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le 19 octobre 1998

N° 1111

______

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

ONZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 8 octobre 1998.

RAPPORT

FAIT

AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE L'ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN (1) SUR
LE PROJET DE loi de finances pour 1999 (n°1078),

PAR M. DIDIER MIGAUD,

Rapporteur Général,

Député.

--

ANNEXE N° 19
ÉDUCATION NATIONALE, RECHERCHE et TECHNOLOGIE
RECHERCHE

Rapporteur spécial :
M. Christian CUVILLIEZ

Député

____

(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.

Lois de finances.

La commission des finances, de l'économie générale et du plan est composée de : MM. Augustin Bonrepaux, président ; Didier Migaud, rapporteur général ; Jean-Pierre Brard, Arthur Dehaine, Yves Tavernier, vice-présidents ; Pierre Bourguignon, Jean-Jacques Jegou, Michel Suchod, secrétaires ; MM.  Maurice Adevah-Poeuf, Philippe Auberger, François d'Aubert, Dominique Baert, Jean-Pierre Balligand, Gérard Bapt, François Baroin, Alain Barrau, Jacques Barrot, Alain Belviso, Christian Bergelin, Éric Besson, Jean-Michel Boucheron, Michel Bouvard, Mme Nicole Bricq, MM. Christian Cabal, Jérôme Cahuzac, Thierry Carcenac, Gilles Carrez, Henry Chabert, Didier Chouat, Alain Claeys, Yves Cochet, Charles de Courson, Christian Cuvilliez, Jean-Pierre Delalande, Francis Delattre, Yves Deniaud, Michel Destot, Patrick Devedjian, Laurent Dominati, Raymond Douyère, Tony Dreyfus, Jean-Louis Dumont, Daniel Feurtet, Pierre Forgues, Gérard Fuchs, Gilbert Gantier, Jean de Gaulle, Hervé Gaymard, Jacques Guyard, Pierre Hériaud, Edmond Hervé, Jacques Heuclin, Jean-Louis Idiart, Mme Anne-Marie Idrac, MM. Michel Inchauspé, Jean-Pierre Kucheida, Marc Laffineur, Jean-Marie Le Guen, Guy Lengagne, François Loos, Alain Madelin, Mme Béatrice Marre, MM. Pierre Méhaignerie, Louis Mexandeau, Gilbert Mitterrand, Alain Rodet, Nicolas Sarkozy, Gérard Saumade, Philippe Séguin, Jean-Pierre Soisson, Georges Tron, Philippe Vasseur, Jean Vila.

INTRODUCTION 11

CHAPITRE PREMIER : L'EFFORT EN FAVEUR DE LA RECHERCHE 13

I.- BCRD ET ACTIVITÉ NATIONALE DE RECHERCHE 13

A.- L'EFFORT NATIONAL DE RECHERCHE 14

B.- L'EFFORT DE RECHERCHE PUBLIQUE 23

II.- PRÉSENTATION DU BCRD POUR 1999 28

A.- PRÉSENTATION D'ENSEMBLE 28

1.- Les crédits 17

2.- Les très grands équipements 32

B.- PRÉSENTATION PAR DÉPARTEMENTS MINISTÉRIELS 36

CHAPITRE II : LA SECTION RECHERCHE DU MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE, DE LA RECHERCHE ET DE LA TECHNOLOGIE 40

I.- UN BUDGET MOINS CONTRAINT QUE LES ANNÉES PRÉCÉDENTES ... 40

A.- LA NÉCESSITÉ D'APURER LES RETARDS SUBSISTANT DANS L'OUVERTURE DES CRÉDITS DE PAIEMENT 40

B.- LA SITUATION FINANCIÈRE DES ORGANISMES DE RECHERCHE 42

C.- DES CRÉDITS RELATIVEMENT ÉPARGNÉS PAR LA RÉGULATION BUDGÉTAIRE 45

1.- Exécution du budget voté en 1997 45

2.- Exécution du budget voté en 1998 47

II.-  ... QUI ENREGISTRE UNE PROGRESSION MODÉRÉE DE SES CRÉDITS 48

A.- UNE FAIBLE PROGRESSION À STRUCTURE CONSTANTE 48

B.- LES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT ET D'ÉTUDE DU MINISTÈRE 51

1.- Personnel et fonctionnement du Ministère 54

2.- Interventions, information et crédits d'étude 54

CHAPITRE III : LES RESSOURCES HUMAINES DE LA RECHERCHE 59

I.- LES MESURES EN FAVEUR DE L'EMPLOI SCIENTIFIQUE 59

A.- UNE RELANCE DE L'EMPLOI SCIENTIFIQUE MOINS FORTE QU'EN 1998 59

B.- LES INCITATIONS À LA MOBILITÉ 64

C.- LES MESURES EN FAVEUR DES JEUNES CHERCHEURS 69

II.- LA POLITIQUE D'AIDE À LA FORMATION A ET PAR LA RECHERCHE 70

A.- LES ALLOCATIONS DE RECHERCHE 71

B.- LES CONVENTIONS INDUSTRIELLES DE FORMATION PAR LA RECHERCHE 72

C.- LES CONVENTIONS DE FORMATION PAR LA RECHERCHE DES TECHNICIENS SUPÉRIEURS 75

CHAPITRE IV : L'ORGANISATION DE LA RECHERCHE PUBLIQUE 78

I.- LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS À CARACTÈRE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE 79

A.- LA POLITIQUE DES RESSOURCES HUMAINES AU SEIN DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS À CARACTÈRE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE 82

1.- Les créations d'emplois 82

2.- Les mesures d'amélioration de la situation des personnels 85

B.- LA PRIORITÉ AUX SOUTIENS DE PROGRAMME 87

II.- LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS INDUSTRIELS ET COMMERCIAUX 97

A.- LA STRUCTURE DE FINANCEMENT DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS  INDUSTRIELS ET COMMERCIAUX 97

B.- LE FINANCEMENT DES ACTIVITÉS CIVILES DU COMMISSARIAT   À L'ÉNERGIE ATOMIQUE 104

C.- LE CENTRE NATIONAL D'ÉTUDES SPATIALES 109

1.- Situation financière du Centre national d'études spatiales 68

2.- Des moyens renforcés en 1999 113

CHAPITRE V : LE SOUTIEN A L'INNOVATION TECHNOLOGIQUE 121

I.- LES CRÉDITS EN FAVEUR DE L'INNOVATION TECHNOLOGIQUE 121

A.- LE FONDS DE LA RECHERCHE ET DE LA TECHNOLOGIE 121

1.- Des crédits en progression 121

2.- La situation financière du FRT 125

B.- LE TRANSFERT DE TECHNOLOGIE 130

II.- LE CRÉDIT D'IMPÔT-RECHERCHE 132

A.- PRINCIPE DU CRÉDIT D'IMPÔT-RECHERCHE 80

B.- IMPACT DU CRÉDIT D'IMPÔT-RECHERCHE 133

C.- UN DISPOSITIF RECONDUIT ET AMÉNAGÉ DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1999 136

CHAPITRE VI : LA RECHERCHE AU NIVEAU EUROPÉEN ET RÉGIONAL 139

I.- LA RECHERCHE ET L'EUROPE 139

A.- LA MISE EN PLACE DU 5ÈME PROGRAMME-CADRE DE RECHERCHE DE L'UNION EUROPÉENNE 139

1.- Les aménagements apportés à l'occasion de l'élaboration du 5ème PCRD 139

2.- Les priorités inscrites dans le 5ème PCRD 141

B.- L'INITIATIVE EURÊKA 143

1.- Bilan des dossiers traités 144

2.- Les financements publics en 1998 et 1999 90

II.- LA RECHERCHE AU NIVEAU RÉGIONAL 147

EXAMEN EN COMMISSION 151

LAISSER CETTE PAGE BLANCHE SANS NUMÉROTATION.

INTRODUCTION

Le budget civil de la recherche et du développement (BCRD) s'élèvera, en 1999, à 53.915 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, soit une progression de 1,6 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1998. Cette progression, inférieure à la croissance de l'ensemble des budgets civils (+ 2,3 %), n'est pas à la hauteur de la " grande ambition " affichée pour la Recherche, ni de l'effort à accomplir pour compenser les retards accumulés pendant les trois années antérieures à 1997.

L'examen des crédits de la Recherche, figurant dans le fascicule " Recherche et Technologie ", qui atteignent 40.008 millions de francs, confirme cette analyse dans la mesure où la progression de ces crédits n'est que de 1 % par rapport à 1998.

Parmi les organismes de recherche, les établissements à caractère scientifique et technologique (EPST) bénéficieront, en 1999, de dotations budgétaires en augmentation de 2,2 %. Au sein des crédits destinés aux organismes de recherche, l'accent est mis sur le soutien des programmes, en progression de 7,7 % afin d'assurer le fonctionnement courant des laboratoires mais on pourrait regretter que les autres autorisations de programmes (actions incitatives, immobilier, équipement) diminuent, en contrepartie, de 8,6 %. Au sein de ces dotations, la subvention prévue en faveur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) augmente de 1,6 %.

S'agissant des établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC), les dotations qui leur sont affectées, diminueront de 1,7 %, à l'exception notable du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), dont les crédits d'investissement augmenteront de 15,2 %. En intégrant la dotation prévue sur le budget du ministère chargé de l'Industrie, il bénéficie d'un montant total de 750 millions de francs en autorisations de programme. Toutefois, compte tenu des besoins de financement évalués à 300 millions de francs en 1999, votre Rapporteur insiste pour que soit poursuivi et renforcé l'effort de rebudgétisation du CEA afin de garantir l'avenir de la filière nucléaire française.

En matière de recherche universitaire, la croissance prévue de 2,9 % des crédits, certes importante, reste inférieure à celle de 1998 (+ 6 %).

Le BCRD pour 1999 prévoit la création de 150 emplois, ce qui est notoirement insuffisant, en comparaison des 400 créations d'emplois de chercheurs et des 200 emplois d'ITA inscrites dans le BCRD pour 1998. il aurait été souhaitable que l'effort de rattrapage réalisé en 1998 et justifié par les retards constatés, soit poursuivi, au même rythme afin de rajeunir la pyramide des âges des chercheurs.

En ce qui concerne la formation et l'aide à la recherche, des crédits supplémentaires sont prévus pour la signature de 150 nouvelles conventions de formation par la recherche de techniciens supérieurs (CORTECHS). Cependant, le nombre d'allocations, après avoir augmenté en 1998, pour atteindre le nombre de 3.800, reste inférieur de 400, à son niveau de 1992 et 1993.

Le soutien à l'innovation technologique se traduit par une augmentation des crédits du chapitre 66-04 (Fonds de la recherche et de la technologie et diffusion des techniques du secteur spatial) qui passent de 473 à 670 millions de francs en autorisations de programme. Le Fonds national de la science, nouvellement crée, pour intervenir dans des secteurs jugés prioritaires, est doté de 500 millions de francs en crédits de paiement. Dans le secteur spatial, les subventions allouées au Centre national d'études spatiales (CNES) seront accrues de 70 millions de francs, ce qui, une fois soustraites les contributions à l'Agence spatiale européenne (ESA), qui représentent un peu plus de 50 % des subventions et les dépenses incompressibles de fonctionnement, fragilise les marges de manoeuvre de cet organisme pour le développement, sur le long terme, de ses programmes.

En définitive, votre Rapporteur considère que le projet de budget pour 1999 se caractérise, sur le plan strictement budgétaire, par une progression des crédits, in fine, peu significative. Elle permet, en effet, au plus, une stabilisation des parties opérationnelles des laboratoires publics, comme le démontre la situation du CNRS.

Quant aux orientations qui se dégagent de ce budget, elles sont problématiques dans la mesure où l'accent est mis prioritairement sur le développement des liens entre la Recherche et l'activité des entreprises. En outre, les dispositifs mis en place, dans cet esprit, ne font pas l'objet d'une évaluation, comme l'atteste le crédit d'impôt-recherche. S'agissant des grands établissements de recherche, les arbitrages effectués les incitent à se placer dans une situation d'autodéfense et leur autonomie est menacée par la nécessité dans laquelle ils se trouvent de développer, à tout prix, leurs relations avec le monde industriel. Ils se trouvent, en effet, contraints, d'orienter leurs activités sur des filières rentables ou portées par la conjoncture, au détriment du développement de la recherche fondamentale.

Ces orientations revenant, selon votre Rapporteur, à renoncer à la " société du savoir " au profit de la " société de marché ", il préconise l'abstention sur le vote des crédits de la Recherche, tels qu'ils sont proposés dans le projet de budget pour 1999.

CHAPITRE PREMIER :

L'EFFORT EN FAVEUR DE LA RECHERCHE

Le développement de la recherche fait appel à une contribution importante du budget de l'État mais relève également du secteur privé dont la part a progressé au cours des dernières années.

I.- BCRD ET ACTIVITÉ NATIONALE DE RECHERCHE

L'évolution de l'effort public en faveur de la recherche peut être appréciée de plusieurs manières, en considérant des périmètres budgétaires différents.

Si l'on s'en tient à la nomenclature ministérielle et budgétaire, c'est-à-dire aux crédits du ministère de la Recherche, on obtient une image rétrécie des dépenses de l'État en faveur de la Recherche. C'est pourquoi, il est préférable, et désormais usuel, d'examiner l'évolution du budget civil de Recherche et de développement (BCRD), qui regroupe l'ensemble des crédits de l'État affectés à la recherche civile, à l'exception de la contribution française aux dépenses communautaires de recherche et de la dépense fiscale représentée par le crédit d'impôt-recherche. Ainsi, aux crédits du ministère chargé de la Recherche, s'ajoutent les dotations destinées à la Recherche dans l'enseignement supérieur, les crédits incitatifs du Secrétariat chargé de l'Industrie .... En revanche, les crédits de recherche militaire ne sont pas pris en compte dans la notion de BCRD, à l'exception des dotations inscrites au titre de la Recherche duale, auxquelles le ministère de la défense contribue en raison des retombées à la fois civiles et militaires des projets soutenus.

A.- L'EFFORT NATIONAL DE RECHERCHE

L'effort de recherche d'un pays ne mobilise cependant pas que des fonds publics et de nombreux acteurs sont appelés à intervenir, au premier rang desquels figurent les entreprises qui jouent un rôle croissant dans ce domaine. La mesure de cet effort permet d'apprécier l'importance relative des financements d'origine publique, mais aussi d'effectuer des comparaisons internationales.

Dans cette perspective, deux approches peuvent être adoptées :

· soit on prend comme critère de comparaison, les moyens financiers affectés à la recherche-développement par les agents économiques nationaux : dans ce cas, l'agrégat utilisé est la dépense nationale de recherche-développement (DNRD) ;

· soit on s'intéresse, non au financement mais à l'exécution de la recherche. Il s'agit alors de recenser les dépenses de recherche-développement effectuées dans les secteurs économiques, quelles que soient l'origine des ressources et la nationalité des bailleurs de fonds : l'agrégat correspondant est la dépense intérieure de recherche-développement (DIRD) qui comprend toutes les dépenses afférentes aux travaux de Recherche-développement (R&D) exécutées sur le territoire national au cours d'une année donnée.

La différence des deux agrégats correspond aux flux de financement entre la France et l'étranger qui reflètent notamment l'activité des organisations internationales, comme le Centre européen pour la Recherche nucléaire (CERN) ou l'Agence spatiale européenne (ESA), ainsi que les programmes européens.

Le tableau ci-joint récapitule l'évolution de ces agrégats depuis 1990.

ÉVOLUTION DE LA DÉPENSE DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT EN FRANCE

 

1990

1991

1992 révisé (2)

1993

1994

1995

1996

1997 (3)

Financement

               

DNRD (en millions de francs courants)

156.790

162.842

172.049

177.125

177.074

180.802

184.266

184.647

Taux de croissance annuel moyen en volume (en %) (1)

6,4

4,4

(ns)

0,5

- 1,6

+ 0,5

+ 0,8

- 0,8

Pourcentage de la DNRD dans le PIB

2,41

2,40

2,46

2,50

2,40

2,36

2,34

2,27

DIRD (en millions de francs courants)

157.162

163.092

169.377

173.721

175.562

179.092

182.589

183.590

Taux de croissance annuel moyen en volume (en %) (1)

6,2

4,3

(ns)

0,1

- 0,5

0,4

0,8

- 0,5

Pourcentage de la DIRD dans le PIB

2,41

2,41

2,42

2,45

2,38

2,34

2,32

2,26

Évolution du PIB en volume (en %)

2,5

0,8

1,2

- 1,3

2,8

2,1

1,6

2,3

(1) évalué en francs 1980 sur la base de l'évolution du prix du PIB.

(2) la révision des données 1992 résulte du reclassement d'anciens organismes publics en entreprises.

(3) estimations provisoires.

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

En 1997, d'après les résultats provisoires des enquêtes auprès des administrations et des entreprises, la dépense nationale de recherche et de développement (DNRD) s'élèverait à 184,647 milliards de francs, ce qui représente une baisse en volume de l'ordre de 0,8 %, plus importante que celle constatée en 1996 (- 0,2 %). Cette évolution se traduit par une nouvelle diminution de la part relative de la dépense nationale dans le produit intérieur brut (PIB) : en 1997, elle représentait 2,27 % du PIB contre 2,34 % en 1996. Pour 1997, les prévisions concernant l'évolution de la DNRD sont négatives pour ce qui est de la contribution des administrations (- 1,2 % en volume) et relativement stables pour les dépenses de recherche des entreprises (- 0,4 % en volume).

Cette diminution n'a pas d'incidence sur l'équilibre qui s'est établi en 1995, date à laquelle la contribution financière des entreprises a dépassé celle des administrations. En 1996, les entreprises ont ainsi financé plus de 51 % de l'effort national total de recherche (93,8 milliards de francs sur 184,3 milliards de francs) contre 44 %, quinze ans plus tôt. Cette inversion tient essentiellement à la prise de conscience de l'enjeu que constitue l'effort de recherche pour la compétitivité des entreprises. Parallèlement, on observe, depuis 1991, une lente diminution du volume des financements publics de 5,5 % en cinq ans, c'est-à-dire de 1,1 % par an. Cette évolution tient à la baisse des financements publics de recherche et de développement en matière de Défense depuis le début de la décennie, leurs montants étant passés de plus de 35 milliards de francs en 1990 à 22,2 milliards de francs en 1996.

D'après les prévisions pour 1997, la dépense intérieure de recherche et de développement (DIRD) s'établira à 183,590 milliards de francs, soit une baisse en volume de 0,5 %. Elle ne représentera ainsi plus que 2,26 % du PIB contre 2,32 % en 1996. Ces prévisions portent à 112,4 milliards de francs, le montant des travaux de recherche et développement exécutés par les entreprises en 1997 (61,2 % de la DIRD) et à 71,2 milliards de francs, celui des administrations. En définitive, alors que la DNRD connaîtra une relative stagnation en 1997, l'exécution de la recherche et développement enregistrera une régression du même montant en valeur et en volume.

Plus généralement, on constate que la recherche et développement exécutée en France, qui avait, de 1979 à 1993, une croissance plus rapide que celle du PIB (1,73 % du PIB en 1978 contre 2,45 % en 1993), connaît depuis 1993 une décrue. En 1997, elle se situerait, selon les prévisions, à 2,26 % du PIB, contre 2,32 % en 1996.

Parmi les évolutions significatives, on relèvera le développement des coopérations internationales et communautaires, à l'origine de commandes de recherche-développement émanant de sociétés étrangères ou de programmes internationaux. En 1996, les financements reçus de l'étranger et des organisations internationales représentaient 15,3 milliards de francs, soit 8,3 % du financement de la recherche exécutée en France. Réciproquement, les administrations et les entreprises françaises ont financé vers l'extérieur des dépenses de recherche pour un montant proche de 16,9 milliards de francs, dont plus de 10 milliards étaient déployés en direction des organisations internationales.

L'effort de recherche de la France peut être utilement comparé à celui des principaux pays de l'OCDE retracé par le tableau ci-après.

ÉVOLUTION DE LA DÉPENSE INTÉRIEURE DE RECHERCHE-DÉVELOPPEMENT
DANS LES PRINCIPAUX PAYS INDUSTRIALISÉS

 

DIRD/PIB
(en %)

DIRD/habitant
(en francs 1996)

Chercheurs/
population active

(pour mille)

 

1981

1991

1995

1996

 

1981

1995

États-Unis

2,43

2,84

2,61

2,62

4.787

6,2

7,4

Japon (1)

2,13

2,82

2,77

-

3.977

5,4

8,3

Allemagne

2,43

2,61

2,30

2,28

3.174

4,4

5,9

France

1,97

2,41

2,34

2,32

3.122

3,6

6,0

Royaume-Uni

2,37

2,11

2,02

1,94

2.371

-

5,2

Italie

0,88

1,24

1,01

1,03

1.346

2,3

3,2

Canada

1,25

1,53

1,65

1,66

2.343

3,4

5,5

Pays-Bas

1,85

2,05

2,08

-

2.707 (2)

3,4

4,6

Suède

2,29

2,89

3,59

-

4.410 (2)

4,1

7,8

(1) l'OCDE a ajusté les séries du Japon en estimant le nombre de chercheurs en équivalent temps plein dans l'enseignement supérieur. Cet ajustement a pour effet de réduire d'environ 10 % la DIRD et de 12,5 % le nombre total de chercheurs.

(2) données 1995

Source : OCDE et ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

En accordant à sa recherche intérieure 2,32 % de son PIB en 1996, la France est remontée de la quatrième à la troisième place des principaux pays de l'OCDE, derrière le Japon et les États-Unis, alors que l'Allemagne a réduit son effort depuis quelques années en partie à cause de la réunification.

En 1990, les pays de l'OCDE ont enregistré une diminution de l'investissement en recherche-développement, aussi bien en pourcentage du PIB qu'à prix constants, qui s'est poursuivie sur plusieurs années. Des signes de reprise sont néanmoins perceptibles, depuis 1995 en Amérique du Nord (pour les États-Unis) et dans la zone Asie-Pacifique (Japon essentiellement). Mais, à l'image des autres pays occidentaux, la France se caractérise, depuis quatre ans, par une diminution de l'engagement de l'État. Cette baisse n'est pas totalement compensée par l'effort croissant des entreprises, ce qui explique qu'après avoir atteint 2,45 % du PIB en 1993, la part du PIB investit dans la recherche-développement ne cesse de chuter.

Enfin, un dernier élément de mesure des ressources consacrées à la Recherche est le volume du personnel employé à des activités de recherche-développement dans un pays. Sur ce point, les comparaisons internationales montrent que la France se situe à un niveau satisfaisant avec 58 chercheurs pour 10.000 actifs en 1993 (1), chiffre qui la place au dessus de la moyenne de l'Union européenne (47) ainsi que de celle de l'ensemble des pays de l'OCDE (55).

EFFECTIFS DE CHERCHEURS POUR 10.000 ACTIFS

 

1981

1985

1989

1991

1992

1993

1994

France

36

43

50

52

56

58

59

Amérique du Nord (1)

59

66

71

61

-

60

-

Asie Pacifique (OCDE)

52

61

69

72

75

77

78

Union européenne (2)

33

37

42

45

45

47

-

Total OCDE (1) (2) (3)

44

50

55

54

-

55

-

(1) Mexique inclus à partir de 1991.

(2) A partir de 1991, les données pour l'Allemagne se réfèrent à l'Allemagne unifiée.

(3) République tchèque, Hongrie et Pologne non comprises.

Source : OCDE - Science, Technologie et Industrie - Tableau de bord d'indicateurs - 1997.

La France se trouve néanmoins dans une situation atypique dans la mesure où le désengagement de l'État ces dernières années, n'est pas entièrement compensé par les dépenses de R&D des entreprises, pourtant en forte croissance. Votre Rapporteur considère que cette situation ne rend que plus indispensable le maintien d'un effort budgétaire de bon niveau pour la France.

B.- L'EFFORT DE RECHERCHE PUBLIQUE

L'effort de recherche publique est mesuré, depuis la loi d'orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France du 15 juillet 1982, par le BCRD. Votre Rapporteur rappelle que les dotations du BCRD sont inscrites dans 17 fascicules budgétaires différents et qu'il incombe au ministre chargé de la recherche de centraliser les demandes de l'ensemble des ministère pour les dotations inscrites sur leurs budgets et destinées à des dépenses de recherche civile. En toute rigueur, il conviendrait d'ajouter à ces dotations, la part du salaire des enseignants chercheurs de l'enseignement supérieur correspondant à la rémunération de leur activité de recherche.

On constate que le BCRD a régulièrement baissé en volume depuis 1993, avec, néanmoins une remontée en 1998, comme le montre le tableau ci-après.

ÉVOLUTION DU BCRD SUR LA PÉRIODE 1994-1999

 

1994

1995

1996

1997

1998 (1)

1999 (2)

DO + AP (en millions de francs courants)

52.551

51.630

52.300

51.956

53.159

54.372

Taux de croissance annuel moyen en volume (en %)

 

- 1,75

+ 1,3

- 0,6

+ 2,3

+ 2,3

(1) estimations provisoires.

(2) données prévisionnelles.

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

Au-delà de cette approche sur le volume de l'effort de recherche, la répartition du BCRD par objectif socio-économique, retracée par le tableau ci-après, permet de disposer d'éléments chiffrés sur les différentes priorités sectorielles dégagées par les pouvoirs publics à travers l'action des ministères et des organismes qui en dépendent.

RÉPARTITION DU BCRD 1998 PAR OBJECTIFS SOCIO-ÉCONOMIQUES

(en millions de francs)

 

1998

1997

 

Objectif principal
(DO + AP)

Objectif principal
(en %)

Objectif lié
(DO + AP)

Objectif principal
(en %)

Exploration et exploitation de l'espace

9.208

17,2

238

18,2

Protection et amélioration de la santé

4.661

8,8

288

8,8

Énergie

4.308

8,1

265

8

Production et technologies agricoles

3.232

6,1

499

6

Industries de la communication et informatique

2.734

5,1

1.426

5,1

Environnement

1.847

3,5

3.401

3,3

Transports aéronautiques

1.928

3,6

159

3

Industries de transformation

1.212

2,3

1.227

2,2

Recherche et développement en faveur du développement

1.057

2

1.847

2

Vie en société et développement social

991

1,9

279

1,8

Exploration et exploitation de la terre

740

1,4

543

1,2

Construction, urbanisme, génie civil

532

1

630

1,1

Transports terrestres

311

0,6

476

0,6

Services marchands

210

0,4

139

0,4

Défense

104

0,2

3.195

0,2

Avancement des connaissances

19.348

36,4

9.020

36,5

non réparti

736

1,4

-

1,6

Total

53.159

100

23.632

100

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la technologie.

La présentation par objectifs socio-économiques est issue d'une enquête annuelle auprès de l'ensemble des organismes et institutions inscrits au BCRD. Les objectifs principaux correspondent à la finalité directe des travaux de recherche et développement considérés. Les objectifs liés traduisent les liens pouvant exister entre des activités de recherche et développement dont les finalités sont différentes comme l'exploitation de l'espace et l'environnement, ou la santé et la vie en société.

Le BCRD 1998 s'est élevé à 53.159 millions de francs en dépenses ordinaires + autorisations de programme, soit une augmentation de 1.200 millions de francs par rapport à 1997. Cette croissance a permis une série d'inflexions positives sur les trois quarts des objectifs puisque seuls trois d'entre eux diminuent en nominal et onze sur treize bénéficient d'une augmentation supérieure à la hausse prévue du prix du PIB (+ 1,2 %).

L'avancement général des connaissances est au premier rang des objectifs, soit 36,4 % du BCRD en 1998. La part de cet objectif est stable pour les trois dernières années, après une progression importante enregistrée entre 1994 et 1995 (respectivement 34,6 % et 36,7 %). Cet objectif est réalisé, par ordre d'importance, par le CNRS (59,1 %), le ministère en charge de la recherche (19,9 %), le CEA (7,2 %) et le ministère des Affaires étrangères (3,8 %).

L'exploration et l'exploitation de l'espace occupe la deuxième place avec 17,3 % du BCRD, soit une légère diminution par rapport à 1997 (18,1 %), en raison principalement de la diminution du budget du CNES qui représente plus de 95 % de cet objectif.

La part des recherches en faveur du développement industriel connaît, quant à elle, une augmentation, contrairement aux budgets des années antérieurs : elle s'élèvera à 11,6 % du BCRD contre 10,9 % en 1997. En valeur, les recherches en faveur du développement industriel seront ainsi dotées de 6.186 millions de francs en 1998, contre 5.678 millions, l'année précédente, soit une augmentation de 8,9 %. Cette augmentation est concentrée sur le ministère chargé de la Recherche (+ 231 millions de francs) et le ministère chargé de l'équipement, notamment pour la partie programmes aéronautiques (+ 350 millions de francs), en soutien au développement des Airbus A340-500 et 600 gros porteurs.

La santé occupe une place identique depuis 1995, soit 8,8 % du BCRD. Cet objectif est concentré sur l'INSERM pour plus de la moitié et, dans une proportion moins importante, sur le CNRS. En ajoutant l'objectif du développement des sciences de la vie, le montant global s'élève à 8.761 millions de francs contre 8.430 millions de francs en 1997, ce qui représente, au total, 16,5 % du BCRD.

Cette stabilité se retrouve pour l'objectif énergie (8,1 % du BCRD en 1998), réalisé à hauteur de 86,9 % par le CEA.

Enfin, on relèvera une augmentation de certains objectifs par rapport à leur enveloppe de 1997 :

· l'objectif " Environnement " (+ 126 millions de francs) en raison de sa progression dans les actions de l'IFREMER et de l'ADEME ;

· l'objectif " Terre et mer " (+ 100 millions de francs) imputable en totalité au ministère en charge de l'industrie, via la réponse du BRGM ;

· l'objectif " Services marchands " (+ 22 millions) dont la moitié s'explique par la réponse de l'ANVAR.

II.- PRÉSENTATION DU BCRD POUR 1999

A.- PRÉSENTATION D'ENSEMBLE

1.- Les crédits

Le BCRD s'élèvera à 53.915 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement, soit une progression de 1,6 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1998. Les dépenses en capital s'élèveront, en autorisations de programme, à 22.796 millions de francs (+ 2,4 % par rapport à 1998).

Cette présentation des crédits doit cependant intégrer certains mouvements, dont le montant total reste néanmoins limité. Sortent du BCRD pour 1999, les dépenses de fonctionnement de l'administration de la Recherche (transfert de 55 millions de francs sur le fascicule " Enseignement scolaire ") et quelques crédits d'un très faible montant inscrits, en 1998, sur le fascicule " Recherche ". Si l'on ajoute les ajustements effectués sur d'autres fascicules budgétaires, on atteint un montant total de 62 millions de francs en dépenses ordinaires. Des modifications sont également à signaler au niveau du fascicule " Enseignement supérieur " à hauteur de 55 millions de francs en autorisations de programme (chapitre 66-73, constructions et chapitre 56-10, investissements) ainsi que sur le fascicule " Recherche " (8 millions de francs de crédits d'investissement de l'administration de la recherche, chapitre 57-02), ce qui représente au total 63 millions de francs en autorisations de programme, sortant du BCRD en 1999.

En ce qui concerne les entrées, le mouvement le plus important porte sur les crédits consacrés aux écoles françaises à l'étranger, inscrits dans le fascicule " Enseignement supérieur " (70 millions de francs en dépenses ordinaires sur le chapitre 36-11, article 50) dont une partie des crédits était déjà inscrites dans le BCRD. Le fascicule " Recherche " est également concerné pour les crédits destinés à la réalisation de produits pédagogiques, à hauteur de 10 millions de francs (chapitre 43-01, article 50), ainsi que celui de l'Équipement pour les cotisations sociales du Laboratoire des Ponts et chaussées (60 millions de francs). En définitive, les crédits intégrés, en 1999, au BCRD s'élèveront à 140 millions de francs en dépenses ordinaires.

Ces modifications apparaissent marginales, si on les compare notamment à certaines variations intervenues dans la prise en compte des crédits du Centre national d'études spatiales (CNES) et du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) au cours de ces dernières années. La présentation du BCRD pour 1999 peut donc être considérée comme sincère.

Dans ces conditions, on ne peut que souligner les limites de l'effort budgétaire consacré à la recherche, si on le compare à la croissance moyenne des budgets civils de l'État qui est de 2,3 %.

On remarquera que le financement de la recherche civile par des crédits inscrits sur le fascicule de la Défense (900 millions de francs en faveur du CNES) sera limité.

Certaines dotations du ministère de la Défense sont en effet comptabilisées dans le BCRD sous l'appellation de " recherche duale " et correspondent à des programmes de recherche qui ont une double finalité militaire et civile. Les crédits qui transitent par des organismes de recherche à finalité spécifiquement militaire ne sont, en revanche, pas comptabilisés dans le BCRD.

Le montant de ces dotations avait atteint un niveau particulièrement élevé (environ 2 milliards de francs par an) à partir de 1995, et bénéficiait, pour l'essentiel au CNES, au CEA et aux programmes d'aéronautique civile.

La Cour des comptes a établi le montant des dépenses nettes constatées sur les lignes budgétaires constituant le BCRD, corrigé du montant de ces transferts pour faire apparaître le montant des dépenses civiles. Les résultats de cette comparaison figurent dans le tableau ci-après :

DÉPENSES NETTES CONSTATÉES SUR LES LIGNES BUDGÉTAIRES CONSTITUANT LE BCRD

(en millions de francs constants, valeur 1997)

 

1994

1995

1996

1997

1997/1998
(en %)

BCRD total

60.436

60.981

60.207

58.228

_ 3,65

BCRD " civil "

54.029

52.602

52.385

50.915

_ 5,76

Recherche

29.165

29.243

29.061

28.723

_ 1,51

Source : Cour des comptes - rapport sur l'exécution de la loi de finances pour 1997.

On constate que, en francs constants, les dépenses nettes du BCRD ont diminué de 3,65 % entre 1994 et 1997 et que les dépenses civiles ont régressé de 5,76 %.

Pour 1999, seuls 900 millions de francs inscrits au BCRD figurent au fascicule Défense, destinés à des programmes de recherche à double finalité militaire et civile du CNES.

En rupture avec la priorité contestable accordée ces dernières années aux programmes incitatifs, le BCRD privilégiera en 1999 les moyens de base de la recherche publique, de façon à encourager l'initiative et la prise de risque par les chercheurs.

Ainsi, la dotation des établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) progresse de 2,2 % en dépenses ordinaires + crédits de paiement et de 2 % en autorisations de programme. Au sein de ces crédits, l'accent est mis sur les soutiens de programmes, qui constituent les dotations de base des équipes, et qui progressent de 7,7 % au détriment des autres autorisations de programme qui diminuent de 8,6 %.

Les crédits alloués à la recherche universitaire progressent de 1,8 % en dépenses ordinaires + crédits de paiement et en autorisations de programme. Le chapitre 66-71, qui assure le financement de base des équipes universitaires passe de 1.800 millions de francs à 1.832 millions de francs en autorisations de programme, ce qui représente une progression beaucoup moins significative que celle enregistrée en 1998.

Les créations d'emplois inscrites dans le BCRD pour 1999 sont examinées infra.

2.- Les très grands équipements

La remise à niveau des moyens de base des laboratoires se fera aussi en 1999 par redéploiement opéré sur les dotations affectées aux très grands équipements (TGE).

Votre Rapporteur rappelle que les très grands équipements contribuent au progrès de la recherche scientifique dans de nombreuses disciplines. Certaines en sont totalement tributaires, telle la physique des hautes énergies avec les accélérateurs de particules, l'astronomie avec les télescopes ou l'océanographie avec les navires hauturiers. L'enjeu scientifique et le coût élevé de ces très grands équipements, engagent pour plusieurs années les budgets des organismes qui sont associés à leur réalisation et à leur fonctionnement.

Les plus onéreux de ces équipements imposent des associations avec des partenaires étrangers, comme l'illustre le projet JET (Joint european torus) pour la recherche sur la fusion thermonucléaire contrôlée.

Votre Rapporteur rappelle que les recherches sur la fusion thermonucléaire ont pour objectif la mise au point, par une approche à la fois théorique et expérimentale, de dispositifs et de matériaux, permettant le construction de centrales de production d'électricité. En Europe, ces recherches, étroitement liées au Traité Euratom, ont conduit à la construction de la machine JET, dont le budget annuel est de 80 millions d'écus dont 80 % sont financés par la Commission, 10 % par le pays hôte (la Grande Bretagne) et 10 % par les autres États. L'exploitation du JET, en principe achevée en 1996, a été prolongée jusqu'en 1999.

L'avenir du JET dépend aujourd'hui de l'évolution du projet mondial ITER, dont la phase d'étude préparatoire a été retardée de trois ans, jusqu'en 2001. Dans ce contexte, la prudence semble plaider pour une préservation de cette machine, qui demeure l'une des meilleures installations mondiales, ce qui suppose néanmoins qu'un mode de gestion satisfaisant soit mis en place. La question du devenir de cette machine devrait être examinée en fin d'année, au niveau communautaire.

Le poids global des TGE par rapport à l'ensemble de l'effort de recherche civile est traditionnellement mesuré par le ratio entre les dépenses totales, hors personnel, consacrées aux TGE scientifiques et le montant des autorisations de programme du BCRD majoré des dépenses ordinaires du ministère des affaires étrangères (contributions au CERN, à l'ESO et à l'EMBL) et, pour le CEA, de la part financée sur les autres ressources publiques. L'évolution de ce ratio est retracée par le tableau ci-après.

POIDS DES TRÈS GRANDS ÉQUIPEMENTS DANS LE BCRD

(en millions de francs)

 

1995

1996

1997

1998

TGE

2.413

2.421

2.340

2.311

BCRD

21.968

22.475

22.625

23.188

(en %)

11,0

10,8

10,3

10,0

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie

Compte tenu de la programmation financière pluriannuelle des dépenses relatives aux TGE, une mesure d'économie de 300 millions de francs a été décidée en 1998, qui n'est pas sans conséquences sur le rythme de leur programmation, comme en témoignent les arbitrages effectués pour 1999.

Ainsi, le CNRS a procédé une réduction de 10 % de sa contribution aux TGE (445 millions de francs en 1997) en 1998. Cette forte diminution correspondait à l'arrêt du réacteur Saturne, à une forte maîtrise de toutes les dotations TGE et au reclassement de certaines installations qui ne répondent pas aux critères d'un grand équipement (en particulier, à un montant supérieur à 100 millions de francs). Compte tenu de ces éléments, une contribution de 380,5 millions de francs était envisagée pour 1999.

Or, la dotation prévue dans le projet de loi de finances pourrait conduire à réduire davantage cette contribution. Cette dotation est, certes, en progression de 1,6 % en dépenses ordinaires + crédits de paiement par rapport à la loi de finances pour 1998, ce qui permettra d'absorber l'augmentation de la masse salariale au cours de l'année 1999.

Mais, le redéploiement prévu au titre VI, au profit des soutiens de programme (qui s'élèveront à 1.638 millions de francs contre 1.520 millions de francs en loi de finances pour 1998), conduit à une diminution de 96,8 millions de francs des autres autorisations de programme. Or, ces dotations permettent le financement de dépenses d'équipement du CNRS, en particulier celles des très grands équipements (TGE) et des autres programmes de recherche.

Il faut ajouter à cela que ce transfert d'environ 100 millions de francs se traduit également par une augmentation de la charge liée à la TVA dans la mesure où elle est collectée sur les dépenses faites pour le fonctionnement courant des laboratoires (soutiens de programmes) alors qu'elle est compensée pour les autres dépenses.

En pratique, sur l'exercice 1999, ce redéploiement devrait entraîner, selon les responsables du CNRS, une nouvelle baisse de 10 % du poste TGE. Le CNRS estime que, dans ces conditions, la programmation pourrait ne plus être respectée et qu'il ne serait plus en mesure d'assurer le financement de participations dont il a la charge en matière de TGE, en 1999.

Ces décisions ont un impact évident, qu'illustre également le gel du projet Soleil. Ce projet, d'un coût de construction estimé à 1,3 milliard de francs, devait prendre la succession des installations du Laboratoire d'utilisation du rayonnement électromagnétique (LURE) d'Orsay.

La demande d'utilisation du rayonnement synchrotron par des équipes de recherche dépassant les possibilités offertes par l'ESRF (European Synchrotron Radiation Facility), source établie à Grenoble, la construction d'une source nationale de troisième génération, dont les performances seraient complémentaires, semblait s'imposer.

Votre Rapporteur considère que cette décision de gel du projet Soleil, dont l'intérêt scientifique est pourtant avéré, est d'autant plus regrettable que, selon les responsables du CNRS, ce projet pourrait être réalisé à l'aide d'une enveloppe d'environ un milliard de francs, dans la mesure où l'avant-projet détaillé est achevé et où le transfert du laboratoire LURE permettrait in fine des réduire les coûts de fonctionnement.

D'une manière générale, votre Rapporteur estime que la Représentation nationale devrait être mieux informée des choix effectués en matière de grands équipements, en raison de leur coût, naturellement, mais également de leur importance pour la recherche française.

B.- PRÉSENTATION PAR DÉPARTEMENTS MINISTÉRIELS

La répartition des dotations du BCRD par département ministériel est détaillée dans le tableau ci-après.

SYNTHÈSE DES DOTATIONS DU BCRD EN 1998 PAR DÉPARTEMENTS MINISTÉRIELS

(en millions de francs)

 

Dépenses ordinaires + crédits de paiement
Loi de finances initiale 1998

Dépenses ordinaires + crédits de paiement
Projet de loi de finances pour 1999


Évolution
(1)
(en %)

Affaires étrangères

878,26

890,50

1,4

Agriculture, pêche et alimentation

136,25

141,58

3,9

Coopération

0,5

-

(ns)

Culture

711,13

720,13

1,3

Défense

500

900

(ns)

Économie/finances : compte d'affectation spéciale des recettes de cession de titres

0

   

Environnement

75,5

80,71

6,9

Équipement et transports (hors programmes aéronautiques civils)

466,9

458,68

- 1,8

Programmes aéronautiques civils (PAC) + aviation civile

1.450,5

1.431

- 1,3

Logement

168,29

172,64

2,6

Industrie

6.367,58

6.450,50

1,3

Intérieur

2,5

4,5

80

Justice

4,6

4,6

0

Commissariat au plan

57,47

58,14

1,2

Emploi

33,1

37,30

12,7

Santé publique

24,36

43,18

77,3

Total autres ministères

10.877,02

11.393,45

4,7

Total fascicule recherche

39.818,22

40.008,30

0,5

Enseignement supérieur

2.361,72

2.430,44

2,9

Total BCRD

53.066,96

53.914,84

1,6

(1) Les comparaisons d'un exercice à l'autre doivent tenir compte des transferts décrits ci-après.

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

Ce tableau témoigne d'une forte participation des autres ministères, qui progresse de 4,7 %, contre 0,5 % pour le ministère chargé de la Recherche, contrairement aux évolutions constatées en 1998. On constate, par ailleurs, que la participation du fascicule " Enseignement supérieur " est supérieure à celle du fascicule " Recherche et technologie ", en raison, principalement, de l'entrée dans le BCRD des crédits consacrés aux écoles françaises à l'étranger.

La capacité de pilotage du ministère chargé de la Recherche est donc moins affirmée par rapport à 1998 où un recentrage important avait été réalisé par une série de transferts des crédits du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), du CNES et du CEA sur le fascicule " Recherche ".

En définitive, les dotations du fascicule " Recherche " représentent 74,2 % (en dépenses ordinaires + crédits de paiement) du total du BCRD. En y ajoutant celles qui ont été affectées à la recherche universitaire, on constate que le ministère chargé de la Recherche et de la Technologie contrôle directement 77,6 % du BCRD, ce qui lui permet de disposer d'un poids important dans le pilotage de la politique de la Recherche.

LAISSER CETTE PAGE BLANCHE SANS NUMÉROTATION.

CHAPITRE II :

LA SECTION RECHERCHE DU MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE, DE LA RECHERCHE ET DE LA TECHNOLOGIE

Le budget du fascicule " Recherche et Technologie " ne représente qu'une partie des dépenses consacrées à la Recherche publique : en 1997, sa part dans les dépenses imputées au BCRD s'élevait, ainsi, à 49,3 %.

En 1999, ce budget s'élèvera à 40.008 millions de francs en dépenses ordinaires + crédits de paiement, soit une progression de 1 % par rapport à la loi de finances initiale de 1998, et à 14.033 millions de francs en autorisations de programme, en croissance de 1,8 %.

I.- UN BUDGET MOINS CONTRAINT
QUE LES ANNÉES PRÉCÉDENTES ...

A.- LA NÉCESSITÉ D'APURER LES RETARDS SUBSISTANT DANS L'OUVERTURE DES CRÉDITS DE PAIEMENT

Les marges de man_uvre sur le budget de la Recherche restent, dans une certaine mesure, contraintes par la nécessité d'apurer les retards subsistant dans l'ouverture des crédits de paiement par rapport aux autorisations de programme engagées.

Un effort important a déjà été réalisé en vue de résorber ces retards, qui représentaient près de 3 milliards de francs fin 1995, grâce à un ralentissement des engagements d'autorisations de programme et des dotations en crédits de paiement supérieures à la consommation des autorisations de programme.

Ainsi, de 1994 à 1997 inclus (hors CEA), 23.095 millions de francs d'autorisations de programme ont été affectés sur le titre VI et 25.874 millions de francs de crédits de paiement ont été mandatés à ce titre, soit un écart de près de 3 milliards de francs, comme le montre le tableau ci-après :

COMPARAISON DE LA CONSOMMATION DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME ET DE CRÉDITS DE PAIEMENT EN RETENANT UN PÉRIMÈTRE BUDGÉTAIRE COMPARABLE

(en millions de francs)

 

1994

1995

1996

1997

Autorisations de programme consommées

6.057

6.029

5.472

5.537

Crédits de paiement mandatés

6.427

6.863

6.452

6.132

Crédits de paiement - Autorisations de programme (écart)

370

834

980

595

Source : Cour des comptes - rapport d'exécution de la loi de finances pour 1997.

Cet effort a permis, pour les " opérations en cours ", une diminution des " restes à payer " sur tous les chapitres. Dans son rapport d'exécution de la loi de finances de 1997, la Cour des comptes, évalue les besoins de crédits de paiement à 3.132 millions de francs au 31 décembre 1997, alors qu'ils atteignaient 6.499 millions de francs au 31 décembre 1994.

Toutefois, des " restes à payer " conséquents sur des " opérations en cours " demeurent, concentrés sur cinq lignes budgétaires concernant principalement des EPST, dont la situation financière est examinée ci-après et le Fonds de la Recherche et de la Technologie, analysé infra.

B.- LA SITUATION FINANCIÈRE DES ORGANISMES DE RECHERCHE

Les restes à payer les plus importants concernent actuellement, pour les EPST, le CNRS, l'INSERM et l'INRA, comme le montre le tableau ci-après :

COUVERTURE DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME PAR LES CRÉDITS DE PAIEMENT
(SITUATION APRÈS LA LOI DE FINANCES INITIALE POUR 1998)

(en millions de francs)

Situation au 1er janvier 1998

INRA

CEMAGREF

INRETS

INRIA

CNRS

INSERM

INED

ORSTOM

Total
EPST

Total des autorisations de programme en compte au 31 décembre 1997

1.175.989

141.408

74.310

312.747

4.718.883

1.315.386

45.588

259.083

8.043.394

+ Loi de finances initiale 1998

507.870

26.360

39.280

163.460

2.477.820

594.720

23.310

182.910

4.015.730

Total des autorisations de programme en compte au 1er janvier 1998

1.683.859

167.768

113.590

476.207

7.196.703

1.910.106

68.898

441.993

12.059.124

Total des crédits de paiement en compte
au 31 décembre 1997

885.336

124.636

62.752

260.007

3.775.168

972.825

43.158

222..630

6.346.512

+ Loi de finances initiale 1998

513.270

25.110

39.470

158.690

2.527.270

602.700

23.440

182.080

4.072.030

Total des crédits de paiement en compte au 1er janvier 1998

1.398.606

149.746

102.222

418.697

6.302.438

1.575.525

66.598

404.710

10.418.542

Crédits de paiement restant à ouvrir sur autorisations de programme en compte

285.253

18.022

11.368

57.510

894.265

334.581

2.300

37.283

1.640.582

Crédits de paiement à recevoir sur transferts

_ 2.000

     

- 11.900

- 21.500

   

- 35.400

Crédits de paiement - services votés à ouvrir sur autorisations de programme 1997

_ 15.129

_ 1.471

_ 937

- 7.376

- 94.091

- 12.710

- 101

- 2.512

- 134.326

Crédits de paiement - services votés à ouvrir sur autorisations de programme 1998

_ 96.960

_ 10.080

_ 5.940

- 49.860

- 574.332

- 79.080

- 660

- 16.890

- 833.802

Retard de crédits de paiement subsistant sur dotations ouvertes en lois de finances antérieures à 1999

171.164

6.472

4.491

274

213.942

221.291

1.539

17.881

637.054

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

La Cour des comptes relève que, dans certains cas, la dette des organismes (dont certains EPIC), stabilisée au 31 décembre 1996, a fort peu évolué au cours de l'exercice 1997, comme l'illustre le tableau ci-après :

ÉVOLUTION DE LA DETTE VIS-À-VIS DE CERTAINS ORGANISMES

 

INRA

ADEME

INSERM

CNRS

ORSTOM

Autres

Dette à la fin de 1996

193

248

231

256,5

25

34,7

Dette à la fin de 1997

181

137

231

256,5

18

16,8

En % de la dette à la fin de 1996

93,78

95,56

100,00

100,00

72,00

48,41

Source : Cour des comptes.

S'agissant du CNRS, votre Rapporteur rappelle qu'il a connu, en 1994, une crise des paiements, résultant d'un décalage important entre autorisations de programme et crédits de paiement, dont le montant cumulé avait atteint un milliard de francs fin 1994, ainsi que d'une gestion défectueuse de l'organisme. Des mesures d'assainissement ont été prises en 1995 (annulation de 200 millions de francs de crédits sur des autorisations de programme anciennes et libres d'engagement et ouverture de 300 millions de francs de crédits de paiement inscrite dans le collectif du 8 août 1995) et poursuivies dans les lois de finances pour 1996, 1997, 1998 avec des rattrapages de crédits de paiement - services votés respectivement de 227 millions, 12 millions et 43 millions de francs. La loi de finances pour 1997 a complété le dispositif grâce à un rééquilibrage de la structure de financement du CNRS au profit du soutien des programmes (+100 millions de francs). Le projet de loi de finances pour 1999 parachève l'effort d'assainissement par un rééquilibrage de 97 millions de francs au sein de la dotation de titre VI, au bénéfice des moyens des laboratoires du Centre.

Ces mesures se sont accompagnées d'une réforme des méthodes de gestion du CNRS afin de généraliser, dans les unités de recherche, une comptabilité des engagements pilotée par le niveau des moyens de paiement réellement disponible, et clarifier la nature des crédits selon leur origine (subventions de l'État / ressources propres).

Cette action d'assainissement a permis de rétablir la situation financière du CNRS, dont le retard de crédits de paiement subsistant (213 millions de francs) n'est plus jugé préoccupant. L'exercice 1997 s'est en effet soldé par un résultat positif de 256 millions de francs et le fonds de roulement net a été restauré puisqu'il s'établissait à 514 millions de francs au 31 décembre 1997, soit 14 jours de fonctionnement.

C.- DES CRÉDITS RELATIVEMENT ÉPARGNÉS PAR LA RÉGULATION BUDGÉTAIRE

1.- Exécution du budget voté en 1997

Les crédits du ministère de la Recherche, votés en loi de finances initiale de 1997, ont été relativement épargnés par les mesures de régulation budgétaire en cours d'exercice, comme le montre le tableau ci-après.

SITUATION DES CRÉDITS DE PAIEMENT - GESTION 1997

(en milliers de francs)

 

Reliquat 1996

LFI 1997

Modifications (annulations, reports, transferts)

Crédits disponibles

Titre III

Moyens des services

-

20.433.169,3

_ 3.893,5

20.429.375,8

Titre IV

Interventions publiques

-

2.126.630

40.471,5

2.167.100,5

Titre V

Investissements exécutés par l'État

5.134,1

9.600,0

_ 125,0

14.609,1

Titre VI

Subventions d'investissement accordées par l'État

6.052,6

6.259.560

_ 73.770,0

6.191.842,6

Total

11.186,8

28.828.959,3

_ 37.317

28.802.928

Source : contrôle financier -  exercice 1997.

L'exercice 1997 a cependant été marqué par une décision de gel du 17 mars 1997, qui a porté sur 277,1 millions de francs en dépenses ordinaires + crédits de paiement et sur 705,62 millions de francs en autorisations de programme.

Au sein de ces crédits, des annulations sont intervenues par arrêté du 9 juillet 1997 pour un montant de 114,38 millions de francs en dépenses ordinaires/crédits de paiement et 260,66 millions de francs en autorisations de programme. Ont principalement été affectés les crédits du CEA (- 13,3 millions de francs) et du Fonds de la Recherche et de la Technologie (_ 17,3 millions de francs) en crédits de paiement ainsi que ceux de l'INRA (_ 31,1 millions de francs) et de l'ADEME (_ 23,5 millions de francs) en autorisations de programme.

Un arrêté, pris dans le cadre du collectif de fin d'année, a, en outre, annulé 5,31 millions de francs en dépenses ordinaires/crédits de paiement et 51,21 millions de francs en autorisations de programme.On relève surtout la persistance de quelques autorisations de programme non consommées, qui justifierait sans doute que les crédits de paiement soient accordés ou que les autorisations de programmes soient annulées, comme c'est le cas pour le chapitre 66-21, sur lequel sont imputés les crédits du CNRS et restent affectés, depuis plusieurs années, 4,9 millions de francs.

2.- Exécution du budget voté en 1998

L'examen des premiers résultats de l'exécution 1998 montre des mesures d'annulation importantes qui ont concerné les crédits de CEA
(_ 12 millions de francs en crédits de paiement et autorisations de programme) ainsi que du CNRS (_ 14,1 millions de francs en crédits de paiement et _ 35,4 millions de francs en autorisations de programme). L'arrêté correspondant, du 17 janvier 1998, a également affecté les crédits dédiés au soutien à la recherche et à la technologie, imputés sur le chapitre 66-04, à hauteur de 5,77 millions de francs en crédits de paiement et 35,4 millions de francs en autorisations de programme. On relèvera que ces crédits ont également fait l'objet d'une mesure d'annulation, à hauteur de 5,94 millions de francs en crédits de paiement, dans l'arrêté du 6 avril 1998, ce qui semble assez contradictoire avec la priorité affichée en faveur du développement technologique.

Il convient de remarquer que les crédits alloués aux actions de formation par la recherche ont enregistré une mesure de report significative d'un montant de 78,9 millions de francs, résultant d'une moindre consommation des crédits du chapitre 43-80 (128 millions de francs sont en effet restés inemployés en 1997, contre déjà 78 millions de francs en 1996 et 31 millions en 1996).

II.-  ... QUI ENREGISTRE UNE PROGRESSION
MODÉRÉE DE SES CRÉDITS

A.- UNE FAIBLE PROGRESSION À STRUCTURE CONSTANTE

Le budget du ministère chargé de la Recherche s'élèvera, en 1999, à 40.008 millions de francs en dépenses ordinaires + crédits de paiement, soit une progression de 1% par rapport à la loi de finances initiale pour 1998, et à 14.033 millions de francs en autorisations de programme, en croissance de 1,8 %.

Toutefois, certaines modifications de la nomenclature sont à signaler, qui doivent être prises en compte dans la comparaison des dotations d'une année sur l'autre.

Les principales modifications sont les suivantes :

· Transfert des crédits de personnel et de fonctionnement ainsi que des crédits d'équipement et de gros entretien du patrimoine immobilier sur le fascicule " Enseignement scolaire ".

Ce transfert correspond à la mise en _uvre de la réforme des structures du ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, décidée en décembre 1997. Cette réforme a pour objectif de réduire le nombre de directions pour gagner en lisibilité, de renforcer les fonctions de programmation et de contrôle et d'améliorer l'unité du Ministère en rendant les fonctions transversales communes à l'ensemble de ses activités. En ce qui concerne la Direction de la recherche, elle regroupe désormais les attributions de la Mission scientifique et technique en matière de politique de recherche, les attributions de la Direction générale de la recherche et de la technologie pour la formation par la recherche et la mise en _uvre de la politique de recherche, les attributions de la Direction de l'information scientifique, des technologies nouvelles et des bibliothèques relatives aux musées et de la culture scientifique et technique.

· Inscription de la totalité des crédits du Laboratoire central des Ponts et chaussées (LCPC), ouverts en 1998 sur le budget du ministère de l'Équipement, des Transports et du Logement, sur les chapitres 36-19 et 63-00 du fascicule " Recherche et technologie ", consacrés à la recherche dans les domaines de l'équipement.

Ce transfert intervient à la suite de la transformation de ce laboratoire, de service de recherche du ministère de l'Équipement, en établissement public à caractère scientifique et technologique, à compter du 1er juin 1998. Les actions de ce laboratoire, menées en liaison étroite avec le réseau des Laboratoires de Ponts de Chaussées (LPC), portent sur la mise au point de techniques, de règles de l'art, de méthodes d'essais, d'appareils de mesure et de documents prénormatifs nécessaires au monde du génie civil. Le LCPC effectue également des missions d'expertise et participe à la formation par la recherche en accueillant des doctorants dans ses laboratoires et en animant des activités d'enseignement dans des organismes comme l'université de Marne-la-Vallée, les IUT, l'École centrale de Nantes ...

· Inscription au budget de la Défense de 900 millions de francs en 1999, contre 500 millions de francs en 1998, en autorisations de programme et crédits de paiement, destinés au Centre national d'études spatiales.

Au total, l'impact de ces modifications dans la présentation des crédits du fascicule " Recherche " porte sur un montant de 659,6 millions de francs, peu significatif au regard du budget total, légèrement supérieur à 40 milliards de francs.

Ces transferts de crédits sont résumés dans le tableau ci-après :

ÉVOLUTION DU BUDGET DE LA RECHERCHE

(en crédits de paiement)

 

Loi de finances initiale 1998

PLF 1999

Différence

Évolution (en %)

Observations

Titre III - Moyens des services

22.737,4

18.305,2

- 4.432,2

- 19,5

 

- Crédits transférés au budget de l'Enseignement scolaire

 

137,76

   

Dépenses de personnel et fonctionnement
de l'administration de la recherche

- Crédits transférés au budget de l'Industrie

 

0,57

   

2 emplois d'ingénieurs des Mines

- Crédits transférés au titre IV

 

4.961,06

   

Crédits de personnel de l'IFREMER,
du CIRAD, du CEA et du CNES

- Crédits en provenance du budget de l'Industrie

 

- 0,94

   

4 emplois du secteur spatial

- Crédits en provenance du budget de   l'Équipement

 

- 225,80

   

4 emplois du secteur spatial

Total titre III à structure constante

22.737,4

23.177,88

440,50

- 1,9

 

Titre IV - Interventions publiques

2.478,3

7.475,7

4.997,4

+ 201,7

 

Crédits transférés au budget de l'Enseignement scolaire

 

- 0,1

   

Crédits destinés à l'accueil de personnalités étrangères

Crédits en provenance du budget de l'Enseignement scolaire

 

- 10

   

Crédits d'aide à la réalisation de produits pédagogiques

Crédits en provenance du titre III

 

- 4.961,06

   

Crédits de personnel de l'IFREMER,
du CIRAD, du CEA et du CNES

Total titre IV à structure constante

2.478,3

2.504,80

26,53

1,1

 

Titre V - Investissements de l'État

13

4

- 9

- 69,2 

 

Crédits transférés au budget de l'Enseignement scolaire

 

7

   

Dépenses d'équipement de l'administration de la recherche

Total titre V à structure constante

13

11

- 2

- 15,4

 

Titre VI - Subventions d'investissement accordées par l'État

14.384,4

14.223,3

- 161,1

- 1,1

 

Crédits transférés au budget de la Défense

 

400

   

Programmes de recherche du CNES
à double finalité civile et militaire

Crédits en provenance du budget de l'Équipement

 

44,4

   

Moyens des laboratoires et d'équipement
du LCPC

Total titre VI à structure constante

14.384,4

14.578,9

- 194,6

- 1,4

 

Total budget à structure constante

39.613

40.272,6

659,61

1,7

 

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

En définitive, une fois ces modifications prises en compte, le budget 1999 progresse, à structure constante, de 1,7 % par rapport à 1998.

B.- LES CRÉDITS DE FONCTIONNEMENT ET D'ÉTUDES DU MINISTÈRE

Les dépenses autres que les subventions allouées aux organismes de recherche, qui feront l'objet d'un examen spécifique dans la 4ème partie du rapport, ne représentent qu'une faible part du budget de la section " Recherche et technologie " du MENRT. En effet, selon que l'on y ajoute les dotations consacrées aux institutions de recherche biologiques et médicales (726 millions de francs en dépenses ordinaires + crédits de paiement) ou non, les organismes de recherche mobilisent entre 90,5 % 93 % des crédits totaux du fascicule budgétaire.

Ces dépenses, dites " directes ", correspondent soit à des dépenses d'administration et de formation à la recherche, soit à des dépenses d'actions incitatives. Les crédits consacrés à la formation à et par la recherche (chapitre 43-80) et au soutien à la recherche et à la technologie (chapitre 66-04) seront examinés, respectivement, dans la 3ème partie et la 5ème partie du rapport.

L'évolution des principaux postes de dépenses est retracée dans le tableau ci-après :

DÉPENSES D'ADMINISTRATION ET DE RECHERCHE

(en millions de francs)

 

Dépenses
ordinaires

Autorisations de programme

Crédits de
paiement

Dépenses ordinaires + Crédits de paiement

Évolution
(en %)

 

DO
LFI 1998

DO
PLF 1999

AP
LFI 1998

AP
PLF 1999

CP
LFI 1998

CP
PLF 1999

DO + CP
LFI 1998

DO + CP
PLF 1999

 

Personnel

83,29

2,51

       

83,29

2,51

- 97,0

Matériel et fonctionnement

63,00

2,00

       

63,00

2,00

- 96,8

Subventions, divers
(37-02, 37-91)

0,20

         

0,20

   

Incitation, information et consultation (43-01)

123,77

124,90

       

123,77

124,90

0,9

Formation à et par la recherche (43-80)

1.720,00

1.750,00

       

1.720,00

1.750,00

1,7

Prospectives et études (56-06)

   

5,00

5,00

7,00

4,00

7,00

4,00

- 42,9

Équipement administratif et technique (57-02)

   

8,00

 

6,00

 

6,00

 

- 100,0

Fonds national de la science (66-05)

   

205,00

500,00

200,00

318,42

200,00

318,42

59,2

Soutien à la recherche et à la technologie (66-04) dont

   

473,10

670,00

790,80

724,94

790,80

724,94

 

· Fonds de la recherche et de la technologie (article 10)

   

412,40

630,00

726,00

669,59

726,00

669,59

- 7,8

· Diffusion technologie-
spatiale (article 20)

   

60,70

40,00

64,80

55,35

64,80

55,35

- 14,6

Information culture scientifique et technique (66-06)

   

46,30

43,00

43,00

44,00

43,29

44,00

1,6

Total

1.990,26

1.879,41

737,40

1.218,00

1.047,09

1.091,36

3.037,35

2.970,77

- 2,2

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

Votre Rapporteur souligne que le projet de loi de finances pour 1999 prévoit la création d'un Fonds national de la science, dans le cadre duquel seront mises en _uvre certaines actions incitatives soutenues par le ministère chargé de la Recherche. Ce Fonds reprend, en base, les dotations des centres nationaux de génotypage et de séquençage ainsi que des actions d'incitation dans le domaine des sciences du vivant. Il sera doté de 500 millions de francs en autorisations de programme et 318,4 millions de francs en crédits de paiement, imputés sur un chapitre nouveau (66-05). Chargé d'intervenir dans des secteurs jugés prioritaires tels que les sciences de la vie, les sciences pour l'ingénieur, la chimie, ainsi que les sciences humaines et sociales, ses actions seront soutenues pendant une période maximum de 4 ans et auront vocation à se pérenniser au sein des organismes de recherche et des universités.

1.- Personnel et fonctionnement du Ministère

La présentation du budget de la Recherche pour 1999 connaît une modification importante de la structure de son titre III, traditionnellement consacré aux moyens des services, notamment aux dépenses de rémunération des personnels et de fonctionnement.

Comme cela a été indiqué, les crédits de personnel (intégralité des 1ère et 3ème parties du titre III) et de fonctionnement (4ème partie) ainsi que les crédits d'équipement et de fonctionnement sont en effet transférés sur le fascicule de la section " enseignement scolaire " du budget du Ministère, ce qui représente, au total, un transfert de 144,8 millions de francs en dépenses ordinaires + crédits de paiement.

Seuls les crédits du Comité national d'évaluation de la Recherche échappent à ce transfert et sont regroupés au sein d'un chapitre 37-02, spécifique, qui n'enregistre aucun abondement de ses crédits dans le budget 1999.

Votre Rapporteur rappelle que les effectifs du ministère chargé de la Recherche sont en décroissance depuis quelques années, mais cette diminution est atténuée par la présence de détachés en provenance des EPST. Le statut des chercheurs travaillant dans les EPST prévoit, en effet, la possibilité pour ces fonctionnaires d'être chargés de tâches d'administration de la recherche. Votre Rapporteur regrette cette situation, compte tenu de l'insuffisance des personnels ITA dans les organismes de recherche.

On relèvera que la nouvelle organisation de l'administration centrale a permis d'absorber la perte de 400 emplois enregistrée sur la période 1996-1998 et ne s'est accompagnée d'aucune diminution des effectifs.

2.- Interventions, information et crédits d'étude

Cette action repose sur trois articles du chapitre 43-01 (l'article 10 consacré au transfert de technologie sera analysé infra) ainsi que sur le chapitre 56-06 qui regroupe les crédits d'information scientifique et d'études.

Le budget 1999 prévoit la création d'un nouvel article 50 sur le chapitre 43-01, sur lequel sont imputés des crédits, provenant du fascicule " Enseignement scolaire " (à hauteur de 10 millions de francs), destinés à soutenir la réalisation de produits pédagogiques.

Ce chapitre, doté de 124,9 millions de francs comprend, en outre, quatre articles : l'article 10 déjà cité (44,9 millions de francs) l'article 20 consacré aux interventions du Ministère (41,03 millions de francs), l'article 30 destiné aux actions internationales (24,97 millions de francs) auparavant financées par le Fonds de la recherche et de la technologie et l'article 40 (4 millions de francs) qui porte les crédits dédiés à l'Agence pour la diffusion de l'information technologique (ADIT).

Ce chapitre a été, comme chaque année, particulièrement touché par la régulation budgétaire puisque l'arrêté d'annulation du 9 juillet 1997 a porté sur 17,3 millions de francs de ses dotations, à raison de 2,8 millions de francs pour l'article 10, 4,3 millions de francs pour l'article 20, 10 millions de francs pour l'article 30 et 0,13 million de francs pour l'article 40. Les premiers résultats de l'exercice 1998 confirme cette tendance puisqu'une annulation de crédits est, à nouveau intervenue pour un montant de 4,5 millions de francs (arrêté du 16 janvier 1998), compensée, il est vrai, par un report de 12,4 millions de francs (arrêté du 4 juin 1998).

En 1998, les subventions de l'article 20 ont bénéficié à des organismes divers comme des groupements d'intérêt public dont le Ministère est membre ou des associations avec lesquelles des conventions cadres pluriannuelles ont été passées (association Bernard Grégory, association Descartes, etc.).

Les subventions allouées dans le domaine de la culture et de l'information ont principalement bénéficié à des associations dont l'objet est de sensibiliser à l'activité de recherche le grand public et notamment les jeunes. Ces subventions contribuent, pour l'essentiel, au financement en régions des manifestations de l'opération annuelle " Science en fête ". On notera que, dans ce cadre, une partie de ces crédits est déléguée aux préfets de région (2,9 millions de francs en 1998, soit une augmentation de 0,5 million par rapport à 1998). Des subventions sont par ailleurs allouées à des centres régionaux de culture scientifique et technique et à des colloques scientifiques.

Les actions financées sur l'article 30 demeurent principalement consacrées aux incitations à la mobilité des chercheurs (jeunes scientifiques et chercheurs de renommée internationale) et au soutien de diverses associations favorisant les rapprochements entre la communauté scientifique nationale et les communautés scientifiques étrangères.

Votre Rapporteur constate que, malgré le souci affiché pour le rayonnement international de la science française, la dotation prévue pour cet article, diminue de 8 millions de francs par rapport à la loi de finances initiale pour 1998.

Au titre des actions multilatérales, les subventions ont été principalement destinées au programme Frontière humaine qui soutient des chercheurs et des travaux dans les domaines de la biologie moléculaire, de la génétique et de la neurobiologie ainsi qu'à l'Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF), dont les activités, financées dans un cadre multilatéral, sont définies dans les programmes arrêtés à l'occasion des sommets des chefs d'État francophones.

Les crédits de l'article 40 sont exclusivement destinés à l'Agence pour la diffusion de l'information technologique (ADIT). Cet établissement public national à caractère industriel et commercial reçoit chaque année une somme de 4 millions de francs de la part de chacune de ses deux tutelles (Affaires étrangères et Recherche). En 1999, l'ADIT orientera ses efforts vers le développement de moyens et d'outils permettant une diffusion élargie des informations provenant des ambassades de France à l'étranger et cherchera à optimiser le traitement d'informations par la mise en _uvre d'une plate-forme logiciel de traitement d'informations.

Le chapitre finançant les études du Ministère (56-06) sera doté de 5 millions de francs en autorisations de programme et de 4 millions de francs en crédits de paiement. L'assainissement de la situation financière de ce chapitre en 1997 se traduit par un montant disponible de 7 millions de francs en autorisations de programme en 1997, contre 12 millions en 1996. La dotation de ce chapitre permet de mener un certain nombre de projets directement en relation avec l'activité du Ministère comme l'évaluation des Cortechs ou les conséquences de la réforme de la Délégation générale pour l'armement sur la recherche civile. D'autres sont en cours de validation comme l'évaluation du programme " Bioavenir " ou l'étude de la création d'entreprises par les chercheurs du secteur public.

Laisser cette page blanche sans numérotation.

CHAPITRE III

LES RESSOURCES HUMAINES DE LA RECHERCHE

Chercheurs, ingénieurs de recherche, techniciens et personnels administratifs forment une vaste communauté scientifique de quelques 40.000 personnes dans les laboratoires publics.

I.- LES MESURES EN FAVEUR DE L'EMPLOI SCIENTIFIQUE

A.- UNE RELANCE DE L'EMPLOI SCIENTIFIQUE MOINS FORTE QU'EN 1998

Le ministère chargé de la Recherche a pour mission de coordonner la politique de l'emploi scientifique menée par les différents ministères relevant du BCRD. Les objectifs suivants ont été définis lors du Comité interministériel de la recherche scientifique et technologique du 15 juillet 1998 : poursuite du recrutement de chercheurs en vue de favoriser un renouvellement régulier des équipes, développement d'une programmation pluriannuelle des recrutements, et encouragement à la mobilité des personnels.

Ces objectifs se traduisent dans le budget pour 1999 par la création de 150 emplois dont 100 emplois de chercheurs et 50 emplois d'ingénieurs, techniciens et administratifs (ITA). La répartition de ces emplois est détaillée, par organisme, dans la quatrième partie.

Cet effort, s'il est moins important que celui inscrit en loi de finances de 1998, marque cependant une rupture avec les années précédentes, comme le montre le tableau ci-après.

ÉVOLUTION 1993-1999 DES CRÉATIONS D'EMPLOIS DANS LE BCRD

 

EPST

EPIC

Fondations

Ministères

Total

 

Chercheurs ou cadres

160

35

8

27

230

LFI 1993

ITA ou non cadres

87

13

12

58

170

 

Total

247

48

20

85

400

 

Chercheurs ou cadres

45

2

3

3

53

LFI 1994

ITA ou non cadres

- 53

     

- 53

 

Total

- 8

2

3

3

-

 

Chercheurs ou cadres

58

   

9

67

LFI 1995

ITA ou non cadres

- 192

   

5

- 187

 

Total

- 134

-

-

14

- 120

 

Chercheurs ou cadres

     

3

3

LFI 1996

ITA ou non cadres

- 257

- 22

 

- 6

- 285

 

Total

- 257

- 22

-

- 3

- 282

 

Chercheurs ou cadres

- 23

   

2

- 21

LFI 1997

ITA ou non cadres

- 502

- 16

 

- 52

- 570

 

Total

- 525

- 16

-

- 50

- 591

 

Chercheurs ou cadres

400

38

   

438

LFI 1998

ITA ou non cadres

197

40

 

2

239

 

Total

597

78

-

2

677

 

Chercheurs ou cadres

98

5

 

4

107

PLF 1999 (1)

ITA ou non cadres

43

12

 

7

62

 

Total

141

17

-

11

169

(1) ministère : 4 chercheurs dont 2 CEE et 2 INERIS, 7 ITA dont 5 CEE et 2 ministère de la Culture.

EPIC = IFREMER.

Ces créations répondent à un souci de maintenir un flux régulier de recrutement de chercheurs et d'ITA afin de garantir l'équilibre démographique des organismes de recherche et préparer les prochains départs à la retraite de générations nombreuses de chercheurs. Votre Rapporteur estime, cependant, que ce flux est insuffisamment soutenu en 1999.

La population des chercheurs du secteur public se caractérise en effet par une moyenne d'âge élevée, supérieure à 45 ans pour les chercheurs et ingénieurs de recherche. Une conséquence de ce fort vieillissement sera une accélération des départs à la retraite et un renouvellement massif des effectifs d'ici une dizaine d'années.

Si l'on prend le cas du CNRS, on observe que 60,3 % des personnels qui y travaillent parviendront à la limite d'âge dans les vingt prochaines années, cette proportion étant de 56,4 % pour les chercheurs et de 63,6 % pour les personnels ITA. Autrement dit, la moitié de l'effectif actuel de cet établissement atteindra 65 ans entre 2005 et 2012.

Dans ce contexte, une priorité du Gouvernement est de maintenir le potentiel de recherche en évitant des à coups dans les recrutements, ce qui implique un flux régulier dans le recrutement non seulement de jeunes docteurs mais aussi des ITA. A cet égard, les créations d'emplois prévues dans le projet de loi de finances pour 1999 permettent d'atteindre un volume de recrutement pour les chercheurs de 3,1 %, insuffisant au regard des enjeux en matière d'emploi scientifique.

En outre, une capacité de recrutement de 1.500 enseignants-chercheurs est prévue, sur le fascicule " Enseignement supérieur ", par la libération de postes servant antérieurement de gage à la rémunération d'ATER, transférée sur un autre chapitre budgétaire. Votre Rapporteur regrette vivement qu'un tel transfert ne s'accompagne, en réalité, d'aucune création d'emplois.

Votre Rapporteur considère qu'il serait de bonne méthode d'inscrire une politique de recrutement dans un plan pluriannuel reposant sur des projections à long terme, comme cela est d'ailleurs envisagé avec la fixation, pour chaque organisme de recherche, d'un objectif de programmation des recrutements dans les contrats quadriennaux conclus avec le ministère.

Par ailleurs, votre Rapporteur souhaite appeler l'attention sur la situation des agents ITA dont l'importance dans le fonctionnement des laboratoires n'est pas à démontrer.

Le Conseil supérieur de la Recherche et de la Technologie, dans son rapport annuel de 1998, souligne une diminution, au mieux une stagnation, des effectifs ITA dans les organismes de recherche alors que, parallèlement, les effectifs de chercheurs augmentent. Il en résulte une baisse du rapport numérique ITA / chercheur " qui fait qu'en raison des statuts en vigueur, la promotion et la progression de carrière des agents s'en trouvent fortement ralentie, sinon arrêtée. Les directeurs d'unités ne pouvant assurer aucune promotion aux meilleurs de leurs personnels, il s'ensuit pour l'ensemble un grand découragement nuisible à l'activité scientifique ".

Le tableau ci-après illustre cette évolution au sein du CNRS.

RATIO DU NOMBRE DE CHERCHEURS PAR RAPPORT AU NOMBRE D'ITA

 

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Effectifs de chercheurs

11.376

11.386

11.386

11.386

11.386

11.683

11.733

Effectifs d'ITA

15.323

15.234

15.081

14.879

14.466

14.594

14.610

Ratio

0,74

0,75

0,75

0,76

0,79

0,8

0,8

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

Si ce ratio est certes différent selon les organismes, il n'en reste pas moins que le soutien apporté à l'emploi scientifique doit mieux prendre en considération la situation des ITA autant sur le plan quantitatif que qualitatif.

Enfin, votre Rapporteur constate que, comme l'année dernière, une réserve d'emplois est prévue de 12 chercheurs et 9 ITA, sur le chapitre 37-01. Si cette réserve est en diminution (21 emplois contre 42 en loi de finances initiale de 1998), il n'en reste pas moins que son principe n'est pas vraiment respectueux des prérogatives du Parlement qui doit approuver l'affectation des postes créés. Votre Rapporteur estime que l'argument selon lequel elle contribue à la rationalisation des structures de la recherche, en renforçant la capacité de persuasion du ministère en matière de coopération des établissements, doit être démontré par la justification des affectations qui ont été décidées courant 1998 et la présentation de leurs effets.

B.- LES INCITATIONS À LA MOBILITÉ

Les incitations à la mobilité sont conçues comme un outil de décloisonnement du système de la recherche publique vers les établissements d'enseignement supérieur d'une part et les entreprises d'autre part. Ces incitations visent également à accélérer le départ à la retraite des chercheurs afin de lisser l'évolution du taux de recrutement sur plusieurs années.

Ces mesures apparaissent en effet nécessaires compte tenu des faibles résultats en la matière que fait apparaître le tableau ci-après :

MOBILITÉ DES CHERCHEURS EN 1997

EPST

Effectif

Retraités

(en %)

Autres départs

(en %)

Total départs

(en %)

CNRS

11.386

215

1,89

223

1,96

438

3,85

INSERM

2.115

33

1,56

36

1,70

69

3,26

INRA

1.771

37

2,09

29

1,64

66

3,73

Total

15.272

285

1,87

288

1,89

573

3,75

· S'agissant de la mobilité vers les établissements d 'enseignement supérieur, la nécessité de disposer d'un plus grand nombre d'enseignants a conduit à une réflexion sur les passages possibles des corps de chercheurs vers ceux des enseignants-chercheurs.

Afin de favoriser cette mobilité, 520 postes ont été crées aux budgets des exercices 1990 à 1995 du ministère de l'Éducation nationale, exclusivement réservés aux chercheurs des EPST. Les conditions de cette mobilité ont été organisées par le décret n° 90-984 du 1er octobre 1990 modifiant le décret n° 84-431 du 16 juin 1984 portant statut du corps des professeurs d'université et du corps des maîtres de conférences et la circulaire n° 90-010 du 10 janvier 1990. Ces textes permettent aux chercheurs d'être détachés puis intégrés dans les corps d'enseignants-chercheurs : de 1990 à 1995, 500 chercheurs ont ainsi été accueillis sur des postes d'enseignants-chercheurs par la voie du détachement et par la voie de recrutement direct. Lors des deux derniers exercices, on constate un nombre de 70 mobilités annuelles dont 50 correspondent à des recrutements par concours dans les corps des professeurs d'université et 20 à des détachements.

· Par ailleurs, les mesures visant à augmenter les départs à la retraite des chercheurs continueront à jouer en 1999.

A cet égard, il faut souligner que, depuis le 30 juin 1998, il n'y a plus de directeurs de recherche maintenus en activité en surnombre, comme cela avait été rendu possible par la loi n° 86-1304 du 2  décembre 1986 pour les professeurs de l'enseignement supérieur et les directeurs de recherche des EPST, âgés de plus de 65 ans. En pratique, cette disposition ne concernait que les directeurs de recherche de classe exceptionnelle du CNRS et de l'INSERM, qui représentaient 100 surnombres en 1996, pour un coût de 73 millions de francs.

Votre Rapporteur rappelle que la suppression de cette disposition a été décidée par le Parlement (article 89 de la loi n° 96-1093 du 16 décembre 1996 relative à l'emploi dans la fonction publique) en raison des surnombres qu'auraient provoqué l'augmentation prévisible des départs à la retraite (150 chercheurs au début des années 200 et 250 chercheurs dans les années 2004).

En outre, les mesures d'incitation au départ à la retraite anticipée avant 64 ans seront poursuivies en 1999. Sur le principe, de telles dispositions sont en effet nécessaires pour les chercheurs dans la mesure où ils peuvent rarement justifier avant 65 ans d'un nombre d'annuités suffisant, du fait de leur recrutement tardif et de ce qu'ils ont à supporter, en raison de leur titularisation, le coût de rachat des points de retraite du régime des pensions civiles de l'État.

Ainsi, des décrets intervenus en décembre 1996, autorisent le versement d'une " indemnité de départ volontaire " (IVD) pour les chercheurs demandant à faire valoir leurs droits à retraite avant 64 ans dont le montant, qui s'échelonne sur 2 à 8 mois de traitement brut, est d'autant plus élevé que le chercheur prend sa retraite tôt.

Afin d'accroître l'efficacité de cette mesure, il est prévu d'en limiter l'application à trois ans, ce qui aura pour conséquence d'augmenter les départs à la retraite dans les années 1997 à 1999 par effet d'appel sur les chercheurs ayant entre 60 et 64 ans, lesquels représentent des tranches d'âges plus nombreuses.

Par ailleurs, ce dispositif a été étendu, à titre expérimental, aux ITA et aux techniciens de physique nucléaire en fonction dans les unités du CNRS devant connaître une restructuration thématique ou géographique et a permis 41 départs anticipés d'ITA en 1997.

Enfin, est actuellement à l'étude, la prolongation d'une procédure dite de " retour partiel sur option " (RPO), mise en place de manière expérimentale en 1997, permettant aux fonctionnaires du CNRS, titularisés en application de la loi d'orientation et de programmation de la recherche du 15 juillet 1982, de revenir pour partie sur leur option de valider leurs services auxiliaires au titre du code des pensions civiles et militaires de retraite. De cette manière, les intéressés peuvent valider leurs services de contractuels afin qu'ils soient pris en compte dans la constitution de leurs droits à pension. Mais, le système de calcul par la validation des services étant particulièrement onéreux et injuste, peu de chercheurs optent pour la préretraite.

En outre, les conditions mises à l'exercice de cette procédure, à savoir une retraite immédiate, concomitante à la demande d'option et au plus tard le 31 décembre 1997, n'ont pas pris en compte les délais (au moins 6 mois) nécessaires à la CNAVTS et à l'IRCANTEC pour régulariser les dossiers des agents concernés, de même que les délais habituels de liquidation et de concession des pensions. Par ailleurs, la limitation expresse de la mesure au 31 décembre 1997 exclut une interprétation autorisant le CNRS à différer le départ de l'agent à la date de la régularisation de son dossier. Or, la mesure ne pourra trouver son plein effet qu'à la condition que les agents ayant levé l'option soient assurés du versement de leur pension et de leur retraite dans le mois suivant leur départ.

Ainsi, si la population cible du CNRS est d'environ 700 agents, dont 370 chercheurs et 330 ITA, seulement 3 personnes ont pu bénéficier du RPO en 1997.

Il faut souligner que l'intérêt de cette mesure exceptionnelle varie selon les situations rencontrées en fonction des pensions susceptibles d'être servies (pension civile, pension vieillesse du régime général et allocation IRCANTEC) dans et avec retour partiel sur option. En outre, tous les fonctionnaires des EPST qui n'ont pas encore atteint l'âge de la retraite, ont la possibilité d'opter pour un retour total sur option, c'est-à-dire de renoncer au rachat de leurs services de contractuels.

· Enfin, la mobilité des chercheurs vers les entreprises suscite actuellement de nombreuses réflexions en raison de ses faibles résultats. Le rapport remis par M. Henri Guillaume sur l'innovation et la technologie rappelle qu'" un rapport de la Cour des comptes chiffrait à 700 personnes, toutes positions statutaires confondues, la mobilité totale depuis une dizaine d'années des EPST vers l'industrie, soit 0,2 % des effectifs en moyenne annuelle ". Il établit par ailleurs une estimation selon laquelle " pour les années 1995 et 1996, la mobilité statutaire pour l'ensemble des EPST et des EPIC serait de l'ordre de 30 à 40 personnes par an sur un total de plus de 25.000 chercheurs ".

Compte tenu de ces résultats, plusieurs pistes sont examinées pour encourager la mobilité des chercheurs statutaires : institution d'une prime pour ceux qui ont un projet sérieux de mobilité, développement de la consultance par les chercheurs qui seraient par ailleurs autorisés à être administrateurs de sociétés, aide aux laboratoires à pourvoir aux remplacements liés à des départs, mise en place d'un monitorat en entreprise destiné à faciliter l'insertion ultérieure des docteurs... Il est également question d'aménager les critères d'évaluation des chercheurs en prenant notamment en compte la mobilité, la qualité des relations avec les entreprises, la participation à des essaimages, la prise de brevet.

Les principales mesures en faveur de cette forme de mobilité, dont le caractère volontaire doit être préservé, feront l'objet d'un projet de loi sur l'innovation destiné à favoriser l'essaimage des personnels de recherche vers les entreprises ainsi que le couplage entre recherche publique et entreprises.

C.- LES MESURES EN FAVEUR DES JEUNES CHERCHEURS

Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit la reconduction de la dotation de 50 millions de francs pour le dispositif d'aide au recrutement de post-doctorants par les entreprises et les EPIC, mis en place dans la loi de finances initiale pour 1998. L'objectif ainsi poursuivi est d'améliorer les conditions d'insertion professionnelle des jeunes docteurs.

Une étude sur les conditions de l'insertion professionnelle des docteurs, 6 mois après leur soutenance, a en effet mis en évidence les difficultés que ces derniers pouvaient avoir à trouver des débouchés professionnels réels. D'une part, le nombre de docteurs en attente d'un emploi durable reste élevé même s'il diminue avec le temps : 6 mois après la thèse, environ 1.200 docteurs sont sans emploi, ce chiffre passant à 580, un an plus tard. D'autre part, la précarité du premier emploi concerne un docteur sur deux et ne se résorbe que progressivement.

Dans ce contexte, le flux de départ vers l'étranger des jeunes scientifiques a suscité des craintes de voir apparaître une " fuite des cerveaux ". Actuellement, 24 % des jeunes docteurs poursuivent leur formation par un séjour post-doctoral à l'étranger, 42 % se dirigeant vers les États-Unis et 46 % choisissant l'Union européenne. Une enquête, menée par le bureau du CNRS à Washington et la Mission Scientifique et technique de l'Ambassade de France, portant sur le contingent 1996-1997 de docteurs expatriés, a montré qu'il s'agit essentiellement d'une mobilité temporaire dans le but d'études complémentaires. Toutefois, il convient de s'assurer que les jeunes scientifiques qui souhaitent revenir ne soient pas défavorisés par rapport à ceux qui sont restés en France. Des initiatives ont été prises en ce sens, comme le soutien apporté à l'Association Bernard-Grégory qui informe les jeunes docteurs expatriés des offres d'emplois proposées par les entreprises et des postes ouverts aux concours de recrutements de chercheurs et d'enseignants-chercheurs. En outre, le ministère participe à l'organisation de séminaires universitaires (les " Doctoriales ") destinés à préparer les futurs docteurs à une insertion en entreprise dès le stade de la préparation de la thèse.

Ces actions seront complétées, en 1999, par l'entrée en application effective du dispositif nouveau d'accueil de chercheurs post-doctorants prévu par la loi de finances de 1998. Votre Rapporteur rappelle que si le financement de ce dispositif était effectivement inscrit en loi de finances, à hauteur de 50 millions de francs sur l'article 60 du chapitre  43-80, les modalités pratiques de sa mise en oeuvre n'étaient pas définies avec précision. Il sera donc réellement appliqué en 1999, avec une dotation plus importante, puisque 50 millions de francs de crédits sont à nouveau prévus sur le chapitre 43-80.

Votre Rapporteur considère qu'il faudra veiller à ce que la multiplication des contrats de post-doctorants ne conduise à un simple allongement de la période de formation des jeunes chercheurs avec un statut précaire financé sur fonds publics et ne repousse d'autant le véritable recrutement et l'insertion professionnelle définitive.

II.- LA POLITIQUE D'AIDE À LA FORMATION
À ET PAR LA RECHERCHE

Les crédits consacrés à la formation à la recherche, inscrits au chapitre  43-80, passeront de 1.720 millions de francs en 1998, à 1.750 millions de francs pour 1999, soit une augmentation de 1,74 %.

Ces crédits permettent de financer des actions de formation par la recherche mais aussi de diffusion des méthodes de la recherche dans les entreprises, comme les conventions industrielles de formation par la recherche (CIFRE). Depuis 1998, ils servent également à financer le nouveau dispositif d'accueil des post-doctorants dans les entreprises et les EPIC.

A.- LES ALLOCATIONS DE RECHERCHE

Créées en 1976, ces allocations permettent à des étudiants titulaires d'un diplôme d'études approfondies (DEA) de préparer un doctorat dans des conditions matérielles satisfaisantes. Le système a été considérablement étendu depuis sa création, à la fois quant au flux de personnes concernées (1.900 allocataires en 1987, 3.800 en 1994, soit le double), la durée du contrat (le taux de couverture en troisième année a dépassé 90 %) ou le niveau de rémunération bien que, sur ce dernier point, aucune évolution n'ait été constatée depuis quelques années (7.400 francs/mois depuis 1991).

Les crédits affectés aux allocations de recherche sont passés de 1.349 millions de francs en 1997 à 1.379 millions de francs en 1998, ce qui a permis de financer les nouveaux flux annuels d'allocataires et les charges entraînées par l'accroissement des flux des années antérieures (en nombre d'allocataires et en nombre de prolongation, pour six mois ou pour un an, du contrat de deux ans initial). Cette augmentation était également destinée à supporter la charge croissante (62,5 millions de francs en 1997) des allocations pour perte d'emploi à laquelle ont droit les anciens allocataires qui ne trouvent pas de travail au terme de leur contrat. Le rapport du contrôleur financier pour 1997 relève cependant que 128 millions de francs de crédits sont restés inemployés sur le chapitre 43-80, en augmentation sensible par rapport aux années précédentes (78 millions de francs en 1996 et 31 millions de francs en 1995).

Votre Rapporteur rappelle qu'une réduction des allocations avait été décidée en 1995, afin de ramener le flux annuel des allocations de recherche à 3.600. Cette tendance a été ensuite confirmée par une nouvelle diminution de 200 allocations inscrite dans la loi de finances initiale pour 1997. Il en a résulté une baisse de la dotation correspondante de 24 millions de francs, les crédits s'établissant à un montant de 1.349 millions de francs.

La loi de finances initiale de 1998 a marqué une rupture en relevant la dotation à 1.379 millions de francs afin de permettre à un nombre plus important d'étudiants d'accéder à la formation par la recherche. Le flux annuel des allocations a ainsi été rehaussé de 3.400 à 3.700 à la rentrée 1997 et porté à 3.800 à la rentrée 1998. Les allocations supplémentaires prévues à la rentrée 1998 seront attribuées aux sciences de l'homme et de la société, une part significative étant affectée aux écoles doctorales.

Votre Rapporteur regrette vivement que le projet de budget pour 1999 ne prévoit pas de nouvelle progression du nombre d'allocations mais un simple ajustement de la dotation, correspondant à l'augmentation des flux annuels, qui passera de 1.379 à 1.429 millions de francs.

Par ailleurs, afin de promouvoir l'accès à l'information scientifique et technique des étudiants préparant un doctorat, des bourses d'information scientifique et technique (BIST) sont allouées depuis 1982 aux allocataires de recherche. Les crédits affectés à cette action, qui s'élevaient à 8 millions de francs en 1998 sont maintenus au même niveau en 1999.

Ces bourses sont attribuées depuis 1995 sous forme d'une indemnité forfaitaire unique à tous les allocataires qui s'engagent en contrepartie, à justifier l'utilisation des crédits sous la forme de livres, de périodiques ou interrogations de bases et banques de données.

B.- LES CONVENTIONS INDUSTRIELLES DE FORMATION PAR LA RECHERCHE

Le chapitre 43-80 finance aussi, à hauteur de 218 millions de francs, en 1999, le dispositif des conventions industrielles de formation par la recherche (CIFRE).

Une convention CIFRE associe trois partenaires pour la durée d'une thèse (trois ans) : une entreprise, un chercheur et un laboratoire universitaire. Le chercheur est embauché par l'entreprise, essentiellement sur contrat à durée déterminée. L'entreprise reçoit une subvention forfaitaire correspondant à la moitié environ du salaire plancher plus les charges.

Depuis leur lancement, en 1981, les CIFRE ont bien répondu à l'objectif fixé, qui était d'abord de former des ingénieurs à la recherche en leur permettant de conduire une thèse dans le cadre d'un contrat de travail avec une entreprise industrielle. Le programme CIFRE, conçu expérimentalement pour 50 thèses par an, s'est ainsi développé progressivement pour atteindre un plafond de 600 conventions par an à partir de 1990.

L'évaluation de cette procédure a donné des résultats positifs, à la fois en termes de formation doctorale et d'embauches effectives par les entreprises. A la fin de l'exercice 1997, 7.159 CIFRE avaient été attribuées depuis leur création. Sur ce nombre, 4.710 étaient terminées, 4.100 jeunes avaient soutenu leur thèse (87 %), 3.501 docteurs avaient intégré une entreprise (74,35 %) et 601 un organisme de recherche (12,76 %). En 1998, la subvention forfaitaire est de 96.000 francs HT par an et le salaire minimum d'embauche de 132.600 francs.

Le suivi, année par année, de l'embauche des CIFRE a fait apparaître, à partir de 1992, une montée des recherches d'emploi à l'issue de la convention, de l'ordre de 4 % à 5 % au début, puis plus de 10 % à partir de 1993. Les jeunes docteurs CIFRE ont donc été concernés, comme tous les ingénieurs et les docteurs, par les difficultés d'emploi. Toutefois, ces difficultés se traduisent surtout par un allongement de la période de recherche d'emploi à l'issue de la thèse mais après quelques mois, la très grande majorité des CIFRE bénéficient d'une insertion stable en entreprise (le taux de sans emploi est de l'ordre de 5 %, huit mois après la thèse).

Compte tenu de ces résultats satisfaisants et de la situation de l'emploi des jeunes docteurs, les autorisations d'engagement de CIFRE ont été portées à 800 par an, à partir de 1998. Mais, cet objectif se heurte à l'insuffisante reprise des embauches industrielles de ce niveau qui plafonnent à 1.200 par an, alors que la convention CIFRE implique précisément un contrat de travail (CDD ou CDI).

L'augmentation progressive du nombre de conventions de 600 à 800 doit se traduire par une progression corrélative du budget consacré à cette procédure. De manière paradoxale, on constate cependant une non-consommation partielle des crédits affectés à cette procédure, liée, d'une part, à une progression plus lente que prévu du nombre de CIFRE et, d'autre part, à un changement fiscal de la convention CIFRE, sortie du champ de la TVA à partir du 1er janvier 1998.

L'exécution 1998, exempte de TVA, n'est donc pas directement comparable aux consommations des exercices antérieurs, récapitulées dans le tableau ci-après.

CONSOMMATION DES CRÉDITS CONSACRÉS AUX CIFRE

Année

1995

1996

1997

1998

Budget prévu

200

210

228

248

Budget exécuté

193

199

182

-

Source  : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

Pour les mêmes raisons, la dotation prévue dans le projet de loi de finances pour 1999 enregistre une diminution de 30 millions de francs et s'établit à 218 millions de francs.

C.- LES CONVENTIONS DE FORMATION PAR LA RECHERCHE DES TECHNICIENS SUPÉRIEURS

Créées en 1989, sur le modèle des CIFRE, les conventions de formation par la recherche des techniciens supérieurs (CORTECHS) associent un technicien supérieur (DUT ou BTS), une PME/PMI et un centre de compétences (lycées, IUT, etc.) qui assure le suivi scientifique. Les financements sont délégués en régions dans le cadre des contrats de plan État-régions. La convention dure un an sur un projet innovant de l'entreprise. La subvention forfaitaire, d'un montant de 70.000 francs correspondant environ à la moitié du coût salarial d'un technicien dont le salaire annuel brut serait de 93.000 francs par an, n'est versée à l'entreprise que si le technicien suit un programme de formation.

Cette procédure s'avère bien adaptée aux demandes des PME et présente l'avantage de favoriser, dans le même temps, l'insertion professionnelle des techniciens supérieurs et l'amélioration des relations de travail entre les entreprises et les institutions d'enseignement et de recherche.

En 1996, 450 conventions ont été signées. Le financement en a été assuré par l'État à 56 %, EDF (dans le cadre de la charte des grandes entreprises pour le développement de l'emploi) à 6 %, les régions à 22 % et les Fonds européens (Fonds Social Européen) à 16 %.

Depuis juillet 1997, la gestion des CORTECHS est confiée à l'ANVAR afin d'assurer une meilleure harmonisation des procédures. Il est probable que les difficultés liées à la mise en oeuvre de nouvelles règles de gestion se traduisent par une diminution provisoire du nombre de CORTECHS en 1998. Mais, un potentiel de développement de ces procédures existe, comme tend à le prouver les disparités importantes constatées entre les régions concernant le nombre de CORTECHS. A cet égard, une évaluation de la procédure, réalisée par la DATAR et le FSE, s'interroge notamment sur la mise en place d'un outil de pilotage national. Cette évaluation est accompagnée d'une étude d'impact des CORTECHS sur l'innovation et l'emploi dans les PME destinée à fournir aux différents partenaires financiers des outils d'évaluation fiables.

La dotation du chapitre 43-80 (article 30), qui s'élevait à 35 millions de francs en 1998, sera abondée de 10 millions de francs en 1999, équivalant à 150 CORTECHS supplémentaires.

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CHAPITRE IV :

L'ORGANISATION DE LA RECHERCHE PUBLIQUE

Le budget de la section Recherche comprend principalement des subventions accordées à différents organismes qui animent la Recherche publique en France.

Outre les fondations et institutions de recherche en médecine et biologie, ces dotations sont affectées à deux catégories d'établissements publics, des établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) et des établissements publics industriels et commerciaux (EPIC) auxquels il faut ajouter le CEA dont le statut est sui generis et l'Institut français pour la recherche et la technologie polaire (IFRTP) qui est un groupement d'intérêt public (GIP).

Ces organismes percevront, en 1999, un montant, en dépenses ordinaires + crédits de paiement, de 22.463 millions de francs pour les EPST et de 13.848 millions de francs pour les EPIC, soit un total de 37.037 millions de francs qui représentent 92,6 % des crédits de budget de la Recherche. Ces dotations sont des subventions de fonctionnement du titre III (personnels), désormais imputées sur le titre IV, et des subventions d'investissement du titre VI.

Le montant total de ces dotations progresse, en 1999, de 0,7 % (en dépenses ordinaires + crédits de paiement) par rapport à la loi de finances initiale pour 1998, mais cette progression est différenciée selon le type d'organismes, comme cela est détaillé ci-après en distinguant les EPST d'une part et les EPIC d'autre part. 

Votre Rapporteur rappelle que la principale différence statutaire entre EPST et EPIC porte sur le statut des personnels, qui appartiennent à la fonction publique avec certaines mesures dérogatoires pour les premiers, et qui sont de statut privé pour les seconds.

Le régime conventionnel, l'absence de contrôle financier a priori, la présentation d'un état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD) devant le conseil d'administration qui n'a qu'une valeur indicative et non pas limitative comme les budgets primitifs des EPST, l'existence concomitante pour certains d'une comptabilité budgétaire et d'une comptabilité analytique donnent en principe aux EPIC une plus grande souplesse dans l'utilisation de leurs moyens budgétaires, notamment dans le financement des dépenses salariales.

Ainsi les EPIC peuvent-ils couvrir une partie de leurs dépenses salariales avec des ressources autres que budgétaires, et donc rémunérer une partie de leur personnel sur ressources propres (seule, l'évolution de leur masse salariale fait l'objet d'un encadrement strict de la part des tutelles) alors que les EPST ne peuvent rémunérer sur ressources propres qu'un pourcentage très limité (1 à 2 %) de leurs effectifs en contrat à durée déterminée. Ils disposent d'une plus grande liberté sur la fixation des modalités de recrutement, sur le niveau des rémunérations et sur les pyramides de qualification par métiers, qui font l'objet d'une négociation collective avec les représentants du personnel. La gestion des ressources humaines se fait globalement à l'intérieur de deux grandes catégories : cadres et non cadres, sans reposer sur une segmentation en corps, spécifique de la fonction publique.

En revanche, les EPIC, dans le cadre du droit du travail et de la législation en vigueur, ne peuvent pas recruter de personnel sur des contrats à durée déterminée (CDD) pour une durée supérieure à dix-huit mois, alors que les EPST peuvent faire appel à du personnel contractuel pour une période de trois ans renouvelable pour des emplois dans les corps d'ingénieurs.

I.- LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS À CARACTÈRE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE

Les subventions de l'État aux EPST augmentent de 2,2 % en dépenses ordinaires + crédits de paiement (22.463 millions de francs) et de 2 % en autorisations de programme (4.122 millions de francs). Cette progression s'accompagne d'un rééquilibrage au profit des soutiens de programme, avec pour objectif, de renforcer les moyens de fonctionnement des structures de base de la recherche publique.

L'évolution des dotations des EPST est retracée par le tableau ci-après :

DOTATIONS DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS À CARACTÈRE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE (EPST)

(en millions de francs)

 

Dépenses ordinaires

Autorisations de programme

Crédits
de paiement

Dépenses ordinaires + crédits de paiement

 
 

Loi de finances initiale
1998

Projet
de loi de finances 1999

Loi de finances initiale
1998

Projet
de loi de finances 1999

Loi de finances initiale
1998

Projet
de loi de finances 1999

Loi de finances initiale
1998

Projet
de loi de finances 1999


Évolution

(en %)

INRA

2.911,58

2.980,19

507,87

518,37

513,27

520,35

3.424,85

3.500,54

2,2

CEMAGREF

210,94

218,98

26,36

27,36

25,11

27,15

236,05

246,13

4,3

INRETS

175,34

179,45

39,28

40,28

39,47

39,63

214,81

219,08

2,0

LCPC

183,38

225,80

25

46,39

21,82

44,36

 

270,16

 

INRIA

321,57

331,96

163,46

164,26

158,69

161,83

480,26

493,79

2,8

CNRS et instituts

11.194,47

11.400,85

2.477,82

2.499,09

2.527,27

2.537,96

13.721,74

13.938,81

1,6

INSERM

1.960,47

2.023,41

594,72

620,02

602,70

624,23

2.563,17

2.647,64

3,3

INED

62

63,93

23,31

23,31

23,44

23,30

85,44

87,23

2,1

ORSTOM

849,21

868,78

182,91

183,11

182,08

183,75

1.031,23

1.052,53

2,1

Dotation d'emplois d'EPST à répartir

15,27

7,37

-

-

-

-

-

7,37

-

Total EPST

17.700,85

18.300,72

4.040,73

4.122,19

4.093,85

4.162,56

21.978,08

22.463,28

2,2

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

L'essentiel de cette croissance (485 millions de francs) provient des dépenses ordinaires qui absorberont à elles seules 81 % (600 millions de francs) de l'abondement des crédits.

Les dotations en capital connaissent une progression moins importante (2 %) que les dépenses ordinaires mais, au sein de ces crédits, la priorité est donnée aux soutiens des programmes, dotations permettant d'assurer le fonctionnement courant des laboratoires, qui augmentent de 7,7 % afin d'assurer la nécessaire aisance matérielle des activités de recherche. En revanche, les autres autorisations de programme, affectées aux actions incitatives et aux dépenses d'équipement et d'immobilier, diminuent de 8,6 %.

A.- LA POLITIQUE DES RESSOURCES HUMAINES AU SEIN DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS À CARACTÈRE SCIENTIFIQUE ET TECHNOLOGIQUE

1.- Les créations d'emplois

Le budget pour 1999 s'inscrit dans la continuité de l'effort de relance de l'emploi scientifique entrepris l'année dernière puisqu'il prévoit la création de 100 emplois de chercheurs dont 86 seront attribués directement aux EPST et de 34 emplois de personnels ITA.

Cet effort est moins significatif qu'en 1998, où s'était manifestée une volonté de rattrapage, après plusieurs années de forte de réduction des effectifs budgétaires, qui étaient passés de 43.655 (chercheurs et ITA additionnés) en 1994 à 42.730 en 1997, soit une suppression de 925 postes en trois ans. Il vise à maintenir un taux moyen de recrutement de chercheurs, en privilégiant les plus jeunes, afin d'entretenir la vitalité du système de recherche publique marqué par un fort vieillissement des équipes de chercheurs.

La répartition des créations de postes dans les EPST est retracée dans le tableau ci-après :

EMPLOIS INSCRITS AU PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1999


Organismes

Emplois inscrits en LFI 1998

Affectation de la réserve 1998

Créations d'emplois 1999

Transferts 1999

Emplois inscrits au PLF 1999

 

Chercheurs

ITA

Total

Chercheurs

ITA

Chercheurs

ITA

Chercheurs

Chercheurs

ITA

Total

INRA

1.784

6.731

8.515

4

9

3

 

_ 2

1.789

6.740

8.529

CEMAGREF

75

534

609

1

   

2

 

76

536

612

INRETS

152

259

411

         

152

259

411

INRIA

341

396

737

   

5

5

 

346

401

747

CNRS

11.683

14.594

26.277

10

8

40

8

 

11.733

14.610

26.343

INSERM

2.165

2.795

4.960

 

4

37

7

 

2.202

2.806

5.008

ORSTOM

823

786

1.609

6

 

1

11

 

830

797

1.627

INED

57

105

162

     

1

 

57

106

163

Total EPST

17.080

26.200

43.280

21

21

86

34

_ 2

17.185

26.255

43.440

Réserve d'emplois

21

21

42

_ 21

_ 21

12

9

 

12

9

21

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

On constate que le CNRS et l'INSERM sont les établissements qui bénéficieront de la majorité des créations d'emplois inscrites dans le budget en 1999, respectivement 40 et 37 emplois sur les 86 créés, ce qui traduit l'accent mis sur la dynamisation des travaux en matière de recherche biologique et médicale.

S'agissant de l'emploi ITA, la création de 34 emplois dans le projet de loi de finances pour 1999 vise à renforcer les effectifs d'ingénieurs et de techniciens au sein des établissements mais elle est, selon votre Rapporteur, notoirement insuffisante. Elle devrait néanmoins permettre la poursuite de l'apurement progressif de situations pénalisantes dans certains organismes comme l'INRIA (résorption de l'emploi vacataire de longue durée) et l'ORSTOM (contrainte juridique de titularisation de contractuels locaux dans les territoires d'outre-mer), notamment. En outre, cet effort contribuera, dans une certaine mesure, au rééquilibrage de la pyramide des emplois vers les corps d'ingénieurs et de techniciens, afin de répondre aux besoins stratégiques de recrutement exprimés par certains établissements de recherche, dont le CNRS, le CEMAGREF et l'INSERM.

Si l'effort de création d'emplois est beaucoup moins important qu'en 1998, on relève cependant que des mesures significatives de revalorisation des carrières sont prévues.

2.- Les mesures d'amélioration de la situation des personnels

Conformément aux dispositions du " Protocole Durafour " de 1990 sur la rénovation de la grille de la fonction publique, le pyramidage progressif du grade des ingénieurs d'études hors-classe se poursuit par la transformation de 37 emplois d'ingénieurs d'études de 2ème classe et d'un emploi de 1ère classe. La 1ère classe, qui bénéficie de la transformation de 12 emplois de 2ème classe sera ainsi pyramidée conformément aux quotas statutaires (20 % des effectifs du corps).

Par ailleurs, une mesure transversale aux EPST permettra la conversion de 690 emplois administratifs en emplois d'ingénieurs et de techniciens, dans la logique de rééquilibrage de la pyramide des emplois selon les niveaux pertinents de recrutement exprimés par les organismes. Cette mesure, d'un coût total de 3,6 millions de francs, affectera les différents établissements de la manière suivante :

· INRETS 12 emplois

· CNRS 256 emplois

· INRA 190 emplois

· CEMAGREF 22 emplois

· INRIA 20 emplois

· ORSTOM 45 emplois

· INSERM 135 emplois

· INED 10 emplois

Votre Rapporteur souligne la nécessité, en la matière, de satisfaire un double besoin en emplois scientifiques mais aussi administratifs.

Enfin, le projet de loi de finances pour 1999 intègre aussi les incidences budgétaires du glissement-vieillesse-technicité (GVT) et de l'accord salarial du 10 février 1998 qui prévoit des mesures en faveur des bas salaires ainsi que de revalorisation du point fonction publique. Dans les EPST, les incidences du GVT (taux moyen de 0,85 %) sont estimées, en 1999, à 144,3 millions de francs et celles de l'accord salarial à 204,9 millions de francs (dont 98,6 millions de mesures nouvelles), soit au total 349,2 millions de francs.

B.- LA PRIORITÉ AUX SOUTIENS DE PROGRAMME

Outre le développement du potentiel humain de recherche, le budget pour 1999 poursuit l'effort de restauration des moyens des laboratoires en augmentant les dotations de soutien des programmes de 7,7 % pour les EPST.

Votre Rapporteur rappelle que les soutiens de programmes sont comptabilisés dans les dépenses en capital (autorisations de programme = crédits de paiement) mais que cette notion budgétaire, propre à la recherche publique, désigne en fait des crédits de fonctionnement ou de petit équipement des laboratoires. Ce sont les soutiens de programmes qui déterminent l'activité quotidienne des équipes de recherche.

Leur part dans la structure des dépenses peut varier fortement d'un EPST à l'autre comme le montre le tableau ci-après.

STRUCTURE DES DÉPENSES DES EPST EN 1998

(en millions de francs hors taxes)


Dépenses

INRA

CEMAGREF

INRETS

INRIA

CNRS

INSERM

INED

ORSTOM

Ensemble des EPST

 

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Personnel (1)

2.465,5

73

193,2

60

148,1

68

269,4

51

9.519,7

74

1.638,6

68

51,5

51,5

851

76

15.137

72

Administration et services communs

9,8

-

17,4

5

7,6

3

8,7

2

100,6

1

42,6

2

15,6

15,6

17,1

2

219,4

1

Soutien de base

748,5

22

91,8

28

53,3

24

164,6

31

2.429,9

19

613,3

25

7,3

7,3

164,6

15

4.273

20

Actions incitatives et engagements internationaux

43,4

1

13,2

4

3,9

2

72,5

14

453,1

4

82,2

3

1,0

1

75,0

7

743,3

4

Immobilier

94,9

3

4,7

1

3

1

17,9

3

176,3

1

31,7

1

-

-

5,6

1

334,1

2

Gros équipement

12,7

-

2,5

1

2

1

-

-

155,8

1

17,3

1

-

-

4

 

164,3

1

Total

3.374,8

100

322,8

100

217,9

100

533,1

100

12.835,1

100

2.425,7

100

74,4

100

1.117,3

100

20.901,1

100

(1) y compris les dépenses de formation et d'action sociale.

Source : budgets primitifs.

On constate la part largement dominante des dépenses de personnel des EPST, qui représentent en moyenne près de 73 % des dépenses totales. Cette proportion met en évidence la nécessité de veiller à une progression des dotations de soutiens de programmes afin qu'elles accompagnent la croissance des effectifs de chercheurs et de personnels ITA et que ces derniers puissent travailler dans des conditions satisfaisantes.

L'évolution des soutiens de programmes a été privilégiée puisque leurs dotations progressent de 7,7 %, comme le montre le tableau ci-après.

ÉVOLUTION DES DOTATIONS EN SOUTIENS DE PROGRAMMES

 

LFR 1993

LFR 1994

LFR 1995

LFR 1996

LFR 1997

LFI 1998

PLF 1999

Évolution PLF 1999/LFI 1998
(en %)

INRA

342.660

342.700

342.700

342.700

328.824

346.270

366.770

+ 5,9

CEMAGREF

23.390

22.575

3.400

3.400

8.018

9.560

10.560

+ 10,5

INRETS

26.300

26.241

31.600

31.600

28.202

29.380

29.380

_ 15,3

LCPC

         

6.500

28.574

+ 339,6

INRIA

80.190

79.752

79.752

79.752

74.796

80.360

81.160

+ 1

CNRS

1.354.890

1.368.900

1.368.900

1.364.900

1.465.310

1.520.600

1.638.670

+ 7,8

INSERM

466.236

458.422

459.660

458.830

450.890

462.920

500.020

+ 7,6

INED

20.710

23.934

24.500

18.500

21.507

22.210

22.210

-

ORSTOM

164.511

162.475

167.000

152.000

148.933

154.760

157.360

+ 1,71

Total

2.478.887

2.484.999

2.477.512

2.451.682

2.526.480

2.632.760

2.834.704

+ 7,7

Indice

(base 100 en 1991)

107

107,2

106,9

105,8

109

113,3

121,1

122,3

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

Cette progression, significative par rapport à celle enregistrée l'année dernière (+ 3%), rompt avec les dotations accordées pendant la période 1993-1997, où les soutiens de base des laboratoires des EPST avaient connu une relative stagnation.

On observera que cette augmentation est légèrement influencée par l'intégration, dans le projet de loi de finances pour 1999, des crédits alloués au Laboratoire central des Ponts et Chaussées (LCPC), désormais inscrits sur le fascicule " Recherche ". A structure constante, en effet, l'augmentation des dotations de soutien de programmes est de 6,4 %, ce qui reste conséquent.

Compte tenu des créations de postes du projet de loi de finances 1999, l'évolution de la part chercheur, c'est-à-dire de la part de soutien de programme par chercheur connaîtra une forte augmentation comme le montre le tableau ci-après.

PART DES CHERCHEURS DANS LES EPST

 

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

INRA

194,7

193,9

192,5

192,5

185,7

194,1

205

CEMAGREF

334,1

313,5

47,2

47,2

109,8

127,5

140,8

INRETS

176,5

174,9

210,7

210,7

188

193,3

193,3

INRIA

274,6

262,3

253,2

245,4

228,7

235,7

234,6

CNRS

119,1

120,2

120,2

119,9

128,7

130,2

139,7

INSERM

223,9

219,1

216,1

215,7

213,2

213,8

227,1

INED

334

386

429,8

324,6

377,3

389,6

389,6

ORSTOM

193,5

191,1

199

183,4

180,7

188

189,6

Ensemble des EPST

149

149

148,1

146,6

151,3

153,8

163,3

Indice

(base 100 en 1991)

104,5

104,5

104

102,9

106,2

107,9

114,6

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie

Votre Rapporteur se déclare satisfait de cette augmentation par rapport à l'évolution de la part chercheur enregistrée en 1998, qu'il avait jugée insuffisante. Toutefois, il constate qu'elle est sans doute le résultat du nombre moins élevé des créations de postes prévues dans le projet de loi de finances pour 1999 et souligne, une nouvelle fois, la nécessité de mettre l'accent sur ce domaine vital de la recherche publique.

Il faut enfin relever que le renforcement des moyens des structures de base de la recherche publique s'est effectué par redéploiement des crédits incitatifs des EPST, c'est-à-dire des crédits consacrés aux programmes pluridisciplinaires ou aux actions d'interface entre le monde de la recherche et ses utilisateurs. Or, à la différence des EPIC qui disposent de plus de ressources propres, les subventions allouées aux laboratoires des EPST évoluent en fonction du taux de croissance des crédits publics, comme le montre le tableau ci-après.

STRUCTURE DES RESSOURCES DES EPST EN 1998

(en millions de francs hors taxes)

Ressources

INRA

CEMAGREF

INRETS

INRIA

CNRS

INSERM

INED

ORSTOM

Ensemble des EPST

 

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

Montant

(en %)

DO (titre III)

2.430

 

199,9

 

145,4

 

266,7

 

9.282,3

 

1.625,6

 

51,4

 

846,3

 

14.847,6

 

CP (titre VI)

449,7

 

25,6

 

34,7

 

141,9

 

2.301,4

 

513,9

 

19,5

 

181,5

 

3.668,2

 

Total subventions État (1)

2.879,7

85

225,5

70

180,1

83

408,6

77

11.583,9

90

2.139,5

88

70,9

95

1.027,8

92

18.515,8

89

Ressources propres (2)

495,1

15

97,3

30

37,8

17

124,5

23

1.251,4

10

286,2

12

3,5

5

89,5

8

2.385,3

11

Total

3.974,8

100

322,8

100

217,9

100

533,1

100

12.835,1

100

2.425,7

100

74,4

100

1.117,3

100

20.901,1

100

(1) Les subventions de l'État sont celles, récurrentes, attribuées par les ministères de tutelle dans le cadre du BCRD, au titre de la rémunération, de la formation, et de l'action sociale du personnel, du soutien des programmes et des investissements.

(2) Les ressources propres, entendues ici au sens large, peuvent être d'origine publique ou privée. Elles incluent les produits financiers, les redevances pour brevets et licences, les ventes de produits divers, les prestations de service et, d'une manière générale, les recettes sur contrats et conventions passées avec des tiers privés et publics, y compris l'État.

Source : budgets primitifs.

Or, le redéploiement effectué au profit des soutiens de programme aboutit, au total, à une diminution des crédits dédiés aux actions incitatives de 102 millions de francs par rapport à la loi de finances initiale pour 1998.

II.- LES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS
INDUSTRIELS ET COMMERCIAUX

Outre les établissements publics à caractère scientifique et technologique, le budget du ministère de la Recherche verse également des subventions à certains établissements publics, ce financement n'étant pas exclusif de la participation d'autres ministères comme ceux chargés de l'Environnement et de l'Industrie pour l'ADEME ou le ministère de la Défense pour le CNES.

Dans un souci de lisibilité, on précisera que crédits affectés aux dépenses ordinaires des EPIC sont désormais inscrits sur le titre IV et non plus sur le titre III, comme c'était le cas jusqu'à présent. Cette modification de la présentation des crédits de fonctionnement des EPIC n'a pas d'incidence budgétaire.

A.- LA STRUCTURE DE FINANCEMENT DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS INDUSTRIELS ET COMMERCIAUX

L'évolution des dotations des EPIC sur le fascicule Recherche est retracée dans le tableau ci-après.

DOTATIONS DES ÉTABLISSEMENTS PUBLICS À CARACTÈRE INDUSTRIEL ET COMMERCIAL

(en millions de francs)

 

Dépenses
ordinaires

Autorisations de programme

Crédits
de paiement

Dépenses ordinaires + crédits de paiement

 
 

Loi de finances initiale
1998

Projet
de loi de finances 1999

Loi de finances initiale
1998

Projet
de loi de finances 1999

Loi de finances initiale
1998

Projet
de loi de finances 1999

Loi de finances initiale
1998

Projet
de loi de finances 1999

Évolution
(en %)

CEA

2.916

2.959,50

325,50

375

325,50

375

3.241,50

3.334,50

2,9

CNES

915

915

7.400

7.070

7.650

7.320

8.565

8.235

- 3,9

ADEME

49,15

50,15

134,02

134,02

139,68

134,31

188,83

184,46

- 2,3

IFREMER

498,39

513,91

470,50

405,38

461,12

435,01

959,51

948,92

- 1,1

CIRAD

560,64

572,64

145,25

145,25

143,81

145,26

704,45

717,90

1,9

IFRTP

55,34

55,84

35,00

31,50

35,54

31,87

90,88

87,71

- 3,5

BRGM

241

244,80

93,50

94,84

93,50

94,84

334,50

339,64

1,5

Total EPIC

5.235,52

5.311,85

8.603,77

8.255,99

8.849,15

8.536,29

14.084,67

13.848,13

- 1,7

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

La simple observation de ces données ne suffit pas à évaluer correctement l'évolution des moyens mis à la disposition des EPIC car ils disposent d'un montant de ressources propres supérieur à celui des EPST. Ces ressources propres peuvent être d'origine publique ou privée : elles incluent les produits financiers, les redevances pour brevets et licences, les ventes de produits divers, les prestations de service et, d'une manière générale, les recettes sur contrats et conventions passés avec des tiers privés et publics, y compris l'État.

Le tableau ci-après récapitule la structure des ressources des EPIC en 1998.

STRUCTURE DES RESSOURCES DES EPIC EN 1998

(en millions de francs)


Ressources

IFREMER

CIRAD

ADEME

CEA (civil)

CNES

Ensemble
des EPIC

 

Montant

%

Montant

%

Montant

%

Montant

%

Montant

%

Montant

%

DO (titre III ou IV)

381,2

 

560,6

 

178,2

 

5.322

 

758,7

 

7.200,7

 

CP (titre VI)

461,1

 

143,8

 

283,5

 

651

 

7.939,1

 

9.478,5

 

Total subventions État (1)

842,3

88

704,4

68

461,7

24

5.973

57

8.697,8

57

16.679,2

56

Ressources propres

112,5

12

325,5

32

1.424

76

4.560

43

6.636

43

13.058

44

Total ressources

954,8

100

1.029,9

100

1.885,7

100

10.533

100

15.333,8

100

29.674,1

100

(1) Les subventions de l'État sont celles, récurrentes, attribuées par les ministères de tutelle dans le cadre du BCRD, au titre de la rémunération, de la formation et de l'action sociale du personnel, du soutien des programmes et des investissements.

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

On constate que les subventions de l'État ne représentent en moyenne que 56 % des ressources des EPIC.

De même, la structure de leurs dépenses se différencie nettement de celle des EPST comme le montre le tableau ci-dessous.

STRUCTURE DES DÉPENSES DES EPIC EN 1998

(en millions de francs)


Dépenses

IFREMER

CIRAD

ADEME

CEA (civil)

CNES

Ensemble
des EPIC
(3)

 

Montant

%

Montant

%

Montant

%

Montant

%

Montant

%

Montant

%

Personnel (1)

595,3 (2)

62

689,1

67

265,9

14

5.388

51

1.220,9

8

8.167,3

27

Administration et services communs

65,5

7

96,4

9

357,5

19

878

8

1.770,1

12

3.167,4

11

Soutien de base aux UR

219,2

23

187,6

18

 

-

3.055

29

5.270,0

34

8.731,8

29

Actions incitatives et engagements internationaux

15

2

6

1

1.180,5

63

 

-

4.697,0

31

5.898

20

Immobilier et gros équipement

59,8

6

8,7

1

8,3

-

1.210

11

2.349,7

15

3.627,5

12

Autres

 

-

42,1

4

73,5

4

2

-

26,1

 

143,7

1

Total dépenses

954,8

100

1.028,7

100

1.885,7

100

10.533

100

15.333,8

100

29.735,7

100

(1) y compris les dépenses de formation et d'action sociale.

(2) y compris les personnels marins de la flotte de GENAVIR.

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

La part des dépenses consacrées au personnel et à l'administration y atteint moins de 40 % en moyenne alors que celle des actions incitatives et des engagements internationaux atteint 31 % pour le CNES (Agence spatiale européenne) et 63 % pour l'ADEME. De même la part des soutiens de programmes est nettement plus élevée que celle des EPST avec une moyenne de 29 %.

Une fois ces éléments rappelés, on constate que les dotations prévues dans le budget 1999 pour les EPIC connaissent une diminution de 1,7 % en dépenses ordinaires et crédits de paiement, alors que les subventions allouées aux EPST progressent de 2,2 %. Cette diminution masque néanmoins des évolutions contrastées selon les établissements, certains enregistrant une baisse non négligeable comme l'IFREMER
(_ 1,1 %) ou l'ADEME (_ 2,3 %); d'autres, au contraire, bénéficiant d'une augmentation comme le CIRAD (+ 1,9 %). Compte tenu de leur montant, les dotations du CNES et du CEA, font l'objet d'une analyse particulière nfra.

Ces observations doivent cependant être nuancée par l'analyse des dotations en dépenses ordinaires, qui augmentent en 1999 de 1,5 %. Cette progression correspond en effet à une actualisation de 2 % de la masse salariale de l'ensemble de ces organismes, qui constitue un élément d'amélioration de la situation des personnels de ces établissements.

En outre, ces évolutions recouvrent des réalités différentes puisque l'ADEME, par exemple, bénéficie en réalité d'une très forte augmentation de ces moyens dans le cadre de la relance de la politique de maîtrise de l'énergie, qui apparaît sur le budget du ministère chargé de l'Environnement et, dans une moindre mesure, sur le budget du ministère chargé de l'Industrie.

Quant à l'IFREMER, la diminution de ses crédits est directement liée à une interrogation concernant la politique de thésaurisation de cet organisme en vue du prochain renouvellement de sa flotte océanographique.

Votre Rapporteur rappelle que l'IFREMER, créé en 1984, est le seul organisme français à vocation entièrement maritime. Placé sous la tutelle conjointe des ministères chargés de la Recherche, de l'Agriculture et de la Pêche et de l'Équipement, il dispose de 72 laboratoires ou services de recherche sur tout le littoral métropolitain et dans les DOM-TOM. Cet établissement a élaboré un plan de renouvellement de sa flotte en vue de pouvoir disposer à tout moment de navires offrant les capacités d'intervention techniques les mieux adaptées. Ce plan prévoit notamment la construction d'un navire d'exploration profonde (NEP) pour lequel l'IFREMER a amorcé une politique de provisionnement. Ces orientations sont aujourd'hui contestées, ce qui a motivé une diminution de 65 millions de francs de la dotation de cet organisme en autorisations de programme, pour 1999. Outre le fait que cette réduction est masquée par le taux de diminution de 1,1% en DO + CP, elle paraît excessive.

B.- LE FINANCEMENT DES ACTIVITÉS CIVILES DU COMMISSARIAT À L'ÉNERGIE ATOMIQUE

Regroupant près de 11.000 chercheurs, ingénieurs et collaborateurs, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) développe des activités de recherche centrées sur la maîtrise et la connaissance de l'atome dans ses applications à l'énergie, l'industrie, la santé, l'environnement et la défense.

Le budget de la Recherche est donc naturellement appelé à contribuer au financement de ses travaux, mais là encore, à titre non exclusif. Le CEA dispose, en outre, comme tout EPIC, de ressources propres, ce qui rend la structure de son financement particulièrement complexe comme l'illustre le tableau ci-après.

On rappellera que les crédits en dépenses ordinaires des EPIC figurent désormais au titre IV, ce qui explique la création d'un chapitre nouveau 43-15, en remplacement du chapitre 36-83. Les crédits imputés au chapitre 62-00 ne subissent, en revanche, aucune modification.

FINANCEMENT DES ACTIVITÉS CIVILES DU CEA

(en milliers de francs)

 

Loi de finances initiale 1997

Loi de finances initiale 1998

Projet de loi de finances 1999

Évolution 1999/1998

(en %)

Chapitre 36-83 (ancien)

       

- Recherche

2.087.810

2.916.000

-

-

- Industrie

3.675.190

2.916.000

-

-

Chapitre 43-15 (nouveau)

       

- Recherche

-

-

2.959.500

-

- Industrie

-

-

2.959.500

-

Total Interventions publiques

(titre IV)

5.763.000

5.832.000

5.919.000

1,49

Chapitre 62-00

       

- Recherche

51.200

325.500

375.000

-

- Industrie

50.000

325.500

375.000

-

Total crédits de paiement (titre VI)

101.200

651.000

750.000

15,21

Total subvention civile

5.864.200

6.483.000

6.669.000

2,87

Compte d'affectation spéciale privatisations

350.000 (1)

-

-

-

Crédits défense

200.000 (1)

     

Total subvention

6.414.20

6.483.000

6.669.000

2,87

Recettes externes civiles

3.858.833

3.886.9

3.857.000

- 0,75

Recettes exceptionnelles

550.000

525.000

534.000

1,70

Solde cessions internes civiles/dépenses

162.100

148.400

140.200

- 5,53

Total ressources civiles

10.985.130

11.043.300

11.150.200

0,97

(1) report de crédits au titre de la recherche duale de l'exercice 1996 sur l'exercice 1997.

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

Votre Rapporteur rappelle que la loi de finances initiale pour 1998 a entamé un effort de rebudgétisation des crédits destinés au CEA, en mettant fin aux dotations provenant du compte d'affectation spéciale de répartition des produits de cession de titres du secteur public ainsi qu'aux reports de crédits émanant du ministère de la Défense au titre du financement de la recherche à finalité civile et militaire (simulation numérique, sûreté des chaufferies nucléaires, destruction des déchets).

Cette rebudgétisation a permis de renouer avec un financement budgétaire classique du titre VI, que le projet de loi de finances pour 1999 prolonge, les budgets de la recherche et l'industrie contribuant à part égale pour un montant total de 750 millions de francs en crédits de paiement.

Les dépenses ordinaires du CEA augmenteront de 43 millions en 1999, soit une progression de 1,5 %, inférieure à celle enregistrée dans les EPST (+ 2,3%). Cette différence tient notamment au fait que le mécanisme du glissement-vieillesse-technicité y est moins rigoureux ainsi qu'à la politique de réduction de ses effectifs qu'a mis en place le CEA depuis une dizaine d'année (diminution de 22,6 % des effectifs au total depuis 1988).

L'effectif du CEA étant aujourd'hui stabilisé à 11.354 personnes, la dotation inscrite au chapitre 43-15 sera affectée, pour l'essentiel, à l'augmentation du coût unitaire de main-d'_uvre fixée par les ministères de tutelle à 2%, étant précisé que l'effet report des mesures salariales de 1998 est de 1,3%. Il convient de remarquer que les crédits, imputés sur ce chapitre font régulièrement l'objet d'annulations en cours de gestion (13,3 millions de francs dans l'arrêté d'annulation du 9 juillet 1997), mais leur ampleur reste faible au regard du montant total.

S'agissant des dotations du titre VI, le projet de loi de finances pour 1999 prévoit une augmentation significative de 15,2 % par rapport à la loi de finances initiale pour 1998. Cette dotation supplémentaire de 100 millions de francs permet de poursuivre l'effort de rebudgétisation effectué en loi de finances initiale pour 1998, sans retrouver toutefois le niveau nécessaire au financement des investissements autorisés, qui s'élève, d'après le CEA, à 1.200 millions de francs par an.

Cette évolution appelle, de la part de votre Rapporteur, plusieurs observations.

Tout d'abord, il convient de noter que les crédits disponibles sur le chapitre 62-00 s'élèvent à un montant de 2.378 millions de francs en autorisations de programme, inchangé depuis quelques années. Cette dotation reste en effet inutilisée en raison de l'absence de crédits de paiement ouverts au même chapitre. Comme le rappelle la Cour des comptes, " cette situation découle en partie du fait de l'inscription de la plus grande partie des dépenses en capital de l'organisme au budget l'Industrie celui de la Recherche ayant en quelque sorte hérité de reliquats de la gestion antérieure ". Il conviendrait d'annuler ces crédits dans la mesure où ils donnent une image erronée sur les crédits de paiement qui restent à ouvrir sur le budget de la Recherche.

Surtout, votre Rapporteur s'interroge sur les capacités de financement du CEA au regard des charges auxquelles il doit aujourd'hui faire face. Le CEA devra, en effet, assurer, dans les prochaines années, la charge financière du programme d'assainissement lié au démantèlement de ses centres civils dont la durée de vie s'achève. Ce plan concerne la gestion des déchets radioactifs et des combustibles expérimentaux usés ainsi que le démantèlement des installations nucléaires mises à l'arrêt définitif. Son financement était assuré, jusqu'à cette année, dans le cadre d'une convention signée en août 1993, entre le CEA, EDF et Cogema qui prévoyait un cofinancement avec ces organismes à hauteur de 500 millions de francs par an. Cette convention a pris fin en 1998 permettant un financement du plan d'assainissement d'environ 3 milliards de francs. Mais, ce plan devrait se poursuivre jusqu'en 2010/2015 et représenter, au total 20 milliards de francs, ce qui pose le problème du financement de cet effort, dès 1999.

L'expiration de la convention de cofinancement entraîne, en effet, une baisse de 200 millions de francs des ressources du CEA, à laquelle s'ajoute une diminution de 100 millions de francs liée à la baisse de la redevance sur le retraitement payé par Cogema. Au total, le CEA doit faire face à une baisse de ses ressources de 300 millions de francs en 1999.

Une recette exceptionnelle d'un montant de 534 millions de francs devra donc être recherchée dans des cessions d'actifs de CEA-Industrie pour contribuer au financement des actions d'assainissement des installations civiles, comme cela a déjà été le cas au cours des 5 années précédentes, à hauteur de 150 millions de francs en 1995, 285 millions en 1996, 550 millions en 1997 et 525 millions en 1998.

Toutefois, il est difficilement concevable que le CEA supporte seul la charge du programme d'assainissement, tout en continuant ses activités de recherche et son effort d'investissement. C'est pourquoi, votre Rapporteur considère qu'il est nécessaire de poursuivre et de renforcer l'effort de rebudgétisation du CEA afin de lui procurer un horizon prévisionnel lui permettant, à moyen terme, de piloter ses orientations.

C.- LE CENTRE NATIONAL D'ÉTUDES SPATIALES

Crée en 1961, le Centre d'études spatiales (CNES) est placé sous la double tutelle des ministères chargés de la Recherche et de la Défense. Chargé de proposer les orientations de la politique spatiale de la France, il remplit cette mission en participant aux programmes de l'Agence spatiale européenne (ESA) et en réalisant un programme national destiné à garantir une compétitivité industrielle forte au niveau mondial.

1.- Situation financière du Centre national d'études spatiales

Au début des années 1990, le CNES a accumulé un endettement croissant qui s'est élevé en 1995 à 3,7 milliards de francs, résultant de décalages croissants entre ses autorisations de programme et ses crédits de paiement, d'emprunts liés au lanceur lourd Ariane 5 et du retard des versements financiers à l'ESA.

Au prix d'un réaménagement difficile de ses programmes et d'importantes économies de gestion, le CNES a appliqué le plan de résorption de la dette défini en 1996 avec ses autorités de tutelle.

L'effort de désendettement a été orienté dans deux directions :

·   Dans le cadre de la contribution de la France à l'Agence spatiale européenne (ESA)

Votre Rapporteur rappelle que les appels à contribution de l'ESA totalisent de l'ordre de 500 millions de francs par an, soit un peu plus de 50 % des subventions que le budget de l'État consacre à l'activité spatiale.

En 1993, les arriérés de contribution atteignaient 2.200 millions de francs, que le plan d'apurement de 1996, a permis de ramener à 1.112 millions de francs, comme le montre le tableau ci-dessous :

CONTRIBUTION DE LA FRANCE A L'AGENCE SPATIALE EUROPÉENNE

(en millions de francs)

 

1995

1996

1997

1998

Appels de contribution :

4.848

4.843

4.806

4.535

Paiements avant le 31 décembre de l'année n

5.119

5.202

5.035

4.697

Paiements en période complémentaire n

416

34

   

Paiements dans l'exercice

5.535

5.236

5.035

4.697

Dette de contribution

1.734

1.341

1.112

950

Charge financière

66

26

12

6

Source : CNES.

Il convient de noter que ces insuffisances de paiement ont été neutres pour l'ESA qui peut recourir à l'emprunt sans supporter la charge des intérêts financiers, assumée par les pays. C'est ainsi que le CNES a été conduit à supporter, fin 1995, une charge de 66,5 millions de francs à ce titre. Afin d'en limiter l'ampleur, un effort a été réalisé qui a permis de réduire le poids de ces intérêts, désormais inférieur à 5 millions de francs par an jusqu'à l'extinction complète des arriérés, prévue en 2002.

·   Dans le cadre des autres activités du CNES

Le CNES a également été confronté à des difficultés financières liées à un décalage important entre autorisations de programme et crédits de paiement, qui s'est élevé à 577 millions de francs fin 1996. S'est ajouté à cette situation, un déficit des sections fonctionnement et opérations de capital qui a aboutit à une dette de 926 millions de francs en plus des arriérés de contribution à l'ESA.

Un dispositif d'apurement a été mis en place en 1996, reposant principalement sur des économies de fonctionnement et une limitation des engagements nouveaux. Ce dispositif a permis, en deux années budgétaires, de quasiment annuler la dette constatée fin 1995.

Au total, les arriérés de contribution à l'ESA constituent à ce jour, le seul poste de dette du CNES, comme le montre le tableau ci-après.

RÉCAPITULATIF DU STOCK DE DETTES DE FIN D'EXERCICE
(Apurements réalisés en 1995-1996, prévisions 1997-2001)

 

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

 

Compte fin.

Prévision

Réalisation

Prévision

Réalisation

Initial

EPRD 1

PMT

PMT

PMT

PMT

 

Stock de dettes

ESA

- 2.757

- 2.364

- 2.384

- 1.681

- 1.593

- 950

- 950

- 700

- 450

- 200

 

Dette de contribution

- 1.734

- 1.341

- 1.341

- 1.200

- 1.112

- 950

- 950

- 700

- 450

- 200

 

Emprunts Ariane

- 1.023

- 1.023

- 1.023

- 481

- 481

           

Hors ESA

- 926

- 686

- 426

- 26

- 20

           

Déficit de l'exercice (fonct.)

- 208

- 208

- 36

 

- 14

           

Déficit de l'exercice (invest.)

- 141

                   

Ordres de dépenses impayées

- 577

                   

Contraction du fonds de roulement

 

- 478

- 390

- 26

- 6

           

Total

- 3.683

- 3.050

- 2.790

- 1.707

- 1.613

- 950

 

- 700

- 450

- 200

 
 

Remboursements au cours de l'exercice

ESA

-

393

393

683

771

731

643

250

250

250

200

Dette de contribution

-

393

393

141

229

250

162

250

250

250

200

Emprunts Ariane

-

   

542

542

481

481

       

Hors ESA

-

240

500

400

406

26

20

       

Déficit de l'exercice (fonct.)

-

 

172

36

22

 

14

       

Déficit de l'exercice (invest.)

-

141

141

               

Ordres de dépenses impayées

-

577

577

               

Contraction du fonds de roulement

-

- 478

- 390

364

384

26

6

       

Total

-

633

893

1.083

1.177

757

663

250

250

250

200

Source : CNES

2.- Des moyens renforcés en 1999

Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit les subventions suivantes au bénéfice du CNES :

· d'une part, une subvention de fonctionnement inscrite, au chapitre 45-14, d'un montant de 915 millions de francs, stable par rapport à la subvention accordée en loi de finances initiale pour 1998 ;

· d'autre part, une subvention d'investissement inscrite au chapitre 63-02 d'un montant de 8.220 millions de francs, en progression de 70 millions de francs par rapport à 1998. Cette subvention provient du fascicule " Recherche " (7.320 millions de francs en crédits de paiement) et d'un transfert du fascicule " Défense ", à hauteur de 900 millions de francs, au titre de la Recherche duale.

Cette subvention est répartie entre la contribution de la France à l'ESA (4.516 millions de francs en crédits de paiement) et le financement des programmes nationaux (2.804 millions de francs en crédits de paiement), le solde provenant, pour ces programmes, du budget de la Défense, à hauteur de 900 millions de francs.

L'évolution des budgets consacrés au financement des programmes du CNES, dans le cadre de l'ESA, est retracée dans le tableau ci-après :

CONTRIBUTION DE LA FRANCE À L'AGENCE SPATIALE EUROPÉENNE (ESA)

(en millions de francs)

 

1996

1997

1998

1999

Programme scientifique obligatoire

375,7

393,6

399,51

407,7

Observation de la Terre

745

700,4

756

805,3

dont Plate-forme polaire

228,2

206,87

202,09

196,6

Envisat

351,43

290,52

240,57

259,8

Metéosat de seconde génération

66,97

122,53

211,94

197,9

Télécommunications

282,9

107,3

110,5

171,1

dont : Artes 9 GNSS

16,12

33,81

51,21

91,5

Micropesanteur

70,4

79,6

84,9

95

Station spatiale

355,6

426,3

530,7

646,1

Transport spatial

2.768,6

2.835,6

2.370,5

1.789,3

dont : Ariane 5 Développement

2.006,46

1.212,32

542,19

181,6

Ariane 5 Évolution

137,15

263,14

435,88

467,5

Ariane 5 Infrastructure

37,62

288,35

328,9

338,9

Ariane 5 ARTA

182,66

262,69

313

355,8

Ariane 5 développements complémentaires et petit lanceur

-

-

-

229,2

Remboursement lignes de crédits

-

541,84

483,97

-

Frais financiers lignes de crédit

68,29

27,53

11,15

-

Dépenses communes

603,4

479,2

444,8

443,8

Budget général et programme de transformation

189,6

193,78

203,31

181,8

Remboursement arriérés de contribution

358,7

215,65

162,02

250

Divers

55,09

69,78

79,42

12

Total paiements à l'ESA

5.202

5.022

4.967

4.358

Total recettes propres

11

-

-

-

Apurement dette fournisseur ESA

359

216

-

-

Subvention ESA

4.831

4.806

4.697

4.358

Source : CNES.

Ce tableau fait apparaître que l'ensemble des postes de dépenses est stabilisé, en particulier dans le domaine spatial où l'on observe diminution des dépenses, du fait de la fin de qualification du lanceur Ariane 5.

S'agissant du financement des programmes nationaux, les évolutions sont retracées dans le tableau ci-après :

BUDGET DU CNES HORS ESA

(en millions de francs)

 

1996

1997

1998

1999

Croissance de l'Univers

187,4

156,5

179,3

210,2

Observation de la Terre

2.966

2.235

3.557,2

2.283

dont : Jason

-

119,94

165

158

Spot 1, 2, 3

352,45

3,12

0,80

75,20

Spot 4

132,5

111,4

616,39

20

Spot 5

422,13

377,46

392,64

433

Végétation

113,94

71,65

52,13

49,9

Hélios

1.692,06

1.401,69

2.142,67

1.316

Télécommunications

510,4

405,4

380,2

598,7

dont : Stentor

426,08

371,67

340,21

458,6

Sciences en micropesanteur

168,8

70,4

126,1

127,3

Ballons

43

39,9

39,3

40

Transport spatial

203,3

241,4

453,1

479

dont : Filière Ariane

170,93

230,84

436,56

467

Transport spatial habité

9,24

4,77

3,56

2

Études préparatoires

23,17

5,76

13

10

Technologie des systèmes spatiaux

385,05

317,1

317,73

299

dont  R & T Systèmes orbitaux

288,05

228,13

242,73

224

R & T Lanceurs

97

88,97

75

75

Dépenses communes

3.324,7

3.684,9

3.602,6

3.539,1

dont : Frais de personnel

1.158,87

1.188,95

1.225,4

1.250

Total dépenses hors taxes

7.789

7.151

8.856

7.576

Total recettes propres

3.777

3.136

4.632

3.170

TVA

410

352

345

370

Subvention programmes hors ESA

4.421

4.367

4.368

4.776

Total subvention

9.252

9.174

9.065

9.135

dont : chapitre 63-02 article 10

5.190

5.022

4.697

4.358

chapitre 63-02 article 20

3.160

3.328

3.453

3.862

chapitre 45-14 (ex-33-90) dépenses ordinaires

902

823,5

915

915

Source : CNES.

On constate que le chapitre " transport spatial " est en nette augmentation en raison de l'activité industrielle du CNES pour le compte d'Arianespace dans le cadre des travaux d'augmentation de cadence du lanceur Ariane 5 ainsi que de complément de développement afin d'accroître sa capacité. Le chapitre " Observation de la Terre " évolue, pour sa part, au rythme du programme Hélios 2.

S'agissant de la dotation de fonctionnement, votre Rapporteur souligne que la stagnation des dépenses ordinaires du CNES à hauteur de 915 millions de francs n'est pas très réaliste au regard des dépenses de personnel et de celles liées à des contraintes opérationnelles que doit supporter le Centre. Compte tenu de l'augmentation de la masse salariale, le budget du personnel devrait en effet s'établir, en 1999, à 1.250 millions de francs, ce qui rendra nécessaire un basculement de crédits entre la section des opérations en capital et la section de fonctionnement.

Votre Rapporteur estime qu'une telle opération, qui revient à faire de la subvention d'équipement une variable d'ajustement pour financer les dépenses ordinaires, n'est pas satisfaisant. D'autant que le CNES a déjà effectué d'importantes économies sur ses dépenses de fonctionnement, ce qui lui laisse une faible marge de man_uvre, en la matière.

CHAPITRE V :

LE SOUTIEN À L'INNOVATION TECHNOLOGIQUE

Malgré de bons résultats " théoriques ", la recherche française se caractérise par une faible valorisation de ces derniers et, in fine, dans certains secteurs, par un retard en matière d'innovation technologique. La politique de la Recherche publique vise à infléchir cette tendance en dégageant des moyens nouveaux pour appuyer les projets de recherche-développement des entreprises et mieux associer les laboratoires publics à cette démarche.

Ces priorités se traduisent, dans le budget pour 1999, à la fois par une augmentation des crédits budgétaires consacrés à la recherche industrielle et par une série de mesures portant sur l'environnement juridique et fiscal, en particulier le renouvellement du crédit d'impôt-recherche.

I.- LES CRÉDITS EN FAVEUR
DE L'INNOVATION TECHNOLOGIQUE

Le ministère met en _uvre des actions incitatives en lançant des programmes disciplinaires particuliers, ou en servant d'interface entre le monde de la recherche et ses utilisateurs, entreprises, collectivités publiques ... En matière de développement technologique, le principal instrument incitatif dont il dispose pour développer le partenariat entre recherche publique et recherche privée est le Fonds de la Recherche et de la Technologie (FRT).

A.- LE FONDS DE LA RECHERCHE ET DE LA TECHNOLOGIE

1.- Des crédits en progression

Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit une augmentation significative des crédits affectés au FRT, imputés sur le chapitre 66-04 (article 10) qui passeront de 412 millions de francs à 630 millions en autorisations de programme. Ses moyens supplémentaires sont destinés à favoriser la création et le développement de réseaux technologiques associant équipes publiques et laboratoires d'entreprises pour répondre à des demandes industrielles. En 1999, de nouveaux thèmes, comme les nanotechnologies, le médicament, les matériaux, devront ainsi donner naissance à des réseaux.

Chaque réseau devra évaluer les verrous technologiques auxquels se heurtent ses membres et rechercher une mise en commun de moyens par le regroupement de capacités, par la création de laboratoires mixtes, par la constitution de plates-formes de ressources technologiques d'intérêt national, voire par la création d'entreprises chargées de développer un produit nouveau. Les réseaux mobiliseront les crédits du FRT ainsi que ceux du Fonds national pour la science (FNS), les budgets des organismes de recherche, des établissements d'enseignement et des entreprises partie prenante, ainsi que, le cas échéant, le budget des autres ministères.

En outre, des projets ponctuels français ou associant plusieurs pays pourront également être soutenus dans le cadre du FRT.

Votre Rapporteur rappelle que les critères d'éligibilité pour bénéficier d'un financement par le Fonds sont les suivants : les entreprises (PME, PMI, " start up " ...) peuvent participer comme " pilote industriel " ou cocontractants alors que les EPIC, les EPST et les Universités ne le peuvent que comme cocontractant ou prestataires de services. Ces critères s'appliquent aux filiales de droit français des entreprises étrangères, pour autant que la recherche soit menée dans leurs établissements situés en France et que l'application industrielle qui en découle y soit également mise en oeuvre. Quant aux universités et laboratoires étrangers, ils ne peuvent être associés aux programmes que comme prestataires de services d'un cocontractant ou d'un " pilote industriel " de droit français.

Le FRT intervient dans quatre grands types de programmes, pour des projets dont le budget est compris entre 10 et 40 millions de francs et la durée est de trois minimum, avec un taux d'aide compris entre 30 à 50 % de l'assiette.

La répartition des dotations du FRT entre ces programmes est détaillée dans le tableau ci-après :

RÉPARTITION DES DOTATIONS DU FRT

(en millions de francs)

 

1998

Grands programmes interministériels

 

Réactif (Recherche en entreprise des applications de la Chimie aux technologies industrielles du futur)

43

Prédit II (Transports terrestres)

70

Biotechnologies

36

Télécommunications

60

Amiante

-

Recherche duale

14

Sous-total

233

Procédures d'initiative industrielle

 

Sauts technologiques

71,4

Eurêka

40

Sous-total

111

Actions régionales

68

Actions diverses

-

Total

412,4

Source : ministère de l'Education nationale, de la Recherche et de la Technologie

· Les grands programmes interministériels regroupent quatre programmes, mis en oeuvre sous forme d'appels à propositions (APP), dont trois, décidés en 1996 (Réactif, Prédit, Biotechnologies) correspondent à une priorité établie au niveau national, dans le domaine de la sécurité alimentaire et le dernier concerne les télécommunications.

Pluriannuels, ils sont d'un coût unitaire élevé, supérieur à 100 millions de francs, d'une durée moyenne de 5 ans, et suivent une procédure de décision particulière associant, au niveau de l'expertise et du financement, plusieurs ministères techniques et agences.

Le programme Réactif vise à irriguer les chaînes de l'innovation, dans le secteur de la chimie, à partir de recherches s'appuyant sur un certain nombre de technologies mises en oeuvre par les secteurs économiques utilisateurs (bâtiment, textile, peinture ...). Le financement incitatif prévu par l'État est de 500 millions de francs, à parité pour le ministère chargé de la Recherche et celui chargé de l'Industrie et environ 120 millions de francs au titre de l'ANVAR, soit au total, 620 millions de francs sur cinq ans, auxquels s'ajoutent la participation des organismes de recherche et celle des entreprises.

Une grande partie de la dotation budgétaire est par ailleurs affectée au secteur des transport terrestres et des matériaux, à travers le programme Prédit II, dont le financement est assuré, pour 5 ans, par les ministères chargés de la Recherche (90 millions de francs par an), de l'Environnement (30 millions de francs), de l'Industrie (650 millions de francs), des transports (650 millions de francs), l'ADEME (75 millions de francs) et l'ANVAR (250 millions de francs).

La priorité accordée au développement des biotechnologies se traduit par un programme spécifique, destiné à valoriser le potentiel de recherche français dans ce domaine, vers des secteurs où la demande sociale est forte (environnement, santé et agro-alimentaire). Le financement public initialement prévu était de 750 millions de francs sur 5 ans, répartis entre les ministères concernés et l'ANVAR, dont 70 millions de francs par an pour le ministère chargé de la Recherche. En outre, un appel à propositions a été lancé en juin 1998 pour rechercher des technologies alternatives destinées à faire face aux problèmes de sécurité alimentaire.

Enfin, la recherche dans le domaine des télécommunications est privilégiée dans le cadre d'un nouveau programme lancé en mai 1997, pour une durée de 5 ans, associant les ministères chargés des télécommunications (750 millions de francs), de la Recherche (300 millions de francs) et l'ANVAR (250 millions de francs).

· Outre ces programmes dont l'initiative revient aux pouvoirs publics, le FRT intervient également dans des procédures souples et ouvertes, d'initiative industrielle (procédures " bottom up ").

Parmi ces procédures, figure l'initiative Eurêka, dont le principe est décrit dans la 6ème partie du rapport, à laquelle le ministère de la Recherche participe à hauteur de 40 millions de francs en 1998.

La principale procédure, développée à ce titre, est celle des sauts technologiques, centrée sur la démonstration de faisabilité industrielle d'une technologie ambitieuse et innovante pour un produit ou un procédé. Les projets s'inscrivant dans ce cadre sont d'initiative industrielle mais le recours à des laboratoire de recherche publique est un prérequis. Le risque lié au caractère très en amont de cette démarche justifie un montant élevé du financement public, pouvant atteindre 40 % du coût total du projet pour une PMI et 30 % pour les groupes industriels et leurs filiales. Le montant moyen des projets était de 35 millions de francs en 1997 et la durée moyenne de 3 années. Depuis 1988, 83 projets ont ainsi été soutenus dans divers secteurs industriels (matériaux, métrologie, biotechnologies, santé, instrumentation médicale, procédés, modélisation ...) pour un montant total de l'aide allouée de 866 millions de francs TTC, avec un taux moyen d'aide de 43 %.

En 1999, cette procédure sera remplacée par le dispositif " Innovations technologiques " qui s'intéressera plus particulièrement aux entités industrielles de petite taille et de haute technologie (PMI, PME, start up) dans un souci de forte réactivité par rapport à la demande du tissu industriel visé. Seront également regroupés dans ce dispositif, les procédures Civil-Défense et Réactif, qui tout comme Eurêka, sont des procédures dites " bottom up ".

·  Le FRT permet, enfin, le financement d'actions régionales qui correspondent, pour l'essentiel, aux engagements souscrits dans les contrats de plan avec l'État ou au soutien de l'activité des centres de ressources technologiques en faveur des PME.

2.- La situation financière du FRT

En 1995, le FRT a connu une grave crise financière résultant d'un déséquilibre croissant entre ses autorisations de programmes et ses crédits de paiement, le niveau total de la dette envers les organismes de recherche et les entreprises atteignant 841 millions de francs au 31 décembre 1995.

Un plan d'apurement de cette dette a été mis en place, conduisant à un montant annuel des crédits de paiement supérieur, depuis 1996, de 300 millions de francs, au niveau des autorisations de programmes, comme l'a préconisé la Cour des comptes dans son rapport sur l'exécution du budget 1995.

L'application de ce plan est résumée par le tableau ci-après :

ÉVOLUTION DE LA CONSOMMATION DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME
ET DES CRÉDITS DE PAIEMENT (FRT - CHAPITRE 66-04)
de 1993 À 1997

(en millions de francs)

 

1993

1994

1995

1996

1997

Consommation des autorisations de programme

         

Autorisations de programme ouvertes
(LFI + reports _ annulations)

1.197,02

1.050,28

654,73

479,13

410,8

Autorisations de programme affectées

764,42

397,23

391,32

302,60

391,2

Autorisations de programme disponibles

432,6

653,05

263,4

176,53

19,6

% d'utilisation

63,7

37,8

59,8

63,16

95,23

Consommation des crédits de paiement

         

Crédits de paiement ouverts (LFI + reports _ annulations)

809,36

615,16

799,55

785,72

688,83

Crédits de paiement affectés

802,49

612,53

793,83

785,72

684,55

Crédits de paiement disponibles

6,87

2,63

5,72

-

4,28

% d'utilisation

99,20

99,6

99,3

100

99,38

Source : contrôle financier - exercice 1997.

On constate que, pour l'exercice 1997, la consommation des autorisations de programme était de 95,2 % contre 63,2 % en 1996 et 59,8 % en 1995. La tension qui a existé sur les crédits de paiement tend donc à disparaître et la dette du FRT diminue régulièrement, comme le montre le tableau ci-après.

ÉVOLUTION RÉGULIÈRE DE LA SITUATION DU FRT

(en millions de francs)

 

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Dette

1.267

1.648

1.876

1.599

1.097

789

Impayés

644

850

970

830

577

296

Autorisations de programme utilisées

1.362

764

597

321

302

391

Source : Cour des comptes.

On rappellera que les gestionnaires du FRT ont donné la priorité à l'apurement de la dette de l'État envers les petites entreprises (les impayés ne se montaient plus qu'à 0,7 million de francs en 1997) et les associations (impayés de 1,5 million de francs).

Le projet de loi de finances pour 1999 ne prévoit plus de décalage supérieur à 300 millions de francs entre crédits de paiement et autorisations de programme, comme les années précédentes, mais poursuit néanmoins l'effort de résorption de la dette du Fonds à hauteur de 187 millions de francs.

Sous réserve de l'exonération des crédits de paiement du FRT de la régulation budgétaire (annulation de 17,5 millions de francs en autorisations de programme et de 5,7 millions de francs en crédits de paiement - arrêté du 16 janvier 1998), le rythme actuel du redressement budgétaire devrait permettre l'apurement de la dette du FRT à la fin de 1999.

Il n'en reste pas moins que, d'après le rapport d'Henri Guillaume sur l'innovation et la technologie, cette situation a eu des conséquences néfastes sur le FRT qui a vu sa dotation passer de 1.400 millions de francs en 1990 à 500 millions de francs en 1996, comme le montre le tableau ci-après :

ÉVOLUTION DES DOTATIONS DU FRT (CHAPITRE 66-04)

(en millions de francs)

 

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

Total

Par type de bénéficiaires :

               

- entreprises de plus de 2.000 personnes

462

592

481

340

230

188

265

2.558

- entreprises médianes de 200 à 2.000 personnes

(1)

(1)

(1)

40

25

8

18

91

- PME/PMI de moins de 200 personnes

284

299

255

106

119

92

110

1.265

- autres (organismes publics, délégations
en régions hors CORTECHS ...)

710

548

525

360

208

185

140

2.676

Par programme technologique :

               

Aides directes à l'industrie

452

556

427

378

182

112

224

2.323

- initiative Eurêka

215

227

130

145

86

17

41

861

- sauts technologiques

151

157

105

14

26

 

58

511

- grands programmes

86

172

192

219

70

95

117

951

- civil / défense

           

8

8

Formation en milieu industriel

126

130

136

119

149

151

154

965

- CIFRE

111

127

136

119

149

151

154

965

- FIRTECH

15

3

         

18

Actions régionales dont CORTECHS

179

193

185

165

120

109

111

1.062

Autres actions

699

560

513

184

131

101

44

2.232

Total

1.456

1.439

1.261

846

582

473

533

6.590

(1) montant agrégé avec celui des PME-PMI.

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

Le nombre de décisions sur le FRT est ainsi tombé de 989 en 1989 à 140 en 1996, cette évolution ayant surtout concerné le financement des projets Eurêka, qui a été divisé par cinq, et de la procédure des sauts technologiques, divisé par trois.

C'est pourquoi, votre Rapporteur estime qu'il est nécessaire que le renforcement du soutien à l'innovation technologique dans le budget 1999, s'accompagne d'un assainissement complet de la situation financière du FRT, conformément à l'échéancier évoqué par la Cour des comptes.

B.- LE TRANSFERT DE TECHNOLOGIE

Cette action est financée par les crédits incitatifs déconcentrés en région, sur la dotation du FRT, mais aussi et surtout par les crédits des centres régionaux d'innovation et de transfert de technologie (CRITT) inscrits au chapitre 43-01 - Actions d'incitation, d'information et de consultation, article 10, et délégués en région dans le cadre des contrats de plan Etat-régions.

Une mesure nouvelle d'un montant de 400.000 francs est imputée sur l'article 10 dans le budget 1999, ce qui porte la dotation affectée aux CRITT à 44,9 millions de francs.

On rappellera toutefois que le chapitre 43-01 fait fréquemment l'objet de mesures de régulation en cours de gestion (annulation de 13,2 millions de francs par arrêté du 9 juillet 1997 et de 4,5 millions de francs par arrêté du 16 janvier 1998).

Les CRITT ont été créés en 1982 afin de faciliter l'accès des PME-PMI aux technologies indispensables au maintien de leur compétitivité. En pratique, les missions qui leur sont dévolues sont extrêmement diversifiées : formation des hommes aux nouvelles technologies, valorisation des recherches de laboratoires publics, conseils technologiques aux PME, exécution de prestations à caractère technique ...

Au nombre de 120, ces centres revêtent des formes juridiques variées (GIE, GIP), la plus répandue étant toutefois celle de " l'association-loi de 1901 ". La liste des CRITT évolue en fait chaque année avec un flux de changement de l'ordre de 7 à 8 % par an, mais l'on retrouve la majorité d'entre eux dans les métropoles régionales où est concentré le potentiel de formation et de recherche. Il ressort de ces éléments un ensemble assez hétérogène, qui souffre parfois d'un manque de lisibilité pour les PME-PMI.

On peut néanmoins distinguer deux types de CRITT :

· les CRITT à vocation spécialisée (environ 60), chargés de fournir des prestations de service selon un cahier des charges garantissant le professionnalisme des intervenants, et qualifiés de " centres de ressources technologiques " (CRT). Le rapport d'Henri Guillaume précise qu'ils réalisent près de 65 % du chiffre d'affaires de l'ensemble des CRITT alors qu'ils bénéficient d'un niveau de financement de l'État faible, inférieur à 18 % du total de leur chiffre d'affaires.

·

les CRITT à vocation généraliste, dans une proportion identique aux précédents, chargés d'identifier les besoins des PME / PMI et d'orienter ces dernières, si nécessaire, vers les partenaires les plus adéquats. Appelés " points d'appuis technologiques " (PAT), ils sont généralement des structures légères, relevant d'une mission de service public de proximité.

Il résulte de cette situation une grande disparité dans la mise en oeuvre du dispositif, qui incite à s'interroger sur les possibilités de le simplifier en vue de garantir son efficacité.

II.- LE CRÉDIT D'IMPÔT-RECHERCHE

Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit un certain nombre de mesures destinées à rendre l'environnement juridique et financier des entreprises favorable au développement de l'innovation technologique. A titre d'exemple, le dispositif permettant aux firmes de moins de 7 ans de bénéficier de bons de souscription de parts de créateurs d'entreprises sera étendu à celles âgées de moins de 15 ans. Il est également prévu de reconduire le crédit d'impôt-recherche en améliorant le dispositif sur certains points.

D'autres dispositions destinées à encourager l'essaimage des personnels de recherche vers les entreprises et le couplage entre recherche publique et entreprises seront intégrées dans le projet de loi sur l'innovation qui sera prochainement soumis à la représentation nationale.

A.- PRINCIPE DU CRÉDIT D'IMPÔT-RECHERCHE (CIR)

Institué par la loi de finances pour 1983, le CIR est une mesure fiscale d'incitation au développement de l'effort de recherche scientifique et technique, sous forme d'un crédit d'impôt.

Son montant est égal à 50% de la différence entre le montant des dépenses de recherche de l'année et la moyenne des dépenses exposées au cours des 2 années précédentes, revalorisées de la hausse des prix, dans la limite de 40 MF. Le CIR est imputé sur l'impôt sur le revenu ou l'impôt sur les sociétés dû par l'entreprise au titre de l'année au cours de laquelle elle a accru ses dépenses de recherche. Parmi les dépenses ouvrant droit au CIR, figurent les dépenses de personnel afférentes aux chercheurs et techniciens de recherche directement affectés aux opérations de recherche, les dépenses exposées pour la réalisation d'opérations de recherche confiées à des organismes de recherche, les frais de prise et de maintenance de brevets et de certificats d'utilité en France et à l'étranger, certaines dépenses de normalisation ...

Ce dispositif, en principe temporaire, a été reconduit en dernier lieu pour la période 1996-1998. Le projet de loi de finances prévoit de le reconduire, une nouvelle fois, en lui apportant certains aménagements. C'est pourquoi, il est intéressant de mesurer son impact sur le développement de la recherche et l'emploi scientifique, tout en rappelant que la dépense qu'il constitue n'est pas prise en compte dans le BCRD.

B.- IMPACT DU CRÉDIT D'IMPÔT-RECHERCHE

Sur le plan fiscal, le coût de cette mesure a été évalué en 1998 à 2.700 millions de francs.

Une enquête du ministère chargé de la Recherche et les conclusions du rapport remis par M. Henri Guillaume sur le thème " Innovation et technologie " permettent de mesurer cet impact, à travers les critères suivants.

· Nature des dépenses de recherche

Les postes les plus importants concernent les frais de personnel qui constituent à eux seuls près de 41% des dépenses brutes de recherche et environ 71% de celles-ci si on leur ajoute les frais de fonctionnement. En 1996, les travaux confiés à des organismes agrées représentent représentaient près de 21% des dépenses totales et les dépenses de brevet, en baisse, 1,4%.

Ces résultats sont détaillés dans le tableau ci-dessous :

RÉPARTITION PAR TYPE DE DÉPENSES

Type de dépenses

Dépenses 1996

(en milliers de francs)

Dépenses 1996

(en %)

Dotations aux amortissements

4.344.829

5,6 

Dépenses de personnel

29.959.032

41,07 

Dépenses de fonctionnement

21.473.786

29,44 

Prise et maintenance de brevets

Dotations aux amortissements de brevets acquis en vue de la recherche

1.047.136

1,43 

Dépenses liées à la normalisation

62.600

0,09 

Frais de collection des entreprises industrielles du secteur (1)

1.078.467

Total Recherche interne

57.965.850

 

Opérations confiées à des organismes de recherche agrées

14.984.413

20,54 

Total sans les subventions

72.950.263

100 

Subventions

2.786.706

3,82

Total général

70.163.557

 

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie

· Typologie des entreprises bénéficiaires

En 1997, 7.167 entreprises ont souscrits une déclaration de CIR au titre de 1996. Parmi celles-ci, 3.662 ont déclaré un crédit positif pour un montant cumulé de 2.967 millions de francs.

Le CIR a un effet redistributif important en faveur des petites entreprises puisque les entreprises de moins de 50 millions de chiffre d'affaires réalisent 7% des dépenses globales de R&D et obtiennent 23 % des crédits d'impôt consentis au niveau national; celles dont le chiffre d'affaires est compris entre 50 et 500 millions de francs représentent 17 % des dépenses et 29 % du CIR; enfin, les entreprises de plus de 500 millions de francs de CA totalisent 76% des frais de recherche mais ne bénéficient que de 48 % du crédit d'impôt.

Les secteurs les plus représentés sont la construction mécanique, la métallurgie, les études et conseil, l'ingénierie, les commerces, les matériels électroniques, les matériels de précision, l'informatique. Le CIR apparaît comme un instrument de soutien au tertiaire plus important que les aides directes.

· Répartition régionale

La répartition régionale fait apparaître une représentation importante de la région Ile-de-France, qu'il convient de pondérer dans la mesure où de nombreuses sociétés y ont leur siège.

La répartition par région du nombre de bénéficiaires du CIR et des montants correspondants, pour l'année 1996, est retracée dans le tableau ci-après.

RÉPARTITION RÉGIONALE DU CIR EN 1996

Région

Nombre de bénéficiaires

Répartition
(en %)

Montant

du CIR

(en milliers

de francs)

Répartition
(en %)

Alsace

143

3,90

83.028

2,8

Aquitaine

137

3,74

46.569

1,57

Auvergne

72

1,97

20.292

0,68

Bourgogne

73

1,99

25.253

0,85

Bretagne

126

3,44

39.627

1,34

Centre

125

3,41

46.767

1,58

Champagne-Ardenne

63

1,72

21.160

0,71

Corse

2

0,05

106

-

Franche-Comté

59

1,61

20.909

0,7

Ile-de-France

1.102

30,09

1.734.644

58,46

Languedoc-Roussillon

75

2,05

33.149

1,12

Limousin

31

0,85

16.644

0,56

Lorraine

134

3,66

63.420

2,14

Midi-Pyrénées

142

3,88

179.943

6,06

Nord-Pas-de-Calais

200

5,46

82.366

2,78

Basse-Normandie

51

1,39

16.809

0,57

Haute-Normandie

72

1,97

37.420

1,26

Pays de Loire

193

5,27

56.455

1,9

Picardie

76

2,08

35.315

1,19

Poitou-Charentes

65

1,77

14.184

0,48

Provence-Alpes-Côte d'Azur

211

5,76

121.120

4,08

Rhône-Alpes

495

13,52

267.976

9,03

DOM

15

0,41

4.294

0,14

Total général

3.662

100

2.967.462

100

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

· Conséquences sur l'emploi scientifique

Le CIR constitue une incitation en faveur de l'embauche de chercheurs et de techniciens. C'est par ces embauches que les entreprises bénéficiaires du CIR accroissent leur effort de recherche : la masse salariale correspondante a augmenté de 13 % pour les entreprises bénéficiaires, alors qu'elle a diminué de 5% pour les autres. Là encore, on constate que ce dispositif est particulièrement favorable aux petites entreprises, susceptibles d'une plus forte croissance de leur effort de recherche sans être affectées par le plafonnement du crédit d'impôt-recherche.

En définitive, le CIR est perçu comme un dispositif simple et efficace, qui présente, de surcroît, l'avantage de la neutralité par rapport à la taille ou au secteur d'intervention des entreprises ainsi qu'au regard de la nature des dépenses financées.

Toutefois, votre Rapporteur souligne que le contrôle de ce dispositif n'est pas satisfaisant et qu'il importe absolument de l'aménager de manière systématique.

Il n'en reste pas moins que, compte tenu de ses atouts, le crédit d'impôt-recherche fait désormais partie intégrante de la politique de recherche menée par le ministère.

C.- UN DISPOSITIF RECONDUIT ET AMÉNAGÉ DANS LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 1999

L'article 64 du projet de loi prévoit de reconduire le CIR sur la période 1999-2003 et d'y apporter les améliorations suivantes :

· Les entreprises n'ayant pu soutenir un effort durable de recherche, en raison d'une conjoncture économique défavorable, et qui, pour ce motif, ont dû sortir du dispositif, pourront opter de nouveau pour le CIR.

· Parallèlement, dans un souci d'équité, il ne sera plus tenu compte des crédits d'impôt négatifs, antérieurs à 1993, contractés par les entreprises restées dans le dispositif.

· Les entreprises nouvelles bénéficieront d'une restitution immédiate du CIR pendant leurs trois premières années d'activité, quelle que soit leur implantation géographique. Conformément aux recommandations du rapport de Henri Guillaume, le CIR est, de cette façon, bien utilisé comme un soutien à la compétitivité des entreprises innovantes plutôt que comme un outil de la politique d'aménagement du territoire. Dans le même esprit, un taux uniforme de 75% sur l'ensemble du territoire est substitué au taux préférentiel (modulation en fonction de la localisation du personnel de recherche) pour la prise en compte des dépenses de fonctionnement.

· Les autres entreprises pourront mobiliser la créance du CIR auprès d'un organisme financier, ce qui facilitera la gestion de leur trésorerie.

· Afin d'encourager la coopération des entreprises avec les organismes de recherche publics et les établissements d'enseignement supérieur, les services dans lesquels est organisée la recherche publique et les docteurs exerçant leur activité dans ces établissements bénéficient d'un agrément automatique au titre de la procédure du CIR.

· Enfin, dans un souci d'amélioration de la procédure de contrôle, la législation du CIR sera harmonisée avec celle du rescrit fiscal afin de solliciter l'avis du ministère chargé de la recherche toutes les fois que l'appréciation du caractère scientifique et technique du dossier présenté par l'entreprise le nécessite.

Votre Rapporteur approuve ces orientations mais insiste sur la nécessité d'introduire, dans le dispositif, une clause conditionnelle destinée à favoriser l'embauche des docteurs.

CHAPITRE VI :

LA RECHERCHE
AU NIVEAU EUROPÉEN ET RÉGIONAL

L'effort de recherche mobilise les énergies à tous les niveaux, tant européen que régional.

I.- LA RECHERCHE ET L'EUROPE

Votre Rapporteur rappelle que l'effort de Recherche et Développement bénéficie d'un soutien important au plan communautaire, avec l'élaboration, cette année, du 5ème Programme-cadre de Recherche et Développement, auquel la France contribue à hauteur de 3.500 millions de francs. Mais cet effort fait également l'objet d'autres initiatives, qui se sont développées en dehors des mécanismes prévus par l'Union européenne.

A.- LA MISE EN PLACE DU 5ÈME PROGRAMME-CADRE
DE RECHERCHE DE L'UNION EUROPÉENNE

1.- Les aménagements apportés à l'occasion de l'élaboration du 5ème PCRD

Les réalisations communautaires en matière de recherche ont été importantes dans certains domaines comme l'électronique, l'informatique ou l'automobile, où l'Europe a pu rattraper son retard. Au delà de ces programmes spécifiques, cette politique a permis l'ouverture d'un véritable espace de coopération scientifique et technique. La politique européenne a donné lieu à la mise en _uvre de quatre programmes-cadre auxquels s'ajoute le programme Euratom. L'objectif de cette politique a été réaffirmé au cours des négociations du nouveau programme cadre : il s'agit de contribuer au développement et au renforcement de la compétitivité des entreprises européennes. Autrement dit, la recherche finalisée est nettement privilégiée.

Le rapport de M. Henri Guillaume estime que le taux de retour global pour la France se situe à environ 16 % (sur la période 1994-1996), pour un taux de contribution de l'ordre de 17,5 %.

Le bilan de l'exécution du 4ème PCRD a néanmoins mis en évidence la nécessité de revoir de façon radicale ses procédures, jugées complexes et peu lisibles. Les critiques formulées ont en effet été nombreuses : montage des projets trop lourd et coûteux, sélection sévère (un projet sur cinq est retenu en moyenne), délais de réponse très longs (environ 9 mois) et faible satisfaction des industriels concernant la protection des résultats des travaux de recherche menés à l'intérieur des consortia. Se sont ajoutées à ces critiques, des demandes de modification des procédures d'évaluation et de meilleure articulation des programmes communautaires avec les programmes nationaux afin de permettre une application plus effective du principe de subsidiarité.

Toutefois, le PCRD suscite un intérêt réel, ne serait-ce que par la part importante qu'il représente dans le financement de la recherche publique et privée, qui est du même ordre de grandeur que les crédits incitatifs nationaux des ministères chargés de la recherche et de l'industrie. C'est pourquoi, une modification de la gestion et des modalités de mise en _uvre de ces programmes a été souhaitée par plusieurs pays, dont la France.

Un certain nombre d'aménagements ont ainsi été apportés au cours de l'élaboration du 5ème PCRD :

· désormais, les acteurs de la recherche seront davantage impliqués dans les différents programmes, grâce à la mise en place de groupes d'experts consultatifs auprès de la Commission, qui devront mettre l'accent sur les sujets de haute importance pour l'Union ;

· une partie des activités de mise en _uvre des programmes sera déléguée : ainsi, l'attribution des bourses, dans le cadre du programme sur la formation et la mobilité des chercheurs, sera confiée aux institutions d'accueil (entreprises ou centres de formation), également chargées de la sélection des candidats ;

· les procédures seront simplifiées afin que les entreprises puissent déposer des projets à tout moment sur l'ensemble des thèmes du PCRD. Concernant les PME, un appel d'offres sera ouvert en permanence pour leur permettre de bénéficier des mesures qui leur sont spécifiques comme la procédure CRAFT ;

· enfin, une réflexion est en cours afin de mettre en place une entité indépendante, chargée de l'évaluation scientifique des programmes.

Ces mesures seront complétées, au plan national, par des groupes " miroirs " qui assureront l'interface avec la politique nationale dans les différents secteurs concernés par la mise en _uvre du 5ème PCRD. Composés de représentants d'organismes de recherche, d'universités, d'industriels et des différents ministères techniques concernés, ils apporteront les éléments pour définir la position française au plan communautaire et seront chargés de diffuser l'information. Afin de compléter l'ensemble du dispositif, les Délégués régionaux à la Recherche et à la Technologie seront associés aux travaux, sous l'égide de la Direction de la Technologie, au sein du ministère chargé de la Recherche.

2.- Les priorités inscrites dans le 5ème PCRD

Les partenaires européens ont décidé de consacrer au 5ème PCRD 12.740 million d'euros, ce qui correspond à 84.085 millions de francs, pour la période 1994-1999, dont 3.100 millions d'euros pour 1999. Pour le traité Euratom, l'enveloppe budgétaire sera de 300 millions d'euros en 1998-1999, puis 960 millions d'euros pour 2000-2002.

Le 5ème PCRD s'articulera autour de quatre actions. La première action se décline en programmes thématiques de recherche (" qualité de la vie et gestion des ressources du vivant ", " société de l'information conviviale ", " croissance compétitive et durable " et " énergie, environnement et développement durable ") qui comprennent à chaque fois des " actions clés ", des activités de recherche et de développement de technologies génériques et des activités de soutien aux infrastructures de recherche. Les trois autres actions regroupent des thèmes de nature horizontale : " affirmer le rôle international de la recherche communautaire ", " promouvoir l'innovation et encourager la participation des PME " et " améliorer le potentiel humain de recherche et la base de connaissances socio-économiques ".

En ce qui concerne les procédures d'attribution, les actions à frais partagés constitueront le mécanisme principal de mise en _uvre des programmes, le taux de participation de la Communauté européenne variant entre 35 et 50 % selon les types de travaux. Le taux de subvention s'élèvera en revanche à 100 % des coûts additionnels pour les activités de soutien à l'accès des chercheurs aux infrastructures de recherche et à 75 % pour les subventions accordées aux PME en vue de la réalisation d'études de faisabilité, préalables au lancement de projets.

Les autres procédures d'attribution sont les suivantes :

· pour les bourses de formation, le taux accordé sera de 100 % des coûts additionnels éligibles mais de 50 % dans le cas des bourses d'accueil en entreprise ;

· les actions de soutien aux réseaux de recherche et aux coopérations entre laboratoires bénéficieront d'un taux de 100 % des coûts additionnels éligibles ;

· les mesures d'accompagnement destinées à préparer des actions ultérieures s'inscrivant dans chaque programme spécifique seront financées à hauteur de 100 % des coûts totaux éligibles.

Votre Rapporteur considère que ces décisions vont dans le sens d'une clarification, tout à fait indispensable, mais regrette que la définition, au niveau communautaire, d'objectifs finalisés en matière de recherche conduise à négliger le développement de la recherche fondamentale. En outre, l'effort de clarification entrepris doit impérativement être prolongé au niveau national afin de disposer d'une vue globale des financements mis en _uvre en faveur de la Recherche.

Enfin, certains dispositifs mériteraient d'être davantage encouragés, comme le " Training and mobility of researchers " (TMR) par exemple, qui vise à développer la circulation des jeunes chercheurs entre laboratoires européens. Le renforcement de cette action pourrait être envisagé en vue de permettre aux jeunes chercheurs de pays moins favorisés de bénéficier plus largement de bourses de formation, ce qui irait dans le sens d'une plus grande cohésion interne au sein de l'Union européenne dans le domaine de la recherche.

B.- L'INITIATIVE EURÊKA

Votre Rapporteur rappelle que les initiatives européennes qui ont été prises en matière de recherche ne s'inscrivent pas toutes dans le cadre communautaire. A titre d'exemple, le CERN (organisme européen pour la recherche nucléaire), l'ESA (Agence spatiale européenne) ou l'ESFR (Source européenne de rayonnement synchotron) sont des structures ad hoc qui se sont créées en dehors des procédures communautaires. L'initiative Eurêka de soutien au développement technologique des entreprises s'est ainsi mise en place, en 1985, sans bénéficier de l'impulsion des institutions de l'Union européenne, ce qui n'exclut évidemment pas des relations de coopération.

1.- Bilan des dossiers traités

L'initiative Eurêka a pour objectif d'accroître la productivité et la compétitivité des industries et économies nationales européennes sur le marché mondial, par le renforcement des coopérations transfrontalières entre entreprises et instituts de recherche dans les domaines technologiques. Les projets Eurêka qui concernent des applications civiles bénéficient en France d'un concours de financements publics et privés et couvrent l'ensemble des activités industrielles, classées en neuf secteurs : médical et biotechnologies, communication, énergie, environnement, technologies de l'information, lasers, nouveaux matériaux, productique-robotique, transports.

Depuis sa création jusqu'à la Conférence Ministérielle de Lisbonne (30 juin 1998), 1.600 projets ont reçu le label Eurêka pour un montant de 117 milliards de francs. Lors de cette conférence, 38 nouveaux projets à participation française ont officiellement obtenu le label Eurêka sur un total de 186, qui représentent un montant de 1,9 milliard de francs (dont 975 millions pour le projet stratégique EURIMUS), ce qui porte le montant de l'investissement des partenaires français à 605 millions de francs (dont 195 millions pour EURIMUS). On relèvera que le montant moyen de ces 38 projets est nettement plus élevé que celui de l'ensemble des projets européens labellisés en 1998 (50 millions de francs contre 19 millions pour les 186 projets labellisés au niveau européen) ce qui traduit une volonté de la France d'accorder le label Eurêka à des projets industriels ayant une réelle dimension européenne.

On notera enfin que les technologies de l'information apparaissent comme le secteur le plus porteur et que la participation des PME est vivement encouragée : parmi les 74 entreprises ou institutions françaises coopérant au sein des 38 nouveaux projets, on compte en effet 47 % de PME, 28 % de groupes et 25 % d'instituts de recherche.

Parmi les projets stratégiques lancés dans le cadre de cette initiative, figure le programme JESSI qui s'est achevé fin 1996 et dont les retombées ont été très importantes en matière de micro-électronique. Ce projet est actuellement prolongé par le programme MEDEA. Il convient de signaler également le programme EURIMUS qui vise à accélérer la croissance et la part de marché des industriels européens dans les microsystèmes.

2.- Les financements publics en 1998 et 1999

En 1998, le budget consacré aux projets labellisés Eurêka s'est élevé à 300 millions de francs hors taxes et devrait atteindre 355 millions en 1999, soit une augmentation de 18,3 %. Ces chiffres ne tiennent pas compte de l'incidence des projets MEDEA, ADTT 2, COMMEND et EURIMUS dont les financements sont rapportés indépendamment.

La répartition budgétaire de l'enveloppe consacrée aux projets Eurêka est la suivante :

RÉPARTITION BUDGÉTAIRE DE L'ENVELOPPE CONSACRÉE AUX PROJETS EUREKA

(en millions de francs)

 

1998

1999

Évolution 1998/1999
(en %)

Ministère chargé de la Recherche

40

80

+ 100

Ministère chargé de l'Industrie (1)

175

185

+ 5,7

ANVAR

75

80

+  6,6

Autres

10

10

-

Total

300

355

+ 18,3

(1) hors grands projets.

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

Une évaluation récente de l'impact des projets Eurêka a mis en évidence l'importance de l'effet incitatif des financements publics. Le tableau ci-dessus montre d'ailleurs que ces financements sont en progression, mais il convient d'élargir cette approche dans la mesure où les initiatives récentes destinées à faciliter l'accès aux capitaux privés s'avèrent également bénéfiques au financement de l'effort de Recherche et Développement en Europe.

Toutefois, compte tenu de l'impact positif des financements publics, il semble aujourd'hui indispensable de développer les liens entre les programmes cadre de recherche-développement de l'Union européenne et les projets Eurêka, tant sur le plan des contributions financières que des transferts de connaissances.

II.- LA RECHERCHE AU NIVEAU RÉGIONAL

Les activités de recherche sont inégalement réparties sur le territoire, alors qu'elles peuvent constituer un levier pour le développement et la modernisation des économies régionales. C'est pourquoi, le développement de la recherche en régions suscite un intérêt croissant, qui s'est manifesté à travers la réalisation des contrats État-régions du XIème Plan (1994-1999).

Les contrats de plan État-régions (CPER) en cours d'exécution (1994-1999) comprennent un volet " recherche " d'une part, et " transfert de technologie ", d'autre part.

La part de l'État atteint, pour ces deux volets, 2,65 milliards de francs, contre 2,02 milliards de francs pour la génération précédente de contrats (1989-1993), soit une croissance de 30 % en francs courants.

L'effort de financement de l'État est retracé dans le tableau ci-après :

VENTILATION PAR RÉGIONS DE LA PART ÉTAT DES CPER

(en millions de francs)

 

Recherche

Transfert de technologie

 
 

FRT

Autres

Total

FRT

Chap. 43-01

ANVAR

Autres ministères

Autres

Total

Technologie

Total

Alsace

-

68

68

20

17

-

24

-

61

61

128

Aquitaine

 

71

71

19

9

4

12

-

44

44

115

Auvergne

 

30

30

8

16

-

-

-

24

24

54

Bourgogne

16

22

38

7

8

-

5

-

20

36

58

Bretagne

 

157

157

13

8

3

-

13

36

24

193

Centre

 

57

57

13

9

-

8

-

30

30

87

Champagne-Ardenne

28

15

43

7

8

4

-

- 1

17

46

60

Corse

3

18

21

7

5

3

18

-

33

36

53

Franche-Comté

2

13

15

26

5

-

5

1

37

38

52

Ile-de-France

 

-

-

36

13

-

-

-

49

49

49

Languedoc-Roussillon

 

174

174

28

15

-

-

-

42

42

216

Limousin

17

5

22

3

10

-

-

9

21

30

43

Lorraine

9

76

84

32

19

3

-

-

53

62

138

Midi-Pyrénées

-

143

143

10

10

4

55

-

79

79

222

Nord-Pas-de-Calais

18

163

180

20

14

5

19

6

64

76

244

Basse-Normandie

 

27

27

13

9

-

3

-

24

24

51

Haute-Normandie

5

18

23

16

9

3

1

2

31

34

54

Pays de la Loire

-

85

85

26

11

-

3

-

40

40

125

Picardie

16

20

36

14

10

3

-

-

27

43

62

Poitou-Charentes

-

130

130

10

10

-

20

-

40

40

170

Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA)

2

147

150

10

19

-

18

-

47

49

197

Rhône-Alpes

4

156

160

16

13

-

10

- 1

37

42

197

Total métropole

-

8

8

4

3

-

-

-

7

7

15

Guadeloupe

-

12

12

3

2

-

-

3

7

4

19

Guyane

-

9

9

2

1

-

-

-

3

3

13

Martinique

-

1

1

4

3

-

-

-

7

7

8

La Réunion

-

11

11

-

-

-

-

-

 

-

11

Pacifique Polynésie

5

14

19

-

-

-

-

-

-

5

19

Pacifique Nouvelle-Calédonie

12

-

-

-

-

-

-

-

-

12

-

Total général

136

1.646

1.771

364

254

30

200

31

878

984

2.649

Source : ministère de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie.

Ce tableau fait apparaître que le financement en faveur de la technologie s'élève à 984 millions de francs, soit près du tiers du budget total sur 6 ans, dont 136 millions de francs ont été consacrés à la recherche technologique et 878 millions de francs aux procédures de transfert de technologie, décrites supra.

Sur le volet " recherche " de ces contrats, les montants respectifs de l'État et des collectivités locales sont équilibrés puisqu'ils s'élèvent respectivement à 1,76 milliard de francs pour l'État et 1,78 milliard de francs pour les collectivités locales.

Les délégués régionaux à la recherche et à la technologie (DRRT) ont été des artisans actifs de ce volet " recherche ", en jouant un rôle important d'interface entre le niveau central et les régions.

On rappellera que diverses procédures soutenues par le ministère chargé de la Recherche, sont mises en _uvre à un niveau déconcentré comme les conventions de recherche pour les techniciens supérieurs (CORTECHS) et les conventions industrielles de formation par la recherche (CIFRE).

Sur le volet " transfert de technologie ", les contributions respectives des partenaires apparaissent davantage différenciée. La part cumulée des collectivités locales sera en effet supérieure à celle de l'État puisqu'elle s'élèvera à 1,07 milliard de francs contre 870 millions de francs pour l'État. En outre, il convient de souligner que, depuis 1995, certaines de ces opérations bénéficient d'un concours européen, par l'intermédiaire des Fonds structurels (FEDER, FSE).

On notera que c'est notamment dans ce cadre que s'inscrit l'augmentation de 2,9 % des moyens pour la recherche universitaire inscrite dans le projet de loi de finances pour 1999, dont le développement correspond à l'une des priorités en matière de politique de la Recherche publique.

Il convient également de souligner que les organismes publics de recherche rattachés au ministère ont pris une part très importante dans les contrats de plan auxquels ils ont consacré près d'un milliard de francs, contre environ 640 millions de francs dans le précédent plan.

Le développement de la recherche en région s'inscrira désormais dans le cadre des schémas national et régionaux de l'enseignement supérieur et de la recherche prévus par la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995. Ces schémas serviront ensuite de fondement à la prochaine génération des contrats de plan, et permettre de renforcer ou de constituer des pôles géographiques et / ou thématiques de recherche.

EXAMEN EN COMMISSION

Dans sa séance du 8 octobre 1998, la commission des Finances, de l'Économie générale et du Plan a examiné, sur le rapport de M. Christian Cuvilliez, rapporteur spécial, les crédits de la Recherche.

M. Christian Cuvilliez, rapporteur spécial, a tout d'abord indiqué que le budget civil de la recherche et du développement (BCRD) s'élevait, en 1999, à 53.915 millions de francs, soit une progression de 1,6 % par rapport à la loi de finances initiale de 1998. Observant que cette progression était inférieure à la croissance de l'ensemble des budgets civils (+ 2,3 %), il a estimé que ce budget n'était pas à la hauteur de la " grande ambition " affichée par M. Claude Allègre, ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, ni de l'effort à accomplir pour compenser les retards accumulés pendant les trois années antérieures à 1997. Il a ajouté que l'examen des crédits de la recherche figurant dans le fascicule budgétaire " Recherche et Technologie ", qui atteignaient près de 40 milliards de francs, confirmait cette analyse dans la mesure où leur progression de 1 % par rapport à 1998 était bien inférieure à celle d'autres budgets comme l'enseignement scolaire (+ 4,1 %) ou l'enseignement supérieur (+ 5,5 %).

Il a ensuite indiqué que les organismes de recherche bénéficieraient, en 1999, de dotations budgétaires en augmentation de 2,2 %. Au sein des crédits de fonctionnement destinés aux organismes de recherche, il a précisé que l'accent était mis sur le soutien des programmes, en progression de 7,7 %, afin d'assurer le fonctionnement courant des laboratoires mais a regretté que les autres autorisations de programmes (actions incitatives, immobilier, équipement) diminuent, en contrepartie, de 8,6 %. Il a noté que la subvention prévue en faveur du CNRS augmenterait de 1,6 % et que les dotations allouées à l'INRA, l'INSERM et l'INRIA connaîtraient également une progression significative, supérieure à 2 %.

S'agissant du Commissariat à l'énergie atomique, il a souligné qu'il bénéficierait d'une augmentation de ses crédits d'investissements de 15,2 %, ce qui représentait, en intégrant la dotation prévue sur le budget du ministère chargé de l'Industrie, un montant total de 750 millions de francs en autorisations de programme.

En matière de recherche universitaire, il a observé que la croissance prévue de 2,9 % des crédits était certes importante mais restait inférieure à celle constatée en 1998 (+ 6 %).

Concernant les crédits alloués aux laboratoires, il a fait part des observations du syndicat national des chercheurs scientifiques qui estimait nécessaire de les doubler en 5 ans..

Rappelant que le projet de budget civil recherche-développement (BCRD) pour 1999 prévoyait la création de 150 emplois, il a formulé le même constat d'insuffisance sur les créations d'emplois scientifiques en les comparant aux 400 créations d'emplois de chercheurs et 200 d'emplois d'ITA inscrites dans le BCRD pour 1998. Il a vivement souhaité que l'effort conséquent, justifié en 1998 par les retards accumulés, soit poursuivi au même rythme afin d'améliorer la pyramide des âges des chercheurs. Il a rappelé que les organisations syndicales estimaient à 5.000 postes d'enseignants chercheurs, et à un nombre identique de postes d'IATOS, les besoins annuels dans ce domaine, sur quatre ans.

En ce qui concerne la formation et l'aide à la recherche, il a précisé que des crédits supplémentaires étaient prévus pour la signature de 150 nouvelles conventions de formation par la recherche de techniciens supérieurs ainsi que pour consolider l'augmentation du nombre des allocations de recherche, décidée en 1998 (3.800 allocations). Il a noté que ce nombre était inférieur de 400 à son niveau de 1992 et 1993.

Enfin, il a évoqué le soutien à l'innovation technologique qui se traduit par une augmentation des crédits du chapitre 66-04 (Fonds de la recherche et de la technologie et diffusion des techniques du secteur spatial) qui passeront de 473 millions de francs à 670 millions de francs en autorisations de programme. Il a indiqué que le Fonds national de la science, nouvellement créé, pour intervenir dans des secteurs jugés prioritaires serait doté de 500 millions de francs en crédits de paiement. Il a précisé que, dans le secteur spatial, les subventions allouées au CNES étaient accrues de 70 millions de francs ce qui devait permettre de poursuivre le développement des performances du lanceur Ariane 5.

Concluant sa présentation, le Rapporteur spécial a estimé que le projet de budget pour 1999 se caractérisait par deux orientations principales. Sur le plan strictement budgétaire, d'une part, il a considéré que la progression des crédits était in fine peu significative et devait être interprétée comme une stabilisation au niveau des parties opérationnelles, comme le démontrait la situation du CNRS quand bien même cet organisme dispose de ressources propres à ne pas négliger, provenant des contrats conclus avec les entreprises, notamment. Au niveau des orientations prises, d'autre part, il a souligné qu'elles s'avéraient problématiques dans la mesure où la priorité en faveur du développement de liens entre la recherche et l'activité des entreprises marquait fortement le projet de budget et où certains dispositifs mis en place dans ce sens ne font pas l'objet d'une évaluation, comme c'est le cas pour le crédit d'impôt-recherche. S'agissant des grands établissements de recherche, il a ajouté que les arbitrages effectués les incitaient à se placer dans une situation d'autodéfense et que leur autonomie était menacée par la nécessité dans laquelle elles se trouvaient de développer, à tout prix, leurs relations avec le monde industriel. Il a ainsi cité l'exemple du Fonds de la Recherche et de la Technologie contraint d'orienter ses activités sur des filières rentables ou portées par la conjoncture, au détriment de la recherche fondamentale. Il a estimé que toutes ces orientations revenaient à abandonner la " société du savoir " au profit de la " société de marché " et a proposé, en conséquence, de s'abstenir lors du vote des crédits de la Recherche.

M. Alain Rodet s'est élevé contre l'idée, qui semblait être celle du Rapporteur spécial, selon laquelle il existerait une frontière étanche entre recherche fondamentale et recherche appliquée. Il a insisté sur le rôle de la recherche pour développer le tissu économique des régions en déclin. Soulignant la concentration excessive des laboratoires et des équipes du CNRS dans la région parisienne, il s'est interrogé sur les moyens d'inciter cet organisme à participer davantage à un développement plus équilibré du territoire.

M. Jacques Guyard, après avoir rappelé que la recherche avait connu en 1998 une forte progression de ses dotations budgétaires, s'est félicité, contrairement au Rapporteur spécial, de la manière dont avait été construit le projet de budget pour 1999, en mettant particulièrement l'accent sur le développement d'instruments communs de la recherche au service de l'ensemble des chercheurs sur le territoire national. Il a indiqué que le développement des technologies modernes posait en termes nouveaux la question de la répartition territoriale des équipes, en facilitant, à distance, le travail en commun. Il s'est, en particulier, réjoui de la mise en place, dans cet esprit, du Fonds national de la science. Après s'être interrogé sur le montant des subventions accordées au Centre national d'études spatiales (CNES), il a conclu en soulignant que le projet de budget pour 1999 permettrait de faire face à la concurrence résultant de l'énorme effort de recherche consenti aux États-Unis.

Répondant aux intervenants, le Rapporteur spécial a notamment apporté les prévisions suivantes :

- parmi les 19 établissements que compte le CNRS, certains sont implantés dans les régions. Il est au demeurant prévu de développer le travail en réseau et la coopération avec les entreprises donne lieu à la conclusion de contrats ; on peut simplement constater que les résultats obtenus avec les partenaires privés font l'objet d'un meilleur affichage que précédemment. La qualité des travaux du C.N.R.S. est attestée par la place importante qu'occupe cet établissement dans l'Europe de la recherche ;

- tout ce qui contribue au passage de la recherche fondamentale à la recherche appliquée va dans le bon sens ; mais les chercheurs souhaitent que les moyens du fonctionnement ordinaire de leurs activités ne soient pas, dès lors, sacrifiés ;

- les chercheurs ne sont pas opposés à ce que la pyramide des âges soit corrigée, mais ils veulent qu'elle le soit grâce à une politique de recrutement pluriannuelle plutôt que par l'organisation d'une mobilité difficile à réaliser compte tenu de leur culture et de leurs méthodes de travail.

Après que le Rapporteur spécial eut précisé que sa proposition de s'abstenir sur les crédits de la recherche était motivée par le souci d'obtenir du Ministre des éclaircissements sur le sens de son action, la Commission a adopté les crédits de la Recherche et vous demande d'émettre un vote favorable à leur adoption.

1 ) Les données sur le personnel de R&D ne sont généralement disponibles qu'environ deux ans après les estimations des dépenses de R&D.

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