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le 5 novembre 2001
N° 3320
______
ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 11 octobre 2001.
RAPPORT
FAIT
AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE L'ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN (1) SUR
LE PROJET DE loi de finances pour 2002 (n°3262),
PAR M. DIDIER MIGAUD,
Rapporteur Général,
Député.
--
ANNEXE N° 34
JUSTICE
Rapporteur spécial : M. Patrick DEVEDJIAN
Député
____
(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.
Lois de finances.
La commission des finances, de l'économie générale et du plan est composée de : M. Henri Emmanuelli, président ; M. Michel Bouvard, M. Jean-Pierre Brard, M. Yves Tavernier, vice-présidents ; M. Pierre Bourguignon, M. Jean-Jacques Jégou, M. Michel Suchod, secrétaires ; M. Didier Migaud, Rapporteur Général ; M. Maurice Adevah-Poeuf, M. Philippe Auberger, M. François d'Aubert, M. Dominique Baert, M. Jean-Pierre Balligand, M. Gérard Bapt, M. François Baroin, M. Alain Barrau, M. Jacques Barrot, M. Christian Bergelin, M. Éric Besson, M. Alain Bocquet, M. Augustin Bonrepaux, M. Jean-Michel Boucheron, Mme Nicole Bricq, M. Christian Cabal, M. Jérôme Cahuzac, M. Thierry Carcenac, M. Gilles Carrez, M. Henry Chabert, M. Jean-Pierre Chevènement, M. Didier Chouat, M. Alain Claeys, M. Charles de Courson, M. Christian Cuvilliez, M. Arthur Dehaine, M. Yves Deniaud, M. Michel Destot, M. Patrick Devedjian, M. Laurent Dominati, M. Julien Dray, M. Tony Dreyfus, M. Jean-Louis Dumont, M. Daniel Feurtet, M. Pierre Forgues, M. Gérard Fuchs, M. Gilbert Gantier, M. Jean de Gaulle, M. Hervé Gaymard, M. Jacques Guyard, M. Pierre Hériaud, M. Edmond Hervé, M. Jean-Louis Idiart, Mme Anne-Marie Idrac, M. Michel Inchauspé, M. Jean-Pierre Kucheida, M. Marc Laffineur, M. Jean-Marie Le Guen, M. Guy Lengagne, M. Maurice Ligot, M. François Loos, M. Alain Madelin, Mme Béatrice Marre, M. Pierre Méhaignerie, M. Louis Mexandeau, M. Gilbert Mitterrand, M. Gilles de Robien, M. Alain Rodet, M. José Rossi, M. Nicolas Sarkozy, M. Gérard Saumade, M. Philippe Séguin, M. Georges Tron, M. Jean Vila.
INTRODUCTION 9
CHAPITRE PREMIER : L'EXÉCUTION DES BUDGETS 2000 ET 2001 15
I.- L'EXERCICE 2000 15
II.- L'EXERCICE 2001 17
CHAPITRE II : L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE ET L'INFORMATIQUE 19
I.- L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE 19
A.- LA PROGRESSION DES MOYENS 19
B.- ORGANISATION DU MINISTÈRE 20
II.- L'INFORMATIQUE 21
A.- LES PROGRAMMES D'ÉQUIPEMENT INFORMATIQUE DE LA JUSTICE 21
1.- La mise en _uvre d'un nouveau schéma directeur 22
2.- Administration centrale et casier judiciaire national 23
3.- L'informatique judiciaire 23
a) L'informatique nationale et l'informatique d'initiative locale 23
b) L'informatique pénale 24
c) L'informatique civile 25
4.- L'informatique pénitentiaire 26
B.- DES MOYENS EN PROGRESSION 27
1.- Les moyens humains 28
2.- Les moyens budgétaires 29
CHAPITRE III : LES SERVICES JUDICIAIRES 29
I.- L'ÉVOLUTION DE L'ACTIVITÉ DES JURIDICTIONS EN 2000 29
A.- LES JURIDICTIONS CIVILES 29
B.- LES JURIDICTIONS PÉNALES 33
II.- LES RESSOURCES HUMAINES 34
A.- LA RÉFORME DU STATUT DES MAGISTRATS 34
B.- LES EFFECTIFS 36
1.- Les magistrats 36
a) Des magistrats plus nombreux 36
b) Le recrutement 38
c) Des assistants de justice en nombre 41
C.- RÉPARTITION DES MAGISTRATS ENTRE JURIDICTIONS 42
2.- Le personnel des greffes judiciaires 44
a) Les effectifs de fonctionnaires et d'agents de justice 44
b) La réforme du corps des greffiers 45
B.- LES RÉMUNÉRATIONS 46
III.- LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT 48
A.- LE FONCTIONNEMENT MATÉRIEL DES SERVICES JUDICIAIRES 48
1.- La réforme de la gestion administrative et financière des juridictions 48
a) L'organisation de la déconcentration par l'administration centrale 49
b) L'échelon régional de la cour d'appel 50
c) L'échelon local de l'arrondissement judiciaire 53
2.- Une progression des moyens 54
B.- LES CHAPITRES ÉVALUATIFS DES FRAIS DE JUSTICE ET DES RÉPARATIONS CIVILES 55
1.- Les frais de justice 55
a) Évolution des frais de justice jusqu'en 2000 55
b) Une volonté de maîtrise des dépenses 56
c) La mise en place d'un suivi des dépenses de frais de justice 57
d) Évolutions prévues en 2001 et 2002 58
2.- Les réparations civiles 58
C.- L'AIDE JURIDIQUE 59
1.- L'aide juridictionnelle : un dispositif victime de son succès 59
a) Une adaptation régulière 60
b) Un ralentissement des demandes 61
c) Les perspectives de réforme 62
d) Évolution de la dépense de l'État au cours des cinq dernières années (1996-2000) et perspectives 2001-2002 64
2.- L'accès au droit 65
a) Le dispositif légal et réglementaire 65
b) Les moyens financiers et humains de sa mise en _uvre 66
3.- L'intervention de l'avocat au cours de la garde à vue 67
IV.- L'ÉQUIPEMENT JUDICIAIRE 68
A.- LA CONSTRUCTION D'UN PALAIS DE JUSTICE : UN PROCESSUS LONG ET COMPLEXE 69
B.- LES OPÉRATIONS DÉCONCENTRÉES 69
C.- LE PROGRAMME PLURIANNUEL D'ÉQUIPEMENT 73
D.- LE PALAIS DE JUSTICE DE PARIS 75
CHAPITRE IV : LES SERVICES PÉNITENTIAIRES 76
I.- LA PRISE EN CHARGE DE LA POPULATION PÉNALE 77
A.- L'INFLATION CARCÉRALE MAÎTRISÉE ? 77
B.- LE DÉVELOPPEMENT DU « MILIEU OUVERT » 82
1.- L'évolution des différentes mesures 82
2.- La réforme des services pénitentiaires d'insertion et de probation 83
3.- Les grands axes du développement des alternatives à l'incarcération 84
II.- LES PERSONNELS PÉNITENTIAIRES 85
A.- UNE AUGMENTATION DES MOYENS 85
1.- La progression des effectifs 85
2.- L'amélioration des situations statutaires et indemnitaires 87
a) Les modifications statutaires 87
b) Les revalorisations indemnitaires 88
B.- DES PROBLÈMES RÉCURRENTS DE GESTION DU PERSONNEL 88
1.- Des vacances de postes préjudiciables au fonctionnement du service public 88
2.- Des difficultés de recrutement 89
C.- L'ÉCOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE 90
III.- L'ÉQUIPEMENT PÉNITENTIAIRE 90
A.- UN PARC PÉNITENTIAIRE SOUS-DIMENSIONNÉ ET INADAPTÉ 91
1.- Un parc pendant longtemps délaissé 91
2.- Un parc vétuste, dégradé et inadapté 91
3.- Un parc à moderniser 92
a) Les rénovations 92
b) Les constructions 93
B.- DES VOLUMES DE CRÉDITS TRÈS IMPORTANTS ET PEU CONSOMMÉS 94
CHAPITRE V : LA PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE 97
I.- LES ORIENTATIONS POLITIQUES DU GOUVERNEMENT 97
II.- LA PRISE EN CHARGE DES JEUNES 98
A.- LA POPULATION PRISE EN CHARGE 98
B.- LES MODES D'ACTION DE LA PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE 99
1.- Les mesures d'investigation 100
2.- Les modalités de la prise en charge des jeunes en difficulté 100
III.- LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT 101
A.- LES MOYENS HUMAINS 101
B.- LES MOYENS MATÉRIELS DE FONCTIONNEMENT (DONT INFORMATIQUE) 104
IV.- LES INVESTISSEMENTS 105
CHAPITRE VI : LES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES 107
I.- UNE ACTIVITÉ EN AUGMENTATION CONSTANTE 107
A.- LES TRIBUNAUX ADMINISTRATIFS 108
B.- LES COURS ADMINISTRATIVES D'APPEL 109
C.- LE CONSEIL D'ÉTAT 110
II.- DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT RENFORCÉS 110
A.- LES RESSOURCES HUMAINES : UNE PROGRESSION SENSIBLE DES EFFECTIFS CONFIRMÉE EN 2002 110
1.- Les effectifs 111
a) Les magistrats 111
b) Le personnel des greffes 113
2.- Statut et rémunérations 114
a) La réforme du statut des magistrats 114
b) Le statut des greffes 114
c) Les rémunérations 115
B.- LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT MATÉRIEL 116
III.- LES INVESTISSEMENTS 117
A.- LES TRIBUNAUX ADMINISTRATIFS ET LES COURS ADMINISTRATIVES D'APPEL 117
B.- LE CONSEIL D'ÉTAT 118
EXAMEN EN COMMISSION 119
ARTICLE 74 : Aide à l'intervention de l'avocat pour l'assistance aux détenus au cours de procédures disciplinaires 121
ARTICLE 75 : Modification des modalités d'avance des frais de justice par le Trésor public dans le cadre des procédures collectives. 124
ARTICLE 76 : Participation des barreaux au financement de la formation professionnelle des avocats. 127
En 2002, le budget de la Justice progressera de 5,68% pour atteindre 1,74% du budget de l'État, comparé à 1,69% en 2001. Cette progression est importante puisqu'elle est de 3,7 points supérieure à celle du budget général. Mais elle est moindre que l'an dernier où elle atteignait 6,35%. En effet, si les dépenses ordinaires augmentent de 6,29%, les dépenses en capital (crédits de paiement) diminuent de 6,93% et les autorisations de programme de 13,7%. Cette diminution des crédits d'équipement est signe de meilleure gestion budgétaire, compte tenu de la difficulté récurrente de la Chancellerie à les consommer.
2.792 création emplois brutes sont prévues dans le projet de loi de finances pour 2002, ramené à 2.764 en net (). C'est plus encore que l'an passé où 1.550 emplois bruts (1.378 en net) avaient été créés. Sont ainsi créés 360 postes de magistrats (320 pour les services judiciaires, 40 pour les juridictions administratives), 525 personnels de greffe, 1221 personnels de surveillance, 118 personnels d'éducation et 150 éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse.
Ainsi de 1998 à 2002, le ministère de la justice aura bénéficié de 7.273 créations brutes d'emplois dont 1.049 magistrats de l'ordre judiciaire, 2.114 personnels de surveillance et 803 chefs de service éducatif et éducateurs de la protection judiciaire de la jeunesse.
Votre Rapporteur spécial se félicite de cette augmentation du budget de la justice qui s'inscrit dans une tendance à long terme et reconnaît que des efforts budgétaires importants sont mis en _uvre. Pourtant, quatre critiques d'ordre général peuvent être formulées.
D'abord, cette augmentation semble largement insuffisante au vu des réformes engagées par le Gouvernement, sans que les moyens nécessaires aient été prévus ; ainsi, comme l'a récemment démontré le rapport de l'Inspection générale des services judiciaires, la loi du 15 juin 2000 relative à la protection de la présomption d'innocence a entraîné une surcharge de travail et des difficultés organisationnelles pour l'ensemble des juridictions que les nouveaux crédits ne suffiront probablement pas à réduire.
De même, le passage aux 35 heures au ministère de la justice semble particulièrement difficile et les abondements inscrits dans le projet de loi de finances 2002 pour tenir compte des dépenses réelles (heures supplémentaires et astreintes) lors de la mise en place de l'aménagement et la réduction du temps de travail sont insuffisants. Il est à craindre, que comme à son habitude, la Chancellerie accepte, sous la pression, des dispositions qu'elle n'avait pas anticipées et qui ne sont donc pas financées. En fait, il semble que près de la moitié des créations d'emplois annoncées soient prévues pour faire face au passage aux 35 heures, ce malgré la règle fixée par le gouvernement indiquant que le passage aux 35 heures dans la fonction publique ne doit pas s'accompagner de créations d'emplois. Ces créations réduisent d'autant le nombre de magistrats et fonctionnaires qui vont effectivement renforcer les juridictions et les services. A ce titre, les annonces de création d'emplois sont en partie des trompe-l'_il.
Par ailleurs, l'incapacité chronique du ministère de la justice à consommer ses crédits d'équipement se confirme cette année encore. En 2000, le taux de consommation des crédits inscrits au chapitre 57-60 a été de 45,7% et au 31 août 2001, il n'était que de 31,13%. La situation est particulièrement préoccupante pour les crédits d'équipement pénitentiaires : le taux de consommation a été de 38,8% en 2000, après 37,8% en 1999 et au 31 août 2001, ce taux n'était que 27,6%. La capacité d'absorption de ces crédits par le ministère est bien inférieure aux crédits ouverts ce qui provoque des reports de crédits d'un exercice sur l'autre de plus en plus importants. Ils ont atteint 223,12 millions d'euros (1,464 milliard de francs) à l'issue de l'exercice 2000 et devraient atteindre le même montant cette année. Or ce projet de loi de finances n'intègre cette réalité que pour les crédits des services judiciaires et pas pour ceux des services pénitentiaires qui bénéficient de 102,35 millions d'euros (671 millions de francs) supplémentaires alors que les reliquats tourneront autour de 100 millions d'euros (660 millions de francs).
Enfin, les réformes de structures tardent :
· La Mission de réforme de la carte judiciaire s'est enlisée après avoir supprimé quelques tribunaux de commerce (le deuxième décret supprimant de nouveaux tribunaux de commerce n'est toujours pas paru) ;
· Les services administratifs régionaux (pour lesquels 35 postes de greffiers sont certes prévus pour 2002) ne figurent toujours pas dans le code de l'organisation judiciaire et aucune revalorisation indemnitaire n'est prévue pour leurs coordonnateurs, faute de réforme du statut des greffes...
· La création de l'agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la justice et la baisse des crédits de paiement au titre V qui sont le signe d'un début de rationalisation de la politique d'équipement du ministère. Pour autant, cette logique n'a pas été suivie pour les crédits d'équipement pénitentiaires qui vont encore être abondés cette année de 102,35 millions d'euros (671,4 millions de francs) alors que les reports de 2001 atteindront probablement 76,22 millions d'euros (500 millions de francs)
Comme l'indiquait votre Rapporteur spécial en conclusion des travaux de la mission d'évaluation et de contrôle, l'augmentation des crédits est nécessaire, mais elle n'est rien sans les réformes structurelles qui doivent l'accompagner. Ce jugement reste valide à l'issue de ce projet de loi de finances.
Modification de nomenclature au PLF 2002
Le projet de loi de finances pour 2002 propose :
- de supprimer le chapitre 34-13 « Frais d'état-civil », compte tenu du transfert aux maires et à leurs adjoints, officiers d'état-civil, du service public de l'état civil. Les crédits inscrits sur le budget du ministère de la justice au titre de ce chapitre (1,318 millions d'euros soit 8,648 millions de francs) sont supprimés ;
- de créer un nouvel article 11 sur le chapitre 36-10 « Subvention de fonctionnement aux établissements publics et aux budgets annexes », compte tenu de la création d'un établissement public national à caractère administratif dénommé agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la justice. Cet établissement aura pour mission d'assurer, à la demande de l'État ou avec son accord, les opérations de construction, d'aménagement, de réhabilitation, de restauration ou de réutilisation d'immeubles de l'État ou d'autres personnes publiques, destinés au service public de la justice.
- de créer trois nouveaux articles 71, 72, et 73 sur le chapitre 57-60 « Équipement » compte tenu de la création de l'agence. Ces créations se justifient pour toutes les opérations qui seront opérées sous convention de mandat, par les services judiciaires (article 71) ou par les services pénitentiaires (article 73). L'article 72 sera consacré au nouveau TGI de Paris et l'article 70 du chapitre 57-60 est donc supprimé.
EFFECTIFS BUDGÉTAIRES DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE DE 1991 À 2002 | |||||||||||||
Effectifs 1991 |
Effectifs 1992 |
Effectifs 1993 |
Effectifs 1994 |
Effectifs 1995 |
Effectifs 1996 |
Effectifs 1997 |
Effectifs 1998 |
Effectifs 1999 |
Effectifs 2000 |
Effectifs 2001 |
Effectifs 2002 |
||
Total des effectifs |
56.085 |
56.628 |
57.207 |
57.707 |
58.361 |
59.775 |
60.102 |
60.864 |
61.794 |
63.031 |
64.409 |
67.173 | |
dont CNIL et Recherche |
44 |
48 |
52 |
54 |
55 |
55 |
56 |
57 |
57 |
58 |
70 |
74 | |
Administration centrale |
2.587 |
2.726 |
1.798 |
1.814 |
1.800 |
1.806 |
1.763 |
1.763 |
1.770 |
1.780 |
1.802 |
1.863 | |
1. Administration centrale |
1.490 |
1.527 |
1.575 |
1.605 |
1.590 |
1.592 |
1.554 |
1.553 |
1.560 |
1.574 |
1.596 |
1.645 | |
2. Services extérieurs communs (1) |
1.097 |
1.199 |
223 |
209 |
210 |
214 |
209 |
210 |
210 |
206 |
206 |
218 | |
Services judiciaires |
24.535 |
24.560 |
24.558 |
24.590 |
24.668 |
25.194 |
25.290 |
25.590 |
25.916 |
26.290 |
26.803 |
27.601 | |
1. Magistrats |
5.901 |
5.909 |
5.934 |
5.974 |
6.029 |
6.087 |
6.117 |
6.187 |
6.327 |
6.539 |
6.846 |
7.144 | |
2. Fonctionnaires |
18.634 |
18.651 |
18.624 |
18.616 |
18.639 |
19.107 |
19.173 |
19.403 |
19.589 |
19.751 |
19.957 |
20.457 | |
Administration pénitentiaire |
21.631 |
21.927 |
23.071 |
23.476 |
23.899 |
24.619 |
24.786 |
25.086 |
25.474 |
25.868 |
26.233 |
27.755 | |
1. Personnel de surveillance |
17.791 |
18.135 |
18.470 |
18.795 |
19.146 |
19.622 |
19.727 |
19.771 |
19.987 |
20.256 |
20.529 |
21.749 | |
2. Autres |
3.840 |
3.792 |
4.601 |
4.681 |
4.753 |
4.997 |
5.059 |
5.315 |
5.487 |
5.612 |
5.704 |
6.006 | |
Protection judiciaire de la jeunesse |
5.601 |
5.606 |
5.894 |
5.889 |
5.978 |
6.085 |
6.145 |
6.245 |
6.393 |
6.768 |
7.144 |
7.439 | |
1. Personnel de surveillance |
3.082 |
3.113 |
3.203 |
3.213 |
3.265 |
3.327 |
3.394 |
3.452 |
3.572 |
3.865 |
4.105 |
4.287 | |
2. Autres |
2.519 |
2.493 |
2.691 |
2.676 |
2.713 |
2.758 |
2.751 |
2.793 |
2.821 |
2.903 |
3.039 |
3.152 | |
Juridictions administratives |
1.687 |
1.761 |
1.834 |
1.884 |
1.961 |
2.016 |
2.062 |
2.123 |
2.184 |
2.267 |
2.357 |
2.441 | |
1. Magistrats |
768 |
779 |
789 |
800 |
822 |
842 |
858 |
879 |
900 |
940 |
981 |
1.021 | |
2. Fonctionnaires |
919 |
982 |
1.045 |
1.084 |
1.139 |
1.174 |
1.204 |
1.244 |
1.284 |
1.327 |
1.376 |
1.420 | |
NB : Depuis septembre 1997 le ministère de la justice n'est plus soumis à aucune mise en réserve d'emplois vacants, disposant ainsi de l'intégralité des emplois budgétaires. | |||||||||||||
(1) En 1993, les emplois d'assistants sociaux et d'infirmiers ont été transférés aux services pénitentiaires et à la protection judiciaire de la jeunesse, directions affectataires de ces emplois. | |||||||||||||
(2) Dans le projet de loi de finances pour 2001, compte tenu de la transformation de l'École nationale d'administration pénitentiaire en établissement public à compter du 1er janvier 2001, 171 emplois des services pénitentiaires ont changé d'imputation budgétaire (passage du chapitre 31-90 article 40 au chapitre 36-10, article 51). |
ÉVOLUTION ET PART RELATIVE DES CRÉDITS DE PAIEMENT PAR SERVICES DEPUIS 1999 (en millions d'euros) | ||||||||||||||
Crédits de paiement LFI 1999 |
Part relative (en %) |
Variation 1999/1998 (en %) |
Crédits de Paiement LFI 2000 |
Part relative (en %) |
Variation 2000/1999 (en %) |
Crédits de Paiement LFI 2001 |
Part relative (en %) |
Variation 2001/2000 (en %) |
Crédits de Paiement LFI 2002 |
Part relative (en %) |
Variation 2002/2001 (en %) |
|||
Services judiciaires |
1.778,76 |
44,42 |
5,70 |
1.790,2 |
43,02 |
0,64 |
1.921,3 |
43,32 |
7,32 |
2.002,6 |
42,72 |
4,23 | ||
Services pénitentiaires |
1,131,46 |
28,26 |
5,79 |
1.198 |
28,78 |
5,88 |
1.262,4 |
28,46 |
5,38 |
1.384,9 |
29,55 |
9,70 | ||
Administration centrale et services communs |
524,33 |
13,1 |
3,57 |
535,77 |
12,87 |
2,17 |
554,84 |
12,51 |
3,56 |
590,62 |
12,60 |
6,45 | ||
Protection judiciaire de la jeunesse |
422,43 |
8,65 |
10,55 |
484,7 |
11,65 |
14,73 |
534,37 |
12,05 |
10,25 |
539,67 |
11,51 |
0,99 | ||
Conseil d'État et juridictions administratives |
123,48 |
3,08 |
7,53 |
128,9 |
3,10 |
4,44 |
135,76 |
3,06 |
5,32 |
142,82 |
3,05 |
5,20 | ||
Autres (1) |
23,58 |
0,59 |
0,19 |
24,14 |
0,58 |
2,13 |
26,57 |
0,60 |
10,07 |
26,74 |
0,57 |
0,63 | ||
Total |
4.004,0 |
100 |
5,61 |
4.161,7 |
100 |
3,94 |
4.435,3 |
100 |
6,57 |
4.687,4 |
100 |
5,68 | ||
(1) Ordre de la Libération, Ordre de la Légion d'honneur, Commission nationale de l'informatique et des libertés, Commission nationale des comptes de | ||||||||||||||
Source : ministère de la justice. |
Évolution des dotations budgétaires par agrégat
Les crédits de paiement de l'administration centrale atteindront 584,726 millions d'euros (3,835 milliards de francs) en 2002 (hors les Ordres et l'agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la justice), soit une hausse de 5,4%. Cela représente 12,47 % des crédits. L'administration centrale bénéficiera de 32 créations brutes d'emplois destinées essentiellement au renforcement des tâches de direction et de gestion
Les crédits des services judiciaires atteindront 2.002,61 millions d'euros (13,13 milliards de francs) en 2002 soit une hausse de 4,2% ; ceci représente 42,72% des crédits du ministère. L'effectif des services judiciaires atteindra 27.601 agents en 2002, 320 emplois de magistrats, 510 emplois de fonctionnaires et 15 emplois de contractuels étant prévus au projet de loi de finances pour 2002.
Les crédits des services pénitentiaires atteindront 1.384,9 millions d'euros (9,08 milliards de francs) en 2002 soit une hausse de 9,7% ; ces services sont les principaux bénéficiaires de ce projet de loi de finances 2002. Cela représente 29,55% des crédits. 27.755 agents seront affectés aux services pénitentiaires en 2002. 1.525 créations d'emplois sont inscrites dans le projet de loi de finances pour 2002 dont 1.221 emplois de surveillance.
Les crédits de la protection judiciaire de la jeunesse atteindront 539,67 millions d'euros en crédits de paiement (3,54 milliards de francs) soit une hausse de 4,8% pour le secteur public et 11,51% des crédits justice. L'effectif s'élèvera à 7.439 agents en 2002.
Les crédits des juridictions administratives atteindront 142,824 millions d'euros en 2002 (936,86 millions de francs) soit une hausse de 5,2% et représentent 3,05% des crédits justice du projet de loi de finances 2002. Le personnel sera de 2.441 agents en 2002. En effet 86 emplois sont créés, soit légèrement moins que les années précédentes, dont 40 magistrats et 46 emplois de greffiers.
L'EXÉCUTION DES BUDGETS 2000 ET 2001
Au titre de la gestion 2000, le ministère de la Justice a bénéficié d'une ressource globale de 4,19 milliards d'euros (27,476 milliards de francs, en augmentation de 26,95 millions d'euros (176,8 millions de francs) par rapport à la dotation initiale. Malheureusement, la dépense constatée a été très faible et s'est traduite par un report de 388 millions d'euros (2,546 milliards de francs) soit 9,3% des crédits initiaux. L'exercice 2001 s'annonce moins favorable concernant les crédits disponibles, mais meilleur au niveau de la consommation de ces crédits.
Au titre de la gestion 2000, le ministère de la justice a bénéficié d'une ressource globale de 4,189 milliards d'euros (27,48 milliards de francs), en augmentation de 26,95 millions d'euros (176,8 millions de francs) par rapport à la loi de finances initiale. Les principales modifications intervenues en cours de gestion concernent :
· le transfert de crédits de pensions civiles au budget des charges communes (403,94 millions d'euros soit 2,65 milliards de francs) et le transfert des cotisations maladie (129,58 millions d'euros, soit 850 millions de francs) ;
· l'annulation dans le cadre du contrat de gestion de 48,02 millions d'euros (315 millions de francs) ;
· l'ouverture de 5,96 millions d'euros (39,1 millions de francs) de fonds de concours ;
· l'ouverture par arrêté de répartition de 8,11 millions d'euros (53,2 millions de francs) ;
· l'ouverture en loi de finances rectificative de 24,45 millions d'euros (160,4 millions de francs) dont 12,20 millions d'euros (80 millions de francs) au chapitre 37-98 et 10,67 millions d'euros (70 millions de francs) au chapitre 46-01 au titre de la réforme du statut des commissaires-priseurs ;
· l'ouverture en loi de finances rectificative de crédits d'équipement, notamment pour de nouvelles constructions d'équipement pénitentiaires et judiciaires pour 19,12 millions d'euros (125,45 millions de francs) ;
· les reports de crédits d'équipement de 1999 sur 2000 pour 184,97 millions d'euros (1,213 milliard de francs).
L'écart entre la dotation initiale (4,138 milliards d'euros, soit 27,146 milliards de francs) et la dépense constatée (3,701 milliards d'euros, soit 24.278 millions de francs), soit 487,53 millions d'euros (3,198 milliards de francs), représente plus de 11% des crédits ouverts, soit un triplement par rapport à 1999, année où les reports avaient déjà doublé par rapport à 1998. La capacité du ministère à absorber les crédits que le Parlement met à sa disposition, déjà contestée par la Cour des comptes en 1998 et 1999, peut également faire l'objet de vives critiques en 2000.
En crédits ordinaires, le taux de consommation des crédits disponibles est de 93% (contre 94,3 en 1999). Cet écart provient des crédits de rémunérations principales et indemnitaires et de cotisations et prestations sociales. En effet, environ 68,45 millions d'euros (449 millions de francs) sont restés inutilisés, en raison de glissement dans le calendrier des concours et d'une dotation supérieure aux besoins réels en gestion, mais aussi du report sur l'année 2001, de la mise en _uvre de la réforme des commissaires-priseurs pour lesquels 79,27 millions d'euros (520 millions de francs) ont été provisionnés sur le budget de la justice et enfin d'un reliquat de crédits disponibles sur les chapitres évaluatifs (30,03 millions d'euros, soit 197 millions de francs).
S'agissant des crédits d'équipement, les reports sur l'année 2001 sont de 223,12 millions d'euros (1,464 milliards de francs), (+ 18,6 %), et le taux de consommation a été de 45,7%.Ce taux continue donc de baisser : il était de 79,5% en 1997, 65,2% en 1998 et 48,8% en 1999. Ce reliquat résulte de deux facteurs qui sont un niveau de consommation plus faible et la constitution de provisions. Auparavant supérieur aux environs de 0,20 milliard d'euros/an (1,3 milliard de francs), (0,21 milliard d'euros, soit 1,366 milliard de francs en 1997), il est redescendu aux environs de 0,17 milliard d'euros/an (1,1 milliard de francs) à partir de 1998 (0,17 milliard d'euros, soit 1,115 milliard de francs, en 1998, 0,17 milliards d'euros, soit 1,132 milliard de francs, en 1999) et n'amorce une remontée qu'à compter de 2000 (0,18 milliard d'euros, soit 1,192 milliard de francs). Celle-ci devrait s'amplifier en 2001 et 2002, avec l'arrivée à maturité d'opérations lourdes.
Des provisions ont, par ailleurs, été constitués sur les exercices 1999 et 2000 pour les grands projets de construction qui ne pouvaient commencer significativement avant 2001. Cette pratique est régulièrement dénoncée par la Cour des comptes. Comme votre Rapporteur spécial le recommandait dans le rapport de la Mission d'évaluation et de contrôle, il serait de bonne gestion budgétaire de distinguer crédits d'étude et crédits de réalisation, prenant ainsi acte du fait que ces opérations de construction sont particulièrement longues (8 ans en moyenne) et que l'essentiel des crédits n'est consommé que pendant les deux dernières années, au moment de la construction proprement dite, une fois toutes les études et recherches de terrain réalisées.
Votre Rapporteur spécial, comme il l'avait déjà fait les années précédentes, déplore que la volonté d'afficher un budget en augmentation ne s'accompagne pas d'un emploi effectif des sommes adoptées par le Parlement, ce qui conduit à donner une valeur toute relative à l'autorisation parlementaire.
Au 31 août, les crédits ouverts atteignaient 4,42 milliards d'euros (28,967 milliards de francs), au lieu de 4,44 milliards d'euros (29,094 milliards de francs) inscrits en crédits initiaux. À cette date, les crédits consommés représentaient 65,4 % des crédits disponibles, soit près de 10 points de plus que l'an passé à la même date. Mais ce taux global masque des situations contrastées.
Ainsi, le taux de consommation des dépenses ordinaires, qui s'élève à 60,88 %, apparaît satisfaisant. On peut cependant constater un taux très faible, de 7,8 %, sur le chapitre 34-13 - Frais d'état civil, avec seulement 0,12 million d'euros (0,77 million de francs) de dépenses sur 9,9 millions de crédits ouverts. Le taux de consommation des crédits du chapitre 34-05 - Dépenses d'informatique et de télématique, qui représente 34,64 % des 57,38 millions d'euros (376,4 millions de francs) de crédits ouverts (48,63 millions d'euros, soit 319 millions de francs de crédits initiaux) semble également particulièrement peu élevé. Il appert que la consommation des crédits du chapitre 37-61 - Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. Dépenses relatives aux élections, avec un taux de 21,4 %, reste aussi très faible.
Mais la situation la plus inquiétante caractérise les dépenses en capital, même si l'on tient compte du rythme traditionnellement plus lent de consommation de cette catégorie de dépenses. En effet, au 31 août 2001, le taux de consommation des crédits de paiement pour investissements s'élevait à 31,097 %. Cette situation, qui a déjà fait l'objet de critiques pour l'exercice 2000, traduit un écart très important entre crédits disponibles et capacité d'engagement du ministère de la justice. Il en résulte, à la fin de chaque exercice, des reports de crédits importants, automatiques dans le cas des crédits d'investissement. L'ouverture, au 31 août 2000, de 410,70 millions d'euros (2,694 milliards de francs) de crédits, à comparer avec les 204,43 millions d'euros (1,341 milliards de francs) de crédits initiaux, traduit parfaitement cette évolution. Ainsi, après huit mois d'opérations, les crédits encore disponibles représentent près du double des crédits adoptés par le Parlement dans la loi de finances initiale.
L'ADMINISTRATION GÉNÉRALE ET L'INFORMATIQUE
Entre 2001 et 2002, les crédits de l'administration générale, regroupés dans l'agrégat 31, passeront de 581,4 millions d'euros (3,813 milliards de francs) à 617,4 millions d'euros (4,05 milliards de francs), (+ 6,2 %). Ces crédits représentent 13,16 % des crédits de la justice, soit quasiment autant que l'an dernier
L'administration générale regroupe les services du ministère dont la tâche est de mettre en _uvre le droit civil et pénal, et de gérer les moyens du ministère en emplois et en crédits : direction des affaires civiles et du sceau, direction des affaires criminelles et des grâces, service des affaires européennes et internationales, de la directions des services judiciaires, de l'administration pénitentiaire, de la protection judiciaire de la jeunesse, de la direction de l'administration générale et de l'équipement, de la délégation générale au programme pluriannuel d'équipement, du service de l'information et de la communication, des centres de prestations régionaux, des antennes régionales de l'équipement. Cette fonction intègre également la subvention inscrite au budget de la justice des ordres de la Légion d'honneur et de la Libération, le casier judiciaire national, la Commission nationale de l'informatique et des libertés et de la Commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques (CNCCFP).
L'administration générale intègre les moyens de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) dont le budget devrait s'élever à 6,12 millions d'euros (40,13 millions de francs) pour 2002 (+ 4,36 % par rapport à 2001) et de la CNCCFP dont le budget devrait atteindre 2,39 millions d'euros (15,65 millions de francs), soit une baisse de 14% qui s'explique par l'ajustement aux besoins du chapitre 37-61 - Dépenses relatives aux élections qui se traduit par une baisse de 23,4 %. Certes, des élections municipales provoquent une plus grande charge de travail pour la Commission que des élections législatives mais votre Rapporteur s'étonne de l'importance de cette baisse à la veille d'une année électorale.
Pour la Chancellerie, la direction de l'administration générale et de l'équipement (DAGE) a un rôle transversal et gère l'ensemble des agents de l'administration centrale des directions ou services, soit 1 802 emplois budgétaires pour la loi de finances 2001.
Comme l'a souligné à juste titre la Cour des comptes, la DAGE n'a la maîtrise complète que d'environ 50% des effectifs en poste à l'administration centrale, des personnels des services déconcentrés venant renforcer les directions opérationnelles (soit environ 450 agents), auxquels s'ajoutent 168 magistrats d'administration centrale ou appartenant à l'inspection générale des services judiciaires, et 86 agents appartenant à des corps de services déconcentrés, mais gérés par leur direction d'origine, ainsi que 50 agents environ mis à disposition par d'autres administrations, et plus de 200 contractuels. Par ailleurs, 20% des recrutements environ lui échappent.
Aussi, tandis que les effectifs budgétaires de l'administration centrale se renforcent, la politique entreprise tend à faire diminuer la part prise par les agents des services déconcentrés dans les effectifs de la chancellerie, en augmentant progressivement les effectifs gérés par la DAGE, sans affecter le potentiel des directions "à réseaux" et comme le souhaite la Cour, lui donner un rôle croissant dans la définition des catégories et des effectifs nécessaires à laChancellerie pour exercer ses missions.
Le nombre d'emplois budgétaires de l'administration centrale est, en 2001, de 1802 agents, magistrats, fonctionnaires ou contractuels. 457 contractuels ou fonctionnaires, (dont plus de la moitié sont des agents de catégorie C), sont mis à disposition de l'administration centrale par les services déconcentrés. Inversement, 12 agents de l'administration centrale sont mis à disposition dans les services déconcentrés.
Pour 2002, il est demandé de créer 32 postes dont huit ingénieurs divisionnaires des travaux publics de l'État, sept attachés d'administration centrale, et huit contractuels, un effort étant notamment mis sur l'informatique.
Les transferts de 59 emplois permettront de régulariser des mises à disposition de fonctionnaires (28 greffiers et 4 attachés de la protection judiciaire de la jeunesse vers l'administration centrale), et des mises à disposition de magistrats pour pouvoir notamment inscrire au budget de l `administration centrale les magistrats de liaison dans des pays étrangers, actuellement prélevés sur les juridictions.
Votre Rapporteur spécial tient d'abord à regretter l'absence de nouveaux postes à l'Inspection générale des services judiciaires malgré les recommandations faites en ce sens dans le rapport de le mission d'évaluation et de contrôle. Ceci interrompt une heureuse évolution amorcée depuis 1997 et intervient au moment où la multiplication des missions confiées à l'inspection se traduit par une baisse du nombre d'enquêtes administratives au cours des sept premiers mois de l'année 2001, alors que ce sont précisément ces enquêtes qui doivent être développées.
Trois modifications majeures sont en cours de réalisation ou de préparation :
Dans son discours d'inauguration de l'École nationale de l'administration pénitentiaire, le 8 novembre 2000, le Premier ministre a annoncé la création d'un établissement public chargé d'assurer la construction ou la rénovation des principales structures immobilières du ministère.
Ce nouvel établissement, dénommé « agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la justice », est appelé à devenir le principal service constructeur de la Chancellerie. Il se substitue à la délégation générale au programme pluriannuel d'équipement. Le texte lui donnant son fondement juridique est paru à la fin de l'été (). Implantée rue du Château des Rentiers à Paris, l'agence remplacera à compter du 1er janvier 2002 la délégation générale au programme pluriannuel d'équipement, qui fait partie intégrante de l'administration centrale et qui assure à ce jour la maîtrise d'ouvrage des grands projets relatifs aux bâtiments judiciaires et pénitentiaires. L'agence de maîtrise d'ouvrage des travaux publics disposera de 40 emplois dont 25 par transfert des emplois affectés à la délégation générale au programme pluriannuel d'équipement.
Deux textes relatifs à des modifications de l'organisation de la direction des services judiciaires et de la direction des affaires criminelles et des grâces sont parus au Journal Officiel du 11 octobre 2001 ().
La réorganisation de la direction des services judiciaires a pour objet de mieux faire coïncider la structure de la direction avec ses nouvelles missions de service public. Elle repose sur trois principes :
· actualiser l'organisation du service en fonction des missions nouvelles qui lui sont confiées,
· harmoniser les fonctions dans les deux sous directions de personnel (magistrature et greffes),
· rendre plus lisible pour les services et les partenaires extérieurs l'organisation de cette composante de l'administration centrale.
La compétence informatique de la direction sera regroupée au sein d'un seul bureau, parallèlement à l'effort de transfert des compétences entrepris vers les services administratifs régionaux (SAR) et l'école nationale des greffes (ENG) en matière de formation dans ce domaine. Enfin, la « mission modernisation », rattachée au directeur, a la responsabilité d'accompagner les programmes d'action de modernisation du service public de la justice et l'amélioration du fonctionnement des juridictions.
La direction des affaires criminelles et des grâces a également fait l'objet d'une réorganisation en deux sous directions thématiques consacrées respectivement à la justice pénale générale et à la justice pénale spécialisée. Une cellule d'évaluation est rattachée au chef de service placé auprès du directeur.
La création d'un service de l'accès au droit et de l'aide aux victimes est envisagée. Un emploi de chef de service est créé à cet effet. Le nouveau service permettrait de réunir au sein de la nouvelle structure à créer des compétences réparties actuellement entre plusieurs directions (essentiellement la DAGE, la DACG et la DACS) : l'accès au droit (développement des maisons de la justice et du droit et des conseils départementaux de l'accès au droit), la politique de la ville et l'aide aux victimes.
Au début de 2001, les taux d'équipement en postes de travail étaient de 0,99 agent par poste pour les juridictions judiciaires, de 2,11 agents par poste pour les établissements pénitentiaires, de 2,39 agents par poste pour les services déconcentrés de la protection judiciaire de la jeunesse, et de 0,96 agent par poste pour l'administration centrale. En 1996, ces taux étaient respectivement de 1,61 agent, 5,38 agents, 4,49 agents et de 1,53 agent.
Après les difficultés éprouvées par le ministère en matière d'informatique à la fin des années quatre-vingt et au début des années quatre-vingt-dix, un nouveau schéma directeur, approuvé en juillet 1998 par le ministre et par le comité technique interministériel chargé de l'examen des schémas directeurs des administrations en mars 1999, a été mis en place. Il a dû prendre en compte des besoins très différents, qu'il s'agisse des juridictions judiciaires ou de l'administration pénitentiaire ou encore de la protection judiciaire de la jeunesse. Il faut à la fois assurer des liaisons entre de très nombreuses implantations, mais s'attacher également à prendre en compte les réalités locales. Pour faire face à ces contraintes, trois types de principes sont mis en _uvre :
· La facilitation des relations avec les usagers : développement de guichets uniques des greffes, traitement des demandes de bulletins du casier judiciaire, « mise en ligne » de formulaires administratifs sur Internet, projets d'échanges électroniques avec les professions judiciaires.
· La recherche d'une efficacité administrative supplémentaire : il s'agit en particulier de rattraper la sous-informatisation de la gestion des établissements pénitentiaires, de procurer de nouveaux outils de travail aux magistrats et de développer à côté des systèmes informatiques de production des « infocentres » permettant l'aide à la décision.
· Le décloisonnement des services pour accélérer la modernisation. À ce titre, le ministère dispose depuis fin 1998 d'une infrastructure commune de réseau, le réseau privé virtuel justice, respectant les principes et les protocoles de l'Internet tout en assurant la confidentialité des informations qui sont échangées.
Pour éviter les errements passés, une méthodologie d'organisation précise a été appliquée : le pilotage des projets importants repose sur une maîtrise d'ouvrage assurée par des comités stratégiques présidés par les directeurs. Par ailleurs, ont été mis en place des supports techniques contractuels communs, tels que le service national de maintenance de matériels informatiques, les marchés et les conventions de prix pour les acquisitions des équipements, le support de l'administration des infrastructures au profit des juridictions et des services déconcentrés. Des procédures intégrées pour l'achat de matériels, l'installation des logiciels et l'implantation des systèmes dans les services ont également été mises en place.
Le schéma directeur 1998/2002 a permis à la justice d'entrer dans une nouvelle période d'informatisation. Il se poursuit en intégrant les réajustements rendus utiles par l'évolution de l'environnement et les bilans fin 1999 et fin 2000 menés par la commission de l'informatique, des réseaux et de la communication électronique, instance de pilotage stratégique de l'informatique du ministère. Cette dernière a d'ores et déjà ouvert le chantier du nouveau schéma qui pourrait s'étendre sur 2003-2007.
2.- Administration centrale et casier judiciaire national
Le principal enjeu informatique de l'administration centrale concerne l'application de gestion des personnels du ministère. Ce dernier doit en effet disposer d'un nouveau système adapté à la mise en _uvre de la politique de déconcentration. Le projet, qui a pour objectif de remplacer l'actuel système vétuste utilisé par les cinq services gestionnaires de l'administration centrale, puis de permettre la prise en charge des procédures déconcentrées par les cours d'appel et les directions régionales, a été effectivement lancé fin 1998. Le périmètre fonctionnel du chantier a été défini et la préparation d'un support contractuel d'assistance à la maîtrise d'_uvre a été engagée. Les appels d'offres pour le choix d'un progiciel et de l'assistance à la maîtrise d'ouvrage sont lancés et aboutiront début 2002.
Votre Rapporteur spécial souligne l'importance d'un tel outil qui devra permettre de concilier souplesse de gestion au niveau local et contrôle par l'administration centrale, qui doit être le chef de file d'une mise en cohérence des différentes composantes d'un ministère qui a longtemps souffert des différences d'approches, à la source d'importantes inefficacités. On ne peut dès lors que regretter le retard (plus d'un an) pris dans la mise en place du projet, le déploiement dans les services n'étant prévu que courant 2002, dans le meilleur des cas.
Trois secteurs sont concernés :
- la mise en place du programme d'action gouvernemental pour la société de l'information. La mise en place des services Intranet et Internet permet de disposer à fin juillet 2001 de 22 270 « boites aux lettres » ouvertes dont 15828 sont opérationnelles. Cette messagerie est reliée aux messageries des autres administrations via l'interconnexion des Intranets d'administration (AdER). L'objectif à fin 2002 est de disposer de près de 30 000 boîtes aux lettres individuelles ou collectives. Dès septembre 2002, tout magistrat aura un accès effectif à l'Intranet justice.
- la réforme de la comptabilité avec l'adaptation à la monnaie unique des logiciels et des postes de travail et la préparation de la mise en place du système de comptabilité interministériel Accord en vue de son utilisation pour l'exercice 2003.
- la gestion du parc informatique du ministère. Un outil de gestion commun à l'ensemble des directions et des cours d'appel et des directions régionales des services pénitentiaires est désormais opérationnel.
Une partie des problèmes ayant concouru à l'échec du précédent schéma directeur informatique est née de la déconcentration au niveau des juridictions de la quasi-totalité de l'équipement et de la gestion de l'informatique. Une telle informatique judiciaire d'initiative locale n'est plus adaptée au contexte actuel. Selon le ministère, « l'informatique nationale a recouvré une efficacité certaine, alors que l'informatique d'initiative locale dépendante de petites sociétés a conduit à une perte de maîtrise de systèmes d'information, à une hétérogénéité des architectures techniques et fonctionnelles et à une fragilisation globale du fonctionnement informatique ».
Pour préserver leur autonomie, les juridictions conservent la capacité de faire évoluer leur organisation d'informatiser les fonctions non couvertes par les applications encadrées au niveau national. Ce type d'informatique d'initiative locale constitue l'un des principaux vecteurs d'innovation de l'informatique judiciaire et doit, à ce titre, être préservé.
Parallèlement, la couverture nationale des besoins des juridictions a progressé avec la diffusion d'un ensemble de logiciels couvrant les procédures civiles des cours d'appel, tribunaux de grande instance et conseils de prud'hommes.
Sur le plan de la gestion budgétaire, un dispositif d'encadrement et de rationalisation des dépenses effectuées au titre de l'informatique déconcentrée a été mis en place. Celui-ci distingue les dépenses d'équipement et d'entretien qui doivent être engagées exclusivement au niveau de la Cour d'appel, des fournitures courantes et « consommables », ces dépenses étant imputées sur les crédits de fonctionnement des juridictions. Il convient, enfin, de souligner le renforcement des moyens humains affectés des cours d'appel. Chaque service administratif régional dispose d'un greffier en chef exerçant la fonction de responsable de la gestion informatique. Celui-ci est assisté d'un ou plusieurs techniciens informatiques, chargés d'assurer la maintenance de « premier niveau ».
Les systèmes pénaux relèvent traditionnellement de l'informatique nationale. Les trois systèmes informatiques en service dans les juridictions (nouvelle chaîne pénale en région parisienne, micro ou mini-pénale en province selon la dimension des tribunaux de grande instance) ont fait l'objet d'adaptation applicative pour prendre en compte les impacts de l'euro en 2002 et de la loi du 15 juin . Ces adaptations ont été livrées à partir de l'automne 2000.
Les difficultés rencontrées dans l'évolution de l'application micro-pénale ont démontré que cette application devait être remplacée rapidement. Les travaux d'étude de cette application ont démarré cette année, soit avec six mois de retard. Un premier comité stratégique, réuni le 16 juillet 2001, a installé le groupe projet et validé le champ de compétences de cette application : traitement des procédures pénales, gestion des cabinets du juge d'instruction, du juge de la liberté et de la détention, et du juge des mineurs, ainsi que fourniture d'infocentres judiciaires. Cette « infocentre judiciaire » leur permettra d'effectuer eux-mêmes, sans intervention de spécialistes, les études les plus diverses d'évaluation de l'activité pénale à partir des informations gérées dans le système de la nouvelle chaîne pénale, notamment sur les motifs de classements sans suite et sur le taux de poursuite par nature d'affaires.
Par ailleurs, le logiciel de traitement des ordonnances pénales a été déployé dans 466 tribunaux de police au 30 juin 2001. Ce logiciel offre la possibilité d'échanger des données avec les services de la comptabilité publique. Cet échange, qui améliore le recouvrement des amendes pénales, est opérationnel dans 223 sites à la mi-2001.
Enfin, la dernière version du logiciel d'instruction assistée par ordinateur, a été expérimenté avec succès par une vingtaine de magistrats du tribunal de grande instance de Paris en charge de dossiers sensibles ou volumineux. Il a été déployé dans les pôles financiers de province et aussi dans certaines autres juridictions où sont traités des dossiers complexes. A ce jour, 61 magistrats en sont dotés.
La « chaîne civile » avait pris beaucoup de retard dans son développement. Elle commence enfin d'être déployée.
Le secteur civil des tribunaux d'instance relève d'applications développées par la Chancellerie. Le programme de déploiement s'est poursuivi, 500 juridictions ont été équipées au 1er semestre 2001 du logiciel de traitement du contentieux général des affaires civiles, des référés, des ordonnances sur requête, des élections et du contentieux relatif aux affaires de baux ruraux ; 488 sites du logiciel gérant les injonctions de payer. 249 sites disposent des saisies sur rémunérations. 219 des tribunaux d'instance compétents en matière de nationalité sont équipés et la totalité le seront à la fin de l'année 2001, soit avec un an de retard sur ce qui était prévu .
Trois nouveaux logiciels ont été développés et sont en cours de diffusion : un logiciel pour les tutelles majeurs (142 tribunaux d'instance), un logiciel de gestion des régies d'avance et une nouvelle application gérant le pacte civil de solidarité (304 sites dont 131 sont connectés au réseau privé virtuel justice). Fin 2001 tous les tribunaux d'instance devraient en être équipés et fin 2002 reliés au réseau.
Le secteur civil des cours d'appel, des tribunaux de grande instance et des conseils de prud'hommes fait l'objet d'un déploiement des logiciels acquis en 1998. Le programme de déploiement, financé en grande partie sur les crédits déconcentrés, se traduit à la mi-2001 par l'utilisation de ces logiciels dans 29 cours d'appel, 160 tribunaux de grande instance et 213 conseils de prud'hommes. Ce programme devra s'achever fin 2002, soit, encore une fois, avec un an de retard.
Par ailleurs, des modules statistiques « tableaux de bord » sont en cours d'expérimentation sur les sites pilotes, pour les cours d'appel et les tribunaux de grande instance. Leur déploiement aura lieu fin 2001 pour les cours d'appel. l'expérimentation sur les TGI et les TI doit débuter cet automne. Un module de même type est en cours d'achèvement pour les conseils de prud'hommes.
L'implantation du logiciel civil au tribunal de grande instance de Paris s'est déroulée au début de 2000. Enfin, la mise en place de liaisons informatiques avec les auxiliaires de justice par Extranet sera entreprise. Les premiers échanges sont prévus entre cinq cours d'appel pilotes et les avoués à la fin de l'année.
Concernant l'aide juridictionnelle, la nouvelle application, destinée à remplacer les deux applications actuellement en service, est en cours de déploiement. Elle devrait être installée dans une cinquantaine de sites d'ici la fin de l'année. Cette application permet d'effectuer des liaisons par télétransmission avec les CARPA.
Le projet prioritaire des services pénitentiaires est l'application de gestion informatisée des détenus en établissement dont la généralisation a débuté en 1999. Fin 2000, 80 sites, dont Fresnes, utilisaient ce système. À la fin du premier semestre 2001, 24 nouveaux sites avaient « basculé » et une dizaine de sites supplémentaires devraient le faire d'ici la fin de l'année. Ainsi, 66 % de la population pénitentiaire sera gérée à l'aide de cet outil dont la généralisation est prévue en 2003 avec la mise en place de nouveaux centres pénitentiaires.
Par ailleurs, une série d'actions déconcentrées sont appelées à se poursuivre :
· La formation et sensibilisation à l'intention des chefs d'établissements pénitentiaires et des principaux cadres en préalable au déploiement de l'application GIDE ;
· Le remplacement de l'actuel logiciel de gestion économique par l'application plus moderne « systèmes d'informations économiques, budgétaires, comptables et de contrôle de gestion » (SIEC) ;
· La réalisation du projet SPIP-JAP qui accompagne la création des services pénitentiaires d'insertion et de probation et la juridictionnalisation des peines ;
· Le déploiement d'une application permettant une organisation du travail plus efficace dans les établissements pénitentiaires.
Les moyens humains informatiques (1% des effectifs) du ministère sont quantitativement parmi les plus faibles de l'administration française selon les données établies par la direction du budget. Cet état de fait se traduit par une exigence forte de sélection dans les projets et un rythme de mise en place des projets particulièrement lent, comme en témoignent les nombreux retards relevés plus haut, et ce malgré une forte sous-traitance des réalisations et des installations.
La majeure partie des moyens humains de l'administration centrale affectés à l'informatique nationale est rassemblée au sein de la sous-direction de l'informatique de la direction de l'administration générale et de l'équipement. Trois de ses bureaux assurent des missions techniques, le quatrième bureau ayant en charge les questions administratives, budgétaires et contractuelles du ressort de la sous-direction. Les centres de prestations régionaux assurent des missions de service auprès des juridictions et des services déconcentrés Trois de ces centres sont, en outre, chargés de l'exploitation des applications nationales sur systèmes centraux : casier judiciaire national, applications pénales de la région parisienne, gestion des détenus. Les effectifs de la sous-direction de l'informatique sont actuellement de 216 agents.
La direction des services judiciaires dispose de deux bureaux en charge de l'informatique judiciaire : d'une part le bureau de l'informatisation des juridictions, (24 agents), d'autre part le bureau de l'organisation informatique des greffes, (25 agents).
Chaque Cour d'appel a été dotée d'un technicien informatique dont le rôle d'assistance de premier niveau, complémentaire à celui des centres de prestations régionaux, s'est avéré particulièrement utile. Les moyens des cours d'appel les plus importantes ont, depuis lors, été progressivement renforcés : mi-2001, 46 techniciens étaient en fonction, soit 1 technicien pour 580 postes de travail. Il est proposé la création de 15 nouveaux emplois de technicien informatique au projet de loi de finances 2002, ce qui ramènerait ce ratio à 1 technicien pour 460 postes de travail en 2002.
La direction de l'administration pénitentiaire dispose d'un bureau de l'informatique situé à l'échelon central (32 agents) et de neuf unités informatiques régionales. En tout, près de 150 agents sont affectés à la fonction informatique pour la répartition et le suivi budgétaire de l'informatique pénitentiaire déconcentrée, la maîtrise d'ouvrage des applications nationales au niveau central, l'implantation des applications de gestion du parc informatique, et les applications bureautiques d'initiative locale.
La direction de la protection judiciaire de la jeunesse dispose d'un bureau de la programmation, de l'informatique et de la communication
2.- Les moyens budgétaires
Depuis la loi de finances de 1998, les actions informatiques déconcentrées des services pénitentiaires et de la protection judiciaire jeunesse ont été transférées sur leurs chapitres de fonctionnement (respectivement les chapitres 37-98 et 34-34). Le chapitre 34-05 ne supporte plus que l'informatique nationale.
Après avoir connu une décroissance des moyens entre 1993 et 1997, passant de 419,34 millions de francs (63,93 millions d'euros) à 308,344 millions de francs (47,01 millions d'euros), les crédits destinés à financer les budgets informatiques ont amorcé une reprise. Ils ont ainsi atteints 326,8 millions de francs (49,82 millions d'euros) en 1998 et 411,12 millions de francs (62,67 millions d'euros) en 2001.
ÉVOLUTION DES BUDGETS INFORMATIQUES DEPUIS 1994 (hors Conseil d'État et Commission nationale des comptes de campagne) |
|||||||||
(en millions d'euros) | |||||||||
Chapitre |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 (1) |
34-05 (2) |
48,555 |
48,174 |
42,244 |
35,907 |
35,981 |
38,172 |
40,033 |
43,600 |
46,04 |
37-92 (3) |
21,913 |
18,164 |
14,984 |
11,815 |
10,748 |
10,640 |
10,933 |
9,568 |
- |
37-98 (4) |
- |
- |
- |
- |
3,446 |
2,954 |
3,049 |
4,299 |
- |
37-98 (5) |
- |
- |
- |
- |
nd |
1,548 |
4,047 |
2,717 |
- |
34-34 (6) |
- |
- |
- |
- |
1,277 |
1,416 |
2,409 |
2,501 |
- |
70,468 |
66,338 |
57,228 |
47,722 |
51,452 |
54,730 |
60,471 |
62,685 |
- | |
(1) projet de loi de finances. |
|||||||||
(2) dotation gérée par la sous-direction de l'informatique hors Conseil d'État et Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. | |||||||||
(3) dotation déconcentrée des services judiciaires. | |||||||||
(4) dotation déconcentrée des services pénitentiaires déléguée aux services déconcentrés, hors article 93. | |||||||||
(5) dotation déconcentrée des services pénitentiaires à mise en _uvre centralisée, hors article 93. | |||||||||
(6) dotation déconcentrée de la protection judiciaire de la jeunesse, hors article 93. | |||||||||
Source : ministère de la justice. |
Ainsi, les crédits prévus, tous chapitres confondus, pour 2002 sont en progression de 3,66 % par rapport à ceux de l'année 2001.
Le chapitre 34-05, après avoir enregistré en 2001 une hausse de presque 9 % par rapport à 1999, connaît pour 2002 une nouvelle augmentation de près de 5,59 %.
Ces augmentation successives obtenues très largement au titre des mesures nouvelles, sont affectées prioritairement à: la mise en application du plan d'action gouvernemental pour l'entrée de la France dans la société de l'information, au développement du projet « GEREHMI », futur système de gestion des ressources humaines du ministère et à la rénovation des chaînes pénales.
I.- L'ÉVOLUTION DE L'ACTIVITÉ DES JURIDICTIONS EN 2000
Malgré les efforts entrepris en terme de moyens budgétaires et humains, les délais ne se sont que peu améliorés en 2000.
Le nombre d'affaires civiles portées devant la Cour de cassation est en hausse de 6,2% en 2000 après une baisse de 8,4% en 1999. Cette hausse a été compensée par un volume de décisions nettement supérieur à celui de 1999, avec une hausse de 8,3%. Ainsi le stock de décisions est resté quasiment stable autour de 37.000 affaires soit près de 1 an et 9 mois de jugement. L'instauration dans la loi organique relative au statut des magistrats () d'un processus de filtrage (article 27), réclamé depuis longtemps par la Cour, devrait permettre une diminution des affaires nouvelles et, à terme, une résorption du stock.
ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX CIVIL DEVANT LA COUR DE CASSATION
Votre Rapporteur spécial tient à souligner la nécessité d'un apurement rapide du stock d'affaires en cours par la cour suprême du pays afin de réduire les délais de jugement. En considérant le nombre de dossiers annuellement traités par l'ensemble des chambres de la Cour, civiles et criminelles confondues, et celui des affaires totales en instance, le règlement des affaires en attente représente 16 mois d'activité des 133 magistrats du siège de la Cour. La résorption totale de ce retard correspondrait à l'activité de 177 magistrats supplémentaires pendant un an, 35 pendant cinq ans ou 18 durant dix ans. En tenant compte du projet visant à accroître le nombre de conseillers référendaires par transformation des postes d'auditeurs à la Cour de cassation, c'est 28 magistrats qui seraient nécessaires pendant une période provisoire, de cinq années. Si elle peut sembler importante, une telle augmentation est néanmoins indispensable pour rétablir, à terme, l'équilibre des flux de pourvois et ramener le délai moyen de jugement, actuellement de 2 ans, 1 mois et 13 jours, à moins d'un an.
Par ailleurs, l'instauration de méthodes de travail performantes dans une cour régulatrice de l'interprétation du droit exige qu'elle soit dotée des installations appropriées. Or, la Cour de cassation souffre d'un déficit immobilier considérable qui fait obstacle à toute réforme de structures. Un projet de création d'une annexe à la Cour de cassation dans des locaux situés au 77, boulevard Saint Germain à Paris est actuellement à l'étude et nécessite l'engagement de mesures budgétaires pour l'année 2002 à hauteur de 2,8 millions d'euros (18,3 millions de francs). Cette nécessité de louer de locaux révèle l'absurdité de la gestion de l'immobilier judiciaire à Paris et l'urgence de la construction d'un nouveau tribunal de grande instance.
En 2000, le nombre d'affaires civiles nouvelles devant les cours d'appel a nettement décru de 4 %, après une baisse de 4% également en 1999. L'année 2000 confirme ainsi l'évolution amorcée depuis 1995 d'une baisse du nombre des affaires nouvelles due à l'action conjuguée de la diminution de l'activité des juridictions de première instance et d'une baisse du taux d'appel. L'augmentation concomitante du nombre de jugements rendus (+ 4,3 %) a permis de diminuer le stock qui reste néanmoins très important, les 290.000 affaires demanderaient en effet 15,8 mois pour être traitées, soit une diminution de deux mois par rapport à 1999. Il faut rappeler que les différentes cours d'appel sont très inégalement chargées en stock : l'ancienneté moyenne des affaires va de 23 mois à Aix-en-Provence à 7 mois à Riom. Au total, la durée moyenne des affaires terminées par les cours d'appel est de 18,4 mois, en augmentation de 0,3 mois par rapport à 1999.
ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX CIVIL DEVANT LES COURS D'APPEL
Source : ministère de la justice.
Devant les tribunaux de grande instance, la baisse des affaires nouvelles en 2000 (-1%) s'inscrit dans le prolongement de la diminution régulière observée depuis 1997. Cette tendance de fond touche presque tous les contentieux civils. Les affaires terminées par les TGI ont baissé (- 2,7 %) plus vite que leurs affaires nouvelles en raison d'un petit déficit d'activité lié aux mouvements sociaux de la fin 2000. Leur niveau s'est établi à nouveau en dessous de celui des affaires nouvelles, ce qui a provoqué une nouvelle augmentation du stock. La durée moyenne de traitement n'a donc pas progressé et reste stable à 8,9 mois.
ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX DEVANT LES TRIBUNAUX DE GRANDE INSTANCE
Les tribunaux d'instance ont connu une hausse modérée des affaires nouvelles. Une fin de transfert d'activité en provenance des TGI ajoutée à la progression des affaires de tutelles, a compensé la réduction continue de leur contentieux civil général. Ainsi, malgré une progression de 4,4% des affaires terminées, celles-ci restent inférieures aux affaires nouvelles, entraînant un accroissement du stock, et une stagnation de la durée moyenne des affaires terminées à 5,1 mois.
ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX DEVANT LES TRIBUNAUX D'INSTANCE
Source : ministère de la justice.
Les affaires nouvelles devant le conseil des prud'hommes ont continué à baisser en 2000 (-1,7 %) pour atteindre un niveau inférieur de 5% à celui de 1997. Par contre le nombre d'affaires terminées a également fortement baissé de 7,4 % par rapport à 1999, provoquant une hausse du stock qui atteint 169.400 affaires, un niveau très supérieur aux années 1994-1995 (145.000). La durée moyenne des affaires n'a donc pas progressé.
ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX DEVANT LES CONSEILS DE PRUD'HOMMES
Il faut souligner le caractère sensible de tout calcul d'activité dans ce domaine, compte tenu des nombreuses réformes intervenues, en particulier la loi sur la présomption d'innocence. Dans un rapport remis en juin dernier au Garde des sceaux, l'Inspection générale des services judiciaires soulignait que « les difficultés recensées et l'impact global des évolutions prévisibles laissent craindre une altération de la capacité de réponse des juridictions, faute d'une adaptation des organisations et des moyens ».
Le nombre d'affaires pénales transmises aux parquets (5.039.643) a augmenté de 2,2% en 2000. Sur ce nombre d'affaires reçues, les parquets en ont traité 4.607.000. 3.318.000 n'ont pu faire l'objet de poursuites, soit que l'infraction n'ait pas été caractérisée ou qu'un motif juridique s'y soit opposé, soit surtout que l'auteur n'ait pas été identifié par les services de police et de gendarmerie. Au total, seules 28% des affaires traitées étaient susceptibles de recevoir une réponse pénale. Parmi celles-ci, 627.730 ont donné lieu à des poursuites judiciaires, 247.481 ont été classées après réussite d'une procédure alternative aux poursuites (soit +15 %, principalement grâce au succès des rappels à la loi) et 414.000 ont fait l'objet d'un classement pour inopportunité des poursuites.
Avec un peu plus de 2.500 arrêts, les cours d'assise ont vu leur activité diminuer de 8% par rapport à 1999. Le taux d'acquittement est resté proche de 4%. Les tribunaux de police ont vu leur activité se stabiliser en 2000, résultat combiné d'une hausse des ordonnances pénales et d'une baisse des jugements. Face à un nombre d'affaires nouvelles en baisse, les chambres des appels correctionnels ont rendu un nombre croissant d'arrêts : 50.700 affaires terminées (+3,6%) en 2000. Ceci leur a permis de réduire leur stock pour la première fois depuis 1995. De leur côté, les chambres d'accusation ont rendu près de 33.000 arrêts, soit un peu moins qu'en 1999.
Pour sa part, la Cour de cassation qui avait réussi en 1999 à faire fortement progresser le nombre de ses affaires terminées en matière pénale, a atteint un étiage inférieur (-6%) en 2000, et ce dans un contexte de forte hausse des affaires nouvelles.
En 2001, les effectifs budgétaires des services judiciaires atteignaient 26.803 emplois budgétaires, dont 6.846 magistrats (hors administration centrale, y compris direction des services judiciaires) et 19.957 fonctionnaires, auxquels il convient d'ajouter plus de 20.000 agents, assistants de justice, juges non professionnels bénévoles ou rémunérés sur le mode de la vacation, parmi lesquels on doit compter les juges consulaires, les conseillers prud'hommes et les assesseurs des tribunaux pour enfants.
En 2002 , il est prévu de créer 320 emplois de magistrats, 510 emplois de fonctionnaires et 15 emplois de contractuels. Cette augmentation doit permettre d'accompagner les réformes engagées depuis 5 ans, renforcer les moyens des juridictions et, surtout, permettre le passage aux 35 heures en dérogeant à la règle, prévalant pour la fonction publique, de non-création d'emplois. 2002 sera également l'année de mise en application de la loi organique n° 2001-539 du 25 juin 2001 réformant le statut des magistrats.
La réforme du statut des magistrats, pour laquelle des provisions d'un montant global de 11,9 millions d'euros (78 millions de francs) ont été votées en lois de finances pour 1999, 2000 et 2001, a été adoptée par la loi organique n° 2001-539 du 25 juin 2001. Au-delà des dispositions relatives à la revalorisation et à la simplification de la carrière des magistrats, ce texte s'est enrichi, au cours des débats parlementaires, de dispositions variées concernant le statut des magistrats en général, le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature et celui de la Cour de cassation.
La réforme adoptée a pour objectif de débloquer les carrières, de favoriser la mobilité et d'aligner la situation des magistrats de l'ordre judiciaire sur celle des magistrats de l'ordre administratif. La loi organique du 25 juin 2001 apporte donc de profondes modifications à la structure du corps des magistrats et au déroulement de leur carrière.
Elle s'articule autour des principes suivants :
· Le repyramidage du corps, permettant une augmentation significative du nombre d'emplois d'avancement au premier grade et en hors hiérarchie ;
· L'unification du grade d'avancement, par la suppression des deux groupes au sein du premier grade, permettant une accélération de la progression de la carrière, désormais identique, qu'elle se déroule à Paris ou en Province et une simplification des règles de l'avancement ;
· La possibilité d'avancement dès 7 ans d'ancienneté, au lieu de 10 ans jusque-là.
Dans le cadre de cette réforme du statut sont portés :
- à près de 10 % les emplois hors hiérarchie (694 emplois) contre 5 % jusqu'alors ;
- à plus de 60 % les emplois du 1er grade contre 36,9 % jusque là. Désormais, ces emplois débuteront à l'indice brut 801 et culmineront tous en échelle-lettre B, à l'exception de 263 emplois fonctionnels qui culmineront au 7ème échelon en B Bis (3,75 % du corps contre 0,83 % auparavant) ;
Le volume des emplois du second grade est ainsi ramené de 57,91 % à 28,28 % des effectifs du corps (1987 emplois).
Pour renforcer les garanties d'impartialité des magistrats, la réforme instaure, d'une part, de nouvelles conditions de mobilité pour l'accès au premier grade et à la hors hiérarchie, à travers les deux exigences statutaires suivantes :
· nul ne peut être promu au premier grade dans une juridiction où il est affecté depuis plus de 5 ans.
· nul ne peut être nommé à un emploi hors hiérarchie s'il n'a été nommé à deux emplois du premier grade dans deux juridictions différentes.
Elle prévoit, d'autre part (articles 3 à 6 de la loi organique) une limitation de la durée d'exercice au sein d'une même juridiction de certaines fonctions. Ainsi, la durée maximale d'exercice des fonctions de chefs de cour d'appel et de juridiction (premier président et procureur général, président de tribunal de grande instance, de tribunal de première instance et de tribunal supérieur d'appel et procureur de la République près ces juridictions) est limitée à 7 ans. En outre, la durée maximale d'exercice de certaines fonctions spécialisées du siège est limitée à 10 ans : juge d'instruction, juge des enfants, juge de l'application des peines, juge d'instance et juge aux affaires familiales. Ces dispositions ne s'appliqueront toutefois qu'aux seules nominations intervenant à compter du 1er janvier 2002.
La réforme de la carrière des magistrats représente un coût budgétaire global de 28 millions d'euros (183,7 millions de francs). Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit le financement du solde du coût de cette réforme (16,125 millions d'euros soit 105,779 millions de francs) qui vient s'ajouter aux provisions déjà votées au titre des trois lois de finances antérieures.
L'article 28 de la loi organique fixe au 1er janvier 2002 la date d'entrée en vigueur de la plupart de ses dispositions. Il en est ainsi des dispositions relatives à :
· la réforme de la structure de la carrière des magistrats ;
· la limitation de la durée d'exercice de certaines fonctions ;
· la prise en compte de l'activité professionnelle antérieure de certains magistrats ;
· l'extension de la faculté de rachat de droits à pension ;
· l'instauration d'une voie permanente de recrutement complémentaire ;
· la modification du mode d'élection des représentants des magistrats au sein du Conseil supérieur de la magistrature ;
· le mécanisme de filtrage des pourvois à la Cour de cassation ;
· les magistrats placés.
La mise en _uvre de ces dispositions, spécialement celles relatives à la carrière, nécessite en effet d'importantes modifications réglementaires, en particulier un décret en Conseil d'État, qui devra déterminer la liste des fonctions exercées à chaque niveau hiérarchique, la liste des emplois classés hors hiérarchie, le nouvel échelonnement indiciaire de chaque grade, les règles de reclassement au sein de ces grades et enfin, l'abaissement à 7 ans de l'ancienneté requise pour l'accès au 1er grade.
Cependant, sans attendre le vote de la loi organique, ont été dès 2000 repyramidés, au 1er groupe du 1er grade, 411 emplois du second grade, afin d'amorcer le déblocage de l'avancement des magistrats. Cette mesure a été financée grâce aux provisions de 2,74 millions d'euros (18 millions de francs) et 3,05 millions d'euros (20 millions de francs) votées en lois de finances pour 1999 et 2000.
Le projet de loi pour 2001 prévoyait la création de 307 postes de magistrats supplémentaires :
· 237 postes pour la mise en _uvre de la loi du 15 juin 2000 ;
· 40 postes pour la réforme des tribunaux de commerce ; on notera, par ailleurs, qu'un projet de loi organique déposé sur le bureau de l'Assemblée nationale propose d'instituer, dans le cadre de cette même réforme et selon le principe de la mixité, un recrutement de conseillers de cour d'appel exerçant à titre temporaire, choisis parmi les juges consulaires ;
· 25 postes dans les tribunaux pour enfants ;
· et 5 emplois de magistrats pour la Cour de cassation.
La demande de créations d'emplois pour 2002 s'inscrit dans le cadre de la programmation pluriannuelle des effectifs qui prévoit notamment la création de 1.200 emplois de magistrats en 4 ans. Ainsi, d'ici la fin de l'année 2005, l'effectif réel de magistrats devrait s'élever à 8.020 (au lieu de 6.707 au 31 juillet 2001). Pour 2002, il est donc demandé la création de 320 emplois de magistrats, 510 emplois de fonctionnaires et 15 emplois de contractuels. Cette demande, telle que présentée par la Chancellerie, doit à la fois permettre la mise en _uvre des réformes de la justice entreprises et le renforcement des services. Les nouveaux emplois sont, pour l'essentiel, ainsi ventilés :
· réformes des tribunaux de commerce : 46 emplois de magistrats ;
· mise en _uvre des décisions des conseils de sécurité intérieure :25 emplois de magistrats;
· mise en _uvre de la loi du 15 juin 2000 : 80 emplois de magistrats ;
Enfin, 169 emplois de magistrats sont censés être affectés au renforcement des juridictions dans le traitement du contentieux mais serviront, en fait, pour partie à négocier le passage aux 35 heures.
ÉTAT PRÉVISIONNEL DES ENTRÉES | |||||
Années |
Départs prévisibles |
Entrées prévisibles |
Solde |
||
1997 |
75 |
123 |
48 | ||
1998 |
63 |
185 |
122 | ||
1999 |
67 |
337 |
270 | ||
2000 |
78 |
248 |
170 | ||
2001 |
67* |
241* |
174 | ||
2002 |
74* |
378* |
304 | ||
* prévisions |
Si la progression globale du nombre des postes budgétaires est satisfaisante, il faut la mettre en rapport avec les effectifs réels de magistrats et préciser que, si des efforts plus significatifs ne sont pas réalisés dans les années à venir, l'évolution défavorable de la pyramide des âges ne sera pas inversée. Il convient d'augmenter les recrutements, au-delà des seuls besoins nés des réformes législatives.
ÉTAT DES EFFECTIFS DE MAGISTRATS (1) (au 1er septembre 2001) |
||||||||
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 | ||
A. Magistrats occupant un poste budgétaire |
6.414 |
6.423 |
6.441 |
6.510 |
6.790 |
6.925 |
7.134 | |
B. Magistrats en détachement |
231 |
223 |
240 |
232 |
266 |
254 |
253 | |
C. Magistrats en congé de longue durée |
18 |
9 |
4 |
7 |
9 |
6 |
23 | |
D. Magistrats en congé parental |
19 |
23 |
25 |
22 |
17 |
15 |
23 | |
E. Magistrats en disponibilité |
71 |
73 |
80 |
70 |
77 |
81 |
81 | |
F. Magistrats en activité |
6.075 |
6.095 |
6.062 |
6.179 |
6.421 |
6.569 |
6.754 | |
G. Magistrats maintenus en activité en surnombre |
110 |
91 |
110 |
92 |
82 |
66 |
58 | |
H. Effectifs réels des magistrats en activité (F+G) |
6.185 |
6.186 |
6.202 |
6.271 |
6.503 |
6.635 |
6.812 | |
I. Effectifs budgétaires |
6.198 |
6.258 |
6.287 |
6.357 |
6.502 |
6.721 |
7.027 | |
J. Postes vacants (I-F) |
133 |
187 |
195 |
215 |
147 |
152 (1) |
273 (2) | |
(1) dont 100 emplois pour la réforme des tribunaux de commerce et 2 autres emplois non localisés par juridiction. En réalité, par rapport aux effectifs budgétaires de magistrats composant les juridictions, seuls 50 emplois étaient vacants au 1er septembre 2000. |
||||||||
(2) dont 101 emplois de magistrats non encore localisés par juridiction. Au total 172 postes sont vacants dans les juridictions au 1er septembre 2001. | ||||||||
Source : d'après ministère de la justice. |
L'augmentation planifiée du nombre de magistrats dans les prochaines années implique un renforcement important des crédits de l'École Nationale de la Magistrature (ENM). Ainsi la mesure nouvelle inscrite au projet de loi de finances pour 2002 prévoit un abondement de 34,4 millions de francs (5,2 millions d'euros) de la subvention allouée à l'ENM, soit une progression de 17,22 % du budget de l'ENM. La progression depuis 1997 s'élève à plus de 64%. En comparaison, le budget des services judiciaires n'a progressé sur la même période que de 31 % en dépenses ordinaires.
La formation des magistrats constitue une priorité, à nouveau soulignée. Cet effort va de pair avec une nouvelle augmentation des postes ouverts aux concours. 250 postes sont ainsi ouverts (185 en 1999, 190 en 2000), ce qui constitue un niveau de recrutement jamais atteint. A ces recrutements qui pèseront sur le budget de l'École dès 2002, s'ajoutera un recrutement par concours complémentaire qui, conformément à la loi organique du 25 juin 2001, sera ouvert à hauteur de 125 postes. Les magistrats recrutés dans ce cadre bénéficieront d'une période de formation de 6 mois dont 1 mois à l'École, ce qui induira également un coût pour l'École.
Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit des mesures nouvelles se répartissant comme suit :
· 5,614 millions d'euro (36,825 millions de francs) en crédits de personnels, destinés, à l'ajustement des crédits de rémunération pour tenir compte de l'augmentation du nombre de postes d'auditeurs offerts au concours et à la prise en compte des auditeurs rattachés à la promotion 2002 à l'issue du service national, au renforcement des effectifs de l'ENM, tant sur le plan de sa gestion administrative que pour lui permettre de faire face à l'accroissement important de ses charges pédagogiques. C'est ainsi que la création de 16 emplois nouveaux est prévue en 2002. Par ailleurs, pour ne pas affaiblir l'équipe des maîtres de conférence à un moment où le corps des magistrats de l'ordre judiciaire dont ils sont issus bénéficiera des nouvelles dispositions statutaires et de mesures d'accompagnement permettant d'améliorer leur déroulement de carrière, il est prévu de transformer l'ensemble des emplois de maîtres de conférence en emplois de 1ère classe et d'appliquer aux emplois de direction de l'Ecole un échelonnement indiciaire similaire à celui des emplois de magistrats. Diverses transformations d'emplois de fonctionnaires sont également prévues pour accroître les perspectives d'avancement au sein de l'Ecole et garantir une stabilité minimale des personnels en son sein. Enfin, les crédits de vacation seront augmentés.
· 487.837 euros (3,2 millions de francs) en crédits de fonctionnement destinés à financer l'équipement informatique des auditeurs de justice ainsi que la location de nouveaux locaux pédagogiques et administratifs.
· une mesure d'économie de 0,859 million d'euros (5,638 millions de francs) est par ailleurs proposée, correspondant à une réduction des vacations servies aux étudiants en droit ainsi qu'à des crédits inscrits au budget de l'EMN dans la section opérations en capital (travaux immobiliers réécriture du logiciel formation continue des magistrats) qui donneront lieu, en fonction de leur date de réalisation, à un prélèvement sur le fonds de roulement de l'Ecole. Seront également prélevées sur le fonds de roulement, les dépenses ponctuelles suivantes : ajustement des dépenses de rémunération des auditeurs en 2002 pour tenir compte de leur situation indiciaire réelle ( 760.000 euros soit 4,981 millions de francs) et 460.000 euros (3 millions de francs) destinés à l'organisation du concours complémentaire en 2002. Au total, un prélèvement de 2 millions d'euros (13 millions de francs) est prévu sur le fonds de roulement de l'École, qui est actuellement élevé.
SUBVENTION DU MINISTÈRE DE LA JUSTICE INSCRITE AU CHAPITRE 36-10 ARTICLE 21 (en millions de francs) | ||||||||||
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 | |
Dotation |
144,5 |
142 |
138,3 |
142,2 |
142,8 |
156,6 |
172 |
186,1 |
199,6 |
234 |
Evolution en % |
-1,75 |
-2,59 |
+ 3 |
+ 0,03 |
+ 9,66 |
+ 9,86 |
8,2 |
+ 7,27 |
+ 17,2 |
Par ailleurs, la loi n° 98-105 du 24 février 1998 avait autorisé, pour chacune des années 1998 et 1999, le recrutement par voie de concours exceptionnels de 100 magistrats. Les concours organisés dans ce cadre ont permis le recrutement de 190 magistrats : 98 magistrats du second grade des tribunaux de grande instance, 73 conseillers de cour d'appel du second grade et 18 conseillers du premier groupe du premier grade. Pour chacun de ces concours ont été enregistrées 3583 et 2875 candidatures.
De même, l'article 23 de la loi organique n° 2001- 539 du 25 juin 2001 ajoute à l'ordonnance organique un article 21-1 instituant, à titre permanent, deux nouvelles voies de recrutement de magistrats par concours, aux premier et second grades de la hiérarchie judiciaire, ouverts à des personnes justifiant d'une expérience professionnelle antérieure importante les qualifiant particulièrement pour l'exercice des fonctions judiciaires.
Les conditions d'accès sont les suivantes :
· pour le concours de recrutement au second grade : être âgé de 35 ans au moins et justifier de 10 ans d'expérience professionnelle qualifiante
· pour le concours de recrutement au premier grade : être âgé de 50 ans au moins et justifier de 15 ans d'expérience professionnelle qualifiante
Les exigences de diplôme sont identiques à celles prévues pour les candidats au premier concours de l'Ecole nationale de la magistrature. Les candidats admis suivront, préalablement à leur entrée en fonctions, une formation qui comportera une période de formation théorique à l'Ecole Nationale de la Magistrature et des stages pratiques.
La loi organique fixe des plafonds annuels de recrutement par la voie de ces concours complémentaires :
· pour le recrutement au premier grade, au dixième du nombre total de nominations en avancement au premier grade prononcées au cours de l'année précédente ;
· pour le recrutement au second grade, au cinquième du nombre total des recrutements intervenus au second grade au cours de l'année civile précédente. Toutefois, pour chacune des années 2002 et 2003, le plafond de recrutement au second grade est porté à 125 postes.
Par ailleurs, votre Rapporteur spécial l'a déjà noté, la spécialisation des magistrats n'est pas valorisée par le système d'avancement actuel. En effet, pour avancer dans sa carrière, le magistrat spécialisé d'une section financière, par exemple, sera souvent appelé à exercer des fonctions dans d'autres sections, dans un autre tribunal, ce qui a pour conséquence, d'une part, une perte de compétence pour la section considérée et d'autre part, un sentiment de gâchis pour le magistrat lui-même, qui a consacré plusieurs années à se former dans des matières très pointues. Les mouvements de la carrière interdisent le plus souvent une rentabilisation du temps de formation. Par conséquent, s'investir dans des dossiers implique de renoncer à certains avancements.
L'article 20 de loi n° 95-125 du 8 février 1995 prévoit la possibilité de recruter des assistants de justice auprès des magistrats des tribunaux d'instance, des tribunaux de grande instance et des cours d'appel.
La loi organique du 25 juin 2001 a complété le dispositif législatif initial en incluant, aux termes des dispositions de son article 29, la possibilité de recruter des assistants de justice à la Cour de cassation pour une durée de deux ans renouvelable une fois, parmi les personnes titulaires d'un diplôme sanctionnant quatre années d'études supérieures en matière juridique. Ils sont chargés, sous réserve de certaines incompatibilités, d'apporter leur concours aux travaux préparatoires réalisés par les magistrats du siège et du parquet.
Leur recrutement et leur gestion sont déconcentrés au niveau des cours d'appel. Ils sont indemnisés par l'allocation de vacations horaires dont le nombre ne peut excéder 80 par mois et 720 par an.
S'agissant des effectifs, la première année de fonctionnement de l'institution, en 1996, a permis le recrutement de 203 assistants de justice sur 230 autorisations de recrutement ouvertes en loi de finances. En 1997, un recrutement supplémentaire de 100 assistants de justice a été autorisé par la loi de finances initiale pour l'ensemble des cours d'appel. En 1998, ce sont 220 assistants supplémentaires qui ont été recrutés et, en 1999, l'autorisation de recruter 400 nouveaux assistants de justice a permis de porter leur nombre à 950. Par ailleurs, les lois de finances 2000 et 2001 ont respectivement autorisé le recrutement de 100 et 200 nouveaux assistants de justice, portant leur nombre total à 1250. Le projet de loi de finances au titre de l'année 2002 ne prévoit pas d'autorisations de recrutement supplémentaires, ce dont se félicite votre Rapporteur spécial.
Une évaluation fait ressortir que l'utilisation des assistants n'est pas homogène. Pour le juge d'instruction, les obligations de contradictoire impliquent des contraintes particulières, ce qui n'emporte pas la même problématique que pour les magistrats du parquet. Le recours aux assistants de justice est particulièrement bien adapté au travail du parquet. Le magistrat, quotidiennement, doit faire face à un important travail matériel comme le recensement des nombreuses victimes dans les affaires d'escroquerie. Il conviendra, pour l'avenir, de recentrer l'activité des assistants de justice pour éviter qu'ils ne constituent, par leur participation à des tâches juridictionnelles réservées aux magistrats ou administratives relevant du greffe, un mode de régulation des flux judiciaires ou un palliatif des dysfonctionnements organisationnels et des problèmes de personnels, notamment d'absentéisme.
À terme, un statut d'assistant de justice, voire des perspectives éventuelles d'intégration dans la fonction publique, devront sans doute être mis en place. Mais il semble prématuré de définir aujourd'hui un cadre rigide pour l'exercice de cette fonction. La souplesse du système permet d'adapter les moyens aux besoins. L'existence des greffiers placés n'est pas aujourd'hui suffisante.
Si votre Rapporteur se félicite de l'assistance apportée par ce nouveau type d'emploi au service public de la justice, il s'interroge sur les garanties qu'il présente au regard de la réalisation de certains actes. En effet, ces emplois ne sont pas permanents et pourraient apparaître comme un « pis-aller budgétaire » au regard du travail, accompli en principe, par les agents de greffe.
De manière générale, plusieurs priorités ont été retenues pour la localisation des emplois de magistrats, et en particulier des nouveaux emplois créés en 2001. Ce sont la procédure et les délais en matière pénale, la juridictionnalisation de l'application des peines, l'appel en matière criminelle, la poursuite du renforcement des services chargés des mineurs dans les TGI et l'augmentation des effectifs de magistrats placés auprès des chefs de cour d'appel, pour permettre à ces derniers de gérer, dans un cadre déconcentré, les ressources humaines, compte tenu des contraintes des juridictions de leur ressort. Les critères retenus pour l'affectation des emplois de magistrats tentent d'appréhender au plus près la réalité de la situation des juridictions, à partir des données chiffrées disponibles des quatre dernières années décrivant le volume du contentieux.
Ainsi, la charge des magistrats du siège de chaque Cour est évaluée par comparaison avec le calcul des moyennes nationales, pour les quatre dernières années (affaires civiles nouvelles et terminées, affaires pénales terminées). Il est également tenu compte du nombre de condamnés détenus dans le ressort, de l'effectif budgétaire et des délais de traitement des affaires civiles. Pour les magistrats placés, il est tenu compte du taux de vacances d'emplois et du nombre de petites juridictions dans le ressort, qui peuvent difficilement fonctionner, dès lors que des emplois sont vacants, et mettre en _uvre la réforme de la détention.
Le tableau ci-dessous retrace les effectifs budgétaires de magistrats par cour d'appel en indiquant le nombre d'affaires civiles nouvelles, le nombre d'affaires rendues en matière pénale et la population du ressort.
COURS D'APPEL | ||||||
Cour d'Appel |
Affaires civiles nouvelles 2000 |
Arrêts rendus en matière pénale en 2000 |
Population du ressort 1999 |
Variation de la population du ressort 90-99 |
EB Mag CA Siège 2001 hors PP-CSE-SG |
EB Mag CA Parquet 2001 |
Moyenne Nationale |
5871 |
2254 |
1.823.824 |
3,6 % |
Total 968 |
Total 206 |
Agen |
1.861 |
766 |
637.912 |
0,2 % |
9 |
2 |
Aix-en-Provence |
22.436 |
7.435 |
3.885.047 |
5,6 % |
92 |
16 |
Amiens |
4.540 |
2.406 |
1.857.834 |
2,6 % |
24 |
6 |
Angers |
2.637 |
1.212 |
1.548.131 |
3,4 % |
15 |
3 |
Basse Terre |
2.284 |
697 |
422.496 |
9,2 % |
9 |
2 |
Bastia |
1.553 |
768 |
260.196 |
3,9 % |
8 |
2 |
Besançon |
2.472 |
1.395 |
1.117.059 |
1,8 % |
13 |
3 |
Bordeaux |
6.773 |
2.523 |
2.015.255 |
3,8 % |
33 |
6 |
Bourges |
2.106 |
714 |
770.765 |
- 2,7 % |
10 |
2 |
Caen |
3.982 |
1.152 |
1.422.193 |
2,2 % |
18 |
3 |
Chambéry |
3.100 |
1.153 |
1.004.937 |
9,6 % |
16 |
3 |
Colmar |
6.384 |
1.893 |
1.734.145 |
6,8 % |
29 |
5 |
Dijon |
2.814 |
1.694 |
1.246.521 |
- 0,9 % |
15 |
4 |
Douai |
10.171 |
5.377 |
3.996.588 |
0,8 % |
50 |
11 |
Fort de France |
1.513 |
793 |
538.640 |
13,6 % |
13 |
2 |
Grenoble |
4.852 |
2.541 |
1.653.203 |
7,1 % |
24 |
4 |
Limoges |
1.908 |
632 |
710.939 |
- 1,6 % |
10 |
3 |
Lyon |
7.686 |
2.646 |
2.822.663 |
3,5 % |
37 |
8 |
Metz |
3.354 |
1.741 |
1.023.447 |
1,2 % |
19 |
4 |
Montpellier |
7.516 |
2.794 |
1.862.822 |
7,8 % |
37 |
5 |
Nancy |
3.399 |
1.815 |
1.286.929 |
- 0,6 % |
19 |
4 |
Nîmes |
5.274 |
1.455 |
1.482.342 |
5,7 % |
24 |
4 |
Orléans |
3.606 |
1.203 |
1.487.097 |
5,0 % |
17 |
4 |
Paris |
33.943 |
13.514 |
7.396.583 |
2,2 % |
188 |
53 |
Pau |
3.927 |
1.318 |
1.149.720 |
3,1 % |
20 |
4 |
Poitiers |
3.744 |
1.178 |
1.840.140 |
4,4 % |
19 |
4 |
Reims |
2.936 |
1.212 |
1.147.490 |
0,3 % |
18 |
3 |
Rennes |
8.070 |
2.249 |
4.040.463 |
5,0 % |
40 |
8 |
Riom |
3.303 |
1.008 |
1.308.878 |
- 0,9 % |
17 |
4 |
Rouen |
4.685 |
1.781 |
1.780.192 |
2,5 % |
24 |
5 |
Saint-Denis de la Réunion |
2.089 |
577 |
706.300 |
18,1 % |
11 |
2 |
Toulouse |
5.846 |
2.195 |
1.732.979 |
7,9 % |
30 |
5 |
Versailles |
12.985 |
4.538 |
4.296.314 |
3,7 % |
60 |
12 |
En 1999, l'effectif du personnel des greffes judiciaires s'élevait à 19.589 postes et il a atteint 19.751 postes en 2000. Pour 2001, la progression s'est poursuivie avec la création de 218 postes, dont 17 au titre de la mise en _uvre du conseil de sécurité intérieure du 27 janvier 1999, portant à 19.957 postes budgétaires nets l'effectif des fonctionnaires de greffe. Le projet de loi de finances 2002 prévoit la création de 510 nouveaux postes de fonctionnaires. Une bonne administration de la justice exige un renforcement des effectifs des greffes judiciaires. La pénurie des moyens de secrétariat et de documentation aboutit à des situations difficiles, appauvrit la motivation des jugements, ce qui a souvent pour conséquence la multiplication des pourvois en cassation. Le recours aux assistants de justice ne saurait suffire.
Le nombre de fonctionnaires des greffes par magistrat, hors personnel technique de catégorie C s'est amélioré ces trois dernières années après une longue période de stabilité cette décennie: il était de 2,81 fonctionnaires pour 1 magistrat en 1989, de 2,82 en 1999 et sera de 2,61 en 2002. On constate chez les greffiers un taux de vacances important. Au 31 juillet 2001, les vacances s'établissaient comme suit :
Catégories |
Effectifs budgétaires |
Effectifs réels Équivalent |
Vacances |
|
Catégorie A |
1.680 |
1.652,78 |
27,22 |
1,62 |
Catégorie B |
6.854 |
6.910,60 |
- 56,60 |
- 0,83 |
Catégorie CB |
9.638 |
9.441,84 |
196,16 |
2,04 |
Catégorie CS |
1.722 |
1.671,2 |
50,80 |
2,95 |
Autres administrations |
10 |
10,2 |
- 0,2 |
- 2,00 |
Agents contractuels |
53 |
47 |
6 |
11,32 |
Total (1) |
19.957 |
19.733,62 |
223,38 |
1,12 |
Cette situation correspond à l'effectif des fonctionnaires en activité affectés dans les juridictions de métropole, des départements et territoires d'outre-mer, à l'école nationale des greffes et à l'école nationale de la magistrature ainsi que les élèves stagiaires en formation à l'ENG : 128 greffiers en chef et 642 greffiers. Cette situation fait apparaître un taux de vacances de 1, 09 %.
Le projet de loi de finances 2002 prévoit la création de 525 emplois de fonctionnaires : 10 greffiers en chef, 500 greffiers, 15 techniciens informatiques. S'agissant des greffiers en chef, les 27 postes vacants auxquels s'ajoutent les 10 créations d'emplois ainsi que les postes libérés par les retraites en 2002 ont d'ores et déjà permis de lancer un concours en vue du recrutement de 74 greffiers en chef pour une arrivée effective en juridiction de ces agents en septembre 2003. S'agissant des greffiers, les créations d'emplois permettent la mise en place d'un concours de 500 nouveaux greffiers. Une autorisation exceptionnelle de recrutement anticipée a permis de lancer d'ores et déjà ce concours : formation à l'ENG pour 200 d'entre eux en juin 2002, pour 300 d'entre eux à compter de septembre 2002, arrivée effective en juridiction en juin et septembre 2003. En outre, 40 greffiers seront recrutés au choix.
S'agissant des personnels de catégorie C, la direction des services judiciaires poursuit deux objectifs :
Le plan de transformation d'emplois de C en B (1 000 emplois sur 4 ans en l'état des négociations avec les organisations syndicales, permettra l'ouverture du concours réservé à hauteur de 283 emplois pour une arrivée en juridiction en décembre 2003 ;
Le plan de transformation des emplois d'agents administratifs en adjoints administratifs (3946 emplois sur 4 ans, par concours réservé et promotion au choix) se poursuit pour la seconde année consécutive : 933 agents administratifs ont bénéficié de cette promotion de grade en 2001, 950 en bénéficieront au cours de l'année 2002.
Conformément au protocole d'accord conclu le 1er décembre 2000, entre la Garde des sceaux et quatre organisations syndicales de fonctionnaires des services judiciaires, un groupe de travail portant sur les questions statutaires a été constitué. Ce groupe de travail a tenu 5 réunions auxquelles ont participé toutes les organisations syndicales de fonctionnaires des services judiciaires. Des orientations ont été dégagées dans les 3 domaines suivants : recrutement, formation, architecture des corps.
Dans la perspective de réalisation des réformes des corps de greffiers en chef et de greffiers, l'inscription d'une provision de 8 millions de francs a été prévue pour 2002.
Une élévation du niveau d'accès aux corps de greffiers en chef et de greffiers est prévue. Elle permettra de prendre en compte la technicité et la diversité des fonctions exercées par ces fonctionnaires des greffes qui exigent des compétences professionnelles de plus en plus importantes. Le niveau de diplôme exigé pour le concours externe de greffier en chef sera porté de BAC + 3 à BAC + 4 et celui de greffier de BAC à BAC + 2. Une expérimentation de 3ème voie de recrutement sans concours est également envisagée pour l'accès à certains corps de catégorie C.
Un allongement de la durée de la formation initiale des greffiers en chef et des greffiers est envisagé. L'Ecole nationale des greffes constate depuis plusieurs années les difficultés d'organiser une formation initiale efficiente des greffiers en chef et des greffiers en 12 mois dont 4 mois (greffiers en chef) et 2 mois (greffiers) en scolarité. Pour les greffiers, la formation initiale proposée permettra de donner une formation pratique aux procédures et de disposer ainsi de personnels maîtrisant la pratique de toutes les procédures devant les juridictions d'instance, de grande instance, prud'homale et d'appel.
La direction des services judiciaires a mis en place une formation initiale des agents de catégorie C administratif en 2000.Il est envisagé de porter la durée de formation initiale de 8 à 12 semaines et il est envisagé la mise en place d'une formation initiale des agents de catégorie C technique, avec une durée de formation de 5 semaines.
L'amélioration de la carrière des greffiers en chef doit tenir compte des compétences accrues de ces personnels dans les domaines de la gestion et de l'activité juridictionnelle. La grille indiciaire des greffiers en chef serait revalorisée ainsi que les emplois fonctionnels de 1er et 2ème catégorie La revalorisation indiciaire des greffiers doit permettre de reconnaître la technicité de ces agents dans leurs fonctions d'assistance du juge. La grille indiciaire des greffiers serait calquée sur celle, récemment revalorisée, des infirmières hospitalières.
La création d'un deuxième corps de catégorie B pour occuper des fonctions exclusivement administratives doit permettre d'accroître les possibilités d'avancement des personnels de catégorie C des services judiciaires (10 000 fonctionnaires représentant la moitié de l'effectif) intéressés par une carrière essentiellement administrative. La constitution initiale de ce corps nécessitera de prévoir une période transitoire pendant laquelle l'accès par concours sera réservé uniquement aux personnels de catégorie C administratifs des services judiciaires (1.000 agents).
La revalorisation de l'indemnité de fonction des magistrats de l'ordre judiciaire s'est traduite par des mesures de revalorisation avec l'objectif d'aligner cette indemnité sur celles allouées aux membres des autres corps de l'État exerçant des fonctions juridictionnelles comparables. Les mesures inscrites en lois de finances ont permis de faire passer le taux indemnitaire des magistrats de l'ordre judiciaire de 19 % en 1987 à près de 37 % en 1996, mais aucune mesure de revalorisation indemnitaire n'est intervenue depuis 1996.
Depuis 1997, la direction des services judiciaires a engagé un plan de revalorisation indemnitaire en faveur des fonctionnaires des greffes. Diverses mesures nouvelles ont à cet effet été inscrites dans les dernières lois de finances pour un montant total de 8,34 millions d'euros (54,7 millions de francs) auquelles s'ajoute la mesure de 2,732 millions d'euros (17,9 millions de francs) prévue pour 2002 en application du protocole du 1er décembre 2000.
Les taux indemnitaires moyens de ces personnels ont ainsi évolué comme suit depuis 1995
(en %) | ||
1995 |
2001 | |
Greffiers en chef |
18 % |
21 |
Greffiers |
17,5 % |
21 |
Adjoints administratifs |
14,47 % |
20 |
Agents administratifs |
15,96 % |
20 |
Les greffiers en chef et greffiers
Les greffiers en chef et les greffiers des services judiciaires bénéficient depuis 1992 d'une indemnité forfaitaire de fonction établie en pourcentage du traitement brut afférent à l'indice réel moyen de chaque grade. L'arrêté du 20 septembre 2000 a fixé le taux moyen de cette indemnité à 20%. Ce taux sera porté à 21% par un nouvel arrêté à paraître prochainement. Cette mesure constituera la traduction à la fois de la mesure nouvelle de 0,88 millions d'euros (5,8 millions de francs) inscrite en 2001 enpermettant une revalorisation de 0,5 % de leur régime indemnitaire et du protocole signé le 1er décembre 2000 prévoyant en leur faveur une revalorisation complémentaire de 0,5%. La budgétisation de cette dernière revalorisation, financée en gestion 2001 sur la ressource disponible, est prévue en loi de finances pour 2002.
Les personnels de catégorie C
Les fonctionnaires de catégorie C des services judiciaires ont bénéficié ces dernières années d'une revalorisation importante de leur régime indemnitaire. Celui-ci était jusqu'en 2000 composé de deux indemnités : l'indemnité spéciale forfaitisée depuis 1998 et l'indemnité horaire pour travaux supplémentaires. Le montant trimestriel de l'indemnité horaire pour travaux supplémentaires a été ramené de 28 heures à 9 heures supplémentaires.
En 2000, l'unification du régime indemnitaire de ces agents a été parachevée. Désormais, ils ne disposent plus que d'une seule indemnité, - l'indemnité spéciale - exprimée en pourcentage du traitement brut moyen de chaque grade. Le taux moyen de cette indemnité est actuellement de 19 %.
La mise en _uvre de la mesure prévue par le protocole du 1er décembre dernier (revalorisation d'1% du régime indemnitaire des personnels de catégorie C) devrait, comme pour les greffiers en chef et greffiers, se traduire dans un prochain arrêté. Ces personnels bénéficieront donc, dès 2001, d'un taux indemnitaire moyen de 20%, dont la consolidation est prévue au projet de loi de finances pour 2002.
Enfin, concernant les magistrats de la Cour de cassation, les dispositions de la loi organique du 25 juin 2001 relative au statut des magistrats élèvent au grade hors hiérarchie tous les présidents de chambre des cours d'appel, c'est à dire à un grade égal à celui des conseillers à la Cour de cassation. Le seul écart d'échelle est manifestement insuffisant pour déterminer les meilleurs présidents de chambre des cours d'appel de province à engager les frais d'une résidence parisienne. Il est donc indispensable de restaurer le régime indemnitaire des membres de la Cour de cassation en rétablissant une égalité avec leurs homologues du Conseil d'État et de la Cour des comptes, dont l'indemnité est de plus de dix points supérieure. L'augmentation de cette indemnité devrait être affectée à la création d'une prime d'activité qui, à l'inverse des deux autres hautes juridictions, n'est pas prévue pour la Cour de cassation.
III.- LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT
Les services judiciaires connaissent un nombre d'affaires nouvelles important. L'activité des juridictions civiles comme des juridictions pénales est maintenue à un niveau élevé qui exige des moyens de fonctionnement importants.
A.- LE FONCTIONNEMENT MATÉRIEL DES SERVICES JUDICIAIRES
1.- La réforme de la gestion administrative et financière des juridictions
Il n'existe pas à proprement parler d'administration de la justice, les magistrats refusant, au nom de leur indépendance, que les juridictions soient gérées par des « administrateurs » spécialisés et formés en ce but. Aussi, les services judiciaires ont longtemps souffert d'un déficit de gestion, les magistrats n'étant que très peu formés aux pratiques de gestion. Cette situation est devenue d'autant plus préoccupante avec la déconcentration des crédits de fonctionnement. Des efforts importants ont été réalisés ces dernières années, en particulier avec la création des services administratifs régionaux, dont votre Rapporteur spécial soulignait, dans le rapport de la mission d'évaluation et de contrôle, le caractère novateur et prometteur. La poursuite de cette modernisation des circuits de gestion est essentielle au moment où les crédits augmentent.
En effet, les circuits d'exécution des dépenses des juridictions étaient, jusqu'à une époque récente, fortement marqués par l'organisation atomisée des juridictions judiciaires (1200 juridictions implantées sur 900 sites distincts) et par la tradition d'autonomie des juridictions dans la gestion de leurs moyens de fonctionnement. Cette atomisation n'était guère favorable à la recherche d'économies d'échelle. Pour améliorer cette situation, une réforme de l'organisation de l'administration des moyens des juridictions a été initiée en 1997. Sa mise en _uvre s'est échelonnée sur deux ans. Applicable à l'ensemble des juridictions de métropole et des départements d'outre-mer depuis le 1er janvier 2000, elle permet un meilleur suivi de l'utilisation de la ressource et la mise en _uvre d'un réel contrôle de gestion par les chefs de cour car elle permet de centraliser, au niveau de la cour d'appel, les informations concernant les dépenses de l'ensemble des juridictions du ressort, dont jusque-là seuls étaient destinataires les préfets, ordonnateurs secondaires, pour les juridictions de leur département.
Les structures de gestion
La direction des services judiciaires assure la répartition entre les cours d'appel des crédits de fonctionnement et contrôle l'exécution des budgets des juridictions. Depuis 1998, est notifiée aux cours d'appel une dotation de fonctionnement destinée à couvrir les dépenses de fonctionnement courant d'informatique déconcentrée ; les frais de déplacement et les dépenses d'entretien immobilier de l'ensemble des juridictions du ressort ;
La détermination des dotations globales de fonctionnement notifiées à chaque cour d'appel procède de l'analyse des demandes budgétaires des juridictions, par nature de dépenses. La méthodologie retenue pour la détermination des dotations vise à assurer une complète objectivité dans l'allocation de la ressource, les critères d'analyse employés étant totalement transparents pour permettre aux cours d'appel de comparer leurs coûts de fonctionnement et les dotations dont elles bénéficient tant à la dépense moyenne nationale qu'entre elles.
Pour accompagner le mouvement de déconcentration et de responsabilisation des chefs de cour d'appel, a été créée à la direction des services judiciaires, une cellule de contrôle de l'exécution des budgets des juridictions. Cette cellule de contrôle de gestion a pour missions essentielles :
· de développer les techniques de contrôle des budgets ;
· d'analyser les comptes-rendus de gestion ;
· de suivre et vérifier l'exécution de la dépense ;
· de réaliser des études budgétaires et comptables ;
· d'intervenir auprès des juridictions en qualité de conseil ;
· d'établir des audits et bilans de situation.
À partir de 1997, a été mis en place un dispositif de contrôle de gestion ayant pour finalité d'aider les chefs de cours d'appel dans leurs arbitrages budgétaires. La cellule de contrôle de gestion procède actuellement, outre à l'analyse des documents d'exécution budgétaire, à la finalisation d'un infocentre permettant un traitement automatisés de ces données des juridictions vers les chefs de cours et l'administration centrale. L'infocentre permettra aux chefs de cours de pouvoir s'assurer à tout moment de la qualité de gestion des juridictions de leur ressort et d'exercer pleinement leurs responsabilités en matière de gestion.
Nature des crédits déconcentrés
A l'heure actuelle, à l'exception des crédits de rémunération, la totalité des crédits nécessaires au fonctionnement des juridictions est déconcentrée principalement au niveau des cours d'appel :
· chapitre 37-92 « fonctionnement des juridictions et moyens de formation ». La globalisation progressive de l'ensemble des moyens de fonctionnement des juridictions au sein d'un chapitre unique (chapitre 37-92) achevé en 1998 par l'intégration des crédits d'entretien immobilier, de même que le regroupement en loi de finances pour 1998 sur un article de prévision unique des moyens de fonctionnement des cours d'appel et des juridictions du premier degré a contribué à renforcer le mouvement de déconcentration et les responsabilités des chefs de cour en la matière. Le volume des crédits ayant vocation à être gérés de manière déconcentrée représente plus de 97 % des crédits ouverts sur le chapitre (209,46 millions d'euros soit 1.374 millions de francs en 2001).
· chapitre 31-96 « autres rémunérations principales » permettant notamment l'indemnisation des agents non titulaires de l'État, des assistants de justice, des magistrats exerçant à titre temporaire, des conseillers prud'hommes et des agents de justice. Dans le souci d'accentuer la déconcentration et, partant, la responsabilité des chefs de cour d'appel, a été mis en _uvre, à titre expérimental en 2000, pour 5 cours d'appel (Amiens, Bordeaux, Caen, Metz, Rouen) puis pour 10 en 2001 (les précédentes auxquelles s'ajoutent les cours de Dijon, Montpellier, Colmar, Nancy et Chambéry) une dotation globale sur le chapitre 31-96, à charge pour les chefs de cour de décider de la répartition de ces crédits par nature de dépense. Cette mesure sera étendue à l'ensemble des cours d'appel dès qu'un bilan précis pourra être tiré de l'expérience menée.
Responsables du fonctionnement des juridictions de leur ressort, les chefs de cour d'appel assurent la programmation et la répartition des crédits délégués dans les domaines de l'équipement immobilier, du fonctionnement courant, de l'informatique déconcentrée, des frais de déplacement, de l'entretien immobilier, de la formation des personnels.
- Les structures de gestion
Pour permettre aux chefs de cours de pouvoir exercer leurs missions dans le domaine budgétaire, la réforme de la procédure d'exécution des dépenses des juridictions a été accompagnée de la mise en place un nouvel outil informatique uniforme pour l'ensemble des juridictions. Par ailleurs, l'échelon d'administration implanté dans les cours d'appel a été renforcé par la création des services administratifs régionaux (SAR) lesquels se sont vus confier des responsabilités nouvelles dans le domaine de l'exécution des dépenses des juridictions, dont les circuits ont été modifiés par cette réforme.
Les SAR placés, dans chaque cour d'appel, sous l'autorité directe des chefs de cour, sont dirigés par un coordonnateur et ont pour vocation de préparer, mettre en _uvre et contrôler les actes et décisions de nature administrative nécessaires à la bonne administration du ressort. Leur champ d'action, qui s'est progressivement accru, s'étend aux domaines suivants : gestion du parc informatique et du parc immobilier, des frais de fonctionnement et de déplacement et gestion financière des personnels.
S'agissant de l'informatique déconcentrée, le recrutement de techniciens informatiques, a permis la constitution au sein des cours d'appel d'un relais pertinent des centres de prestations régionaux en matière de maintenance de premier niveau des matériels et des applications. La création prévue pour 2002, de 15 emplois supplémentaires, permettra de disposer d'un technicien pour 460 postes de travail en 2002 (contre 1 pour 580 postes actuellement).
Dans le domaine immobilier, outre la gestion des crédits d'entretien immobilier des juridictions (désormais intégrés au chapitre 37-92) qu'ils assurent depuis 1998, les SAR prennent progressivement en charge la gestion déconcentrée de l'équipement immobilier des juridictions, en remplacement des magistrats délégués à l'équipement. Les 7 emplois d'ingénieurs en équipement créés en lois de finances pour 1999 et 2000 dont ont bénéficié les SAR d'Aix en Provence, Douai, Grenoble, Montpellier, Paris et Versailles, constituent une première étape en ce sens.
Par ailleurs, depuis 1998, les services administratifs régionaux se sont vus confier de nouvelles missions de contrôle des dépenses publiques, en matière de frais de justice et de gestion des subventions aux associations intervenant dans les activités présentes et d'aide aux victimes, en matière pénale, et en matière de médiation civile. Depuis 1998, les chefs de cour arbitrent en effet les montants des subventions allouées à chacune des associations de leur ressort intervenant dans ces secteurs.
D'importants moyens budgétaires ont été mobilisés pour financer l'installation des SAR. L'augmentation des effectifs des SAR génère à cet égard chaque année des besoins nouveaux financés, dans la mesure du possible, par redéploiement de la ressource. Les effectifs réels de l'ensemble des 35 SAR sont au 30 août 2001, les suivants :
· 162 greffiers en chef ;
· 1 contractuel de 1ère catégorie ;
· 166 greffiers ;
· 44 contractuels de 3ème catégorie ;
· 209 agents de catégorie C.
Afin de permettre un choix plus large de professionnels de la gestion, un statut d'emploi de secrétaire général de SAR est en préparation. Cette adaptation statutaire des modalités actuelles de recrutement des agents nommés sur les postes de coordonnateurs permettra également des accélérations indiciaires importantes et l'élévation de certains emplois en échelle lettre B. Le futur cadre d'emploi est calqué sur celui des directeurs régionaux et départementaux d'administration pénitentiaire et de protection judiciaire de la jeunesse. Votre Rapporteur spécial souhaite que ce statut d'emploi de secrétaire général soit défini le plus rapidement possible.
- Les crédits gérés au niveau de la cour d'appel
Certaines dépenses, dépenses de rémunération principale et indemnitaire des personnels des services judiciaires (magistrats et fonctionnaires des greffes), dépenses d'intérêt régional, sont gérées par les cours d'appel pour l'ensemble des juridictions de leur ressort.
Les dépenses de rémunération principale et indemnitaire des personnels des services judiciaires (magistrats et fonctionnaires des greffes) sont depuis le 1er janvier 2000, dans toutes les cours d'appel de métropole, gérées exclusivement par le SAR pour l'ensemble des juridictions du ressort de la cour d'appel. Elles ont un ordonnateur unique (ministre de la justice pour le ressort de la cour d'appel de Paris, préfet du département siège de la cour d'appel pour les autres cours) et relèvent de la compétence d'un seul comptable du Trésor
Pour les dépenses d'intérêt régional sur les chapitres 37-92 et 31-96 (il s'agit des dépenses de fonctionnement présentant un caractère stratégique - dépenses d'informatique déconcentrée, frais de déplacement, entretien immobilier, indemnisation des conciliateurs- et de celles se rattachant à la fonction de gestion de personnel incombant aux chefs des cours d'appel - indemnisation des agents non titulaires, des assistants de justice, des magistrats exerçant à titre temporaire, des agents de justice) les chefs de cour établissent, dès notification des dotations, des programmes d'emploi de crédits. Ces documents, qui servent de base à leur propre contrôle de gestion, sont adressés à l'administration centrale.
Par ailleurs, au delà des types de dépenses précitées, les chefs de cours d'appel ont été invités à mettre en _uvre diverses formes de regroupement de la gestion des dépenses de fonctionnement des juridictions : politique d'achats régionale se traduisant, par un regroupement de commandes ou conduite systématique d'une politique de dépenses communes pour les juridictions implantées sur un même site.
Les juridictions d'un même arrondissement judiciaire sont coordonnées au sein d'une cellule de gestion qui, tout en respectant l'autonomie budgétaire de chacune des juridictions, apporte la compétence et le soutien de véritables professionnels de la gestion.
- Les structures de gestion
L'ensemble des juridictions du premier degré du ressort d'un tribunal de grande instance est constitué en centre dépensier disposant d'une cellule de gestion budgétaire, laquelle est chargée de tenir la comptabilité de ces juridictions et constitue l'unique interlocuteur du service administratif régional. Les juridictions conservent l'initiative de leurs dépenses de fonctionnement, sous réserve de la politique d'achat commune déterminée par les chefs de la cour d'appel. Le service administratif régional constitue l'unique interlocuteur des Préfets, ordonnateurs secondaires, en matière d'engagement comptable et de mandatement des dépenses des juridictions des départements composant le ressort de la cour d'appel.
La cellule de gestion tient une comptabilité d'engagement pour chacune des juridictions du centre dépensier qui permet la transmission quotidienne de toutes les informations vers le service administratif régional.
- La gestion des crédits des juridictions
Au niveau de chaque juridiction du premier degré, les demandes budgétaires et le projet de budget font l'objet d'une consultation et sont soumis à l'avis des assemblées générales de la juridiction dans les conditions prévues par le code de l'organisation judiciaire. Une conférence budgétaire d'arrondissement judiciaire est chargée d'harmoniser les demandes budgétaires des juridictions du premier degré du ressort. Au niveau de la cour d'appel, une conférence budgétaire régionale, présidée par les chefs de cours est chargée d'analyser les projets de budgets d'arrondissements judiciaires, ainsi que les demandes budgétaires initiales recensées. Les chefs de cour arrêtent ensuite la demande budgétaire régionale qui est transmise à l'administration centrale accompagnée d'un rapport d'analyse pour l'ensemble du ressort.
S'agissant de l'exécution des budgets, ils notifient à chacun de leurs arrondissements judiciaires une dotation globale de fonctionnement, répartie entre les juridictions de l'arrondissement par les chefs du tribunal de grande instance, dans le cadre de la conférence budgétaire d'arrondissement.
Chaque juridiction doit établir, dès notification de sa dotation, un budget prévisionnel et, dès la mise à disposition du premier acompte provisionnel de gestion, un budget prévisionnel de gestion, distinguant les impayés s'attachant à l'exercice antérieur, les dépenses incontournables et celles relevant du budget de programme. Ces documents sont adressés à la cour d'appel puis à la Chancellerie. Le budget prévisionnel sert de base au suivi comptable de la dépense.
Cette déconcentration raisonnée s'est accompagnée d'un mouvement de globalisation se traduisant par des modifications de la nomenclature budgétaire, et en particulier par le regroupement progressif des crédits de fonctionnement au sein du chapitre 37-92.
MOYENS MATÉRIELS DES JURIDICTIONS (en millions d'euros) | ||||||||
Loi de finances initiale 1998 |
Variation 1999/1998 |
Loi de finances initiale 2000 |
Variation 2000/1999 |
Loi de finances initiale 2001 |
Variation 2001/2000 |
Projet de loi de finances 2002 |
Variation 2002/20001 | |
Chapitre 37-92 - |
199,4 |
5,1 |
203,4 |
2 |
209,5 |
2,95 |
216,4 |
3,3 |
Source : documents budgétaires |
Les moyens des juridictions sont en constante augmentation. Ils ont atteint 210 millions d'euros (1,37 milliard de francs) pour 2001. Par rapport à la loi de finances initiale pour 2000, la croissance était de 2,93 %. Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit une augmentation de 3,3% et une dotation initiale de 216,4 millions d'euros (1,42 milliard de francs)
Dans le projet de loi de finances, 6,91 millions d'euros (45,3 millions de francs) de mesures nouvelles serviront à la mise en service de nouveaux bâtiments judiciaires (1,98 millions d'euros, soit 13 millions de francs), à l'accompagnement des création d'emplois (0,8 millions d'euros, soit 2,3 millions de francs), à la formation des personnels (3,5 millions d'euros, soit 23 millions de francs), à la gratuité de la délivrance des copies pénales (0,46 millions d'euros, soit 3 millions de francs) et aux frais de nourriture des personnes sous main de justice (0,25 millions d'euros, soit 1,62 millions de francs).
Les chapitres 37-11 - Frais de justice et 37-91 - Réparations civiles retracent des crédits évaluatifs.
Après une période de progression rapide dans la première moitié de la décennie, le taux de croissance des dotations s'est ralenti à partir de 1999. Les dotations initiales inscrites en loi de finances ont connu une progression moyenne de 8,4 % entre 1995 et 1998. Le chapitre a été régulièrement abondé en cours d'année : 50 millions en 1994, 75 millions en 1995, et 63,6 millions de francs en 1996. En 1995 et 1996, les dotations initiales ont été majorées en raison des événements intervenus en cours de gestion : apurement des impayés relatifs aux réquisitions à France Télécom prévu par la convention en novembre 1995 entre l'entreprise et le ministère (1995), transfert de crédits lié à la suppression de la franchise postale (1996). En 1997 et 1998, aucun abondement n'est intervenu en cours d'exercice. En 1998 et pour la première fois depuis des années, la dotation initiale a couvert les besoins et en 1999 un excédent de 453,62 millions de francs a été constaté.
Les dotations budgétaires 2000 et 2001 avaient été arrêtées sur la base d'une prévision de hausse tendancielle des frais de 4 % en 2000 et d'une baisse de 1% au pénal, 3% au civil et 4 % au commercial en 2001. Compte tenu de l'évolution de la dépense (+6,25 %), inférieure à la prévision, un excédent de 163 millions de francs a été dégagé sur les crédits ouverts en 2000 dont 160 millions de francs ont été annulés au titre du contrat de gestion.
Sur les six premiers mois de 2001, les frais diminuent globalement de 1,74 % ce qui semble valider la baisse de la dotation initiale inscrite dans le projet de loi de finances pour 2001 (- 2,1 %).
ÉVOLUTION DU CHAPITRE 37-11 (en millions d'euros et en %) | ||||||
Année |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Dotation |
228.437,08 |
248.103,00 |
266.564,58 |
283.215,06 |
277,17 |
293.191,32 |
Évolution |
- |
8,6 |
7,4 |
6,2 |
- 2,1 |
5,8 |
Dépense |
234.301,94 |
247.058,72 |
243.140,48 |
258.346,96 |
nd |
nd |
Évolution |
8,2 |
5,4 |
- 1,6 |
6,3 |
1,74 (1) |
nd |
dont pénal |
11,59 |
7,22 |
- 1,69 |
5,98 |
||
dont civil |
4,99 |
- 1,11 |
- 3,02 |
7,5 |
||
dont commercial |
- 5,46 |
5,82 |
- 0,47 |
- 3,03 |
||
(1) sur les six premiers mois de l'année |
Les frais de justice pénale, civile et commerciale représentent respectivement 69 %, 17 % et 11 % de la dépense et évoluent de façon très différente.
Les frais pénaux sont passés de 160,22 millions d'euros (1.051 millions de francs) en 1997 à 178,82 millions d'euros (1.173 millions de francs) en 2000 soit une hausse de 11,7 % sur la période 1997-2000 après une hausse de 22 % sur la période 1995-1998. La dépense a diminué de 2 % au 1er semestre 2001. L'augmentation des frais pénaux résulte principalement de trois causes : les dépenses d'expertises et d'examens médicaux (+ 23 % sur 1997-2000), les frais de saisie, mise sous séquestre, de fourrière et scellés (+ 47 % sur la période) et les frais d'enquête, de contrôle judiciaire et de médiation (+ 32,6 % sur la période). La hausse de ces derniers résulte en grande partie du développement des alternatives à la détention et de celui de la médiation pénale (). Par contre les frais postaux et les frais de réquisition aux opérateurs de télécommunications ont baissé respectivement de 3,25 % et 4,1 % de 1997 à 2000.
Les frais civils augmentent de 3,1 % entre 1997 et 2000. La dépense s'élève à 292 millions de francs en 2000 contre 284 millions de francs en 1997. Cette évolution s'explique essentiellement par l'augmentation des dépenses d'enquêtes sociales ordonnées en matière d'exercice de l'autorité parentale ainsi que des frais de procédures en matière de tutelle et de curatelle.
Les frais commerciaux sont les frais avancés par l'État dans les procédures de redressement et de liquidation judiciaire en cas d'impécuniosité du débiteur. Ils se sont élevés à 27,90 millions d'euros (183 millions de francs) en 2000 et ont connu une évolution très contrastée au cours des dernières années : ils ont diminué en 1997
(- 5 %), réaugmenté mais modérément en 1998 (+ 5,8 %) et sont restés stables en 1999. Il est prévu à l'article 75 du présent projet de loi de finances, de modifier l'article L. 627.3 régissant ces frais.
Devant la croissance considérable des frais de justice, un contrôle a été mis en place. La circulaire du 16 avril 1996 a institué un suivi de la dépense par tribunal de grande instance et par cour d'appel. Les cours d'appel ont adressé semestriellement à la Chancellerie un rapport présentant l'évolution de la dépense de frais de justice pénale dans leur ressort.
La circulaire du 14 octobre 1997 a renforcé ce dispositif de suivi des frais de justice. La circulaire du 2 mars 1998 a diffusé des informations sur l'évolution de la dépense au niveau national en 1997 et a fixé un objectif indicatif d'évolution de la dépense de 4 %. Dans la circulaire aux cours d'appel du 27 octobre 1998, plusieurs mesures précises ont été mises en place : extension du dispositif de contrôle des frais de justice par les juridictions aux frais de justice civile et commerciale, organisation par les cours d'appel des conditions d'une mise en concurrence des prestataires de service dans les domaines non tarifés, rappel du champ des frais de justice commerciale et de leurs modalités de contrôle, établissement par la Chancellerie d'un tableau de bord mensuel national communiqué aux juridictions avec une analyse de la dépense tous les trimestres, etc.
Le décret n° 99-203 du 18 mars 1999 et la circulaire du 5 juillet 1999, ont mis en _uvre cette volonté. Un certain nombre d'actes ont été ainsi revalorisés : expertises psychiatrique, psychologique et médico-psychologique, traduction et interprétation, tandis que certaines catégories de frais étaient tarifées (photocopie, cryptologie). Les frais de diffusion des décisions de justice, les frais d'immobilisation, l'indemnité supplémentaire de comparution des jurés, témoins et experts, les frais de déplacement des magistrats ont été simplifiés.
Par ailleurs, les articles 21 à 23 de la loi du 23 juin 1999 qui simplifient les règles de conservation des objets, permettront sans doute d'obtenir une réduction de la durée du gardiennage et des frais correspondants. Cette loi a également facilité l'usage de la télécopie pour les notifications pénales.
La Chancellerie a ainsi mis en place depuis 1996 un suivi de la dépense de frais de justice, tant au niveau de l'administration centrale qu'au niveau déconcentré. Ce dispositif de suivi, initialement limité aux frais de justice pénale est appliqué depuis 1998 à l'intégralité des dépenses de frais de justice (pénale, civile et commerciale).
Ce suivi de la dépense à chacun des niveaux concernés facilitera l'application de la loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances, qui supprime le caractère évaluatif du chapitre des frais de justice. En revanche, il ne permet pas de disposer d'une comptabilité analytique des frais de justice par cabinet d'instruction ou par affaire. Dans certaines juridictions, un suivi de la dépense par cabinet d'instruction est opérationnel, mais ce suivi ne permet pas d'identifier un coût par affaire. Des travaux sont en cours en ce sens.
Le montant de l'ajustement de la dotation pour 2002 est de 16,022 millions d'euros (105,1 millions de francs), soit une augmentation de 5,8 %.
Il se décompose de la manière suivante :
· 14,071 millions d'euros (92,3 millions de francs)en mesures acquises :
- un ajustement de la dotation à l'évolution prévisible de la dépense de 9,497 millions d'euros ou 62,3 millions de francs (38,5 millions de francs sur l'article 10, 30,8 millions de francs sur l'article 20 et - 7 millions de francs sur l'article 30). La progression de la dépense constatée en 2000 conduit à retenir des hypothèses d'accroissement de la dépense en 2001 et 2002 de + 2 % au pénal, + 0,5 % au civil et - 3 % au commercial.
- une mesure de 3,964 millions d'euros ou 26 millions de francs (sur l'article 64) pour financer la montée en charge de l'indemnisation des personnes mises en détention provisoire dans des procédures qui se sont terminées par un non-lieu, un acquittement ou une relaxe et l'indemnisation de certains des frais exposés par les personnes poursuivies - même sans avoir été placées en détention - lorsque celles-ci ont bénéficié d'un non-lieu, d'un acquittement et d'une relaxe.
- une mesure de 0,610 millions d'euros ou 4 millions de francs pour financer le coût de signification des décisions rendues par la commission de révision de l'état-civil à Mayotte.
· 1,951 millions d'euros (12,8 millions de francs) en mesures nouvelles : Ceci intègre la revalorisation du tarif des huissiers intervenant au pénal, la désignation d'un administrateur chargé d'assister les mineurs isolés entrant sur le territoire, une provision en vue de la tarification des frais de réquisition au G.I.E. carte bancaire et aux fournisseurs
Le chapitre 37-91 a connu en 1997 une hausse substantielle de 51,1 %, rendue nécessaire par le dépassement systématique des dotations inscrites. En 1998 et pour 1999, la dotation est stabilisée à 3,16 millions d'euros (20,7 millions de francs) et devrait permettre d'éviter des dépassements trop importants. En 2000, la dotation a atteint 4,22 millions d'euros (27,7 millions de francs) (dont 1,07 millions d'euros, soit 7 millions de francs en loi de finances rectificative du 30 décembre 2000) ce qui a permis de maintenir la consommation en dessous de la dotation. Pour 2001, la dotation initiale est de 3,84 millions d'euros (25,2 millions de francs) et au 30 septembre 2001, la consommation était déjà de 3,99 millions d'euros (26,2 millions de francs), soit un dépassement de la dotation inscrite. Pour 2002, la dotation initiale de 2001 est reconduite, soit 3,84 millions d'euros (25,2 millions de francs), ce qui laisse présager un nouveau dépassement l'année prochaine, entachant ainsi la sincérité budgétaire.
ÉVOLUTION DES DOTATIONS DU CHAPITRE 37-91 - RÉPARATIONS CIVILES |
||||||||||||
(en millions d'euros) |
||||||||||||
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 (1) |
2002 (2) |
||||||
A.- Dotation en loi de finances initiale |
2,09 |
3,16 |
3,16 |
3,16 |
4,22(3) |
3,84 |
3,84 |
|||||
B.- Consommation |
2,90 |
3,19 |
2,32 |
3,84 |
3,78 |
3,99 |
||||||
Rapport B/A |
21,14 |
15,26 |
11,19 |
18,55 |
13,64 |
15,84 |
||||||
(1) au 30 septembre 2000. | ||||||||||||
(2) projet de loi de finances. (3) dont 1,07 millions d'euros en en loi de finances rectificative n°2000-1353 du 30 décembre 2000 | ||||||||||||
Source : ministère de la justice. |
C.- L'AIDE JURIDIQUE
Le dispositif de l'aide juridique comprend trois volets :
· l'aide juridictionnelle est mise en _uvre par les bureaux d'aide juridictionnelle qui octroient cette aide aux personnes qui la demandent, par les greffes qui attestent de l'exécution des missions effectuées par les avocats, par les caisses de règlements pécuniaires des avocats (CARPA) qui gèrent la rétribution des avocats et par le Trésor public qui assure directement, sans ordonnancement, la rétribution des autres auxiliaires de justice (avoués, huissiers) ;
· l'aide à l'accès au droit peut intervenir en dehors de tout procès pour faciliter l'information juridique des plus démunis et organiser l'assistance au cours de procédures non juridictionnelles. Cette aide relève de la compétence des conseils départementaux de l'aide juridique (CDAJ), qui ont été transformés par la loi n° 98-1163 du 18 décembre 1998 relative à l'accès au droit et à la résolution amiable des conflits en conseils départementaux de l'accès au droit ;
· l'aide à l'intervention de l'avocat au cours de la garde à vue, prévue pour la première fois par la loi n° 93-2 du 4 janvier 1993 portant réforme de la procédure pénale et modifiée par le projet de loi relatif à la présomption d'innocence et aux droits des victimes, distincte de l'aide juridictionnelle, est cependant imputée sur le chapitre 46-12 - Aide juridique.
L'aide juridictionnelle a connu une grave crise l'an dernier quand les barreaux (dont, après quelques hésitations, le barreau de Paris) se sont mis en grève afin de protester contre la faiblesse de l'indemnisation versée aux avocats. Les avocats entendaient stigmatiser les insuffisances d'uns système qui les oblige parfois à travailler à perte. Cette crise a débouché sur la conclusion d'un protocole d'accord qui, outre des mesures de revalorisation des indemnités, prévoyait la mise en place d'une commission présidée par le conseiller d'État honoraire et ancien bâtonnier Paul Bouchet. Cette commission a présenté ses conclusions au moi de mai de cette année, conclusions qui doivent inspirer le projet de loi de réforme de l'aide juridictionnelle en cours de rédaction à la Chancellerie. Votre Rapporteur souhaite que ce projet de loi soit rapidement déposé au Parlement, faute de quoi une nouvelle grève des avocats est à attendre.
L'aide judiciaire permet d'accorder aux avocats une indemnité pour l'assistance apportée jusqu'ici gratuitement aux justiciables les plus pauvres. Applicable initialement en matière civile, elle a été étendue en 1981 en matière pénale, tandis que la gratuité des actes de justice était instituée en 1977, grâce à la suppression des droits et taxes pesant sur les actes de procédure.
La réforme introduite par la loi n° 91-637 du 10 juillet 1991 s'est traduite par l'accroissement de l'effort de l'État de 60,98 millions d'euros (400 millions de francs) à 0,15 milliard d'euros (1 milliard de francs), puis, à terme, à 0,23 milliard d'euros (1,5 milliard de francs). À la revalorisation progressive des rétributions des avocats s'est substituée une simple actualisation de celles-ci sur la base de la progression de l'indice des prix.
La loi n° 95-125 du 8 février 1995 relative à l'organisation des juridictions, tenant compte des difficultés de recrutement des membres des bureaux d'aide juridictionnelle, a ouvert la présidence de ceux-ci à des magistrats honoraires ou des membres honoraires des juridictions administratives. Le décret n° 97-1221 du 26 décembre 1997 a permis de renouveler une seconde fois, à titre exceptionnel, la nomination ou la désignation des membres honoraires d'aide juridictionnelle établis près la Cour de cassation et le Conseil d'État.
D'autres textes réglementaires ont consolidé les règles relatives à la gestion par les caisses de règlement pécuniaire des avocats des dotations versées par l'État au titre des missions d'aide juridictionnelle.
L'article 82 de la loi d'orientation relative à la lutte contre l'exclusion a prévu que les personnes sans domicile fixe peuvent adresser leur demande d'aide juridictionnelle au bureau établi au siège de la juridiction dans le ressort de laquelle se trouve l'organisme d'accueil choisi par elle.
La loi du 18 décembre 1998 relative à l'accès au droit et à la résolution amiable des conflits a réalisé, dans son chapitre premier, une réforme importante de la loi du 10 juillet 1991. Quatre séries de mesures ont été définies :
· le domaine de l'aide juridictionnelle est étendu à la transaction avant l'instance. Le système antérieur permettait une rétribution au titre de l'aide juridictionnelle de l'avocat qui était parvenu à une transaction au cours d'instance, ce qui supposait la saisine préalable d'une juridiction.
· la condition de ressources est levée pour les instances devant les juridictions des pensions militaires ;
· les dispositifs de retrait et de remboursement sont unifiés : l'avocat du bénéficiaire de l'aide doit désormais demander le versement de la part contributive de l'État dans un délai de six mois à compter du jour où la décision est passée en force de chose jugée ;
· les bureaux d'aide juridictionnelle sont réorganisés. Le président du bureau, statuant seul, ou un vice-président en qualité de délégataire, peuvent rejeter les demandes manifestement irrecevables ou dénuées de fondement, mais aussi accueillir la demande lorsqu'elle ne se heurte à aucune difficulté particulière. Ils peuvent également ordonner des mesures de contrôle du respect des conditions de ressources.
AIDE JURIDICTIONNELLE ÉVOLUTION DES DEMANDES ET DES ADMISSIONS | |||||||||||||
1995 |
Evo-lution |
1996 |
Evo-lution |
1997 |
Evo-lution |
1998 |
Evo-lution |
1999 |
Evo-lution |
2000 |
|||
Demandes |
705.691 |
+ 3,4 |
729.791 |
+ 7 |
780.634 |
- 0,3 |
778.413 |
+ 0,6 |
783.130 |
+ 0,2 |
784.371 | ||
Rejets |
59.142 |
+ 8,3 |
64.072 |
+ 10,9 |
71.028 |
+ 5,1 |
74.667 |
+ 5,1 |
78.480 |
+ 9,1 |
85.592 | ||
Taux de rejet |
8;4 |
8,8 |
9,1 |
9,6 |
10 |
10,9 | |||||||
Admissions |
646.549 |
+ 3 |
665.719 |
+ 6,6 |
709.606 |
- 0,8 |
703.746 |
+ 0,1 |
704.650 |
- 0,8 |
698.779 | ||
Aide totale |
566.195 |
+ 2,9 |
582.598 |
+ 6,5 |
620.235 |
- 1,3 |
612.439 |
- 0,1 |
612.012 |
- 1 |
605.929 | ||
Aide partielle |
80.354 |
+ 3,4 |
83.121 |
+ 7,5 |
89.371 |
+ 2,2 |
91.307 |
+ 1,5 |
92.638 |
+ 0,2 |
92.850 | ||
Admissions au civil(1) |
407.888 |
+ 2 |
416.098 |
+ 4,9 |
436.583 |
- 2,8 |
424.414 |
- 0,4 |
422.707 |
- 2,6 |
411.855 | ||
Admissions au pénal |
238.661 |
+ 4,6 |
249.621 |
+ 9,4 |
273.023 |
2,3 |
279.332 |
+ 0,9 |
281.943 |
+ 1,8 |
286.924 | ||
(1) y compris procédures administratives et conditions de séjour des étrangers. Source : Répertoire de l'aide juridictionnelle. |
Les plafonds de ressources fixés à 4.400 francs et 6.600 francs en 1992 ont progressé chaque année, jusqu'en 2000, en fonction de l'évolution de la tranche la plus basse du barème de l'impôt sur le revenu, comme le prévoit l'article 4 de la loi du 10 juillet 1991 relative à l'aide juridique. Le constat d'une stabilisation des admissions conjuguée avec une hausse significative des rejets des demandes d'aide juridictionnelle, motivés principalement par des dépassements des seuils d'admissions, a conduit le Gouvernement en 2001 à relever de 4,2 % les plafonds de ressources.
Au total, les plafonds pour 2001 de l'aide totale (788,92 euros, soit 5.175 francs) et de l'aide partielle (1.183,61 euros, soit 7.764 francs) ont progressé de 17,6 % depuis 1992, soit un taux supérieur à l'évolution des prix (12,9 %) sur la même période. En 2002 la revalorisation des plafonds sera similaire à l'évolution de la limite supérieure de la première tranche du barème de l'impôt sur le revenu.
Le nombre d'admissions a considérablement augmenté. Si la réforme de 1991 avait marqué une accélération, les demandes d'aide juridictionnelle se sont relativement stabilisées à partir de 1997. Elles sont ainsi passées de 780.634 en 1997 à 778.413 en 1998 et à 783.130 en 1999. Ainsi, après une croissance supérieure à 10 % par an entre 1992 et 1995, seulement ralentie de moitié en 1996-97, les admissions à l'aide juridictionnelle ont entamé une légère décroissance à partir de 1998, même si 1999 a semblé marquer une pause. Cette lente décroissance s'est confirmée en 2000.
Le nombre de décisions prises en 2000 par les bureaux d'aide juridictionnelle s'est établi à 784 371, soit une hausse de 0,2 % par rapport à 1999. En fait, ce sont les rejets qui ont progressé (+9,1 %) : le taux de rejet (11 %) a encore augmenté en 2000 ; il est plus élevé au civil (14,3 %) qu'au pénal (5,5 %). Déduction faite de ces rejets, les admissions ont baissé de 0,8 % en 2000. La décélération observée depuis 1998 s'est ainsi prolongée en 2000. Le «ciseau» habituel entre les évolutions de l'aide totale et de l'aide partielle est toujours constatable. Les admissions à l'aide juridictionnelle partielle ont faiblement augmenté. En revanche les admissions à l'aide juridictionnelle totale ont baissé (- 1 %). L'aide juridictionnelle totale reste toutefois très largement majoritaire, et représente 87 admissions sur 100.
Si l'on considère séparément les évolutions de l'aide civile et de l'aide pénale, on constate que la baisse globale des admissions recouvre une baisse assez nette des admissions à l'aide civile (- 2,6 % en 2000), et une hausse à un rythme voisin des admissions à l'aide pénale (+ 1,8 % en 2000) : le ciseau entre évolutions des admissions civiles et pénales s'est donc creusé. Si l'on examine l'évolution mensuelle des admissions au long de l'année 2000, il apparaît un déficit d'activité en fin d'année.
Les revendications des avocats en matière d'aide juridictionnelle, exprimées lors des mouvements de grève de novembre et décembre 2000, ont amené la Chancellerie à engager avec les représentants de cette profession des négociations qui se sont traduites par la signature d'un protocole d'accord le 18 décembre 2000.
Le décret du 17 janvier 2001 a été pris en application de ce protocole d'accord. Il procède aux ajustements rendus nécessaires par l'évolution de sept contentieux principaux. Pour tenir compte de l'entrée en vigueur, le 1er janvier 2001, de la loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes, le montant de la contribution de l'État à la rétribution de l'avocat intervenant au cours de la garde à vue, a été relevé. En matière d'application des peines, une indemnisation de l'avocat assistant le condamné dans les conditions fixées par l'alinéa 6 de l'article 722 du code de procédure pénale, a été prévue pour la période du 1er janvier au 16 juin 2001.
La revalorisation de la contribution de l'État à la rétribution des avocats, dont le coût est estimé à 26 millions d'euros en 2001 et 30 millions d'euros en 2002, sera financé en gestion en 2001 sur les disponibilités résultant de la baisse des admissions et du délai de mise en _uvre des mesures inscrites en loi de finances 2000 et 2001. Pour 2002, une mesure d'ajustement de la dotation budgétaire est demandée.
Le protocole du 18 décembre 2000 prévoit en outre l'extension du domaine de l'aide juridictionnelle à l'assistance ou à la représentation des détenus devant les conseils disciplinaires (extension effectivement prévue par l'article 74, rattaché) et la création de deux groupes de travail, l'un sur la gratuité des copies de dossiers pénaux, et l'autre sur les incidences du taux de T.V.A. sur l'accès au droit et sur l'exercice de la profession d'avocat.
Le rapport Bouchet, présenté en mai, propose certains axes de réforme. Une structure de pilotage de la politique d'accès au droit et à la justice pourrait être créée, en remplacement du CNAJ, sous la forme d'un organisme juridiquement autonome où seraient représentées les pouvoirs publics, les professions juridiques et les organisations actives dans le domaine de l'accès au droit. Constatant l'échec de l'aide partiel et l'insuffisance du plafond de l'aide totale, le rapport propose la suppression de l'aide partielle au profit d'une « aide totale élargie » ; le plafond de ressources serait porté de 788,92 euros (5.175 francs) à 1.029,03 euros (6.750 francs) et la majoration pour charges de famille de 85,07 euros (558 francs) à 152,45 euros (1.000 francs). Au-delà du plafond, la commission recommande de développer le recours au crédit sans intérêt. Concernant la rémunération des avocats, le système actuel pourrait être remplacé par un système de référence à un coût horaire fixé en fonction de deux facteurs : la rémunération de la prestation intellectuelle de l'avocat (évaluée à 33,54 euros soit 220 francs de l'heure) et la couverture des frais nécessaires à son exercice dans des conditions normales.
Ces propositions n'ont pas fait l'unanimité chez les avocats, certains craignant que le relèvement du plafond aboutisse à une tarification des prestations de l'avocat, c'est à dire à une fonctionnarisation rampante de la profession alors qu'ils souhaiteraient que l'aide juridictionnelle soit en partie financée par les assureurs du privé.
A l'issue de ces travaux, la chancellerie s'est engagée à déposer un projet de loi réformant l'aide juridictionnelle avant la fin de l'année. Votre Rapporteur spécial souhaite que ce projet de loi soit déposé le plus rapidement possible afin que le débat puisse s'engager avant les prochaines échéances électorales. Par ailleurs, le financement de l'aide juridictionnelle doit relever exclusivement de l'État, dont c'est une mission régalienne que d'assurer l'accès de tous à la justice.
AIDE JURIDICTIONNELLE (en millions d'euros) (1) |
|||||||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
||||
Dotation loi de finances initiale |
|||||||||
loi de 1971 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
|||
loi de 1991 |
185,12 |
187,28 |
220,09 |
235,32 |
235,32 |
278,63 |
|||
Total |
185,12 |
187,28 |
220,09 |
235,32 |
235,32 |
278,63 |
|||
Dépenses constatées |
|||||||||
loi de 1971 |
0,95 |
0,63 |
0,36 |
0,34 |
|||||
loi de 1991 |
183,210 |
188,52 |
197,12 |
187,71 |
|||||
Total |
184,16 |
189,15 |
197,48 |
188,05 |
|||||
(1) La dotation finale est de 1.250,316 arès un ajustement de 21,850 en loi de finances rectificative. |
Entre 1996 et 2000, la dépense d'aide juridictionnelle est passée de 163 à 188 millions d'euros (1,072 à 1,233 milliard de F), soit une hausse de 15,1 %.
Le rythme de croissance de la dépense se ralentit à partir de 1997 en raison de la décélération très nette de l'augmentation des admissions. En 2000, la dépense a baissé de 4,8 %. La baisse concerne un seul poste : le montant des dotations versées aux CARPA (-10 %). Elle s'explique par la baisse des admissions et une modification de la durée de l'exercice comptable, dorénavant aligné sur l'année civile. La période sur laquelle ont été effectués les paiements relevant de l'exercice 2000 a donc été réduite d'un mois. La dépense 2000 a été très inférieure à la dotation (un excédent de 200 millions de francs de la dotation finale par rapport à la dépense a été constaté).
Les dotations aux CARPA pour l'aide juridictionnelle représentent plus de 90 % des dépenses payées au plan central. Elles sont passées de 127 millions d'euros (833 millions de francs) en 1996 à 158 millions d'euros (1039 millions de francs) en 1999 et 143 millions d'euros (939 millions de francs) en 2000. La baisse de la dotation versée aux CARPA en 2000 s'explique par la modification de la durée de l'exercice comptable. La dotation budgétaire, qui est de 235 millions d'euros (1.544 millions de francs) en 2001, est portée à 279 millions d'euros (1.828 millions de francs) en 2002.
L'ajustement total de 43,31 millions d'euros (284,10 millions de francs) se décompose de la manière suivante :
- un ajustement de 39,59 millions d'euros (259,68 millions de francs) destiné à financer les dispositions du protocole d'accord prévoyant des revalorisations qui interviennent en deux étapes, janvier 2001 dès la date d'application du décret et 1er janvier 2002. Le coût du protocole est estimé à 26,22 millions d'euros (172 millions de francs) en 2001 et 30,03 millions d'euros (197 millions de francs) en 2002, soit 56,25 millions d'euros (369 millions de francs) au total.
- des moyens nouveaux pour 3,72 millions d'euros (24,2 millions de francs).
- une mesure de 2,17 millions d'euros (14,22 millions de francs) destinée à financer l'extension de l'aide juridique aux procédures disciplinaires des détenus.
- une mesure de 1,48 millions d'euros (9,7 millions de francs) destinée à la revalorisation de la rétribution des avoués pour les missions d'aide juridictionnelle devant la cour d'appel. La rétribution versée par l'État aux avoués près les cours d'appel qui prêtent leur concours devant cette cour au bénéficiaire de l'aide juridictionnelle est fixée par l'article 92 du décret n°91-1266 du 19 décembre 1991 à un montant forfaitaire de 1.750 F, majorée de 375 F en cas d'incidents. Il est proposé de provisionner une somme de 1,48 millions d'euros (9,7 millions de francs) permettant de revaloriser de 15 % cette rétribution, inchangée depuis 1991, pour tenir compte de la hausse des prix intervenue depuis cette date.
L'aide à l'accès au droit peut intervenir en dehors de tout procès pour faciliter l'information juridique des plus démunis et organiser l'assistance au cours de procédures non juridictionnelles. Cette aide relève de la compétence des conseils départementaux de l'aide juridique qui ont été transformés par la loi n° 98-1163 du 18 décembre 1998 relative à l'accès au droit et à la résolution amiable des conflits en conseils départementaux de l'accès au droit.
Cette loi a, par ailleurs, consacré l'existence des maisons de justice et du droit. Leur organisation était fondée jusqu'alors sur une circulaire de la direction des affaires criminelles et des grâces en date du 19 mars 1996. Il existe à ce jour 38 maisons de justice. 15 sont en création et 55 dossiers sont en cours d'instruction pour l'année 2000. Au 1er juin 2000, 51 maisons fonctionnaient effectivement.
Au moment de l'entrée en vigueur de la loi du 18 décembre 1998, il existait 27 conseils départementaux de l'accès au droit. Au 1er juillet 2001, ce nombre était passé à 53. Ces conseils réalisent des brochures d'information générale et thématique identifiant les différents organismes intervenant en matière d'accès au droit. Ils participent au financement de permanences d'orientation et de consultation juridiques, ainsi qu'au financement de séances d'information juridique en milieu scolaire, de la mise en place de numéros verts d'information juridique. Les conseils cofinancent également souvent la création de points d'accès au droit dans les hôpitaux, les centres d'hébergement d'urgence, les centres communaux d'action sociale, ainsi que la mise en place de permanences d'information juridique en milieu pénitentiaire.
Les présidents des tribunaux de grande instance des chefs-lieu de département, présidents de droit des conseils de l'accès au droit, reçoivent dans l'exercice de cette mission, l'appui :
· d'un greffier en chef dans les départements de plus d'un million deux cent cinquante mille habitants ;
· d'un assistant de justice dans les autres départements ;.
· d'agents de justice ayant pour mission d'accueillir le public et de l'assister dans la rédaction des réponses aux formulaires administratifs.
Au 3 septembre 2001, 15 CDAD seront dotés de greffiers en chef exerçant les fonctions de secrétaires généraux. En outre 21 assistants de justice, 76 emplois jeune et 40 agents de justice sont mis à disposition des CDAD, sous la responsabilité des greffiers en chef.
S'agissant des moyens financiers, l'essentiel des crédits destinés à soutenir l'accès au droit est imputé sur le chapitre 46-01 - Subventions et interventions diverses, article 20 - Services judiciaires : crédits déconcentrés. Pour 1999, le ministère de la justice a réservé 1,30 millions d'euros (8,5 millions de francs) au financement des conseils départementaux. La loi de finances pour 2000 a porté la subvention à 1,91 millions d'euros (12,5 millions de francs) soit une augmentation de 47 %. Pour 2001, l'augmentation de la dotation est limitée à 0,69 millions d'euros (4,5 millions de francs). Elle permettra de poursuivre le plan triennal de généralisation sur l'ensemble du territoire des CDAD. Au total, la dotation atteindra ainsi 2,67 millions d'euros (17,5 millions de francs).
La gestion de ces crédits est déconcentrée. l'administration centrale délègue par cour d'appel des enveloppes. Il appartient ensuite aux chefs de cour de répartir ces enveloppes entre les conseils du ressort de leur cour, puis de rendre compte de cette répartition et de l'usage des crédits ainsi obtenus.
Groupements d'intérêt public, les CDAD ont vocation à recevoir des financements de leurs autres membres. L'examen des rapports d'activité 2000 fait apparaître que la subvention reçue représente en moyenne 53,63 % de leurs ressources annuelles totales. La contribution des collectivités territoriales, des professions juridiques et judiciaires et des financeurs extérieurs représentent 46,37 % des financements.
L'accès au droit, s'il doit être favorisé par l'État, doit être totalement pris en charge par lui. Ce domaine est au c_ur de ses missions régaliennes. Il doit en assumer totalement la responsabilité, prendre appui sur les professions judiciaires associées si nécessaire, mais ne pas reporter sur ces dernières la charge financière qui en résulte.
Le décret du 4 février 1994 fixe les modalités de la rétribution des avocats désignés d'office afin d'intervenir au cours de la garde à vue ainsi que celles du versement, de la gestion et de la liquidation des dotations représentant la part contributive de l'État et versées aux barreaux.
Bien qu'autonome par rapport au dispositif relatif à l'aide juridictionnelle, le dispositif mis en place lui emprunte une part importante de ses règles, notamment celles relatives à la gestion des dotations versées aux barreaux sur le compte spécial prévu par l'article 23 de la loi du 10 juillet 1991. Le montant de base de la contribution de l'État à la rétribution de l'avocat est passé de 50,31 euros (330 francs) à 54,88 euros (360 francs) hors taxe par intervention en janvier 2001 et sera porté à 61 euros au 1er janvier 2002 soit une augmentation totale de 21 %; il peut être majoré lorsque l'intervention est effectuée de nuit ou dans un lieu situé hors des limites de la commune du siège du tribunal de grande instance.
La rétribution est versée à l'avocat par la CARPA Les règles de gestion sont communes à celles relatives à l'aide juridictionnelle. Par ailleurs, les barreaux qui ont conclu un protocole avec les tribunaux auprès desquels ils sont établis, peuvent étendre ce protocole à la garde à vue et bénéficient d'une majoration de la dotation allouée par l'État au titre des dépenses engagées par le barreau pour l'organisation du service des permanences.
Le montant des règlements effectués par les CARPA aux avocats au titre des missions d'aide à l'intervention au cours de la garde à vue est de 14 millions de francs en 2000.
L'article 11 de la loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes, prévoit l'intervention de l'avocat au cours de la garde à vue à trois reprises : dès la première heure de garde à vue, après la vingtième heure de garde à vue, après la trente-sixième heure de garde à vue, si celle-ci a fait l'objet d'une prolongation. Pour financer la mise en _uvre de la réforme en 2001, une enveloppe de 92 millions a été réservée sur la dotation d'aide juridictionnelle. Cette enveloppe sera portée à 16,95 millions d'euros (111,2 millions de francs) en 2002.
La France compte près de 1200 juridictions, réparties sur 900 sites qu'il convient d'équiper, d'entretenir, de restructurer en fonction des besoins qui ne manquent de surgir. Depuis 1987, la prise en charge de ces bâtiments appartient en totalité au ministère qui doit ainsi gérer plus de 1,5 million de mètres carrés, auxquels s'ajoute le palais de justice de Paris. Il convient également de construire régulièrement de nouveaux palais.
Initié par la loi de programmes, le mouvement tendant à mettre à niveau un équipement judiciaire largement défaillant, se poursuit cette année. Certes, les autorisations de programme, comme les crédits de paiement des services judiciaires sont en baisse dans le projet de loi de finances pour 2002 (respectivement de 28% et de 31%). Mais, cette baisse correspond à la prise en compte de la capacité d'absorption réelle des services judiciaires de leurs crédits d'équipement.
En 2000, comme en 1999, le taux de consommation des crédits de paiement n'a été que de 60 %. Votre Rapporteur spécial renvoie au rapport de la mission d'évaluation et de contrôle consacré aux moyens des services judiciaires pour une explication détaillée de cette sous-consommation. Des progrès semblent réalisés cette année : fin août, la consommation des crédits s'élevait à 124 millions d'euros (813,6 millions de francs) soit une augmentation de 36% par rapport à l'année dernière. Par ailleurs, la mise en place de l'Agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la justice devrait permettre une meilleure consommation des crédits. Pour autant, les reports à l'issue de l'exercice 2001 sont estimés à 50 millions d'euros (328 millions de francs), soit 63 % de la dotation initiale pour 2002.
Les opérations d'équipement sont réparties en trois groupes :
· celles pouvant être traitées dans le schéma de production courante, celui de la déconcentration, sous la responsabilité du préfet. Ce sont les programmes de moins de 400.000 francs ; ils relèvent de l'entretien immobilier ;
· les opérations individualisées, de moyenne ampleur, qui nécessitent un contrôle particulier de la chancellerie. Elles sont confiées aux antennes régionales de l'équipement ;
· enfin, les grandes opérations, directement prises en main par la délégation générale au programme pluriannuel d'équipement, créée en 1991 pour superviser l'achèvement du programme de construction pénitentiaire, et accompagner la réalisation du programme pluriannuel d'équipement judiciaire. Il s'agit d'une structure unique dans l'administration française, puisqu'elle prend en maîtrise d'ouvrage directe les opérations les plus lourdes (catégorie 1), qui engagent généralement plus de 50 millions de francs d'investissement.
A compter du 1er janvier 2002, l'agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la Justice, se substituera à la délégation générale au programme pluriannuel d'équipement. Trois articles spécifiques viendront consacrer cette création dans la nomenclature budgétaire de la Chancellerie :
· article 51 (ex-article 30) - services judiciaires - opérations sous convention de mandat,
· article 52 (ex-article 70) - nouveau tribunal de grande instance de Paris - opérations sous convention de mandat,
· article 53 (ex-article 50) - services pénitentiaires - opérations sous convention de mandat.
Le processus de construction proprement dit est long et complexe. La durée moyenne des études préalables est de deux ans. Ensuite, la phase de conception du projet dure également deux ans, puis il faut compter de huit mois à un an pour la consultation et la mise au point des marchés de travaux et enfin 2 ans pour la réalisation des travaux. Toutes phases confondues, la durée moyenne de réalisation d'un projet est donc de sept à huit ans.
Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit pour ces opérations 44 millions d'euros (290 millions de francs) d'autorisations de programme et 31,1 millions d'euros (204 millions de francs) de crédits de paiement. L'état général et la localisation des palais de justice tendent à démontrer que ce patrimoine, en grande majorité ancien et à caractère monumental, engendre d'importantes dépenses liées à sa mise en sécurité et à son adaptation aux besoins du service public. L'impact de la loi du 15 juin 2000 relative à la présomption d'innocence et aux droits des victimes est révélateur de la nécessité d'adapter les bâtiments judiciaires à la mission régalienne dévolue au ministère.
Trois principaux facteurs doivent être mis en exergue : le caractère vaste et monumental de ce patrimoine ancien, son état ainsi que sa localisation, la sécurité de ces bâtiments : l'essentiel du patrimoine judiciaire date du XIXème siècle. Il est classé monument historique à 80% . Parfois, les monuments sont plus anciens, tel le Parlement de Normandie, qui a plus de 500 ans d'histoire. Ce patrimoine est réparti sur plus de 1300 sites et représente 1.800.000 m². Il est donc très difficile de quitter les anciens palais, même quand il faudrait créer des bâtiments beaucoup plus fonctionnels. L'état général des palais de justice est préoccupant et il importe de souligner les risques qu'ils font courir. Par exemple, les façades de Rouen qui se délitent, présentent non seulement une menace, mais un danger réel pour les passants.
Le patrimoine judiciaire, qui jusqu'en 1987 relevait de la gestion des collectivités locales a souffert d'un défaut d'entretien. De manière régulière, des injonctions de fermer des sites judiciaires sont prises par les maires : les dernières en date concernent les tribunaux d'instance de La Rochelle et des Sables d'Olonne. Le palais de justice de Laon, ancien évêché du XIIème siècle, fait actuellement l'objet d'un important diagnostic de solidité et des mesures de sécurité ont été prises. Il en va de même à Dunkerque. Pour assurer la continuité du service public, des mesures de sécurité sont à prendre, des relogements à réaliser, des travaux de rénovation lourds à entreprendre. A la suite de l'accident mortel par effondrement survenu au tribunal d'instance de Mortain, un audit a été lancé en fin d'année 2000 sur la sécurité/solidité et anti-incendie de très nombreuses juridictions à risques. Un programme pluriannuel de mise en sécurité des bâtiments sera établi au premier semestre 2002 à partir des résultats de l'audit.
Il résulte de ce constat que les demandes de crédits de maintenance lourde présentées chaque année par le ministère vont devoir être substantiellement augmentées.
Il importe de distinguer les interventions courantes, concernant des opérations de faible importance ou de faible coût qui s'apparentent plus à de l'entretien, des grosses opérations de maintenance qui recouvrent l'essentiel, c'est-à-dire l'ensemble des opérations importantes qui assurent la pérennité du bâtiment sur le long terme. Ces opérations d'un montant supérieur à 60 985 € (400 000 F) se déclinent en maintenance préventive et corrective s'appliquant aux désordres, ou encore visent l'amélioration ou l'adaptation des équipements. Elles sont alors financées sur le Titre V.
Les opérations individualisées, pilotées au niveau central, représentent un montant de 16,77 millions d'euros (110 millions de francs). Il s'agit de constructions et restructurations pour l'essentiel.
Pour ce qui concerne l'enveloppe déconcentrée, les crédits s'élèvent à 27,44 millions d'euros (180 millions de francs) en augmentation par rapport à l'exercice 2001. Toutefois, le montant du financement consacré à la maintenance lourde des bâtiments judiciaires, au regard des importantes contraintes qui pèsent sur ces monuments historiques et de leur manque d'entretien, restera insuffisant. Rapporté au mètre carré en surface hors _uvre nette, soit 1.830.000 m², le ratio est très faible et ne permet pas de couvrir tous les besoins, notamment quant à la sécurisation des bâtiments. Il est de 99 F/m2 consacrés à la maintenance lourde, ce qui reste très inférieur à ceux évoqués par le groupe de travail sur la professionnalisation de l'immobilier, ou aux ratios pratiqués par les professionnels de l'immobilier, qui situe ce chiffre autour de 150 F/m² pour des bâtiments historiques d'entretien lourd.
II ) OPERATIONS DECONCENTREES | ||||
Opération |
Nature des travaux |
Coût estimé (en millions) |
Etat d'avancement |
Date de livraison |
AJACCIO |
restructuration, extension |
7,6 M€ (50 MF) |
études d'avant-projet sommaire en cours |
2ème semestre 2003 |
BASTIA |
reconstruction partielle /restructuration |
3,3 M€ (22 MF) |
appel d'offres travaux reconstruction en cours ; avant-projet sommaire restructuration approuvé |
2ème semestre 2002 |
BEZIERS |
restructuration, extension 1ère phase |
2,7 M€ (17,6 MF) |
appel d'offres travaux en cours |
2ème semestre 2002 |
BLOIS |
restructuration |
4,3 M€ (28 MF) |
opération livrée |
janvier 2001 |
BOBIGNY |
extension... |
5,9 M€ (39 MF) |
études de programmation en cours |
2ème semestre 2004 |
... et création d'une salle d'assises |
1,8 M€ (12 MF) |
études d'avant-projet sommaire en cours |
1er semestre 2002 | |
BORDEAUX |
restructuration et réhabilitation de la cour d'appel et du tribunal d'instance |
4,9 M€ (32 MF) |
études d'avant-projet détaillé en cours |
2ème semestre 2003 |
BRESSUIRE |
rénovation et restructuration |
1,1 M€ (7 MF) |
études d'avant-projet sommaire en cours |
1er semestre 2002 |
CAEN |
rénovation |
11,7 M€ (77 MF) |
études de programmation en cours |
1er semestre 2005 |
CAHORS |
restructuration et extension |
3,6 M€ (24 MF) |
études avant-projet sommaire en cours |
2ème semestre 2003 |
DIJON |
extension Ecole Nationale des Greffes |
7,3 M€ (48 MF) |
études de programmation en cours |
2ème semestre 2004 |
DOUAI |
mise en sécurité |
3,8 M€ (25,2 MF) |
opération livrée |
juillet 2001 |
DUNKERQUE |
mise en sécurité |
2,8 M€ (18,7 MF) |
travaux en voie d'achèvement |
2ème semestre 2001 |
EPINAL |
restructuration, extension |
12,6 M€ (83 MF) |
opération livrée |
février 2001 |
LAON |
relogement et réhabilitation (1ère phase urgente ) |
6,9 M€ (45 MF) |
études de programmation en cours |
2ème semestre 2006 |
LAVAL |
construction d'un bâtiment neuf |
14,2 M€ (93 MF) |
études avant-projet sommaire en cours |
2ème semestre 2004 |
LE HAVRE |
construction tribunal de commerce et conseil de prud'hommes |
14 M€ (92 MF) |
étude de faisabilité en cours |
1er semestre 2007 |
LISIEUX |
réparation aile incendiée |
3,8 M€ (25 MF) |
consultation programmiste en cours |
2ème semestre 2004 |
LYON |
restructuration palais historique des 24 colonnes |
6,5 M€ (43MF) |
étude de faisabilité en cours |
2ème semestre 2004 |
MARSEILLE |
restructuration et mise à niveau technique |
9,6 M€ (63 MF) |
travaux en voie d'achèvement |
2ème semestre 2001 |
NANTERRE |
mise en sécurité, désamiantage, façades |
20,1 M€ (132 MF) |
études d'avant-projet détaillé en cours |
1er semestre 2005 |
NIORT |
extension, restructuration |
7,2 M€ (47 MF) |
études de programmation en cours |
1er semestre 2004 |
QUIMPER |
restructuration et extension |
3,3 M€ (22 MF) |
consultation programmiste en cours |
2ème semestre 2004 |
ROANNE |
reconstruction, extension |
10,4 M€ (68 MF) |
appel d'offres travaux en cours |
1er semestre 2003 |
RODEZ |
reconstruction, extension |
7,2 M€ (47 MF) |
travaux en cours |
1er semestre 2002 |
ROUEN |
restauration des façades |
7,3 M€ (48 MF) |
études de programmation en cours |
1er semestre 2004 |
SAINT-ETIENNE |
réhabilitation et restructuration |
17,5 M€ (115 MF) |
travaux en cours |
1er semestre 2003 |
STRASBOURG |
restructuration, extension |
18,9 M€ (124 MF) |
concours de maîtrise d'_uvre en cours |
1er semestre 2005 |
VERSAILLES |
création d'une salle d'assises |
1,7 M€ (11 MF) |
consultation de maître d'_uvre en cours |
1er semestre 2002 |
VESOUL |
restauration et restructuration |
3,1 M€ (20,5 MF) |
opération livrée |
janvier 2001 |
Le programme pluriannuel d'équipement, né en 1992 des vingt-six schémas directeurs départementaux d'opérations prioritaires, devait s'achever en 1998. Il a été prolongé avant d'être redéfini pour la période 2000-2004. Il était théoriquement financé sur le chapitre 57-60 - Équipement, article 30 - Services judiciaires. Programme pluriannuel d'équipement. Mais les frontières étaient floues. En effet, le programme a pu fédérer des opérations en cours, financées parfois sur un autre article. De plus, l'intégralité des opérations n'est pas gérée par la délégation générale au programme pluriannuel d'équipement (DGPPE). Prenant la suite de la DGPPE, l'Agence de maîtrise d'ouvrage des travaux bénéficiera, au chapitre 57-60, article 71 nouvellement créé, de 48,2 millions d'euros (316 millions de francs) de crédits de paiement en 2002, auxquels s'ajouteront les reports de l'exercice 2001 du chapitre 57-60, article 30. Rappelons que des crédits de fonctionnement sont également inscrits au chapitre 36-10, à hauteur de 5,9 millions d'euros (38,7 millions de francs).
11 grosses opérations ont été d'ores et déjà livrées : Aix, Avignon, Béthune, Bordeaux, Caen, Grasse, Lyon, Melun, Montpellier, Nanterre, Nantes, Nice, Rennes.
Pour 2001, 544,6 millions de francs de crédits de paiement et 329 millions de francs d'autorisations de programme ont été ouverts. Cette année, 27,4 millions d'euros (180 millions de francs)d'autorisations de programme et 48,5 millions d'euros (316 millions de francs) sont inscrits dans le projet de loi de finances. Ces crédits devraient permettre la poursuite et l'achèvement des opérations de Grenoble, Narbonne et Toulouse, le financement d'études pour les projets de Basse-Terre, Chartres, Fort de France et Rouen. Les opérations de Pontoise et Versailles sont différées, en raison d'un appel d'offre infructueux pour la première (les opérations préalables au relogement des juridictions sont en cours de réalisation) et d'une procédure foncière plus longue que prévu concernant la seconde.
OPÉRATIONS JUDICIAIRES SUIVIES PAR LA DGPPE Opérations en cours |
||||||
Opération |
Juridictions |
Nature des travaux |
Coût |
État d'avancement |
Livraison | |
FORT DE FRANCE |
TGI/TI/TC/CPH |
Construction |
44M€ (290 MF) |
Fin des travaux |
juil-01 | |
MOULINS |
TI/TC/CPH |
Réaménagement |
4,3M€ (28,2 MF) |
Fin des travaux |
sept-01 | |
GRENOBLE |
CA/TGI/TI/TC/CPH |
Construction |
86M€ (563,3 MF) |
Travaux en cours |
mars-02 | |
BORDEAUX |
TGI |
Réfection des façades |
3M€ (20 MF) |
Appel d'offres en cours |
2ème semestre 2002 | |
TOULOUSE |
TGI/TI/CPH |
Construction |
58,5M€ (383 MF) |
Travaux en cours |
janv-03 | |
BESANÇON |
CA/TGI/TI/TC/ CPH |
Réhabilitation et extension |
35M€ (229,5 MF) |
Travaux en cours |
juin-03 | |
NARBONNE |
TGI/TI |
Construction |
16,8M€ (110 MF) |
Début des travaux |
sept-03 | |
PONTOISE |
TGI/TI/CPH |
Reconstruction |
71,1M€ (467,7 MF) |
Appel d'offres en cours |
déc-03 | |
THONON LES BAINS |
TGI/TI/TC/CPH |
Réaménagement |
20M€ (131 MF) |
Esquisse |
janv-04 | |
AVESNES SUR HELPE |
TGI/TI |
Construction |
18,3M€ (120 MF) |
Avant projet sommaire |
juil-04 | |
BASSE-TERRE |
CA/TGI/TI/CPH |
Restructuration |
16,8M€ (110 MF) |
Avant projet sommaire |
juin-06 | |
ROUEN |
TGI/TI |
Construction |
53,4M€ (350 MF) |
Etudes de programmatio |
sept-07 | |
ROUEN |
CA/TC/CPH |
Restructuration |
17,6M (115 MF) |
Etudes de programmation |
déc-09 | |
AIX EN PROVENCE |
CA/TC/CPH |
Reconstruction |
27,5M€ (180 MF) |
Etudes de programmation en cours |
juin-07 | |
VERSAILLES |
CA |
Réaménagement |
38,1M€ (250 MF) |
Etudes de programmation |
juin-07 | |
BOURGOIN JALLIEU |
TGI/TI/TC |
Construction |
14,5M€ (95 MF) |
Reprogrammation sur un projet finalisé |
juin-07 | |
CAYENNE |
TGI/TI |
Construction |
22,9M€ (150 MF) |
Etudes de programmation |
juil-07 | |
POINTE À PITRE |
TGI/TI |
Construction |
22,9M€ (150 MF) |
Etudes de programmation |
août-07 | |
CHARTRES |
TGI/TI |
Restructuration |
16,7M€ (110 MF) |
Etudes de programmation en cours |
sept-07 | |
FORT DE FRANCE |
CA |
Restructuration |
10,7M€ (70 MF) |
Etudes de programmation en cours |
oct-07 | |
PARIS |
TGI |
Construction |
229M€ (1.500 MF) |
Etudes préalables |
2010 |
12,2 millions d'euros (88 millions de francs) sont affectés chaque année à ce site immense (190 000 m2 SHOB), qui réunit la Cour de Cassation, mais aussi la Cour d'Appel, le tribunal de grande instance et le tribunal de commerce, les plus chargés d'affaires de France. Ces autorisations de programme correspondent, en effet, au montant annuel de la maintenance lourde et de la mise aux normes de l'ensemble du palais de justice de Paris, entièrement classé monument historique. Cette dotation permet de maintenir l'activité dans un bâtiment dont le manque de surfaces et l'inadaptation ont été mis en exergue par différentes études.
Il est prévu de s'attacher prioritairement en 2002 à la remise en des façades et toitures, à la création d'une troisième salle d'assises, à la mise en sûreté anti-intrusion, à la poursuite des opérations de sécurité incendie et à la restructuration des espaces de bureaux et création de surfaces utiles nouvelles.
Par ailleurs, le relogement du tribunal de grande instance de Paris hors des emprises surencombrées du Palais de justice demeure officiellement l'une des priorités du programme d'équipement judiciaire. Les besoins de surfaces (retenus aujourd'hui à 82 000 m² de surface hors _uvre nette) ont conduit dès 1999 à rechercher par prudence une assiette foncière susceptible de recevoir 100 000 m² à construire dans Paris intra-muros, ressort de la juridiction concernée. Dès l'origine, l'exercice s'est avéré difficile au vu du nombre limité des terrains potentiellement aptes à accueillir une telle implantation.
Trois sites répondant aux critères techniques et urbanistiques envisagés purent toutefois être sélectionnés et une étude analysant les avantages et les inconvénients de chacun d'eux a été financée en 2000 et 2001. Or, récemment, la ville de Paris a ajouté au titre de l'un des sites en cours d'examen deux possibles nouvelles emprises. L'étude de faisabilité précédemment entreprise doit donc être étendue à ces propositions supplémentaires d'autant plus que celles-ci sont assorties d'importantes contraintes : aménagement d'un espace vert pour l'une, préservation d'un entrepôt du SERNAM pour l'autre. Ce n'est donc qu'à l'issue d'une étude élargie qu'un choix définitif pourra être envisagé. Comptablement, 53,4 millions d'euros (350 millions de francs) d'autorisations de programme ont été accordées en loi de finances rectificative 1999 ainsi que 19,8 millions d'euros (130 millions de francs) de crédits de paiement. Au 31 juillet 2001, ces provisions ont été consommées respectivement à hauteur de 228 674 € (1 500 000 F) pour les autorisations de programme et 116 357 € (763 252 F) pour les crédits de paiement. Ces dépenses ont été réalisées dans le cadre de l'étude de faisabilité évoquée précédemment.
Votre Rapporteur spécial rappelle l'urgence de la construction d'un nouveau TGI à Paris et regrette les retards considérables qui ont été pris au cours de la dernière législature. Un terrain doit impérativement être choisi d'ici la fin de l'année.
CHAPITRE IV
D'un montant de 1,385 milliards d'euros pour 2002, le budget de l'administration pénitentiaire représente 29,55 % du budget de la justice avec notamment 1.525 créations d'emplois brutes. Les services pénitentiaires sont les principaux bénéficiaires de l'augmentation des crédits pour 2002, ce dont se félicite votre Rapporteur spécial.
Le service public pénitentiaire participe en effet à l'exécution des décisions pénales et au maintien de la sécurité publique. Il assure, également, une fonction de réinsertion sociale des personnes confiées par l'autorité judiciaire.
L'importance de ces missions a fait l'objet d'un récent regain d'intérêt. Au-delà de la publication de plusieurs témoignages de professionnels qui ont trouvé un large écho, la multiplication récente de travaux et de rapports a pu alimenter ce phénomène. On peut citer ainsi les rapports de la commission présidée par M. Farge, conseiller à la Cour de cassation, consacrée à la réforme de la libération conditionnelle, et de celle présidée par M. Guy Canivet, Premier président de la Cour de cassation, relative au contrôle extérieur des établissements pénitentiaires. Ces travaux particuliers ont été complétés par deux rapports parlementaires, rendus publics le 5 juillet 2000.
Au-delà de l'analyse des crédits destinés à l'administration pénitentiaire pour 2002, votre Rapporteur spécial renvoie pour une étude approfondie de l'évolution des mouvements passés aux rapports des commissions d'enquête, l'une présidée par notre collègue Louis Mermaz et l'autre par le sénateur Jean-Jacques Hyest (). Ces deux rapports restent, malheureusement, d'une radicale actualité.
I.- LA PRISE EN CHARGE DE LA POPULATION PÉNALE
Au cours de l'année 2000, près de 185.000 personnes étaient sous la responsabilité de l'administration pénitentiaire. Près de 73 % faisaient l'objet d'une mesure ou d'une sanction suivie en milieu ouvert, tandis que 27 % étaient incarcérées.
INDICATEURS DE L'ENVIRONNEMENT CARCÉRAL | ||||
1996 |
1997 |
1998 |
1999 | |
Densité carcérale | ||||
Taux d'occupation dans les maisons d'arrêt |
125 |
122 |
119 |
117,4 |
Taux d'occupation dans les établissements pour peine |
111 |
111 |
93,3 |
94,9 |
Nombre d'incidents en détention (pour 1.000 détenus) | ||||
Évasions |
0,35 |
0,33 |
0,30 |
- 1 |
Suicides |
2,52 |
2,31 |
2,21 |
- 2,4 |
Voies de fait entre détenus |
22,33 |
25,14 |
28,42 |
- 32,7 |
Agression des personnels |
2,32 |
3,98 |
5,21 |
- 5,8 |
Taux de journées de détention effectuées en semi-liberté |
- |
3,24 |
3,54 |
3,64 |
Taux de sortants en libération conditionnelle |
10,84 |
9,25 |
9,71 |
9,54 |
Détenus au travail par rapport à la population carcérale |
36,47 % |
35,39 % |
37,73 % |
- |
Source : d'après le compte rendu de gestion budgétaire Justice, 1999. |
Le milieu ouvert et le milieu fermé connaissent des évolutions opposées. Depuis dix ans, la population prise en charge en milieu ouvert ne cesse d'augmenter. En revanche, après une période d'« inflation carcérale », la population détenue a atteint un sommet à 55.000 en 1996 et tend à diminuer depuis, avec une accélération de cette baisse depuis trois ans.
Le nombre total de détenus s'élevait à 47.837 au 1er janvier 2001 soit une baisse de 13% depuis 1996. Après une augmentation constante jusqu'en 1996, ce nombre est en baisse pour la quatrième année consécutive. Mais, le nombre de détenus au 1er janvier de chaque année ne donne qu'une vision très partielle de l'évolution, cette approche ne tenant pas compte des fluctuations au cours de l'année. Par exemple, entre le mois de janvier et juillet 2000, la progression globale de la population détenue s'établissait à 3,9 %, soit six points de moins que l'année précédente. De même, les grâces collectives, décrétées annuellement depuis 1991, provoquent une diminution de la population en août , la reprise de l'augmentation ne s'effectuant qu'à partir d'octobre. Toutefois, l'année 2000 n'a pas connu l'augmentation observée habituellement au cours du dernier trimestre (2% au lieu de 1% les années précédentes).
La métropole et l'outre-mer connaissent, cependant, des situations différentes : depuis le 1er janvier 1996, la population détenue en métropole a diminué alors que la population détenue outre-mer a augmenté. En 2000 les tendances sont les mêmes. La diminution globale des entrées en détention en métropole n'est plus compensée par les durées de détention qui ne cessent pourtant d'augmenter : l'indicateur de durée moyenne de détention s'établit en 2000 à 8,7 mois contre 7,1 mois en 1994 (4,3 mois en 1975). Cette élévation peut s'expliquer par la part de plus en plus importante des condamnés exécutant des peines supérieures à cinq ans : ils formaient 28 % des condamnés incarcérés au 1er janvier 1980, au lieu de 44,9 % des condamnés au 1er janvier 2001. Les très longues peines représentent 5% des condamnés.
L'accroissement de la population détenue outre-mer est, au contraire, liée à la fois à une augmentation du nombre d'entrées en détention, qui a augmenté de 39,5 % entre 1990 et 1999, ainsi qu'à une élévation de la durée moyenne de détention, qui est passée de 7,6 mois en 1990 à 10,6 mois en 1999.
Les changements constatés se sont accompagnés d'une modification du « profil » des populations prises en charge et ont eu un impact sur le taux d'occupation des établissements.
On comptait 186 établissements au 1er juillet 2001 qui totalisaient un nombre de places de détention de 48.922, dont 48.298 effectivement disponibles Parmi eux, 118 maisons d'arrêt où sont regroupés les prévenus et les condamnés dont le reliquat de peine est inférieur à un an. Au 1er janvier 2001, la population carcérale était de 47 837 détenus, soit un taux d'occupation moyen de 98% (104% au 1er janvier 2000, 107% au 1er janvier 1999 et 109% au 1er janvier 1997). En réalité, la situation des établissements pénitentiaires est plus contrastée que cette moyenne ne le révèle. Bien que le taux d'occupation ne fasse pas apparaître de surpopulation carcérale, les maisons d'arrêt sont surencombrées avec un taux moyen de 104 % ; les maisons centrales présentent un taux maximum de 92 %. Dans ce cadre également, il convient de relever qu'avant l'effet des grâces présidentielles, en cours d'année, ces taux de densité carcérale peuvent être beaucoup plus élevés. Néanmoins, il faut souligner que, d'une manière générale, depuis 1990, la densité de population carcérale a fortement diminué : elle était de 124 % au 1er janvier 1990, 112 % au 1er janvier 1995, 105 % au 1er janvier 2000. Malheureusement, cette évolution ne se retrouve pas outre-mer, puisque la densité carcérale au 1er juillet 2001 est de 122,6. C'est moins qu'en 1995 (165,6) mais c'est encore beaucoup trop élevé, en soi et par rapport à la métropole.
La population détenue tend à vieillir : l'âge moyen au 1er janvier 2001 est de 34,4 ans. Depuis 1990, le nombre de détenus âgés de 40 ans ou plus a augmenté de 81 % alors que celui des 18-30 ans a baissé de 11,3 %. Le nombre de mineurs s'établit à 616 à cette date, en hausse de 0,6 % en un an (28 % depuis 1996). Ils représentent 1,4 % des détenus.
ÉVOLUTION DE LA POPULATION INCARCÉRÉE EN FRANCE | ||||||
Métropole |
Taux de variation (en %) |
DOM |
Taux de variation (en %) |
France |
Taux de variation (en %) | |
Janvier 1990 |
43.912 |
- 2,4 |
1.507 |
- 1,8 |
45.419 |
- 2,4 |
Janvier 1991 |
47.175 |
7,4 |
1.930 |
28,1 |
49.105 |
8,1 |
Janvier 1992 |
48.119 |
2 |
2.003 |
3,8 |
50.122 |
2,1 |
Janvier 1993 |
48.166 |
0,1 |
2.186 |
9,1 |
50.352 |
0,5 |
Janvier 1994 |
50.240 |
4,3 |
2.311 |
5,7 |
52.551 |
4,3 |
Janvier 1995 |
51.263 |
2,8 |
2.312 |
0 |
53.935 |
2,6 |
Janvier 1996 |
52.658 |
2 |
2.404 |
4 |
55.062 |
2,1 |
Janvier 1997 |
51.640 |
- 1,9 |
2.629 |
9,4 |
54.269 |
- 1,5 |
Janvier 1998 |
50.744 |
- 1,7 |
3.101 |
18,1 |
53.845 |
- 0,8 |
Janvier 1999 |
49.672 |
- 2,1 |
3.289 |
6,1 |
52.961 |
- 1,6 |
Janvier 2000 |
48.049 |
- 8,8 |
3.392 |
3,1 |
51.441 |
- 2,9 |
Janvier 2001 |
44.618 |
-7,1 |
3.219 |
-5,1 |
47.837 |
-7% |
Source : administration pénitentiaire, rapports annuels d'activité. |
Il n'est pas utile de revenir sur les conséquences de cette situation, qui demeure très difficile. Là encore, les rapports des commissions d'enquête parlementaires précités font largement le point sur cette question.
Les condamnés forment 69,7 % de la population détenue en France au 1er janvier 2001 au lieu de 66,2 % au 1er janvier 2000. 73 % d'entre eux sont des condamnés correctionnels. La part des condamnés à cinq ans et plus a augmenté : 28 % en 1980 contre 44,9 % en 2001. Le nombre de condamnés à perpétuité s'établit à 591, soit 1,9 % de l'ensemble.
L'évolution de la structure de la population condamnée révèle également celle des difficultés rencontrées par la société. Depuis 1980, la proportion de condamnés pour atteinte aux personnes a augmenté de 19 points, passant de 23 % à 42 %, notamment pour viols et attentats à la pudeur, rubrique qui a progressé de 16 points, passant de 6 % en 1980 à 25 % en 2001. Le viol et les agressions sexuelles sont désormais la première cause d'incarcération des condamnés (25 %) avant l'infraction sur les stupéfiants (13,8 %) et le vol qualifié (11,9 %). En revanche, le nombre de condamnés pour infraction à la législation sur les stupéfiants ne cesse de diminuer depuis 1994 avec une spectaculaire baisse de 27% cette année .
RÉPARTITION DES DÉTENUS SELON L'INFRACTION INITIALE (1980-2000) | |||||||||||
Vol simple |
Vol qualifié |
recel, escroquerie abus de confiance |
Homicide volontaire |
CBV |
ILS (2) |
viol, attentat aux m_urs |
Police des étrangers |
Autres |
Ensemble | ||
1980 |
effectifs |
7.767 |
2.323 |
1.418 |
1.943 |
1.578 |
N.C. |
1.118 |
113 |
3.936 |
20.196 |
(en %) |
38,5 |
11,5 |
7,0 |
9,6 |
7,8 |
- |
5,5 |
0,6 |
19,5 |
100,0 | |
1985 |
effectifs |
7.819 |
2.058 |
1.085 |
2.505 |
1.375 |
N.C. |
1.772 |
322 |
4.516 |
21.452 |
(en %) |
36,4 |
9,6 |
5,1 |
11,7 |
6,4 |
- |
8,3 |
1,5 |
21,1 |
100,0 | |
1990 |
effectifs |
5.431 |
2.368 |
1.301 |
3.020 |
1.349 |
4.305 |
2.303 |
685 |
3.869 |
24.631 |
(en %) |
22,0 |
9,6 |
5,3 |
12,3 |
5,5 |
17,5 |
9,4 |
2,8 |
15,7 |
100,0 | |
1995 |
effectifs |
6.208 |
2.886 |
1.317 |
3.120 |
1.997 |
6.361 |
3.945 |
1.329 |
3.396 |
30.559 |
(en %) |
20,3 |
9,4 |
4,3 |
10,2 |
6,5 |
20,8 |
12,9 |
4,3 |
11,1 |
100,0 | |
2000 |
effectifs |
4.040 |
4.198 |
1.280 |
3.492 |
2.953 |
4.910 |
7.499 |
878 |
3.876 |
33.126 |
(en %) |
12,2 |
12,7 |
3,9 |
10,5 |
8,9 |
14,8 |
22,6 |
2,7 |
11,7 |
100,0 | |
2001 |
effectifs |
3.470 |
3.765 |
908 |
3.357 |
3.368 |
4.373 |
7.895 |
Nd |
3.179 |
31.631 |
(en %) |
11 |
11,9 |
2,9 |
10,6 |
10,6 |
13,8 |
25 |
Nd |
10,1 |
100,0 | |
(1) coups et blessures volontaires. | |||||||||||
(2) infraction à la législation sur les stupéfiants. | |||||||||||
Source : ministère de la justice. |
3.- La population des prévenus
Le taux de prévenus se maintient à un niveau trop élevé, même s'il faut enregistrer une amélioration depuis 1998. Au 1er janvier 2001, le taux de prévenus, c'est-à-dire la part de la population pénale représentée par les détenus en attente de jugement définitif, en appel ou en pourvoi, s'établit à 33,7 %. Il est en baisse depuis 1998, le taux de prévenus était alors de 40,1 %, après une période de stabilité à près de 40 % pendant huit ans (1991-1998).
Cette baisse du taux de prévenus doit être imputée, pour une part, aux changements de la législation dont le plus récent est la loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes. En effet l'un des objectifs essentiels de cette loi est de réduire, dans leur nombre comme dans leur durée, les détentions provisoires. Cette volonté apparaît surtout dans les dispositions instituant le juge de libertés et de la détention, et limitant les conditions et les délais de la détention provisoire.
Les décisions en matière de détention provisoire sont confiées à un magistrat distinct du juge d'instruction, mais qui doit être saisi par ce dernier, ce qui permet un « double regard », le juge des libertés et de la détention. Ce magistrat, qui a rang de président, de premier vice-président ou de vice-président, prend les décisions de placement et de prolongation et statue sur les demandes de mise en liberté - sauf si le juge y a déjà fait droit, car la détention exige l'accord des deux magistrats, mais la liberté peut être décidée par un seul d'entre eux.
En matière correctionnelle, les possibilités de placement en détention provisoire sont rendues plus restrictives. La durée des détentions est par ailleurs limitée grâce à la généralisation et/ou la réduction des "délais butoir" qui sont désormais, en matière correctionnelle, de 4 mois, 1 an ou 2 ans, et, en matière criminelle, de 2, 3 ou 4 ans, selon la gravité ou la nature de l'infraction et/ou les antécédents de la personne.
Le bilan des premiers mois de l'application de la loi du 15 juin 2000 semble montrer, sous les réserves qui s'imposent, compte tenu de l'absence de recul suffisant, que la réforme a été suivie des effets attendus en produisant une diminution de la détention provisoire. En effet, pendant les cinq premiers mois de l'année 2001, la détention provisoire liée à l'instruction a baissé de 26 % par rapport à la même période de l'année 2000. Entre le mois de juin 2001 et le mois de juin 2000, cette baisse représente -22%.
La détention provisoire dans le cadre de la procédure de comparution immédiate a également baissé dans la même proportion ( - 19% entre juin 2001 et juin 2000) bien que la loi du 15 juin 2000 ait uniquement diminué la durée maximale de cette détention provisoire sans modifier les conditions et les critères du placement en détention à ce titre.
La notion de « milieu ouvert » rassemble l'ensemble des mesures pénales qui constituent une alternative à l'incarcération. Sous la pression de l'inflation carcérale et sous l'influence des travaux de recherche relatifs à la réinsertion des personnes détenues, les autorités judiciaires ont développé des peines alternatives à l'enfermement total pour les personnes passibles de courtes peines, en recourant soit aux mesures de milieu ouvert, soit à la semi-liberté.
L'analyse des chiffres des personnes suivies par les services pénitentiaires d'insertion et de probation au premier janvier 2001, confirme la progression des mesures alternatives (+ 2,8 % en 1999, + 5,1 % en 2000). Néanmoins, cette augmentation est variable selon les régions et différenciée selon les types de mesures. Ainsi, si le travail d'intérêt général a augmenté de 91 % entre 1994 et 2000, le poids des libérations conditionnelles reste faible, malgré l'augmentation de la population incarcérée. On notera néanmoins une augmentation de 3,3 % des libérations conditionnelles durant l'année 2000.
Le sursis avec mise à l'épreuve a dépassé les 100 000 mesures depuis le premier janvier 1998. Au premier janvier 2001, il représente 76,9 % des peines alternatives prises en charge par les services pénitentiaires d'insertion et de probation. Cette mesure reste la plus utilisée par les juridictions et touche une classe d'âge assez large.
Entre le 1er janvier 1994 et le 1er janvier 2001, le nombre de condamnés à une peine de travail d'intérêt général a augmenté de 94,4 %. Depuis 1989, leur effectif a été presque multiplié par sept. En 2000, le travail d'intérêt général a augmenté seulement de 1,8 % alors qu'il a augmenté de 4,2% en 1999 et représente 16,2 % des mesures de milieu ouvert. Deux contentieux représentent 80% des condamnations au TIG : le vol-recel et la circulation routière.
La durée moyenne de l'exécution de cette mesure est passée à 14,6 mois en 2000 (contre 9,1 mois en 1994). Les condamnés sont majoritairement affectés à des postes proposés par des collectivités territoriales et ne présentant généralement pas d'exigences techniques particulières. Le secteur associatif participe également à l'accueil des condamnés à un travail d'intérêt général.
Le nombre de libérés conditionnels sur décision d'un juge d'application des peines, suivis par les SPIP, a augmenté de 3,8 % en 2000. La loi du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes a modifié en profondeur la libération conditionnelle. Cette réforme se caractérise par l'élargissement des conditions d'octroi ainsi que par l'assouplissement de la procédure qui se traduit par une extension de la compétence du juge de l'application compétent pour les peines prononcées égales ou inférieures à dix ans et pour les autres cas, par la suppression de la compétence du Garde des Sceaux qui est désormais dévolue à une juridiction régionale de la libération conditionnelle dont les décisions sont susceptibles d'appel porté devant la juridiction nationale de la libération conditionnelle.
Les statistiques recueillies sur le premier semestre 2001 (le volet application des peines de la loi du 15 juin 2000 est entré en vigueur dès le 1er janvier 2001) montrent que les mesures de libération conditionnelle prises par les juges de l'application des peines dans le cadre des nouvelles dispositions ont augmenté de 17,99 % par rapport au premier semestre 2000.
La semi-liberté a progressé très légèrement jusqu'en 1997. Le taux de progression de 16,1 % constaté de 1997 à 1999 n'a pu se maintenir en 2000 où on observe une baisse sensible du nombre de semi-liberté prononcée de - 7,43 %.
La mise en place de dispositifs de préparation à la sortie de prison dans les établissements pénitentiaires vise à mobiliser les personnes détenues et les instances concernées autour des conditions dans lesquelles va s'opérer le retour à la liberté.
La réorganisation des comités de probation et d'assistance aux libérés et des services socio-éducatifs est entrée en application depuis la publication du décret du 13 avril 1999 modifiant le code de procédure pénale et portant création des services pénitentiaires d'insertion et de probation.
La réforme repose donc sur deux principes : la création d'un service pénitentiaire d'insertion et de probation à compétence départementale intervenant tant en milieu ouvert qu'en milieu fermé et la création d'une nouvelle fonction de direction confiée à un cadre pénitentiaire.
Les principales dispositions du décret sont:
· un élargissement du champ d'intervention du service pénitentiaire d'insertion et de probation, notamment en matière de formation professionnelle et en matière sportive.
· la continuité des missions des CPAL s'agissant des mesures et peines restrictives de liberté.
· un cadre nouveau pour les relations du service pénitentiaire d'insertion et de probation avec les autorités judiciaires avec la définition d'un rôle spécifique du juge de l'application des peines.
· un suivi plus rigoureux des mesures individuelles avec la définition du cadre des relations entre le service et le magistrat mandant.
Le décret permet la création dans chaque département d'une unité administrative unique, regroupant les services pénitentiaires en charge de l'insertion. Ainsi, cent services d'insertion et de probation ont été créés par arrêtés individuels les 7 juin et 11 août 1999, publiés au Journal Officiel du 3 juillet et 21 août 1999.
Le renforcement des effectifs de travailleurs sociaux pénitentiaires amorcé en 1995 a été fortement accéléré en 1998 et 1999 et renforcé en 2001 avec 112 emplois supplémentaires (433 emplois budgétaires de personnels d'insertion et de probation ont été créés entre 1998 à 2001). 118 créations d'emplois de personnels d'insertion et de probation, dont dix chefs de services, sont demandés pour 2002, pour renforcer les services et dans la lignée des premiers efforts faits sur le budget 2001, assurer la mise en _uvre de la loi sur le renforcement de la présomption d'innocence et le droit des victimes. Toutes les juridictions ne pouvant pas accueillir ces nouveaux personnels, une opération de relogement des services pénitentiaires d'insertion et de probation a été engagée en 1998. Soixante sites ont ainsi été relogés au titre des années 1998, 1999 et 2000 ; 19 autres le seront d'ici la fin 2001. 4,268 millions d'euros (28 millions de francs) sont demandés au titre du projet de loi de finances 2002 pour assurer le relogement d'une trentaine de sites.
La ressource principale des services pénitentiaires d'insertion et de probation pour assurer la prise en charge des condamnés en milieu ouvert provient du titre IV, chapitre 46-01. Si une baisse des crédits est intervenue en 1995 et 1997, on constate un effort significatif depuis deux ans.
Les crédits du chapitre 46-01 représentent, en loi de finances initiale 2001, 28,69 millions de francs ou 4,37 millions d'euros, contre 25,69 millions de francs (3,92 millions d'euros) en 2000.
Le recrutement des personnels d'insertion et de probation a évolué lentement jusqu'en 1995. Depuis 1997, un effort particulièrement important a été réalisé afin d'assurer un recrutement durable de personnels d'insertion et de probation. Au titre du projet de loi de finances 2002, l'administration pénitentiaire demande la création de 118 emplois de personnel d'insertion et de probation (105 CIP et 10 CSIP) contre 112 créations d'emplois ( 47 conseillers d'insertion et de probation de 2ème classe, 35 conseillers d'insertion et de probation de 1ère classe et 30 chefs de service d'insertion et de probation) obtenus au titre de la loi de finances initiale 2001.
Aux côtés des réformes figurant dans la loi du 15 juin 2000 et de la réforme des services d'insertion et de probation, le placement sous surveillance électronique et la création d'un nouveau type d'établissement, le centre pour peines aménagées, constituent des outils nouveaux au service de cette politique. La loi du 17 décembre 1997 consacre le placement sous surveillance électronique comme modalité d'exécution des peines privatives de liberté. Cette mesure a été étendue aux personnes susceptibles d'être placées en détention provisoire. La détention provisoire peut être désormais effectuée selon les modalités du placement sous surveillance électronique.
Après une première phase expérimentale réalisée sur 4 sites pilotes en 2000 ( Aix en Provence, Lille, Agen et Grenoble), la ministre de la justice, garde des Sceaux a décidé de poursuivre et d'étendre le dispositif à cinq autres sites au cours de l'année 2001 avant de procéder à la généralisation prévue en 2002 et 2003. Les cinq nouveaux sites pilotes retenus sont Angers, Béziers, Colmar, Dijon et Pontoise.
Différents des maisons d'arrêt, inadaptées à des traitements personnalisés, les centres pour peines aménagées visent à améliorer la prise en charge de condamnés à de courtes ou moyennes peines, à moins d'un an de leur libération. Ces établissements offriront un régime de vie progressif, basé sur un apprentissage de l'autonomie et une responsabilisation des condamnés, afin d'élaborer un projet de sortie. Ils pourront également accueillir des détenus bénéficiant d'une mesure de semi-liberté ou d'un placement extérieur.
Ces centres constituent une option renforçant les moyens permettant de traiter la petite et moyenne délinquance, génératrice essentielle du «sentiment d'insécurité» de nos concitoyens. L'expérimentation de ce nouveau type d'établissement est prévue sur trois sites existants : l'ancien centre pénitentiaire de Metz-Barrès, l'ancienne prison hôpital de Marseille-Baumettes et l'actuel centre de semi-liberté de Villejuif.
II.- LES PERSONNELS PÉNITENTIAIRES
Principaux bénéficiaires de l'augmentation des crédits de la justice, les services pénitentiaires vont voir leurs effectifs augmenter de 1.525 emplois après une hausse de 530 emplois bruts l'an dernier. Ces augmentations successives ne suffisent pourtant pas à rassurer les surveillants de prison qui multiplient, depuis l'année dernière, les mouvements de protestation. L'importance des créations d'emplois inscrites dans le projet de loi de finances 2002 peut d'ailleurs se lire comme l'« achat » par le gouvernement de la paix sociale dans les prisons, face aux dangers que suscitait le passage aux 35 heures. Par ailleurs, l'augmentation des moyens mis à la disposition de l'administration pénitentiaire, sous peine de ne pas produire son plein effet et de ne pas être à la mesure de l'accroissement des charges qu'elle supporte, doit s'accompagner d'une réforme de l'organisation des ressources humaines. Ici comme ailleurs, le gouvernement privilégie une hausse des moyens à la mise en place de réformes structurelles.
En 2000, l'administration pénitentiaire employait 25.868 personnes. En 2001, l'effectif budgétaire de l'administration pénitentiaire est de 26.233 agents dont 20.529 personnels de surveillance, 2.320 personnels administratifs et 1.577 personnels d'insertion et de probation. Il faut rappeler que le taux d'encadrement calculé par le rapport entre nombre de détenus et effectif de surveillants est passé de 5 au cours des années 1960 à 2,5 au 1er septembre 2000. Il était, selon le Conseil de l'Europe, de 1,5 en Suède, de 2,2 en Autriche, de 2,3 en Angleterre en 2000.
CRÉATIONS D'EMPLOIS ENTRE 1998 ET 2001 | |||||||
Directeurs des services péniten-tiaires |
Personnels adminis-tratifs |
Personnels techniques |
Personnels socio-éducatif |
Personnels surveillance |
Personnels Contractuels |
Total | |
1998 |
16 |
24 |
- |
200 |
53 |
7 |
300 |
1999 |
12 |
26 |
3 |
77 |
216 |
10 |
344 |
2000 |
22 |
32 |
- |
14 |
290 |
28 |
386 |
2001 |
10 |
59 |
3 |
112 |
330 |
16 |
530 |
Total |
69 |
458 |
98 |
775 |
3 105 |
70 |
4 575 |
En 2002, il est prévu de créer 1525 emplois, dont 1221 emplois de personnel de surveillance, 118 emplois de personnel d'insertion et de probation, 110 emplois de personnel administratif, 14 emplois de contractuel et 26 emplois de personnel de direction ;
La répartition des 1525 emplois se fait selon les objectifs prioritaires de la politique pénitentiaire :
Alors que les lois de finances précédentes avaient permis de recruter les personnels nécessaires à l'ouverture des établissements de Seysses (Toulouse) et Le Pontet (Avignon) et du personnel d'encadrement de Séquedin (Lille), la loi de finances pour 2002 doit permettre le recrutement de l'ensemble des personnels de la maison d'arrêt de Séquedin et le recrutement du personnel d'encadrement des trois établissements de la seconde tranche : le centre pénitentiaire de Liancourt (Oise), la maison d'arrêt de Chauconin-Neufmontiers (Meaux) et le centre pénitentiaire de la Farlède(Toulon).
Le protocole du 18 octobre 2000 prévoyait le recrutement anticipé de 251 personnels de surveillance dès 2001 afin d'assurer l'augmentation de 16% à 19 % du taux de compensation pour le calcul des besoins des services. Ces autorisations sont consolidées sous forme d'emplois budgétaires dans le cadre de ce projet de loi de finances.
Le conseil de sécurité intérieure du 6 décembre 1999 a décidé que l'administration pénitentiaire prendrait, à compter du 1er janvier 2002, l'ensemble des gardes et escortes des consultants médicaux programmées. Outre les 46 emplois obtenus au titre des lois de finances initiale antérieures, ces 50 emplois doivent permettre d'organiser ce transfert de charge pour un nouveau groupe d'établissements pénitentiaires.
La fonction logistique de treize centres de rétention administrative a été confiée officiellement à l'administration pénitentiaire par une décision interministérielle du 12 décembre 2000.
La mise en _uvre de la loi du 15 juin 2000 implique la création de 100 emplois de personnels d'insertion et de probation, dont 10 chefs de service d'insertion et de probation pour renforcer les services pénitentiaires d'insertion et de probation. En outre, le renforcement administratif de ces services entraîne la création de 35 emplois. Il doit permettre de poursuivre la structuration des services pénitentiaires d'insertion et de probation et les transferts de locaux engagés depuis 1998.
700 emplois de personnels de surveillance sont inscrits pour renforcer les établissements pénitentiaires dans le cadre de la mise en _uvre de l'ARTT. Il s'agit d'une première tranche de créations d'emplois ; elles devront être poursuivies dans les prochains projets de loi de finances.
La création de ces emplois de personnel administratif pour les établissements s'inscrit dans le cadre des engagements du protocole du 18 octobre 2000.
Ces créations d'emplois correspondent à l'engagement acté dans le protocole du 18 octobre 2000. Elles permettront en particulier d'accompagner le lancement du programme de réhabilitation des prisons et de rénovation de l'ensemble des petits et moyens établissements pénitentiaires.
4,27 millions d'euros (28 millions de francs) de mesures intéressant le personnel sont inscrites au titre de 2002, dont 3,26 millions d'euros (21,4 millions de francs) pour le volet statutaire, 762.545 euros (5 millions de francs) pour le volet indemnitaire et 248.172 euros (1,6 millions de francs) pour les transformations d'emplois. Par ailleurs, 20,25 millions d'euros (132,86 millions de francs) ont été prévus pour assurer la mise en _uvre des dispositions relatives à la réforme sur l'aménagement et la réduction du temps de travail.
En 2001, la réforme statutaire des chefs de service pénitentiaire a été menée à bien par le décret n°2001-730 du 31 juillet 2001 portant modification du décret n°93-1113 du 21 septembre 1993. Comte tenu de la faiblesse de l'effectif de l'encadrement au sein de l'administration pénitentiaire, les responsabilités et la charge de travail qui leur incombent, il était apparu indispensable d'assurer à ce corps d'encadrement une revalorisation statutaire et indiciaire. Il existait en effet une disparité de rémunération, la carrière de premier surveillant étant globalement plus attractive que celle de chef de service pénitentiaires pour une responsabilité moindre.
Grâce aux provisions obtenues au titre des lois de finances initiales 2000 et 2001, le financement de cette réforme sera achevé dans la loi de finances pour 2002 grâce à l'inscription de 2,8 millions d'euros (18,4 millions de francs). Une provision de 457.347 euros (3 millions de francs) est également inscrite afin de mettre en _uvre une réforme du statut des personnels de direction. Le complément nécessaire à la mise en _uvre de cette réforme sera financé en gestion, une fois connu son coût exact.
Les moyens nouveaux obtenus au titre des mesures indemnitaires se sont élevés à 10 millions de francs (1,616 millions d'euros) en loi de finances initiale 2001 et à 57,6 millions de francs (8,781millions d'euros) dans le cadre du protocole d'accord signé le 18 octobre 2000.
Les crédits obtenus au titre de la loi de finances initiale 2001 ont permis l'augmentation du taux de l'indemnité de risque et de sujétions des assistants de service social de l'administration pénitentiaire, l'augmentation du taux de prime de sujétions spéciales des directeurs régionaux, des directeurs des services pénitentiaires d'insertion et de probation et la création d'une modulation, assujettie à une condition de « qualité du service rendu », de l'indemnité pour charges pénitentiaires allouée aux personnels de surveillance, administratif et techniques de l'administration pénitentiaire.
Les mesures indemnitaires obtenues au titre du protocole d'accord du 18 octobre 2000 ont permis la revalorisation de différentes indemnités des personnels pénitentiaires : les personnels pénitentiaires ont obtenu une revalorisation de l'ICP (indemnité pour charges pénitentiaires) à hauteur de 1 700F (259 euros) par an et par agent (39 millions de francs ou 5,946 millions d'euros) ; l'indemnité de nuit passe à 75 F (11,43 euros) par nuit et par agent, pour un coût de 10 millions de francs, soit 1,524 millions d'euros. Enfin, les personnels administratifs se voient attribuer une prime de sujétions spéciales pour un montant de 762.245 euros (5 millions de francs) en 2002.
B.- DES PROBLÈMES RÉCURRENTS DE GESTION DU PERSONNEL
1.- Des vacances de postes préjudiciables au fonctionnement du service public
La difficulté que constitue la vacance de postes au sein des établissements, résonne, à l'administration pénitentiaire, d'un écho particulier en raison des caractéristiques que revêt ce service public. En effet, les missions de garde et de sécurité imposent un fonctionnement permanent des établissements, 24/24h tout au long de l'année. Cette contrainte se traduit par l'interdiction du droit de grève et fait l'objet d'un statut spécial. Cette contrainte est de nature à créer une tension permanente sur les effectifs, qui se manifeste particulièrement lorsque se produisent des vacances de postes. C'est pourquoi les départs en retraite liés à la bonification du cinquième (article 24 de la loi 96-452 du 28 mai 1996) pèsent très sensiblement sur la gestion des effectifs. Pour faire face à ces difficultés, la garde des Sceaux a obtenu une autorisation de recrutement en surnombre, à hauteur de 400 emplois en 1997 et 507 en 1998. Ces surnombres se résorbent au fur et à mesure des départs et donnent de la fluidité à la gestion des effectifs réels. Ces autorisations ont permis de recruter 1300 surveillants au total au titre des deux exercices.
Un effort de recrutement très important a été réalisé en 2000 pour accélérer l'amortissement des départs en retraite frôlant les 1100 départs pour les personnels de surveillance. On observe toutefois un net recul de ces derniers en 2001. En effet, les retraites ne devraient pas dépasser le chiffre de 670 sur l'exercice 2001, et pourraient même rester à hauteur de 650. La situation devrait être assez voisine en 2002. En effet, les tranches d'âge concernées sont sensiblement similaires à celles de 2001, et il est donc possible de situer les départs en retraite entre 615 et 640, légèrement en deçà de 2001.
L'objectif était donc de recruter des personnels de surveillance en nombre suffisant et selon un rythme inédit durant l'exercice 2000. Par une lettre du 10 mai 2000, le secrétariat d'Etat au Budget a autorisé l'administration pénitentiaire à recruter 1900 personnels de surveillance (surveillants et chefs de service pénitentiaire) pour répondre à cette exigence.
Grâce à ces perspectives, et aux recrutements lancés en anticipation dès l'année 1999, quatre sorties de promotion de surveillants ont été réalisées durant l'année 2000 (janvier, mai, juillet et novembre) permettant l'arrivée sur le terrain de plus de 1300 surveillants supplémentaires sur la durée de l'exercice. Dans le même temps, 1655 entraient en formation, dont 983 devaient sortir en 2001, poursuivant le rythme d'arrivée régulière en établissement. Un léger surnombre par rapport aux effectifs budgétaires était ainsi constaté à la fin de l'année 2000, couvrant et dépassant, sur l'exercice, les vacances liées aux départs en retraite de ce dernier.
De manière générale, le recrutement des surveillants est complexe, car le nombre de candidats est en diminution, et la déperdition entre le nombre de reçus et le nombre de ceux qui entrent en formation à l'ENAP atteint jusqu'à 30 %. L'administration pénitentiaire se heurte, en effet, à une forte concurrence de services publics voisins, tels que la police. Le réservoir de candidats se restreint de ce fait au moment où, par ailleurs, une forte campagne de communication a été engagée. Ce constat a été perçu dans le dernier concours ouvert récemment où seuls 6600 candidats environ se sont inscrits.
Pour les personnels administratifs, les corps concernés étant communs à d'autres administrations, les recrutements de secrétaires administratifs et d'adjoints administratifs s'opèrent de manière interministérielle, à la demande de la direction générale de l'administration et de la fonction publique, de manière à réduire les coûts. Toutefois, afin de permettre à l'administration pénitentiaire de réduire les délais qu'induisent ces regroupements, celle-ci a obtenu en 2000 l'autorisation d'organiser ces concours en partenariat avec les autres directions du ministère de la justice. Quant aux attachés d'administration et d'intendance des services déconcentrés de l'administration pénitentiaire, leur recrutement s'opère par la voie des instituts régionaux d'administration (IRA). Un recrutement spécial par voie directe, autorisé pour 1999 à la condition que l'administration pénitentiaire l'organise avec le ministère de la défense, n'a pu aboutir en raison du refus de celui-ci, pour des raisons de calendrier.
La durée de la formation initiale des personnels socio-éducatifs et des directeurs est de deux ans, celle des surveillants de 8 mois. Pour les personnels techniques, socio-éducatifs et les directeurs, l'administration pénitentiaire procède à un recrutement annuel. Les opérations de recrutement des personnels techniques de catégorie C sont déconcentrées.
La formation des personnels regroupe la formation initiale et les formations d'adaptation statutaires assurées par l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire (ENAP) et la formation continue assurée principalement par les services régionaux et, dans une moindre mesure, par l'ENAP.
L'année 2001 a été spécifiquement marquée en matière de formation d'une part par la réorganisation et la délocalisation de l'ENAP à Agen et d'autre part la montée en charge de l'activité de l'école.
La mutation géographique de l'ENAP s'est accompagnée d'une réorganisation complète de l'établissement, mise en place le 13 septembre 1999 afin d'anticiper sur le déménagement de l'été suivant.
Cette période a été l'occasion d'une forte évolution de la composition des membres du personnel : 79 départs et 114 arrivées de nouveaux agents ont eu lieu au cours des deux dernières années pour un effectif total de 171 au 1er janvier 2001. Cette montée en puissance s'est faite dans un contexte de très forte pression liée à une croissance tout aussi exceptionnelle des effectifs d'élèves et stagiaires accueillis. Ils sont passés de 2.548 au cours de l'année 1998 à 3.608 en 1999 et 4.457 en 2000. L'ENAP prévoit d'accueillir près de 4998 élèves et stagiaires en 2001.
1,69 millions d'euros (11,1millions de francs) sont demandés pour 2002 pour asseoir l'ENAP dans ses nouveaux locaux, à Agen, et son nouveau statut d'établissement public administratif.
Au titre des mesures d'ajustement, l'Ecole demande 513 368 euros (3,367 millions de francs) afin de prendre en compte l'incidence du dispositif salarial (revalorisation du point fonction publique et attribution de points différenciés), l'ajustement de crédits en vue de la réforme du statut des chefs de services pénitentiaires et des mesures indemnitaires en faveur des personnels administratifs, l'ajustement des crédits en raison du GVT et enfin l'ajustement des crédits en fonction de l'indice des prix à la consommation.
Les crédits demandés au titre des moyens nouveaux, 1 073 613 euros (7 millions de francs), qui incluent la création de huit emplois et la transformation de dix emplois, sont destinés à prendre en compte la montée en charge des effectifs d'élèves et l'adaptation de l'organigramme aux nouvelles missions de l'école.
L'ENAP a également obtenu le financement de la construction d'un bâtiment supplémentaire afin d'assurer une formation de qualité à des élèves de plus en plus nombreux. Une mesure complémentaire de transfert sera opérée des crédits de l'administration pénitentiaire vers le budget de l'ENAP, afin de prendre en compte le surcoût occasionné par la mesure de transformation de la prime de sujétions et son intégration dans les droits à pension, 106 715 euros (700.000 francs).
III.- L'ÉQUIPEMENT PÉNITENTIAIRE
L'état dégradé et inadapté du parc pénitentiaire a justifié l'engagement de nombreux travaux de rénovation et nécessite de poursuivre un programme de construction à un rythme soutenu. Ces impératifs expliquent l'augmentation des moyens. Il reste que cette évolution se heurte aux capacités limitées d'absorption du ministère de la justice. Par ailleurs, il convient de maintenir un niveau soutenu de dépenses de maintenance, sous peine d'être obligé dans quelques dizaines d'années de conduire, de nouveau, des programmes de rénovation massifs financés sur les crédits du titre V.
Concrétisant l'annonce par le Premier ministre, en novembre 2000, d'un plan de 1,53 milliard d'euros (10 milliards de francs) pour le parc pénitentiaire, la Garde des sceaux vient de présenter un projet de constructions de 35 nouveaux établissements pénitentiaires, l'ouverture de ces nouvelles structures devant entraîner, à terme, la fermeture de 27 établissements vétustes et non-fonctionnels.
Les détenus sont répartis dans 187 établissements pénitentiaires : 119 maisons d'arrêt, 25 centres de détention, 24 centres pénitentiaires, 6 maisons centrales, 12 centres autonomes de semi-liberté, 1 hôpital national pénitentiaire.
Les moyens obtenus n'ont en effet pas permis pendant les deux dernières décennies de prendre en compte la croissance de la population pénale, qui est passée de 26.000 en 1975 à 56.000 en 1997. Par ailleurs, la combinaison de plusieurs facteurs explique l'état dégradé du parc immobilier, dont l'absence de tout programme de maintien à niveau des immeubles pendant la période 1940-1964, la surpopulation des maisons d'arrêt au cours de la dernière décennie et le faible niveau des crédits du titre III réservés à l'entretien régulier des bâtiments, souligné dans le rapport de la Cour des comptes de 1991 sur la gestion du patrimoine immobilier du ministère de la justice.
Par exemple, en 2000, les crédits de fonctionnement consacrés à la maintenance représentent 66 francs par mètre carré dans le parc classique et 112 francs par mètre carré dans le « parc 13.000 ». Les crédits du parc classique sont essentiellement consacrés à la maintenance et ceux du « parc 13.000 » à une maintenance préventive pour 60 %. Le déficit de maintenance peut être évalué à 140 millions de francs annuels, soit 2 milliards de francs pour les quinze dernières années.
Il en résulte la nécessité de réaliser à une fréquence anormalement élevée de gros travaux d'entretien dont les dépenses sont supportées sur le titre V, défaut traditionnel de l'État investisseur.
Si plus de quarante établissements ont été mis en service depuis une quinzaine d'année et si la construction déjà décidée de dix nouveaux établissements, dont un à La Réunion, doit mettre fin à certaines situations, il faut souligner que ces efforts n'ont pas permis d'atteindre la norme d'encellulement individuel, telle que définie par la loi du 15 juin 2000. Le respect de cette norme, notamment en maison d'arrêt, nécessiterait la création d'environ 12.500 nouvelles cellules, alors qu'il n'en existe que 39.000 aujourd'hui.
Au manque d'espace s'ajoute l'inadaptation d'une partie des espaces existants. En effet, l'amélioration liée à la modernisation du patrimoine ne doit pas occulter le mauvais état général des établissements qui sont souvent vétustes, dégradés et fonctionnellement inadaptés. 92 d'entre eux sont installés dans des immeubles construits depuis un siècle ou plus.
Les résultats d'une enquête générale commandée par l'administration pénitentiaire font apparaître l'insuffisant entretien des bâtiments et la non-conformité aux normes techniques et sanitaires d'un grand nombre d'installations, notamment des cuisines. 55 établissements (hors centres de semi-liberté), construits ou entièrement rénovés depuis 1968, satisfont aux normes actuelles de détention et représentent près de 52 % de la capacité totale du parc. Enfin, plus de la moitié des établissements se caractérisent par des structures traduisant des conceptions inadaptées aux régimes modernes de détention.
La rénovation des cinq grands établissements, décidée en 1998, concerne les maisons d'arrêt de Fleury-Mérogis, de Fresnes, de Paris-La Santé, de Marseille-Baumettes, ainsi que la maison d'arrêt et le centre de détention de Loos-lès-Lille. Ce programme doit permettre d'améliorer les conditions de vie en détention et les conditions de travail des personnels. Les établissements rénovés se rapprocheront très sensiblement des normes de détention actuelles et permettront l'encellulement individuel. L'opération de Fleury-Mérogis devrait s'élever à 243,9 millions d'euros (1,6 milliard de francs) pour une durée de 8 à 10 ans ; celle de la maison d'arrêt de Marseille-Baumettes 99 millions d'euros (620 millions de francs) pour une duré de 10 ans également. La rénovation de la maison d'arrêt de Fresnes permettrait de disposer de 1.200 places (contre 1.418 à ce jour) pour un coût global de 76,23 millions d'euros (500 millions de francs). Pour la maison d'arrêt de Paris-La Santé, deux scénarios d'aménagement sont proposés : soit la restructuration de l'établissement sur la base de cellules individuelles équipées de sanitaires complets ; solution coûteuse (91,5 millions d'euros, soit 600 millions de francs) et ne répondant pas à toutes les exigences souhaitables en terme d'équipement et de fonctionnalité ; soit la démolition et la reconstruction d'une nouvelle maison d'arrêt pour un coût de 71,65 millions d'euros (470 millions de francs).
Par ailleurs, selon une étude récente, le coût de rénovation du parc classique, constitué des 127 établissements construits en métropole avant 1990, s'élèverait à environ 3,2 milliards de francs. Sept établissements ont été classés comme prioritaires et ont bénéficié en 2000 de crédits destinés à la réalisation de schémas directeurs : les centres de détention de Oermingen et d'Eysses, les maisons d'arrêt de Caen, de Casabianda, de Clermond-Ferrand et d'Auxerre. De plus, les huit établissements qui disposaient déjà de schémas directeurs ont bénéficié des premiers travaux d'urgence : les centres pénitentiaires de Faa'a (Polynésie) et de Nouméa (Nouvelle-Calédonie), la maison centrale de Poissy, les maisons d'arrêt de Rodez, de Privas, du Havre, de Dunkerque et de Nevers. Au total, ce sont 50 millions de francs qui ont été affectés à ces opérations.
L'administration pénitentiaire a fait un effort important de modernisation puisqu'elle a fait procéder à la fermeture de 30 établissements vétustes ou inadaptés, fermetures liées au « programme 13.000 » et à la construction d'établissements dans les départements d'outre-mer, et à la construction de 41 établissements depuis la fin des années quatre-vingt. En métropole, 25 établissements du « programme 13.000 » et 8 établissements du parc classique () et les centres de semi-liberté de Lyon et Montpellier) et, en outre-mer, 4 établissements () ont été ouverts. En outre, 3 établissements () ont été rouverts après leur complète restructuration et leur mise aux normes modernes de détention. Enfin, un établissement, celui de Montmédy, a été créé dans une ancienne caserne entièrement réhabilitée et adaptée à sa destination de centre de détention.
Le programme de construction en cours de six établissements pénitentiaires permettra de faire face aux situations les plus critiques en supprimant cinq établissements vétustes. Il prévoit la réalisation de nouveaux établissements pénitentiaires à Sequedin (Lille) avec 645 places, Le Pontet (Avignon) avec 610 places, Seysses (Toulouse) avec 605 places, Chauconin-Neufmontiers (Meaux) avec 605 places, La Farlède (Toulon) avec également 605 places et Liancourt avec 600 places en deux tranches dont la première débutera au second semestre 2000 et la seconde en 2001. Ce programme est évalué à 290 millions d'euros (1,9 milliard de francs). Le coût de chaque établissement sera d'environ 45,7 millions d'euros (300 millions de francs) pour un coût moyen de la place entre 65.550 euros et 68.600 euros (430.000 francs et 450.000 francs).
Établissement |
Date de début |
Date de livraison |
Seysses |
Octobre 2000 |
3ème trimestre 2002 |
Le Pontet |
Novembre 2000 |
3ème trimestre 2002 |
Sequedin |
Fin 2001 |
Fin 2003 |
Liancourt |
Septembre 2001 |
2ème semestre 2003 |
La Farlède |
Fin 2001 |
2ème semestre 2003 |
Chauconin |
1er trimestre 2001 |
1er trimestre 2004 |
Outre le programme de construction en cours, plusieurs projets ont été engagés :
· la reconstruction de la maison d'arrêt de Saint-Denis dans le département de La Réunion. Il s'agira d'une maison d'arrêt de 635 places, dont la mise en service pourrait intervenir en 2004 ou 2005, qui sera implantée sur le site de Beauséjour sur le territoire de la commune de Sainte-Marie. Le montant de l'investissement pour cet établissement est évalué entre 89,9 millions d'euros (590 millions de francs) et 105,2 millions d'euros (690millions de francs) dont 30,5 millions d'euros (200 millions de francs) ont été obtenus au titre de la loi de finances rectificative pour 1999.
· la construction de trois nouveaux établissements pénitentiaires, qui respecteront les normes de détention actuelles : la reconstruction des prisons de Lyon et de la maison d'arrêt de Nice, la construction d'un troisième établissement sur un site en cours de détermination. Pour ces trois établissements aucun calendrier prévisionnel n'est actuellement établi. La recherche des terrains est en cours pour Lyon et Nice. 800 millions de francs ont été inscrits dans la dernière loi de finances rectificative pour financer ces opérations.
Par ailleurs, une réflexion sur la refonte de la carte des établissements pénitentiaires accueillant les détenus mineurs a abouti, fin 1999, à la mise au point d'une nouvelle carte des implantations. Le principe retenu est celui de la séparation des détenus adultes et mineurs. Chaque quartier comporte un secteur hébergement comportant des cellules individuelles et une cellule double, une salle d'activités pouvant servir le cas échéant de réfectoire où les détenus pourront prendre leurs repas ensemble et un local laverie, ainsi qu'un secteur éducatif comprenant des salles d'activités et de cours et des bureaux pour les personnels et une cour de promenade réservée aux mineurs. Au total, ce sont près de cinquante établissements qui ont été ou seront équipés, certains sites nécessitant des travaux importants.
La construction de places de semi-liberté était prévue par la loi de programme pour la justice de janvier 1995 pour un montant de 200 millions de francs. Dans la logique de cette loi de programme et du développement des établissements destinés à assurer la mise en _uvre de politiques d'alternative à l'incarcération, la construction de centres pour peines aménagées a été décidée.
Les moyens mobilisés par les programmes d'équipement pénitentiaire apparaissent très importants. Depuis 1997, ils ont été constamment abondés, que ce soit par les lois de finances initiales ou rectificatives. Cette croissance des moyens se heurte à la capacité de dépenses du ministère, dont la relative faiblesse entraîne d'importants reports de crédits à la fin de chaque exercice. Ainsi, le tableau suivant fait ressortir l'ampleur de ces reports et abondements en comparant la dotation en loi de finances initiale et le montant des crédits disponibles. On constate, en fait, que plus les crédits augmentent, plus le taux de consommation chute, la capacité d'absorption des crédits restant, elle, stable autour 55 millions d'euros (360 millions de francs). Aussi votre Rapporteur spécial regrette-t-il l'ouverture de nouveaux crédits dans le projet de loi de finances pour 2002 sachant que les reports risquent d'être très importants, le taux de consommation n'étant, au 31 juin de cette année, que de 27,6%.
CRÉDITS D'ÉQUIPEMENT DES SERVICES PÉNITENTIAIRES (ancien chapitre 57-20, nouveau chapitre 57-60, articles 40 et 50) en millions de francs |
||||||||||
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001(1) |
2002 |
|||
Crédits de paiement | ||||||||||
Loi de finances initiale (2) |
53,36 |
78,66 |
44,06 |
42,38 |
66,77 |
90,40 |
65,13 |
102,35 | ||
Disponibles |
83,54 |
87,35 |
62,96 |
55,22 |
122,28 |
167,45 |
183,18 |
|||
Consommation |
75,69 |
37,18 |
55,66 |
36,07 |
46,22 |
65,04 |
50,66 |
|||
Taux de consommation |
90,6 |
42,6 |
88,4 |
65,3 |
37,8 |
38,8 |
27,6 |
|||
Autorisations de programme | ||||||||||
Loi de finances initiale (2) |
47,26 |
51,83 |
50,16 |
156,11 |
139,03 |
89,94 |
280,51 |
257,3 | ||
Disponibles |
50,41 |
57,18 |
65,03 |
197,19 |
314,32 |
267,14 |
487,14 |
|||
Consommation |
42,79 |
44,73 |
32,67 |
56,30 |
260,93 |
59,94 |
117,81 |
|||
Taux de consommation |
84,8 |
78,2 |
50,2 |
28,6 |
83 |
22,4 |
24,2 |
|||
(1) au 31 juin 2001. | ||||||||||
(2) budget voté, sauf 2002 (projet de loi de finances). | ||||||||||
Source : ministère de la justice. |
257,3 millions d'euros (ou 1,687 milliard de francs) d'autorisation de programme sont demandés au titre du projet de loi de finances pour 2002 sur le chapitre 57-60. Trois mesures sont concernées : 36,2 millions d'euros (237,5 millions de francs) sont demandés au titre de l'entretien des établissements pénitentiaires, dont une enveloppe annuelle de 29,346 millions d'euros (192,5 millions de francs) au titre du gros entretien des établissements, afin de permettre la sauvegarde des bâtiments et quelques évolutions fonctionnelles indispensables et 6,86 millions d'euros (45 millions de francs) au titre des opérations spécifiques d'aménagement fonctionnel ; et 221,05 millions d'euros (1,45 milliard de francs) sont demandés au titre de la rénovation de l'ensemble du parc pénitentiaire classique, constituant la première tranche annuelle du programme de financement sur six ans. Ces crédits permettront de poursuivre le programme des constructions neuves et le programme de rénovation des cinq grands établissements pénitentiaires.
Au titre des subventions d'équipement, 1,905 million d'euros (12,5 millions de francs) sont demandés au PLF 2002 pour financer la sécurisation de chambres au sein des hôpitaux proches des établissements pénitentiaires, le secteur associatif et la restructuration de la maison d'arrêt de Majicavo située à Mayotte dans le cadre du contrat de plan Etat-Mayotte 2000-2004.
CHAPITRE V
LA PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE
Les crédits de la protection judiciaire de la jeunesse pour 2002 s'inscrivent, pour l'essentiel, dans le cadre des décisions des Conseil de sécurité intérieure des 27 janvier 1999 et 31 janvier 2001 pour prendre en charge les mineurs réitérants, répondre systématiquement à tous les actes de primo-délinquance et assurer la continuité de l'action éducative auprès des jeunes pris en charge.
Les crédits de paiement atteignent 539,674 millions d'euros (3,54 milliards de francs). En 2002, les crédits consacrés au secteur public augmenteront de 4,8% à 302 millions d'euros (2 milliards de francs). En revanche, les crédits des secteurs habilités sont en baisse de 3,5% à 238,2 millions d'euros (1,563 milliards de francs) afin de prendre en compte la consommation des crédits en 2000 qui a été inférieure aux prévisions : cette mesure d'ajustement est de pure constatation et n'aura aucun effet sur l'exécution des politiques. Ces crédits représentent environ 11,51% du budget de la justice. Les créations d'emplois demandées cette année qui s'élèvent à 300 emplois, sont majorés par une autorisation de recrutement en surnombre de 300 emplois, pour un total de 7.439 agents.
Votre Rapporteur tient à souligner l'importance de la protection judiciaire de la jeunesse, au moment où le nombre d'actes de petite délinquance et d'incivilité, en particulier du fait de mineurs, tend à augmenter de façon inquiétante, au point que certains proposent une modification de l'ordonnance n° 45-174 de 1945 relative à l'enfance délinquante afin d'abaisser l'âge de la majorité pénale. Votre Rapporteur spécial ne partage pas cette avis, mais l'existence même de cette proposition souligne l'urgence à agir. La protection judiciaire de la jeunesse ne saurait tout régler mais elle a un rôle très important à jouer.
La protection judiciaire de la jeunesse met en effet en _uvre des mesures ordonnées par les juridictions pour enfants et les investigations préalables relatives aux mineurs délinquants, les mineurs en danger et les jeunes majeurs en grande difficulté d'insertion. Ces mesures sont soit assurées directement par l'État, par le biais du secteur public, organisé autour de 15 directions régionales, 100 directions départementales et 399 établissements, soit déléguées au secteur associatif habilité, composé de 1.137 établissements gérés par 479 associations.
Ce secteur est le seul au sein du ministère de la justice qui a pu, relativement, échapper à l'inflation d'activité constatée ces vingt dernières années. En effet, depuis le début des années 1970, le nombre de jeunes suivis est resté relativement stable à 150.000.
I.- LES ORIENTATIONS POLITIQUES DU GOUVERNEMENT
Le 8 juin 1998, le conseil de sécurité intérieure, sous la présidence du Premier ministre, a, notamment, arrêté un plan de lutte gouvernemental contre la délinquance des mineurs. Le 27 janvier 1999 et le 30 janvier 2001, le conseil de sécurité intérieure a pris acte de l'action engagée et des résultats d'ores et déjà obtenus, tout en arrêtant de nouvelles décisions tendant à la poursuivre et à l'amplifier.
Une circulaire du 9 mai 2001 relative à l'action publique et à la sécurité a été diffusée aux procureurs généraux et aux procureurs de la République. Les principales orientations mises en _uvre sont les suivantes :
· Apporter une réponse judiciaire aux premiers actes de délinquance commis par les mineurs en développant les rappels à la loi grâce au recrutement des délégués du procureur, répondre rapidement à tous les faits de délinquance et assurer une continuité de l'intervention.
· Diversifier les réponses éducatives, notamment le perfectionnement des dispositifs d'accueil d'urgence, afin de faciliter le placement des mineurs déférés dans le cadre d'une procédure pénale, la mise en place des centres de placement immédiat (CPI) et le développement des centres éducatifs renforcés (CER).
· Associer les familles et les acteurs sociaux concernés en permettant notamment aux parents d'exercer leurs responsabilités éducatives et en les impliquant dans toutes les procédures concernant leur enfant mineur.
· Améliorer la coordination de l'intervention des différents acteurs judiciaires et faire connaître l'action de la justice dans le domaine des mineurs.
· Améliorer l'efficacité de la réponse aux actes de délinquance, de l'infraction à l'exécution de la sanction.
La direction de la protection judiciaire de la jeunesse a arrêté en mai 2001 une réforme de l'organisation départementale des services, visant à mieux assurer la continuité de l'action éducative.
Chaque projet départemental devra désormais être décliné par fonction éducative et tenir compte de la nécessaire territorialisation de l'action éducative. A cet effet, la création de dispositifs départementaux par fonction éducative placés sous l'autorité du directeur départemental et animés par un responsable du dispositif, devrait faciliter l'articulation de l'ensemble des moyens concourant, sur chaque département, à l'exercice d'une même fonction.
II.- LA PRISE EN CHARGE DES JEUNES
La population de jeunes en difficulté est répartie entre les mineurs incarcérés et les mineurs en difficulté pris en charge par le secteur public ou le secteur associatif en vue de leur réinsertion.
La justice des mineurs repose sur l'ordonnance n° 45-174 du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante qui affirmait le primat de l'éducation sur la répression. La loi n° 87-1062 du 30 décembre 1987 relative aux garanties individuelles en matière de placement en détention provisoire et de contrôle judiciaire et portant modification du code de procédure pénale a supprimé la possibilité de placer en détention provisoire les mineurs de treize à seize ans en matière correctionnelle.
Depuis dix ans, l'incarcération des mineurs a été, peu à peu, limitée. Elle est aujourd'hui proscrite pour les mineurs de moins de treize ans, et limitée aux crimes pour les adolescents de treize à seize ans. La détention provisoire est plafonnée pour les jeunes de seize à dix-huit ans à deux ans en cas de crime.
Le nombre de mineurs incarcérés en métropole est passé de 757 au 1er janvier 1980 à 669 au 1er janvier 1998, soit une baisse de 11,64 %. Après s'être stabilisé autour de 800 dans les années 1980, ce nombre est brusquement tombé à 416 en 1991. Les mineurs qui représentaient 2 % de la population totale carcérale, n'en constituent plus aujourd'hui que 1 %. Les textes législatifs intervenus à partir de 1985 sont directement la cause de cet infléchissement. On a pu observer néanmoins une légère remontée depuis 1996 pour atteindre 718 au 1er janvier 2000. Au 1er janvier 2001, le nombre de mineurs détenus était redescendu à 616.
Le ministère a accompli un effort important au profit des mineurs incarcérés : des moyens supplémentaires ont été consacrés à la restructuration d'un grand nombre de quartiers et à la création de nouveaux quartiers, principalement en région parisienne. La carte pénitentiaire des établissements habilités à l'accueil des mineurs a fait l'objet en 2000 d'une évaluation. La nouvelle carte, en cours de validation, prévoit l'habilitation de 59 établissements contre 53 auparavant.
Ces mineurs ne font pas l'objet de mise en détention mais sont soumis à des mesures d'investigations, de placement ou d'actions éducatives en milieu ouvert. Tous secteurs confondus, plus de 150.000 jeunes sont pris en charge en permanence, le secteur associatif assurant près des deux tiers des prises en charge et 95 % des mesures de placement. En outre, plus de 85.000 jeunes ou familles font l'objet d'une investigation. Compte tenu des mouvements intervenus en cours d'année (entrées et sorties) plus de 260.000 jeunes ont été suivis au cours de l'année 1999 par ces services.
Il existe, entre les deux secteurs chargés de la protection judiciaire de la jeunesse, de fortes différences tant au niveau des publics pris en charge que dans les prestations éducatives. Le secteur public intervient prioritairement pour les jeunes délinquants et pour les « grands adolescents », majoritairement des garçons. Le secteur associatif réalise l'essentiel de son activité en assistance éducative, les délinquants ne pouvant pas être suivis en milieu ouvert, hors du secteur public. Ainsi, plus de 90% des jeunes pris en charge par le secteur public ont plus de treize ans, alors que 58% du public du secteur habilité se situe en deçà.
Toutefois, d'un département à l'autre et selon le mode de prise en charge, l'importance relative du secteur public et du secteur habilité peut fortement fluctuer en fonction de la présence ou de l'absence de tel ou tel secteur institutionnel de la protection de l'enfance.
Globalement, le secteur habilité connaît une grande stabilité dans les publics pris en charge alors que le secteur public a opéré ces dernières années un redéploiement vers les mineurs délinquants. Cette évolution est induite par la hausse des décisions prononcées par les magistrats de la jeunesse (les services de police et de gendarmerie ont augmenté leur activité à l'égard des mineurs de 39% en cinq ans). Le secteur public continue donc d'opérer sa mutation vers un public plus difficile, de plus en plus délinquant, de plus en plus masculin et de plus en plus âgé.
POPULATION PRISE EN CHARGE
Source : Ministère de la justice
Les mesures d'investigation sont les premières qui sont prises pour cerner les difficultés auxquelles sont soumis les mineurs pris en charge. Cette première phase peut être suivie d'une seconde consistant en des mesures exigeant un investissement des services de la protection judiciaire de la jeunesse plus important.
L'investigation est un terme générique qui désigne l'ensemble des mesures d'enquête ordonnées par le juge des enfants avant qu'il ne prenne sa décision. Elle doit être exécutée dans le délai de six mois et ne peut être prorogée qu'une fois. Il existe trois catégories de mesures d'investigation :
· l'enquête sociale (16.000 à 17.000 enquêtes diligentées par an) ;
· l'investigation du SEAT réalisée à la demande du juge des enfants est obligatoire si le juge envisage l'incarcération d'un mineur (35.000 par an).
· les mesures d'investigation et d'orientation éducative regroupent la consultation d'orientation éducative et l'observation en milieu ouvert (25.000 par an).
Outre l'action de l'administration pénitentiaire en direction des mineurs faisant l'objet d'une mesure de mise en détention provisoire ou de mesure d'incarcération à la suite d'une condamnation, la prise en charge des jeunes en difficulté est assurée soit par le secteur public, soit par le secteur associatif.
Détaillée dans la circulaire d'orientation du 24 février 1999, cette prise en charge tend à se diversifier. Elle peut, en effet, se faire selon divers modes, qui peuvent se cumuler. L'hébergement permet de prendre en charge les jeunes, le soir et la nuit, parfois le week-end. Ces jeunes peuvent recevoir une formation de jour, suivre une activité dans l'établissement qui assure l'hébergement ou dans un autre établissement. Un accueil d'urgence a été récemment organisé. L'objectif est que, dans chacun des départements, soit assurée une permanence d'accueil pour tous les mineurs déférés au tribunal. En 2001, 26 départements ont organisé une cellule de coordination des accueil d'urgence et 8 sont en cours de création. Il peut être assuré dans des structures à encadrement renforcé s'adressant à des délinquants multi-récidivistes ou des mineurs en situation de grande marginalisation, comme les centres éducatifs renforcés, qui permettent d'organiser des « séjours de rupture ». Au 31 juillet 2001, 47 centres éducatifs renforcés sont en fonctionnement, 11 projets ont été validés et ouvriront dans les prochains mois et 12 projets sont en cours d'instruction.
Annoncée en 1998, la création de 50 centres de placement immédiat pose problème. Les effectifs de la protection judiciaire de la jeunesse ne permettent pas d'assurer aujourd'hui, dans de bonnes conditions, l'ouverture de ces centres. Les créations d'emplois prévues dans le présent projet de budget ne vont pas se traduire par l'arrivée instantanée d'éducateurs dans les nouvelles structures. En attendant que leur formation soit assurée, les centres ne pourront être pourvus en effectifs que par le biais de redéploiements. 35 CPI sont ouverts à ce jour et 12 supplémentaires devraient être ouverts d'ici la fin 2002. Les centres de jour ont vocation, quant à eux, à recevoir en priorité des jeunes sous protection judiciaire.
Le milieu ouvert regroupe les mesures de suivi du jeune dans son milieu naturel, c'est-à-dire dans sa famille. Cette modalité de prise en charge peut être associée à une mesure de placement familial ou avec un suivi en centre de jour.
Le placement familial concerne les jeunes confiés à une famille de manière permanente et durable. Il est suivi principalement par le secteur habilité et toujours accompagné d'une mesure de milieu ouvert.
Il convient enfin d'évoquer l'action des SEAT qui assurent, en amont de la décision judiciaire, une permanence éducative chargée d'éclairer le magistrat sur la situation personnelle et familiale du mineur. Ils assurent également, en aval de la décision judiciaire, le suivi éducatif d'un certain nombre de mineurs dans le cadre pénal. Les missions des éducateurs du SEAT ont été élargies par la loi n° 96-585 du 1er juillet 1996 portant réforme de l'ordonnance du 2 février 1945, puisqu'ils doivent désormais donner leur avis dans le cadre de nouvelles procédures.
Enfin, même si elles ne constituent pas à proprement parler des mesures de prise en charge, les mesures d'investigation sont des interventions éducatives ou de spécialistes destinées à dresser un bilan de situation du jeune qui permettra d'éclairer la décision du magistrat. Entrent dans cette catégorie les consultations d'orientation éducative, les enquêtes sociales, les mesures d'observation en milieu ouvert, les enquêtes rapides du SEAT.
III.- LES MOYENS DE FONCTIONNEMENT
La loi de programme du 6 janvier 1995 avait prévu la création de 400 emplois budgétaires à répartir sur les cinq années de son application, soit en moyenne 80 emplois par an. Ces objectifs ont été remplis en 1999.
Lors du conseil de sécurité intérieure du 27 janvier 1999, le Gouvernement a décidé d'augmenter les effectifs de la protection judiciaire de la jeunesse de 1.000 emplois. Le décret n° 99-412 du 26 mai 1999 a fixé les modalités exceptionnelles de recrutement de 200 éducateurs. Les mesures du projet de loi de finances pour 2002 s'inscrivent donc dans la poursuite de ce plan. Comme en 1999, 2000 et en 2001, un effort de recrutement exceptionnel sera entrepris pour pourvoir aux postes budgétaires ouverts, grâce notamment à une autorisation de 300 surnombres pour l'ouvertures anticipée de concours.
En 2001, 380 emplois ont été créés. Le présent projet propose la création de 300 emplois dont 150 éducateurs, 33 directeurs, 17 psychologues, 15 agents techniques d'éducation, 17 secrétaires administratifs, 10 professeurs techniques, 5 infirmiers, 1 surveillant chef des services médicaux, 40 adjoints administratifs, 8 attachés et 4 contractuels, le tout pour un coût de 8,84 millions d'euros. Ainsi, la protection judiciaire bénéficiera de 7.439 postes budgétaires en 2002 au lieu de 7.144 en 2001, soit une progression notable de 4,1 %.
À ces emplois budgétaires, devaient s'ajouter, selon l'article 29 de la loi n°99-515 du 23 juin 1999, 500 postes d'agents de justice. Toutefois, la montée en charge des recrutements a débuté assez lentement et au 1er juillet 2001, 469 contrats étaient signés. Le quota de 500 devrait être atteint d'ici la fin de l'année.
Enfin, votre Rapporteur spécial souhaite de nouveau souligner les risques qui peuvent résulter d'un recours excessif aux délégués du procureur dans le domaine du traitement de la délinquance des mineurs. L'adjonction de délégués auprès du procureur est née d'une pratique purement prétorienne. Il s'agissait d'alléger la charge de travail du parquet pour des tâches qui n'emportaient pas de décision judiciaire. Ainsi, dans le cadre des maisons de justice et du droit, des retraités de la magistrature, notamment, étaient appelés à la rescousse pour effectuer auprès des mineurs et de leurs parents des rappels à la loi et pour organiser une mesure de réparation dans l'intérêt de la victime ou de la collectivité.
La loi n° 99-515 du 23 juin 1999 renforçant l'efficacité de la procédure pénale a consacré ces pratiques. Le décret du 31 janvier 2001 réglemente le statut des délégués. Au nombre de 117 en juillet 1998 dont 34 spécialisés en matière de mineurs, ils étaient 671 au 1er juillet 2001 dont 315 spécialisés pour les mineurs. Leurs profils sont très variés : on trouve beaucoup de retraités de la magistrature, de la police nationale ou de la gendarmerie, de l'éducation nationale, des personnes en activité d'horizons divers, d'anciens assesseurs des tribunaux pour enfants.... La formation des délégués a été confiée à l'École nationale de la magistrature.
Votre Rapporteur spécial regrette cette dérive, que le gouvernement semble pourtant encourager. Si ces délégués du procureur apportent de la souplesse au système judiciaire, ils lui apportent surtout des moyens supplémentaires à moindre coût, sans les garanties des professionnels de la justice. Là encore, comme dans le cas des assistants de justice, les juridictions, faute de pouvoir bénéficier de moyens suffisants et adaptés, ont recours à des supplétifs de magistrats ou de fonctionnaires de greffe.
Depuis 1998, les mesures indemnitaires ont permis de mettre l'accent sur la revalorisation d'indemnités spécifiques ainsi que la revalorisation des régimes indemnitaires des personnels. En 2001, le revalorisation des régimes indemnitaires des personnels (hors direction) a été poursuivie (pour 1,05 millions d'euros soit 6,915 millions de francs) ainsi que celle des régimes du personnel de direction (pour0,49 millions d'euros soit 3,2 millions de francs). Au total les mesures indemnitaires ont atteint 1,622 million d'euros en 2001 (10,64 millions de francs).
L'enveloppe en 2002 est en progression de 17% et atteint 1,898 million d'euros (12,45 millions de francs) qui se décomposent ainsi : des mesures de rattrapage indemnitaire pour 1,68 million d'euros (11,02 millions de francs), afin de réduire progressivement l'écart constaté par rapport aux autres personnels du ministère et 0,21 million d'euro (1,38 million d'euros) pour une revalorisation de l'indemnité de nuit allouée aux agents techniques d'éducation. Par ailleurs, un abondement des crédits indemnitaires, à hauteur de 1,829 million d'euros (12 millions de francs), est inscrit pour tenir compte des dépenses, liées notamment à la mise en _uvre de l'ARTT.
En outre, la réforme du statut des chefs de service éducatif sera achevée en 2002 pour un coût budgétaire total de 1,24 million d'euros (y compris la provision inscrite en 2001 d'un montant de 76.224 euros). Deux provisions sont inscrites au projet de loi de finances pour 2002 en faveur des réformes statutaires des directeurs et des agents techniques d'éducation. Enfin, différentes mesures de pyramidage sont prévues : transformation de 53 éducateurs de 2ème classe en 53 éducateurs de 1ère classe, transformation de 26 éducateurs de 1ère classe et 103 de 2ème classe en 129 chefs de service éducatif et transformation de 68 agents administratifs en 68 adjoints administratifs, mesure qui complète celle de l'an dernier.
Ces crédits recouvrent, outre les dépenses en personnel, l'entretien et la rééducation des mineurs (chapitre 37-33), les moyens de fonctionnement des services du secteur public (chapitre 34-34), les dépenses informatiques (chapitre 34-05, article 50), ainsi que des subventions et interventions diverses (chapitre 46-01) qui bénéficient également de crédits du Fonds social européen (FSE).
En 2000, les dotations aux moyens de fonctionnement et d'intervention se sont élevées à 282,6 millions d'euros (1,85 milliards de francs). En 2001, elles ont augmenté de près de 10% pour atteindre 310,5 millions d'euros (2,04 milliards de francs). Pour 2002, ces crédits devraient reculer en raison d'un ajustement à la baisse de 3,4% du chapitre 37-33 « prestations effectuées par le secteur habilité » au regard de la consommation réelle. Ils atteignent 304,5 millions d'euros (1,99 milliard de francs) soit une baisse de 1,9%. Hors chapitre 37-33, les crédits augmentent de 4%, ce qui est beaucoup moins que les années précédentes. Votre Rapporteur s'interroge sur la faiblesse de cette évolution au vu de l'augmentation importante des effectifs qui doit s'accompagner, pour être efficace, d'une augmentation parallèle des moyens de fonctionnement.
La protection judiciaire de la jeunesse dispose actuellement d'un parc immobilier d'une superficie d'environ 330.000 m2 correspondant à 795 implantations réparties sur tout le territoire.
Depuis 1980, l'évolution des méthodes pédagogiques a nécessité une transformation du patrimoine immobilier affecté à la protection judiciaire de la jeunesse. Les gros internats, dont les coûts d'entretien et de fonctionnement élevés ne se justifiaient plus, ont été progressivement remplacés par des structures de petites ou moyennes dimensions, insérées en milieu urbain et assurant le plus souvent une fonction unique.
Par ailleurs, la protection judiciaire de la jeunesse a du répondre aux exigences fixés par les orientations gouvernementales arrêtés à l'issue du conseil de sécurité intérieure des 8 juin 1998 et 27 janvier 1999 en matière de lutte conte la délinquance des mineurs. Ainsi la création de cinquante centres de placements immédiats. Ce programme correspond à la nécessité d'augmenter les moyens de prise en charge pour les mineurs dont la situation requiert un placement d'urgence, en particulier lorsqu'il s'agit de mineurs délinquants.
De même le programme de création des centres éducatifs renforcés continue de se développer à un rythme soutenu. Le gouvernement a annoncé le développement du programme avec la création de cent centres d'ici fin 2001. Ces structures éducatives reposent sur une une prise en charge intensive permise par la parité entre le nombre des mineurs et le nombre d'éducateurs pendant une durée courte de trois à six mois. 46 centres sont actuellement opérationnels et 25 projets nouveaux sont en cours d'opération ou d'instruction.
A partir de la fin 2000- début 2001, la protection judiciaire de la jeunesse est également engagée par la signature des contrats de plan Etat-Région couvrant la période 2000-2006, pour un montant de plus de 22,41 millions d'euros (147 millions de francs). Cet engagement porte essentiellement sur la réalisation de centres d'insertion scolaire et professionnelle en partenariat avec les collectivités territoriales.
En 2001, ont été ouverts 15,24 millions d'euros (100 millions de francs) d'autorisations de programme, tandis que les crédits de paiement étaient en baisse sensible à 5,49 millions d'euros (36 millions de francs), soit une réduction de 53,2 %. Ces crédits devaient essentiellement servir, outre la poursuite d'opérations (4,88 millions d'euros, soit 32 millions de francs), à la construction de cinq nouveaux centres de placement immédiat (6,10 millions d'euros, soit 40 millions de francs), à la création et l'adaptation de centres de jour (1,22 millions d'euros, soit 8 millions de francs) et à la restructuration d'hébergements existants.
En 2002, 7,623 millions d'euros (50 millions de francs) sont prévus en autorisations de programme et 3,05 millions d'euros (20 millions de francs) en crédits de paiement (soit une baisse de 44,4%) dont 1,525 million d'euros (10 millions de francs) de mesures nouvelles. 2,439 millions d'euros (16 millions de francs) sont ainsi ouverts en AP pour la création de centres de placement immédiat, 1,22 million d'euros (8 millions de francs) pour des centres d'activité de jour et 3,964 millions d'euros (26 millions de francs) pour la rénovation du parc immobilier.
LES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES
Les crédits des juridictions administratives, Conseil d'État compris, atteindront 142,824 millions d'euros (936,86 millions de francs), en hausse de 5,2 % par rapport à la loi de finances pour 2001 dans laquelle ces crédits s'élevaient à 135,3 millions d'euros (887,6 millions de francs). Ils représentent 3,05% des crédits du ministère. 86 emplois seront créés, dont 40 emplois de magistrats, au lieu de 90 créations en 2001 et de 85 créations en 2000.
Les juridictions administratives ont une fonction juridictionnelle et une fonction consultative. Le Conseil d'État assure également une fonction d'étude et une fonction de gestion, puisqu'il est chargé de l'essentiel de la gestion des moyens en matériel et en personnel de l'ensemble des juridictions. Outre le Conseil d'État, les juridictions administratives sont organisées autour de sept cours d'appel () et de trente-six tribunaux administratifs. On relèvera que la commission des sondages et la commission pour la transparence de la vie financière sont adjointes au Conseil d'État. Le tableau ci-dessous présente la répartition des dépenses par fonction.
MONTANT DES DÉPENSES DES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES PAR FONCTION | |||||
(en millions de francs) | |||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 LFI |
2000 exécution | |
Fonction juridictionnelle |
74,70 |
77,60 |
87,20 |
87,66 |
92,69 |
Fonction consultative |
4,42 |
3,96 |
4,27 |
5,64 |
5,34 |
Fonction d'étude |
1,68 |
1,98 |
2,29 |
2,44 |
2,44 |
Fonction support de gestion |
26,68 |
29,42 |
32,17 |
33,23 |
31,56 |
Total |
107,48 |
112,96 |
125,92 |
128,97 |
132,02 |
Source : d'après le compte rendu de gestion budgétaire Justice, 2000. |
I.- UNE ACTIVITÉ EN AUGMENTATION CONSTANTE
Les juridictions administratives, en 2000, ont été saisies au total de 141.873 affaires et en ont réglé 145.455. Le nombre d'affaires réglées est donc supérieur aux affaires enregistrées ce qui entraîne une diminution du stock. Pour autant, celui-ci reste très important et entraîne des délais de jugement encore trop importants. Par ailleurs, la situation varie énormément, d'une part, selon le niveau de juridiction auquel on se trouve et, d'autre part, entre les juridictions d'un même niveau.
Ainsi, ce sont les Cours administratives d'appel qui sont aujourd'hui complètement embouteillées suite au transfert de compétences du Conseil d'État. Celui-ci a pu réduire ses délais de jugement mais au détriment des premiers niveaux de juridictions, et en particulier des cours d'appel, dont les délais se sont considérablement allongés. Ainsi, pour le justiciable, qui fréquente plus le tribunal administratif que le Conseil d'État, l'évolution est négative. Un rééquilibrage des moyens entre les niveaux de juridiction est indispensable.
TRIBUNAUX ADMINISTRATIFS | |||||||||||
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
||||
Affaires enregistrées brutes |
94.774 |
106.434 |
101.575 |
106.985 |
132.918 |
120.567 |
126.410 |
72.995 |
|||
Affaires enregistrées nettes |
88.949 |
97.025 |
95.246 |
101.590 |
123.834 |
117.429 |
113.059 |
66.165 |
|||
Affaires jugées (net) |
82.870 |
90.103 |
91.371 |
96.367 |
104.615 |
112.206 |
118.991 |
61.065 |
|||
Affaires en stock (net) |
171.311 |
179.874 |
183.641 |
188.653 |
207.920 |
209.247 |
201.534 |
206.712 |
|||
Affaires par magistrat (net) |
189 |
193 |
188 |
191 |
211 |
214 |
196 |
||||
Délai moyen théorique d'élimination des stocks |
2 ans, 1 mois |
2 ans |
2 ans |
1 an, |
2 ans |
1 an, |
1 an, |
||||
Source : Conseil d'État. |
Le nombre d'affaires enregistrées en données nettes s'est accru de près de 62% entre 1990 et 2000, ce qui représente une augmentation moyenne d'environ 5% par an. Cependant, si la progression a été à peu près constante de 1990 à 1998, une inversion de la tendance depuis 1998 a semblé se dessiner en 1999. Elle était illusoire : il s'agissait simplement de la conséquence du « pic » conjoncturel lié à l'opération de régularisation des titres de séjour des étrangers : l'année 1999 marque ainsi un recul du volume d'affaires enregistrées de 5,2% qui masque une progression de près de 16% par rapport à 1997. Idem pour 2000 : la baisse de 3,7% affichée cache une progression de 11,3% par rapport à 1997. Les premiers chiffres de 2001 confirment la tendance à l'augmentation du contentieux.
Il ne semble pas que l'institution d'un droit de timbre (de 15 euros à compter du 1er janvier 2002) par l'article 44 de la loi de finances pour 1994 ait eu un effet dissuasif important sur les flux de contentieux répétitifs (les « recours-pétitions »). Cependant, sa suppression risquerait d'entraîner une augmentation marginale importante du contentieux, notamment devant les cours administratives d'appel. Une augmentation de son niveau pourrait être envisagée.
Parallèlement, le nombre d'affaires jugées s'accroît lui aussi de façon régulière depuis 1990 et a plus que doublé en dix ans. Cette évolution favorable reflète à la fois les effets du renforcement des effectifs et l'amélioration de la productivité au sein des juridictions. En effet, le nombre d'affaires jugées en données nettes s'est accru de près de 24% au cours des 4 dernières années, un tiers des juridictions ayant notamment amélioré en 2000 de plus de 10% le nombre de dossiers traités par rapport à 1999. La création du tribunal de Cergy-Pontoise, intervenue le 1er septembre 2000, devrait alléger la charge des tribunaux de Paris et Versailles, et permettre de poursuivre l'effort entrepris pour améliorer les délais de jugement constatés en région parisienne. Ainsi, pour la première fois, le ratio des affaires jugées sur les affaires enregistrées a dépassé les 100% atteignant 105% soit une augmentation de 9 points par rapport à 1999.
Le stock d'affaires en cours enregistre donc pour la première fois une baisse de près de 4%, inversant ainsi la tendance observée depuis une décennie. Il reste à espérer que l'année 2001 confirmera cette tendance ce qui est incertain au vu des six premiers mois de l'année. Toutefois ce stock demeure trop important au regard de la capacité de jugement des tribunaux. Le délai moyen de jugement est de 1 an et 8 mois, soit une baisse de 2 mois par rapport à 1999 et de 10 mois par rapport à 1990. Des progrès importants ont été faits mais ils restent insuffisants. En outre, la situation varie énormément d'un tribunal à l'autre : le délai moyen de jugement est de 1 an 11 mois à Paris et de moins de six mois au tribunal de Caen.
COURS ADMINISTRATIVES D'APPEL | |||||||||||
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
||||
Affaires enregistrées brutes |
9.435 |
12.121 |
15.553 |
14.350 |
17.135 |
18.633 |
17.803 |
9.054 | |||
Affaires enregistrées nettes |
7.804 |
9.057 |
12.168 |
12.477 |
14.330 |
16.056 |
16.540 |
8.305 | |||
Affaires jugées (net) |
5.786 |
6.110 |
6.317 |
7.461 |
9.199 |
11.390 |
12.906 |
6.862 | |||
Affaires en stock (net) |
9.392 |
12.269 |
18.383 |
24.016 |
29.334 |
33.798 |
37.723 |
39.097 | |||
Affaires par magistrat (net) |
61 |
65 |
64 |
68 |
75 |
84 |
94 |
||||
Délai moyen de jugement |
1 an 7 mois |
1 an |
2 ans |
2 ans |
2 ans |
2 ans |
2 ans, |
||||
Source : Conseil d'État. |
Créées par la loi du 31 décembre 1987, les cours d'appel ont été installées à Bordeaux, Lyon, Nancy, Nantes et Paris en janvier 1989. Leur compétence se limitait à l'époque aux recours de plein contentieux. Depuis le 1er octobre 1995, les cours administratives d'appel exercent l'ensemble des compétences qui leur ont été conférées par l'article 1er de la loi du 31 décembre 1987, modifié par la loi du 8 février 1995. Deux nouvelles cours d'appel ont été créées pour permettre le rééquilibrage de leur ressort géographique, la première à Marseille en 1997 et la seconde à Douai en 1999.
Depuis 1992, les cours administratives d'appel connaissent, en raison du transfert échelonné de l'appel des recours pour excès de pouvoir, qui s'est achevé en 1995, une progression des entrées sans précédent : le nombre annuel d'affaires enregistrées a triplé entre 1992 et 1999, et l'augmentation est encore de 3% en 2000. Entre 1997 et 2000, la hausse aura été de 35%.
Conjointement, le volume des affaires traitées a doublé entre 1992 et 1999 et a progressé de 13,3% en 2000. Cette dernière évolution est la plus basse depuis 1997 ce qui est particulièrement inquiétant compte tenu de la création de la Cour d'appel de Douai en 1999. Le rapport des affaires traitées sur les affaires enregistrées reste donc très préoccupant, n'atteignant que 78% en 2000, bien qu'il ait progressé de sept points par rapport à 1999, de sorte que par effet mécanique, le stock continue de s'accroître.
En 2000, le stock global d'affaires en instance représente près du triple de la capacité de jugement annuelle des cours, si bien que le délai théorique d'élimination du stock (2 ans et 11 mois) ne parvient pas à s'améliorer de façon significative.
ÉVOLUTION DU CONTENTIEUX TRAITÉ PAR LES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES | |||||||||
CONSEIL D'ÉTAT | |||||||||
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
||
Affaires enregistrées brutes |
9.197 |
12.447 |
8.091 |
8.314 |
10.232 |
12.747 |
12.800 |
6.632 | |
Affaires enregistrées nettes |
8.743 |
9.162 |
7.527 |
7.193 |
8.427 |
12.330 |
12.274 |
6.411 | |
Affaires jugées (net) |
11.314 |
10.598 |
11.684 |
11.228 |
9.450 |
10.988 |
12.236 |
5.699 | |
Affaires en stock (net) |
19.403 |
18.016 |
13.756 |
10.385 |
8.479 |
10.067 |
10.159 |
11.785 | |
Affaires par magistrat (net) |
135 |
120 |
150 |
142 |
128 |
148 |
95 |
||
Délai moyen de jugement |
1 an |
1 an |
1 an |
1 an |
1 an |
11 mois |
10 mois |
En 2000, le nombre des affaires enregistrées reste au niveau de 1999 en raison, cette année encore, de l'importance du contentieux des étrangers. Cette tendance semble se poursuivre au premier semestre 2001 : certes la création par décret du 10 novembre 2000, de la commission de recours contre les décisions de refus de visa d'entrée en France devrait réduire le nombre de dossiers de ce type ; mais s'agissant des appels en matière de reconduite à la frontière et de pourvois en cassation contre les décisions de la commission de recours des réfugiés, la tendance est clairement à la hausse.
Face à cette évolution, le volume des affaires jugées a progressé de 19% entre 1990 et 1999, ce qui a permis de faire régulièrement baisser le délai théorique d'élimination du stock de 2 ans et 3 mois à 11 mois en 1999. Si on avait pu constater en 1999 un déficit des sorties par rapport aux entrées pour 1300 affaires, on enregistre en 2000 un nombre d'affaires jugées en nette augmentation, qui équilibre le nombre d'entrées. Le stock s'est stabilisé en 2000. Il reste donc inférieur à la capacité annuelle de jugement et le délai théorique d'élimination du stock est ramené de 11 à 10 mois. En 2000, 90% des affaires en instance sont enregistrées depuis moins de deux ans.
II.- DES MOYENS DE FONCTIONNEMENT RENFORCÉS
Pour faire à l'accroissement du contentieux durant la dernière décennie, les juridictions administratives ont bénéficié d'un important renforcement de leurs moyens de fonctionnement tant en personnels qu'en moyens matériels.
Entre 1991 et 2002, 255 postes de magistrats et 450 emplois d'agents de greffe ont été créés, soit une augmentation de plus de 35%. La rythme de création s'est accéléré à partir de 1998, avec 163 poste de magistrats et 185 emplois d'agents de greffe entre 1998 et 2002. Ainsi, la justice administrative dispose aujourd'hui de 2441 agents.
Ces agents se répartissent ainsi :
Conseil d'État |
Tribunaux administratifs |
||||||
Membres |
Personnels |
Effectif total |
Magistrats |
Agents de greffe |
Effectif total |
Total CE, TA et CAA | |
1998 |
217 |
317 |
534 |
662 |
927 |
1589 |
2123 |
1999 |
217 |
325 |
542 |
683 |
959 |
1642 |
2184 |
2000 |
217 |
330 |
547 |
723 |
997 |
1720 |
2267 |
2001 |
217 |
336 |
553 |
764 |
1040 |
1804 |
2357 |
2002 |
216 |
341 |
557 |
804 |
1080 |
1884 |
2441 |
En 2000, les juridictions administratives ont bénéficié de la création nette de 83 emplois : 40 postes de magistrats, 45 postes de fonctionnaires moins 2 suppressions liées aux transformations d'emplois. En 2001, elles ont enregistré 90 créations nettes d'emplois, dont 6 au Conseil d'État, 41 magistrats et 43 emplois de fonctionnaires, pour un total de 20,2 millions de francs. 45 emplois ont, par ailleurs, été transformés dans le cadre de la réforme du corps des agents.
Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit la création de 86 postes dont 40 emplois de magistrats de TA et de CAA et 46 emplois de fonctionnaires, dont 6 au Conseil d'État et 40 dans les greffes de TA et de CAA.
- Les voies de recrutement
Les magistrats des juridictions administratives sont recrutés de trois manières différentes : par le biais de l'École nationale d'administration (ENA), par le tour extérieur et par un concours complémentaire. Par ailleurs, un recrutement particulier destiné à pourvoir les cours administratives d'appel lors de leur constitution avait été organisé.
Le législateur a régulièrement autorisé des recrutements exceptionnels afin de faire face à la croissance régulière du contentieux. La loi n° 97-276 du 25 mars 1997 portant dispositions statutaires relatives au corps des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel a adapté ces dispositions à la réforme du statut des magistrats des tribunaux et cours. 40 % des magistrats des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel sont issus de ce recrutement extérieur.
Enfin, signalons la possibilité d'accès des militaires à des emplois de magistrats administratifs en vertu de la loi n° 70-2 du 2 janvier 1970 qui concerne l'ensemble de la fonction publique.
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution des modes de recrutements depuis 1995.
LES VOIES DE RECRUTEMENT DES CONSEILLERS (1995-2001) | |||||||
Année |
École nationale d'administration |
Tour |
Recrutement complémentaire |
Détachement (1) |
Loi n°70-2 |
Total |
|
1995 |
10 |
7 |
18 |
19 |
2 |
56 | |
1996 |
10 |
6 |
17 |
17 |
2 |
52 | |
1997 |
9 |
6 |
19 |
16 |
2 |
52 | |
1998 |
12 |
6 |
20 |
22 |
2 |
64 | |
1999 |
12 |
7 |
19 |
21 |
2 |
61 | |
2000 |
11 |
6 |
17 |
14 |
2 |
51 | |
2001 |
11 |
10 |
23 |
18 |
2 |
64 | |
Total |
75 |
48 |
133 |
127 |
14 |
397 | |
(1) De 1995 à 1999, les 71 magistrats recrutés à titre temporaire au titre de la loi de programme Source : Conseil d'État. |
Ainsi, il convient de relever que le nombre de recrutements demeure relativement élevé. L'essentiel de ces recrutements a été réalisé sur la base de recrutements complémentaires autorisés par des textes législatifs spéciaux ou par le biais de détachements. De fait, le principe selon lequel les magistrats sont recrutés parmi les élèves de l'École nationale d'administration a été mis à mal par les besoins des juridictions et par la stabilité de la taille des promotions de l'École.
Cette année encore, pour les 40 postes supplémentaires, 11 postes seront offerts aux élèves de l'ENA, mais 11 recrutements auront lieu au tour extérieur, et une vingtaine d'emplois seront offerts au recrutement complémentaire.
- L'évolution des effectifs
Le nombre de membres du Conseil d'État est resté quasiment stable depuis 1995. En revanche, le nombre de magistrats des cours et tribunaux a substantiellement crû, passant de 549 à 804 en onze ans, avec près de 100 créations entre 1991 et 1997 et 142 entre 1998 et 2002.
La loi de programme relative à la justice du 6 janvier 1995 avait ainsi prévu, d'une part, la création de 105 emplois budgétaires de magistrats administratifs (100 ont été effectivement créés) et d'autre part, le recrutement de 75 magistrats temporaires (71 recrutements ont été effectivement permis).
Le recrutement des magistrats temporaires se fait parmi les professeurs et maîtres de conférences détachés dans le corps des membres des tribunaux administratifs et cours administratives d'appel. Ce renfort utile est appréciable même s'il met à mal le principe selon lequel les conseillers sont recrutés par le biais de l'École nationale d'administration. Mais à l'heure actuelle, ces postes de magistrats temporaires sont principalement occupés par des administrateurs civils, des sous-préfets, des administrateurs de la Ville de Paris et des magistrats de l'ordre judiciaire.
Les emplois de magistrats temporaires progressivement créés durant l'application de la loi quinquennale pour la justice font désormais l'objet d'un reflux. Ainsi, si 41 emplois de magistrats ont été créés pour 2001, 15 emplois de magistrats temporaires sont supprimés. De même, en 2002, des crédits correspondant à 11 magistrats temporaires sont supprimés.
Enfin, il convient de relever que l'article 8 de la loi n° 87-1127 du 31 décembre 1987 a permis qu'à titre exceptionnel, et jusqu'au 31 décembre 1995, les membres du corps des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel, lorsqu'ils atteignaient la limite d'âge, sont, sur leur demande, maintenus en activité en surnombre pour exercer des fonctions de conseiller pendant une durée de trois ans, non renouvelable. L'article 18 de la loi n° 98-1163 du 18 décembre 1998 relative à l'accès au droit et à la résolution amiable des conflits, a prolongé cette possibilité jusqu'au 31 décembre 2004. En 2000, seuls quatre magistrats se trouvaient dans cette position.
Pour être pleinement efficace, l'accroissement du nombre de magistrats doit être accompagné d'un renforcement continu des greffes et des moyens de fonctionnement.
En 1995, le ratio personnels de greffe/magistrat était de 1,39. Il est de 2,1 pour les chambres régionales des comptes et de 3 pour les juridictions judiciaires. La loi de programme de 1995 prévoyait de porter ce ratio à 1,5. Ce ratio est aujourd'hui de 1,34 ; malgré des créations de postes importantes, celles-ci sont donc encore insuffisantes.
Dans les tribunaux administratifs et les cours administratives d'appel, de 1995 à 2000, 154 emplois de greffe ont été créés, auxquels s'est ajouté le transfert de 10 emplois en provenance du ministère de l'intérieur, pour accompagner le transfert de charges résultant de la modification des modalités de taxation des commissaires enquêteurs, ce qui a porté les effectifs des greffes à 1997 en 1999. La loi de finances pour 2001 a créé 43 emplois de fonctionnaires, ce qui maintient à un niveau identique le ratio agents/magistrats, soit à 1,36. Il y aura donc 1.040 postes budgétaires disponibles de fonctionnaires en 2001 pour 764 postes budgétaires de magistrats. Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit la création de 40 emplois d'agents de greffe dans les TA et CAA qui se répartissent en 3 emplois dans les greffes des juridictions parisiennes et 37 emplois pour renforcer les greffes des juridictions de province.
S'agissant du Conseil d'État, on observe qu'en 1986 et en 1994 les effectifs budgétaires se retrouvent à un niveau à peu près identique. 34 emplois ont été créés dans le cadre de la loi de programme relative à la justice entre 1995 et 2000. Pour 2001, le nombre de créations a été limité à 6. Pour 2001, il s'élèvera à 5 emplois. On peut relever que 28 personnes sont spécialement chargées de la gestion des tribunaux et des cours.
Outre deux mesures, l'une qui complète le régime des incompatibilités et l'autre qui adapte les conditions de l'accès des magistrats aux cours administratives d'appel, la loi du 25 mars 1997 comporte pour l'essentiel des mesures statutaires qui modifient les règles de la loi du 6 janvier 1986 fixant les règles garantissant l'indépendance des membres des tribunaux administratifs et cours administratives d'appel.
La loi du 25 mars 1997 a cependant constitué une étape importante dans l'amélioration du statut des magistrats. Ce texte institue une succession de grades plus simple, le nombre de grades étant ramené de sept à trois : conseiller, premier conseiller, président. Les fonctions de rapporteur et commissaire du gouvernement sont confiées aux magistrats des grades de conseiller et premier conseiller. Les fonctions d'encadrement sont regroupées dans le grade unique de président..
La loi fait également évoluer les conditions du recrutement au tour extérieur. Si ce recrutement est maintenu dans sa forme actuelle pour l'accès au grade de conseiller et s'adresse toujours, à ce stade, aux fonctionnaires du niveau attaché ou équivalent, il sera ouvert, pour l'accès au grade de premier conseiller, à des fonctionnaires appartenant déjà à un corps recruté par la voix de l'École nationale d'administration ou assimilé. Ce type de recrutement sera, de plus, désormais accessible aux professeurs et maîtres de conférence titulaires des universités.
Remédiant à une inégalité, un décret n° 99-601 du 15 juillet 1999 est venu assurer aux magistrats administratifs issus du concours interne de l'École nationale d'administration un niveau de traitement au moins égal à celui qu'ils avaient dans leur précédent corps. De la même façon, l'intégration des magistrats issus du troisième concours de l'École nationale d'administration a été améliorée par ce texte.
Depuis leur création en 1953, les tribunaux administratifs relevaient du ministère de l'intérieur et la gestion des magistrats, comme celle des agents de greffes, était assurée par les services du ministère de l'intérieur. Depuis le 1er janvier 1991, une distinction est faite entre la gestion des emplois qui relève exclusivement du Conseil d'État, et la gestion des personnels, qui est assurée conjointement avec le minstère de l'intérieur.
Ainsi la création des emplois de greffe et leur gestion financière appartiennent au Conseil d'État qui, bénéficiant de crédits inscrits au budget du ministère de la justice, définit les besoins et répartit les dotations nécessaires. La répartition des emplois entre les différentes juridictions est arrêtée par le Conseil d'État. Par contre, les agents des greffes appartiennent à des corps du ministère de l'intérieur. Ainsi les procédures pour l'arrivée dans une juridiction administrative (par concours, par mutation ou par détachement), pour les positions statutaires (congés, mises en disponibilité, détachement dans un autre corps) ou pour le déroulement de la carrière (avancements, rémunérations, décisions disciplinaires) sont celles régissant les personnels du ministère de l'intérieur.
Votre Rapporteur spécial estime ce système particulièrement complexe et souhaite qu'un processus de simplification, en concertation avec les agents des greffes, soit engagé.
Pour les membres du corps des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel, un nouveau régime d'attribution des indemnités a été mis en place depuis le 1er janvier 1998. Les indemnités se décomposent désormais en deux parts : une part fixe forfaitaire calculée en fonction de l'indice réel du magistrat et non plus de l'indice moyen du grade comme auparavant, et une part modulable dont l'attribution est décidée par le chef de juridiction, en fonction de la quantité et de la qualité du travail fourni par le magistrat.
Pour le Conseil d'État, la seule mesure récente significative fut un abondement de 1,067 million d'euros (7 millions de francs)en loi de finances initiale afin de permettre un alignement des indemnités des membres du Conseil d'État sur celles des membres de la Cour des Comptes, alors supérieures.
Pour 2002, les principales mesures indemnitaires concernent :
· une indemnisation des astreintes, des permanences et des interventions effectuées par les agents de greffe des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel et par les agents du Conseil d'État pour le traitement du contentieux soumis au juge des référés statuant en urgence pour un coût de 195.598 euros (1,28 millions de francs) ;
· une revalorisation du taux des indemnités susceptibles d'être allouées aux personnels qui prêtent leur concours à la Commission pour la transparence financière de la vie politique (23.000 euros soit 150.000 francs) ;
· un ajustement des crédits relatifs aux indemnités versées aux agents de greffe dans les juridictions administratives permettant d'assurer la parité avec les agents de préfecture (qui appartiennent au même corps), le ministère de l'intérieur ayant obtenu en 2001 un abondement destiné aux seuls agents de préfecture ;
· enfin, et surtout, une revalorisation du régime indemnitaire des membres des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel, permettant de réduire l'écart constaté entre le pourcentage moyen de primes des conseillers de tribunaux administratifs (37%) et celui des autres corps issus de l'ENA (49%), pour un coût de 762.245 euros (5 millions de francs).
Les crédits de fonctionnement doivent être réajustés à la hausse depuis 1996 pour faire face à la création de quatre nouvelles juridictions : tribunal administratif de Melun en 1996 et cour administrative d'appel de Marseille, cour d'appel de Douai, tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Cette tendance se confirmera pour 2002.
MOYENS MATÉRIELS DES JURIDICTIONS ADMINISTRATIVES (lois de finances) (1) (en millions d'euros) | |||||||||||||
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
PLF 2002 |
||||||||
Informatique Chapitre 34-05, article 31 |
4,48 |
4,53 |
4,11 |
4,41 |
4,88 |
5,107 | |||||||
Fonctionnement Chapitre 34-51 |
1,90 |
12,68 |
12,76 |
12,91 |
13,02 |
14,176 | |||||||
Frais de justice Chapitre 37-11, article 40 |
0,63 |
1,69 |
1,69 |
1,69 |
1,69 |
1,69 | |||||||
17,56 |
18,90 |
18,56 |
19,01 |
19,59 |
20,973 | ||||||||
(1) hors commission pour la transparence financière de la vie politique et transfert consécutif à la suppression de la franchise postale. Source : Conseil d'État. |
Après un premier schéma directeur 1995-1998, dominé par la mise en place de l'application informatique « SKIPPER », un nouveau schéma directeur a été défini pour la période 2000-2003. Il a été décidé, dans ce cadre, de finaliser les outils de gestion des activités contentieuses et consultatives, de moderniser et développer les outils de gestion interne et développer les systèmes de communication. L'année 2002 se caractérisera ainsi par la mise en place du projet d'interconnexion des juridictions administratives.
Au début de l'année 2001, le taux d'équipement en postes de travail, magistrats et agents de greffe confondus, avoisine 100%.
Les moyens informatiques prévus par le projet de loi de finances pour 2002 sont de 5,107 millions d'euros (33,5 millions de francs), soit une progression d'environ 4,7 % après une hausse de 10,7 % l'an passé. L'essentiel, soit 1,91 millions d'euros (12,53 millions de francs), sera consacré à l'entretien et à la poursuite du projet « SKIPPER », 1,2 million d'euros (7,87 millions de francs) sera affecté au projet JASON et 0,62 million d'euros (4,07 millions de francs) iront au projet de déploiement du logiciel Word dans les juridictions administratives.
La loi de programme relative à la justice avait prévu l'ouverture de 30,49 millions d'euros (200 millions de francs) d'autorisations de programme pour les juridictions administratives entre 1995 et 1999 avec la mise en place de quatre nouvelles juridictions. Les perspectives tracées ont été plus que confirmées par la suite. En 2000, près de 9,15 millions d'euros (60 millions de francs) supplémentaires ont été ouverts et en 2001, 5,47 millions d'euros (35,9 millions de francs) le seront. A ces crédits s'ajoutent les reports de l'exercice 2000, soit 5,11 millions d'euros (33,5 millions de francs), le taux de consommation n'ayant été que 62%. Les juridictions administratives partagent avec le reste du ministère cette difficulté à dépenser les crédits de paiement en capital. Ainsi au 30 septembre 2001, le taux de consommation du chapitre 57.51 n'était que de 42% ce qui laisse présager de nouveaux reports en 2002. Il apparaît en outre que les crédits sont plus difficilement consommés pour les TA et CAA que pour le Conseil d'État. Pour 2002, 4,38 millions d'euros (28,73 millions de francs) de report sont anticipés. Malgré cela, 4,268 millions d'euros (28 millions de francs) de crédits de paiement sont inscrits au chapitre 57-51, dont 3,811 millions d'euros (25 millions de francs) de mesures nouvelles.
Le Conseil d'État assure la gestion du parc immobilier des juridictions administratives, qui relevait auparavant du ministère de l'intérieur. De nombreux relogements sont intervenus : tribunaux de Bordeaux, de Caen de Montpellier, de Poitiers, d'Amiens et de Clermont-Ferrand. Les juridictions de Lyon ont également été relogées. Nombre de locaux ont été étendus. Ce fut le cas des tribunaux de Grenoble, de Rouen, de Dijon et de Nantes et de Nice. Par ailleurs, un tribunal, à Melun, a été créé, ainsi qu'une cour d'appel, à Marseille. Le relogement de la cour administrative d'appel de Paris a été décidé en 1994. Une première tranche a débuté en 1996. Mais l'opération a été considérablement retardée. Elle a recommencé au mois de février 2000 et devrait s'achever en 2003, soit un retard de près de deux ans.
Pour 2002, les crédits demandés seront principalement consacrés aux relogement des tribunaux administratifs de Melun et de Saint-Denis de la Réunion, aux travaux en vue du relogement de celui de Rouen et aux travaux de désamiantage du tribunal administratif de Lyon.
CRÉDITS DE PAIEMENT DU CHAPITRE 57-51 ARTICLE 20 POUR LES TRIBUNAUX ADMINISTRATIFS
ET LES COURS ADMINISTRATIVES D'APPEL
(en millions d'euros)
1999 |
2000 |
2001 |
2002 | |
Report |
5,51 |
2,90 |
3,08 |
3,76 |
Loi de finances initiale |
5,75 |
7,17 |
3,84 |
3,20 |
Crédits disponibles |
8,37 |
10,07 |
8,67 |
7,72 |
Consommation |
5,47 |
6,99 |
4,91 |
5,00 |
% de consommation |
65,35 |
69,44 |
56,66 |
64,80 |
B.- LE CONSEIL D'ÉTAT
De nombreux travaux de rénovation, de réhabilitation, de restructuration des locaux et d'amélioration de la sécurité ont été entrepris ces dernières années.
Ces travaux de modernisation se sont poursuivis en 2001. 1,22 millions d'euros (8 millions de francs) d'autorisations de programme et 1,19 millions d'euros (7,8 millions de francs) de crédits de paiement étaient inscrits dans la loi de finances. 0,61 million d'euros (4 millions de francs) ont été consacrés à la restauration de l'escalier du contentieux et des bureaux du secrétaire général, 0,15 million d'euros (1 million de francs) à la rénovation du réseau d'eau et 3 millions de francs à la rénovation de bureaux.
Pour 2002, on constate une baisse des crédits de paiement inscrits dans le projet de loi de finances de près de 40% : un ancien logement fera l'objet de travaux de réhabilitation, afin d'augmenter les surfaces de travail au Conseil d'État. De même, les bureaux du secrétariat général feront l'objet d'une restauration en 2002.
CRÉDITS DE PAIEMENT DU CHAPITRE 57-51 ARTICLE 10 POUR LE CONSEIL D'ÉTAT
1999 |
2000 |
2001 |
2002 | |
Report |
0,27 |
0,35 |
2,05 |
0,62 |
Loi de finances initiale |
3,09 |
1,97 |
1,63 |
1,07 |
Crédits disponibles |
3,36 |
3,39 |
3,68 |
1,69 |
Consommation |
3,01 |
1,34 |
3,06 |
1,00 |
% de consommation |
89,58 |
39,53 |
83,15 |
59,17 |
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours de sa séance du 24 octobre 2001, la Commission a examiné les crédits de la Justice.
Après l'intervention de votre Rapporteur spécial, M. Alain Rodet s'est interrogé sur le point de savoir si les promotions futures de l'École nationale de la Magistrature permettraient de mener à bien l'augmentation des effectifs de magistrats. Il a ensuite demandé quel serait le mode de recrutement pour les 40 magistrats administratifs supplémentaires.
Concernant les services pénitentiaires, votre rapporteur spécial, a regretté que de nouveaux crédits d'équipement soient prévus malgré la difficulté des services pénitentiaires à consommer ces crédits. Manifestement, la Chancellerie a suivi les recommandations de la Mission d'évaluation et de contrôle pour les services judiciaires, mais pas pour les services pénitentiaires, pour des motifs d'affichage.
L'implantation d'un tribunal à Paris est toujours subordonnée à l'acquisition d'un terrain. S'agissant des promotions de l'École nationale de la magistrature, on constate que des détachements, voire des départs définitifs privent ensuite les juridictions d'une partie de l'effectif issu de l'école. Il est évident que des considérations financières peuvent entrer en jeu : la vertu a un prix.
Après que votre Rapporteur spécial s'est prononcé pour l'abstention, la Commission a adopté les crédits de la Justice et vous demande d'émettre un vote favorable à leur adoption.
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AIDE À L'INTERVENTION DE L'AVOCAT POUR L'ASSISTANCE AUX DÉTENUS AU COURS DE PROCÉDURES DISCIPLINAIRES.
Texte du projet de loi :
La loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 relative à l'aide juridique est ainsi modifiée :
1° Le titre de la troisième partie est remplacé par le titre suivant :
« Troisième partie : Aide à l'intervention de l'avocat au cours de la garde à vue, en matière de médiation pénale et de composition pénale ainsi que pour l'assistance aux détenus au cours de procédures disciplinaires. » ;
2° La troisième partie est complétée par un article 64-3 ainsi rédigé :
« Article 64-3. L'avocat assistant une personne détenue faisant l'objet d'une procédure disciplinaire en relation avec la détention de celle-ci a droit à une rétribution. L'État affecte annuellement à chaque barreau une dotation représentant sa part contributive aux missions ainsi assurées par les avocats.
Cette dotation est versée sur le compte spécial prévu par l'article 29.
Le montant de la dotation est calculé selon des modalités fixées par décret en Conseil d'État, en fonction du nombre de missions effectuées par les avocats. ».
Exposé des motifs du projet de loi :
Les décisions prises par les commissions de discipline à l'encontre des personnes détenues relèvent du champ d'application de l'article 24 de la loi n° 2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations. Par conséquent, ces décisions ne peuvent intervenir qu'après que le détenu a été mis à même de présenter des observations écrites et, le cas échéant, des observations orales. En outre, ce dernier peut se faire assister par un conseil ou un mandataire de son choix.
Cependant, en l'état actuel du droit, les procédures disciplinaires à l'encontre des détenus ne relèvent pas du champ d'application de l'aide juridique mais de celui des conseils départementaux d'accès au droit.
L'article proposé a pour objet de permettre aux détenus faisant l'objet de procédures disciplinaires d'être assistés par un avocat rétribué au titre de l'aide juridique, selon des modalités fixées par décret en Conseil d'État.
Le coût de cette mesure s'élève à 2,17 millions €.
Observations et décision de la Commission :
La loi n°2000-321 du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations a eu des conséquences importantes sur le rôle des avocats. Ainsi, son article 24 prévoyait que « les décisions individuelles (...) n'interviennent qu'après que la personne intéressée a été mise à même de présenter des observations écrites et, le cas échéant, sur sa demande, des observations orales. Cette personne peut se faire assister par un conseil ou représenter par un mandataire de son choix ». C'est cette dernière disposition qui a permis aux avocats de demander que leur présence lors des procédures disciplinaires soit désormais autorisée, demande qui s'inscrit d'ailleurs dans la logique de l'article 6 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, applicable dès lors qu'une matière civile ou pénale est en cause. Au demeurant, le Conseil d'État admet des procédures contentieuses contre ces actes, qui ne relèvent plus de la catégorie des mesures d'ordre intérieures.
Ainsi, à partir du 1er janvier 2001, les avocats ont pu assister les détenus lors des procédures disciplinaires. Restait à régler le problème du financement de cette présence. Depuis le début de l'année, ce sont, de facto, les commissions départementales d'accès au droit (CDAD) qui financent ces prestations, hors de tout cadre légal, quand une convention entre les barreaux locaux, les établissements pénitentiaires et les CDAD a pu être conclue. Ainsi, à Paris, une convention a été conclue entre l'établissement pénitentiaire de la Santé, le CDAD et l'ordre des avocats, le barème étant calqué sur la grille de l'aide juridictionnelle. Ce n'est malheureusement pas encore le cas sur l'ensemble du territoire et dans certains départements, les avocats sont totalement absents des procédures disciplinaires, faute d'un financement. Un autre effet négatif de cette situation est que certaines CDAD ne disposent plus des crédits suffisants pour mener à bien leurs missions initiales : ainsi, le barreau de Paris avait conclu une convention avec la Santé afin d'instituer une permanence juridique d'accès au droit dans l'établissement. Faute de crédits suffisants, l'application de cette convention a dû être reportée.
C'est pour remédier à cette situation et assurer une réelle effectivité à ce nouveau droit des détenus que le présent article prévoit de rétribuer les avocats assistant les détenus lors de procédures disciplinaires sur l'aide juridictionnelle. Ainsi sera garantie l'universalité de ce droit qui ne dépendra plus des contingences locales.
Le présent article prévoit donc de compléter la troisième partie de la loi n°91-647 du 10 juillet 1991 relative à l'aide juridique par un article 64-3. Celui-ci étend à l'avocat assistant une personne détenue faisant l'objet d'une procédure disciplinaire le droit à une rétribution. Cet article reprend la procédure d'affectation de l'aide prévue à l'article 64-1 relatif à l'intervention de l'avocat au cours de la garde vue. L'État affecte à chaque barreau une dotation versée sur un compte spécial de la caisse des règlements pécuniaires prévue au 9° de l'article 53 de la loi n°71-1130 du 31 décembre 1971 portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques.
La présence de cet article en loi de finances est parfaitement justifiée : comme pour les plafonds d'aide juridictionnelle, toute modification touchant à la présence des avocats a un coût budgétaire, défini en l'espèce par le Gouvernement à 2,168 millions d'euros. Il est en effet envisagé d'accorder une rétribution fixée par référence à celle accordée aux avocats assistant les condamnés pour un débat contradictoire devant le juge de l'application des peines, soit 3 unités de valeur (UV), majorée d'une unité de valeur lorsque le débat contradictoire a lieu au sein de l'établissement pénitentiaire, soit au total 4 UV ou 88 euros (576 francs). Votre Rapporteur tient à souligner que ce montant est bien inférieur à celui pratiqué cette année par la CDAD de Paris où une vacation est prise en charge à hauteur de 841 francs, montant que de nombreux barreaux de province estiment déjà insuffisants étant donné les déplacement dans les établissement pénitentiaires. Le nombre de procédures susceptibles d'être concernées est estimé à 47.141 vu le nombre de fautes commises en 2000 et le nombre de recours exercés devant le directeur régional. 50% de ces procédures devrait voir le détenu demander l'intervention d'un avocat, taux observé en matière de garde à vue. On arrive ainsi à 2,168 millions d'euros (14,22 millions de francs).
Étant donné le niveau très faible de revenus des détenus, il est probable que plus de 90% d'entre eux sont éligibles à l'aide juridictionnelle, aussi peut-on s'interroger sur le montant réel qu'atteindra la consommation des crédits inscrits au chapitre 46-12 du budget du ministère de la Justice. Elle risque d'être insuffisante. Ce sont certes des crédits évaluatifs mais une dotation plus importante eût été plus prévoyante.
Votre Rapporteur spécial estime en outre que ce financement par l'aide juridictionnelle de la présence d'un avocat lors de procédures non juridictionnelles doit rester exceptionnelle et ne saurait s'étendre à d'autres contentieux. Le caractère quasi-contentieux des procédures disciplinaires à l'encontre des détenus justifie par contre pleinement son financement par la solidarité nationale.
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Sur proposition du Rapporteur spécial, la Commission a adopté cet article, sans modification.
MODIFICATION DES MODALITÉS D'AVANCE DES FRAIS DE JUSTICE PAR LE TRÉSOR PUBLIC DANS LE CADRE DES PROCÉDURES COLLECTIVES.
Texte du projet de loi :
L'article L. 627-3 du code de commerce est remplacé par les dispositions suivantes :
« Art. L. 627-3. I. Lorsque les fonds disponibles du débiteur n'y peuvent suffire immédiatement, le Trésor public, sur ordonnance motivée du juge-commissaire ou du président du tribunal, fait l'avance des droits, taxes, redevances ou émoluments perçus par les greffes des juridictions, des débours tarifés et des émoluments dus aux avoués et des rémunérations des avocats dans la mesure où elles sont réglementées, des frais de signification et de publicité et de la rémunération des techniciens désignés par la juridiction après accord du ministère public, afférents :
1° aux décisions qui interviennent au cours de la procédure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire rendues dans l'intérêt collectif des créanciers ou du débiteur ;
2° à l'exercice des actions tendant à conserver ou à reconstituer le patrimoine du débiteur ou exercées dans l'intérêt collectif des créanciers ;
3° et à l'exercice des actions mentionnées aux articles L. 625-3 à L. 625-6.
II. Le Trésor public sur ordonnance motivée du président du tribunal fait également l'avance des mêmes frais afférents à l'exercice de l'action en résolution et en modification du plan.
III. Ces dispositions sont applicables aux procédures d'appel ou de cassation de toutes les décisions mentionnées ci-dessus.
IV. Pour le remboursement de ses avances, le Trésor public est garanti par le privilège des frais de justice. ».
Exposé des motifs du projet de loi :
Le rapport d'enquête sur l'organisation et le fonctionnement des tribunaux de commerce, déposé le 27 juillet 1998 par l'Inspection générale des finances et l'Inspection générale des services judiciaires, a souligné la progression tout à fait importante du montant des frais de justice pris en charge par le Trésor public lorsque, dans le cadre d'une procédure collective, il n'existe aucun actif susceptible de couvrir les frais de procédure : définition inadaptée du champ des frais de procédure éligibles à cette prise en charge, appréciation incertaine de la notion d'impécuniosité, absence de suivi du remboursement des avances.
L'objet de la modification proposée de l'article L. 627-3 du code de commerce répond à la nécessité de clarifier et de préciser ces différentes notions :
1. Il définit spécifiquement et limitativement le champ d'application de l'article L. 627-3 sur les points suivants :
- lorsque les experts ont été désignés avec l'accord du ministère public, les frais d'expertise sont pris en charge. Les imprécisions du texte actuel conduisent, afin d'éviter toute dérive, à subordonner l'intervention du Trésor public à un accord préalable du ministère public sur le principe de la désignation de l'expert ;
- la notion générale de « frais et débours », source d'ambiguïté rendant nécessaire l'interprétation du texte à la lumière des dispositions de l'article 695 du nouveau code de procédure civile, est remplacée par l'énumération précise des frais éligibles à la prise en charge.
En cela, la modification proposée est source d'économies budgétaires.
2. Il prévoit la motivation de la décision qui constatera l'impécuniosité du débiteur.
Cette mesure permet une économie sur frais de justice évaluée à 0,53 million €.
Observations et décision de la Commission :
L'article 215 de la loi n°85-98 du 25 janvier 1998 (codifié à l'article 627.3 du code de commerce) prévoit que certains frais de procédure engagés dans les litiges commerciaux peuvent être avancés par le Trésor public en cas d'impécuniosité du débiteur. Les difficultés d'application de cet article ont provoqué une progression spectaculaire des frais de justice pris en charge par le Trésor public à ce titre.
Le montant de la dépense relative aux frais de justice (chapitre 37-11) en matière de procédures collectives de redressement et liquidation judiciaire des entreprises en difficulté s'élevait en 2000 à 28,4 millions d'euros (186 millions de francs), dont 11,13 millions d'euros (73 millions de francs) concernant les frais autres que les frais de greffes. Si l'on rapporte le montant des dépenses au nombre de jugements d'ouverture de procédure collective, on constate des disparités très importantes entre départements, qui indiquent notamment que la nature des frais avancés par l'État diffère selon les juridictions.
L'article L. 627.3 du code de commerce présentait quatre faiblesses majeures, souvent constatées :
- le champ des frais de procédure éligibles à la prise en charge par le Trésor public était mal défini, ce qui, au pire, favorisait le prise en charge de frais indus, et au mieux aboutissait à multiplier les contentieux entre le Trésor et les mandataires de justice ;
- la notion d'impécuniosité était incertaine car en l'absence de dispositions précises sur l'ordre de paiement des frais de justice, les mandataires étaient conduits à solliciter des avances au Trésor alors même que les fonds étaient disponibles pour payer leurs propres honoraires. De surcroît, les ordonnances du tribunal de commerce étaient prises sur la foi des seules déclarations des mandataires sans aucune preuve matérielle de l'impécuniosité réelle du débiteur ;
- le remboursement des ces avances, théoriquement garanti par le privilège des frais de justice, ne faisait l'objet d'aucun contrôle et variait en fait au gré des comportements des mandataires ;
- enfin, en pratique, le contrôle du Trésor sur ces dépenses, à supposer qu'il soit effectué, était très limité face à une décision de justice exécutoire.
Dans ces conditions, une solution radicale aurait consisté à supprimer l'article 215 de la loi n°85-98 du 25 janvier 1998 précitée. Toutefois, l'intérêt public qui s'attache à ce qu'un minimum de diligences puissent être effectuées, même dans des procédures totalement impécunieuses, commandait d'écarter cette solution. En outre, ce mécanisme est protecteur des débiteurs. Le présent article vise à répondre à l'essentiel de ces faiblesses :
- le champ des frais de procédure éligibles à la prise en charge par le Trésor public est désormais strictement défini au I du nouvel article L. 627-3 du code de commerce : ce champ d'application sera limité, ne concernant plus, comme indiqué au I de l'article L.627.3 nouvellement rédigé, que les frais de greffe, les émoluments des avoués et le droit de postulation des avocats lorsque l'intervention de ces derniers est obligatoire ainsi que les honoraires des techniciens désignés avec l'accord du parquet, et excluant en conséquence les émoluments de tout autre intervenant à la procédure.
- l'ordonnance du juge-commissaire ou du président du tribunal autorisant l'avance des frais de justice par le Trésor public doit désormais être motivée, en particulier au niveau de l'impécuniosité du débiteur comme le précise les I et II de l'article.
- cette définition précise du champ des frais de procédure éligibles et des circulaires d'application devraient permettre un meilleur remboursement de ces avances au Trésor.
Toutefois la notion d'impécuniosité n'est pas définie. La prise en charge des honoraires des mandataires judiciaires (administrateurs judiciaires et liquidateurs) lorsque le dossier ne comprend aucun actif ou n'a que de faibles actifs est un sujet qui conditionne en grande partie la réforme en cours d'élaboration de leur tarif. En effet, dans de nombreuses procédures (environ 30% en moyenne), les mandataires ne perçoivent d'ores et déjà aucune rémunération faute d'actifs suffisants. Il est ainsi envisagé d'attribuer aux mandataires, pour chaque dossier déclaré impécunieux par un tribunal, un droit forfaitaire couvrant au minimum leurs frais fixes : cette disposition figure, à la suite d'un amendement du Rapporteur sur ce texte, dans le projet de loi modifiant la loi n° 85-99 du 25 janvier 1985 relative aux administrateurs judiciaires, mandataires judiciaires à la liquidation des entreprises et experts en diagnostic d'entreprise.
A ce jour, et dans l'attente de l'adoption définitive de ce projet de loi voté en première lecture par notre Assemblée le 28 mars dernier qui comprend donc des dispositions sur les procédures impécunieuses, la question n'a pas été résolue et doit faire l'objet d'une concertation approfondie avec les professionnels concernés. C'est pourquoi il est prématuré de prévoir que le paiement de ces honoraires doit être subordonné au paiement des frais de justice et ce d'autant plus que les dispositions réglementaires applicables prévoient dès l'ouverture de la procédure le versement d'un droit fixe qui serait alors remboursable.
La clarification du champ d'application de l'article L. 627-3, la motivation de la décision du juge commissaire nécessitant la mise en évidence de l'impécuniosité du débiteur vont réduire ces disparités et engendrer une économie que l'on peut estimer à 5% du montant de la dépense constatée en 2000 sur la ligne autres frais (11,13 millions d'euros, soit73 millions de francs). L'économie devrait donc être de l'ordre de 0,5 million d'euros (3,5 millions de francs), économie qui permet pleinement la présence de cet article dans le cadre de la loi de finances.
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Sur proposition du Rapporteur spécial, la Commission a adopté cet article, sans modification.
PARTICIPATION DES BARREAUX AU FINANCEMENT DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE DES AVOCATS.
Texte du projet de loi :
I. Le dernier alinéa de l'article 13 de la loi n° 71-1130 du 31 décembre 1971 modifiée portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques est abrogé.
II. Il est inséré dans la même loi un article 14-1 ainsi rédigé :
« Article 14-1. Le financement des centres régionaux de formation professionnelle est assuré par :
1° une contribution de la profession d'avocat.
Le conseil national des barreaux fixe annuellement cette contribution pour l'exercice à venir en fonction des besoins de financement des centres pour l'exercice en cours et de l'évolution prévisible du nombre des bénéficiaires de la formation. Cette contribution, qui ne peut excéder onze millions d'euros pour 2002, ne peut chaque année augmenter de plus de dix pour cent par rapport à l'année précédente.
Le conseil national des barreaux détermine la participation de chaque barreau à cette contribution, proportionnellement au nombre des avocats inscrits au tableau.
À défaut de paiement de cette participation dans un délai d'un mois à compter d'une mise en demeure de payer, le conseil national des barreaux délivre, à l'encontre du barreau redevable, un titre exécutoire constituant une décision à laquelle sont attachés les effets d'un jugement au sens du 6° de l'article 3 de la loi n° 91-650 du 9 juillet 1991 portant réforme des procédures civiles d'exécution.
2° une contribution de l'État, conformément aux dispositions de la loi n° 71-575 du 16 juillet 1971 susmentionnée.
3° le cas échéant, une contribution provenant des produits financiers des fonds, effets ou valeurs mentionnés au 9° de l'article 53.
Le conseil national des barreaux perçoit ces contributions et les répartit entre les centres régionaux de formation professionnelle. ».
III. Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose jugée, le recouvrement des contributions des barreaux au financement de la formation professionnelle des avocats appelées antérieurement à l'entrée en vigueur de la présente loi est validé en tant que son caractère obligatoire serait contesté par le moyen tiré de ce que les centres régionaux de formation professionnelle ne peuvent légalement imposer aux Ordres d'avocats le paiement de cotisations.
Exposé des motifs du projet de loi :
Par un arrêt du 19 juin 2001, la Cour de Cassation a jugé que la loi du 31 décembre 1971 modifiée portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques ne comportait aucune disposition permettant aux centres régionaux de formation professionnelle des avocats d'imposer aux barreaux le paiement des cotisations nécessaires au fonctionnement de ces centres.
Or, la participation des barreaux à l'effort de financement de la formation initiale et continue, dont le principe n'a pas été remis en cause, constitue l'une des spécificités auxquelles la profession comme les pouvoirs publics ont toujours été légitimement attachés. En conséquence, il convient de conforter les dispositions qui autorisent le recouvrement de la contribution de la profession à la formation professionnelle des avocats.
C'est pourquoi l'article a pour objet d'insérer dans le corps de la loi de 1971 des dispositions permettant au conseil national des barreaux de :
- fixer la participation des barreaux au financement de la profession selon des critères précis, le montant de la contribution des barreaux ne pouvant excéder 11 M€ l'année de l'entrée en vigueur de la loi de finances pour 2002 et augmenter annuellement de plus de 10 % ;
- déterminer la participation de chaque barreau à cette contribution, proportionnellement au nombre des avocats inscrits au barreau ;
- recouvrer le paiement de cette contribution selon la procédure définie à l'article 3 de la loi du 9 juillet 1991 portant réforme des procédures civiles d'exécution ;
- en répartir le produit entre les différents centres régionaux de formation professionnelle.
Par ailleurs, cet article a pour objet de valider la perception, dans le passé, des contributions des ordres au financement de la formation professionnelle des avocats.
Observations et décision de la Commission :
L'objet de cet article est de conforter le dispositif légal qui autorise le recouvrement de la contribution de la profession à la formation professionnelle des avocats. En effet, le dernier alinéa de l'article 13 de la loi n° 71-1130 du 31 décembre 1971 modifiée portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques, indiquait concernant les centres de formation professionnelle des avocats : « Le financement en sera assuré avec la participation de l'Etat, conformément aux dispositions de ladite loi. »
Or, le 19 juin 2001, la Cour de cassation, à l'issue d'une procédure opposant le barreau de Tours au centre de formation professionnelle des avocats du ressort de la cour d'appel d'Orléans, décidait qu'un centre régional de formation professionnelle d'avocat ne peut exiger d'un Ordre le versement de cotisations pour le financement de ses actions de formation, faute de fondement légal. En effet, explique la Cour de cassation, « aucun des articles de la loi du 31 décembre 1971 ou du décret du 27 novembre 1991 (...) n'autorise les centres régionaux de formation professionnelle à imposer au Ordres d'avocats le paiement de cotisations destinées au financement de la formation professionnelle ».Cet arrêt, qui se borne à appliquer le droit existant, rend donc nécessaire la définition du cadre légal du financement de la formation professionnelle des avocats, dotant en particulier le Conseil national des barreaux d'une mission de perception et de répartition des contributions de la profession et de l'État. En conséquence, le I du présent article prévoit l'abrogation du dernier alinéa de l'article 13 de la loi n° 71-1130 du 31 décembre 1971 modifiée portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques.
En termes financiers, la formation professionnelle représente près 11 millions d'euros dont 2 à la charge de l'État et 9 à la charge des barreaux. En termes qualitatifs, cette formation professionnelle est absolument indispensable pour l'adaptation permanente de la profession à la complexité du droit. Il y va de l'intérêt même du justiciable. Le II du présent article prévoit donc que le Conseil national des barreaux fixera le montant de la participation des barreaux au financement selon des critères précis, déterminera la participation de chaque barreau, à proportion du nombre d'avocats inscrits - ce qui est un critère objectif - et recouvrera le paiement de cette contribution et en répartira le produit entre les différents centres de formation professionnelle. Ceci doit permettre une réelle péréquation au niveau national entre les différents centres de formation alors qu'auparavant, la péréquation était restreinte à l'enveloppe de la dotation de l'État, répartie entre les centres par le Conseil national des barreaux.
Aujourd'hui, la plupart des barreaux financent leurs dépenses de formation avec les produits financiers des CARPA, produits qui , d'après l'article 5 du décret 96-610 du 5 juillet 1996 modifiant le décret no 91-1197 du 27 novembre 1991 organisant la profession d'avocat, peuvent être utilisés soit pour la formation professionnelles, soit pour l'accès au droit. Toutefois, afin de pérenniser et conforter cette pratique, il serait souhaitable de modifier le 5ème alinéa du II afin de faire de ces intérêts la « ressource naturelle » de la formation professionnelle des avocats.
Le présent article ne prévoit pas non plus la possibilité de frais d'inscription, alors que ceux-ci sont couramment pratiqués. Les mentionner dans le texte paraît nécessaire, dans la mesure où il semble logique que les avocats participent à leur formation et que cela permet un encadrement de ces frais dont le montant a pu être excessif dans le passé. Un décret est donc prévu pour encadrer ces frais d'inscription.
Enfin, il semble logique que les dépenses supportées directement par l'ordre au profit du centre régional de formation correspondant à leur ressort territorial viennent en déduction de leur contribution. En effet, les ordres participent au financement des ordres, soit en assumant certaines dépenses utiles aux centres, soit par versements directs de cotisations. Il importe que ces dépenses ou versements, lorsqu'ils sont engagés par un Ordre au profit d'un centre, puissent être regardées comme imputables sur le montant de leur contribution professionnelle due par cet Ordre au Conseil national des barreaux ; il est souhaitable que leur éligibilité à ce titre résulte de l'agrément par le Conseil national des barreaux d'une convention signée entre l'Ordre et le centre concerné. Dans ce cas, seule la différence constatée entre, d'une part, la contribution professionnelle due et d'autre part, les dépenses et versements imputables, ferait l'objet d'une mise en recouvrement. Un décret est donc prévu pour définir les procédures d'agrément des dépenses susceptibles d'être déduites de la contribution. Votre Rapporteur précise que ce cadre national doit préfigurer une rationalisation des centres de formation professionnelle, trop nombreux aujourd'hui, et l'adoption de normes comptables homogènes.
Le III du présent article a, enfin, pour objet de valider la perception des contributions des ordres au financement de la formation professionnelle des avocats. Il vise à tirer les conséquences de la décision précitée de la Cour de cassation. A défaut d'un tel dispositif, qui n'est d'ailleurs pas contesté par la profession, il y aurait une indéniable rupture dans le financement de la formation professionnelle des avocats, rupture qui serait dommageable à la profession tout entière. Il convient de rappeler à cet égard que tout mécanisme de validation porte atteinte, de manière rétroactive, à une situation juridique acquise. Cette rétroactivité, contraire à l'article 2 du code civil, est encadrée par des règles constitutionnelles.
Ainsi, la jurisprudence constitutionnelle a-t-elle progressivement renforcé les exigences liées à la validation. En premier lieu, il convient que le dispositif soit motivé par un intérêt général. Il a déjà été jugé qu'un simple intérêt financier ne saurait, à lui seul, justifier une validation (décision n° 95-369 DC du 28 décembre 1995). Mais, en l'espèce, ce critère est parfaitement respecté, puisque la nécessaire continuité du financement de la formation professionnelle dépasse largement le seul intérêt financier : il touche à l'organisation d'une profession, à l'accès au droit, à l'égalité entre les barreaux. En outre, le Conseil a exigé, suite à la décision de la Cour européenne des droits de l'Homme du 28 octobre 1999 Zielinski, Pradel et Gonzalez que la portée de la validation ne soit pas vague, et, qu'au contraire, elle soit définie strictement, de manière à ne pas porter une atteinte aux règles du procès équitable, par exemple en validant par avance toutes les hypothèses contentieuses possibles. Au contraire, depuis 1999, la jurisprudence exige que les motifs de validation ne couvrent qu'un des griefs d'annulation possible. En l'espèce, le texte a bien pris le soin de ne viser que le seul motif qui a conduit la Cour de cassation à statuer comme elle l'a fait, c'est-à-dire l'incompétence des centres régionaux de formation professionnelle pour imposer aux ordres le paiement de cotisations. Le champ du III du présent article est donc très précis. Enfin, pour mémoire, il convient d'indiquer que la non rétroactivité de la loi pénale n'est pas en cause en l'espèce.
Une dernière question peut être soulevée concernant l'éventuelle nature de « cavalier budgétaire » du présent article. Rappelons que la prohibition des « cavaliers budgétaires » a pour objet d'éviter le gonflement des projets de loi de finances et donc un allongement inconsidéré des débats budgétaires. Elle empêche le gouvernement d'insérer diverses dispositions totalement étrangères au domaine budgétaire et évite de les voir bénéficier de procédures d'adoption plus restrictives pour les assemblées que celles applicables aux lois ordinaires. Selon le gouvernement, cette disposition ne saurait être qualifié de « cavalier budgétaire » et il se fonde sur deux décisions juridictionnelles, l'une du Conseil d'État, l'autre du Conseil constitutionnel : dans sa décision n°2000-434 DC du 20 juillet 2000, le Conseil Constitutionnel estimait que les redevances cynergétiques versées par les chasseurs lors de leur validation de leur permis de chasser ont le caractère d'impositions de toutes natures ; de même, dans un arrêt d'assemblée du 3 juillet 1998 Syndicat des médecins d'Aix, le Conseil d'État a estimé que les contributions versées par les unions des médecins exerçant à titre libéral aux conseils régionaux de la formation continue ont le caractère d'imposition. Le parallèle avec le présent article indique donc qu'il appartient bien au domaine des lois de finances.
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La Commission a examiné quatre amendements de votre Rapporteur spécial :
- le premier (n° 27) vise à faire des produits financiers des CARPA « la ressource naturelle » de la participation des avocats au financement de leur formation professionnelle ;
- le deuxième amendement (n° 28) est rédactionnel ;
- le troisième amendement (n° 29) a pour objet de compléter les sources de financement des centres régionaux de formation professionnelle par des frais d'inscription ;
- le quatrième amendement (n° 30) prévoit un décret afin, d'une part, d'encadrer la pratique des droits d'inscription et d'autre part, d'organiser les conditions dans lesquelles les dépenses supportées par un ordre au profit du centre régional de formation seront déductibles de sa participation.
La Commission a adopté ces quatre amendements, puis l'article 76 ainsi modifié.
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N° 3320-34 .- Rapport de M.Devedjian rapporteur spécial de la commission des finances sur le projet de loi de finances pour 2002 - justice.
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() Compte tenu du transfert de 3 emplois aux services du Premier ministre (MILDT), du transfert de 25 emplois à l'agence de maîtrise d'ouvrage et des travaux d'équipement du ministère de la justice à compter du 1er janvier 2002, de la suppression des 5 emplois de soldats de 2ème classe (appelés du contingent) et de l'augmentation de 5 emplois consécutive à des transformations d'emplois.
( )Rapport DIAN n° 3282 au nom de la Mission d'évaluation et de contrôle.
() Décret n° 2001-798 du 31 août 2001 portant création de l'Agence de maîtrise d'ouvrage des travaux du ministère de la justice
() Arrêté du 10 octobre 2001 portant organisation de la direction des services judiciaires et arrêté du 10 octobre 2001 fixant l'organisation en sous-directions de la direction des affaires criminelles et des grâces.
() Loi organique n°2001-539 du 25 juin 2001 relative au statut des magistrats et au Conseil supérieur de la magistrature.
() Le décret n°2001-71 du 29 janvier 2001 a fixé, au titre des frais de justice, une tarifiaction spécifique pour la médiation pénale ce qui a eu pour conséquence une baisse de la dépense de 9,5% au 1er semestre 2001.
() M. Louis Mermaz, président, et M. Jacques Floch, rapporteur, Rapport de la commission d'enquête sur la situation dans les prisons françaises, Assemblée nationale, XIème législature, n° 2521, juillet 2000. Voir notamment le résumé des propositions, page 283. M. Jean-Jacques Hyest, président, et M. Guy-Pierre Cabanel, rapporteur, Rapport de la commission d'enquête sur les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires en France, Sénat, 1999-2000, n° 449, 28 juin 2000.
() Lannemezan, Épinal, Brest, Strasbourg, Val-de-Reuil et Borgo.
() La Plaine-des-Galets à La Réunion, Baie-Mahault en Guadeloupe, Ducos en Martinique et Rémiré-Montjoly en Guyane.
() Les maisons d'arrêt d'Arras et de Nantes et la maison centrale de Riom.