et l'entretien des réseaux et des centres d'interception, la construction de nouveaux centres d'interception mais aussi sur la poursuite des travaux préalables à l'installation progressive du service dans les locaux de la caserne Mortier.
L'affectation à la DGSE du quartier Mortier résulte d'une décision ministérielle de compensation de l'abandon du projet de création d'un nouveau siège central dans le fort de Noisy.
D'importants travaux d'aménagement sont nécessaires afin d'adapter ces infrastructures aux activités des services et de procéder au regroupement de certaines fonctions.
Sur le site du fort de Noisy, il s'agit de travaux de protection anti-intrusion puis du transfert et du regroupement des activités de soutien logistique et des laboratoires.
Sur le site de Mortier, on procédera à la transformation des locaux d'hébergement de la troupe en bureaux et à la création des infrastructures techniques (centre de traitement de l'information, secours électrique...).
Sur le site des Tourelles enfin, il faudra prévoir des aménagements consécutifs aux transferts d'activité sur les autres sites ainsi qu'une amélioration de la capacité de restauration.
Une étude de faisabilité pour rechercher le meilleur emploi de ces infrastructures a permis d'établir un schéma directeur d'adaptation des infrastructures des trois sites qui constituent désormais le siège central. Les travaux de restructuration des bâtiments et d'aménagement des parties communes seront réalisés en grande partie durant la loi de programmation 1997-2002. Le programme devrait comporter une quarantaine d'opérations pour un coût prévisionnel total (équipements mobiliers et déménagements compris) de l'ordre de 460 millions de francs. Compte tenu du retard résultant de la difficulté à trouver des entreprises du bâtiment disponibles en cette période intense d'activité dans la construction et d'un contentieux portant sur une partie du chantier, la fin des travaux est actuellement prévue pour 2003/2004.
En matière d'équipement, l'effort portera sur la recherche du renseignement par moyen technique et sur les activités d'appui et de logistique. En 2001, comme en 2000, il faudra ainsi maintenir les compétences en matière de cryptologie ainsi qu'adapter l'équipement destiné au recueil et à l'exploitation du renseignement d'origine électromagnétique à l'ouverture de nouveaux centres d'écoutes et d'interception. L'interception des liaisons de satellites de télécommunication reste une priorité du service. Le renouvellement du super calculateur est aussi prévu pour 2001 vraisemblablement en coopération avec le CEA.
L'aide à la recherche par moyens humains, l'uniformisation des postes de travail, le développement des télécommunications entre les centres d'interception et le siège central, l'élaboration d'outils performants d'investigation sur les données Internet seront aussi privilégiés.
Enfin, la DGSE doit disposer d'une réserve opérationnelle significative pour mener des missions dans les zones non couvertes par des implantations permanentes ou pour faire face à des situations de crise. Dans ce domaine, il est prévu de pourvoir au renouvellement d'un bâtiment de soutien, mis à la disposition de la DGSE par la marine nationale. Cette unité devait être financée hors loi de programmation par redéploiement de crédits entre gouverneurs du Ministère de la défense. Le bâtiment devant entrer en service en 2003, le budget 2000 prévoyait une provision à ce titre mais les coûts et les délais sont en train de dériver.
La direction du renseignement militaire (DRM) est directement rattachée au chef d'état-major des armées. Elle assure des missions de veille stratégique, d'aide à la planification des opérations et de soutien à l'engagement des forces en leur fournissant du renseignement tactique ou stratégique.
Elle dispose de moyens propres mais aussi de moyens mis à sa disposition par les différentes armées après expression d'un besoin auprès du centre opérationnel interarmées.
Le budget de la direction du renseignement militaire (DRM) pour 2000 est retracé par le tableau ci-après :
BUDGET DE LA DIRECTION DU RENSEIGNEMENT MILITAIRE (en millions de francs) | ||||||
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
|||
Titre III |
||||||
Fonctionnement |
36 |
36 |
40 |
39,8 | ||
Titre V (en CP) |
||||||
Matériel |
46 |
52 |
51 |
75 | ||
Total |
82 |
88 |
91 |
114,8 |
L'augmentation du titre V correspond surtout au financement du projet SIRIUS qui a pour finalité de doter la DRM d'un système complet d'aide à la gestion et à l'analyse du renseignement d'origine électromagnétique.
L'effectif budgétaire de la DRM, qui n'apparaît pas sur un article isolé du fascicule, à la différence de la DGSE, est retracé par le tableau ci-après :
EFFECTIF BUDGÉTAIRE DE LA DRM |
||||
1999 |
2000 |
2001 | ||
Militaires |
1.389 |
1.385 |
1.386 | |
dont officiers |
354 |
366 |
379 | |
dont sous-officiers et militaires |
1.035 |
1.019 |
1.007 | |
Civils |
278 |
310 |
341 | |
Total |
1.667 |
1.695 |
1.727 |
Les effectifs réels de la DRM sont inférieurs aux droits budgétaires ouverts. L'écart s'est creusé à l'été 2000 à l'occasion d'un fort mouvement de rotation puisque les vacances atteignaient 125 postes à cette date.
La DRM a traditionnellement des difficultés à recruter des ingénieurs de l'armement et des civils notamment en raison des contraintes plus ou moins fondées liées à l'affectation sur la base de Creil (éloignement relatif du domicile notamment). Il est vrai que les perspectives de carrières des civils à l'intérieur de la DRM sont relativement limitées. Les affectations des personnels militaires relèvent des bureaux du personnel des différentes armées qui, à l'exception de l'armée de l'air, ne reconnaissent pas le renseignement comme un cursus de carrière particulier. La DRM ne dispose donc pas d'un interlocuteur unique à l'état-major des armées pour faire respecter par les armées les tableaux de répartition des effectifs. Ce besoin ne fait que croître au fur et à mesure que se développent de nouveaux organismes interarmées.
La DRM dispose d'une direction centrale, de trois organismes à vocation interarmées qui lui sont rattachés ainsi que d'une école de formation.
REPARTITION DES EFFECTIFS DE LA DRM | |
Direction centrale |
673 |
Centre de formation interarmées d'interprétation de l'imagerie (CFIII) |
178 |
Centre de formation et d'emploi relatif aux émissions électromagnétiques (CFEEE) |
136 |
Unité interarmées Hélios (UIAH) |
19 |
Ecole interarmées du renseignement et des études linguistiques (EIREL) |
283 |
Détachements autonomes de transmission (DAT) |
287 |
La direction centrale comprend un échelon de direction et cinq sous-directions (armement-prolifération, exploitation, ressources humaines, recherche, technique).
Le CFIII rassemble les compétences dans le domaine de l'interprétation photo quel que soit le capteur d'origine (Helios, Mirage IV P, drones).
Le CFEEE étudie les émissions électromagnétiques (signatures radar, autodirecteurs des missiles).
L'UIAH est l'unité qui centralise les demandes d'image Helios, qui programme le satellite en concertation avec nos partenaires espagnols et italiens et qui procède à l'acquisition des photographies à l'extérieur (Spot, Ikonos) en cas de besoin.
La DRM est une création récente (8 ans) et reste d'une taille relativement modeste par rapport à ses homologues étrangers. On estime ainsi à 7000 les personnels de la Défence Intelligence Agency (DIA) aux États-Unis, et à 40 000 personnes supplémentaires les effectifs des agences de renseignement des différents services.
Les effectifs de la Défense Intelligence Staff (DIS) du Royaume-Uni, de l'ordre de 4 600 personnes, représentent plus du double de ceux de la DRM.
Si les méthodes et les missions de la DRM et de la DGSE diffèrent radicalement, leurs champs d'intérêt peuvent converger. Il est donc logique que les échanges soient fréquents entre ces deux directions. On peut même souhaiter un renforcement de cette coopération qui autoriserait à parler d'une communauté du renseignement militaire français, sous forme d'échanges de personnels et d'harmonisation des investissements.
L'un des domaines où cette coopération doit se développer est celui de l'identification des cibles en cas de crise. La mise en place depuis septembre 2000 du centre national du ciblage sur la base de Creil rend désormais indispensable une meilleure coopération interarmées et interservices.
Le ciblage consiste ainsi à répertorier de manière détaillée (localisation, vulnérabilité, voisinage et effets collatéraux) l'ensemble des objectifs susceptibles d'être frappés dans un contexte de crise, de manière à assigner les missions aux forces en fonction des consignes données par le pouvoir politique. Ce travail de préparation puis de planification va bien au-delà du renseignement strictement militaire. Il s'intéresse forcément de plus en plus à toutes les dimensions de l'adversaire potentiel (infrastructures civiles, fonctions vitales, cercles politiques dirigeants).
Il est indispensable de détenir cette compétence dans la perspective d'une autonomie d'action de l'Europe. Les moyens dont dispose la France lui ont déjà permis, lors des opérations du Kosovo, soit de rectifier des erreurs figurant dans les ordres de mission transmis par l'Alliance, soit de contester la légitimité des objectifs assignés au regard des contraintes opérationnelles définies par le pouvoir politique.
L'équipement prochain de nos forces en missiles de croisières SCALP-EG nous obligera aussi à entreprendre un travail important de numérisation des données géographiques en vue de la programmation de leurs missions.
Il reste qu'en France la culture du renseignement ne s'est pas encore installée dans une nécessaire banalisation. Notre opinion publique, contrairement à celle des pays anglo-saxons, considère l'organisation du renseignement comme un sujet tabou. Ces organismes sont encore victimes de leur histoire, quels que soient les services éminents qu'ils rendent à la sécurité et à la souveraineté du pays. Certes les progrès vers la normalisation ont été sensibles depuis le début des années 90. Ces services de l'État doivent maintenant être reconnus pour leur utilité et donc dotés des moyens dont leurs homologues disposent chez nos voisins.
A l'heure où l'Europe de la Défense se construit, ils contribuent directement à sa nécessaire autonomie stratégique.
L'EXÉCUTION DES GRANDS PROGRAMMES
Les crédits de paiement demandés pour 2001 au titre de la dissuasion nucléaire s'élèveront à 15,568 milliards de francs, en légère baisse (- 2 %) par rapport à 2000.
En revanche, les autorisations de programme subiront une baisse plus sensible (- 27 %) pour retrouver le niveau de 1999. Cette réduction des autorisations de programme correspond à un moindre besoin après les commandes pluriannuelles de développement prévues pour les deux composantes en 2000 (missiles stratégiques M 51 et air-sol moyenne portée amélioré ASMPA).
En moyenne période, la baisse des crédits de paiement consacrés à la dissuasion nucléaire est considérable puisque ceux-ci ont chuté de 60 % en dix ans comme le montre le tableau ci-après :
CRÉDITS CONSACRÉS AUX FORCES NUCLÉAIRES | |||||
Année |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Crédits de paiement |
||
1990 |
31.320 |
32.089 |
37.429 | ||
1991 |
31.291 |
31.024 |
35.510 | ||
1992 |
26.136 |
29.866 |
33.177 | ||
1993 |
21.789 |
26.420 |
28.684 | ||
1994 |
20.914 |
21.721 |
23.193 | ||
1995 |
19.464 |
20.745 |
21.786 | ||
1996 |
18.479 |
19.452 |
20.137 | ||
1997 |
19.689 |
18.848 |
19.234 | ||
1998 |
16.508 |
16.628 |
16.762 | ||
1999 |
13.337 |
16.624 |
16.624 | ||
2000 |
18.423 |
15.855 |
15.682 | ||
2001 |
13.443 |
15.568 |
15.360 |
Les crédits prévus pour la dissuasion nucléaire par la loi de programmation militaire s'élevaient à 105,8 milliards de francs constants de 1995 sur l'ensemble de la période 1997-2002. Au vu des crédits engagés à mi-programmation, il est peu probable que ce montant soit atteint. La proportion des crédits consacrés à la dissuasion nucléaire par rapport à la totalité des crédits du titre V, moins de 19 % dans le projet de loi de finances pour 2001, est proche des dispositions de la loi de programmation aux termes desquelles " la part du budget du ministère de la Défense consacrée aux forces nucléaires s'établira en fin de période, à un niveau inférieur à 20 % du titre V (contre 31,4 % en 1990) " (paragraphe 1-3-1 du rapport annexé).
La force de dissuasion a assurément subi les contrecoups de l'évolution rapide de la situation stratégique depuis 1990. Elle a été aussi conduite à se moderniser, à adapter son format aux modifications de la menace et du contexte international. Les décisions prises en 1996 par le Président de la République (retrait des missiles Hadès, démantèlement de la composante terrestre, arrêt des essais nucléaires) exercent leurs effets directs sur le volume des dépenses.
Ce rétrécissement du dispositif nucléaire s'accompagne toutefois d'un effort constant de renouvellement, de maintenance, d'innovation afin de garantir sa crédibilité sur le long terme tant en ce qui concerne les vecteurs (missiles) que les charges (têtes nucléaires) ou les plates-formes de lancement (sous-marins à propulsion nucléaire, Mirage 2000 N), comme le montre la ventilation des crédits par grandes composantes.
LES COMPOSANTES DE LA DISSUASION NUCLÉAIRE (en millions de francs) |
||||||||||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 | ||||||||
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP | |||
Composante océanique : |
8.908 |
9.632 |
8.227 |
7.622 |
5.319 |
7.818 |
10.618 |
7.992 |
6.400 |
8.033 | ||
dont : |
||||||||||||
- construction des SNLE NG |
2.480 |
3.828 |
2.117 |
2.595 |
1.270 |
2.257 |
1.485 |
1.808 |
1.901 |
1.937 | ||
- M 51 |
1.791 |
995 |
2.518 |
1.052 |
- |
1.450 |
5.054 |
1.980 |
354 |
2.299 | ||
- M 45 |
974 |
1.417 |
963 |
1.250 |
835 |
1.200 |
892 |
1.055 |
NC |
NC | ||
Composante aéroportée : |
1.689 |
1.721 |
1.385 |
1.640 |
1.760 |
1.904 |
1.890 |
1.915 |
1.411 |
1.854 | ||
- dont ASMPA |
185 |
24 |
184 |
78 |
269 |
139 |
745 |
206 |
257 |
469 | ||
Transmissions |
673 |
929 |
504 |
745 |
230 |
700 |
187 |
402 |
242 |
263 | ||
Autres : |
8.419 |
6.566 |
6.392 |
6.621 |
6.028 |
6.202 |
5.727 |
5.546 |
5.389 |
5.418 | ||
- dont études amont |
905 |
1.146 |
922 |
1.079 |
844 |
929 |
821 |
909 |
NC |
NC | ||
- dont simulation |
1.629 |
1.644 |
1.600 |
1.531 |
1.936 |
1.859 |
1.899 |
1.794 |
1.964 |
2.016 | ||
Total |
19.689 |
18.848 |
16.508 |
16.628 |
13.337 |
16.624 |
18.422 |
15.855 |
13.442 |
15.568 |
Le tableau ci-après récapitule les crédits inscrits sur le fascicule Défense et transférés à la Direction des applications militaires du CEA au titre de la dissuasion.
TRANSFERTS DU BUDGET DE LA DÉFENSE AU CEA AU TITRE DE LA DISSUASION (en milliards de francs) | |||||||
1999 |
2000 |
2001 |
|||||
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP | ||
Charges nucléaires : tronc commun |
1.020 |
1.192 |
1.145 |
1 037 |
1.033 |
934 | |
Matières nucléaires |
718 |
768 |
872 |
821 |
645 |
694 | |
Démantèlement |
605 |
723 |
703 |
654 |
644 |
667 | |
Simulation |
1.855 |
1.834 |
1.746 |
1.845 |
1.964 |
2.016 | |
Charges missiles |
1.540 |
1.521 |
1.675 |
1.605 |
1.487 |
1.414 | |
Divers |
249 |
276 |
234 |
251 |
184 |
180 | |
Total |
5.987 |
6.214 |
6 375 |
6.213 |
5.957 |
5.905 |
Les crédits transférés au titre de la dissuasion seront donc en baisse de 300 millions de francs (5 %) en 2001. La totalité des crédits transférés au CEA en 2000 s'élèvera à plus de 7 milliards de francs, le solde résultant essentiellement du financement de la propulsion navale nucléaire (sous-marins d'attaque, porte-avions ainsi que réacteur d'essais à terre).
La totalité des crédits transférés au CEA-DAM provient du titre V du budget de la Défense. Cependant, ces dotations ne financent pas en totalité des dépenses d'investissement, loin s'en faut puisque l'analyse des charges de fonctionnement de cet organisme, qui est effectuée par le comité mixte Armées-CEA, montre que près de 3 milliards de francs correspondent à des dépenses de salaires, charges sociales, retraites, taxes et frais de fonctionnement, soit plus de 40 % de la totalité de la dotation transférée.
Cette situation n'est pas saine puisque, d'une part, elle fausse l'appréhension économique de la dépense publique de défense, notamment au regard du clivage titre III/titre V, et que, d'autre part, elle peut pénaliser le CEA lors des mouvements de régulation puisque les normes d'annulation sont toujours plus sévères sur les dotations du titre V en raison de leur flexibilité supposée que sur celles du titre III réputées plus rigides.
Engagée en 1996 dès l'arrêt définitif des essais nucléaires, la restructuration du CEA/DAM, imposée par la nécessité d'adapter le format et l'organisation de cette direction en cohérence avec l'évolution de ses missions, s'est achevée fin 1999. Elle a consisté en une diminution des effectifs avec une cible de 4.500 agents, qui devrait être atteinte au cours de l'année 2000, contre environ 5.700 au 31 décembre 1995, accompagnée de la fermeture de deux centres, Vaujours (fermé depuis fin 1997) et Limeil-Valenton (fermé fin 1999), en sus de ceux de la direction des essais (Mururoa, Tahiti, Monthléry) et d'un redéploiement des activités.
La réduction des effectifs de 1.200 postes environ a été obtenue sans licenciement, d'une part grâce à de nombreux départs en retraite sur la période, de l'ordre de 1.500, d'autre part en mettant à profit la synergie entre la DAM et les autres unités du CEA. Les recrutements indispensables au renouvellement des équipes ont par ailleurs été maintenus.
Corrélativement, la répartition géographique et le schéma d'organisation, conçus pour une DAM de 7.000 agents dans les années 1980 ne convenaient plus pour une entité ramenée à environ 4.500 personnes. Le budget de la DAM ne pouvait plus supporter les charges d'entretien et de maintenance de l'ensemble de ses centres.
Les centres de province de la DAM, où sont implantés les principaux moyens lourds d'expérimentation et de fabrication, constituent les pivots du nouveau dispositif. C'est en région parisienne que disparaissent les 1.200 postes, ramenant à 2.000 environ l'effectif total du périmètre constitué en 1996 des quatre anciens centres, Bruyères-le-Chatel, Limeil, Vaujours-Moronvilliers et Monthléry. Ces équipes sont désormais regroupées sur le site de Bruyères-le-Chatel.
Ce plan de restructuration a entraîné plus de 2.000 mobilités, dont 1.500 à caractère géographique, incluant 600 départs de la région parisienne vers les centres de province, intervenus pour l'essentiel au cours de l'été 1997.
Le coût de cette restructuration, inscrit dans la loi de programmation, s'est élevé à 781 millions de francs. Il recouvre le financement des mesures de réduction d'effectifs et des investissements pour accueillir les activités transférées et la logistique associée. Les économies générées sont importantes, de l'ordre de 350 millions de francs par an en régime stabilisé.
En 2000, le retour sur investissement, grâce à une réduction des frais de soutien, est de l'ordre de 270 millions de francs.
Conformément à la décision annoncée par le Président de la République le 22 février 1996, l'arrêt de la mission opérationnelle du système d'armes sol-sol balistique stratégique S3D a été effectué le 16 septembre 1996, date de la dernière alerte. La première alerte avait été prise en 1971.
Les opérations de démantèlement de la force SSBS, débutées le 16 septembre 1996, ont concerné dix-neuf têtes nucléaires, les vecteurs associés ainsi que le déséquipement des dix-huit zones de lancement, des deux postes de conduite de tir, des sites de transmissions associées et des installations de soutien implantées sur la base aérienne.
La dépose de la dernière tête nucléaire de la zone de lancement s'est faite en septembre 1997. Cette opération, de loin la plus délicate, même si la conception même du système d'armes l'avait envisagée et donc facilitée, à la différence de certains systèmes étrangers, s'est déroulée au rythme d'un missile sorti du silo par mois. La tête a été démontée sur le site même, les éléments nucléaires ou pyrotechniques expédiés dans des centres du Commissariat à l'énergie atomique. La matière nucléaire (plutonium, uranium) doit être recyclée au centre de Valduc afin d'être réutilisable. Le traitement s'opère progressivement en fonction du plan de charge du centre et notamment entre deux phases de fabrication de têtes nucléaires nouvelles (TN 75 et TN A).
Le CEA assure aussi le démantèlement, qu'il est en train d'achever, des têtes nucléaires des missiles mer-sol balistiques stratégiques M4 (70), retirés du service en 1996.
La dénucléarisation du plateau d'Albion a été effective le 25 février 1998 avec le départ du dernier colis nucléaire issu du démontage des têtes nucléaires. Tous les sites, matériels et installations ayant été au contact des éléments nucléaires ont fait l'objet d'un contrôle de non contamination par le service de protection radiologique des armées. Un certificat global de non contamination des matériels, installations et sites du système SSBS a été délivré par ce service.
La période été 1998/hiver 2000 a été consacrée aux travaux de génie civil (démolitions et terrassements). Les accès au deuxième poste de conduite de tir ont ainsi été condamnés et les bâtiments du dépôt de munitions spéciales ont été rasés, ainsi que les ateliers spécifiques d'assemblage des vecteurs et les sites d'instruction (zones de lancement, postes de conduite de tir) implantés sur la base. Il restera à détruire les dômes des sites de transmissions implantés sur le Mont Ventoux et les bâtiments de surface des zones de lancement en fonction des demandes des futurs propriétaires.
Il y avait encore 1.300 personnels de l'armée de l'Air sur le site en septembre 1997. En septembre 1999, ils n'étaient plus qu'une quinzaine. Le 16 juin 1999, le premier groupement des missiles stratégiques a procédé à la remise de son drapeau, après 28 ans d'alerte opérationnelle constante.
Le 27ème Régiment étranger du génie (1.000 hommes) a pris ses quartiers sur la base à partir du mois de septembre 1999. Un centre d'écoute de la DGSE l'accompagnera ainsi qu'une brigade cinophyle de l'armée de Terre.
Le coût du démantèlement est de 433 millions de francs dont 88 millions de francs à la charge du CEA pour le retrait des 19 têtes nucléaires. L'essentiel des dépenses a porté sur les exercices 1997 à 1999. Ce montant représente l'équivalent de 15 mois de maintien en condition opérationnelle du système ou encore 1,3 % de son coût total.
Les opérations de démantèlement et d'assainissement des sites de production de matières nucléaires (uranium et plutonium) se poursuivent.
Le site de Pierrelatte, propriété du Commissariat à l'énergie atomique, a toujours été exclusivement consacré à l'enrichissement de matière nucléaire pour la mission de défense. Son activité a cessé en juillet 1996. Le pré-démantèlement (rinçage, nettoyage des installations) a aussitôt été lancé. Il s'agit à présent d'aborder le démantèlement proprement dit.
Compte tenu du volume du site aux fameuses cathédrales de béton, il s'agit d'une opération pilote. La décontamination radioactive prendra encore de l'ordre de cinq à six ans. La charge financière de cette opération monte en puissance pour le CEA qui y a consacré 300 millions de francs en 1999 et 2000 contre 250 millions de francs en 1998.
Le site de Marcoule est plus complexe. Alors que les réacteurs produisant du plutonium sont arrêtés depuis des années, ceux qui produisent du tritium fonctionnent toujours. L'assainissement du site passe par l'élimination du stock de déchets produits par l'usine de retraitement des combustibles nucléaires. Cette opération sera longue et coûteuse, de l'ordre de vingt à trente ans, pour un coût consolidé voisin de 30 milliards de francs. Sur ce site, le CEA agit en collaboration avec EDF et la COGEMA. Mais, alors que ces deux entreprises passent régulièrement des provisions dans leurs comptes afin de faire face progressivement à la charge financière de l'assainissement, le CEA dépend de son financement budgétaire annuel, ce qui le place dans une position plus vulnérable. La charge financière correspondante était de 415 millions de francs en 2000 contre 450 millions de francs en 1999. La charge globale de ces opérations s'élève donc à 700 millions de francs en moyenne.
L'arrêt des essais nucléaires, avec la signature du traité d'interdiction complète des essais nucléaires, a profondément remis en cause les conditions du maintien de la disponibilité opérationnelle des armes nucléaires en service et de la mise au point des têtes futures, les têtes nucléaires aéroportées et océaniques (TNA et la TNO). La direction des applications militaires du CEA s'est préparée, dès 1991, à l'arrêt des expérimentations en proposant le programme PALEN qui comportait deux volets : la mise au point des filières d'armes robustes, c'est-à-dire présentant une fiabilité compatible avec des écarts de modélisation ou de réalisation, et le passage à la simulation.
Lors de la dernière campagne d'essais nucléaires, en 1995-1996, ces deux volets ont donné lieu à des expérimentations ; des formules d'armes robustes ont pu être ainsi validées et de nombreuses données techniques et scientifiques ont aussi été acquises au bénéfice de la simulation.
Désormais, c'est au plan simulation d'apporter la garantie, en l'absence d'essais nucléaires, de la fiabilité et de la sûreté des armes françaises actuelles et futures, c'est dire l'importance cruciale de ce programme dont les crédits sont retracés dans le tableau ci-après.
CRÉDITS DE PAIEMENT DEMANDÉS POUR LE PROGRAMME DE SIMULATION (en millions de francs 2000) | ||||
LFI 2000 |
PLF 2001 | |||
AP |
CP |
AP |
CP | |
Physique des Armes |
129 |
127,7 |
108 |
149 |
Simulation numérique |
405,2 |
264,2 |
339 |
308 |
Laser mégajoule |
538,6 |
755,4 |
915 |
900 |
Airix |
49,3 |
69 |
0 |
12 |
Validation expérimentale |
560,7 |
564,2 |
540 |
585 |
Conservation des connaissances |
63,7 |
63,7 |
62 |
62 |
Total |
1.746,5 |
1.844,2 |
1.964 |
2.016 |
Ces crédits comprennent le coût des agents du CEA travaillant sur ce programme (environ un millier de personnes) et les dépenses externes.
Le coût de l'ensemble du programme de mise en place des moyens est estimé à environ 25 milliards de francs dont 9,5 milliards de francs d'investissement, 5,5 milliards de francs de sous-traitance d'études et développement et 10 milliards de dépenses internes (personnel).
La simulation consiste à reproduire, à l'aide d'expériences ou par le calcul, les phénomènes observés au cours du fonctionnement d'une charge nucléaire. L'objectif est de disposer d'un ensemble de logiciels décrivant les différentes phases du fonctionnement d'une arme nucléaire et reposant sur une représentation des lois physiques mises en jeu.
La validation globale en sera obtenue par recalage sur les résultats des essais nucléaires passés, tandis que la validation des modèles physiques décrivant les phénomènes essentiels du fonctionnement des armes nucléaires reposera sur des moyens de laboratoire appropriés. Les deux principaux moyens spécifiques sont la machine radiographique AIRIX, pour la visualisation détaillée du comportement hydrodynamique de l'amorce (implosion du c_ur), et le laser Mégajoule, pour l'étude de nombreux processus physiques élémentaires dont celle des phénomènes thermonucléaires.
L'intégration des nombreux modèles physiques et la précision requise pour les évaluations numériques nécessiteront par ailleurs des calculateurs environ 1.000 fois plus puissants que ceux qui sont disponibles actuellement. L'obtention du facteur 1000 semble possible par l'utilisation d'ordinateurs massivement parallèles dont la disponibilité semble réaliste à l'horizon de 2010.
Sur le plan de la simulation numérique, l'enjeu est de construire des schémas numériques suffisamment précis pour accepter les modèles physiques perfectionnés mais dont la complexité reste toutefois cohérente avec la puissance des ordinateurs.
La puissance des machines doit être suffisante pour réaliser les calculs dans des délais acceptables : la simulation complète du fonctionnement d'une arme ne devra pas dépasser une à deux centaines d'heures, de sorte que le concepteur puisse obtenir son résultat en moins d'un mois calendaire. Le choix du calcul massivement parallèle s'est ainsi rapidement imposé.
Le projet TERA prévoit une montée en puissance du super ordinateur synchronisée avec les besoins des programmes d'armes (TNA et TNO) selon trois phases : 1Teraflop (1000 milliards d'opérations par seconde) soutenu en 2001, 10 teraflop en 2005 et 100 teraflop en 2010.
L'achèvement du bâtiment (1000 m2 de superficie) abritant le super-ordinateur est prévu pour la fin 2000. L'ordinateur lui-même a fait l'objet d'un contrat signé en février 2000 avec la société Compaq et une installation en trois étapes est prévue d'avril 2000 à novembre 2001.
Le coût de l'ordinateur et des infrastructures associées est estimé à 146 millions de francs pour 2001.
L'acquisition par le CEA de ce type de grands ordinateurs (200 millions de francs/pièce) en fera le plus grand centre européen de calcul. Dès lors, il serait particulièrement indiqué de mettre à la disposition de la communauté scientifique française cet outil. Une utilisation pour les travaux de séquençage du génome serait par exemple envisageable.
Cette démarche suppose la mise à disposition de physiciens de grande qualité, de numériciens de haut niveau et d'expérimentateurs hors pair. L'un des défis du plan simulation est d'ailleurs de constituer ce nouvel ensemble de compétences, tout en l'associant à l'expérience des équipes qui ont suivi les campagnes d'essais. Il est essentiel que cette osmose s'opère avant leur départ en retraite, sous peine d'une perte irrémédiable de compétences.
Pour la même raison, il est impératif que les outils de la simulation fonctionnent dès 2010, avant le départ des personnels qui ont connu les essais de manière à ce que la garantie sur les armes soit optimale.
La réalisation de l'installation AIRIX dotée d'un axe de mesure est achevée, et une première observation radiographique d'amorce en phase d'implosion a été effectuée fin 1999. La réalisation d'un second axe, permettant d'obtenir, au cours d'une même expérience, plusieurs clichés radiographiques à différents instants et suivant différents angles d'observation, a été retardée de trois ans (lancement en 2008) mais la durée des travaux a été réduite à trois ans et demi au lieu de cinq ans pour des raisons budgétaires. Le moyen serait donc disponible en 2011, soit seulement un an plus tard que la date initialement prévue. Le délai entre la mise à disposition d'" AIRIX-un axe " et le lancement du 2ème moyen sera mis à profit pour étudier, de manière exhaustive, les solutions technologiques possibles de manière à répondre au mieux aux besoins des concepteurs des charges nucléaires.
Quant à la réalisation du laser mégajoule, il s'agit d'un projet particulièrement complexe et spectaculaire. Dans le but d'étudier les phénomènes de fusion thermo-nucléaire, il s'agit en effet de projeter une énergie de deux mégajoules à l'aide de 240 faisceaux laser (la maquette du bâtiment ressemble à une immense gare de triage) sur une petite sphère en or de quelques millimètres de diamètre contenant un glaçon de mélange de deutérium-tritium : l'infiniment grand et l'infiniment petit pour provoquer l'infiniment puissant.
Les principaux jalons du programme " laser mégajoule " sont les suivants :
· octobre 1996 : approbation du dossier d'orientation ;
· septembre 1998 : lancement de la réalisation du prototype " ligne d'intégration laser " (LIL), dotée de 8 faisceaux dont la mise en service est prévue fin 2001 ;
· début 1999 : modification du calendrier du LMJ : dans le but d'optimiser la conservation et le transfert des connaissances et des compétences, par un meilleur recouvrement entre les équipes de concepteurs d'armes ayant connu les essais nucléaires qui partiront nombreux à la retraite en 2009 et les nouvelles équipes de concepteurs, qui devront désormais garantir la fiabilité et la sûreté des armes nucléaires à partir de la simulation. La mise à disposition du LMJ à pleine puissance est désormais prévue fin 2008 mais la première expérience d'ignition et combustion thermonucléaire d'une cible cryogénique n'aura pas lieu avant la fin 2010 ;
· septembre 1999 : lancement du développement du LMJ ;
· fin 2002 : revue de lancement de réalisation du LMJ qui validera les technologies du sous-système laser, le fonctionnement sur le long terme (fiabilité, répétitivité) et les coûts d'exploitation.
Il ne faut pas sous-estimer l'ampleur et la difficulté du programme LMJ. Seuls les États-Unis se sont engagés dans une entreprise comparable. Il existe d'ailleurs une véritable coopération technologique avec le laboratoire Lawrence de Livermore qui réalise le projet National ignition facility (NIF), actuellement examiné avec une grande attention par le Congrès.
Le développement technologique commun a ainsi porté sur un milliard de crédits en quatre ans et les Américains ont fourni au CEA la chambre du laser Nova. Toutefois, les Américains ont opté directement pour un grand laser, sans ligne prototype avec un achèvement prévu en 2004. Ils travaillent aussi sur d'autres pistes comme les machines électriques pulsées.
Le CEA assure seul la conduite et la maîtrise d'_uvre principale d'un programme majeur qui impose une méthode rigoureuse d'identification des risques ainsi qu'une vision prospective du projet, cohérente jusqu'en 2010. Il n'est pas exclu qu'il fasse appel à des experts externes pour valider ses propres compétences notamment dans le domaine du génie civil (hyperstabilité), de la gestion des installations requérant une propreté spécifique ou des lasers de puissance.
Compte tenu de la spécificité du laser envisagé, il conviendra aussi de veiller à la diversification des fournisseurs afin d'éviter une dépendance trop marquée.
Le coût du laser mégajoule est estimé à 12 milliards de francs. Ses annuités vont monter en puissance au cours des années à venir en passant de 800 millions de francs par an en 2000 à 1.400 millions de francs vers 2005. Il représente donc à lui seul une petite moitié du coût de l'ensemble du programme de simulation.
La composante mer-sol balistique stratégique (MSBS) de la dissuasion est mise en _uvre par la force océanique stratégique (FOST).
Les crédits finançant les sous-marins nucléaires lanceurs d'engin (SNLE) de la FOST sont retracés dans le tableau ci-après :
CRÉDITS DES SOUS-MARINS DE LA FOST
(en millions de francs)
1999 |
2000 |
2001 | |||
SNLE |
Autorisations de programme |
1.244 |
1.281 |
1.020 | |
Crédits de paiement |
1.188 |
1.184 |
1.081 | ||
Maintien en condition |
SNLE (partie missiles) |
Autorisations de programme |
0 |
137 |
110 |
opérationnelle |
Crédits de paiement |
0 |
113 |
124 | |
TRANSFOST |
Autorisations de programme |
- |
- |
70 | |
Crédits de paiement |
- |
- |
50 | ||
SNLE - NG |
Construction SNLE/NG |
Autorisations de programme |
1.105 |
1.484,5 |
1.901 |
Crédits de paiement |
2.066 |
1.771 |
1.937 | ||
Environnement SNLE/NG |
Autorisations de programme |
0 |
0 |
0 | |
Crédits de paiement |
133,3 |
0 |
0 | ||
Adaptation M 51 des SNLE - Développement |
Autorisations de programme |
301 |
362 |
450 | |
Crédits de paiement |
174 |
254 |
250 | ||
Adaptation M 51 |
Adaptation M 51 des SNLE - Environnement |
Autorisations de programme |
98,1 |
116 |
377 |
Crédits de paiement |
148,7 |
104 |
147 | ||
Adaptation M 51 des SNLE - Fabrication |
Autorisations de programme |
0 |
7 |
0 | |
Crédits de paiement |
0 |
0 |
0 | ||
Transmissions FOST |
Autorisations de programme |
14,2 |
0 |
11 | |
Crédits de paiement |
194,4 |
100 |
65 | ||
Adaptation opérationnelle de la FOST et des SNLE |
Autorisations de programme |
325,3 |
86 |
164 | |
Crédits de paiement |
155,9 |
239 |
184 | ||
Infrastructures d'environnement à terre |
Autorisations de programme |
- |
- |
67 | |
Divers |
Crédits de paiement |
- |
- |
59 | |
Amélioration de la sécurité des sous-marins |
Autorisations de programme |
0 |
0 |
0 | |
Crédits de paiement |
9,1 |
0 |
0 | ||
Inconel (corrosion affectant les circuits d'eau de mer) |
Autorisations de programme |
164,9 |
0 |
0 | |
Crédits de paiement |
57,5 |
36,5 |
40 | ||
Provision charges patronales des ouvriers DCN assurant le MCO de la FOST |
Autorisations de programme Crédits de paiement |
0 0 |
50 50 |
0 0 | |
Total |
Autorisations de programme |
3.252 |
3.523,5 |
4.170 | |
Crédits de paiement |
4.126 |
3.851,5 |
3.937 |
Le premier sous-marin lanceur d'engin, le Redoutable, a été admis au service actif en 1971. Il sera suivi de cinq autres bâtiments considérés comme de même série bien que les plus récents aient bénéficié des progrès techniques et scientifiques enregistrés depuis 1971 : le Terrible (1972), le Foudroyant (1974), l'Indomptable (1976), le Tonnant (1980) et l'Inflexible (1985).
Le programme de sous-marin lanceur d'engin de nouvelle génération (SNLE-NG) a été lancé en 1986. La cible initiale était de sept puis de six sous-marins.
Le mode de propulsion nucléaire des SNLE-NG doit permettre le déplacement d'un bâtiment de 140 mètres de long, avoisinant les 14.000 tonnes en plongée, armé de 16 missiles stratégiques M45 puis M51 et de garantir dans des conditions de sécurité maximale, grâce à sa furtivité et à son armement défensif, une immersion importante grâce à l'utilisation d'un acier de très haute limite élastique.
Compte tenu du changement de contexte géostratégique, la cible a été ramenée en 1991 à 4 SNLE-NG, ce qui permet à la France de disposer en temps de crise d'une permanence d'au moins deux sous-marins à la mer. Parallèlement, le calendrier prévisionnel du programme a été régulièrement retardé, pour des raisons techniques et financières.
L'actuel calendrier, issu des décisions de la revue de programmes de 1998, est détaillé ci-après.
CALENDRIER RÉVISÉ DU PROGRAMME SNLE-NG | ||
Commandes |
Admissions au service actif | |
Le Triomphant |
juin 1987 |
mars 1997 |
Le Téméraire |
octobre 1989 |
décembre 1999 |
Le Vigilant |
mai 1993 |
juillet 2004 |
Le Terrible |
septembre 2000 |
juillet 2008 |
L'année 1999 a constitué une étape dans la vie du programme puisque le SNLE-NG n° 2, le Téméraire a été admis au service actif cet automne. L'intégration de son système d'armes a été achevée par un tir d'exercice du missile MSBS M45 au mois de mai 1999.
Parallèlement, l'Inflexible est revenu dans le cycle opérationnel après une indisponibilité périodique pour entretien (IPER) alors que le Tonnant a quitté le service actif. La FOST repose donc à l'heure actuelle sur deux sous-marins de l'ancienne génération, l'Inflexible et l'Indomptable, et sur les deux SNLE-NG admis au service actif, le Triomphant et le Téméraire.
La rotation des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins finalement arrêtée a conduit au retrait du Tonnant après seulement vingt ans de service actif. Pourquoi ne pas étudier la prolongation de sa vie opérationnelle par une nouvelle utilisation, par exemple comme plate-forme de tir de missiles de croisière ? La furtivité du sous-marin et la précision du missile rendraient ce système d'arme particulièrement efficace.
Le programme de SNLE-NG a subi d'importants dépassements financiers depuis son lancement en 1986. A l'époque, le devis total du coût d'acquisition était estimé pour six sous-marins à 63,2 milliards de francs au coût des facteurs de janvier 1986. Cette somme englobait le développement, la fabrication et l'environnement du programme (moyens d'essais, infrastructure industrielle et militaire, transmissions). Les devis actuels s'élèvent à moins de 65 milliards de francs au coût des facteurs de janvier 1986, soit 87 milliards de francs actuels, mais pour quatre sous-marins seulement. Il faudrait aussi, pour disposer d'une comparaison fiable, neutraliser l'impact de la budgétisation du service des programmes navals décidée en 1997.
Le poste fabrications est celui sur lequel les dépassements ont été les plus importants. Le poste environnement est celui dont le périmètre a été le plus fluctuant ce qui rend les comparaisons difficiles. Certaines opérations liées au programme ont été exclues de sa définition officielle. C'est par exemple le cas de l'opération déclenchée en 1997 qui avait pour but de remédier à la corrosion constatée des circuits d'eau de mer utilisant l'alliage Inconel, pour un coût de l'ordre de 450 millions de francs.
A la suite des décisions prises à l'issue de la revue des programmes, le devis du SNLE-NG n° 4 a augmenté de 300 millions de francs car il sera directement réalisé en version M51. Ce surcoût est plus que compensé par la baisse corrélative de 1.355 millions de francs du devis du programme « adaptation M 51 » puisque seuls les trois premiers SNLE-NG seront refondus.
Le devis global prévisionnel du programme de réalisation des quatre SNLE-NG a encore augmenté de 437 millions de francs (CF janvier 1999) en 2000, en raison notamment de l'augmentation du taux de charges patronales applicable aux ouvriers d'État de la DCN.
Pour 2001, on observe l'augmentation du montant des autorisations de programme affectées à la construction (+ 516 millions de francs) en raison de la commande du SNLE-NG n° 4.
La ligne « environnement SNLE-NG » n'est plus alimentée en crédits depuis 2000 puisque les études des systèmes nouveaux répondant aux obsolescences constatées sont prises en charge par la ligne « adaptation opérationnelle » à hauteur de 184 millions de francs en 2001.
En matière d'entretien, dans un contexte d'optimisation des dépenses, le flux financier visé à terme est de l'ordre d'un milliard de francs par an, ce qui est satisfaisant à condition de consacrer la ressource au strict maintien en condition opérationnelle des SNLE, et une fois acquise, définitivement, la maîtrise de l'entretien par DCN des SNLE de nouvelle génération.
Les missiles balistiques actuellement en dotation sont, d'une part, le M4 pour les sous-marins de l'ancienne génération et, d'autre part, le M45 pour les deux sous-marins de nouvelle génération. Au premier trimestre 2001, l'un des deux sous-marins de l'ancienne génération, l'Inflexible, sera lui aussi doté de M45. Le 3ème SNLE-NG sera encore équipé de M45 mais le 4ème sera directement doté de M51 en 2008, ce qui épargnera le coût d'une refonte d'un sous-marin (adaptation M51).
Si le missile M45 est proche du M4 puisque les différences portent sur moins de 3 % de sa masse hors tête nucléaire, il est radicalement différent du M51 qui pèse 56 tonnes contre 35 tonnes pour le M45, ce qui explique les importants et coûteux travaux d'adaptation des trois premiers SNLE-NG entre 2008 et 2012.
Le missile M45 diffère du M4 essentiellement par l'emport de la tête nucléaire TN75 dont la furtivité a été améliorée par rapport aux TN71 du missile M4. Elle bénéficie aussi d'une meilleure aide à la pénétration. La portée du M45 est supérieure à 4.000 km et il est durci vis à vis des effets collatéraux résultant d'une agression nucléaire en vol, ce qui lui confère une meilleure capacité de pénétration face à une défense antimissiles.
Chaque SNLE dispose d'une dotation de 16 missiles emportant chacun 6 têtes nucléaires, soit 96 têtes nucléaires.
Le format de la flotte impose la disponibilité simultané de trois dotations de missiles, actuellement constituées de deux dotations M45 et d'une dotation M4. La substitution de la troisième dotation M45 à la dernière dotation M4 est prévue pour décembre 2003.
Compte tenu de la réduction de 6 à 4 de la flotte de sous-marins, il existe des stocks importants de missiles M4. Cet excédent de moyens disponibles modère le coût de maintien en condition opérationnelle des dotations de missiles.
Le coût d'acquisition (développement et fabrication) du missile M4 est estimé à 51,7 milliards de francs (CE 1998) hors têtes nucléaires, celui du missile M45 à 6,5 milliards de francs (CE 1998). A ceci, il faut ajouter le coût du maintien en condition opérationnelle, soit 25 milliards de francs pour la durée de vie (1985-2012) des missiles M4 et M45.
Le coût de possession du MSBS M4 M45 hors têtes nucléaires approcherait donc de 83,2 milliards de francs.
CRÉDITS DEMANDÉS EN LOI DE FINANCES INITIALE POUR LE PROGRAMME M4 M45 (en millions de francs) |
||||||||||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 | ||||||||
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP | |||
Part missiles |
974 |
1.417 |
963 |
1.250 |
835 |
1.200 |
755 |
942 |
751 |
757 | ||
dont - MCO |
948 |
1.009 |
948 |
945 |
792 |
890 |
755 |
835 |
751 |
685 | ||
- développement et fabrication M 45 |
26 |
408 |
15 |
305 |
43 |
310 |
0 |
107 |
0 |
72 | ||
Par têtes nucléaires (1) |
1.038 |
1.060 |
851 |
804 |
799 |
793 |
770 |
813 |
730 |
768 | ||
dont - MCO |
395 |
386 |
238 |
236 |
199 |
198 |
133 |
147 |
273 |
145 | ||
- développement et fabrication M 45 |
643 |
674 |
613 |
568 |
600 |
595 |
637 |
666 |
457 |
523 | ||
Total |
2.012 |
2.477 |
1.814 |
2.054 |
1.634 |
1.993 |
1.525 |
1.755 |
1.481 |
1.425 | ||
(1) hors matières nucléaires |
Afin de garantir la sûreté du système d'armes et la crédibilité de la dissuasion à l'horizon 2030, notamment dans l'hypothèse d'un renforcement des défenses antimissiles balistiques, le lancement du développement du programme missile M5 a été décidé à la fin 1992. En février 1996, dans un contexte stratégique moins menaçant, un souci d'économie a conduit le Président de la République à réorienter le programme vers un missile moins ambitieux, le M51.
Le missile M51 est un missile de masse totale maximale de 56 tonnes, guidé par inertie et propulsé par propergol solide. La partie haute comporte une case à équipements, un système d'espacement et de largage des têtes nucléaires et des aides à la pénétration, et une coiffe équipée d'un réducteur de traînée.
La portée de référence du missile avec un chargement complet en têtes nucléaires et en aides à la pénétration est de l'ordre de 6.000 kilomètres.
Au terme de la revue de programmes de 1998, il a été décidé d'avancer de 2010 à 2008 le remplacement des M4 M45 par des missiles M51 équipés, dans un premier temps, de la tête nucléaire TN75 et des aides à la pénétration du missile M45 (version M51.1), puis, à partir de 2015, de la nouvelle tête nucléaire océanique (TNO) associée à des systèmes d'aide à la pénétration (version M51.2).
Le coût du développement du M51 est estimé à 29,630 milliards de francs (CF01/99) hors têtes nucléaires et hors adaptation du M51 aux SNLE-NG. Afin de réduire ce coût, un groupe de travail représentatif des différentes parties prenantes (groupe Minos) s'est réuni à la fin de l'année 1997. Il a défini un plan d'économie portant sur 5,5 milliards de francs et reposant sur une série de mesures :
· rationalisation du processus industriel ;
· optimisation des essais ;
· réduction de certaines spécifications après analyse de la valeur ;
· modification de la logique et de la date de mise en service.
Cette dernière mesure qui se concrétise par un avancement de la mise en service de 2010 à 2008 permettra ainsi d'économiser des dépenses de maintien en condition opérationnelle du M45 pour un montant estimé à 1.800 millions de francs. Au terme de cette négociation, les industriels se sont engagés sur des objectifs de productivité moyennant une visibilité étendue et un engagement de l'État à cinq ans.
Il devait être passé en 2000 une importante commande globale (de l'ordre de 7 milliards de francs) portant sur une tranche de deux ans du développement du M51, ce qui explique le montant inhabituel des AP demandés à ce titre pour 2000 et qui s'élève, hors têtes nucléaires, à plus de 5 milliards de francs. Cette dotation sera complétée par des autorisations de programme disponibles non encore engagées.
Un important contentieux s'est développé tout au long de l'année 2000 entre la DGA et Aérospatiale-Matra puis EADS sur l'interprétation de l'accord conclu dans le cadre du groupe Minos qui regroupait les différentes parties prenantes au programme en vue d'en réduire les coûts.
Un premier contrat d'un montant de 3,8 milliards de francs a été notifié en août 1998 pour une durée de deux ans. Son renouvellement, théoriquement prévu pour septembre 2000, est bloqué dans l'attente d'un rapprochement des points de vue. La négociation ne porte pas uniquement sur le maintien des rabais assortis à une commande ferme d'une durée de cinq ans pour une période de deux ans seulement, mais aussi sur le mode de gestion des aléas et la prise en compte des effets des 35 heures sur les coûts de production.
Au départ de 40 %, l'écart entre les offres des deux parties a été progressivement réduit à 15 %. Il importe qu'une solution soit désormais rapidement trouvée, au besoin en recourant à l'arbitrage d'une tierce partie, sous peine d'absence de couverture contractuelle des travaux de développement du M51.
CRÉDITS DU PROGRAMME M51 (en millions de francs) | ||||
1999 |
2000 |
2001 |
2002 | |
AP - Part missiles - Part têtes nucléaires (1) |
0 363 |
5.054 417 |
354 383 |
3.598 440 |
CP - Part missiles - Part têtes nucléaires (1) |
1.450 350 |
1.980 393 |
2.299 386 |
2.960 413 |
(1) Hors matières nucléaires |
A côté du programme M51 proprement dit, existe le programme d'adaptation des SNLE au M51 dont l'ampleur ne doit pas être sous-estimée.
D'un coût de référence de 8,1 milliards de francs (développement, environnement et industrialisation compris), ce programme comprend :
· l'adaptation de la composante embarquée du système d'armes (moyens de stockage et de lancement, stabilisation en lancement, installations de surveillance et de mise en _uvre) ;
· l'adaptation de la base maritime de l'Ile Longue (pyrotechnie, bassins) ;
· l'adaptation du centre d'entraînement et d'instruction des SNLE (remplacement des pupitres et baies de contrôle des installations de simulation).
Le contrat de développement du programme devrait être notifié en 2000.
D'un montant de 400 millions de francs en 2001, les annuités de ce programme devraient rapidement progresser pour atteindre 600 à 700 millions de francs par an pendant la période 2003/2008, date à partir de laquelle les SNLE-NG seront directement dotés du M51.
La composante aéroportée de la dissuasion relève d'une part des Super-Etendard du groupe aéronaval et, d'autre part, des Mirage 2000N relevant des Forces aériennes stratégiques (FAS). Leur armement commun est le missile air-sol moyenne portée (ASMP). A l'horizon 2008, le couple Rafale - ASMP amélioré succédera au couple Mirage 2000N-ASMP.
Le Mirage 2000N est capable d'effectuer une pénétration à très basse altitude et à très grande vitesse en suivi de terrain automatique.
Pour effectuer ses missions, le Mirage 2000N dispose :
· d'un radar ayant la capacité d'effectuer du suivi de terrain à très grande vitesse, à très basse altitude et quelles que soient les conditions météorologiques ;
· d'un système de navigation autonome performant s'appuyant sur deux centrales inertielles ;
· d'un système de contre mesures évolué ;
· de deux missiles d'autoprotection de type Magic II à autodirecteur infrarouge.
Les Mirage 2000N mobilisent entre 150 et 200 millions de francs de crédits de fabrication chaque année. En 2000, 186 millions de francs sont prévus pour financer, d'une part, la modification de 29 appareils afin d'accroître leur polyvalence en leur conférant une capacité d'attaque air/sol conventionnelle et, d'autre part, l'amélioration tactique de l'ensemble de la flotte par une meilleure intégration des contre-mesures au système d'armes.
Le missile ASMP est un missile nucléaire aéroporté à vocation stratégique et d'ultime avertissement, pouvant être emporté sous Mirage 2000N et Super Etendard (porte-avions).
A ce jour, trois escadrons de Mirage 2000N sont opérationnels à partir de cinq dépôts d'armes. Le missile ASMP devra également être opérationnel sur Super Etendard à partir du porte-avions Charles de Gaulle.
Commencé en 1986, date d'entrée en service opérationnel du système d'arme Mirage IVP-ASMP, le maintien en condition opérationnelle est monté en puissance jusqu'en 1991, au fur et à mesure des mises en service successives. La mise en service sous Super Etendard modernisé est intervenue fin 1995. L'adaptation à la mise en _uvre à partir du porte-avions Charles de Gaulle est en cours.
Le programme de renouvellement à mi-vie des vecteurs est en cours et les premiers vecteurs « renouvelés » ont été livrés en février 1996. La fin des livraisons est prévue début 2003 mais cette date est susceptible d'évoluer en fonction du calendrier de mise en service de l'ASMPA. Suivant le scénario retenu, il sera peut-être nécessaire de commander des renouvellements de vecteurs supplémentaires.
CRÉDITS DEMANDÉS EN LOI DE FINANCES INITIALE POUR LES MISSILES ASMP (en millions de francs) |
|||||||||||||||||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 | |||||||||||||||
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
||||||||||
Missiles |
303 |
323 |
318 |
365 |
288 |
361 |
259 |
330 |
229 |
272 |
|||||||||
dont |
|||||||||||||||||||
- développement |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
|||||||||
- fabrication |
0 |
9 |
0 |
13 |
0 |
6 |
0 |
2 |
0 |
0 |
|||||||||
- maintien en condition opérationnelle (MCO) |
303 |
314 |
318 |
352 |
288 |
355 |
259 |
328 |
229 |
272 |
|||||||||
Têtes nucléaires (MCO) |
50 |
50 |
49 |
48 |
63 |
61 |
52 |
55 |
45 |
41 |
|||||||||
Total |
353 |
373 |
367 |
413 |
351 |
422 |
311 |
385 |
274 |
313 |
Le missile ASMP amélioré, théoriquement disponible à partir de 2008, sera un missile d'une masse comprise entre 850 et 900 kilos dont la propulsion sera assurée par un accélérateur à poudre puis, une fois atteinte une vitesse hautement supersonique, par un statoréacteur. Sa portée sera d'environ 100 kilomètres pour une trajectoire entièrement à basse altitude et de l'ordre de 500 kilomètres pour une trajectoire à haute altitude après un tir à basse altitude. Dans la version actuellement en service, l'ASMP a une portée d'environ 80 kilomètres sur une trajectoire à basse altitude et de 300 kilomètres sur une trajectoire à haute altitude. L'ASMP amélioré mettra en _uvre une charge nouvelle, la tête nucléaire aéroportée.
Le développement de l'ASMPA a été également préparé par une opération, dite Vesta, financée au titre de la ligne « travaux de transition aérobie » de la loi de programmation, qui permettait de tester en vol un vecteur à statoréacteur commun à l'ASMP amélioré et au missile antinavire futur ANF, les deux missiles devant partager le même statoréacteur liquide à combustion prolongée et la même section de guidage pilotage. Le gel de l'ANF, décidé début 2000, a mis un terme à cette communauté d'intérêts.
Les trois développements exploratoires lancés en 1993 et les recherches exploratoires préparant le projet de missile air/sol longue portée (ASLP) ont fait l'objet d'une réorientation profonde afin de couvrir les travaux complémentaires nécessaires à l'ASMP amélioré et non compris dans le marché de faisabilité ou dans l'opération Vesta.
La phase de faisabilité du programme a débuté fin 1997 et la phase de réalisation le 3 octobre 2000, comme en témoignent la montée en puissance des autorisations de programme demandées à ce titre en 2000 et la couverture correspondante en crédits de paiement à partir de 2001.
CRÉDITS DEMANDÉS EN LOI DE FINANCES INITIALE POUR LES MISSILES ASMP-A (en millions de francs) |
||||||||||||||||||
1998 (exécuté) |
1999 (exécuté) |
2000 (LFI) |
2001 (PLF) | |||||||||||||||
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
|||||||||||
Études amont |
22 |
41 |
16 |
80 |
28 |
52 |
10 |
20 | ||||||||||
Opération Vesta |
0 |
190 |
0 |
200 |
0 |
193 |
0 |
148 | ||||||||||
Développement ASMPA |
0 |
46 |
193 |
79 |
745 (1) |
206 |
257 |
469 | ||||||||||
Total |
22 |
277 |
344 |
469 |
757 |
451 |
267 |
637 | ||||||||||
(1) 2.062 millions de francs après mouvement interne de gestion au sein du chapitre 51-71. |
Les transmissions nucléaires ont pour vocation de garantir l'acheminement de l'ordre d'engagement aux forces nucléaires. Elles reposent sur plusieurs composantes.
La composante Astarte (avion station relais de transmissions exceptionnelles) est un système de transmissions dont la tâche prioritaire est de garantir en toute circonstance, et notamment en ambiance d'impulsion électromagnétique, la transmission des ordres émanant de la haute autorité gouvernementale vers les forces nucléaires stratégiques, sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) tout particulièrement. Dans certaines circonstances, il peut aussi transmettre les ordres des commandants de ces forces vers leurs moyens.
Ces ordres sont, par ordre de priorité, les ordres exceptionnels et les messages opérationnels.
Les ordres exceptionnels peuvent être l'ordre d'engagement des différentes composantes stratégiques ou l'ordre du changement de posture vers les SNLE et vers la force pilotée (Mirage 2000N). Ces ordres peuvent être élaborés, le cas échéant, par une autorité se trouvant à bord de l'avion Astarte. Les messages opérationnels sont émis par l'amiral commandant la FOST ou le général commandant les FAS vers les composantes placées sous leurs ordres.
Le C 160 H Astarte est ravitaillable en vol et peut de ce fait effectuer des patrouilles, sur les zones Atlantique et Méditerranée, d'une durée allant de dix heures à vingt heures environ.
Ce programme portant sur quatre Transall C 160 transformés en stations de transmission a été lancé en 1982 et clos en 1990, après livraison des avions dans un standard de durcissement définitif. Son coût total s'élève à 3,5 milliards de francs courants. Le retrait du service de ces stations est prévu pour 2001, date à laquelle Syderec prendra le relais. Il convient de proposer un reclassement opérationnel de ces quatre Transall d'un genre particulier.
La composante Ramses (réseau amont maillé stratégique et de survie) est un réseau maillé d'infrastructure résistant aux effets de l'impulsion électromagnétique haute altitude qui garantit les liaisons entre les centres de décision, les sites fixes des Forces nucléaires stratégiques et les stations Astarte. Ramses a été lancé en 1979 et mis en service de 1989 à 1998. Le coût total du programme est légèrement inférieur à 2 milliards de francs.
La composante Transfost (transmissions des forces océaniques stratégiques) a pour objectif la rénovation des stations fixes d'émission en basses fréquences ainsi que des centres opérationnels de la FOST. La première phase du programme a été lancé en 1992 pour une mise en service opérationnelle en 1997 et la deuxième phase en 1995 pour une mise en service opérationnelle en 2001. Le coût total du programme est de 900 millions de francs pour la première phase et de 1 milliard de francs pour la seconde phase dont la moitié des CP ont déjà été consommés. 100 millions de francs ont été demandés à ce titre en 2000 et 65 millions de francs sont prévus pour la période 2001-2002.
La composante Syderec (système de dernier recours) enfin doit permettre d'acheminer les communications nucléaires essentielles en toutes circonstances dès lors que les autres moyens auront subi des destructions telles qu'ils ne seront plus capables d'assurer leur mission. Le programme a été lancé en 1993 pour une mise en service opérationnel prévue en décembre 2000.
Son coût total est estimé à 1.744 millions de francs contre 2.468 millions de francs à la date du lancement (CF 01/98), soit une économie proche de 30 % résultant d'un processus d'analyse de la valeur et de l'analyse fonctionnelle et d'une réduction de provisions consécutive au bon déroulement du programme. Le montant des crédits consommés s'élève à 1.654 millions de francs et celui des crédits votés à 1.837 millions de francs. 193 millions de francs ont été demandés à ce titre en 2000 et 66 millions de francs sont prévus pour la période 2001-2002.
Les gros efforts financiers en matière de transmission nucléaire sont donc derrière nous.
Avec un budget de 2,7 milliards de francs en crédits de paiements et de plus de 3,1 milliards de francs en autorisations de programmes, l'espace retrouve un niveau de financement proche de 1999 après la baisse ponctuelle de 2000.
Au-delà des études amont qui continuent leur décroissance avec 205 millions de francs en 2001 contre 240 millions de francs en 2000 et dont la moitié des crédits finance les travaux en matière d'écoute électromagnétique, l'essentiel des financements sera consacré en 2001 au programme Hélios II (1,2 milliard de francs) et aux programmes Syracuse II et successeur (1,1 milliard de francs).
Le programme Hélios I a été décidé par la France en 1986. Il est mené en coopération internationale avec l'Italie à hauteur de 14,1 % et l'Espagne à hauteur de 7 %. Les taux de participation des trois pays se déclinent en termes financiers et de retour industriel, mais aussi en terme de droit d'utilisation opérationnelle du satellite.
Il comprend, outre deux satellites en orbite, un centre de contrôle implanté en France (Toulouse), des centres de réception et de traitement des images dans chaque pays et un centre de commandement du système situé en France (Creil).
Le système Hélios est un système militaire d'observation optique par satellite destiné à acquérir des images dans le spectre visible. Ses capacités sont limitées à l'observation de jour et par temps clair, ce qui constitue une limitation importante à son utilisation comme l'ont démontré les premières semaines des opérations aériennes au Kosovo où les nuages ont empêché le satellite de produire de nouvelles images exploitables chaque jour.
L'orbite et les capacités de man_uvre du satellite garantissent au moins une possibilité d'observation d'un site donné tous les deux jours et la prise d'une quinzaine de vues par jour sur des orbites correspondant aux zones d'intérêt prioritaire.
Le premier satellite Hélios I A a été mis en orbite le 7 juillet 1995 depuis la base de Kourou. Le deuxième satellite Hélios I B a été lancé le 3 décembre 1999.
Des améliorations du programme ont d'ores et déjà été décidées et lancées, en particulier pour prendre en compte l'évolution du contexte géostratégique et l'apparition de technologies nouvelles. Il s'agit d'améliorations des logiciels de la composante sol du système, dont notamment les logiciels d'exploitation des images, de l'adjonction d'une mémoire de masse électronique sur le deuxième satellite, de la réalisation d'une station de théâtre transportable et d'une capacité à exploiter un système bisatellite.
Le coût prévisionnel du programme initial à la charge de la France est de 8.262 millions de francs duquel on peut retrancher 1.430 millions de francs au titre de la synergie avec le programme civil Spot 4 (partage de coûts de développement d'éléments communs comme la plateforme ou l'instrument grand champ). Le coût des améliorations lancées s'élève à 554 millions de francs. Les coûts additionnels de la phase d'exploitation du système, à la charge de la France, sont de 748 millions de francs pour le deuxième lancement et de l'ordre de 300 millions de francs par an en moyenne pour l'entretien, la maintenance et l'exploitation du système.
Bien que l'Espagne et l'Italie n'aient pas rejoint le programme Hélios II, ils ont tous deux signé avec la France des arrangements technico-administratifs pour le déploiement, à leur frais, dans leurs pays respectifs, d'une configuration de composante sol utilisateurs compatible d'Hélios II. Cette solution répond à l'obligation d'assurer la continuité de service du système à l'horizon 2002 lors du basculement de la configuration Hélios I de la composante sol utilisateurs vers la nouvelle configuration Hélios II, et offre aux pays partenaires de la France, le cas échéant, la possibilité technique de rejoindre rapidement le programme Hélios II.
Le programme Hélios II dont les études de faisabilité ont été lancées en 1992 doit prendre le relais des satellites de la première génération et apporter un certain nombre de progrès opérationnels au nombre desquels :
· améliorer les capacités de prise de vue et de transmission des images de façon à réduire les délais d'acquisition de l'information et à augmenter le nombre d'images réalisables ;
· améliorer la résolution des images réalisées dans la bande optique visible de façon à garantir en particulier la détection de tous les objectifs d'intérêt militaire ;
· introduire une capacité d'observation infrarouge de façon à permettre l'observation de nuit et le recueil d'indices d'activités ;
· introduire une capacité multispectrale afin de déjouer les tentatives de leurres et de camouflages.
Le système devra être capable d'opérer deux satellites simultanément en orbite.
Le programme Hélios II comprend actuellement la définition, le développement et la réalisation de deux satellites de deuxième génération et le segment français d'une composante au sol adaptée des installations au sol déjà réalisées pour Hélios I et conçue pour être compatible avec l'arrivée éventuelle de coopérants.
La phase de définition a débuté suite à l'approbation du dossier d'orientation du programme en avril 1994. La revue de définition préliminaire du satellite en mars 1995 a permis d'établir la conformité des performances du satellite aux exigences de la fiche de caractéristiques militaires.
Le retard dans la mise en place de la coopération et des modifications de concept décidées dans le cadre de l'analyse de la valeur menée fin 1995 ont conduit à prolonger les travaux de la phase de définition par une phase complémentaire détaillée de mars 1996 à mars 1997. Le dossier de lancement de la réalisation a été approuvé par le ministre de la Défense le 7 juillet 1998.
On estime que les négociations relatives à la recherche de partenaires européens (Allemagne) et les contraintes budgétaires françaises ont entraîné un arrêt du programme d'une durée de 4 à 6 mois. De fait, après avoir été repoussé de 2001 à fin 2002, le lancement du premier satellite Hélios II était prévu pour juin 2003.
Des études de faisabilité d'une amélioration de la résolution (très haute résolution/stéréo haute résolution) conduites au cours des huit premiers mois de 1999 ont permis de consolider le calendrier d'implantation de cette fonction sur Hélios II A et Hélios II B et de chiffrer le coût de l'opération. La décision de mettre en _uvre les améliorations a été prise le 31 mars 2000 et la disponibilité au lancement du premier satellite a été repoussée à mars 2004.
Depuis le lancement des premières études de faisabilité (1992) jusqu'au lancement (début 2004) du premier satellite Hélios II, il se sera donc écoulé 12 ans, ce qui est long dans un secteur caractérisé par l'évolution rapide des progrès technologiques, sans évoquer les contraintes parfois excessives imposées aux industriels : augmentation du coût de revient par suite du décalage, avances de trésorerie afin de préserver les équipes en place, difficulté de prévoir une gestion des effectifs à long terme et de bénéficier des retours d'expérience.
Le coût du programme Hélios II, intégralement à la charge de la France depuis le départ de l'Espagne, comprenant la réalisation et le lancement des deux satellites ainsi que le segment français de la composante sol utilisateurs compatible avec l'arrivée de coopérants, est évalué à 11,5 milliards de francs au coût des facteurs de janvier 1996, y compris le gain de la synergie avec le programme civil Spot 5. Ces synergies consistent à partager le coût du développement d'éléments communs comme la plate-forme, l'instrument grand champ ou la mémoire de masse statique. Elles sont estimées à une économie totale de 1.470 millions de francs dont 780 millions de francs pour Hélios II.
L'un des postes important de dépenses est constitué par le lancement, de l'ordre de 850 millions de francs. Le principe de l'appel d'offre international, salutaire pour faire jouer la concurrence en règle générale, peut toutefois se révéler à courte vue dans ce domaine spécifique.
Outre que les références de marché sont peu nombreuses pour l'orbite polaire héliosynchrone, l'ouverture à des lanceurs étrangers sans réciprocité (aux Etats-Unis, le marché gouvernemental est fermé à Arianespace de par la loi) peut s'avérer économiquement critiquable à moyen terme.
Pour le lancement de Hélios II A (mars 2004), le concurrent le plus sérieux est Soyouz-ST/Frégat de Starsem, mais il semble que ceci nécessiterait un développement complémentaire du lanceur en raison de l'insuffisance de son volume sous coiffe, ce qui paraît peut compatible avec le calendrier de l'opération et les contraintes de sécurité applicables à Hélios II. Enfin, il est actuellement prévu de lancer en même temps un essaim de microsatellites d'écoute électronique qu'en tout état de cause, Soyouz ne pourrait accueillir.
Les progrès technologiques constants de l'imagerie optique et la libéralisation des approvisionnements en images satellite marquée encore récemment par l'offre de la société américaine Space Imaging qui commercialise les prestations du satellite Ikonos, pourraient conduire certains tenants de la banalisation économique des systèmes de défense à contester l'intérêt des lourds investissements qui sont consentis par la France, désormais seule en Europe, dans l'imagerie satellitaire militaire.
Il est aussi frappant de constater le décalage de coût entre le programme Hélios et les offres qui commencent à être faites par les industriels français à l'exportation dans le domaine des satellites d'observation optique.
Il faut cependant rappeler que le fait de disposer de ses propres outils garantit l'autonomie et la confidentialité dans leur utilisation et que la réactivité qui est indispensable chaque fois qu'il s'agit de besoins de défense ou de sécurité, ne peut être assurée qu'avec un système maîtrisé de bout en bout. Face à une offre commerciale, le Gouvernement ne serait qu'un client parmi d'autres. Enfin, les performances de la filière Hélios, notamment en terme de résolution et d'infrarouge, sont supérieures à l'offre commerciale.
Les systèmes d'observation spatiale radar intéressent toujours la défense du fait de leur complémentarité avec les systèmes optiques.
Les capteurs radar peuvent ainsi :
- s'affranchir des conditions météorologiques ;
- acquérir des données de jour comme de nuit ;
- acquérir une grande quantité d'images sur des théâtres de taille réduite (agilité) ;
- orienter les capteurs optiques de haute résolution ;
- renforcer la robustesse contre le leurrage.
La crise récente du Kosovo a réaffirmé la nécessité d'une telle capacité. La déclaration d'Helsinki exprime une volonté européenne d'acquisition d'une capacité de renseignement commune. Cette position a été réaffirmée lors du sommet franco-allemand de Mayence, le 9 juin 2000.
L'Italie et l'Allemagne proposent, chacune de leur côté, un projet de système satellitaire radar :
- le système militaire SAR-Lupe pour l'Allemagne (lancement en 2004) ;
- la composante radar du système dual multicapteurs Cosmo Skymed pour l'Italie.
La France a exprimé des exigences spécifiques pour l'utilisation de systèmes à vocation civile et militaire comme celui proposé par l'Italie. Elle poursuit les travaux lui permettant d'analyser la contribution au besoin opérationnel national de ces projets, tant sur le plan des caractéristiques techniques que sur le plan de l'intégration avec ses systèmes d'observation optique.
Les deux solutions techniques proposées aujourd'hui reposent sur des constellations de satellites dont le nombre n'est pas encore déterminé ; elles diffèrent essentiellement sur l'antenne d'émission et de réception du signal radar.
En tout état de cause, le coût de ces nouvelles perspectives (de l'ordre de 2 milliards de francs pour le projet allemand) n'est pas du même ordre que celui du projet Horus envisagé en 1995 pour un montant de 13 milliards de francs et abandonné lors de la revue de programmes de 1998.
La meilleure solution, dans le cadre de la construction de l'Europe de la défense, consisterait à échanger un droit de tirage sur les images Hélios contre un accès aux capacités d'observation radar développées par l'Allemagne et l'Italie.
Le programme Syracuse II de télécommunications militaires par satellite a commencé sa phase de développement en 1988. Il se compose de trois parties (système, composante spatiale et composante sol) et il est conditionné par le calendrier de Télécom 2 qui répond au même besoin pour la part civile. La livraison de la version finale comportant toutes les capacités opérationnelles date du mois d'avril 1997.
Au-delà du programme Syracuse II, des compléments et améliorations, en cours ou en prévision, visent principalement à :
- prolonger la durée de vie de Syracuse II jusqu'en 2005 par les lancements des troisième et quatrième satellites Telecom 2 effectués en décembre 1995 et en août 1996 ;
- améliorer les raccordements avec les autres systèmes de télécommunications (Socrate) et l'interopérabilité avec les alliés (Skynet 4, Modem Universel) ;
- améliorer la composante sol par l'adjonction de capacités haut débit et la production de nouvelles stations ;
- assurer le maintien en condition opérationnelle de l'ensemble des équipements et logiciels produits au titre du programme et des compléments.
Le coût du programme s'élève à 14,3 milliards de francs (CF 01/2000) dont 11,2 milliards de francs ont déjà été dépensés. 370 millions de francs sont demandés à ce titre en 2001.
Le système successeur de Syracuse II doit :
- assurer la continuité de Syracuse II dès la fin de 2003 ;
- étendre le parc en nombre (de l'ordre de 400 contre une centaine actuellement) et types de stations (notamment petites stations tactiques) ;
- accroître la capacité de résistance à la guerre électronique d'un nombre important de liaisons ;
- étendre la zone de couverture.
Ce système doit permettre de couvrir deux engagements simultanés ou un engagement majeur pour un débit d'environ 100 Mbits/seconde. Par ailleurs, de nouveaux services accompagneront l'évolution du concept d'emploi comme la vidéoconférence, le transfert de vidéo et le transfert rapide de données.
Au cours des dernières années, la France a étudié différents opportunités pour réaliser le système « successeur de Syracuse 2 » dans le cadre d'une coopération internationale et s'est appuyée sur le projet Trimilsatcom jusqu'au retrait britannique à l'été 1998. Prenant acte de ce retrait, une nouvelle démarche, assurant d'une part la continuité du service Syracuse et préservant d'autre part les possibilités de coopération avec l'Allemagne, a été mise en _uvre.
La première phase, sous maîtrise d'_uvre nationale, doit permettre à la France de mettre en orbite un premier satellite de nouvelle génération afin de garantir la continuité de service (éventualité de l'échec au lancement et validation d'une position orbitale) et d'apporter un complément significatif de capacité haut débit pour les forces projetées, le débit du système Syracuse II s'étant révélé à peine adapté aux besoins lors de la crise du Kosovo. L'Allemagne qui recherche une garantie d'accès à une capacité militaire à cet horizon pourrait, à cette occasion, louer un ou deux répéteurs. Un mémorandum franco-allemand couvrant cette location à l'Allemagne a été signé le 30 septembre1999. Les travaux de définition de ce premier satellite se sont achevés au premier semestre 2000. Le début de sa réalisation est prévu pour fin 2003.
La deuxième phase qui devrait être conduite en coopération franco-allemande, devra satisfaire l'ensemble du nouveau besoin opérationnel. Elle doit permettre en particulier de compléter la constellation (mise en orbite des autres satellites à partir de fin 2006, date de fin de vie du satellite telecom II D) d'assurer la livraison des nouvelles stations et la mise en _uvre de la nouvelle gestion du système.
D'autres pays européens cherchent à acquérir une capacité sur des systèmes militaires dédiés. Les besoins de la Belgique et des Pays-Bas ont déjà été communiqués aux industriels mis en compétition.
L'Autriche, la Pologne et la Grèce, qui s'intéressent au programme français, ont, quant à eux, établi des premiers contacts. Par ailleurs, on peut penser que l'Italie et l'Espagne, qui dans un premier temps ne lanceront qu'un seul satellite, pourraient envisager une mise en commun avec la France d'un secours en orbite.
Le cas particulier de l'OTAN, qui doit renouveler sa constellation en 2004, fait l'objet d'une attention particulière. La France a fait des propositions sur la base d'un satellite identique à celui conçu pour la première étape. Prochainement, l'Alliance fera connaître sa décision quant au processus d'acquisition et au mode de financement.
Le coût du programme successeur de Syracuse II est estimé à 13,4 milliards de francs (CF 01/2000). Son financement montera en puissance au cours des prochains exercices. Il était de 450 millions de francs en 2000. Il sera de 722 millions de francs en 2001 et de 1.065 millions de francs en 2002.
Une acquisition selon le schéma désormais étudié par les Britanniques qui recourent à la location de services (Private Finance Initiative) a constitué un volet d'étude spécifique de la définition en compétition de la première phase.
Parmi les avantages espérés, on notera en particulier la possibilité d'un différé de paiement, une approche en termes de services (qui paraît plus proche de l'utilisateur et pourrait parfois dégager des solutions plus efficaces) et la possibilité de partager l'emploi d'un système avec d'autres utilisateurs via un opérateur privé (ce qui évite la complexité des coopérations).
Parmi les inconvénients induits, on peut citer le risque de perte de souveraineté et d'autonomie de décision (le propriétaire des moyens, l'industriel a priori multinational, bénéficiant alors d'une situation de monopole dans un domaine où la concurrence est de fait inexistante), le transfert du traitement des désaccords entre client et fournisseur devant les tribunaux de façon systématique ou encore la tentation pour le fournisseur de développer des stratégies d'impasse (par exemple, ne pas investir dans des performances peu rentables car rarement mises en _uvre, mais pourtant militairement stratégiques).
Les plus importantes difficultés de cette technique résident dans le domaine juridique. Sa compatibilité avec le traité de Rome peut être soulevée ; un opérateur européen de télécommunications pourrait en appeler à la distorsion de concurrence et suspecter des aides gouvernementales indirectes. Le caractère novateur de cette technique d'acquisition de capacités et l'étendue des études préalables qu'elle induit n'ont pas permis d'y recourir pour la première phase du programme car le calendrier critique, dicté par la continuité du service ne le permettait pas.
Dans son rapport public de 1999, la Cour des comptes a noté que les travaux de réflexion préalable constitutifs de la définition du programme (analyse fonctionnelle et analyse de la valeur) avaient été confiés à une société privée pour un montant de 7 millions de francs , soit 1.100 journées d'ingénieurs spécialistes, alors que ce type de tâche relève des missions et du c_ur de métier de la DGA.
La Cour avait formulé les mêmes critiques pour la gestion de Syracuse II puisqu'elle a déploré à plusieurs reprises le recours à des sociétés privées pour effectuer des tâches étatiques (fourniture par des entreprises de personnels de bureau pour le compte du service, sous-traitance de la fonction qualité).
Elle a aussi relevé des dysfonctionnements dans la conduite du programme, dus à une rotation excessive des responsables (sept officiers de programme entre 1986 et 1998 et sept directeurs de programme dont cinq d'ancienneté inférieure à 8 ans), alors même que Syracuse représente un enjeu financier et opérationnel majeur pour la défense.
Les crédits d'étude consacrés à l'écoute électromagnétique s'élèveront en 2001 à 103 millions de francs, dans la moyenne des deux années précédentes.
Le renseignement d'origine électromagnétique (ROEM) est nécessaire pour la connaissance des activités militaires et des caractéristiques techniques des matériels mis en _uvre partout dans le monde. Il est complémentaire de l'observation optique, infrarouge et radar.
C'est pourquoi ont été développés, à titre exploratoire, deux micro-satellites nommés Cerise (lancé en juillet 1995 avec Hélios IA) et Clémentine (lancé le 3 décembre 1999 avec Hélios IB). Ces satellites doivent réaliser des mesures de l'environnement électromagnétique qui permettront d'envisager la définition d'un système opérationnel dont l'échéance de lancement n'est pas fixée.
Les premiers résultats ont montré qu'une architecture répondant à l'ensemble du besoin d'écoute électromagnétique spatiale, excepté la permanence sur zone, et offrant le meilleur compromis coût/performance devait être constituée de deux composantes séparées, l'une étant dédiée à la bande haute (petits satellites) et l'autre à la bande basse reposant sur un essaim de microsatellites.
Un essaim est constitué de plusieurs satellites suffisamment rapprochés pour être simultanément en visibilité d'une zone d'intérêt (quelques centaines de km), par opposition à une constellation qui est constituée de satellites suffisamment éloignés pour permettre un survol de la zone d'intérêt à des instants différents (quelques dizaines de milliers de kilomètres), de manière à permettre une revisite régulière.
Les inconnues pesant sur l'environnement radioélectrique perçu simultanément par plusieurs satellites distants de quelques centaines de kilomètres ne permettent pas de garantir les performances d'un système opérationnel. C'est pourquoi un démonstrateur composé d'un essaim de 3 micro-satellites COMINT (lancement prévu en 2004 avec Hélios IIA) a été initié en 1999 pour valider l'ensemble du concept.
Les crédits des principaux programmes de l'armée de l'Air sont retracés dans le tableau ci-après :
PRINCIPAUX PROGRAMMES DE L'ARMÉE DE L'AIR EN DÉVELOPPEMENT ET FABRICATION (en millions de francs) |
|||||||||
Catégories |
Programmes |
Dépenses |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
PLF 2001 | ||||
1998 |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP | |||
Rafale Air |
|||||||||
Développement |
91 |
1.056 |
1.199 |
1.317 |
1.411 |
1.480 |
1.729 | ||
AÉRONEFS |
Production |
2.392 |
2.067 |
2.551 |
1.711 |
1776 |
5.427 |
2.090 | |
Mirage 2000 D |
|||||||||
Développement |
17 |
18 |
26 |
1 |
33 | ||||
Production |
855 |
708 |
1.200 |
559 |
932 |
130 |
555 | ||
Matériel électronique de bord |
|||||||||
Développement |
121 |
173 |
160 |
231 |
233 |
216 |
186 | ||
Production |
87 |
344 |
166 |
214 |
209 |
203 |
224 | ||
Matériel électronique Sol |
|||||||||
MATÉRIELS |
Développement |
60 |
171 |
77 |
30 |
35 | |||
ÉLECTRONIQUES |
Production |
303 |
543 |
326 |
140 |
350 |
211 |
369 | |
ET DE |
SCCOA1 étape 1 |
||||||||
TRANSMISSIONS |
Développement |
105 |
32 |
96 |
16 |
44 |
24 | ||
Production |
419 |
120 |
449 |
52 |
344 |
223 | |||
SCCOA2 étape 2 |
|||||||||
Développement |
119 |
62 |
149 |
62 |
114 |
97 | |||
Production |
499 |
204 |
349 |
224 |
264 |
296 | |||
SCCOA3 étape 3 |
|||||||||
Développement |
160 |
16 | |||||||
Production |
739 |
84 | |||||||
Moyens de transmission des bases aériennes (MTBA) |
|||||||||
Développement |
4 |
||||||||
Production |
194 |
25 |
286 |
680 |
424 |
426 | |||
MICA |
|||||||||
Développement |
70 |
138 |
26 |
109 |
16 |
63 | |||
Production |
289 |
250 |
321 |
850 |
260 |
50 |
250 | ||
Apache Anti-piste |
|||||||||
Développement |
132 |
8 |
108 |
91 |
60 | ||||
Production |
167 |
8 |
218 |
305 |
434 | ||||
MISSILES |
SCALP emploi général |
||||||||
Développement |
350 |
2 |
358 |
401 |
0 |
333 | |||
Production |
110 |
10 |
57 |
28 |
77 |
98 | |||
Armement Air-Sol modulaire |
|||||||||
Développement |
506 |
193 |
103 |
6 |
214 | ||||
Production |
324 |
228 |
5 |
27 | |||||
SAMP famille sol-air futur |
|||||||||
Développement |
179 |
127 |
74 |
0 |
66 | ||||
Production |
164 |
306 |
74 |
426 |
170 |
301 |
287 |
A l'occasion d'un déplacement au Centre d'expériences aériennes militaires (CEAM) à Mont-de-Marsan les 6 et 7 septembre 2000, nous avons pu constater que l'armée de l'Air a mis en place des procédures très performantes pour contribuer utilement au processus d'équipement de ses forces.
Le CEAM est ainsi présent à toutes les étapes de la réalisation d'un matériel, depuis la rédaction de la fiche de caractéristiques militaires jusqu'à l'instruction des premiers personnels qui l'utiliseront, en passant par la conception, les essais et l'expérimentation dont il est seul responsable avant livraison. Cette continuité de l'action qui repose sur des spécialistes des différents matériels regroupés en équipes de marque, permet de détecter très tôt les éventuelles inadaptations d'un équipement. Elle est aussi très performante en cas d'urgence opérationnelle (« crash programme ») ou pour le soutien à l'exportation.
L'armée de l'Air a su regrouper dans ce centre un pôle d'excellence, constitué d'experts aux compétences variées mais dont le rôle d'interface, entre la DGA et les industriels d'une part, et les forces armées d'autre part, est fondamental.
Avec l'affermissement de la tranche optionnelle de la commande passée en 1999, 2001 constituera une étape importante dans la vie du programme qui traverse une période décisive de son histoire mouvementée, résumée ci-après.
· 1986 (juillet) : premier vol de l'avion expérimental ;
· 1989 (juin) : lancement du développement dans la perspective de la livraison du premier avion de série en 1996 pour 23 avions livrés au 31 décembre 1999.
· 1991 (été) : allongement d'un an du programme de développement et décalage correspondant de la mise en série, en raison du retard pris par le développement du système de navigation et d'attaque, soit un premier escadron opérationnel à la fin 2000 et une première flottille mi-1998 ;
· 1992 (décembre) : lancement de la production sur une cadence de livraison de 20 appareils par an ;
· 1993 (octobre) : décalage de six mois de la constitution des premières unités de la Marine et de l'armée de l'Air, pour des raisons budgétaires ;
· 1994 (avril) : le projet de loi de programmation militaire 1995-2000 prévoit un glissement d'un an de la mise en place du premier escadron de l'armée de l'Air, (mi-2002) et de six mois de la flottille (mi-1999), et réduction de la cadence de livraison de 20 à 16 appareils par an ;
· 1995 : les mesures de régulation budgétaire entraînent un arrêt de l'industrialisation de la cellule équipée et de la production des avions de série de novembre 1995 à mai 1997 ;
· 1995 (septembre) : le budget de la défense pour 1996 prévoit un étalement d'un an, avec pour conséquence le décalage d'un an du premier escadron opérationnel de l'armée de l'Air, (mi-2003). La mise en service de la première flottille de 12 avions pour la Marine est maintenue à mi-1999 ;
· 1996 (mai) : le projet de loi de programmation 1997-2002 prévoit un glissement de deux ans et demi sur la mise en place du premier escadron opérationnel de l'armée de l'Air, (fin 2005) ; le nombre d'appareils pour la Marine est réduit de 86 à 60 ; la mise en service d'une première demi-flottille (6 avions) pour la Marine est prévue à mi-2001, une seconde demi-flottille en mi-2002 ;
· 1998 (avril) : la revue des programmes conclut au recul de dix mois de la livraison des premiers avions destinés à l'armée de l'Air, ce qui entraîne une diminution du nombre d'avions livrés à fin 2005 (23 au lieu de 25) date de la constitution du premier escadron opérationnel. Même mesure pour la Marine dont la flottille opérationnelle est maintenue pour 2002, mais avec 10 appareils au lieu de 12.
L'illustration de ces étalements successifs peut se résumer ainsi :
· à la fin de 2000, les forces armées disposeront de 5 Rafale alors que la loi de programmation militaire 1984-1988 évoquait le chiffre de 137 avions et le dossier de lancement du développement datant de 1989 le chiffre de 66 avions ;
· les livraisons sont actuellement censées s'étaler jusqu'en 2019, soit trente ans après le lancement du développement.
Au-delà de ce raccourci saisissant, il importe de bien mesurer les conséquences opérationnelles et financières de cette succession de mesures dont chacune prise isolément semble raisonnable, mais dont l'addition se révèle fortement déstabilisatrice. Tous les gouvernements ont contribué à ralentir le programme, si bien qu'actuellement, nous sommes à une étape cruciale de sa production.
En prenant la décision de passer une commande ferme de 28 appareils, le 9 juin 1999, et en demandant le vote des crédits indispensables à l'affermissement en 2001 de la tranche optionnelle de 20 appareils supplémentaires négociée aux mêmes conditions, le gouvernement semble avoir pris conscience de cette situation, mais il devra être imité par ses successeurs, tout au long des années 2003 à 2015.
Les conséquences opérationnelles de ces différents reports ne sont pas insignifiantes. Au-delà du simple effet de la réduction de cibles (320 à 294) qui a exclusivement porté sur le potentiel du groupe aéronaval, l'analyse des capacités concrètes qui seront à la disposition des armées au fur et à mesure de la mise à disposition du Rafale dans ses différents standards, relativise quelque peu, au moins dans un premier temps, la polyvalence concrète de l'avion.
En effet, la grande force de l'avion Rafale est sa polyvalence puisqu'il sera capable d'assurer les missions suivantes :
· dissuasion nucléaire ;
· pénétration et attaque au sol par tous les temps ;
· défense et supériorité aérienne ;
· intervention à long rayon d'action avec ravitaillement en vol ;
· reconnaissance tactique et stratégique.
Son système d'armes lui permettra notamment :
· de mener des attaques tout temps sur des objectifs au sol ou en mer, avec tir à distance de sécurité de missiles classiques ou nucléaires ou tir d'armements classiques de précision. Il pourra être engagé en haute ou moyenne altitude, ainsi qu'en très basse altitude en suivi de terrain automatique, contre des objectifs planifiés ou d'opportunité ;
· d'assurer, lors de ces missions, un niveau de survie élevé dans un environnement dense en menaces de toutes natures. Dans ce but, il combinera un niveau réduit de signatures et une man_uvrabilité élevée, et mettra en _uvre un système de contre-mesures internes, adapté à la menace ;
· d'engager un combat à grande distance contre plusieurs avions hostiles grâce à des capteurs adaptés (radar multicibles à balayage électronique, capteur optronique frontal) et à des missiles de type « tire et oublie » avec autodirecteur électromagnétique ou infrarouge.
De la même cellule de base sont dérivées trois versions :
· un avion monoplace pour l'aéronautique navale ;
· un avion biplace pour l'armée de l'Air ;
· un avion monoplace pour l'armée de l'Air.
Le système d'armes du Rafale repose particulièrement sur le radar RBE2 et sur le système de contre-mesures SPECTRA, capteurs présentant des caractéristiques très novatrices intégrées pour la première fois dans un avion de combat. Le bénéfice opérationnel obtenu est une maîtrise de l'effet des armes en environnement hostile très supérieure aux systèmes d'armes de génération précédente.
Le radar RBE2 est un radar multimodes, doté d'une antenne à balayage électronique dans les deux plans, qui lui permet d'engager très rapidement plusieurs cibles aériennes simultanément. Il est également capable d'acquisition et de poursuite d'objectifs au sol et en mer, de cartographie et de suivi de terrain autonome dans les deux plans. Son antenne de type Radant lui confère une grande agilité, d'importantes capacités de superposition de modes et une grande robustesse face aux contre-mesures.
Le système d'autoprotection et de contre-mesures SPECTRA est capable de détecter des menaces dans un spectre très large, électromagnétique, infrarouge et laser, et de mettre en _uvre des brouillages électromagnétiques et des leurres adaptés. Ce système permet de localiser avec précision et de traiter plusieurs menaces simultanément.
Le système d'armes comprend également un capteur optronique frontal travaillant dans les bandes infrarouge, visible et laser. Il s'agit d'un capteur passif dont le fonctionnement est assimilable à celui d'un radar, en matière de navigation et de mise en _uvre des armements.
Le haut niveau d'intégration du système et un interface homme-système également très novateur, procurent à l'équipage du Rafale un instrument de prise en compte de l'environnement de combat complet et synthétique. La maîtrise de situation qui en découle concourt directement à une meilleure efficacité sur l'objectif et à une vulnérabilité moindre. La totalité des fonctions opérationnelles du système d'armes est en permanence disponible sur les trois versions. C'est cette caractéristique, alliée au niveau d'intégration élevée du système, qui confère au Rafale une réelle capacité de polyvalence opérationnelle.
Dans l'état actuel du programme, il est prévu trois standards successifs et, éventuellement, un quatrième que l'on peut caractériser comme suit :
· le standard F1 qui ne disposera que de la capacité air-air et qui sera déployé uniquement sur le porte-avions à partir de l'été 2001 ;
· le standard F2 qui ajoutera les capacités air-sol et air-mer à partir de 2004-2005 ;
· le standard F3 qui pourra notamment délivrer le missile ASMPA à partir de 2007.
C'est la Marine qui subit surtout les conséquences des étalements car elle a des besoins plus urgents que l'armée de l'Air qui a régulièrement, par des programmes successifs et ininterrompus, modernisé et augmenté les capacités de ses Mirage 2000.
La première flottille de 10 Rafale ne sera complète que début 2002 alors que le porte-avions Charles de Gaulle sera admis au service actif début 2001. Ces avions sont au standard F1, c'est-à-dire qu'ils n'ont que la capacité air-air et qu'ils remplacent les Crusader déjà retirés du service pour obsolescence.
Dès 2003, la Marine devra organiser la rotation de ses avions pour les mettre au standard F2 et ce, jusqu'en 2005 avec les conséquences évidentes pour la disponibilité et l'efficacité de cette flottille.
La Marine ne bénéficiera donc de la pleine polyvalence du Rafale qu'avec la livraison des avions au standard F3, c'est-à-dire en 2007.
D'ici cette date, les Super-étendard modernisés resteront seuls aptes à délivrer le missile nucléaire ASMP.
L'armée de l'Air, quant à elle, bénéficiera directement du standard F2 à partir de 2005 et du standard F3 en 2007 qui constitue une réelle rupture qualitative dans tous les domaines par rapport aux Mirage 2000 les plus récents.
Il n'en reste pas moins que dans cette attente, l'armée de l'Air ne dispose actuellement que de 123 appareils technologiquement irréprochables, les 37 avions de supériorité aérienne Mirage 2000-5 (ce qui ne permet pas la constitution de deux escadrons complets) et les 86 chasseurs bombardiers Mirage 2000 D, auxquels s'ajoutent les 60 Mirage 2000 N des forces aériennes stratégiques destinés à délivrer l'arme nucléaire.
Les autres avions de la force aérienne de combat appartiennent en effet à des générations antérieures : Mirage F1 et Mirage 2000C ou Mirage 2000B.
Les conséquences financières de l'étalement permanent du programme sont tout aussi considérables.
On constate ainsi un renchérissement significatif du coût du développement qui est assumé depuis le début du programme à 75 % par l'État et à 25 % par les industriels.
Le développement des trois premiers standards opérationnels est actuellement estimé à 45 milliards de francs courants pour l'État.
Le devis a donc augmenté de plus de 30 % par rapport au chiffre figurant dans le dossier de lancement du développement en 1989 (31 milliards de francs CF/01-86 contre 23,5 milliards de francs CF/01-86 à l'époque).
La moitié du dépassement s'est faite entre 1988 et 1995, époque à laquelle le cadrage des coûts était nettement insuffisant puisque les contrats ne comportaient ni prix plafond, ni contrainte de délai pour la production de l'avion de série.
L'autre moitié résulte de modifications substantielles de spécifications (apparition de la version biplace-Air), redéfinition des contraintes de tenue au choc de la version Marine) et de l'étalement du programme.
S'agissant des spécifications, il est pour le moins intéressant de constater qu'à l'été 2000, soit onze ans après le lancement du développement du programme, la Marine nationale se prononce, à son tour, en faveur d'une version biplace. La Marine souhaite ainsi désormais consacrer la version monoplace à la défense aérienne du porte-avions et disposer d'une version biplace pour les missions de projection de puissance.
Ce nouveau positionnement est justifié par la volonté d'augmenter l'efficacité des missions d'attaque au sol et la sécurité des pilotes en raison de la densité croissante des paramètres à prendre en compte.
Cette décision clôt ainsi une longue période au cours de laquelle l'État-major de la Marine souhaitait à tout prix disposer d'un avion spécifique et surtout différent de celui de l'armée de l'Air. Ces errements passés avaient été poussés jusqu'à l'absurde avec la proposition d'achat des F18 américains pour le porte-avions au risque d'affaiblir l'outil de souveraineté, la cohérence du dispositif aérien et l'industrie aéronautique française. Il faut donc se réjouir de cette prise en compte du caractère global des systèmes de forces.
Techniquement, cette modification semble possible du fait du concept modulaire de la cellule de l'avion et de la forte communauté structurale de ses différentes versions. L'objectif sera de compenser le surpoids résultant de l'installation d'un deuxième homme (200 kg en tout), vraisemblablement par la suppression du canon, afin de maintenir le rayon d'action de l'avion. Ceci générera inévitablement un surcoût supplémentaire du développement et de la production. Le chiffre de 1,8 milliard de francs est actuellement évoqué.
Cet étalement s'accompagne aussi inévitablement d'obsolescences qui imposent des remises à niveau coûteuses. Cela sera la cas pour l'avionique, le c_ur-système et le système de contre-mesures SPECTRA.
De plus, un contentieux a surgi récemment autour du financement du développement du standard F2 qui doit être notifié en 2000. Dassault-Aviation soumet en effet sa participation de 25 % au financement par l'État du développement d'un standard spécifique pour l'exportation.
En effet, si le standard F2 convient parfaitement à l'armée de l'Air française, il peut ne pas convenir tout à fait à d'autres clients potentiels pour différentes raisons qui tiennent notamment à l'intégration de l'avion dans un système de forces différentes. Ce standard différent aboutirait à des modifications du moteur (augmentation de la poussée, modification du débit de carburant) et du radar (radar à antenne active afin d'augmenter sa portée). L'armée de l'Air française ne demande pas ces modifications notamment parce qu'elle possède des Awacs qui permettent d'accompagner de manière optimale le Rafale.
La position de Dassault est de dire que le décalage de la livraison du premier avion de 1996 à 1999 lui a fait perdre un temps précieux à l'exportation alors même que les concurrents rattrapaient leur retard, et l'a obligé à lancer ce développement spécifique. Par ailleurs, l'entreprise ne peut pas à la fois assumer sa part du développement du standard F2 et du développement export.
Le reliquat du développement du F2 à la charge des industriels (3,5 milliards de francs) est équivalent au coût du développement du standard exportation.
De l'issue de cette négociation dépendra directement le coût pour l'État du développement du programme Rafale.
Actuellement, ce coût est estimé à 60 milliards de francs dont 45 milliards pour l'État et 15 milliards pour les industriels. Pour mémoire, le coût de développement de tous les avions de la génération Mirage 2000 représente 23 milliards de francs (CF 01/98), mais celui de l'Eurofighter est estimé à 89 milliards de francs.
Au 1er janvier 2000, l'État avait dépensé 50 milliards de francs courants depuis 1988 pour le Rafale : 3 milliards de démonstrateurs, 30 milliards de développement et 17 milliards de production.
La commande de 1999 a toutefois marqué une rupture avec cette longue série d'atermoiements. Si elle est exécutée avec rigueur et si elle est suivie d'autres commandes de même nature, conformément au calendrier prévu, alors, la phase de production du programme Rafale pourrait compenser les dépassements de la phase de développement.
Avant 1999, les commandes de Rafale se résumaient à 13 appareils selon le calendrier suivant :
· 1993 : 2 avions (1 Air, 1 Marine) pour livraison en 1999 ;
· 1994 : 3 avions (1 Air, 2 Marine) pour livraison en 2000 ;
· 1995 : 8 avions (1 Air, 7 Marine) pour livraison de 2001 à 2003.
Le 9 juin 1999, l'État a commandé une tranche ferme de 28 avions (15 Air biplace, 6 Air monoplace et 7 Marine) assortie d'une tranche optionnelle de 20 avions (7 Air biplace, 5 Air monoplace et 8 Marine).
Cette commande globale a permis, au terme d'une négociation difficile tant au sein de l'État qu'avec les industriels, d'aboutir à un accord qui satisfait les deux parties puisque l'État a obtenu des réductions de prix en globalisant sa commande et les industriels ont acquis une meilleure visibilité de leur plan de charge. Avant cette commande, les chaînes de fabrication avaient été interrompues pendant plus de 18 mois...
On estime que l'économie imputable à la seule globalisation de la commande s'élève à 8 % par rapport au prix de série consenti pour une commande annuelle du type de celles qui avaient précédé.
L'affermissement de la tranche optionnelle programmé pour 2001 permettra de consolider cette économie, l'État gardant la possibilité d'assouplir le calendrier de livraison prévu jusqu'en 2007, en réduisant les cadences annuelles de livraison, moyennant le paiement d'une pénalité habilement négociée (clause dite de décadencement).
D'autres économies sont attendues par la DGA sur la production (gains de productivité, niveau des rechanges). Le devis actuel de production (148 milliards de francs en janvier 2000 pour 294 avions) est en réduction de 10 % par rapport au devis figurant dans le dossier de production, ce qui autorise certains observateurs à affirmer que le coût total du programme est maîtrisé, ce qui est vrai, à condition de préciser que les dépassements (développement) sont acquis, mais que les économies (fabrication) sont encore potentielles.
Elles seront d'autant plus effectives que les commandes globales suivantes seront passées selon le calendrier prévu.
CALENDRIER DE PRODUCTION DU RAFALE | |||||||||||||||||||||||||||
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
2018 |
2019 | |
Commandes |
2 |
3 |
8 |
0 |
0 |
0 |
28 |
0 |
20 |
0 |
66 |
0 |
0 |
65 |
0 |
0 |
48 |
0 |
0 |
48 |
0 |
0 |
6 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Cumul |
5 |
13 |
13 |
13 |
13 |
41 |
41 |
61 |
61 |
127 |
127 |
127 |
192 |
192 |
192 |
240 |
240 |
240 |
288 |
288 |
288 |
294 |
294 |
294 |
294 |
294 | |
Livraisons |
2 |
4 |
5 |
1 |
1 |
9 |
18 |
17 |
23 |
23 |
23 |
22 |
22 |
22 |
16 |
16 |
16 |
16 |
16 |
16 |
6 | ||||||
Cumul |
2 |
6 |
11 |
12 |
13 |
22 |
40 |
57 |
80 |
103 |
126 |
148 |
170 |
192 |
208 |
224 |
240 |
256 |
272 |
288 |
294 |
Les prochaines commandes devraient donc intervenir en 2003 (66 avions), 2006 (65 avions), 2009 (48 avions), 2012 (48 avions) et 2015 (6 avions).
Il faut être conscient des conséquences financières d'un tel calendrier. L'échéancier correspondant aboutit à des annuités (développement + production) qui progressent rapidement : elles passeraient de 5,6 milliards de francs en 2000 à presque 10 milliards de francs en 2006, annuité maximale du programme.
Il n'est pas utile d'insister sur l'importance de ce chiffre au regard des crédits actuels d'équipement de la défense (14 % des crédits de paiement de 2001) mais ce n'est qu'à ce prix que la productivité des investissements déjà consentis sera optimisée et le coût global du programme maîtrisé.
Le Mirage 2000 D est un avion de pénétration et d'attaque au sol tout temps capable de tirer en aveugle les armements air-sol conventionnels, les armements guidés laser de jour comme de nuit, et à terme d'emprunter des systèmes de reconnaissance montés en nacelle. Il se distingue du Mirage 2000 N par son système d'armes et de navigation.
Le Mirage 2000 D sera adapté aux armements futurs tels que le missile Apache qui sera livré en 2001 ainsi qu'à l'armement air-sol modulaire. Le lancement du programme date de décembre 1988, la livraison du premier avion de série de mars 1993, la constitution du premier escadron opérationnel d'avril 1995 (standard R1), la dernière livraison est prévue pour mai 2001.
Le nombre d'appareils prévus à été porté de 70 à 105 en 1989, réduit à 90 en 1992 puis à 86 par la programmation 1997-2002.
La cadence de livraison a été réduite de 15 à 12 appareils par an en 1995, puis de 12 à 6 de 1996 à 1998, ce qui a généré une augmentation du prix de série. En 1999, les livraisons sont remontées à 12 appareils.
La livraison des 5 derniers avions aura lieu en 2001.
Le coût total du programme est évalué à 28.831 millions de francs (CF 01/00), dont 1.850 millions de francs pour le développement, 421 millions de francs pour l'intégration du missile Apache et 26.110 millions de francs pour la production, soit un coût unitaire de 304 millions de francs. La somme des crédits déjà consommés s'élève à 22.386 millions de francs.
Le programme de rénovation des Mirage 2000 DA est plus complexe.
En 1998, la composante air-air des avions de combat de l'armée de l'Air comportait des avions dotés d'un système d'armes moderne (Mirage 2000 RDI), mais également des appareils (Mirage 2000 RDM) dont les capacités étaient insuffisantes face à une menace en constante amélioration qualitative.
En conséquence, il a été nécessaire d'améliorer le système d'arme des Mirage 2000 RDM, qui sont les plus anciens des Mirage 2000 de défense aérienne.
Cette amélioration consiste en un système d'armes entièrement nouveau, y compris les équipements associés et la cabine de pilotage, sans modifier la cellule et les équipements avion. Le choix s'est porté sur le système d'armes 2000-5, qui correspond au besoin et dont le développement était en cours pour l'exportation, comprenant le radar RDY multicible, une cabine entièrement reconfigurée, et capable de tirer le missile air-air MICA multicible.
La modernisation a été effectuée en transformant en Mirage 2000-5 les 37 premiers Mirage 2000 RDI commandés, les Mirage 2000 RDM étant transformés en Mirage 2000 RDI en remplacement des précédents. Cette solution a l'avantage de donner les meilleures capacités (notamment l'emport interne du système de leurrage Spirale) et un potentiel de vieillissement suffisant pour la flotte de Mirage 2000-5, laquelle est appelée à rester en service le plus longtemps.
La notification du contrat relatif à la transformation de série des 37 avions date de novembre 1993, la livraison du premier avion de série de décembre 1997, la constitution du premier escadron à 15 avions de fin 1999 et la livraison du 37ème avion de février 2000.
Le tableau ci-après résume l'apport capacitaire de cette opération.
Mirage 2000 DA (RDM) |
Capacités |
Mirage 2000-5 |
moyenne altitude haute altitude |
radar |
toutes altitudes |
monocible |
conduite de tir |
multicible |
2 super 530/2 Magic |
armement |
4 Mica/2 Magic |
illumination 1 cible |
puissance de feu |
4 tirs/4 cibles |
0 h 20 à 400 km |
autonomie |
1 h 20 à 400 km |
On a ainsi transformé un avion d'interception en avion de supériorité aérienne.
Ce programme connaît par ailleurs un grand succès à l'exportation : 72 avions vendus à Taïwan, 12 au Qatar, 30 Mirage 2000-9 (dérivé du 2000-5) aux Emirats Arabes Unis, 15 à la Grèce.
Le coût total du programme est estimé à 4 790 millions de francs (CF 01/00) dont 745 millions de francs pour le développement et 4.045 millions de francs pour la production, soit un coût unitaire de 109 millions de francs. Les crédits déjà consommés s'élèvent à 4.300 millions de francs.
Armement tactique principal du Mirage 2000D et du Rafale, le missile modulaire Apache anti-piste (AP) est de précision décamétrique. Il a pour mission la neutralisation à distance de sécurité (140 km) des bases aériennes par l'interdiction des pistes et des aires bétonnées au moyen de charges classiques.
Le lancement du développement date d'avril 1989, la livraison du premier missile est prévue pour mars 2001 et le nombre total d'exemplaires prévus est de 100 unités dont 72 livrées à fin 2002. Le coût de son développement est de 2.449 millions de francs (CF janvier 1998) dont 2.127 millions de francs (plus de 85 %) déjà financés et le coût de sa production de 1.776 millions de francs.
Le missile SCALP/Emploi général est un missile air-sol de précision métrique, largué à distance de sécurité (400 km) des systèmes de défense. Il est dérivé de l'Apache anti-piste. Sa mission est la destruction des objectifs d'infrastructures militaires, logistiques, économiques moyennement durcis. Il sera tiré à partir du Mirage 2000 D et du Rafale Air et Marine. Le lancement de la réalisation du programme date de mai 1997 et la notification de la commande pluriannuelle de 500 missiles du 29 décembre 1997. Les premières livraisons sont attendues pour la mi-2003.
Le coût du programme est de 5.045 millions de francs (CF01/00) dont 2.040 millions de francs pour le développement. Les crédits déjà consommés s'élèvent à 1.180 millions de francs.
Dans son rapport public 1999, publié en janvier 2000, la Cour des comptes a décrit en ces termes les modalités du financement du développement du SCALP-EG :
« Quant au programme du missile SCALP emploi général (EG) anti-infrastructure, il est difficile de comprendre pourquoi le développement d'un missile, présenté comme un dérivé de l'Apache Antipiste, a coûté aussi cher que le développement de ce dernier.
Ce point a fait partie des éléments qui ont conduit la commission spécialisée des marchés à formuler en 1997 un avis défavorable sur le marché SCALP. Compte tenu de l'importance des enjeux financiers, il n'est pas admissible que le ministère de la défense n'ait pas été en mesure de donner à cette instance les explications et informations qu'elle demandait. Pour fonder son avis défavorable, la CSM avait contesté la répartition des frais de développement entre le Storm Shadow mis au point pour le Royaume Uni (850 millions de francs) et le SCALP-EG (1,5 milliard), développé pour la France, comme une suite de l'Apache Antipiste (coût du développement : 2,5 milliards).
Cette répartition est d'autant plus anormale que la France, qui assume l'essentiel des frais de développement, n'a prévu de commander que 500 missiles contre 900 pour la Grande-Bretagne. Le ministère de la Défense ayant passé outre à l'avis de la CSM, ce déséquilibre financier ne pourrait être compensé que par le versement des redevances dues par l'industriel pour les exportations du missile hors le Royaume-Uni. Un certain équilibre ne pourra être retrouvé que lorsque 1.500 missiles auront été exportés, à condition que les redevances soient correctement perçues. »
Ce jugement est discutable sur le plan technique. Il n'en reste pas moins que le SCALP-EG doit être le programme absolument prioritaire de l'équipement de nos forces aériennes. La possibilité de tirer ces missiles à partir de navires de surface ou de sous-marins doit être étudiée et mise en _uvre le plus rapidement possible.
Il ne faut pas sous-estimer les conséquences opérationnelles et stratégiques de l'arrivée dans les forces de ces deux missiles de croisière. L'un des défis de cette acquisition sera de l'optimiser complètement en disposant des données géographiques numériques indispensables à la programmation de leurs missions. Les besoins du contrôle de navigation et de recalage terminal de ces missiles de précision nécessitent en effet la modélisation en trois dimensions de véritables banques de données géographiques. Une coopération avec des institutions civiles (CNES, Institut géographique national) est envisagée sur ce sujet. Cet enjeu de souveraineté est capital et représente sans doute la mission la plus importante de la Direction du renseignement militaire.
Le missile d'interception de combat et d'autodéfense (MICA) sera l'armement principal du Rafale et du Mirage 2000-5 dans leurs missions de défense aérienne et l'armement d'autodéfense dans les missions d'attaque au sol du Rafale. Il confère aux systèmes d'armes multicibles du Rafale et du Mirage 2000-5 la capacité « tire et oublie ».
Le lancement du développement date de mars 1987, la notification de la première commande de décembre 1997 (225 missiles dont 125 pour l'armée de l'Air) et les premières livraisons ont été faites en 1999 (25 missiles).
Le coût total du programme est de 10.615 millions de francs (CF janvier 2000) avec une cible de 1.070 unités pour l'armée de l'Air et 360 unités pour l'aéronautique navale, dont 2.861 millions de francs pour le développement. Les crédits déjà consommés s'élèvent à 3.557 millions de francs.
Dan son même rapport, la Cour des comptes, après avoir regretté le retard de livraison de la version infrarouge, a critiqué la gestion contractuelle du développement du MICA en ces termes :
« De plus, le coût du développement a subi une hausse de 12 % et le coût global d'acquisition par missile a augmenté de 50 %, en raison de la division par deux du montant des commandes françaises. Enfin, le caractère déséquilibré des relations entre l'État et son fournisseur est des plus regrettables. L'exonération des redevances d'études en faveur de Matra pour les 1.500 premiers MICA exportés, destinée à favoriser la réalisation du contrat, qui a été décidée par un avenant au contrat de développement, sans accord préalable formel du ministre de la Défense, a privé l'État d'une recette de 115 millions de francs. Le fondement même de l'exonération est critiquable. Il est paradoxal que l'État, pour bénéficier de l'industrialisation mise en _uvre par l'industriel sur ce contrat, ait dû ensuite acquitter des droits d'usage de 2 % par missile produit et que le prix de série négocié n'ait que peu bénéficié de l'antériorité du contrat Tango par rapport aux commandes nationales ».
Pour intéressant qu'il soit, ce raisonnement purement juridique rencontre rapidement ses limites dès lors que les aspects stratégiques sont pris en compte.
En complément du MICA, il est d'ores et déjà utile de réfléchir à l'acquisition d'un missile d'interception à domaine élargi (MIDE) en vue d'une éventuelle coopération avec le Royaume-Uni. Pour faire face à la menace future, en particulier celle constituée par les chasseurs de défense aérienne, les états-majors considèrent qu'il est primordial de détenir une capacité de tir à grande distance et d'élargir le domaine de tir sans évitement possible par la cible. Afin de conférer aux chasseurs de défense aérienne de l'armée de l'Air et de la Marine une supériorité incontestable à l'horizon 2015/2025, il est prévu de les doter de missiles air-air possédant des performances cinématiques nettement supérieures à celles du MICA. Le MIDE serait complémentaire du MICA dans le domaine de l'interception longue distance, ce dernier conservant toute sa crédibilité pour des engagements à moyenne distance et en combat rapproché.
Enfin, le programme d'armement air-sol-modulaire (AASM) sera appelé à compléter la famille APACHE destinée aux objectifs de valeur très défendus, par une famille d'armement modulaire de faible coût unitaire, destinés aux autres objectifs, et adaptables au plus grand nombre d'avions.
L'AASM est un armement modulaire de portée intermédiaire, à capacité multicible, de type « tire et oublie », pouvant s'adapter rapidement à la nature et à l'environnement de tous les objectifs, particulièrement souple d'emploi afin de pouvoir être utilisé :
· à partir des avions en service dans l'armée de l'air à l'horizon 2003 ;
· tout temps, de jour et de nuit ;
· sur tous les objectifs du champ de bataille.
Son architecture modulaire comprendra un kit de guidage de classe décamétrique tout temps (précision 10-15 mètres) et un kit de guidage à imagerie infrarouge (précision 3-5 mètres), un kit d'accroissement de portée (ailes et/ou propulseur) et une charge militaire constituée d'un corps de bombe de 250 kg dans sa première version. Il conviendra d'augmenter la puissance des bombes devant la relative inefficacité des bombes de 250 kg durant la crise du Kosovo. Seules les bombes de 500 kg voire de 1.000 kg ont réellement détruit les objectifs durcis.
La notification du contrat de réalisation est intervenue en2000, pour les premières livraisons début 2004. La cible est de 3.000 exemplaires dont 2.000 pour l'armée de l'Air et 1.000 pour la Marine. Le coût total est de 3.226 millions de francs (CF01/00) dont 800 millions de francs de développement.
La modernisation du réseau de télécommunications des bases aériennes (MTBA) doit satisfaire les besoins en communications fixes de 102 sites de l'armée de l'Air en remplacement des réseaux actuels de desserte des abonnés des bases aériennes.
Le lancement du développement du programme date de décembre 1992, le lancement de la production de décembre 1997, la livraison des équipements a commencé en 1999 pour s'achever en 2005.
Le coût total du programme est de 3.058 millions de francs (CF 1997) pour un développement de 572 millions de francs. Les crédits consommés s'élèvent à 866 millions de francs.
Le système de commandement et de conduite des opérations aériennes (SCCOA) est destiné à doter l'armée de l'Air d'une capacité de gestion globale des systèmes d'armes à partir d'un commandement unique des opérations aériennes, fortement automatisé, rapidement renseigné et jouissant d'un niveau d'interopérabilité élevé avec les armées françaises et alliées.
Le SCCOA est donc constitué par l'ensemble des moyens concourant au commandement et à la conduite des opérations aériennes, exceptés ceux qui s'appliquent au nucléaire, complétés par les moyens de détection associés (radars principalement) ainsi que par les moyens de transmission « sol-air-sol » exclusivement dédiés à la conduite des opérations aériennes.
Les fonctions opérationnelles couvertes par le SCCOA sont :
· la surveillance (détection radar et identification) de l'espace aérien national et de ses approches, ainsi que d'un ou plusieurs théâtres extérieurs ;
· l'évaluation de la menace sous toutes ses formes (aérienne, spatiale, électronique) ;
· la gestion de l'espace aérien en coordination avec l'aviation civile ;
· le contrôle de la circulation aérienne militaire et notamment la planification et le suivi des mouvements ;
· le contrôle des missions, au sens « guidage en temps réel », qu'elles soient défensives, offensives ou de soutien ;
· l'optimisation de l'emploi des forces en fonction de leur état et de leur environnement, ainsi que la planification, l'attribution et la préparation des missions aériennes ;
· la gestion des moyens de commandement et de conduite (C2), notamment radars et transmissions de données ;
· l'exploitation du renseignement d'intérêt « air » dans un contexte interarmées et interallié.
Le SCCOA est scindé en trois étapes successives d'une durée de deux à six ans environ. La première étape a été lancée en février 1993 et la deuxième en décembre 1997.
Le coût total du programme est estimé à 15.777 millions de francs (CF 30 janvier 1998) dont 5.190 millions de francs pour la première étape, 2.304 millions de francs pour la deuxième et 8.283 millions de francs pour la troisième. Les crédits déjà consommés s'élèvent à 3.405 millions de francs.
Le SCCOA est étroitement couplé avec le programme Air Command and Control System (ACCS) de l'OTAN dont il englobe la partie française.
Le programme ACCS a été initialisé en 1981 dans le cadre de la rénovation des systèmes sol de défense aérienne de l'OTAN. La participation de la France à ce programme a été décidée par le Chef de l'État en 1990.
En 1994, le conseil de l'Atlantique Nord a approuvé la première étape du programme ACCS qui prévoit notamment la mise en _uvre de deux centres en France dont un à Lyon Mont Verdun. Cette composante française fait partie intégrante du SCCOA.
Les logiciels correspondant à l'ensemble des fonctions relatives au commandement et à la conduite d'opérations aériennes non nucléaires seront en principe communs pour tous les pays de la structure militaire intégrée. De plus, ces logiciels comporteront des modules standards d'interface avec les systèmes de conduite des opérations de l'armée de Terre et de la Marine. enfin, les matériels mis en _uvre, dont les moyens de télécommunications, répondront à des normes communes.
Ainsi, une double interopérabilité « interalliée et interarmées » devrait être garantie. Elle concernera à la fois les moyens « statiques » implantés dans les territoires des nations concernées et les moyens mobiles répondant notamment au besoin d'opérations menées à partir de théâtres extérieurs.
Les premières réalisations de l'ACCS concernent le développement de la version initiale de logiciels communs et l'équipement de quatre centres fixes dont la mise en service opérationnel est prévue pour 2003.
Le contrat portant sur la réalisation du premier niveau de capacité opérationnelle a été notifié au consortium formé par Thomson CSF et Raytheon le 22 juillet 1999.
A titre intérimaire, en attendant l'ACCS, le système ICC (Interim CAOC Capability) développé par l'OTAN a été installé au centre de commandement des opérations aériennes (CCOA) de Taverny et dans certains PC de l'OTAN.
L'ACCS est financé sur le budget « programme OTAN d'investissements au service de la sécurité » à laquelle la France contribue (section commune) à hauteur de 13,34 % depuis la création de l'OTAN.
Le financement OTAN, prévu sur dix-huit ans, étant fixé à 900 MUCI (millions d'unités de comptes internationales) soit à environ 20 milliards de francs, la contribution française s'élèvera à environ 150 millions de francs par an.
Il est toutefois à noter que, dans le cadre de l'ACCS, la France sera amenée à réaliser certaines opérations sur son territoire ; celles-ci feront l'objet d'un remboursement de l'OTAN, pour leurs parties éligibles au budget de l'Alliance, conformément aux règles en vigueur.
Le besoin opérationnel d'aéromobilité des armées se décline pour le transport aérien militaire en besoin de projection stratégique inter-théâtres, et en capacité de man_uvre tactique intra-théâtre.
Le premier volet du besoin nécessite de déployer suffisamment vite et loin de la métropole des moyens, pour stopper la dynamique initiale d'un adversaire potentiel, puis d'entretenir le flux de ravitaillement des forces projetées. Seuls les avions cargos possédant de bonnes capacités d'emport et un rayon d'action suffisant sont capables de remplir ces missions logistiques. Nous ne disposons toujours pas de ces moyens en propre. Les limites du recours à la location d'Antonov ont été illustrées au Kosovo du fait du refus de leur propriétaire de les mettre à notre disposition en cas d'intervention terrestre. Cette limite n'est pas acceptable. Il sera nécessaire d'acquérir quelques gros porteurs (Antonov, Ilyuchine, C17) quitte à les louer au secteur civil en l'absence de crise.
La man_uvre tactique intra-théâtre quant à elle, ayant pour objet l'engagement au contact direct des troupes adverses par aéroportage ou aérolargage, suppose l'emploi d'appareils dotés de capacités spécifiques : parachutage, poser d'assaut, vol autonome et discret en très basse altitude, aptitude à pratiquer des terrains sommairement aménagés ou à survivre en zone de menace.
L'armée de l'Air a exprimé, dès 1984, le besoin d'un avion de transport moderne qui conservera les bonnes capacités tactiques du Transall. En outre, ses capacités logistiques devront permettre de répondre à un besoin nouveau : la projection de matériels lourds et volumineux que la flotte actuelle est incapable d'emporter.
Aujourd'hui, l'armée de l'Air accomplit les missions inter-théâtre à l'aide de deux A310 et de deux DC8 et intra-théâtre au moyen de 66 C160 Transall dont 46 sont entrés en service entre 1967 et 1973 et 20 en 1981 et de 14 C130 Hercules entrés en service en 1987/1988.
Le premier besoin consiste à remplacer l'actuelle flotte d'avions tactiques. Les 46 premiers Transall seront retirés du service à partir de 2005 et les 20 de la deuxième série le seront à partir de 2015. Ces avions sont actuellement usés, notamment ceux de la première série, en raison d'une utilisation fréquente à des masses limites, ce qui a accéléré notamment le vieillissement de la cellule et du train d'atterrissage.
Par ailleurs, tout au long de sa vie opérationnelle, le C160 Transall a fréquenté de nombreux théâtres extérieurs caractérisés par un environnement hostile (terrains sablonneux voire caillouteux, fortes températures, etc.) à l'image de celui rencontré au Tchad, lors du conflit du Golfe ou lors de l'opération Pélican au Congo.
L'utilisation intensive du Transall lors de ces opérations, sur des théâtres aux conditions climatiques extrêmes, a encore accéléré le vieillissement de la cellule (impacts, corrosion, usure de la soute, etc.) et des moteurs (absorption de sable, utilisation à forte température, etc.). Les criques constatées sur les rampes de chargement au printemps 2000 sur une vingtaine de C160 sont une illustration des conséquences de cette utilisation. Ces criques ont pu être traitées mais on ne peut exclure l'hypothèse d'un retrait anticipé d'un ou plusieurs avions au cas où des problèmes similaires se poseraient à nouveau, dont la solution de traitement serait trop onéreuse ou inexistante.
Le calendrier actuel de retrait du service des Transall prévoit ainsi 27 retraits entre 2005 et 2008, date à laquelle les premières livraisons d'A400M devraient intervenir.
Le second besoin consiste à améliorer les performances par rapport aux moyens actuellement à la disposition de la force aérienne de projection.
Les principaux domaines sur lesquels il convient de juger les performances de l'avion futur par rapport à l'actuel Transall sont les suivants :
- dimensions de la soute ;
- rapport entre la charge utile et le rayon d'action ;
- vitesse de croisière ;
- autonomie de chargement/déchargement ;
- survivabilité ;
- maintenabilité ;
- capacité de ravitaillement en vol ;
- évolution en ambiance de guerre électronique et de menace infrarouge et/ou électromagnétique.
La fiche de caractéristiques militaires synthétisant les besoins des différentes armées de l'air coopérant sur ce programme a été définie le 27 mars 1996.
La charge offerte doit par exemple être de 25 tonnes sur une distance de 3.700 kilomètres ; cette charge pourrait être portée à 32 tonnes sous certaines conditions.
La dimension de la soute doit pouvoir permettre d'acheminer tous les matériels en service à l'exception des chars de combat. L'A400M pourra ainsi transporter six véhicules légers et leur remorque mais un seul véhicule blindé type VCI ou un hélicoptère de gabarit moyen (Cougar ou NH90) mais deux hélicoptères de combat (Tigre ou Apache) en limitant les opérations de démontage.
Il ne s'agira pas d'un cargo gros porteur (C5A, Antonov 124) mais bien d'un avion de transport tactique destiné prioritairement à transporter des passagers et du fret sur des théâtres d'opérations.
Le plan prospectif à trente ans considère ainsi que les spécifications opérationnelles retenues pour l'avion de transport futur sont cohérentes avec les caractéristiques des matériels de l'échelon de réaction immédiate à projeter, tant en tenue de masse embarquée que de volume de soute et de délais d'embarquement et de débarquement.
L'acquisition de l'ATF ne doit donc pas faire oublier que l'armée de l'Air a besoin, par ailleurs, de renforcer et de remplacer sa flotte logistique inter-théâtre.
Compte tenu de la priorité accordée à la projection, mais aussi du redéploiement du dispositif permanent des armées et du recours accru à des compagnies tournantes de l'armée de Terre outre-mer, il a été nécessaire d'acquérir un troisième A310 d'occasion. Celui-ci sera mis en service au second semestre 2000.
De plus, l'absence d'une version cargo pour les A310 en service actuellement dans l'armée de l'Air et le retrait du service des DC8-72 à l'horizon 2010 rendent nécessaire l'acquisition à moyen terme d'appareils de transport logistique à très long rayon d'action.
La France s'étant déclarée favorable à un achat sur étagère de l'ATF, comparable aux procédures d'acquisition des avions civils, une approche à phase unique de développement-production a été proposée par l'industrie qui étudiait la faisabilité du programme au sein du consortium Euroflag, lequel a fait place, à partir de juin 1995, à Airbus Industrie.
En mai 1995, l'industrie a remis avec son rapport d'étude de faisabilité une proposition financière établie dans le cadre d'un processus particulier appelé approche commerciale qui a servi de référence aux évaluations de coût du programme.
La conduite du programme regroupait les phases développement-industrialisation-production sous responsabilité complète de l'industrie pour la répartition du travail, sans règle rigide de juste retour et pour le choix des solutions techniques et des fournisseurs, sur des bases concurrentielles. En contrepartie, elle devait remettre un produit (avion plus environnement de soutien) répondant aux spécifications, dans les délais convenus et à un prix forfaitaire fixé au début du développement.
De leur côté, les États s'engageaient à notifier, avant le lancement du développement, une commande ferme d'acquisition de la totalité de la flotte envisagée, comportant des clauses contraignantes de dédit, et à n'exercer qu'un contrôle allégé pendant ce développement jusqu'à la vérification finale de conformité du produit pour l'acceptation définitive sur la base des performances garanties prévues dans le contrat.
En février 1996, le gouvernement français a décidé de n'inscrire aucun budget pour le développement dans la loi de programmation, en précisant toutefois qu'il était prêt à acheter l'avion, une fois développé par l'industrie. Seule l'Allemagne a suivi cette voie en décidant en août 1996 de supprimer le budget prévu pour le développement. Cette procédure, similaire à celle utilisée par les compagnies aériennes pour les avions civils commerciaux, présente toutefois des difficultés d'application pour un avion militaire. En effet, les organismes financiers capables de prêter aux industriels les fonds nécessaires pour le développement et l'industrialisation, exigent des garanties sur la viabilité du programme, donc sur l'engagement ferme des États à acheter le produit une fois celui-ci développé.
Aérospatiale a convaincu ses partenaires, en mars 1996, de lancer une phase de pré-développement au financement de laquelle l'État a contribué pour moitié, à hauteur de 66 millions de francs, en mai 1997.
En octobre 1997, la France a développé sa stratégie d'acquisition autour de trois axes :
- l'analyse commune aux sept pays européens de départ, le Portugal s'étant retiré, de la solution A400M ;
- l'analyse d'une mise en concurrence de l'A400M et d'une flotte mixte d'avions américains C130J et C17, en commun avec le Royaume-Uni pour le C17 et avec le Royaume-Uni, la Belgique et l'Espagne pour le C130J ;
- l'étude de la possibilité d'une coopération autour de l'Antonov 7X, l'Allemagne étant le seul pays intéressé par cette solution.
Toutes ces options prenaient la fiche de caractéristique militaire comme base de la spécification opérationnelle et l'approche de type civil comme base de la conduite du programme. Elles précisaient, en particulier, que la commande initiale des États serait globale et les engagerait sur l'ensemble de leurs besoins.
Les offres de tous les industriels ont été reçues le 29 janvier 1999 et ont été évaluées par chaque pays concerné. Néanmoins, les principaux résultats ont été échangés au sein de groupes de travail internationaux.
Le 20 juillet 1999, le délégué général pour l'armement a transmis au ministre de la défense un rapport recommandant le choix de l'Airbus A400M. Cette recommandation a été communiquée aux pays partenaires.
Le gouvernement britannique a annoncé le 16 mai 2000 son choix pour l'A400M. Les conditions associées à cette décision portent sur un lancement rapide du programme et un prix unitaire de l'avion acceptable.
Cette décision du gouvernement britannique doit être considérée comme d'une importance politique capitale dans le cadre de la construction européenne. Quelles que soient les qualités de l'A400M, celui-ci n'aurait jamais été choisi aux dépens d'un concurrent américain sous les précédents gouvernements britanniques.
La Turquie, l'Espagne, la Belgique et l'Italie ont confirmé leur choix pour l'A400M consécutivement à la décision britannique.
Lors du sommet de Mayence le 9 juin 2000, la France et l'Allemagne ont, par une annonce commune, fait part de leur choix pour la solution Airbus A400M.
Les ministres de la défense des six pays participants ont enfin manifesté, dans une déclaration commune lors du salon de Farnborough le 27 juillet 2000, leur ferme intention d'acquérir conjointement le futur avion de transport militaire Airbus A400M, et de mener les actions nécessaires pour une notification de contrat dans les premiers mois de l'année 2001.
L'organisation industrielle retenue est celle d'une société à actions simplifiée, filiale d'Airbus Industrie et de l'ensemble des industriels coopérants, appelée Airbus Military Company (AMC), qui a été créée le 25 janvier 1999.
La rédaction des spécifications techniques et les négociations avec l'industriel sont en cours pour une signature du contrat dans le courant du premier trimestre 2001. Les nations étudient la possibilité de faire passer un contrat unique par l'OCCAR.
Le choix du moteur doit être élaboré par AMC avant fin novembre 2000 entre le M138 proposé par le consortium Turbo Prop International (Snecma-MTU-Fiat-ITP) et le BR 715 TP de la société allemande Rolls-Royce Deutschland. Une proposition commune Snecma Rolls-Royce est en cours d'élaboration.
La France a donc bien joué un rôle moteur dans l'adoption de la solution finalement choisie, celle de l'A400M, qui présente la meilleure satisfaction du besoin opérationnel et les meilleures garanties de sécurité et de délais.
Si l'A400M est bien parti, il convient désormais de le financer rapidement et de signer le contrat début 2001 car tout ralentissement supplémentaire le mettrait en péril. Toutes les garanties ne sont pas à ce jour réunies quant à son existence prochaine. On constate tout d'abord une réduction de cibles qui complique l'équation financière, comme le montre le tableau ci-après.
Pays |
Nombre d'avions |
Intentions exprimées à Farnborough en juillet 2000 |
Écart |
France |
50 |
50 |
0 |
Allemagne |
75 |
73 |
- 2 |
Royaume-Uni |
45 |
25 |
- 20 |
Italie |
44 |
16 |
- 28 |
Espagne |
36 |
27 |
- 9 |
Turquie |
20 à 26 |
26 |
0 |
Belgique |
12 |
7 |
- 5 |
Portugal (observateur) |
6 à 9 |
0 |
- 9 |
Total |
288 à 297 |
224 |
- 73 |
L'Allemagne et la France seront les plus gros clients de l'A400M même si des interrogations subsistent quant au nombre d'avions demandés par l'Allemagne. Il leur appartiendra donc de passer aux actes rapidement, sous peine de voir certains autres pays, et notamment le Royaume-Uni qui l'a dit expressément, revoir leurs positions.
Pour ce qui concerne la France, c'est d'autant plus vrai que le calendrier devient très tendu du fait du retrait des Transall à partir de 2004, alors que la première livraison d'un A400M ne se fera au mieux qu'en 2007.
La part française serait de l'ordre de 40 milliards de francs pour 50 avions et sur la base d'une commande globale minimale de 180 appareils. Les modalités de financement sont encore en cours de négociation, mais le Premier ministre a publiquement évoqué son souhait d'inscrire 20 milliards de francs d'autorisations de programme dans le projet de loi de finances rectificative pour 2000.
Le calendrier de livraison souhaité est le suivant, avec comme hypothèse un contrat notifié début 2001 :
Année |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
2013 |
2014 |
2015 |
2016 |
2017 |
Livraisons |
2 |
3 |
4 |
5 |
5 |
5 |
5 |
5 |
5 |
5 |
6 |
Ceci signifie que la couverture en crédits de paiement devra commencer dès 2002 pour monter en puissance rapidement avec des annuités de l'ordre de 3 milliards de francs entre 2010 et 2016.
La Marine est en train de rallier, avec un peu d'avance sur le calendrier initial, le format de la flotte fixé à l'horizon 2015. Comme le montre le tableau ci-après, le total des bâtiments de combat et de soutien était de 90 unités au 1er janvier 2000 et sera de 86 au 1er janvier 2002.
PLAN D'ÉVOLUTION DE LA FLOTTE SUR LA PÉRIODE 2000-2002
Catégories de navires (3) |
1er janvier 2000 |
2000 |
1er janvier 2001 |
2001 |
1er janvier 2002 |
2002 | |
Sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (4) |
ASA (1) |
||||||
RSA (2) |
|||||||
en service |
4 |
4 |
4 |
||||
Sous-marins d'attaque (6) |
ASA |
||||||
RSA |
1 |
1 |
|||||
en service |
8 |
7 |
6 |
||||
Porte-avions (2) |
ASA |
1 |
|||||
RSA |
1 |
||||||
en service |
1 |
1 |
1 |
||||
Porte-hélicoptères |
ASA |
||||||
RSA |
|||||||
en service |
1 |
1 |
1 |
||||
Transports de chalands de débarquement (4) |
ASA |
||||||
RSA |
|||||||
en service |
4 |
4 |
4 |
||||
Frégates (26) |
ASA |
1 |
|||||
RSA |
3 |
||||||
en service |
30 |
27 |
28 |
||||
Bâtiments anti-mines (dont un bâtiment de soutien) (12) |
ASA |
||||||
RSA |
|||||||
en service |
14 |
14 |
14 |
||||
Bâtiments logistiques (6) |
ASA |
||||||
RSA |
1 | ||||||
en service |
7 |
7 |
7 |
||||
Bâtiments de souveraineté (21) |
ASA |
||||||
RSA |
|||||||
en service |
21 |
21 |
21 |
||||
Total ASA Total RSA Total bâtiments de combat et de soutien |
1 |
1 |
|||||
5 |
1 |
1 | |||||
90 |
86 |
86 |
|||||
(1) ASA : admission au service actif. (2) RSA : retrait du service actif. (3) Les chiffres entre parenthèses correspondent aux nombres d'unités du modèle 2015 |
.
En application des décisions prises en 1996, trois avisos et une frégate ont été désarmés par anticipation en 1999. Deux autres avisos et un sous-marin diesel ont fait l'objet d'un retrait anticipé du service actif en 2000. Tous les sous-marins à propulsion classique auront été retirés du service actif en 2001. Le sous-marin « Ouessant » sera toutefois conservé comme bâtiment d'essais et d'expérimentation.
La cinquième et dernière frégate de type Lafayette sera admise au service actif en 2001.
L'évolution des crédits consacrés aux principaux programmes est retracée par le tableau ci-après.
LES PRINCIPAUX PROGRAMMES DE LA MARINE EN DÉVELOPPEMENT ET FABRICATION (en millions de francs courants) | |||||||||
Programmes et catégories |
Dépenses 1998 |
Dépenses 1999 |
LFI 2000 |
PLF 2001 | |||||
de coûts |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP |
AP |
CP | |
Programmes au stade de préparation | |||||||||
BARRACUDA |
DEV |
240 |
7,7 |
168 |
15 |
65 |
140 |
74 | |
Programmes au stade de conception | |||||||||
Frégate Horizon |
DEV |
145 |
118 |
1.675 |
476 |
1.000 |
285 |
719 |
905 |
FAB |
2.432 |
34 |
1.800 |
100 |
2.862 |
712 | |||
Missile sol-air moyenne portée naval (PAAMS) |
DEV |
1.318 |
172 |
482 |
360 |
158 |
439 |
125 |
280 |
FAB |
618 |
204 |
385 |
202 | |||||
Programmes au stade de réalisation | |||||||||
Aéronef de guet embarqué (Hawkeye) |
FAB |
180 |
981 |
537 |
996 |
882 |
175 |
303 |
388 |
Avion Rafale |
DEV |
134 |
124 |
217 |
317 |
267 |
343 |
482 |
378 |
FAB |
810 |
1.329 |
1.556 |
41 |
1.872 |
3.159 |
1.962 | ||
Hélicoptère NH 90 |
DEV |
135 |
378 |
115 |
137 |
83 |
108 |
44 |
60 |
FAB |
221 |
23 |
237 |
113 |
20 |
142 | |||
Frégate type La Fayette |
FAB |
493 |
376 |
367 |
664 |
92 |
174 |
28 |
183 |
Torpille MU 90 |
DEV |
26 |
14 | ||||||
FAB |
260 |
95 |
111 |
238 |
70 |
443 |
340 | ||
Missile sol-air futur FSAF |
DEV |
82 |
11 |
12 | |||||
FAB |
239 |
280 |
65 |
292 |
327 |
261 |
16 |
216 | |
Porte-avion Charles de Gaulle |
FAB |
699 |
1.386 |
497 |
1.313 |
51 |
362 |
28 | |
Avion de surveillance maritime |
FAB |
62 |
98 |
105 |
239 |
90 |
130 | ||
Nouveaux transports de chalands de débarquement (NTCD) |
FAB |
1.738 |
842 |
Le porte-avions à propulsion nucléaire (PAN) Charles de Gaulle a fait l'objet d'une décision de lancement de construction en 1986 et sa mise sur cale date de 1989 pour une admission au service actif programmée pour 1996.
Compte tenu des retards successifs imputables à des difficultés techniques ou à des problèmes budgétaires, le PAN n'a pris la relève du Foch qu'à l'automne 2000.
Le PAN peut atteindre la vitesse maximale continue de 27 n_uds et doit mettre en _uvre 35 à 40 avions de la classe 15/20/25 tonnes.
Pendant l'année 1999, le PAN a accompli ses huit premières sorties à la mer dont la dernière du 14 septembre au 1er octobre. En 62 jours de mer, il a parcouru plus de 18.000 milles nautiques (33.000 km). Les performances en matière de propulsion ont pu être vérifiées puisque le bâtiment a atteint 28 n_uds.
50 % des essais du système de combat ont été réalisés. Sa forte intégration accroît de façon très importante son efficacité. En particulier, les premiers essais réalisés en coopération avec l'avion de guet Hawkeye montrent une capacité de détection et de traitement des informations considérablement accrue par rapport à celle du Foch.
La période de remise à niveau après essais s'est déroulée du 1er octobre 1999 au 19 mai 2000. Cette opération, qui est effectuée sur tous les bâtiments neufs importants, est destinée principalement à effectuer les modifications décidées à la suite des enseignements tirés des essais.
Les travaux d'entretien et d'achèvement ont ainsi principalement porté sur :
- la multiplication par 100 des capacités d'accès aux systèmes de transmissions par satellites (de 20 kbits/s à 2 Mbit/s) ;
- le déplacement des safrans de l'appareil à gouverner, apportant une solution définitive au problème des vibrations ;
- la mise à niveau de l'usine électrique (renforcement des tableaux électriques principaux, changement de l'automate de démarrage des sources de sauvegarde) ;
- la mise en place des écrans de radioprotection définitifs permettant le respect de la norme en vigueur (170 tonnes de matériaux isolant) ;
- le changement du revêtement du pont d'envol, peu adapté au matériau des câbles des freins d'appontage ;
- la reprise de l'isolation acoustique d'une centaine de locaux ;
- l'allongement de la piste oblique ;
- la mise en place d'une cinquième coupée dans le tableau arrière ;
- la modification définitive des roulements des moteurs des électro-pompes alimentaires des chaufferies ;
- la visite des 259 manchons de coque, donnant un potentiel de 32 mois avant un prochain passage au bassin.
Des difficultés rencontrées dans la pressurisation de la chaufferie du fait d'une combustion d'une partie de la radioprotection ont entraîné un retard de six semaines de cette remise à niveau.
L'allongement de 4 mètres environ de la piste oblique qui en mesure 195, a été entrepris afin de garantir la totale souplesse de man_uvre des avions de guet aérien Hawkeye, y compris dans des conditions extrêmes d'appontage (conditions météorologiques sévères de nuit et avarie mineure des presses du brin du porte-avions). Le coût de cet ajustement (5 millions de francs), ne présente pas le caractère gravissime dénoncé dans certaines présentations faites à l'opinion publique.
L'échauffement anormal des roulements des moteurs électriques des électropompes des moteurs secondaires a conduit à interrompre prématurément la première sortie à la mer. La modification définitive respectant toutes les spécifications de l'installation (notamment la résistance au choc militaire) a subi avec succès des tests d'endurance sur banc et à bord sur l'un des moteurs modifié. Un dispositif de suivi de la température des roulements a été installé. Une nouvelle avarie de roulement est intervenue après la mise en place de la modification définitive, liée à un niveau vibratoire hors tolérance. Ceci a conduit à contrôler l'équilibrage des ensembles moteurs électrogroupes et à mettre en place un dispositif de surveillance. Le coût de cette modification est de 2,5 millions de francs.
La seconde campagne d'essais a commencé le 19 mai 2000. Fin juillet, la quasi totalité des essais plate-forme et propulsion, aviation et système de combat étaient acquis, validant les travaux réalisés pendant la mise à niveau.
La douzième sortie a permis de réaliser les scénarios d'ensemble validant les capacités militaires de projection de puissance (installations de commandement et mise en _uvre d'un groupe aérien constitué de 20 Super Etendard modernisés et de deux Hawkeye).
La campagne d'essais aviation s'est déroulée en trois sorties, du 25 mai au 29 juin 2000, avec le premier Rafale Marine de série (28 vols).
Elle a permis :
- d'établir l'adaptation de l'avion de série au Charles de Gaulle ;
- d'effectuer les premiers appontages de nuit avec cet avion (6 appontages) ;
- d'ouvrir les domaines de catapultage et d'appontage en configurations représentatives en masse (21 tonnes) et centrage du standard F2 ;
- d'évaluer la mise en _uvre et la maintenance du Rafale de série à bord (ravitaillement moteurs en fonction).
La qualification aux chocs au catapultage et à l'appontage de certains équipements de série n'a pas pu être achevée en raison d'évolutions simultanées de la qualité des revêtements du pont du porte-avions. Ces essais devront être repris début 2001. Bien que les résultats des essais soient encore en cours de dépouillement, on peut, dès à présent, signaler la réduction des risques à l'appontage de nuit avec cet avion, situation qui sera encore améliorée après la mise au point de l'éclairage externe et interne.
La clôture d'armement du porte-avions a été prononcée le 29 septembre 2000. Il a rallié Toulon le 4 octobre avant d'accomplir sa traversée de longue durée pour une admission au service actif prononcée fin 2000.
Quant au Foch, dont la cession au Brésil a été signée le 12 octobre 2000 pour un montant de 85 millions de francs qui inclut des tâches de formation d'un équipage brésilien et le démontage des matériels qui resteront en service dans la Marine, il transitera vers Brest, où, après transfert sous pavillon brésilien, il devrait subir une période d'entretien financée par le Brésil. Le bâtiment regagnera le Brésil en avril 2001.
Le coût du porte-avions s'établit à 19.846 millions de francs (CF 01/99) dont 6,4 milliards pour le développement et l'industrialisation et 13,4 milliards pour la fabrication.
Par rapport au coût de référence fixé dans le dossier de lancement de la fabrication (1986), le dépassement est de 2.852 millions de francs, soit 17 %.
L'allongement du programme pour raisons budgétaires, la sécurité nucléaire, les chaufferies nucléaires, le système d'armes anti-missiles sont les principales causes des surcoûts constatés.
La construction du bâtiment a notamment souffert de l'absence de véritable architecte industriel et de la faiblesse des moyens d'expertise mis à disposition de la direction de programme en matière d'intégration de chaufferies nucléaires.
On estime que la plate-forme habitable ne représente que 35 % du coût dont 10 % pour la coque proprement dite, contre 30 % pour la propulsion (dont les 2/3 pour les chaufferies nucléaires) et 35 % pour le système intégré de commandement, de communication et de combat.
Le porte-avions « Charles-de-Gaulle » est avant tout un outil de projection de puissance. Celle-ci requiert une maîtrise aérienne préalable à l'action. L'atout majeur du porte-avions est bien d'allier le « fait aérien » au « fait maritime » et de pouvoir man_uvre en toute liberté pour frapper les objectifs choisis au moment voulu puis pour se mettre à couvert au large.
La défense du porte-avions repose en grande partie sur son groupe aérien et son escorte, notamment face aux menaces aérienne et de surface.
Vis-à-vis de la menace missiles, il dispose de la protection d'une frégate antiaérienne et de son système d'autodéfense qui repose sur des moyens de guerre électronique et des missiles embarqués.
Face à la menace sous-marine, il doit s'en remettre à son escorte de bâtiments de surface renforcés de plus en plus fréquemment par un sous-marin nucléaire d'attaque.
La clé de voûte du dispositif de défense aérienne du groupe aéronaval est l'avion de guet embarqué Hawkeye (E28C) dont le rayon de détection est d'environ 200 nautiques (370 kilomètres). Équipé de la liaison 16, le Hawkeye augmentera notablement la maîtrise et la circulation de l'information tactique.
Après avoir écarté l'option d'achat de quatre Hawkeye d'occasion à Israël pour des raisons de durée de vie des appareils, la France a décidé, le 25 novembre 1994, de se joindre à une commande de la Marine américaine auprès de Northrop Grumman au titre de la procédure Foreign Military Sales (FMS).
Les deux premiers avions ont été commandés en avril 1995. Une lettre d'intention a été signée, le 13 novembre 1998, par la France afin de procéder à l'achat d'un troisième avion, toujours selon la procédure FMS. Le contrat relatif à la commande ferme devrait être signé fin 2000 pour une livraison à la fin de 2003. Initialement fixée à quatre appareils, la cible a été réduite à trois, ce qui permet d'assurer la permanence en vol et l'efficacité de la protection.
A la date du lancement du programme (25 novembre 1994), le coût total était estimé à 7.580 millions de francs (CF janvier 2000) pour quatre avions, soit 1.895 millions de francs par avion. Actuellement, le coût total est estimé à 6.106 millions de francs (CF janvier 2000) pour trois avions, soit 2.035 millions de francs par avion. On rappellera que le coût unitaire d'acquisition d'un Awacs-3 F, dont l'armée de l'Air détient quatre exemplaires, est de l'ordre de 1,7 milliard de francs. Ce coût comprend les rechanges, les moyens d'environnement tactique, un simulateur de mission, un simulateur de pilotage, la formation du personnel volant et technique et les travaux et études d'adaptation au porte-avions.
Les deux premiers avions ont été livrés respectivement en avril et juin 1998. Ils ont été utilisés aux États-Unis pour la formation des équipages jusqu'en octobre 1998. Leur transfert vers la base de Lann Bihoué s'est effectué respectivement en décembre 1998 et avril 1999.
A proximité du porte-avions est définie une zone d'engagement par les missiles des frégates de l'escorte, qui représente la deuxième couche de défense. Le positionnement de cet écran varie entre 5 et 60 nautiques du porte-avions, selon la nature et le secteur de la menace. La portée des missiles de défense de zone type Tartar ou Samp est de l'ordre de 30 à 50 nautiques.
Enfin, la zone d'autodéfense du porte-avions est couverte par les missiles antimissiles Saam et Sadral, dont les portées efficaces sont respectivement de l'ordre de 12 et 4 nautiques.
Totalement intégré, le système de combat du porte-avions « Charles-de-Gaulle » compte de nombreux systèmes qui représentent près de 10 millions de lignes de codes informatiques. Ces systèmes sont regroupés en trois ensembles :
· le système d'information et de commandement comporte les aides au commandement et à l'emploi des moyens. Il a la capacité de fusionner les données de renseignement d'origine extérieure, qui proviennent des centres de commandement à terre ou de la Direction du renseignement militaire (en particulier les informations d'origine spatiale), avec celles qui résultent des missions de reconnaissance du groupe aérien embarqué ;
· le système de direction de combat s'appuie sur le système d'exploitation navale des informations tactiques (SENIT 8) dont les capacités de traitement permettent l'acquisition et le suivi automatique de deux mille pistes, l'évaluation de la menace selon des critères programmables, la gestion des liaisons de données tactiques (liaisons 11 et 16), la mise en _uvre coordonnée des senseurs radar, des moyens de guerre électronique et des armes ;
· le système de communication gère l'ensemble des transmissions extérieures, en particulier les liaisons par satellite, ainsi que les réseaux de distribution interne de l'information.
Le système de défense propre du porte-avions (SAAM) repose sur des armes issues du programme « Famille sol-air futur » (FSAF). Il doit contrer la menace aérienne représentée par des missiles y compris antinavires. Il s'agit d'un système d'armes courte portée qui comprend une conduite de tir (radars multifonctions à balayage électronique), un système de lancement vertical et des missiles Aster 15.
Le lancement du développement de ce programme date d'avril 1990 et le lancement de la production d'octobre 1997. Le PAN sera le premier bâtiment équipé de ce système qui devait être opérationnel à la fin de 2000 mais les difficultés rencontrées par l'industriel dans la mise au point du missile Aster 15 devraient repousser le premier tir d'acceptation pour le porte-avions à l'été 2001. Il est envisagé d'en équiper aussi les huit frégates de nouvelle génération à partir de 2009.
En attendant les Rafale, l'utilisation des Super-étendard modernisés (SEM) dans une fonction d'intercepteur est possible en exploitant au mieux le préavis de détection fourni par l'E2-C Hawkeye pour positionner les avions en portée de tir missiles. La première flottille d'interception équipée de Rafale sera au complet en 2002 avec dix avions. Cependant, à partir de l'été 2001, un groupe de 4 à 6 Rafale (standard F1 avec la seule capacité
air-air) sera embarqué à bord du porte-avions.
Le conflit du Kosovo, pourtant proche de nos frontières, a montré l'importance stratégique du porte-avions et, a contrario, l'affaiblissement de notre positionnement politique qu'aurait représenté son indisponibilité. L'Europe doit disposer d'un second porte-avions à catapultage. Il est clair que pour minimiser les coûts de recherche et développement, ce second porte-avions devra être à propulsion nucléaire, c'est-à-dire le frère jumeau du « de Gaulle ». Cette permanence stratégique ne nécessitera pas une deuxième flotille d'avions embarqués. Elle est nécessaire à la permanence de notre présence politique et diplomatique, spécialement pour des crises éloignées et durables.
Aucun discours sur la réalité d'une présence politique de l'Europe aux côtés des États-Unis n'a de consistance réelle s'il fait l'impasse sur ce moyen majeur.
La contribution fondamentale à la défense du porte-avions de la frégate antiaérienne d'accompagnement a une nouvelle fois été mise en évidence lors du déroulement des scénarios d'ensemble fin juillet 2000 d'où l'importance du programme de frégates Horizon.
La mission prioritaire de la frégate type Horizon est d'assurer l'escorte antiaérienne d'un groupe aéronaval constitué autour d'un porte-avions type Charles de Gaulle ou l'escorte d'un groupe de bâtiments peu ou pas armés comme, par exemple, une force amphibie ou antimines.
Les deux premiers exemplaires du programme actuel, dont la commande est prévue par la loi de programmation 1997-2002, sont destinés à remplacer les frégates Suffren et Duquesne, admises au service actif respectivement en 1967 et en 1970. L'objectif était de disposer du premier de série lors de la sortie de la première période d'entretien et de réparation du porte-avions Charles de Gaulle en 2005.
En raison des retards issus de l'échec de la coopération avec le Royaume-Uni, le premier bâtiment sera en fait opérationnel au mieux à la fin 2006 et le second à la mi-2008.
Les deux derniers exemplaires de ce programme devraient remplacer les deux frégates type Cassard en 2010 et 2012.
Les trois ministres de la Défense (France, Grande-Bretagne, Italie) ont officialisé l'échec de la coopération trilatérale le 25 avril 1999, après trois ans de négociations.
Cette décision est la conséquence des difficultés rencontrées par l'Industrial Joint Venture Company, maître d'_uvre industriel, qui regroupait GEC-Marconi, DCN/International et Orizzonto dans la définition industrielle et opérationnelle de la frégate, conjuguées à la difficulté de définir des spécifications communes. La poursuite d'une coopération avec l'Italie a été décidée début septembre 1999 après accord sur la définition d'une frégate antiaérienne commune à partir des résultats des études de définition du programme tripartite et de projet nationaux.
La France et l'Italie sont parvenues à définir un bâtiment vraiment commun au terme de concessions réciproques.
La notification du contrat de développement et de fabrication de quatre frégates (deux pour la France, deux pour l'Italie) devrait se faire fin 2000.
La frégate Horizon est un exemple malheureux des difficultés de la coopération européenne. L'objectif commun d'état-major franco-britannique remonte à mars 1991 (pour une date d'entrée en service du premier bâtiment en 2002) et la fiche de caractéristiques militaires de décembre 1992. La phase de faisabilité et de définition aura ainsi duré huit ans, elle aura été marquée par le retrait du Royaume-Uni annoncé à l'été 1999.
L'objectif de coût du programme (définition, développement et fabrication de deux bâtiments) est de 10 milliards de francs.
Le système d'armes de la frégate Horizon repose sur le PAAMS (principal anti-air military system). Le PAAMS est directement dérivé du projet de système d'autodéfense et de défense de zone du programme FSAF dont il a pris la suite lorsqu'un besoin tripartite avec la Grande-Bretagne a été annoncé en liaison avec le programme des frégates Horizon. Ce système élargit les capacités du FSAF à la défense locale, notion qui englobe la protection des bâtiments navigant à proximité des porteurs de système PAAMS. Il est destiné à fournir aux frégates Horizon, un système capable de protéger une force maritime face à des missiles aérodynamiques supersoniques.
Les nouvelles générations de missiles mer-mer volant à une vitesse supersonique (Mach 2 ou Mach 3) à 10 mètres au-dessus de la mer avec des changements de trajectoire accroissent la vulnérabilité des actuelles frégates antiaériennes dont le système d'armes (missiles Tartar et système Mistral) ne suffira plus à parer cette menace efficacement.
Le système PAAMS comprend une conduite de tir basée sur un radar multifonctions, 6 lanceurs verticaux et 48 missiles Aster 15 et 30 qui seront tirés à partir d'un lanceur vertical.
Le PAAMS offre des capacités combinées de défense de zone à moyenne portée en association avec le radar longue portée ainsi que des capacités de défense locale et d'autodéfense qui lui permettent de contrer des menaces saturantes composées d'aéronefs et de missiles supersoniques. Capable de traiter simultanément 12 cibles dont 8 en défense locale ou autodéfense, le système est en mesure d'assurer des interceptions allant jusqu'à 70 kms.
La vélocité du missile Aster et son intelligence qui lui permet des recalages latéraux indépendamment de la conduite de tir en font un système d'armes particulièrement innovant qui séduit de nombreux clients à l'exportation.
Il est, par ailleurs, intéressant de remarquer que le programme PAAMS comprend une variante franco-italienne et une variante britannique reposant sur des radars multifonctions différents.
Le radar britannique (SAMPSON) présenterait un potentiel de croissance plus étendu, il est vrai à un coût supérieur, que le radar franco-italien (EMPAR). Il semblerait que le Royaume-Uni souhaite, en fait, faire évoluer le système d'armes en lui conférant une véritable capacité antimissile balistique de théâtre qui n'est prévue du côté français que dans la version terrestre (SAMP/T) alors que la menace représentée par ce type de missiles est actuellement de plus en plus sérieuse.
Dans cette hypothèse, la question posée par le Royaume-Uni doit trouver une meilleure réponse conceptuelle de la part de la France et de l'Italie.
60 missiles ont été commandés en 2000 pour une cible totale de 80 Aster 15 et 160 Aster 30. Les livraisons se feront à partir de la mi-2005. Le coût prévisionnel du développement et de la fabrication de deux systèmes PAAMS avec 120 munitions Aster s'établit à 4.133 millions de francs (CF 99).
Les deux nouveaux transports de chalands de débarquement (NTCD) vont faire l'objet d'une commande groupée fin 2000. Le besoin consiste d'abord à assurer la relève des deux plus anciens TCD « L'Ouragan » et « L'Orage » qui ont été admis au service actif en 1965 et 1968 et qui seront retirés en 2004 et 2006, après quarante ans de service.
Il s'agit donc de remplir les missions assumées par les 4 TCD actuellement en service et notamment par les plus récents, la « Foudre » et le « Siroco », c'est-à-dire :
- participer au transport et à la mise à terre des premiers échelons lors d'une intervention terrestre ;
- accueillir et soutenir un PC interarmées ;
- accueillir et soutenir une antenne chirurgicale ;
- assurer le soutien médical d'une opération amphibie ou humanitaire.
Il n'est pas utile d'insister sur l'utilité de tels équipements qui sont en permanence sollicités (Kosovo, Côte d'Ivoire) soit pour acheminer les troupes sur le théâtre d'une crise internationale, soit pour participer à des opérations humanitaires.
Les NTCD disposeront d'un potentiel bien supérieur aux TCD actuels comme en témoigne la comparaison de leurs caractéristiques techniques :
TCD type SIROCO |
NTCD | |
Déplacement |
12.000 T |
20.000 T |
Dimensions du pont |
1.700 m2 |
6 000 m2 |
Vitesse maximale |
20 n_uds |
19 n_uds |
Autonomie |
11.000 miles à 15 n_uds |
11.000 miles à 15 n_uds |
Équipage |
240 personnes |
160 personnes maximum |
Armement |
3 canons 30 mm |
NC |
Malgré leur appellation qui suggère la continuité, les NTCD constituent en fait une rupture par rapport au concept actuel des TCD.
Il s'agit tout autant de bâtiments de commandement et d'opérations amphibies que de transport d'engins de débarquement. La capacité du radier n'est ainsi pas développée voire diminuée, malgré l'augmentation de la taille globale du bâtiment. Il est vrai que le recours à des engins de débarquement (Edic, Cédic, chalands de transport) est de moins en moins pratiqué en raison de la vulnérabilité de la man_uvre.
En revanche, l'espace (salles de travail, casernement) réservé à l'accueil d'un PC interarmées est fortement accru, de même que la capacité de télécommunication. La priorité est accordée aux moyens de transmission et aux systèmes d'information et de commandement pour les besoins des postes de commandement de niveau opératif embarqué et amphibie.
La fonction porte-hélicoptères est particulièrement développée puisque le pont comptera 6 spots pour hélicoptères NH 90 et Tigre et que le hangar pourra abriter de 10 à 16 hélicoptères.
Le système de direction des opérations et le système d'autodéfense sont très simplifiés. Sous menace, ces bâtiments devront être protégés par des frégates de la force navale.
Le coût de référence de ce programme dont la phase préliminaire a reposé sur des équipes intégrées faisant intervenir la DCN mais aussi des architectes civils des Chantiers de l'Atlantique dont l'apport a été décisif, est de 3.700 millions de francs (CF 01/00), soit un coût unitaire de 1.850 millions de francs).
L'hélicoptère de transport NH90 doit répondre à deux besoins. Pour l'armée de Terre, il s'agit de transport tactique, 14 à 20 commandos ou deux tonnes de charge utile ou un véhicule de combat léger (version TTH). Pour la Marine, il s'agit de transport tactique mais aussi de lutte anti-sous-marine et anti-navires à partir de frégates (version NFH). Pour des raisons de communauté de parc, le NH90 a, par la suite, été choisi pour remplacer également le Super Frelon pour réaliser des missions de transport logistique et de service public. La cible a été fixée à 160 appareils dont 27 pour la Marine (14 pour le combat et 13 pour le soutien).
Dans son rapport public de 1999, publié en janvier 2000, la Cour des comptes a critiqué les modalités de financement du développement du programme en ces termes :
« Au total, le coût contractuel du développement du NH90 sera élevé. Il a été chiffré à 9.600 millions de francs, aux conditions économiques de 1988, dont 42,37 % à la charge de la France (4.068 millions de francs, dont 3.506 millions de francs à la charge de l'État), ramenés en 1995 à 41,6 %.
Les prix de série seront, de plus, supérieurs aux prévisions initiales : le prix unitaire de série, annoncé à 70 millions de francs hors taxes en 1988 pour la version terre, a été estimé à 90 millions de francs en 1995 et 144 millions de francs pour la version marine. Le coût complet pour l'État, taxes, marge d'incertitude et autofinancement compris, pourrait atteindre, aux conditions financières de 1995, 129 millions de francs pour la version terre et 184 millions de francs pour la version marine.
Cette dérive des prix risque de rendre plus difficile la commercialisation de l'hélicoptère NH90, alors même que l'équilibre économique et industriel du programme repose sur une hypothèse d'exportation d'environ 700 appareils, dont 280 pour le marché civil.
Le recours à la coopération internationale, en répartissant les dépenses de développement sur plusieurs pays et en rendant possible des séries plus longues, doit permettre une réduction des coûts. Mais, dans le cas du NH90, et s'agissant de la France, la portée des économies éventuelles a été réduite.
La diminution du nombre des participants s'est traduite par une redéfinition limitée du programme initial et la répartition des coûts de développement entre les États participants a été modifiée au détriment de la France : l'Allemagne et l'Italie ont réduit leur participation et la France a accepté d'augmenter la sienne (42,37 % voir supra), alors qu'elle comptait, dès le départ, ne commander que 30 % des appareils fabriqués, pourcentage qui pourrait encore diminuer si la réduction des commandes françaises est plus importante que celles de ses partenaires.
Au total, la part du développement à la charge du budget français est excessive et elle n'est justifiée par aucun avantage exceptionnel accordé aux industriels français. »
Ce jugement peut être nuancé même si ses attendus sont justes. La nouvelle logique européenne doit permettre de dépasser la théorie du juste retour.
Le 30 juin 2000, la France a signé le contrat d'industrialisation de la version terrestre et de la version navale (2,5 milliards de francs) ainsi qu'une commande des 27 appareils de la Marine (5,5 milliards de francs).
Le calendrier de livraison sera le suivant :
TABLEAU DES LIVRAISONS AU PROFIT DE LA MARINE NATIONALE PRÉVUES DANS LE CONTRAT DE PRODUCTION | |||||||
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
Total |
3 |
4 |
4 |
4 |
4 |
4 |
4 |
27 |
Une clause de flexibilité figure dans le contrat pour permettre une éventuelle variation de deux appareils par an par rapport au calendrier initial.
La commande des appareils destinés à l'armée de Terre se ferait en 2007. Le coût du développement est estimé à 5,277 milliards de francs (CF. 01/00) et le coût de la production à 32,930 milliards de francs (CF. 01/00). Le prix unitaire est de 123 millions de francs pour la version Terre, 198 millions de francs pour la version navale combat et 167 millions de francs pour la version navale soutien. Les crédits consommés s'élèvent à 4,1 milliard de francs (développement) et les crédits demandés pour 2001 s'élèvent à 180 millions de francs pour le développement et 351 millions de francs pour la production.
Les crédits finançant les principaux programmes de l'armée de Terre sont retracés dans le tableau ci-après :
ÉVOLUTION DES CRÉDITS AFFECTÉS AUX PRINCIPAUX PROGRAMMES DE L'ARMÉE DE TERRE (en millions de francs courants) | ||||||||||||||||
Engagements et règlements 1999 |
Loi de finances 2000 |
Projet de loi de finances 2001 |
||||||||||||||
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
|||||||||||
Programmes |
Dév. (1) |
Fab.(2) |
Dév. |
Fab. |
Dév. |
Fab. |
Dév. |
Fab. |
Dév. |
Fab. |
Dév. |
Fab. |
||||
Char AMX Leclerc |
- |
745 |
4,3 |
1.941 |
- |
3.357 |
23 |
2.108 |
11 |
3.431 |
18 |
2.352 |
||||
Hélicoptère TIGRE |
236 |
11.028 |
207 |
271 |
56 |
470 |
241 |
532 |
34 |
78 |
248 |
569 |
||||
Hélicoptère NH 90 |
139 |
- |
138 |
- |
125 |
- |
161 |
- |
5 |
31 |
112 |
209 |
||||
Véhicule blindé de combat d'infanterie (VBCI) |
2 |
- |
3 |
- |
411 |
- |
144 |
- |
- |
- |
156 |
10 |
||||
Radar COBRA |
- |
632 |
- |
221 |
- |
184 |
1 |
234 |
- |
133 |
1 |
180 |
||||
Poste radio 4ème génération |
- |
357 |
- |
470 |
40 |
105 |
34 |
374 |
24 |
20 |
57 |
303 |
||||
Missile sol-air à moyenne portée terrestre (SAMP/T) |
50 |
512 |
116 |
40 |
- |
220 |
65 |
207 |
- |
50 |
78 |
293 |
||||
Obus antichar à effet dirigé BONUS (ACED) |
55 |
- |
3 |
- |
- |
445 |
21 |
68 |
- |
230 |
2 |
57 |
||||
Valorisation Rita |
33 |
14 |
92 |
259 |
- |
179 |
77 |
248 |
- |
633 |
64 |
368 |
||||
MARTHA (3) étape 1 & 2 |
- |
358 |
66 |
5 |
233 |
271 |
156 |
97 |
105 |
- |
112 |
98 |
||||
ROLAND Valorisation |
2 |
322 |
51 |
184 |
75 |
538 |
113 |
295 |
30 |
343 |
147 |
300 |
||||
(1) : Développement (2) : Fabrication (3) : Martha : maillage des radars de tir contre hélicoptère et avion |
Le char Leclerc est un produit de la guerre froide comme le montre un rappel succinct des principales dates de sa genèse :
· 1977 : étude de faisabilité. · 1979-1981 : définition d'un programme franco-allemand de développement et de production d'un nouveau char de combat. La cible française est de 1.400 chars. · 1982 : l'Allemagne se retire du programme ; la France décide du lancement d'un programme purement national. · 1991 : livraison du premier char à l'armée française. · 1993 : les Émirats arabes unis achètent 390 chars dont 46 dépanneurs. La cible de l'armée de Terre passe à 650 chars et la cadence de livraison à 66 chars par an. · 1996 : la loi de programmation 1997-2002 réduit la cible à 406 chars et la cadence de livraison à 33 chars par an. |
Le concept d'emploi du char a forcément subi les contrecoups de l'évolution géostratégique intervenue à partir de 1989. Il a été conçu pour affronter et retarder le plus longtemps possible l'avancée des forces du Pacte de Varsovie en Centre-Europe, ce qui explique les priorités accordées à la mobilité tactique et à la puissance de feu. Il est actuellement le pivot d'un éventuel engagement terrestre de basse intensité, notamment dans l'hypothèse d'une opération de rétablissement de la paix comme cela fut le cas au Kosovo. Sa capacité de projection devient un critère important de son efficacité.
L'année dernière, nous avons évoqué le retard (presque deux ans) de la reconnaissance du caractère opérationnel du char. Le premier groupement (GE40) n'a été opérationnel qu'en décembre 1998, juste à temps pour préparer la projection des chars vers la Macédoine dans la perspective d'une intervention terrestre au Kosovo.
Ce retard résultait d'une fiabilité jusqu'alors insuffisante des équipements livrés par le Giat à l'armée française et de son incapacité à stabiliser la définition du char et à obtenir la qualification d'un char de série, érigé en exemplaire de référence.
Pour saisir l'ampleur de ces dysfonctionnements passés, il faut revenir sur l'historique industriel de la série et sur son échéancier de commandes et de livraisons.
HISTORIQUE INDUSTRIEL DU CHAR LECLERC |
|||||||
Série 1 |
Série 2 |
Total | |||||
Tranche 1 |
Tranche 2 |
Tranche 3 |
Tranche 4 |
Tranche 5 |
|||
Numéros de chars |
1 à 4 |
5 à 17 |
18 à 51 |
52 à 89 |
90 à 134 |
135 à 406 |
406 |
Nombre de chars |
4 |
13 |
34 |
38 |
45 |
272 |
406 |
ÉCHÉANCIER DE COMMANDES ET DE LIVRAISONS DU CHAR LECLERC | ||||||||||||||
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 | |
Commandes budgétaires |
16 |
10 |
12 |
30 |
66 |
44 |
44 |
44 |
44 |
- |
44 |
44 |
||
Commandes à l'industriel |
16 |
10 |
12 |
30 |
66 |
- |
44 |
44 |
- |
88 |
- |
44 |
52 |
|
Cumul des commandes |
16 |
26 |
38 |
68 |
134 |
134 |
178 |
222 |
222 |
310 |
310 |
354 |
406 |
|
Livraisons |
- |
- |
1 |
3 |
11 |
22 |
39 |
16 |
40 |
40 |
33 |
33 |
33 |
33 |
Cumul des livraisons |
- |
- |
1 |
4 |
15 |
37 |
76 |
92 |
132 |
172 |
205 |
238 |
271 |
304 |
Les 45 premiers chars opérationnels sont les chars de la tranche 5, c'est-à-dire portant les numéros 90 à 134.
Ils ont été commandés à partir de 1993 et livrés à partir de 1997.
Les 17 premiers chars, dont le dernier a été livré en 1993, sont inaptes à une quelconque activité militaire. Les suivants, livrés à partir de 1994 et jusqu'en 1996, nécessitent des interventions industrielles complémentaires (retrofit). Pour la tranche 4 (38 chars), le coût du retrofit est estimé à 180 millions de francs. Pour la tranche 3 (34 chars), l'opération sera plus coûteuse (200 millions de francs).
L'armée de Terre a donc dû attendre 1996, soit 7 ans de production de chars, avant de disposer d'un équipement immédiatement opérationnel, toutes les énergies étant concentrées sur les seules performances du produit exporté.
A terme, c'est-à-dire en 2005, l'armée de Terre disposera donc de 389 chars (406-17). Le contrat opérationnel (engagement de 30.000 hommes plus engagement de 5.000 hommes) lui impose de conserver, compte tenu des relèves, 4 régiments dotés de 80 chars chacun (ou 8 groupements à 40 chars), soit 320 chars.
Une trentaine de chars sera affectée à la formation dans les écoles ou camps d'entraînement (Saumur, Canjuers). L'affectation des 39 chars restants demeure en discussion. Le plus probable est qu'ils constituent, sous une forme ou une autre, une réserve de maintenance puisque les grosses visites d'entretien toutes les quatre cents heures nécessitent une immobilisation du char pendant quatre mois de suite de sorte que 10 % du parc est en permanence immobilisé.
L'armée de Terre disposera donc d'un parc de blindés lourds largement dimensionné pour faire face à la menace essentielle dans ce domaine, représentée par la grande dissémination de chars soviétiques T72 (20.000 dans le monde entier) dont le blindage est particulièrement performant. Si l'obus flèche au tungstène perfore ce blindage à une distance de l'ordre de 1.500 mètres, c'est l'obus flèche à uranium appauvri qui procure un avantage décisif puisqu'il produit le même résultat mais à une distance très supérieure. Le grand avantage du Leclerc est de pouvoir délivrer à terme les deux types d'armement, tout en continuant de rouler.
Comme en 1998, il est prévu de globaliser la commande fin 2000 des deux dernières tranches, soit 96 chars, ce qui permet une meilleure négociation du prix unitaire qui devrait donc se situer dans la continuité de celui de la commande passée en 1998, pour l'armée de Terre et une meilleure visibilité pour GIAT qui doit tenir compte de ses perspectives d'exportation pour son plan de charge. Le coût du programme est de 35.730 millions de francs (CF. 01/00) dont 4,7 milliards de définition et développement.
Le programme VBCI/VCI est un programme de véhicules pour l'armée de terre, né début 1999 de la dissociation des deux versions de matériel prévus initialement par le programme « véhicule blindé de combat d'infanterie » (VBCI), lui même issu de l'ancien programme « véhicule blindé modulaire » (VBM).
Le VBCI, véhicule blindé de combat d'infanterie à roues qui correspond à la version transport de troupe de l'ancien programme VBM, est d'abord appelé à succéder à l'AMX10-P chenillé. Dans une première étape, deux versions sont prévues : une version VPC (véhicule poste de commandement), et une version VCI (véhicule de combat d'infanterie). Dans une seconde étape, d'autres versions pourraient assurer la relève de tout ou partie du parc VAB des véhicules de l'avant blindés.
Le véhicule de transport de troupe est un véhicule à 8 roues motrices dont l'équipage permanent est de deux hommes (pilote et radio-tireur). Il doit permettre le transport d'un groupe de combat de 9 hommes en lui assurant un niveau de protection significatif. Dans la zone d'engagement, il doit permettre le débarquement rapide des personnels et fournir son « appui feu » (armement de moyen calibre servi sous blindage).
Outre une exigence renforcée de mobilité, l'apport essentiel du programme a trait à la protection. La modernisation des armements, autant en précision qu'en puissance, implique en effet un besoin nettement accru en protection. Ceci est d'autant plus sensible que la protection des vies humaines est une exigence forte parmi les éléments qui concourent au consensus national en matière d'opérations militaires extérieures.
En situation de crise, la menace est en priorité constituée par les munitions de petit et moyen calibres, les éclats dus aux obus d'artillerie et de mortier ainsi que les mines. Ce niveau de menace est caractéristique, en particulier, des opérations de maintien de la paix, au cours desquelles les forces engagées subissent les effets collatéraux de combats dans lesquels elles ne sont pas toujours parties prenantes. C'est la raison pour laquelle un programme d'urgence de renforcement du blindage de l'AMX 10-P a été lancé au printemps 1999 au moment de la projection sur le Kosovo.
En cas de guerre, ainsi que dans les crises de haute intensité, cette menace s'aggrave en raison de l'utilisation de munitions beaucoup plus puissantes et sophistiquées, en particulier à vocation anti-char. La protection à réaliser devient alors globale et inclut la nécessité d'échapper à la détection adverse (furtivité), de détecter les menaces au plus tôt par le biais des moyens appropriés et de pouvoir les éviter (agilité, mobilité, mise en _uvre de contre-mesures).
Quant au véhicule poste de commandement, il est destiné à permettre le commandement tactique de formations de combat du niveau unité élémentaire et régiment. Il doit intégrer le système d'information régimentaire SIR. Les missions de commandement devraient pouvoir être conduites à l'arrêt comme lors des déplacements.
Par rapport aux véhicules qu'il doit remplacer (AMX10 P), le VCI devra comporter des améliorations notables dans les domaines suivants :
- mobilité stratégique et tactique ;
- autonomie ;
- ergonomie et aménagement interne ;
- protection balistique et NBC ;
- adaptations aux systèmes d'information et d'aide au commandement embarqués.
S'agissant de la mobilité stratégique et tactique, elle reposera surtout sur la puissance du moteur et l'optimisation des rapports entre l'efficacité du blindage et le surpoids afférent. En tout état de cause, le transport du VCI se fera essentiellement par route, rail ou transport de chaland de débarquement puisque même si la capacité de la soute de l'A400 M permet le transport du VCI, son poids (entre 25 et 30 tonnes) correspond au maximum du chargement total de l'avion de transport futur.
Il est également recherché une réduction notable du coût de possession, déjà bien initiée par le choix d'un véhicule à roues. D'autres économies pourraient être obtenues, par l'appel le plus large possible aux composants à double usage civil et militaire. De plus, diverses variantes peuvent être dérivées du VCI tout en bénéficiant du même noyau de soutien logistique.
Par ailleurs, le VCI devra être conçu dès le départ comme un véhicule de combat, à l'architecture et aux performances adaptées au transport d'un groupe d'infanterie et à son soutien au combat, en particulier par l'emport d'une tourelle.
De plus, le VCI devra disposer d'une capacité d'adaptation future afin d'intégrer d'éventuelles nouvelles protections balistiques aux performances accrues, de nouveaux senseurs ou équipements et suivre les évolutions des systèmes d'information et de communications.
Le projet d'une coopération initiée dès l'étude du programme VBM, démontre la proximité des besoins en véhicules blindés à roues mais l'échec des différentes formules imaginées démontre que la France semble être la seule à vouloir disposer d'un véritable véhicule de combat d'infanterie armée sur la base d'un châssis à roues et non pas seulement d'un transport de troupe blindé. D'une façon générale, nos partenaires renouvelleront plus tardivement leurs véhicules de combat d'infanterie (au-delà de 2010, MARDER allemand et WARRIOR britannique) et ils semblent toujours privilégier la chenille pour ce type de matériel.
Du fait des nombreux rebondissements liés à la coopération européenne, le calendrier du programme devient maintenant critique. Le besoin de remplacement exprimé par l'armée de Terre était 2004. Au mieux, les premiers VCI seront livrés à la mi-2005 et moyennant une procédure d'urgence qui présente des risques. Il est en effet prévu de notifier simultanément le développement, l'industrialisation et une première commande de 65 engins (54 VCI et 11 VPC) fin 2000. Au regard des résultats générés par ce type de procédures, utilisées avec le même genre de fournisseurs, il est vrai pour des produits apparemment technologiquement plus complexes, on peut se demander si le premier régiment sera bien opérationnel à la date prévue. Une exigence minimale de qualification, préalablement à la notification des premiers matériels de série, eût été plus rassurante.
Le coût estimé de la première étape du programme (VCI et VPC) est de 12,8 milliards de francs. Le coût unitaire estimé est de 13,5 millions pour le VCI et 10 millions de francs pour le VPC.
Le Tigre est un hélicoptère biplace qui a été conçu dès l'origine dans deux versions, la version appui-protection retenue par la France (HAP) et la version anti-char pour les armées de terre française et allemande. Cette deuxième version comporte une variante française (HAC) et une variante allemande (UHT) ayant des capacités d'appui plus limitées.
Un premier accord bilatéral concernant le Tigre a été signé avec les Allemands en 1984. Il a été amendé fin 1987, date à partir de laquelle les premiers travaux de développement ont pu démarrer. Le premier vol du premier prototype est intervenu en avril 1991. Le programme Tigre a été intégré dans l'OCCAR en février 1998.
Un accord bilatéral sur l'industrialisation, signé mi-1995, prévoyait le lancement de l'industrialisation fin 1995 sur une base paritaire. Le budget de 1996 et la programmation 1997-2002 ont conduit la France à prévoir le lancement de l'industrialisation en 1997.
Un exercice de révision des spécifications et d'économie sur le programme Tigre a été entrepris. Il a conduit à ne pas retenir certains équipements souhaités par les utilisateurs. Il s'agit d'un détecteur d'alerte et de veille pour la version appui-protection, d'un détecteur d'obstacles, d'un FLIR (forward looking infrared system) de pilotage de nuit pour la version appui-protection, d'une conduite de tir air-air de deuxième génération, d'un système de surveillance des ensembles mécaniques et d'un nouvel équipement de tête intégré. Par ailleurs, une communauté d'équipement avec l'hélicoptère NH 90 a été recherchée dans tous les cas où cela était envisageable.
Les discussions avec les coopérants allemands ont permis d'arrêter les décisions suivantes :
· financement d'une seule chaîne d'assemblage au titre de l'industrialisation au lieu de deux ;
· diminution de 10 % du prix moyen de la part Eurocopter obtenue en contrepartie de quelques évolutions sur le programme et dans le cadre de commandes globales.
Le contrat d'industrialisation a été signé le 20 juin 1997 et l'accord bilatéral sur la production le 20 mai 1998.
Les contrats de série ont été signés le 18 juin 1999 à l'occasion du salon du Bourget. Ils portent sur 80 hélicoptères pour la France et 80 pour l'Allemagne.
La commande française est constituée de 70 appareils appui-protection (HAP) et de 10 appareils anti-char (HAC). Les deux versions diffèrent essentiellement de systèmes de combat. Le HAP est doté de 4 missiles air-air très courte portée Mistral et d'un canon de 30 mm alors que la version HAC est dotée de 4 missiles Mistral et de 6 missiles antichar. Depuis le départ de la France du programme de missile antichar de 3è génération à longue portée (AC3GLP), il est question que ces missiles antichar soient ou bien des Hot ou bien un achat sur étagère. D'ici 2002, la France aura fait son choix. Cette décision aura des conséquences sur la capacité d'attraction de la version HAC à l'exportation.
Les livraisons des 70 HAP s'échelonneront de 2003 à 2011 et les HAC commenceront à être livrés à partir de 2011. À l'horizon 2015, la France devrait être équipée de 120 appareils dont 70 HAP et 50 HAC. Le nombre total d'exemplaires prévus est de 215 appareils pour la France (115 HAP - 100 HAC) et de 212 pour l'Allemagne.
ÉCHÉANCIER PRÉVISIONNEL DES HÉLICOPTÈRES TIGRE | ||||||||||||||
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
2009 |
2010 |
2011 |
2012 |
Total | |
Livraisons |
2 |
8 |
10 |
10 |
10 |
10 |
10 |
10 |
10 |
80 | ||||
Paiements (MF courants estimés) |
19 |
143 |
429 |
827 |
1.173 |
1.307 |
1.339 |
1.356 |
1.464 |
1.318 |
1.023 |
582 |
100 |
11.080 |
La commande passée en 1999 est une commande globale d'un montant de 12,7 milliards de francs. Cette somme correspond à l'industrialisation, au coût de la série de 80 appareils et d'équipements nationaux non fournis par l'OCCAR ainsi que des volants, rechanges et divers (VRD). L'armée de Terre a eu le plus grand mal à mobiliser les AP correspondantes à cette commande ferme en 1999. Elle a dû solliciter toutes ces lignes budgétaires et notamment celle du Leclerc ainsi que certaines lignes de la DGA, de l'armée de l'Air et de la Marine à titre de « prêt » remboursable en construction budgétaire 2000. L'économie attendue de ce type de procédure est de l'ordre de 8 %.
Le coût total du programme est estimé à 46,3 milliards de francs (CF01/00) dont 9,7 milliards de francs pour le développement et 36,6 milliards de francs pour la production. À ce jour, 8,5 milliards de francs de CP ont été consommés sur ce programme.
En matière de transport tactique, l'armée de Terre ne disposera du NH90 qu'en 2011 ce qui pose problème au regard du vieillissement prématuré du parc de Pumas. Sauf à envisager d'avancer les livraisons à 2005, ce qui semble difficile, on s'oriente vers un programme de remotorisation coûteux de la flotte de Puma (de l'ordre de 900 millions de francs pour 100 appareils).
Le système de défense antiaérienne à courte portée Roland monté sur châssis AMX 30 ou sur cabine aérotransportable à roues (Carol) fut un grand programme de la coopération franco-allemande dans les années soixante-dix. Les deux pays y consacrèrent de l'ordre de 40 milliards de francs.
Mis en service en 1978, le système a fait l'objet d'un programme de valorisation moins de dix ans plus tard puisque le lancement du développement de cette valorisation date de novembre 1987. Ce programme a particulièrement subi les aléas de la coopération internationale puisque treize ans après ce lancement, la commande des premiers matériels de série n'est toujours pas passée (elle devrait l'être en 2001).
Entre-temps, le devis a quasiment doublé (+ 90 %) pour s'élever à 6 ,8 milliards de francs, (CF 01/00) dont 1,1 milliard de francs de développement, 5,3 milliards de francs de production et presque 400 millions de francs d'industrialisation, alors que le coût de référence était de 3,6 milliards de francs. Les objectifs poursuivis consistaient à améliorer la résistance au brouillage, la capacité d'engagement de cibles de différents types, l'efficacité du tir contre les cibles à basse altitude ainsi que l'ergonomie et la fiabilité.
La valorisation porte d'abord sur le remplacement de l'outil calculateur analogique par un nouveau calculateur numérique BKS qui doit moderniser l'interface homme-machine et renforcer la coordination interne de la section.
La mise au point de ce calculateur conditionne le succès de la mise en _uvre du nouveau viseur Glaive ainsi que l'intégration du système dans le réseau de coordination de la défense antiaérienne de l'armée de Terre Martha.
Or, le développement du calculateur numérique BKS a pris beaucoup de retard du fait de la décision de l'Allemagne de se retirer unilatéralement du programme (fin 1992), puis d'y revenir mais sans hâte excessive et ce jusqu'en 1998, date à laquelle la coopération semble avoir repris son rythme normal.
Pendant ce temps, la France a poursuivi et financé seule le développement des autres éléments du système ainsi que leur industrialisation.
Le viseur Glaive devrait permettre notamment de contrer le brouillage électromagnétique des aéronefs grâce au mode infrarouge passif ce qui conférera au Roland la capacité trimode (optique, radar et infrarouge).
Quant à la nouvelle munition, le missile hypervéloce VT 1, ses performances sont nettement supérieures à celle des missiles actuels tant en matière de portée que d'altitude maximale d'interception, de temps de vol (réduction du temps de réaction des cibles) ou de charge explosive.
Les dépassements de coûts s'expliquerait donc par les difficultés de la coopération avec l'Allemagne mais aussi par une succession d'actions non coordonnées (lancement de Martha, de VT 1) qui ont modifié l'expression du besoin en cours de programmes et par des difficultés techniques.
Une première commande a porté, en 1999, sur 8 postes de tir de présérie qui seront livrés en 2000. Une commande portant cette fois sur les premiers matériels de série devrait être passée en 2001 à hauteur de 15 postes de tir.
La cible du programme est actuellement fixée à 72 postes de tirs (50 versions AMX 30 et 22 versions cabine Carol) et à 1.500 missiles VT 1 qui ne seraient pas commandés avant 2004. Le prix unitaire du poste de tir est actuellement de l'ordre de 23 millions de francs et celui du missile de l'ordre de 1,6 millions de francs.
Les développements des programmes de missiles antichars de 3ème génération Trigat ont été lancés en mai 1988 (moyenne portée) et en juillet 1988 (longue portée), soit une année avant le bouleversement géostratégique provoqué par la chute du mur de Berlin qui a eu pour conséquence de réduire considérablement la probabilité d'une bataille massive de chars en centre Europe. Tous les systèmes d'armes conçus pour préparer ce scénario ont subi les conséquences de cette évolution, à plus ou moins brève échéance. Il en va de même actuellement pour ces programmes qui devaient constituer le fondement de la trame antichars de l'avenir.
A l'issue de la revue des programmes (hiver 1998), la France a ainsi décidé d'honorer ses engagements pour le développement du Trigat LP (4,3 milliards de francs CF 01/00) mais de ne pas participer à la phase de production.
Le Royaume-Uni avait pris la même décision dès 1996 à la suite de l'achat de l'hélicoptère Apache équipé du missile Longbow.
Seule l'Allemagne maintient sa participation à ce programme en vue d'équiper ses hélicoptères Tigre alors que la France procédera à un appel d'offres international pour l'équipement des siens.
Quant à l'avenir du Trigat MP, la réflexion postérieure au retrait du Royaume-Uni et des Pays-Bas conduit à sa profonde remise en cause.
Le Trigat MP est un armement antichar portable composé d'un poste de tir avec lunette thermique et d'un missile guidé laser à charge creuse double. Il est capable de détruire les chars et les véhicules de combat de l'infanterie jusqu'à une distance de 2.000 mètres.
Son coût total était estimé jusqu'alors à 5,9 milliards de francs dont 4,2 milliards de francs par la production de 454 postes de tirs, 8.000 munitions de guerre de 3.000 munitions d'exercice.
La complication insupportable de l'équation financière suscitée par les décisions britannique et hollandaise a en fait servi de révélateur et a conduit à une remise en cause de l'utilité même du programme, au moins dans sa configuration actuelle.
Dans le cadre de la préparation de la prochaine loi de programmation militaire, une réflexion de fond est actuellement engagée sur les systèmes d'armes antichars dont la France aura besoin à l'échéance 2010/2015.
Cette réflexion doit intégrer :
· l'évolution de la menace à travers les caractéristiques possibles de la dissémination des chars lourds dotés de blindages réactifs (type T-80 U par exemple) ;
· l'intégration de la trame antichars dans les systèmes d'armes capables de détruire des chars (Leclerc, obus Aced) ;
· l'évolution de la trame antichars elle-même, reposant actuellement sur le trio Eryx (courte portée) - Milan (moyenne portée) - Hot (longue portée).
Il est possible que cette réflexion conduise à terme à proposer un programme de substitution (missile filoguidé Trigan) ou bien un achat sur étagères (missile américain Javelin, missile israélien Gill ou Small spike).
En tout état de cause, le programme Trigat MP dans sa définition actuelle ne pourra pas être maintenu. Outre son financement devenu impossible après le retrait des partenaires, il présentait au moins deux défauts majeurs de conception :
· le poids excessif du poste de tir pour un transport à dos de fantassin (16,2 kg seul et 26 kg avec la lunette thermique sans compter la masse de la munition en emballage technique de 18,2 kg) ;
· son incapacité à évoluer d'une attaque frontale du char à une attaque par le toit, seule solution pour détruire les chars futurs dotés de protection réactive de 3ème génération.
Pour légitimes qu'elles soient devenues, on peut tout de même s'étonner de la lenteur avec laquelle les décisions ont été prises en France en matière d'armes antichars alors que certains pays, comme le Royaume-Uni, ont réagi plus vite. Cette moindre réactivité est coûteuse, tant au regard du financement direct des programmes qu'au regard des restructurations industrielles qu'elle engendre inévitablement.
L'AVENIR DES « INDUSTRIELS D'ÉTAT »
L'une des conséquences les plus douloureuses de la baisse des budgets d'équipement de défense en France a été de mener à bien l'adaptation des anciens arsenaux, terrestres et maritimes. Ces structures pluriséculaires ont dû envisager leur lente transformation en entreprises et l'exigence de productivité a, peu à peu, bouleversé leur exploitation.
Bien que laborieuse, la transition est aujourd'hui un peu plus avancée au Giat dont le statut est celui d'une entreprise publique ce qui implique une véritable transparence des coûts et des résultats.
Elle est plus chaotique à la Direction des constructions navales dont la situation, très préoccupante, requiert un traitement de fond. Une prise de conscience semble toutefois avoir eu lieu avec la réforme mise en place en 2000.
Dans les deux cas, la mutation est difficile et exige beaucoup d'efforts de tous les partenaires ainsi qu'une forte contribution des finances publiques.
I.- LA DIRECTION DES CONSTRUCTIONS NAVALES
Lors des deux derniers débats budgétaires, la représentation nationale avait attiré solennellement l'attention sur la situation alarmante de la Direction des Constructions Navales (DCN). Il semble qu'elle ait été partiellement entendue puisqu'enfin un mouvement positif a été enclenché en 2000 par les pouvoirs publics.
La sortie de la DCN de l'orbite de la DGA, l'annonce d'une alliance avec Thomson CSF, la réforme de ses procédures de gestion et le changement de sa direction devraient constituer l'amorce d'un processus salutaire même si l'on est loin de l'électrochoc souhaité précédemment par les uns ou les autres.
Le service à compétence nationale DCN a été créé par décret en conseil d'État le 12 avril 2000. Ce service est directement rattaché au ministre de la défense. La séparation avec la DGA met fin au cumul par celle-ci des deux rôles qu'elle exerçait vis à vis de DCN : celui de tutelle hiérarchique et celui de partenaire. La DGA devient cliente de DCN, qui devra établir ses contrats sur des bases forfaitaires.
Cette mesure est salutaire puisqu'elle constitue l'achèvement d'un processus initié en 1996 avec la séparation des activités industrielles et de maîtrise d'ouvrage, mais elle devrait être complétée par la clarification totale des effectifs inscrits au compte de commerce des constructions navales qui compte encore le personnel de quatre centres de la direction des centres d'essais, ce qui nuit à la bonne compréhension des flux entre ce compte de commerce et la zone budgétaire proprement dite.
Un conseil stratégique de DCN, créé par arrêté interministériel du 12 avril 2000, placé auprès du ministre de la Défense, fournit à ce dernier un avis sur toute question d'importance concernant le service (budget, comptes annuels, plan stratégique). Compte tenu de sa composition et notamment de la présence de la Direction du Trésor et de la Direction du Budget, on peut légitimement douter de la réactivité et du dynamisme de ce conseil stratégique en matière d'alliances ou de prises de position à l'exportation.
Si la transformation de la DCN en service à compétence nationale lui confère une autonomie nouvelle en matière de management, en instaurant notamment une relation plus directe avec le ministre, cette réforme reste cependant limitée dans ses objectifs comme dans ses effets. La DCN demeure soumise aux règles du code des marchés publics, sa gestion économique et financière demeure inscrite dans le cadre étroit du compte de commerce et son personnel conserve un statut particulier. Elle ne bénéficie pas de la personnalité juridique qui lui permettrait d'augmenter sa réactivité et d'instaurer la transparence de ses coûts et de ses financements.
Dans le domaine de l'organisation industrielle et de la gestion, de nouveaux outils et procédures sont aussi en train de se mettre en place à la suite de l'intervention coûteuse et prolongée d'une mission de conseil externe.
La répartition des projets et des établissements entre trois branches (constructions neuves, maintien en condition opérationnelle, systèmes de combat et équipements), est entrée en vigueur depuis septembre 1999. Deux nouveaux établissements succèdent à l'ancien établissement DCN ingénierie : DCN ingénierie constructions neuves et DCN systèmes de combat. Par ailleurs, en avril 2000, lors du passage en service à compétence nationale, l'ensemble des services centraux ont été réorganisés. Ont notamment été centralisées les fonctions « achats » et « commerciale ». Un plan ambitieux de réduction du coût des achats a été lancé début 2000. L'objectif est d'économiser plus de 3 milliards de francs cumulés d'ici fin 2004, soit plus de 20 % de réduction.
Un nouveau système intégré de gestion d'entreprise est en train de se généraliser dans l'ensemble de la DCN dont on attend :
- une amélioration globale du pilotage de DCN et de ses projets, contribuant à une réduction des coûts et une augmentation de sa compétitivité ;
- une réduction du coût de la fonction comptable, le système permettant une organisation centralisée et optimisée ;
- une réduction du coût de la fonction informatique de gestion.
Enfin, la DCN se dote d'un système comptable devant permettre la certification des comptes de l'exercice 2001.
L'alliance avec Thomson CSF est aussi un pas décisif dans la bonne direction. Il s'agit de créer une société commune de commercialisation et de gestion d'ensemble des contrats portant sur des domaines où la compétence des deux partenaires est partagée comme la maîtrise d'_uvre des navires ou des systèmes de combat, à l'exclusion de la construction proprement dite.
Cet adossement, annoncé en février 2000, sera bénéfique pour les deux parties. Au-delà des questions posées par cet accord sur l'activité de certaines filiales de Thomson CSF comme Signal aux Pays-Bas, la valorisation des apports de DCN semble actuellement sujet de discussions, notamment au sein du ministère des Finances, alors que le temps presse puisque la gestion des contrats Horizon et Delta (fournitures de frégates à Singapour) exige un support juridique. Par ailleurs, d'importantes compétitions se déroulent actuellement à l'exportation (sous-marins en Corée du Sud et au Portugal), qui plaident aussi pour un bouclage administratif rapide de ce dossier.
Malgré la prise de conscience de la gravité de la situation de la DCN et les premières mesures prises à la fin de 1999 et tout au long de 2000, il est bien évident que la structure même de cet outil industriel ne peut changer radicalement du jour au lendemain alors que les positions se prennent à l'extérieur et que les alliances européennes s'accélèrent - on peut citer la fusion entre le Suédois Kockums et l'Allemand HDW du groupe Preussag ou la réorganisation de l'Espagnol Bazan en direction des chantiers civils.
De nombreuses inquiétudes demeurent, même si le plan de charge de la DCN semble stabilisé pour les prochaines années.
Avec un chiffre d'affaires de 11,4 milliards de francs, 2000 serait ainsi la fin d'un cycle de baisse particulièrement marqué, puisqu'en 1990, les seules commandes d'État s'élevaient encore à 20 milliards de francs.
Grâce aux 30 milliards de prises de commandes en 2000 (contrat Delta, SNLE-NG n°4, frégates Horizon, NTCD et entretien flotte), il est même permis d'espérer une remontée du chiffre d'affaires à 12 ou 13 milliards en 2001 et 2002.
En raison de la fin de la construction du porte avions et des plates-formes pétrolières, le site de Brest subira un trou conjoncturel d'activité jusqu'à la fin de 2001 et la prochaine indisponibilité pour entretien périodique et réparation d'un SNLE.
La politique de spécialisation des établissements s'accompagne d'un schéma directeur des investissements qui devrait permettre une optimisation des équipements. La surface des ateliers sur les différents sites est ainsi fortement réduite (- 50 % à Ruelle). L'étape suivante consistera à rationaliser l'implantation géographique des sites qui sont actuellement trop nombreux au regard des prévisions d'activité et dont la dispersion génère des surcoûts.
Dans la continuité de cette action de clarification, l'État a engagé le processus d'adaptation des effectifs à la charge prévisible de travail comme le montre le tableau ci-après.
ÉVOLUTION DES EFFECTIFS DE LA DCN (1) | ||||||||||
Année |
Total DCN |
Siège |
Cherbourg |
Brest |
Lorient |
Toulon |
Indret |
Ruelle |
Papeete |
Ingénierie |
1995 |
21.839 |
S.O. |
4.039 |
5.823 |
3.005 |
4.345 |
1.534 |
1.373 |
366 |
1.354 |
1996 |
20.860 |
S.O |
3.950 |
5.595 |
2.786 |
4.057 |
1.484 |
1.312 |
332 |
1.344 |
1997 |
19.214 |
292 |
3.627 |
4.950 |
2.487 |
3.728 |
1.374 |
1.186 |
284 |
1.286 |
1998 |
17.515 |
316 |
3.363 |
4.581 |
2.307 |
3.240 |
1.255 |
1.018 |
270 |
1.165 |
1999 |
16.332 |
334 |
3.137 |
4.278 |
2.159 |
2.932 |
1.212 |
925 |
261 |
1.094 |
2000* |
15.267 |
352 |
2.905 |
3.931 |
2.065 |
2.716 |
1.154 |
860 |
260 |
1.024 |
(1) La fonction siège apparaît en 1997 après la séparation des activités étatiques qui concernent à peu près 2.000 postes budgétaires. (*) Prévisions. |
Ces réductions d'effectifs ont été obtenues par des mesures extrêmement favorables et d'un coût très lourd.
Il s'agit d'abord de mesures de départ anticipé. Le dispositif de dégagement des cadres applicable aux ouvriers d'État depuis le mois de mai 1998 leur permet de quitter la DCN à partir de l'âge de 52 ans en bénéficiant de leur retraite avec effet immédiat s'ils totalisent 37 ans et demi d'annuité ou bien d'une allocation unique dégressive (AUD) qui leur assure un complément de ressources plafonné au niveau du salaire d'activité pendant 45 mois.
Ce dispositif qui complète le dégagement des cadres à 55 ans est applicable jusqu'au 31 décembre 2000.
Le coût moyen d'un dégagement des cadres (DCC) à 52 ans est de 1,25 million de francs et celui d'un DCC à 55 ans est de 0,7 million de francs. Ces coûts regroupent les montants de préretraites versées jusqu'à 60 ans, des allocations uniques et dégressives dont bénéficient les personnels n'ayant pas atteint 37 annuités et demie, des bonifications d'ancienneté et des suppléments de pensions versées aux organismes en charge du paiement des pensions au 60e anniversaire des personnels ayant bénéficié des bonifications d'ancienneté.
En 1998, sur la déflation totale de 1.700 personnes, 1.184 départs ont été obtenus par un DCC, à 52 ans (720) ou à 55 ans (464). En 1999, 950 départs par dégagement des cadres, dont 882 à 52 ans, ont été obtenus pour une déflation totale de l'ordre de 1.200 personnes. En 2000, la prévision est de 985 DCC pour 1.100 départs en tout.
Pour les ouvriers n'ayant pas l'âge requis pour un DDC mais totalisant quand même au moins six années de service, il existe une aide au départ volontaire d'un montant de 60 à 300 KF. 168 personnes en ont bénéficié en 1998 mais seulement 35 en 1999 et 2000. Les personnels fonctionnaires civils et militaires de la DCN bénéficient des dispositifs classiques applicables dans les services de l'État (congés de fin d'activité pour les uns, pécules pour les autres).
Les autres mesures favorisant la déflation des effectifs visent principalement à encourager le reclassement des ouvriers au sein du ministère de la défense et principalement dans les armées, qui manquent de personnels civils. Sous certaines conditions, les agents qui acceptent ce reclassement peuvent bénéficier d'une indemnité de conversion d'un montant de 54 à 80 KF. 261 mutations dans les armées ont ainsi été obtenues en 1998, mais seulement 120 en 1999 et 50 en 2000.
L'ensemble de ces mesures dites de restructuration est pris en charge par le titre V du budget de la Défense, sur un fonds d'adaptation industrielle (FAI) (chapitre 55-11-article 38). Sur la période 1997-2002, le coût de restructuration de la DCN ainsi défini s'élèvera à 3 milliards de francs. Pour l'année 1999, les dépenses éligibles au FAI se sont élevées à 493 millions de francs. Les dépenses prévisionnelles pour 2000 sont de 542 millions de francs et de 546 millions de francs en 2001.
La DCN a donc bien engagé un véritable effort d'ajustement des effectifs. Toutefois, on peut s'interroger sur le respect des objectifs fixés par le plan d'entreprise dans ce domaine dans les prochaines années même si la réduction du temps de travail peut permettre un certain ajustement.
Ce plan évoquait ainsi le chiffre de 14.550 personnes en 2001 et 13.600 personnes en 2002 de manière à tendre progressivement vers un ratio de 1 million de francs de chiffre d'affaires par personne, considéré comme une référence dans la construction navale.
L'essoufflement des départs volontaires vers les armées et surtout l'extinction du DCC à 52 ans à partir du 31 décembre 2000 ne faciliteront pas la conduite de cette politique de réduction d'effectifs.
D'ores et déjà, la DCN est en sureffectif budgétaire d'ouvriers sur le compte de commerce des constructions navales (12.400 en effectif réalisé au 30 juin 2000 pour un effectif budgétaire de 11.300) ; il est donc peu probable qu'elle le résorbe rapidement.
La DCN devra aussi faire face à un déficit évident dans le domaine du management. Avec un taux d'encadrement de 21 %, elle se situe à la dernière place des entreprises assumant la maîtrise d'_uvre de produits et de systèmes complexes.
Elle présente des carences dans de nombreuses fonctions : commerciale, conduite de projet, configuration de contrats, expertise comptable d'entreprise, gestion financière...
Alors qu'elle subit un mouvement de fuite des cerveaux depuis quelques années, elle éprouve de la difficulté, comme l'ensemble des services de l'État et notamment la DGA, à attirer de jeunes ingénieurs. Il est vrai que ses échecs financiers à l'exportation (voir le rapport sur le budget pour 2000) et le contexte judiciaire chargé qui entourent certains de ses sites, ne contribuent pas à rehausser son image sur le marché de l'emploi des cadres.
Il faut souhaiter que les mesures mises en place en 2000 permettent de redresser cette image. La situation de la DCN mérite qu'on lui donne les moyens de son développement car elle abrite de nombreuses compétences utiles à notre Marine et qu'elle est positionnée sur un marché, celui de la construction navale militaire, qui garde un certain potentiel de croissance.
II.- LE GROUPE GIAT INDUSTRIES
Depuis sa création en 1990, l'histoire du groupe GIAT Industrie aura été ponctuée de réductions d'activité et de mauvais résultats qui l'ont encore empêché de démontrer sa viabilité.
En dix années d'existence, GIAT aura totalisé plus de 22 milliards de francs de pertes, comme le montre le tableau ci-après.
ÉVOLUTION DES RÉSULTATS (en milliards de francs) |
|||||||||||
Années |
1990* |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 | |
Chiffre d'affaires(1) |
3 |
8,1 |
7,3 |
5,8 |
4,8 |
5,3 |
6,1 |
6,7 |
7,2 |
5,2 | |
Résultat net consolidé |
- 0,3 |
- 0,4 |
- 0,5 |
- 1,3 |
- 2,9 |
- 10,3 |
- 2 |
- 2,85 |
- 0,87 |
- 0,95 | |
(1) : hors filiales étrangères. * exercice sur 6 mois. |
L'entreprise a dû faire face à un contexte difficile. L'effondrement des marchés de l'armement terrestre l'a frappée de plein fouet alors que sa compétitivité était fort médiocre. Les problèmes sont connus : capitalisation initiale insuffisante, surcapacités, organisation industrielle déficiente, personnel à statut.
Par ailleurs, la stratégie initialement choisie, caractérisée par une forte croissance externe et une tendance à prendre des contrats déséquilibrés à l'exportation, a encore aggravé les choses.
La prise de participation dans l'entreprise belge Herstal s'est ainsi conclue par une perte nette de 1,9 milliard de francs.
L'estimation de la perte à terminaison du contrat émirati signé en 1993 est actuellement de 7,7 milliards de francs, soit 42 % du chiffre d'affaires et 20 millions de francs par char. Rien ne permet d'affirmer que ce montant soit définitif.
La perte résultant de la vente en 1993 de tourelles Dragar à la Turquie est estimée à 765 millions de francs, pour un chiffre d'affaires de 384 millions de francs, ce qui signifie que le prix de vente aura été égal au tiers du coût du contrat.
La perte résultant de la vente en 1995 du très grand téléscope de l'observatoire européen de l'hémisphère sud implanté au Chili est estimée à 119 millions de francs pour un chiffre d'affaires de 108 millions de francs.
Pendant l'année 1994, la gestion de l'ensemble de la trésorerie en francs et en devises et des couvertures de change s'est soldée par une perte de l'ordre de 1,5 milliard de francs dont 500 millions de francs ont été intégrés dans les prévisions de pertes à terminaison des contrats précédemment mentionnés.
Au-delà d'un contexte macro-économique peu porteur, d'une politique commerciale consternante et de ces erreurs de gestion, la compétitivité de GIAT était dès le départ lourdement obérée par un outil industriel surdimensionné et par les garanties légitimes de maintien du statut données au personnel lors de la transformation en entreprise.
A titre d'exemple, on peut rappeler que le statut des ouvriers sous décret (au nombre de 3.700 au 31 décembre 1999), prévoit l'indexation trimestrielle de leurs salaires de base sur le taux de salaire horaire des ouvriers de la métallurgie parisienne. Ce mécanisme favorable leur a permis de bénéficier d'une augmentation de pouvoir d'achat de 6,3 % en quatre ans (fin 1994 à fin 1998).
D'une étude réalisée par la société, il ressort qu'en 1998, les ouvriers sous décret de GIAT avaient, à compétence équivalente, une rémunération brute très légèrement supérieure à celle de la moyenne des salariés de l'Union des industries métallurgiques et minières, en travaillant 10 % de moins. Le niveau de leur salaire net était en revanche 10 % supérieur. L'écart de salaire net par heure travaillée était de l'ordre de 22 %, la différence étant supportée par la société et les organismes sociaux, c'est-à-dire in fine, par le contribuable.
Actionnaire unique de l'entreprise, l'État est périodiquement contraint de respecter la loi sur les sociétés en recapitalisant dès lors que les fonds propres sont inférieurs à la moitié du capital social.
La société a été créée le 1er juillet 1990 par apport en nature de l'État de 1.860 millions de francs, complété en 1991 par une dotation en capital de 1.070 millions de francs. Depuis, GIAT Industries a bénéficié de deux dotations successives de 3,7 milliards de francs chacune en 1996 et en 1997 et d'une troisième dotation d'un montant de 4,3 milliards de francs en février 1998. Le capital social de la société, d'un montant de 2.930 millions de francs, est resté inchangé de 1991 à 1997.
La dernière dotation en capital, d'un montant de 5,7 milliards de francs, a été décidée en décembre 1998 et réalisée en janvier 1999. Lors de cette dernière opération, il a été effectué successivement une augmentation puis une réduction du capital social de la société qui s'établit actuellement à 402 millions de francs.
D'ores et déjà, ce sont donc 18,5 milliards de francs qui ont été versés au GIAT depuis 1991. Ces dotations ont largement mis à contribution le budget d'équipement des armées puisqu'elles ont été largement gagées par des annulations sur le titre V du budget de la Défense.
La prochaine recapitalisation est envisagée à la fin de 2001. Les capitaux propres étant négatifs de 1.780 millions de francs au 31 décembre 1999, cette opération sera d'un montant de 2 milliards de francs, augmentée des pertes de l'exercice 2000. A ce rythme, n'importe quelle entreprise évoluant dans un monde normal aurait fermé ses portes depuis longtemps.
Le chiffre d'affaires de GIAT a chuté de 28 % en 1999 par rapport à 1998, en passant de 7,2 milliards de francs à 5,2 milliards de francs. Il est en déphasage complet avec les prévisions à la base du plan stratégique qui tablaient sur un montant de 9,3 milliards de francs en 1999.
Les performance de l'année 1998 s'expliquaient par la commande de 88 chars Leclerc par l'armée de Terre et la poursuite du contrat émirati. 2000 devrait voir un ressaut en raison d'une nouvelle commande française de chars (44 avec une option pour les 52 derniers). L'entreprise évoque un chiffre d'affaires de l'ordre de 6 milliards de francs pour 2000.
A moyen terme, la tendance est cependant au tassement de l'activité, ce qui posera des problèmes aigus de plan de charge dès 2001/2002.
Le carnet de commandes est en constante baisse pour l'ensemble de la société, reflétant l'évolution du marché des armements terrestres. Le groupement des industriels concernés par l'armement terrestre (GICAT) a ainsi fait état d'une baisse de 6% du chiffre d'affaires du secteur en 1999 (21,1 milliards de francs) par rapport à 1998 et de 42 % par rapport à l'activité de 1991 (36 milliards de francs).
S'agissant des chars de combat, la perspective à moyen terme est une décroissance forte du marché mondial sous l'effet de l'achèvement des programmes de rééquipement des grands pays de l'OTAN, des restrictions budgétaires qui poussent de nombreux pays à moderniser les matériels existants plutôt qu'à acheter du neuf, de l'abondance du matériel d'occasion qui suffit à certains pays, et surtout de la révision des concepts d'emploi des chars de bataille du fait de l'évolution géostratégique. Faut-il rappeler que la France elle-même a tiré les leçons de l'effondrement du mur de Berlin en ramenant ses commandes de Leclerc de 1.400 à 406 exemplaires ?
Sur un marché en baisse, GIAT compte des concurrents solides qui bénéficient de marchés captifs. Ainsi, le Leclerc est-il actuellement vendu à 796 unités (390 pour les Émirats Arabes Unis et 406 pour la France) contre 3.000 pour le Léopard 2 de Krauss Maffei (Allemagne) qui l'a vendu aux Pays-Bas, à la Suisse, la Suède, l'Autriche et l'Espagne, 400 pour le Challenger 2 de Vickers (Grande-Bretagne) vendu à Oman et 10.000 pour l'Abrams M1 de General Dynamics (États-Unis) vendu en Égypte, Arabie Saoudite et au Koweït. On peut d'ailleurs noter que devant la faiblesse des perspectives sur ce marché, le groupe britannique Vickers a décidé de fermer une de ses deux usines de production de chars.
Le contrat émirati, prévu pour s'achever en 2000, a été repoussé en 2001. GIAT comptait sur le marché saoudien pour prendre la relève. Dans ses perspectives de chiffres d'affaires, il a intégré une commande d'une brigade sur les deux proposées à l'appel d'offres, soit 175 chars et 20 dépanneurs.
D'autres marchés sont envisagés comme la Grèce (250 chars et leur accompagnement), la Turquie ou le Qatar.
Dans cette attente, l'activité décroîtra fortement à partir d'avril 2001 et la fin du contrat émirati puisque la cadence annuelle de livraison de chars sera ramenée à celle des seuls chars destinés à l'armée de Terre, soit entre 30 et 40 jusqu'en 2005.
Dans le domaine des véhicules blindés légers, les perspectives sont plus favorables : d'une part, de nombreux pays se trouvent dans l'incapacité de financer l'acquisition de véritables chars de combat et recourent donc aux blindés légers comme substituts ; d'autre part, de nombreuses unités d'infanterie en Europe et de par le monde ont besoin de véhicules mieux protégés que ne le sont les modèles actuels.
A ce titre, le véhicule de combat d'infanterie (VCI) est un enjeu important pour GIAT, sans doute le seul à offrir une réelle perspective. L'entreprise s'était portée candidate dans un premier temps au sein d'un consortium formé avec la société Vickers et la société Mowag. Cette première consultation ayant été déclarée sans suite, une nouvelle consultation pour la fourniture de 700 matériels (550 véhicules de combat d'infanterie et 150 véhicules poste de commandement) a été lancée. Les sociétés GIAT Industries et RVI ont constitué un groupement momentané d'entreprises de façon à lui apporter une réponse commune.
L'artillerie souffre de la réduction généralisée des parcs de canons dans les pays occidentaux. Le taux de remplacement est de l'ordre de un pour deux pour les automoteurs et très faible pour les canons tractés. Les programmes de modernisation des matériels existants augmentent leur durée de vie. Pour les matériels de 155 mm se situant à mi-chemin des tractés et des automoteurs, transportés sur châssis camion, GIAT dispose d'un créneau avec le système Caesar qui pourrait trouver des débouchés à l'exportation.
Le secteur des armes et munitions se prête également à des alliances européennes. On peut citer le développement de l'obus Bonus avec Bofors (Suède), les études concernant le renouvellement de la gamme des systèmes anti-char Apilas avec HEL (Grande-Bretagne) et DNAG (Allemagne) ou la conception de munitions intelligentes avec Oerlikon (Suisse). Par ailleurs, une société commune créée à Bourges en 1993 avec Royal Ordnance a pour objet de développer un système d'armes de moyen calibre. GIAT Industrie a aussi signé le 4 juin 1998 un accord de coopération avec l'industriel allemand Diehl sur les munitions de moyen calibre. Enfin, GIAT Industries est associé avec la société britannique Royal Ordnance et la société allemande Rheinmetall au sein d'une joint-venture dont l'objet est de développer un canon de char de calibre 140 mm.
GIAT Industries assure la maîtrise d'_uvre industrielle du programme de modernisation du parc français de canons de 155 AUF1. Ce programme consiste à valoriser des canons au standard actuel de 39 calibres et à moderniser les autres canons au nouveau standard international de 52 calibres. Pour ces opérations, GIAT Industries récupérera auprès de la Direction centrale du matériel de l'armée de terre (DCMAT) les châssis que cette dernière aura, à l'aide de pièces détachées fournies par GIAT Industries, révisés et/ou réparés. Le premier marché de ce programme a été notifié à GIAT Industries le 13 septembre 1999.
Enfin, les applications sur hélicoptères connaissent une évolution importante dans le moyen calibre. L'armement canon en tourelle y reprend de l'importance comme en témoigne la tourelle de 30 mm du Tigre.
S'agissant enfin des activités de réparations lourdes, leur répartition entre la direction du matériel de l'armée de Terre et Giat ne peut procéder d'un simple transfert de charge sans transfert de personnel, ce qui rend problématique cette solution, sauf à faire payer deux fois la même prestation par l'État. En revanche, il paraît indispensable d'optimiser la dévolution de ce plan de charge pour en minorer le coût.
Pour ce qui concerne les activités nouvelles, les débouchés identifiés actuellement relèvent de grands projets d'installations expérimentales pour le CERN ou astronomiques pour l'ESO, le CNRS, etc. D'autres projets, actuellement à l'étude, concernent le développement et la fabrication d'équipements électroniques durcis pour l'aéronautique, des équipements pour l'industrie ferroviaire à grande vitesse(éléments allégés de structure, asservissement de précision et de puissance, électronique durcie) mais aussi pour l'industrie automobile, des réservoirs sous pression (gaz liquéfié GPL) et des pyromécanismes (vérins, micro-générateurs, bloqueurs ...).
GIAT a annoncé le 17 juillet 2000, la création d'une filiale en coopération avec le groupe espagnol Dalphimétal, spécialisé dans la production d'équipements automobiles. La société ainsi créée a pour but la mise en valeur des résultats prometteurs obtenus dans le cadre d'un programme de recherche et de développement réalisé en commun entre les deux groupes et qui portait sur une nouvelle famille de générateurs de gaz pour airbags.
La société sera implantée en partie sur l'actuel site pyrotechnique de GIAT Industries de Tarbes où il est également prévu la mise en _uvre d'un important programme d'investissement en locaux neufs (plus de 30 millions de francs) ainsi qu'en équipements industriels et en laboratoire (pour environ 50 millions de francs) dans un proche avenir. Les perspectives sont d'une quinzaine d'emplois d'ici la fin 2000 et de 200 emplois créés à l'horizon 2005.
L'objectif fixé pour l'ensemble de ces activités nouvelles, à savoir 200 millions de francs de chiffre d'affaires pour une charge industrielle complémentaire de 6 % en 2002, reste toutefois relativement marginal et ne contribuera pas à résoudre les problèmes de plans de charge de l'entreprise.
À la suite des pertes massives de 1995 (10 milliards de francs), GIAT a défini un plan de retour à l'équilibre en mai 1996, puis en juillet 1998, un plan stratégique, économique et social (PSES), entré en application le 1er janvier 1999 pour la période 1999-2002.
Le projet initial prévoyait la fermeture de trois sites (Rennes, Le Mans et Salbris) et, éventuellement, la fermeture d'un quatrième site, celui de Saint-Pierre-en-Faucigny qui abrite la société Cime Bocuze, filiale du groupe GIAT Industries.
Concernant le site de Rennes, l'activité de la douillerie sera arrêtée à l'achèvement des dernières commandes. La fabrication des culots pour cartouches de calibre 120 mm serait sous-traitée en raison de très faibles quantités à produire, les armées considérant leurs stocks pour ce calibre surabondants, y compris en cas de conflit.
Dans la version initiale du projet, il avait été imaginé que l'activité résiduelle sur les shelters serait transférée vers le centre de Tarbes qui n'offrait pas des synergies suffisantes de métiers. Toutefois, un partenaire britannique a déclaré son intérêt pour cette activité. GIAT Industries a donc créé une filiale sous forme d'une société anonyme, la Société de développement d'abris mobiles (SDAM), qui a intégré l'ensemble de l'activité de fabrication et de commercialisation des shelters, puis elle a cédé 50 % des participations à la société Hunting Engineering Ltd, filiale de Hunting PLC. La dénomination de cette nouvelle filiale est désormais Euro-Schelter. On ne peut que constater que les commandes s'accumulent depuis cette cession alors que, selon la direction du GIAT, cette activité semblait peu prometteuse à l'exportation. Ceci démontre, une fois de plus, l'inefficacité structurelle de l'organisation commerciale du siège de Satory, qui ne possède pas beaucoup de cadres dirigeants dotés d'une réelle culture de l'exportation.
L'activité de fabrication des munitions de petit calibre sur le site du Mans est devenue marginale. La fermeture du site est chose faite. Le transfert des lignes de production vers le site de Cusset, qui abrite la société Manurhin Défense a été décidé.
Les activités d'encartouchage et de chargement de munitions de gros calibre du centre de Salbris seront transférées vers la filiale Luchaire Défense sur le site de La Chapelle-Saint-Ursin.
Le site de Saint-Pierre-en-Faucigny abrite la société Cime-Bocuze, filiale du groupe GIAT Industries. Ce site est spécialisé dans la fabrication de composants en alliage de tungstène et il réalise environ 60 % de son activité sur la fabrication d'un seul composant, le pénétrateur cinétique des munitions de char, dont l'achèvement des commandes pour le char Leclerc est prévu en 1999. Dans la version initiale du projet stratégique, la fermeture du site était envisagée. C'est finalement un groupe autrichien, la société Plansee, qui s'est porté acquéreur de cette activité.
Concernant les activités actuelles du site de Saint-Étienne, la proximité du site de Saint-Chamond facilite la rationalisation. Ainsi, les activités résiduelles relatives aux armes de petit calibre seront transférées à Saint-Chamond. Il est prévu de filialiser l'activité optique de Saint-Étienne et de l'adosser à un partenaire spécialisé du secteur en la maintenant sur le site dans le cadre du pôle optique et vision.
Les transferts des activités de fabrication de composants pour munitions et des activités de chargement et d'encartouchage feront de l'établissement de La Chapelle Saint-Ursin un site intégré de fabrication de munitions de gros calibre bénéficiant de la proximité du bureau d'études du secteur des armes et des munitions sur le site de Bourges. Seule la pyrotechnie primaire (fabrication des amorces), qui restera sur le site de Tarbes compte tenu des importantes contraintes de sécurité spécifiques de ce secteur, fera exception.
Certaines activités concernant le soutien logistique des blindés feront enfin l'objet d'un regroupement sur le site de Roanne. Il en est de même des activités de ravitaillement (pièce détachées). Au total, la spécialisation industrielle des sites de GIAT se présentera comme suit :
SPÉCIALISATION INDUSTRIELLE DES DIFFÉRENTS SITES DE GIAT | |
Satory |
· le siège administratif et commercial du groupe · la recherche et le développement des chars et blindés légers · l'ingénierie logistique des blindés |
Roanne |
· la fabrication et l'intégration des chars et des blindés légers · le soutien logistique des blindés |
Tarbes |
· la fabrication et l'intégration des tourelles de chars · la pyrotechnie primaire · la forge |
Saint-Chamond |
· les équipements et les tourelles légères · les tourelles marine · le soutien logistique blindés · la fabrication et l'intégration des armes de petit calibre |
Saint-Étienne |
· l'optique |
Toulouse |
· l'électronique durcie |
Bourges |
· la recherche et le développement des armes et munitions · la fabrication et l'intégration des armes de gros calibre · l'ingénierie et le soutien logistique des armes |
Tulle |
· la fabrication et l'intégration des armes de moyen calibre |
Cusset (filiale Manurhin Défense) |
· les munitions de petit et de moyen calibres |
La Chapelle Saint-Ursin |
· les munitions de gros calibre |
Rennes (filiale Euro-Shelter) |
· la fabrication-commercialisation d'abris techniques mobiles |
Saint-Pierre-en-Faucigny |
· la fabrication de composants en alliage de tungstène |
Les réductions d'effectifs résultant du plan stratégique sont retracées dans le tableau ci-après :
Sites |
Effectifs au |
Besoins au |
Déflation |
dont |
dont |
dont transferts |
dont |
Bourges |
1.185 |
746 |
- 439 |
- 338 |
- 92 |
- |
- 9 |
Le Mans |
119 |
- |
- 119 |
- 37 |
- 42 |
- 40 |
- |
Rennes |
252 |
80 |
- 172 |
- 41 |
- 128 |
- 3 |
- |
Roanne |
1.751 |
1.226 |
- 525 |
-505 |
- 49 |
95 (1) |
- 66 |
Saint-Chamond |
716 |
563 |
-153 |
- 158 |
- 141 |
145 |
1 |
Saint-Étienne |
587 |
64 |
- 523 |
- 198 |
- 158 |
- 145 |
- 22 |
Salbris |
149 |
- |
- 149 |
- 52 |
- 54 |
- 43 |
- |
Tarbes |
1.431 |
805 |
- 626 |
- 426 |
- 139 |
- 38 |
- 23 |
Toulouse |
744 |
466 |
- 278 |
- 164 |
- 103 |
- |
- 11 |
Tulle |
795 |
477 |
- 318 |
- 246 |
- 69 |
- |
- 3 |
Satory |
1.232 |
1.159 |
- 73 |
- 168 |
- |
- 95 (1) |
190 |
Siège |
308 |
244 |
- 64 |
- 35 |
- |
- |
- 29 |
Totaux |
9.269 |
5.830 |
- 3.439 |
- 2.368 |
- 975 |
- 124 |
28 |
Filiales |
|||||||
Luchaire à La chapelle |
384 |
359 |
- 25 |
- 38 |
- 65 |
84 |
- 6 |
Manurhin à Cusset |
604 |
446 |
- 158 |
- 123 |
- 61 |
40 |
- 14 |
(1) Transfert de la gestion des expatriés |
Comme pour la DCN, les ouvriers d'État bénéficient du départ en préretraite à 52 ans et à 55 ans. Les personnels sous convention collective bénéficient de préretraites à 56 et 57 ans. D'importants reclassements externes, notamment vers les armées, seront opérés.
Le coût de ce plan social a fait l'objet d'une provision de 3 milliards de francs passée dans les comptes de l'exercice 1997 qui ont de ce fait affiché une perte de 2,850 milliards de francs.
L'ensemble des actions ainsi conduites a permis une diminution importante des effectifs de l'entreprise. Ainsi, pour GIAT Industries stricto sensu, les personnels inscrits sont-ils passés de 14.412 lors de la constitution de la société le 1er juillet 1990 à 7.989 au 31 décembre 1999. A l'exception curieuse du centre de Satory, ces baisses ont concerné l'ensemble des sites de la société, principalement ceux dont la fermeture était programmée (Le Mans et Salbris) ou dont l'activité était destinée à être transférée (Rennes), ou ceux dont le destin reste encore incertain (Tarbes et Tulle), mais également ceux qui ont vocation à être maintenus en toute hypothèse (Bourges et Roanne).
Cette déflation s'est accompagnée d'une modification radicale de la structure socioprofessionnelle de GIAT Industries. Les ouvriers qui représentaient 65 % de l'effectif en 1990 et 51 % en 1994, n'étaient plus que 41 % fin 1998, l'objectif de fin 2002 se situant à 37 %. A l'inverse, la place des ingénieurs et cadres ne cesse de croître : de 10 % en 1990 , elle est passée à 16 % fin 1994, 18,4 % fin 1998 et devrait tendre vers 25 % fin 2002. Dès lors, les employés, techniciens et administratifs (ETAM) dont le nombre fin 1990 n'atteignait même pas 40 % de celui des ouvriers, étaient fin 1998 aussi nombreux que les ouvriers et sont devenus en septembre 1999 la catégorie la plus importante de l'entreprise.
Dans sa séance du 24 octobre, la commission des Finances, de l'Économie générale et du Plan a examiné les crédits de la Défense et les articles 33 et 34 rattachés à ce budget.
Après avoir remarqué que le projet de budget de la défense pour 2001 augmentait de 0,8 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2000 et qu'il était proche globalement de la loi de programmation militaire dont il respectait les principes, M. Jean-Michel Boucheron, votre Rapporteur spécial, a observé que le titre III, hors pensions, augmentait de 0,5 % par rapport à l'année dernière.
Ce budget se situe dans la continuité des tendances observées les années précédentes, c'est-à-dire la progression du titre III au détriment du titre V et la prépondérance des crédits de rémunérations et charges sociales au sein du titre III en raison de la professionnalisation. En matière de crédits de fonctionnement, des efforts significatifs sont faits en faveur de la Gendarmerie et de l'activité des forces, ce qui permettra une participation accrue aux exercices interalliés. La préoccupation principale porte sur les carburants, puisque la construction budgétaire pour 2001 repose sur un taux de change du dollar à 6,50 francs et sur un cours du baril de brut à 20 $, ce qui paraît manifestement insuffisant. Il faut se souvenir que la consommation en carburants est de l'ordre de 3 milliards de francs. Tout renchérissement du cours du pétrole a donc de fortes incidences budgétaires.
Le titre V, avec 83,4 milliards de francs de crédits de paiement, est trop serré et encore inférieur, aussi bien à l'annuité de la loi de programmation militaire (90,3 milliards) qu'à celle de la revue de programme (86,1 milliards de francs) malgré l'augmentation du potentiel résultant de la baisse du taux normal de la TVA.
La subvention au Centre national d'études spatiales est encore d'un montant de 1,250 milliard de francs alors que 623 millions de francs sont inscrits au titre des compensations données à la Polynésie pour l'arrêt des essais nucléaires. Il est très difficile d'assurer le contrôle de l'utilisation de ces fonds publics, compte tenu du caractère irrationnel, qui semble présider à leur affectation et de l'absence de moyens de contrôle indépendants sur le Territoire.
Les anciens arsenaux, c'est-à-dire GIAT Industrie et la Direction des constructions navales, largement subventionnés, pèsent toujours fortement sur le budget. La principale préoccupation du titre V est la baisse de 2,7 % des crédits destinés aux études, ce qui ne permettra même pas de stabiliser le fossé technologique qui nous sépare des États-Unis dans le domaine de la recherche de défense.
Le rapport écrit contiendra enfin des développements spécifiques consacrés aux services de renseignement dépendants du ministère de la Défense, à savoir la Direction générale de la sécurité extérieure et la Direction du renseignement militaire, qui rendent des services éminents au pays et qui souffrent d'un manque de reconnaissance alors qu'il convient de souligner leur appartenance de plein droit à l'organisation de l'État.
En conclusion, il faut souligner l'efficacité avec laquelle les armées sont en train d'affronter quatre révolutions majeures de leur environnement :
- la professionnalisation, qui constitue un mode de réforme de l'État d'une ampleur considérable sans aucun trouble ou contestation ; si l'armée de terre vit durement la réforme, elle l'applique cependant de manière continue ;
- l'internationalisation des programmes d'armement, la plupart des programmes ayant désormais une gestion multinationale, ce qui pose un problème de fond quant à la latitude de décision du Parlement français ;
- le changement dans les missions et les modes d'intervention, qui relèvent désormais de la projection et non plus de la dissuasion, avec toutes les conséquences sur la formation des hommes et l'évolution des matériels ;
- la baisse significative des crédits d'équipement de l'ordre de 30 % en 5 ans.
Tout en ayant conscience des faiblesses de ce budget, le Rapporteur spécial a cependant appelé à l'adopter.
M. Alain Rodet a successivement interrogé votre rapporteur spécial sur :
- les matériels mis à la disposition de l'armée de terre pour la projection de troupes ;
- l'admission au service actif du porte-avions Charles de Gaulle et les perspectives de réalisation d'un second porte-avions ;
- le montant et les modalités d'attribution des crédits du Fonds d'accompagnement de la professionnalisation.
M. Jean-Michel Boucheron, votre Rapporteur spécial, a apporté les réponses suivantes :
- s'agissant des moyens de projection, le projet de budget ne prévoit pas d'autorisations de programme pour le lancement de l'avion de transport, mais le Gouvernement s'est engagé à fournir les moyens correspondants prochainement. En revanche, le budget permettra de financer le véhicule de combat d'infanterie indispensable au transport de troupes, notamment sur des théâtres extérieurs ainsi que les nouveaux transports de chalands de débarquement ;
- le porte-avions Charles de Gaulle a connu quelques problèmes de réglage, ce qui n'est pas étonnant au regard de la haute technologie déployée sur ce programme, mais il sera déclaré opérationnel dans les six mois, au terme de sa traversée de haute mer ;
- un second porte-avions est indispensable et, ce, à brève échéance, compte tenu des périodes d'indisponibilité du premier et il serait préférable qu'il soit à propulsion nucléaire pour des raisons financières, puisque cela permettra d'économiser le coût de la recherche et du développement ;
- le Fonds d'accompagnement est doté de 917 millions pour 2001, dont 627 millions de francs pour les pécules qui permettent le départ anticipé des cadres militaires et leur retour à la vie civile.
Sur la proposition de votre Rapporteur spécial, la commission a adopté les crédits de la défense, ainsi que les articles 33 et 34 du projet de loi de finances pour 2001, rattachés à ces crédits.
Dépenses ordinaires des services militaires
Texte du projet de loi :
I.- Il est ouvert au ministre de la défense, pour 2001, au titre des mesures nouvelles de dépenses ordinaires des services militaires, des autorisations de programme s'élevant à la somme de 814.855.000 francs, applicables au titre III « Moyens des armes et services ».
II.- Pour 2001, les crédits de mesures nouvelles de dépenses ordinaires des services militaires applicables au titre III « Moyens des armes et services » s'élèvent au total à la somme de 692.381.000 francs.
Exposé des motifs du projet de loi :
La comparaison des crédits ouverts en 2000 à ceux prévus pour 2001 au titre des dépenses ordinaires militaires (mesures nouvelles) figure au II de la partie « Analyses et tableaux annexes » du présent projet de loi.
Les justifications par chapitre sont présentées dans l'annexe « Services votés - Mesures nouvelles » relatives au budget de la Défense.
Observations et décision de la Commission :
Votre commission des Finances a adopté l'article 33 portant ouverture des autorisations de programme (entretien programmé des matériels) et des crédits correspondant aux mesures nouvelles des dépenses ordinaires du budget de la Défense et vous demande d'émettre un avis favorable à son adoption.
Dépenses en capital des services militaires
Texte du projet de loi :
I.- Il est ouvert au ministre de la défense, pour 2001, au titre des mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des autorisations de programme ainsi réparties :
Titre V "Équipement".................................................................................................... |
81.371.965.000 F. |
Titre VI "Subventions d'investissement accordées par l'État"....................................... |
3.351.410.000 F. |
______________ | |
Total.............................................................................................................................. |
84.723.375.000 F. |
II.- Il est ouvert au ministre de la défense, pour 2001, au titre des mesures nouvelles sur les dépenses en capital des services militaires, des crédits de paiement ainsi répartis :
Titre V "Équipement".................................................................................................... |
23.605.263.000 F. |
Titre VI "Subventions d'investissement accordées par l'État"....................................... |
2.177.023.000 F. |
_____________ | |
Total............................................................................................................................... |
25.782.286.000 F. |
Exposé des motifs du projet de loi :
La comparaison, par titre, des autorisations de programme et des crédits de paiement prévus pour 2001, au titre des dépenses militaires en capital, avec les autorisations de programme et les crédits de paiement accordés en 2000, figure au II de la partie « Analyses et tableaux annexes » du présent projet de loi
Les justifications détaillées par chapitre sont présentées dans l'annexe « Services votés - Mesures nouvelles » relative au budget de la défense.
Observations et décision de la Commission :
Votre commission des Finances a adopté l'article 34 portant ouverture des autorisations de programme et des crédits de paiement correspondant aux mesures nouvelles des dépenses en capital du budget de la Défense et vous demande d'émettre un avis favorable à son adoption.
· M. Jean-Claude Mallet, secrétaire général de la Défense nationale.
· Général Jean-Pierre Kelche, chef d'état-major des armées.
· Amiral Jean-Luc Delaunay, chef d'état-major de la Marine.
· Général Jean-Pierre Job, chef d'état-major de l'armée de l'Air.
· Général Yves Crène, chef d'état-major de l'armée de Terre.
· M. Pierre Steinmetz, directeur général de la Gendarmerie nationale.
· M. Jean-Yves Helmer, délégué général pour l'armement.
· M. Jean-François Hébert, secrétaire général pour l'administration.
· M. Jean-Marie Poimb_uf , directeur des constructions navales
· M. Jean-Claude Cousseran,, directeur général de la sécurité extérieure.
· Amiral Yves de Kersauson, directeur du renseignement militaire.
· M. Alain Delpuech, directeur des applications militaires du CEA.
· M. Marc Perrin de Brichambaut, directeur de la Délégation aux affaires stratégiques.
· M. Jacques Leïchlé, délégué au développement économique et social de la Polynésie française
· M. Denis Ranque, président de Thomson CSF.
· MM. Charles Edelstenne et Bruno Revellin-Falcoz, président et vice-président de Dassault Aviation.
· M. Philippe Camus, co-président du directoire du groupe EADS
· M. Denis Verret, vice-président affaires politiques France du groupe EADS..
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N° 2624.- Rapport de M. Jean-Michel Boucheron, au nom de la commission des finances, sur le projet de loi de finances pour 2001.- Annexe n° 40 : Défense.
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