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le 9 novembre 1998

N° 1111

______

ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

ONZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 8 octobre 1998.

RAPPORT

FAIT

AU NOM DE LA COMMISSION DES FINANCES, DE L'ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN (1) SUR
LE PROJET DE loi de finances pour 1999 (n°1078),

PAR M. DIDIER MIGAUD,

Rapporteur Général,

Député.

--

ANNEXE N° 21
EMPLOI ET SOLIDARITÉ
FORMATION PROFESSIONNELLE

Rapporteur spécial :
M. Jacques BARROT

Député

____

(1) La composition de cette commission figure au verso de la présente page.

Lois de finances.

La commission des finances, de l'économie générale et du plan est composée de : MM. Augustin Bonrepaux, président ; Didier Migaud, rapporteur général ; Jean-Pierre Brard, Arthur Dehaine, Yves Tavernier, vice-présidents ; Pierre Bourguignon, Jean-Jacques Jegou, Michel Suchod, secrétaires ; MM.  Maurice Adevah-Poeuf, Philippe Auberger, François d'Aubert, Dominique Baert, Jean-Pierre Balligand, Gérard Bapt, François Baroin, Alain Barrau, Jacques Barrot, Alain Belviso, Christian Bergelin, Éric Besson, Jean-Michel Boucheron, Michel Bouvard, Mme Nicole Bricq, MM. Christian Cabal, Jérôme Cahuzac, Thierry Carcenac, Gilles Carrez, Henry Chabert, Didier Chouat, Alain Claeys, Yves Cochet, Charles de Courson, Christian Cuvilliez, Jean-Pierre Delalande, Francis Delattre, Yves Deniaud, Michel Destot, Patrick Devedjian, Laurent Dominati, Raymond Douyère, Tony Dreyfus, Jean-Louis Dumont, Daniel Feurtet, Pierre Forgues, Gérard Fuchs, Gilbert Gantier, Jean de Gaulle, Hervé Gaymard, Jacques Guyard, Pierre Hériaud, Edmond Hervé, Jacques Heuclin, Jean-Louis Idiart, Mme Anne-Marie Idrac, MM. Michel Inchauspé, Jean-Pierre Kucheida, Marc Laffineur, Jean-Marie Le Guen, Guy Lengagne, François Loos, Alain Madelin, Mme Béatrice Marre, MM. Pierre Méhaignerie, Louis Mexandeau, Gilbert Mitterrand, Alain Rodet, Nicolas Sarkozy, Gérard Saumade, Philippe Séguin, Jean-Pierre Soisson, Georges Tron, Philippe Vasseur, Jean Vila.

INTRODUCTION 9

CHAPITRE PREMIER : LES CRÉDITS DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE POUR 1999 EN PERSPECTIVE 11

I.- LES CRÉDITS DEMANDÉS POUR 1999 11

A.- LES STRUCTURES ET LA MÉTHODOLOGIE 11

B.- LES HYPOTHÈSES RETENUES POUR 1999 12

C.- LE BUDGET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE PROGRESSE FORTEMENT 13

II.- LA GESTION DES CRÉDITS EN 1997 ET 1998 17

A.- L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS EN 1997 : LES REMARQUES DE LA COUR DES COMPTES 17

1.- L'exécution 1997 17

2.- Les remarques de la Cour des Comptes 18

B.- LA GESTION DES CRÉDITS EN 1998 19

CHAPITRE II : LA FORMATION EN ALTERNANCE 21

I.- PROMOUVOIR L'APPRENTISSAGE 21

A.- LE SUCCÈS DE LA FORMULE 21

1.- Le dispositif en 1998 21

a) Le partage des compétences entre l'État et les régions 21

b) Un dispositif incitatif indispensable mais menacé 22

c) Les rémunérations perçues par les apprentis 24

2.- L'apprentissage a rencontré un succès croissant 24

a) Aspects régionaux 24

b) Aspects sectoriels 25

c) Les caractéristiques des apprentis 26

B.- LE BILAN DE LA RÉFORME DE L'APPRENTISSAGE 27

1.- Le mécanisme institué en 1996 27

2.- La ressource 28

C.- LES ORIENTATIONS POUR 1999 : L'APPRENTISSAGE MARQUE LE PAS 29

II.- LES AUTRES FORMATIONS EN ALTERNANCE DESTINÉES AUX JEUNES 30

A.- LES CONTRATS DE QUALIFICATION 31

1.- Caractéristiques 31

2.- Les effectifs ont connu une forte croissance en 1997 31

3.- Bilan de l'insertion par le contrat de qualification 31

4.- Les contrats de qualification dans le budget 1999 32

B.- LES CONTRATS D'ADAPTATION ET D'ORIENTATION 33

1.- La reprise des contrats d'adaptation 33

2.- Le contrat d'orientation 34

III.- LA GESTION DÉCENTRALISÉE DES ACTIONS DE FORMATION
POUR LES JEUNES
35

A.- LES ACTIONS QUALIFIANTES DÉCENTRALISÉES AU 1ER JUILLET 1994 35

B.- LES ACTIONS PRÉQUALIFIANTES ET LES MESURES D'ACCOMPAGNEMENT : UNE DÉCENTRALISATION PROGRESSIVE ET CONCERTÉE 36

1.- Les conventions de délégation de compétence 36

2.- Les crédits et les perspectives pour 1999 36

CHAPITRE III : LES AUTRES CONCOURS DE L'ÉTAT AU FINANCEMENT DE LA FORMATION 37

I.- LES STAGES D'INSERTION ET DE FORMATION À L'EMPLOI, LES CONTRATS AIDÉS ET LES EMPLOIS-JEUNES 37

A.- LES STAGES D'INSERTION ET DE FORMATION À L'EMPLOI 37

B.- LE FAIBLE CONTENU EN FORMATION DES CONTRATS AIDÉS 39

1.- Le contrat initiative-emploi 39

2.- Le contrat emploi-solidarité 40

3.- Le contrat emploi consolidé 40

C.- LA NÉCESSAIRE PROFESSIONNALISATION DES EMPLOIS-JEUNES 40

II.- LE PROGRAMME NATIONAL DE FORMATION PROFESSIONNELLE 41

A.- PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU PROGRAMME NATIONAL 41

B.- LA POLITIQUE CONTRACTUELLE 41

C.- LES CONTRATS DE PLAN ÉTAT-RÉGIONS 42

D.- LES PROGRAMMES DESTINÉS À LA FORMATION DES INGÉNIEURS
 ET DES CADRES 43

E.- LES ATELIERS PÉDAGOGIQUES PERSONNALISÉS 43

III.- L'ALLOCATION FORMATION RECLASSEMENT 45

A.- LE DISPOSITIF 45

B.- ÉVOLUTIONS EN 1996 ET 1997 46

C.- PERSPECTIVES POUR 1999 ET RÉSULTATS EN TERMES D'INSERTION 47

CHAPITRE IV : L'ASSOCIATION POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE DES ADULTES 49

I.- LES RESSOURCES SONT MAJORITAIREMENT D'ORIGINE PUBLIQUE 49

A.- LES RESSOURCES GLOBALES 49

B.- LES DOTATIONS PUBLIQUES 50

II.- LES CHARGES ET LES EFFECTIFS 51

A.- LES EFFECTIFS ET LES FRAIS DE PERSONNEL CROISSENT 51

1.- Le rythme de recrutements reste soutenu 51

a) La pause observée en 1995-1996 ne s'est pas confirmée 51

b) Les prévisions pour 1998 et 1999 51

2.- Les rémunérations 52

a) Les facteurs d'évolution des rémunérations 52

b) Le niveau des rémunérations 52

c) Améliorer la gestion des ressources humaines 53

B.- LE NIVEAU ENCORE ÉLEVÉ DES CHARGES DE GESTION 55

III.- LES INVESTISSEMENTS 55

A.- LA CROISSANCE DES INVESTISSEMENTS 55

1.- Situation au 31 décembre 1997 55

2.- Les projets pour 1999 56

B.- DES CLARIFICATIONS SEMBLENT NÉCESSAIRES 57

IV.- ACTIVITÉS ET RÉSULTATS 57

A.- L'ACTIVITÉ DE L'AFPA 57

B.- L'ÉVALUATION DE LA QUALITÉ DE LA FORMATION DÉLIVRÉE
 PAR L'AFPA 58

1.- Année 1996 58

2.- Année 1997 59

3.- Taux de placement des stagiaires après 6 mois 59

V.- LES NOUVELLES ORIENTATIONS DE L'AFPA 59

A.- LE GOUVERNEMENT A TRACÉ LA VOIE DE LA RÉNOVATION DE L'AFPA 59

1.- La vocation de l'AFPA n'est pas remise en cause 59

2.- Les contrats de progrès 60

B.- L'AFPA DOIT POURSUIVRE LA REMISE EN ORDRE DE SA GESTION 61

1.- L'AFPA doit renforcer son pôle régional 61

2.- La rationalisation de la gestion 61

CHAPITRE V : DÉVELOPPER LA FORMATION PROFESSIONNELLE DES SALARIÉS 63

I.- LE MARCHÉ DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE 63

A.- LA DÉPENSE TOTALE POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE
 A AUGMENTÉ EN 1996 63

1.- Une reprise 63

2.- L'offre privée de formation 64

a) S'adapter aux attentes des entreprises 65

b) Un marché très éclaté 65

B.- LE CONTRÔLE DES ORGANISMES DE FORMATION 66

II.- LES ORGANISMES COLLECTEURS 66

A.- UN DISPOSITIF COMPLEXE 66

1.- Un mécanisme de redistribution 67

2.- Les obligations pesant sur les entreprises 67

3.- Caractéristiques des organismes paritaires agréés au titre du congé individuel de formation 68

a) Le dispositif du congé individuel de formation 68

b) La collecte au titre du congé individuel de formation des salariés sous contrat à durée indéterminée 69

c) La collecte au titre du congé individuel de formation des anciens titulaires de contrat a durée déterminée 70

4.- Les organismes paritaires collecteurs agréés au titre des formations professionnelles en alternance 70

a) Les contributions gérées par les organismes paritaires agréés au titre des formations en alternance 71

b) 1997 est la deuxième année de fonctionnement du nouveau régime 71

5.- Le plan de formation 72

B.- DES RESSOURCES ABONDANTES, DES FRAIS ÉLEVÉS 72

1.- Les ressources en 1997 72

2.- Les charges en 1997 73

a) Les charges d'exploitation 73

b) Une plus grande rigueur dans le financement du paritarisme 74

C.- DES EXCÉDENTS FINANCIERS ENCORE EXCESSIFS 74

1.- Les organismes de collecte agréés au titre du congé individuel
 de formation 76

2.- Les organismes de collecte agréés au titre de l'alternance 76

3.- Les organismes de collecte agréés au titre du plan de formation 77

III.- PROMOUVOIR LA FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE 77

A.- LES CARENCES DU SYSTÈME ACTUEL 78

1.- Les bases du système datent de 1971 78

2.- Il est marqué par de profondes inégalités 79

3.- Il est source de gaspillages 79

B.- UN NOUVEAU SYSTÈME DE FORMATION CONTINUE: PRIVILÉGIER
 LA « FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE » 79

1.- Les principes : la « deuxième chance » 79

2.- Les difficultés à surmonter 80

3.- Les outils 80

a) Le financement 81

b) La validation des compétences 81

c) La réforme devra prendre en compte le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication 83

d) Des propositions pour motiver les entreprises 83

EXAMEN EN COMMISSION 85

A.- AUDITION DES MINISTRES 85

B.- EXAMEN DES CRÉDITS 87

ARTICLE 80  : Recentrage de l'aide à l'embauche de l'indemnité compensatrice forfaitaire à l'apprentissage 90

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INTRODUCTION

Alors que la technicité des métiers s'accroît sans cesse, notamment à cause de l'informatisation croissante de la société, la nécessité d'une formation professionnelle efficace devient vitale pour la cohésion de notre société. Le manque de main d'_uvre qualifiée dans certains secteurs, dans des temps où le chômage de masse persiste, devient paradoxal.

Le projet de budget de la formation professionnelle pour 1999 tente de prendre en compte cette nouvelle dimension. Les crédits de la formation professionnelle sont désormais retracés pour une grande part dans le nouvel agrégat « Participation de l'État à la formation professionnelle » de la nomenclature budgétaire des crédits de l'emploi. Cet agrégat atteint 26,42 milliards de francs en 1999, soit une augmentation de 5,3 %. Ce montant n'inclut pas les deux subventions versées à l'association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) : la subvention de fonctionnement passe à 4,128 milliards de francs (+ 3,2 %), la subvention d'équipement se monte à 320 millions de francs.

12,203 milliards de francs sont consacrés au financement des contrats en alternance. La dotation de décentralisation, qui regroupe les crédits destinés aux régions, se monte à 7,877 milliards de francs, en augmentation de 2,3 %. Le Fonds pour la formation professionnelle et de la promotion sociale finance la politique contractuelle, le volet « formation professionnelle » des contrats de plan État-régions ainsi que des actions spécifiques vers certains publics (actions catégorielles) ; il est doté de 2,6 milliards de francs en 1999, soit une augmentation de 9,5 %. La rémunération des stagiaires de l'AFPA s'élève à 900 millions de francs
(- 4,1 %) et les versements à l'UNEDIC au titre de l'allocation-formation reclassement à 2,716 milliards de francs (+ 0,7 %).

Après avoir décrit les grandes lignes du budget de la formation professionnelle pour 1999, puis examiné les différents concours publics aux dispositifs de formation, votre Rapporteur évoquera la remise en ordre de l'AFPA, puis il abordera in fine l'économie du marché de la formation professionnelle et l'organisation du réseau de collecte.

Dans la perspective de la prochaine réforme du système de la formation professionnelle, la nécessité du développement de la formation professionnelle des salariés tout au long de la vie sera particulièrement approfondie.

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CHAPITRE PREMIER :

LES CRÉDITS DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE POUR 1999 EN PERSPECTIVE

L'analyse des crédits demandés pour 1999 précédera l'examen de la gestion des crédits en 1997 et des six premiers mois de 1998.

I.- LES CRÉDITS DEMANDÉS POUR 1999

Les crédits demandés au titre du budget de l'Emploi pour 1999 s'élèvent à 161,849 milliards de francs, en progression de 4 % à structure constante par rapport à 1998, où ils atteignaient 155,8 milliards de francs.

L'augmentation est près de deux fois supérieure à la norme d'augmentation de 1 % en volume et 2,2 % en valeur fixée pour la croissance du budget de l'État en 1999.

A.- LES STRUCTURES ET LA MÉTHODOLOGIE

En préambule, votre Rapporteur ne peut que se féliciter de la nomination, le 30 mars 1998, d'une secrétaire d'État à la formation professionnelle dont le décret n° 98-240 du 2 avril 1998 définit les attributions.

Le budget de l'emploi regroupe désormais, dans une seule annexe budgétaire, les crédits de l'emploi stricto sensu et les crédits qui, auparavant inscrits au budget des charges communes, lui étaient cependant rattachés et qui concernaient, pour l'essentiel, la « ristourne » de charges sociales sur les bas salaires (43 milliards de francs).

Si le montant global du budget a été arrêté à 162,23 milliards de francs, un transfert de 380 millions de francs vers le Fonds pour l'emploi dans les départements d'outre-mer (FEDOM) pour couvrir les dépenses des emplois-jeunes dans les DOM ramène à 161,85 milliards de francs le montant de crédits inscrits. C'est ce montant qui, comparé au budget 1998 et à structure constante, augmente de 4 % (+ 6,26 milliards de francs).

La nomenclature des chapitres a été profondément modifiée, notamment sur le titre VI, pour donner plus de lisibilité aux grandes catégories d'interventions. Par exemple, la création d'un chapitre 43-70
- Financement de la formation professionnelle - permet de regrouper l'ensemble des articles afférents. Le coût global de certains dispositifs est mieux identifié, par exemple, grâce à la création d'un chapitre 44-77
- Compensation de l'exonération des cotisations sociales.

Les agrégats ont été également réorganisés de manière à exprimer les nouveaux axes de la politique du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle. Le nouvel agrégat 02 « Participation de l'État au financement de la formation professionnelle » traite désormais uniquement de la formation professionnelle.

B.- LES HYPOTHÈSES RETENUES POUR 1999

Les principales hypothèses retenues pour l'établissement du budget de la formation professionnelle en 1999 sont les suivantes :

· Le nombre de contrats d'apprentissage devrait atteindre 240.000 en 1998 et 230.000 en 1999. Le nombre de contrats de qualification devrait se monter à 100.000 en 1998, et 130.000 en 1999. Les contrats de qualification destinés aux adultes passent de 5.000 à 10.000.

· Le nombre d'entrées en stages d'insertion et de formation à l'emploi (SIFE), de 160.000 en loi de finances initiale pour 1998, passe à 145.000. Les stages d'accès à l'entreprise (SAE) passent de 40.000 à 30.000.

· Les effectifs sous contrats de travail aidés (contrats initiative emploi - CIE, contrat emploi solidarité - CES, emplois consolidés à l'issue d'un CES et emplois de ville), se montent à 665.000.

· Les dotations de décentralisation sont revalorisées au taux de la dotation générale de décentralisation, soit + 2,77924 %.

· Les dotations prévues dans le cadre des contrats de plan État-régions passent de 100,79 millions de francs en 1998 à 102,21 millions de francs.

Le tonus de la conjoncture observé en 1998 devrait se poursuivre au cours de l'année 1999. Le Gouvernement, pour préparer son projet de loi de finances pour 1999, a prévu une croissance de + 3,1 % en 1998 et de + 2,7 % en 1999. Il faut néanmoins noter que le retour d'une croissance modérée, autour de 3 %, a profité à l'emploi précaire (intérim, contrats à durée déterminée) et a permis l'amorce de la décrue du nombre de demandeurs d'emploi (- 4,8 % entre juillet 1997 et juillet 1998). Les effectifs salariés ont connu, selon le ministère de l'emploi et de la solidarité, une croissance de 275.000 personnes en 1998.

C.- LE BUDGET DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE PROGRESSE FORTEMENT

La progression importante du budget de la formation professionnelle constatée l'année précédente (+ 2,3 %) tenait au rattachement au budget de l'emploi des primes d'apprentissage pour un montant de 5,3 milliards de francs, primes auparavant inscrites au budget des charges communes.

En adoptant la démarche suivie par les rédacteurs de l'annexe budgétaire « emploi », c'est-à-dire en se limitant à l'agrégat « Participation de l'État à la formation professionnelle », on évalue à 26,42 milliards de francs le montant des crédits prévus au titre de la formation professionnelle, soit une augmentation de 5,3 %.

L'analyse des crédits 1999 peut s'effectuer sous trois angles :

· en examinant les variations d'effectifs dans les dispositifs de formation entre 1998 et 1999 ;

· en classant les dépenses par nature économique (fonctionnement, rémunérations...) ;

· en effectuant une répartition de la dépense par publics visés.

Les sommes totales obtenues dépassent le montant de l'agrégat « Participation de l'État à la formation professionnelle » car elles intègrent des dépenses liées, par exemple, au maintien du réseau d'appui, à l'AFPA ou aux programmes en faveur des chômeurs de longue durée.

Le premier tableau présente une évolution synthétique des effectifs prévus en 1998 et 1999 dans les principaux dispositifs de formation. Il permet de noter que ce budget marque une priorité pour l'insertion des jeunes et les formations en alternance. Les crédits destinés aux actions de formation pour les jeunes s'élèvent à 17 milliards de francs, soit environ la moitié des crédits de la formation professionnelle inscrits au budget de l'Emploi.

Les effectifs sous contrats d'apprentissage sont en légère baisse, ce qui est une évolution préoccupante. Néanmoins, le nombre de jeunes et d'adultes sous contrat d'alternance atteindra en 1999 370.000, ce qui reste un niveau satisfaisant.

NOMBRE D'ENTRÉES DANS LES DISPOSITIFS DE FORMATION 1998-1999

     

Évolution

 

1998

PLF 1999

1999/1998

     

(en %)

Stages de formation

     

Stages d'insertion et de formation à l'entreprise (SIFE) collectifs

130.000

120.000

- 7,7

SIFE individuels

30.000

25.000

- 16,6

Stages d'accès à l'entreprise (SAE)

40.000

30.000

- 25

Sous-total

200.000

175.000

- 12,5

Contrats de travail aidés

     

Contrat initiative-emploi (CIE)

200.000

180.000

- 10

Contrats emploi-solidarité (CES)

500.000

425.000

- 15

Emplois consolidés à l'issue d'un CES

30.000

60.000

20

Emplois de ville

-

-

-

Sous-total

730.000

665.000

- 8,9

Contrats en alternance

     

Contrats d'apprentissage

240.000

230.000

- 4,2

Contrats de qualification

100.000

130.000

30

Contrats de qualification adultes

5.000

10.000

100

Sous-total

340.000

370.000

8,8

Aides à la reconversion et à l'adaptation

     

Conventions de conversion

120.000

120.000

- 16,7

Allocations spéciales du FNE

22.000

18.000

- 18,2

Préretraites progressives

22.000

18.000

- 18,3

Sous-total

164.000

156.000

- 4,9

Chômage partiel (en millions d'heures)

42,90

30

- 30,1

Emploi-jeunes

100.000

100.000

-

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

Le tableau suivant récapitule les crédits demandés pour 1999 en les classant par nature économique de la dépense : dépenses de fonctionnement, de rémunérations, d'exonérations de charges et d'aides forfaitaires, ainsi que les dépenses d'équipement et les dotations de décentralisation.

On remarque que les dépenses de fonctionnement et de rémunération connaissent une chute sensible, notamment à cause de la poursuite de la décentralisation.

L'ENVELOPPE 1999 DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE PAR NATURE ÉCONOMIQUE DE LA DÉPENSE

(en millions de francs)

 

Projet de loi de finances 1998

Projet de loi de finances 1999

1999/1998
(en %)

I.- Fonctionnement

     

Fonds de la formation professionnelle et de la promotion sociale

     

Réseau d'accueil

359,90

419,45

-

Actions expérimentales de formation professionnelle

-

20

-

Actions de formation alternées

1.380,26

200

-

Actions hors champ de décentralisation

220

678,64

-

Politique contractuelle

721

5

-

Rénovation de l'apprentissage

10

60

-

Programme TRACE

-

405,41

-

Contrats de plan État-régions

397,41

-

-

Insertion des publics en difficulté

     

Programme en faveur des chômeurs de longue durée

1.772,79

1.632,99

-

Actions du Fonds national pour l'emploi en direction des cadres

130,29

86,86

-

Formation professionnelle des adultes

     

Fonctionnement des stages AFPA

4.004,03

4.128

-

Fonctionnement d'autres organismes de formation et expérimentation

66,80

66,80

-

Total I

9.062,48

7.733,47

- 14,66

II.- Rémunérations

     

Actions de formation alternées décentralisées au 1er janvier 1999

1.265,61

13,25

-

Programme national de formation professionnelle

820,21

923,54

-

Protection sociale des stagiaires TRACE

-

30,55

-

Programme en faveur des chômeurs de longue durée

2.061,31

1.481,55

-

Actions du Fonds national pour l'emploi en direction des cadres

97

15,16

-

Rémunération des stages AFPA

938,62

900

-

Versement de l'Unedic au titre de l'AFR

2.179,97

217,52

-

Frais de gestion du CNASEA

230,16

6.297,14

-

Total II

7.592,88

6.297,14

- 17,06

III.- Exonérations de charges et aides forfaitaires

     

Exonérations contrats d'apprentissage

4.545,38

4.587,80

-

Exonérations contrats de qualification

2.155,54

2.607,92

-

Exonérations contrats de qualification adultes

-

248,68

-

Indemnité compensatrice forfaitaire pour l'apprentissage

4.774,28

4.664,61

-

Primes à l'embauche des contrats de qualification

-

343

-

Primes à l'embauche des contrats de qualification adultes

-

100

-

Total III

11.475,20

12.552,01

+ 9,38

IV.- Équipement

     

Fonds de la formation professionnelle

214,26

215,68

-

Formation professionnelle des adultes

702,64

659,48

-

Primes à l'embauche des contrats de qualification

6,84

7,7

-

Total IV

923,74

882,86

+ 7,82

V.- Dotations de décentralisation

     

Loi de décentralisation du 7 janvier 1983

3.131,46

3.218,49

-

Loi du 23 juillet 1987 portant rénovation de l'apprentissage

104,15

107,4

-

Loi du 1er décembre 1988 relative à Mayotte

-

1,36

-

Loi de décentralisation 1993 et enveloppe de rééquilibrage

1.851,26

1.902,71

-

Actions décentralisées en faveur des jeunes

-

2.669,81

-

Total V

5.088,19

7.899,41

+ 55,25

Total I à V

33.630,49

34.925,96

+ 3,85

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

Le tableau suivant fait le point sur les crédits demandés en 1999 en adoptant une approche par publics.

L'ENVELOPPE 1999 DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE PAR PUBLICS

(en millions de francs)

 

Projet de loi de finances 1998

Projet de loi de finances 1999

1999/1998
(en %)

I.- Actions spécifiques en faveur des jeunes

     

1.- Actions de formation alternées

     

Actions de formation alternées (1)

2.645,87

43,57

-

Loi de décentralisation 1993 et enveloppe de rééquilibrage (3)

1.851,26

1.902,71

-

Actions décentralisées en faveur des jeunes (1)

-

2.669,81

-

Programme TRACE (fonctionnement + protection sociale)

-

90,55

-

Sous-total actions de formation alternées

4.497,13

4.706,64

+ 4,66

2.- Apprentissage

     

Indemnité compensatrice forfaitaire (loi du 6 mai 1996)

4.774,28

4.664,61

-

Exonération de cotisations sociales

4.545,38

4.587,80

-

Rénovation, actions nationales et décentralisées

114,15

112,04

-

Contrats de plan État-régions

105,44

107,56

-

Sous-total apprentissage

9.539,25

9.472,01

- 0,71

3.- Contrats de qualification

     

Primes à l'embauche des contrats de qualification

-

343

-

Exonération de charges sociales

2.155,54

2.607,92

-

Sous-total qualification

2.155,54

2.950,92

+ 36,90

4.- Réseau d'accueil

     

Missions locales et permanences d'accueil, d'information et d'orientation

359,90

419,45

+ 16,54

Total I

16.551,82

17.549,02

+ 6,02

II.- Actions destinées à l'ensemble des publics

     

1.- Fonds de formation professionnelle

     

Actions expérimentales de formation professionnelle

-

20

-

PNFP et politique contractuelle

1.541,21

1.602,18

-

Contrats de plan État-régions

291,97

297,85

-

Équipement contrats de plan

106,42

107,84

-

Actions hors champ de décentralisation

220

200

-

Sous-total Fonds de la formation professionnelle

2.159,60

2.227,87

+ 3,16

2.- Formation professionnelle des adultes

     

Stages AFPA et autres organismes

5.009,45

5.094,80

-

Équipement

305,32

336,09

-

Total II

7.474,37

7.658,76

+ 2,46

III.- Actions en faveur des demandeurs d'emploi

     

Programme CLD (fonctionnement + rémunérations) (2)

3.834,10

3.114,54

-

FNE cadres (fonctionnement + rémunérations) (2)

227,29

102,02

-

Contrats de qualification adultes (primes + exonérations)

-

348,68

-

Versement de l'Unedic au titre de l'AFR (2)

2.179,97

2.715,57

-

Frais de gestion du CNASEA (1)

230,16

217,52

-

Total III

6.471,52

6.498,33

+ 0,41

IV.- Dotation de décentralisation (1983 et 1988)

     

Loi de décentralisation du 7 janvier 1983 (3)

3.131,46

3.218,49

-

Loi du 1er décembre 1988 relative à Mayotte (3)

1,32

1,36

-

Total IV

3.132,78

3.219,85

+ 2,78

Total I à IV

33.630,49

34.925,96

+ 3,85

(1) Les actions de formations alternées préqualifiantes en faveur de jeunes sont décentralisées au 1er janvier 1999.

(2) La part AFR des programmes chômage de longue durée (CLD) et du Fonds national pour l'emploi (cadres FNE) est désormais inscrite sur l'article consacré au versement AFR.

(3) Le taux de croissance de la dotation générale de décentralisation (DGD) est fixé à 2,77924 % (évolution prévisible).

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

II.- LA GESTION DES CRÉDITS EN 1997 ET 1998

L'exécution du budget 1997 et des premiers mois de 1998 appelle quelques remarques.

A.- L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS EN 1997 : LES REMARQUES DE LA COUR DES COMPTES

1.- L'exécution 1997

Les crédits de la formation professionnelle inscrites dans la loi de finances pour 1997 (n° 96-1181 du 30 décembre 1996) s'élevaient à 28.075 millions de francs.

En 1996, une seule mesure d'annulation de crédits avait été prise sur les crédits du chapitre IV (chapitre 43-71), à hauteur de 5,4 millions de francs.

Trois arrêtés d'annulations de crédits ont été pris au cours de l'année 1997 : le 7 juillet 1997, le 9 juillet 1997 et le 23 novembre 1997. En définitive, les annulations totales au titre de 1997 sont beaucoup plus élevés qu'en 1996 (55,4 millions de francs) et se montent à 167 millions de francs. Notamment, 30  millions de francs sont annulés au titre VI (subvention d'équipement de l'AFPA).

Comme prévu, des arrêtés de répartition de crédits en provenance du budget des charges communes sont venus abonder les chapitres accueillant les indemnités compensatrices forfaitaires versées aux employeurs des apprentis. Le montant total des répartitions de crédits se monte à 3.626,6 millions de francs. Le montant des transferts internes atteint 967,3 millions de francs.

Le tableau suivant synthétise l'ensemble des mouvements ayant affecté le budget de la formation professionnelle pendant la gestion 1997.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE EN 1997

(en millions de francs)

Chapitres et objet

Crédits votés 1997

Reports

Annulations

Mouvements internes

Fonds de concours

Répartitions ou virements

Crédits ouverts

43-03 - Fonctionnement des stages de formation

3.023

1.811

- 133

-

280

3.992

8.975

43-04 - Rémunération des stagiaires

6.819

204

-

-

39

680

7.743

43-06 - Dotation décentralisation : apprentissage et formations qualifiantes

5.018

-

-

-

-

-

5.018

43-71 - Subvention de fonctionnement à l'AFPA

4.075

11

- 34

-

199

-

4.251

43-72 - Fonds social européen (FSE). Interventions

-

2.442

-

-

3.251

- 64

5.630

44-74-11 - Programmes de formation pour les chômeurs de longue durée (SIFE et stages d'accès à l'entreprise)

1.536

0,365

-

- 1

26

63

1.625

44-74-42 - Conventions de formation FNE, conversion des cadres

130

0,526

-

-

-

-

131

44-78-10 - Exonération de cotisations sociales : contrats de qualification

2.831

0,064

-

- 23

-

- 600

2.207

44-78-20 - Exonération de cotisations sociales pour l'apprentissage

4.231

0,027

-

- 107

-

-

4.124

66-00 - Dotations en capital du fonds de la formation professionnelle (contrats de plan)

105

131

-

-

-

-

237

66-71 - Subvention d'investissement de l'AFPA

280

180

- 30

-

-

-

409

Source : rapport du contrôleur financier.

2.- Les remarques de la Cour des Comptes

S'agissant de la gestion des fonds de concours, la Cour des comptes, dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1997, constate que « les rattachements de fonds de concours interviennent tardivement, reportant l'emploi d'une grande partie de ces crédits à la gestion suivante. En 1997, les rattachements constatés au 4ème trimestre représentent plus de 40 % du total (43,3 % en 1996). »

Le budget de l'emploi et de la solidarité a reçu en 1997 environ 8 milliards de francs par le moyen des fonds de concours. En matière de formation professionnelle, le chapitre 43-72 reçoit la majeure partie des fonds. Le tableau suivant fait le point sur l'évolution du montant des fonds de concours en provenance du Fonds Social européen depuis 1993.

FONDS DE CONCOURS PROVENANT DU FONDS SOCIAL EUROPÉEN
(chapitre 43-72)

(en millions de francs)

1993

1994

1995

1996

1997

1998 (a)

1999 (a)

1.326

1.730

2.705

2.853

3.251

4.612,9

4.254

(a) estimation.

Source : état récapitulatif des crédits de fonds de concours (1997/1998/1999).

En ce qui concerne les dépenses d'intervention, qui constituent la majeure partie des crédits du budget, la Cour des comptes remarque que la forte progression 1997 (+ 19,6 %) des dépenses de participation de l'État à la formation et à l'adaptation de la main d'_uvre des entreprises est surtout provoquée par la croissance des dépenses de prévention et d'accompagnement des restructurations.

En matière de virements de crédits significatifs, la Cour relève (p. 299) l'annulation de 890 millions de francs au chapitre 44-74 - Fonds national pour l'emploi pour pallier notamment une insuffisance de 680 millions de francs au chapitre 43-04 - Formation et insertion professionnelle : « la dotation initiale (1.734,4 millions de francs) prévue pour la rémunération des stagiaires du programme concernant les chômeurs de longue durée, sous estimée en loi de finances, a été accrue de 39 % »

La Cour note également des imputations irrégulières ayant probablement eu pour objet de « contourner les dispositions de l'article 11 de l'ordonnance organique relative aux crédits limitatifs ». En effet, un versement de 500 millions de francs à l'UNEDIC destiné au financement de l'allocation forfaitaire de reclassement a été imputé sur le chapitre 44-74
- FNE - au lieu du chapitre 43-04 - Rémunération des stagiaires de la formation professionnelle. Selon la Cour, « cette imputation irrégulière était motivée par l'insuffisance des crédits disponibles sur le chapitre 43-04 et par l'impossibilité de les abonder par un nouveau virement, la limite du dixième de la dotation fixée par l'article 14 alinéa 3 de l'ordonnance organique ayant déjà été atteinte. »

Votre Rapporteur souscrit pleinement aux observations de la Cour, qui contribuent à rendre plus transparente l'information soumise aux parlementaires.

B.- LA GESTION DES CRÉDITS EN 1998

Les crédits votés pour 1998 s'élèvent à 33 milliards de francs, y compris les crédits figurant au budget des charges communes.

Le tableau suivant fait le point sur la consommation des crédits de la formation professionnelle au 30 juin 1998.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE EN 1998

(Au 30 juin 1998)

(en millions de francs)

Dispositifs financés

Loi de finances initiale 1998

Crédits consommés

Mission d'accueil

359,96

94,73

Politique contractuelle

399

75,68

Programme national de la formation professionnelle

322

105,40

Actions décentralisées en faveur des jeunes

2613,29

1.601,49

Actions hors champ de la décentralisation de 1993

220

36,86

Actions en faveur des jeunes à la charge de l'État

32,58

6,26

Actions de rénovation et de renforcement de l'apprentissage

10

2,90

Contrats de plan État-régions

397,41

45,32

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

CHAPITRE II :

LA FORMATION EN ALTERNANCE

Favoriser les dispositifs de formation en alternance constitue un des enjeux majeurs de la formation professionnelle en France. Le budget de l'emploi pour 1999 prend en compte cette priorité.

I.- PROMOUVOIR L'APPRENTISSAGE

La promotion de l'apprentissage est une constante de la politique de l'emploi depuis une quinzaine d'années.

A.- LE SUCCÈS DE LA FORMULE

1.- Le dispositif en 1998

a) Le partage des compétences entre l'État et les régions

- L'État

L'article 82 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition des compétences entre les communes, les départements, les régions et l'État a donné compétence aux régions pour assurer la mise en _uvre de l'apprentissage. Ce même article dispose également que l'État reste compétent pour financer et organiser des actions de portée générale intéressant l'apprentissage, ainsi que pour effectuer des études et actions expérimentales nécessaires à la préparation de ces actions. C'est à ce titre qu'a été mis en place le programme national de l'apprentissage et que l'État intervient conjointement avec les régions dans le cadre des contrats de plan.

Outre ces dispositions, la loi confie un rôle à l'État en matière d'apprentissage dans les domaines suivants :

· le financement des aides à l'apprentissage (primes et exonérations) ;

· l'enregistrement des contrats d'apprentissage ;

· le contrôle pédagogique de l'apprentissage, qui relève de la compétence de l'inspection de l'apprentissage, placée sous l'autorité du recteur.

Le contrôle financier des organismes collecteurs de la taxe d'apprentissage est exercé par les inspecteurs et contrôleurs de la formation professionnelle.

L'État, représenté par le Préfet de région, est également signataire des contrats d'objectifs visant à développer l'apprentissage.

- Les régions

Attribuant aux régions une compétence de droit commun en matière de formation professionnelle et d'apprentissage, le législateur les a dotées des moyens suivants :

· le contrat d'objectif : la loi du 23 juillet 1987 relative à l'apprentissage a ouvert la possibilité de conclure entre l'État, la région et une ou plusieurs organisations représentatives des milieux socio-professionnels, des contrats fixant des objectifs de développement coordonné des différentes voies de formation professionnelle des jeunes et, notamment, de la formation professionnelle alternée ;

· le plan régional de développement des formations a été créé par la loi quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle du 20 décembre 1993. Il a pour objet la programmation à moyen terme des réponses aux besoins de formation. Le plan régional de développement des formations est établi par le conseil régional. Il est élaboré en concertation avec l'État et les organisations professionnelles d'employeurs et de salariés, au niveau régional, en y associant le conseil économique et social régional et les organismes consulaires ;

· le comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue, créé par la loi du 7 janvier 1983, assure trois fonctions essentielles : la coordination des régions, leur consultation sur la définition du cadre législatif et réglementaire de la formation professionnelle et l'accompagnement de la décentralisation. La loi quinquennale du 20 décembre 1993 lui a confié l'évaluation des politiques régionales d'apprentissage et de formation professionnelle. La loi du 6 mai 1996 portant réforme du financement de l'apprentissage lui a donné un rôle consultatif dans la mise en place du mécanisme de péréquation.

b) Un dispositif incitatif indispensable mais menacé

- Le dispositif actuel

Votre Rapporteur estime nécessaire de poursuivre l'effort en faveur des formations en alternance, et particulièrement en faveur de l'apprentissage. Celles-ci ne doivent pas être comprises comme une alternative au système éducatif, mais comme des périodes de formation complémentaire indispensables. Or, malgré leur efficacité, ces formations ne bénéficient pas encore d'une très bonne image de marque auprès des jeunes, des parents et des acteurs du système éducatif. Il importe donc de ne pas donner un signal négatif envers les jeunes tentés par la filière apprentissage.

La loi n° 96-376 du 6 mai 1996 portant réforme du financement de l'apprentissage a institué une indemnité compensatrice forfaitaire, qui se compose d'une aide à l'embauche et d'une aide à la formation. Les modalités du versement de cette prime sont fixées par le décret n° 96-493 du 6 juin 1996. La prime d'aide à l'embauche, comme son nom l'indique, est versée lors de l'embauche. La prime de soutien à la formation est versée à l'issue de chaque année du cycle de formation. Le montant de la prime du soutien à l'embauche se monte à 6000 francs, et la prime de soutien à l'effort de formation s'élève à 10.000 francs pour les jeunes de moins de 18 ans, 12.000 pour les plus de 18 ans. La prime de soutien à la formation est majorée dans les départements d'outre-mer et est augmentée lorsque la durée de formation de l'apprenti dépasse 600 heures. Le tableau suivant récapitule ces mesures au 1er janvier 1998.

INDEMNITÉ COMPENSATRICE FORFAITAIRE VERSÉE AU TITRE DE L'APPRENTISSAGE

(loi du 6 mai 1996)

Date de conclusion

Soutien à

Soutien à la formation

du contrat

l'embauche

1ère année
d'apprentissage

2ème année
d'apprentissage

3ème année
d'apprentissage


à partir du 1er janvier 1996



6.000 francs

10.000 francs + 2.000 francs pour un apprenti de plus de 18 ans + 50 francs par heure de formation, au-delà de 600 heures, dans la limite de 200 heures (10.000 francs)

10.000  francs + 2.000 francs pour un apprenti de plus de 18 ans + 50 francs par heure de formation, au-delà de 600 heures, dans la limite de 200 heures (10.000 francs)

10.000 francs + 2.000 francs pour un apprenti de plus de 18 ans + 50 francs par heure de formation, au-delà de 600 heures, dans la limite de 200 heures (10.000 francs)


Du 16 janvier 1995 au 31 janvier 1995


néant

10.000 francs + 50 francs par heure de formation, au-delà de 600 heures, dans la limite de 200 heures (10.000 francs)

10.000 francs + 50 francs par heure de formation, au-delà de 600 heures, dans la limite de 200 heures (10.000 francs)

4.000 francs + 50 francs par heure de formation, au-delà de 600 heures, dans la limite de 200 heures (10.000 francs)

Du 1er novembre 1994 au
15 janvier 1995


néant


néant

10.000 francs + 50 francs par heure de formation, au-delà de 600 heures, dans la limite de 200 heures (10.000 francs)

4.000 francs + 50 francs par heure de formation, au-delà de 600 heures, dans la limite de 200 heures (10.000 francs)


Du 1er janvier 1994 au 31 octobre 1994


néant


néant

4.000 francs + 50 francs par heure de formation, au-delà de 600 heures, dans la limite de 200 heures (10.000 francs)

4.000 francs + 50  francs par heure de formation, au-delà de 600 heures, dans la limite de 200 heures (10.000  francs)

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

La mise en _uvre des dépenses afférentes aux primes incombe depuis 1998 au ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Elle représente 4.664 millions de francs en 1999.

- L'article 80 du projet de loi de finances

L'article 80 du projet de loi de finances pour 1999 vise à réserver le paiement de la prime à l'embauche aux apprentis détenant un faible niveau de qualification. A la fin du présent rapport, l'examen de l'article par la commission des Finances, montre le caractère néfaste de la mesure proposée.

L'apprentissage est le maillon essentiel de notre dispositif de formation professionnelle. Il pourrait être possible de trouver ailleurs le financement nécessaire aux actions menées par le gouvernement.

c) Les rémunérations perçues par les apprentis

Les rémunérations des apprentis sont différenciées. En effet, elles varient suivant l'âge et le nombre d'années passées dans le dispositif, comme le montre le tableau suivant.

RÉMUNÉRATION BRUTE ET NETTE DES APPRENTIS AU 1ER JUILLET 1998 (*)

(en francs)

Âge de l'apprenti

1ère année

2ème année

3ème année

16 à 17 ans

1.699,30 (25 % Smic)

2.514,96 (37 % Smic)

3.602,51 (53 % Smic)

18 à 20 ans

2.786,84 (41 % Smic)

3.330,62 (49 % Smic)

4.418,17 (65 % Smic)

21 ans et plus

3.602,51 (53 % Smic)

4.146,2 (61 % Smic)

5.301,80 (78 % Smic)

(*) L'État prend en charge les cotisations sociales salariales des apprentis.

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

2.- L'apprentissage a rencontré un succès croissant

a) Aspects régionaux

Le nombre d'apprentis a atteint 240.000 (France métropolitaine) au 1er janvier 1998. Le tableau suivant montre la croissance des effectifs par régions entre 1996 et 1998.

CONTRATS D'APPRENTISSAGE ENREGISTRÉS 1996-1998

 

1996

1997

Variation 1997/1996
(en %)

1998
cumul entrées
janvier-juin

Ile-de-France

28.543

34.951

+ 22,45

13.944

Champagne-Ardennes

4.577

4.475

- 2,2

283

Picardie

5.856

6.123

+ 4,56

2.427

Haute-Normandie

7.408

7.697

+ 3,9

771

Centre

9.725

10.469

+ 12,87

1.028

Basse-Normandie

7.191

6.233

- 13,33

861

Bourgogne

6.039

6.562

+ 8,66

692

Nord-Pas-de-Calais

9.874

8.926

- 9,6

2.369

Lorraine

7.388

8.986

+ 21,63

2.136

Alsace

7.915

7.893

- 0,28

1.289

Franche-Comté

4.791

4.584

- 4,32

590

Pays de la Loire

13.524

13.826

+ 2,23

4.066

Bretagne

7.111

8.636

+ 21,44

4.444

Poitou-Charentes

7.429

7.615

+ 2,5

911

Aquitaine

8.517

8.775

+ 3,03

1.858

Midi-Pyrénées

8.226

8.894

+ 0,08

4.088

Limousin

2.127

2.252

+ 0,06

358

Rhône-Alpes

17.648

16.876

- 4,37

2.834

Auvergne

5.321

5.269

- 0,97

349

Languedoc-Roussillon

8.135

7.750

- 4,73

802

Provence-Alpes-Côte d'azur

15.120

19.786

+ 30,08

6.004

Corse

816

701

- 14,09

209

France métropolitaine

193.291

207.279

+ 7,24

52.313

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

Les entrées dans le dispositif augmentent de manière importante dans le dernier trimestre de l'année civile, ce qui explique les faibles montants constatés pour le premier semestre 1998.

b) Aspects sectoriels

Le tableau suivant fait le point sur la répartition sectorielle des contrats d'apprentissage.

RÉPARTITION DES APPRENTIS PAR SECTEUR D'ACTIVITÉ 1996-1997

(en %)

Secteurs

1996

1997

Agriculture

2,2

2,1

Industrie :

22,6

23,6

- Artisanat alimentaire

11

10,9

- Industries de biens de consommation

2,4

2,5

- Industries des biens d'équipement

3,7

3,9

- Industries des biens intermédiaires

3,7

4,1

Construction :

19,6

20

Couverture, travaux d'installation et finition

15,1

15,2

Services :

55,6

54,3

- Réparation, commerce automobile

10,4

3,9

- Pharmacies

4,3

14

- Autres commerces

14,1

3,7

- Hôtellerie, restauration

14,5

13,9

- Coiffure

6,1

5,4

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

c) Les caractéristiques des apprentis

Une récente étude (Premières informations et premières synthèses, n° 44.01, octobre 1998) de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère de l'Emploi et de la Solidarité (DARES) constate quelques évolutions.

En 1997, les apprentis sont surtout accueillis par des entreprises de moins de dix salariés. On remarque que la proportion de femmes (28,6 % des apprentis sont des apprenties) est plus importante dans les niveaux supérieurs de formation et dans les secteurs peu utilisateurs de l'apprentissage.

Le niveau de la formation préparée est à 74 % un niveau V (contre 82,3 % en 1995). La signature d'un contrat sur quatre résulte de la prolongation d'une démarche d'apprentissage initiée antérieurement, ce qui reflète le souci de nombreux jeunes d'accéder à des diplômes de niveau supérieur. Ainsi, en 1997, après l'obtention d'un niveau de formation égal au niveau V (CAP, BEP), 29 % des jeunes ont signé un nouveau contrat pour décrocher un brevet professionnel. L'enchaînement des contrats est surtout fréquent dans le commerce et la réparation automobile.

B.- LE BILAN DE LA RÉFORME DE L'APPRENTISSAGE

1.- Le mécanisme institué en 1996

Le système de financement de l'apprentissage a été modifié par la loi n°96-376 du 6 mai 1996 portant réforme du financement de l'apprentissage et par la loi n°97-940 du 16 octobre 1997 relative au développement d'activités pour l'emploi des jeunes. Les principales mesures prises dans ce cadre ont conduit à :

· la suppression des différentes exonérations liées à l'apprentissage, qui s'imputaient auparavant sur le quota de la taxe d'apprentissage ;

· le doublement du quota de la taxe d'apprentissage : la fraction de la taxe obligatoirement affectée au financement des centres de formation d'apprentis (CFA) a été relevée de 20 % à 40 % de cette taxe ;

· la mise en place de nouvelles indemnités compensatrices forfaitaires versées aux employeurs d'apprentis ;

· la création du fonds national de péréquation de la taxe d'apprentissage.

L'effort de l'État s'est accru avec le paiement des nouvelles primes versées aux employeurs d'apprentis.

Pour les centres de formation des apprentis, la réforme a dégagé en 1997 un milliard de francs de ressources supplémentaires sous la forme de versements directs aux CFA ou par l'intermédiaire d'un organisme collecteur de la taxe d'apprentissage. Il convient en outre d'ajouter à cette somme les versements faits au Fonds national de péréquation de la taxe d'apprentissage : 631,5 millions de francs ont été reversés par ce fonds aux régions, pour qu'elles les affectent au financement des CFA, conformément à des recommandations arrêtées début 1998 par le comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue.

L'évolution de l'effort des régions n'est pas encore connue, une partie d'entre elles n'ayant pas encore transmis à la DARES, les éléments nécessaires.

Cette dernière observation souligne l'effort statistique qui reste à effectuer au niveau des régions afin de connaître avec précision l'activité de formation réalisée par les régions, d'évaluer le rendement de la ressource qu'elles prélèvent, et le cas échéant, de pouvoir faire des comparaisons.

2.- La ressource

L'État contribue directement à environ 50 % des dépenses pour l'apprentissage. Le tableau suivant fait le point sur le financement de l'apprentissage en 1997.

FINANCEMENT DE L'APPRENTISSAGE EN 1997

(crédits consommés en millions de francs)

Financeurs

Montants

I.- État

Exonérations de cotisations sociales (patronales et salariales)

4.124

Primes (destinées à l'employeur)

4.246

Autres dotations :

- actions conjointes État-régions (financements État)

- rénovation et renforcement de l'apprentissage

- subventions du ministère de l'Agriculture et de l'Éducation nationale

90

46,5

19

Sous-total

8.525,5

II.- Régions

Subventions aux centres de formation des apprentis :

- fonctionnement

- équipement

3.882,1

332

Sous-total

4.214,1

III.- Fonds spécial européen
(fonds destinés aux centres de formation des apprentis)

336

IV.- Entreprises

Financement des centres de formation des apprentis :

- taxe d'apprentissage

- taxes parafiscales

- transferts de l'alternance

2.366,8

182,2

862

Sous-total

3.382,2

Total

16.484,6

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

Le tableau suivant montre la croissance globale de la ressource provenant de la taxe d'apprentissage de 1995 à 1998.

UTILISATION DE LA FRACTION DE LA TAXE D'APPRENTISSAGE AFFECTÉE
AU FINANCEMENT DE L'APPRENTISSAGE

(en millions de francs)

 

1995

1996

1997 (c)

1998 (c)

Exonérations sur la taxe liées à l'apprentissage (a)

940

940

supprimées

supprimées

Concours aux CFA imputés sur la taxe (a)

1.460

1.530

2.540

2.600

Sommes versées aux régions (b)

néant

690

600

612

Sommes affectées aux CFA

1.460

2.220

3.140

3.212

(a) exonérations ou concours aux CFA imputés sur le quota et sur le barème.

(b) fonds national interconsulaire de compensation, puis fonds national de péréquation.

(c) estimation.

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

Malgré cette augmentation constante des moyens, le problème lancinant reste l'inégalité de la répartition des ressources entre les CFA.

Ainsi, selon les indications par régions données par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité, les CFA perçoivent entre 2.818 francs et 10.085 francs par élève. Les régions les moins favorisées sont à l'Ouest et au Sud de la France. Les régions les plus favorisées sont les régions Rhône-Alpes, le Nord et l'Ile-de-France. Le quart des régions perçoivent une dotation par élève supérieure à 3.900 francs.

La prochaine réforme du système de la formation professionnelle devra impérativement prendre en compte cette dimension. Elle devra également tenter, en coordination avec l'éducation nationale, d'améliorer l'information statistique dans ce domaine, qui paraît grossière et peu actualisée. Aucune perspective pour 1999 n'a pu être fournie.

C.- LES ORIENTATIONS POUR 1999 : L'APPRENTISSAGE MARQUE LE PAS

L'année 1999 devrait connaître une légère baisse des effectifs d'apprentis. Les chiffrages budgétaires pour 1998 ont été faits sur la base d'une prévision de 240.000 entrées en apprentissage. Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit 230.000 nouveaux contrats d'apprentissage, soit une baisse de 4,2 % par rapport au projet de loi de finances pour 1998. Les crédits demandés pour 1999 s'élèvent à 9.252,41 millions de francs, contre 9.319,66 millions de francs dans la loi de finances initiale pour 1998. La baisse intègre la diminution induite par la réforme du versement de l'indemnité compensatrice forfaitaire à l'apprentissage.

Ces crédits se décomposent de la manière suivante :

· 4.664,61 millions de francs pour le financement des primes d'apprentissage (chapitre 43-70, article 11) ;

· 4.587,80 millions de francs pour le financement de l'exonération de charges sociales (chapitre 43-70 article 12) ;

· 5 millions de francs pour financer des études ayant pour objet la rénovation de l'apprentissage.

La dotation afférente aux primes fera l'objet d'une « contribution » d'un montant de 500 millions de francs versée au budget de l'État par les organismes paritaires collectés agréés (OPCA).

Le fléchissement des entrées dans le dispositif peut être imputé aux évolutions démographiques et aux mécanismes d'orientation. La France n'est pas le seul pays de l'Union européenne à connaître ce phénomène : en Allemagne est apparu également un manque de places d'apprentissage.

II.- LES AUTRES FORMATIONS
EN ALTERNANCE DESTINÉES AUX JEUNES

Le projet de budget de la Formation professionnelle pour 1999 marque une forte augmentation des moyens pour l'alternance, les entrées dans les dispositifs de lutte contre le chômage de longue durée ou de pré-retraites ayant tendance à stagner. Les crédits demandés au titre de l'alternance passent de 11.475,2 millions de francs en loi de finances initiale pour 1998 à 12.552 millions de francs.

Le tableau suivant fait le point sur les entrées totales dans les dispositifs de formation entre 1997 et 1999.

ENTRÉES DANS LES DISPOSITIFS EN ALTERNANCE DE 1997 À 1999

 

Exécution 1997

Loi de finances 1998

Projet de loi de finances 1999

Apprentissage

214.000

240.000

230.000

Contrats de qualification (jeunes)

100.000

100.000

130.000

Contrats de qualification (adultes)

-

-

10.000

Total

314.000

340.000

370.000

Source : projet de loi de finances pour 1999.

A.- LES CONTRATS DE QUALIFICATION

1.- Caractéristiques

Le contrat de qualification est un contrat de travail à durée déterminée de 6 à 24 mois, renouvelable une fois, réservé aux jeunes de 16 à 25 ans, sans qualification ou dont la qualification est inadaptée à l'emploi. Tous les employeurs, sauf l'État et les collectivités publiques, peuvent y recourir. La formation doit représenter au moins le quart de la durée du contrat. La rémunération varie selon l'âge et l'ancienneté dans le contrat de 30 % du SMIC pour les jeunes de 16-17 ans en première année à 75 % du SMIC pour les plus de 20 ans en seconde année. L'employeur bénéficie d'une exonération de cotisations patronales de sécurité sociale, dans la limite du SMIC, d'une prise en charge forfaitaire de 60 francs par heure de formation et d'une aide forfaitaire de l'État variant entre 5.000 francs à 7.000 francs. Les modalités de cette aide ont été récemment modifiées par le décret n° 98-809 du 12 octobre 1998 (recentrage sur les publics à bas niveau de qualification).

2.- Les effectifs ont connu une forte croissance en 1997

Le nombre de contrats de qualification est passé de 99.275 en 1995 à 99.488 en 1997. Le cumul du nombre de contrats de qualification sur les mois de janvier à juin 1998 atteint 45.058. Ces contrats ont généralement une durée comprise entre 13 et 24 mois. La durée totale de la formation, pour 37,1 % des contrats de qualification, est comprise entre 1.000 heures et 1.299 heures.

On note une élévation générale du niveau des jeunes entrant en stage. Ces jeunes sont en moyenne plus âgés que les apprentis et également plus actifs. Les diplômes préparés sont :

· un diplôme ou un titre homologué à 56,5 % ;

· une qualification reconnue par un accord de branche à 43,5 %.

C'est surtout dans le secteur des services que les contrats de qualification rencontrent le plus de succès, particulièrement dans les petites et moyennes entreprises du commerce.

3.- Bilan de l'insertion par le contrat de qualification

La DARES a réalisé une étude sur l'insertion professionnelle des 31.527 jeunes entrés en contrat de qualification entre septembre et octobre 1994.

61,8 % des jeunes obtiennent un diplôme ou une validation de leur formation un peu plus de deux ans après leur entrée en contrat de qualification. Les deux tiers d'entre eux occupent un emploi tandis qu'un sur cinq est au chômage (21 %) et un sur dix inactif. Seuls 29 % des jeunes ont obtenu un emploi chez l'employeur signataire du contrat de qualification. Les formations suivies sont plutôt orientées vers les diplômes de l'Éducation nationale (64,2 %) ; 27,3 % des formations débouchent sur des certifications homologuées et 8,5 % sur des titres homologués. Ce sont les jeunes les moins formés (niveau VI et V bis) qui voient le plus fréquemment leur formation sanctionnée par une certification de branche. Les certificats d'aptitude professionnelle (CAP), les brevets d'études professionnelles (BEP) et les titres de niveau équivalent représentent 15,5 % des contrats de qualification, les certifications de niveau bac 31,2 %, les brevets de techniciens supérieurs (BTS) et les diplômes universitaires de technologie (DUT) 42,9 %. Les formations de niveau égal ou supérieur à la licence sont suivies par 10,4 % des jeunes en contrat de qualification.

69 % des formations dispensées appartiennent au secteur tertiaire, dont 42,7 % dans le commerce, la comptabilité et le secrétariat. 39,9 % des jeunes occupant un emploi au terme du contrat de qualification sont en contrat à durée indéterminée.

La DARES distingue trois modes d'utilisation des contrats de qualification. Le premier est plutôt constitué de jeunes hommes ayant un niveau de formation supérieur (au moins bac + 2) dans des spécialités industrielles. Les taux de réussite sont élevés à l'issue de ces contrats appréciés par des entreprises de taille importante. Le deuxième mode s'approche de la logique de l'apprentissage et intéresse particulièrement les jeunes femmes (secrétariat, hôtellerie-tourisme, coiffure ou confection). Très peu d'employeurs embauchent ces jeunes à l'issue du contrat qu'ils utilisent comme un contrat à durée déterminée. Le troisième groupe est constitué de jeunes préparant un diplôme de l'Éducation nationale (brevet de technicien supérieur, diplôme universitaire de technologie des métiers tertiaires) souhaitant prolonger leur scolarité initiale.

4.- Les contrats de qualification dans le budget 1999

Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit de financer 130.000 contrats de qualification pour un coût, en termes de primes, de 343 millions de francs. En ce qui concerne les exonérations de cotisations sociales (chapitre 44-78), l'ajustement aux besoins se monte, en 1999, à 452,3 millions de francs.

Le projet de loi de finances pour 1999 intègre une mesure prise à titre expérimentale en vertu de la loi n° 98-657 du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions : l'expérimentation du contrat de qualification pour adultes. Les personnes de plus de 25 ans, demandeurs d'emploi depuis plus de six mois et rencontrant des difficultés d'insertion sociale et professionnelle sont éligibles à ce dispositif. Cette mesure est inscrite au chapitre 43-70 pour 348,6 millions de francs.

Le contrat de qualification offre une réponse aux personnes dont le défaut de qualification aux besoins des entreprises constitue un frein à l'emploi. Il implique l'entreprise, il débouche sur une qualification reconnue sur le marché du travail et il constitue une sécurité pour la mobilité professionnelle de la personne. Ses atouts ont poussé à son extension aux adultes.

Le nombre de contrats de qualification-adultes, de 5.000 en 1998, est porté à 10.000 en 1999, pour un coût de 100 millions de francs (primes imputées au chapitre 43-70 article 31) et 548,68 millions de francs (exonérations). A la fin de l'année 1999, un bilan de l'expérimentation sera tiré, pouvant donner lieu à une négociation interprofessionnelle.

B.- LES CONTRATS D'ADAPTATION ET D'ORIENTATION

1.- La reprise des contrats d'adaptation

Le contrat d'adaptation a une durée déterminée (de 6 à 12 mois) ou indéterminée ; il est réservé aux jeunes chômeurs de 16 à 25 ans, susceptibles d'occuper rapidement un emploi, sous réserve d'une formation complémentaire. Il comprend une formation courte de 200 heures, sauf dérogation pour une durée plus longue. Il peut être passé par les mêmes employeurs que le contrat de qualification et repose également sur le principe du tutorat. La rémunération est au moins égale à 80 % du salaire minimal de branche, et ne peut être inférieure au SMIC ; l'employeur finance la formation et est indemnisé par l'État à hauteur de 50 francs par heure de formation.

Le nombre de contrats d'adaptation est passé de 55.201 en 1995 à 56.261 en 1997. Dans 54 % des cas, il s'agit d'un contrat à durée indéterminée. Les jeunes les mieux formés bénéficient proportionnellement plus de contrats à durée indéterminée. La DARES note que le contrat d'adaptation évolue vers une sélectivité accrue : 68 % des signataires ont au moins le niveau bac. L'augmentation des entrées se concentre largement sur le secteur tertiaire.

2.- Le contrat d'orientation

Après les niveaux très bas de 1995 à 1997, le dispositif des contrats d'orientation connaît une certaine relance. Ainsi, le cumul des entrées entre janvier et juin 1998 atteint 2.923, alors que le nombre total d'entrées en 1997 était de 2.935.

Les stipulations de l'avenant conclu par les partenaires sociaux le 26 février 1997 à l'accord national interprofessionnel du 3 juillet 1991 relatif à la formation ont modifié les clauses relatives au contrat d'orientation. L'avenant porte de 6 à 9 mois la durée maximale du contrat pour les jeunes de moins de 22 ans n'ayant pas achevé un second cycle de l'enseignement secondaire et non titulaires d'un diplôme de l'enseignement technologique ou professionnel. En second lieu, le contrat d'orientation, d'une durée de 6 mois, est ouvert aux jeunes de moins de 25 ans titulaires d'un diplôme de niveau IV (second cycle du secondaire), mais non diplômés de l'enseignement professionnel, ainsi qu'aux titulaires d'un diplôme de niveau III (premier cycle de l'enseignement supérieur) qui ont abandonné leurs études supérieures.

La rémunération est comprise entre 30 et 65 % du SMIC. Elle est exonérée de cotisations patronales de sécurité sociale. La formation est dispensée sous la responsabilité de l'employeur et du tuteur désigné. La durée des actions de formation est de 52 heures pendant les trois premiers mois, puis 104 heures pendant les trois mois suivants. La formation assurée risque donc d'être parfois assez sommaire.

L'État doit encore inciter au développement des formations en alternance. Il doit aussi renforcer systématiquement ses mesures d'évaluation afin de « coller » au plus près des besoins du marché du travail, toujours très réactif. En tout état de cause, les contrats d'adaptation et d'orientation pourraient être recentrés sur des publics en difficulté afin de servir de « sas » au contrat d'apprentissage.

III.- LA GESTION DÉCENTRALISÉE DES ACTIONS
DE FORMATION POUR LES JEUNES

Les articles 49 et 50 de la loi quinquennale n° 93-1313 du 20 décembre 1993 relative à l'emploi et à la formation professionnelle fixent les conditions de la décentralisation de la formation professionnelle des jeunes de moins de 26 ans. Ils disposent que les régions reçoivent compétence au 1er juillet 1994 pour organiser les formations permettant d'acquérir une qualification. Les régions ont compétence sur l'ensemble du dispositif de formation professionnelle continue des jeunes, à l'issue d'une période de cinq ans à compter de la date de publication de la loi, soit à partir du 21 décembre 1998.

Pendant la période transitoire, les régions peuvent conclure avec l'État une convention de délégation de compétences, étendant leur champ d'intervention, au-delà des actions qualifiantes, aux autres actions mises en _uvre par l'État. Ces autres actions concernent :

· les actions « préparatoires » : actions de mobilisation (élaboration d'un projet professionnel et orientation des jeunes), et actions de préqualification (préparation à l'accès en stage qualifiant, en apprentissage ou en contrat de qualification), ainsi que les rémunérations et les frais de gestion afférents ;

· les mesures « d'accompagnement » : visites médicales, validations, financement affecté à la fonction de correspondant pour l'accueil, information, orientation et suivi des jeunes en formation.

La loi a donc permis une décentralisation progressive; la phase transitoire s'est caractérisée par une compétence partagée entre l'État et les régions en matière d'actions préparatoires et de mesures d'accompagnement.

A.- LES ACTIONS QUALIFIANTES DÉCENTRALISÉES
 AU 1ER JUILLET 1994

Une dotation globale, calculée conformément au décret n° 94-439 du 2 juin 1994 à partir des dépenses exposées par l'État (hors Fonds social européen) en 1993 au titre du fonctionnement des actions, de la rémunération des stagiaires et des frais de gestion des conventions, est désormais versée aux régions. Cette dotation se montait à 1772,61 millions de francs en 1997. Elle se monte à 1.902,71 millions de francs en 1999.

La dotation de décentralisation est complétée par une enveloppe de rééquilibrage géographique versée sur des critères d'aménagement du territoire, afin de compenser les coûts supplémentaires des actions de formation en milieu rural ; les crédits correspondants atteignent 53,37 millions de francs en 1997, 54,11 millions de francs en 1998 et 55,62 millions de francs en 1999. Ces deux dotations sont inscrites au chapitre 43-06 du budget de l'emploi.

B.- LES ACTIONS PRÉQUALIFIANTES ET LES MESURES D'ACCOMPAGNEMENT : UNE DÉCENTRALISATION PROGRESSIVE ET CONCERTÉE

1.- Les conventions de délégation de compétence

Les régions se sont progressivement et majoritairement engagées dans une démarche de conventionnement avec l'État. Deux régions (Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon) ont souhaité assumer, dès le 1er juillet 1994, la responsabilité totale du dispositif de formation professionnelle continue des jeunes. En 1995, 5 autres régions, puis, au 1er janvier 1996, 11 autres régions et, au 1er janvier 1997, 4 autres régions ont à leur tour choisi une gestion anticipée de l'ensemble de la formation professionnelle continue des jeunes.

En 1998, la situation est restée identique à celle de 1997. L'État a donc conservé, et pour cette seule année encore, la gestion directe dans 3 régions.

2.- Les crédits et les perspectives pour 1999

S'agissant de crédits décentralisables, les crédits ont été calculés sur la même base que pour les actions qualifiantes. En 1997, ils sont de 2.562,03 millions de francs. En 1998, ils atteignent 2.597,49 millions de francs.

Comme les années précédentes, les crédits ont fait l'objet d'une actualisation. Pour tenir compte de la décentralisation de l'ensemble du dispositif de formation professionnelle des jeunes au 1er janvier 1999, les moyens relatifs aux actions préparatoires sont désormais inscrits sur trois articles nouveaux du chapitre 43-06 - Dotation de décentralisation :

· article 70 : dépenses de fonctionnement des actions préqualifiantes, 1.353 millions de francs ;

· article 80 : rémunérations des actions qualifiantes : 1.289 millions de francs ;

· article 90 : frais de gestion du Centre national pour l'aménagement des structures des exploitations agricoles (CNASEA) : 26,46 millions de francs.

CHAPITRE III :

LES AUTRES CONCOURS DE L'ÉTAT AU FINANCEMENT DE LA FORMATION

L'État, malgré la décentralisation et la gestion paritaire de la formation de la grande majorité des salariés, conserve des missions importantes dans la qualification des jeunes et des adultes.

Une de ces missions consiste notamment à mettre en place un réseau de points d'accueil suffisamment dense pour accueillir les personnes désireuses de s'orienter. Le renforcement des moyens des missions locales et des permanences d'accueil, d'information et d'orientation (PAIO) fait partie des priorités dégagées par la loi d'orientation n° 98-657 du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre les exclusions. Un renforcement du réseau d'accueil est donc proposé avec l'inscription sur le nouveau chapitre 44-70
- Dispositifs d'insertion des publics en difficulté, article 80, d'une mesure nouvelle de 30 millions de francs.

Le renforcement du réseau d'accueil est un des éléments du programme TRACE prévu par la loi relative à la lutte contre les exclusions : ce programme d'accompagnement personnalisé vers l'emploi, d'une durée maximale de 18 mois, est destiné à 40.000 jeunes confrontés à de graves difficultés ou sortis du système éducatif sans diplôme ou qualification.

I.- LES STAGES D'INSERTION ET DE FORMATION À L'EMPLOI, LES CONTRATS AIDÉS ET LES EMPLOIS-JEUNES

A.- LES STAGES D'INSERTION ET DE FORMATION À L'EMPLOI

Le stage d'insertion et de formation à l'emploi (SIFE) est la réponse privilégiée du Fonds national de l'emploi en faveur de tout chômeur de longue durée, ou menacé par le chômage de longue durée, et dont la formation exige un effort de qualification.

Il existe deux modalités d'entrée dans ces stages :

· les SIFE à accès individuels, d'une durée moyenne de 150 heures, sont destinés aux demandeurs d'emploi inscrits à l'Agence nationale pour l'emploi depuis au moins trois mois, et présentant un risque important de chômage de longue durée ;

· les SIFE à entrées collectives sont destinés à des publics éprouvant des difficultés particulières d'accès à l'emploi, définis à l'article L. 322-4-1 du code du travail. La loi n° 98-657 du 29 juillet 1998 d'orientation relative à la lutte contre les exclusions a étendu le champ des bénéficiaires à deux nouvelles catégories (parents isolés assurant ou ayant assuré des charges de famille et personnes faisant l'objet ou ayant fait l'objet d'une peine privative de liberté), qui s'ajoutent aux quatre autres issues du recentrage opéré par la loi de finances pour 1997 (demandeurs d'emploi de longue durée, bénéficiaires du revenu minimum d'insertion et de l'allocation spécifique de solidarité, personnes handicapées). Les SIFE collectifs sont des actions souples destinées à répondre aux besoins multiples d'un public fortement hétérogène.

La direction départementale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle gère le SIFE collectif. Le SIFE individuel est géré par l'ANPE. La globalisation des crédits, étendue en 1998 à tout le territoire métropolitain, permet une plus grande souplesse grâce à une fongibilité totale entre les enveloppes de mesures du programme globalisé (SIFE collectifs, SIFE individuels, stages d'accès à l'entreprise, contrat emploi solidarité, contrat emploi consolidé).

En 1996, 188.126 demandeurs d'emploi sont effectivement entrés en SIFE collectifs. Cela représente 28.126 personnes supplémentaires par rapport à l'enveloppe notifiée de 160.000 places (correspondant à 1.902,9 millions de francs en crédits de fonctionnement et 2.343,3 millions de francs en rémunération). Le coût du programme SIFE collectif a été de 1.817,3 millions de francs (dépenses de fonctionnement) en 1996.

En 1997, 100.000 SIFE collectifs ont été inscrits en loi de finances initiale pour un total de 1.300,6 millions de francs en crédits de fonctionnement et 1.353 millions de francs en crédits de rémunération. 145.968 demandeurs d'emploi sont effectivement entrés dans le dispositif.

Au titre de la loi de finances pour 1998, 130.000 SIFE collectifs ont été notifiés pour un total de 1.466,7 millions de francs en crédits et 1.694,4 millions de francs en crédits de rémunération. Au 30 juin 1998, 59.669 personnes ont bénéficié de ces stages.

En 1999, 120.000 SIFE collectifs sont prévus. Selon les indications données par le ministère, « les mesures d'accompagnement et de suivi des bénéficiaires de SIFE collectifs permettront de favoriser leur accès à l'emploi à l'issue du stage et justifient la diminution du nombre de places par rapport à 1998 ».

En ce qui concerne l'insertion dans l'emploi, les résultats du dispositif du SIFE collectif apparaissent satisfaisants, compte tenu de la nature des publics traités. Les travaux de la DARES montrent que 40 % des bénéficiaires de la mesure sont « insérés » six mois après la sortie de stage : 32 % en emploi dans le secteur marchand, 8 % en contrat emploi solidarité.

B.- LE FAIBLE CONTENU EN FORMATION DES CONTRATS AIDÉS

Ces deux contrats sont destinés aux publics les plus en difficulté. Leur contenu en formation gagnerait à être amélioré.

1.- Le contrat initiative-emploi

Le contrat initiative-emploi (CIE) a été créé en août 1995 pour favoriser l'insertion professionnelle des chômeurs de longue durée. Le dispositif a été recentré en septembre 1996 sur les publics les plus en difficulté. Selon le bilan 1997 de la DARES, 213.000 CIE ont été signés en 1997 contre 289.000 en 1996 (soit une diminution de - 26 %).

En 1997, les publics prioritaires ont représenté 68 % des bénéficiaires du CIE, alors qu'ils ne représentaient qu'un tiers des contrats signés à la période antérieure à la réforme.

Les études de la DARES montrent qu'il y a eu des effets d'aubaine, les employeurs reconnaissant néanmoins que la mesure a modifié leur comportement d'embauche et les a incités à recruter à temps plein plutôt qu'à temps partiel.

Si la formule autorise un véritable retour à l'insertion pour les bénéficiaires, elle ne permet pas pour autant un réel suivi. Les entreprises s'engagent difficilement au-delà de la période couverte par les aides de l'État. Il semble que les outils d'évaluation du contrat initiative-emploi ne permettent pas de connaître le sort réservé aux bénéficiaires de ces contrats aidés lorsqu'il s'agit de contrat à durée indéterminée et que s'achève la période maximale de 24 mois prévue pour les aides au public. Il est donc impératif de disposer de véritables instruments d'évaluation.

2.- Le contrat emploi-solidarité

Contrat de travail à temps partiel, les contrats emploi-solidarité (CES) ouvrent droit à une aide de l'État et à des exonérations de charge. Ils sont conclus par des collectivités locales, des personnes morales de droit public ou des organismes de droit privé charge de la gestion d'un service public. Le champ des bénéficiaires est très large.

Si un tuteur est chargé de suivre le bénéficiaire des CES, leur contenu en formation s'est rapidement révélé insuffisant.

3.- Le contrat emploi consolidé

Introduits en 1992, les emplois consolidés à la suite d'un CES sont des contrats aidés permettant de pérenniser, dans le secteur non marchand, la situation des publics les plus en difficulté. En 1999, le nombre des contrats emploi consolidés (CEC) est de 60.000, soit un doublement par rapport à 1998.

Ce dispositif est nécessaire à la socialisation des personnes en difficulté. Comme pour les CES, son contenu en formation mérite d'être amélioré.

C.- LA NÉCESSAIRE PROFESSIONNALISATION DES EMPLOIS-JEUNES

La loi n° 97-940 du 16 octobre 1997 a pour objet de répondre à des besoins émergents ou non satisfaits, par la création d'activités d'utilité sociale, culturelle, sportive et d'environnement. L'aide apportée par l'État fait l'objet d'un conventionnement avec les employeurs dont les projets ont été sélectionnés. L'objectif des 150.000 emplois devrait être atteint à la fin du mois de novembre 1998. Ces emplois sont soumis à un statut de droit privé, et les règles de droit commun s'appliquent en matière de formation professionnelle.

Un des problèmes auxquels se heurte l'application du programme « nouveaux services - nouveaux emplois » est l'insuffisante formation délivrée aux jeunes. Cette formation relève de la responsabilité des employeurs ; elle est indispensable à la professionnalisation de ces emplois et à la constitution d'un capital de qualification susceptible de valorisation sur le marché du travail. La mise en place d'une cellule nationale d'appui à la professionnalisation et de plates-formes régionales de professionnalisation, chargées d'identifier les nouveaux métiers et d'aider à la validation des compétences professionnelles, doit concourir à cet objectif.

II.- LE PROGRAMME NATIONAL DE FORMATION PROFESSIONNELLE

A.- PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU PROGRAMME NATIONAL

Le programme national de la formation professionnelle permet de financer sur les crédits du Fonds de la formation professionnelle et de la promotion sociale (FFPPS) les actions en faveur des salariés d'entreprise résultant de la politique contractuelle, celles prévues dans le cadre des contrats de plan et certaines actions spécialisées. Le tableau suivant fait le point sur l'évolution des ressources du programme national de la formation professionnelle.

LES CRÉDITS DU PROGRAMME NATIONAL

DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE

(en millions de francs)

 

Projet de budget 1998

Projet de budget 1999

Évolution 1999-1998
(en %)

Contrats de plan

397

405,41

2,1

Politique contractuelle

399

305

- 16

Autres dispositifs

549

593,96

8,1

Rémunérations

821

923,54

12,4

Total

2.166

2.227,9

2,7

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

B.- LA POLITIQUE CONTRACTUELLE

La politique contractuelle vise à anticiper les besoins de compétences et à développer la formation continue des entreprises. Il s'agit également d'accompagner les démarches d'investissement en formation des salariés et d'enrichir le dialogue social sur les métiers et sur la formation professionnelle.

Elle comprend deux grands types d'action.

D'abord, les crédits relatifs à la politique contractuelle servent à l'élaboration du contrat d'études prospectives, mettant à disposition de l'État et des branches professionnelles des informations permettant une connaissance approfondie des perspectives d'emploi à moyen terme et des besoins d'investissement. On observe une tendance à l'extension du dispositif aux métiers du tertiaire. Depuis 1988, 40 contrats d'études prospectives ont été conclus. Le coût des contrats d'études prospectives en 1998 s'est élevé à 9,622 millions de francs.

Ensuite, les crédits de la politique contractuelle financent les engagements de développement de la formation (EDDF) visant à favoriser l'amélioration des plans de formation des entreprises. Les EDDF bénéficient aux employeurs qui s'engagent dans l'amélioration qualitative et quantitative de leurs plans de formation. L'aide est surtout attribuée aux petites et moyennes entreprises, et elle concerne en général des ouvriers et des employés.

Au 31 décembre 1997, 962 accords ont programmé des EDDF en faveur de 196.384 stagiaires.

Pour 1999, les crédits destinés à la politique contractuelle, inscrits sur le chapitre 43-70, article 51, passent de 399 millions de francs à 335 millions de francs.

C.- LES CONTRATS DE PLAN ÉTAT-RÉGIONS

En matière de formation professionnelle, ces contrats constituent la forme la plus ancienne de coopération entre l'État et les régions. Les crédits varient entre 32 millions de francs en Auvergne et 331 millions de francs pour la région Nord-Pas-de-Calais.

La part de l'État dans le financement des contrats de plan (3,15 milliards de francs, contre 3,7 milliards de francs provenant des régions) est inscrite au Fonds de la Formation professionnelle et de la promotion sociale (FFPPS). Le volet formation professionnelle conclu dans le cadre du XIème plan (1984-1999) comporte des actions conjointes de l'État et des régions principalement destinées à apporter un accompagnement qualitatif à la décentralisation de l'alternance  :

· en fonctionnement : actions de formation des salariés dans le cadre de la politique contractuelle, formations en alternance ;

· en investissement : financement des dépenses d'investissement d'organismes de formation privés et de CFA (les dépenses en faveur des CFA représentent 27 % du financement des contrats de plan par le Fonds de la formation professionnelle).

La Cour des comptes, dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1997, fait la remarque suivante sur l'exécution des contrats de plan État-régions en 1997 :

« L'évolution des dépenses consacrées aux contrats de plan appelle l'attention. L'engagement de l'État pour la période 1994-1998 au titre des contrats de plan s'établissait à 2.548 millions de francs. Au moment de l'élaboration du projet de loi de finances pour 1997, le montant de la dotation estimée nécessaire, compte tenu des délégations opérées, était de 526,44 millions de francs. Pour étaler l'exécution des contrats de plan jusqu'en 1999, la dotation a été limitée à 339,13 millions de francs. Les dépenses se sont toutefois élevées à 459,7 millions de francs grâce aux reports importants sur la ligne, abondée également en gestion par des mouvements internes au chapitre et par des fonds de concours. La ligne de crédits a ainsi disposé de 748,4 millions de francs. Selon les renseignements obtenus, les délégations se sont élevées à 647,3 millions de francs ».

Le financement des deux dernières années a été étalé sur trois ans, ce qui, selon les informations données par le ministère, n'a pas eu de conséquences négatives sur le fonctionnement des structures cofinancées et sur les relations entre l'État et les régions. La loi de finances pour 1999 prévoit des crédits en progression de 1,86 %. Ils atteignent 507 millions de francs.

Animés et financés conjointement par l'État et les régions, les observatoires régionaux de l'emploi et de la formation (OREF) et les centres d'animation, de recherche et d'information sur la formation (CARIF) se sont progressivement mis en place et couvrent la presque totalité du territoire.

D.- LES PROGRAMMES DESTINÉS À LA FORMATION
DES INGÉNIEURS ET DES CADRES

Les programmes « Ingénieurs et cadres » regroupent l'ensemble des actions destinées à l'encadrement : ingénieurs, cadres supérieurs, formations d'ingénieurs et formations délivrées par le centre d'études supérieures industrielles (CESI).

Les dotations prévues pour 1999 s'élèvent à 97 millions de francs, soit un montant égal à 1997 et 1996 (98 millions de francs).

E.- LES ATELIERS PÉDAGOGIQUES PERSONNALISÉS

La participation financière de l'État au fonctionnement des ateliers pédagogiques personnalisés, inscrite au Fonds de la formation professionnelle et de la promotion sociale, a pour objectif de permettre la création et le maintien de sites de formation de proximité, capables de proposer des formations ouvertes à toutes les personnes sorties du système scolaire (jeunes 16-25 ans, salariés et demandeurs d'emploi) accédant difficilement à la formation dans le cadre des autres dispositifs.

Ils répondent ainsi de façon permanente, personnalisée et contractuelle aux demandes individuelles de formation portant sur des contenus de formation générale de courte durée (300 heures maximum).

La gestion des ateliers pédagogiques personnalisés est assurée par des organismes de formation conventionnés par les directions régionales du travail. L'ensemble des ateliers pédagogiques personnalisés est organisé en réseau national. Ils sont co-financés par l'État, les conseils régionaux, les communes, les entreprises et par des organismes paritaires agréés sur la base d'un même cahier des charges.

Le tableau suivant récapitule l'ensemble des financements imputés sur le chapitre 43-03 - Fonds de la formation professionnelle et de la promotion sociale (FFPPS), y compris les rattachements de fonds de concours provenant du fonds social européen.

RÉPARTITION DU FINANCEMENT
DES ATELIERS PÉDAGOGIQUES PERSONNALISÉS

(en millions de francs)

 

1995

1996

1997

1998

1999

Dotations budgétaires

111,5

91

90

110

110

Fonds social européen

23

23

23

23

23

Total des crédits inscrits et rattachés

134,2

114

113

133

133

Contrats de plan

16

16

16

(nd)

(nd)

Total

150,2

130

129

(nd)

(nd)

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

Il y a 448 ateliers pédagogiques personnalisés et 200 antennes en milieu rural, en zones urbaines sensibles et dans les établissements pénitentiaires. En 1997, les ateliers pédagogiques personnalisés ont réalisé 11,7 millions d'heures de formation, dont 4,8 millions d'heures sur les crédits du Fonds de la formation professionnelle et de la promotion sociale. 141.000 personnes y ont suivi une formation, dont 61.000 personnes au titre des conventions conclues avec les directions régionales du travail. La durée moyenne des contrats est de 82 heures.

70 % des stagiaires sont des femmes, 45 % ont moins de 26 ans , 68 % des personnes ont un niveau inférieur ou égal au niveau V. Après un suivi de 3 à 6 mois, les résultats sont les suivants : 18 % poursuivent leur cursus de formation hors ateliers pédagogiques personnalisés, 35 % sont salariés (y compris les CES, et les contrats de qualification et d'apprentissage), 30 % sont demandeurs d'emploi, 17 % sont des femmes au foyer, détenus, bénéficiaires du revenu minimum d'insertion ou autres.

Le passage en ateliers pédagogiques personnalisés a un effet positif sur les parcours des utilisateurs. D'abord, il facilite le retour à l'emploi en offrant sans délai des formations de courte durée adaptées aux besoins de formations d'ajustement. Ensuite, il permet l'accès à des formations qualifiantes initiales ou continues par la remise à niveau de connaissances. Cet effet positif est sensible 3 et 6 mois après la sortie de l'atelier pédagogique personnalisé.

Les orientations pour 1999 s'articulent en trois directions :

· un renforcement du rôle des ateliers pédagogiques personnalisés dans la mise en _uvre au niveau local des politiques de l'emploi et de la formation professionnelle ;

· une plus grande ouverture des prestations en direction des salariés des petites et moyennes entreprises ;

· un développement des actions collectives au sein des réseaux régionaux visant à améliorer le service à la personne sur le territoire donné.

L'effort de l'État en faveur de ce dispositif se poursuit en 1999. Pour la deuxième année consécutive, 110 millions de francs sont prévus dans le projet de loi de finances pour les ateliers pédagogiques personnalisés.

III.- L'ALLOCATION FORMATION RECLASSEMENT

A.- LE DISPOSITIF

L'allocation formation reclassement (AFR) a été instituée par un accord collectif du 30 décembre 1987. Financée conjointement par l'État et l'UNEDIC, elle a vocation à assurer la rémunération des chômeurs bénéficiaires de l'allocation unique dégressive (AUD) et entrant en formation.

Elle est actuellement régie par les articles 53 et suivants du règlement annexé à la convention du 1er janvier 1997 relative à l'assurance chômage ainsi que par la convention financière du 26 juin 1990 conclue entre l'État et l'UNEDIC. Les actions de formation suivies par les bénéficiaires de l'AFR impliquent un financement par une collectivité publique, de manière à apporter une garantie quant à l'offre de formation retenue.

L'AFR est servie à titre de rémunération pendant la durée des droits à l'assurance chômage restant à courir après l'entrée en stage et sans application des coefficients de dégressivité Le règlement annexé à la convention d'assurance chômage du 1er janvier 1997 a modifié les conditions d'obtention de l'AFR sur deux points :

· d'une part, seules les personnes ayant opté pour l'AFR dans les 6 premiers mois de leur indemnisation peuvent prétendre à cette allocation ;

· d'autre part, pour les personnes ayant travaillé à temps partiel, l'allocation minimale perçue au titre de l'AFR est proratisée en fonction du temps de travail antérieur, sans pouvoir, toutefois, être inférieure au montant journalier de l'allocation unique dégressive plancher pour toutes les admissions en AFR intervenant jusqu'au 31 décembre 1998.

Ces deux mesures sont applicables depuis le 1er octobre 1997.

La décision des partenaires sociaux de proratiser l'AFR minimale a conduit à la suppression du plancher de rémunération, de 4.070,40 francs par mois, égal à la rémunération mensuelle forfaitaire des stagiaires de la formation professionnelle fixé par le livre IX du code du travail.

Par ailleurs, l'État a pris en charge 41 % des allocations de l'AFR versées, et maintient à 100 % la prise en charge des allocations de fin de stage et des cotisations sociales.

B.- ÉVOLUTIONS EN 1996 ET 1997

On constate les évolutions suivantes au cours des deux dernières années :

· une baisse des entrées dans le dispositif de l'AFR ;

· une majorité d'adultes âgés de 25 à 49 ans, avec l'apparition d'une légère sur-représentation des moins de 25 ans en 1997 (28 % des entrées en AFR contre 25 % des prises en charge au titre de l'allocation unique dégressive) ;

· un recentrage du dispositif sur un public de « non-qualifiés ». En 1996 et 1997, pour la première fois depuis la création de l'AFR, le poids des qualifiés dans les entrées en AFR est sensiblement le même que dans les prises en charge au titre de l'allocation unique dégressive, alors qu'ils étaient jusque là sur-représentés ;

· des entrées plus précoces dans le dispositif ;

· dans les objectifs de formation, une évolution vers la part accordée à la qualification, qui atteint 40 % des prises en charge en AFR en 1997 ;

· une baisse du taux moyen d'indemnisation.

C.- PERSPECTIVES POUR 1999 ET RÉSULTATS EN TERMES D'INSERTION

La loi de finances pour 1998 a fixé à 2.697,98 millions de francs la participation de l'État au financement de l'AFR. Au 30 juin 1998, les versements de l'État à l'UNEDIC à ce titre se sont élevés à 1.848,31 millions de francs.

Le crédit inscrit dans le projet de loi de finances pour 1999 est de 2.715,57 millions de francs.

L'article 26 de la loi n° 98-657 du 29 juillet 1998 d'orientation relative à la lutte contre les exclusions prévoit que : « Le Gouvernement présentera au Parlement, avant la fin de 1999, un rapport sur le système de rémunération des stagiaires et notamment sur l'allocation formation reclassement. Ce rapport analysera les modalités et les sources de financement et portera également sur les caractéristiques des publics bénéficiaires, les dispositifs mobilisés et les formations proposées et sur leur dimension qualifiante ».

Les statistiques disponibles font apparaître qu'après six mois, 44 % des personnes bénéficiant du dispositif sont insérées dans un emploi et 43 % restent indemnisées par le régime d'assurance chômage ; la situation des 19 % restants n'est pas appréhendée par les organismes concernés. Après un an, ces proportions sont respectivement de 58 %, 28 % et 14 %.

Laisser cette page blanche sans numérotation.

CHAPITRE IV :

L'ASSOCIATION POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE DES ADULTES

L'Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) est une association régie par la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association. Elle participe à la gestion du service public de l'emploi.

I.- LES RESSOURCES SONT MAJORITAIREMENT
D'ORIGINE PUBLIQUE

A.- LES RESSOURCES GLOBALES

Chaque année, est proposé dans le projet du budget de l'emploi l'octroi de subventions à l'AFPA : une subvention de fonctionnement (article 10 du chapitre 43-71 - Formation Professionnelle des adultes) et une subvention d'investissement (chapitre 66-71 - Formation professionnelle des adultes). La rémunération des stagiaires de l'AFPA est assurée par un chapitre à part (article 63 du chapitre 43-70, dotation demandée pour 1999 : 900 millions de francs). Le tableau suivant fait le point sur l'évolution des différentes composantes des ressources de l'association de 1994 à 1999.

ÉVOLUTION DES RESSOURCES DE L'AFPA

(en millions de francs)

 

1994

1995

1996

1997

1998

1999

Subvention fonctionnement (LFI Chap. 43-71-10)

3.904

3.923

3.981

3.991

4.004

4.128

Subvention nette après annulations ou gels

3.823

3.889

3.981

3.961

-

-

Subvention d'équipement (LFI Chap.66-71)

172

237

308

272 (a)

294

330

Rémunérations des stagiaires : AFPA et AFR

1.360

1.386

1.377

1.120 (b)

1.222

900

Total budget de l'Emploi (Travail)

5.355

5.539

5.696

5.323

5.520

5.358

Ressources propres

1.482

1.318

1.328

1.312

(nd)

(nd)

dont :

           

- recettes publiques hors Budget Emploi

579

393

393

344

(nd)

(nd)

- recettes d'origine « privée »

661

716

716

693

(nd)

(nd)

- recettes ou concours européens

277

209

251

275

275

280

Ressources totales, hors rémunérations stagiaires

5.477

5.529

5.607

5.516

(nd)

(nd)

Total général

6.837

6.916

6.984

6.636

(nd)

(nd)

(a) dont 30,5 millions de crédits de paiement et 67,5 millions d'autorisations de programme annulés en cours d'année.

(b) les crédits de rémunération des stagiaires placés sous le bénéfice de l'AFR ont été ramenés de 559 à 243 millions de francs, dans la perspective d'une augmentation de la quote-part de financement de l'UNEDIC.

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

On remarque que les dotations du budget de l'AFPA, si elles constituent la majeure partie des ressources de l'association, n'excluent pas d'autres ressources : Fonds social européen, recettes publiques hors du budget de la formation professionnelle et recettes diverses.

L'AFPA détient également des placements financiers, dont l'encours est évalué au 30 juin 1996 à 524,8 millions de francs, en hausse constante depuis 1992, où leur montant atteignait 99,99 millions de francs. Les produits financiers correspondant à ces placements s'élèvent à 25,3 millions de francs en 1997.

B.- LES DOTATIONS PUBLIQUES

Le tableau suivant montre que le montant des dotations publiques à l'AFPA, après avoir connu une certaine stabilité en 1997 et 1998, connaît une forte croissance en 1999. La dotation totale augmente en effet de 3,6 %.

ÉVOLUTION DES DOTATIONS DE L'AFPA 1995-1999

(en millions de francs)

Année

Fonctionnement 43-71
article 10

Investissements 66-71
articles 40, 50 et 60

Annulations

Total après
Annulations

Évolution
(en %)

1995

3.923

237

- 11,75

4.124,18

3,1

1996

3.981,43

308,86

- 25,86

4.264,43

3,4

1997

3.991,43

271,61

- 30

4.233,04

- 0,7

1998

4.004,03

294,40

-

4.298,43

1,5

1999

4.128

324,74

-

4452,74

3,6

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

Le tableau suivant explique les modalités de fixation du montant pour 1999 de la subvention de fonctionnement versée à l'AFPA.

MODALITÉS D'ÉTABLISSEMENT
DE LA SUBVENTION DE FONCTIONNEMENT EN 1999

(en millions de francs)

Subvention pour 1998

4.004

Réduction crédits informatiques (mesure 02-002)

- 16,7

Moyens nouveaux (mesure 12-008)

+ 140,7

Total

4.128

Source : projet de loi de finances pour 1999.

II.- LES CHARGES ET LES EFFECTIFS

A.- LES EFFECTIFS ET LES FRAIS DE PERSONNEL CROISSENT

En 1997, le niveau global des effectifs, selon le rapport des commissaires aux comptes, se monte à 11.411 en équivalents temps plein (contre 10.622 en 1996). Le nombre de contrats à durée indéterminée atteint 10.538.

1.- Le rythme de recrutements reste soutenu

a) La pause observée en 1995-1996 ne s'est pas confirmée

Le tableau ci-dessous indique les recrutements effectués de 1992 à 1997. On constate que les recrutements, après une baisse depuis 1994, recommencent à augmenter en 1997.

RECRUTEMENTS EFFECTUÉS DE 1992 À 1997

Catégories

1992

1993

1994

1995

1996

1997

Hiérarchiques

83

115

180

104

102

35

Administratifs

149

275

497

290

223

147

Techniques

12

59

106

66

33

203

Total

244

449

783

460

358

385

Source : AFPA.

b) Les prévisions pour 1998 et 1999

Le niveau prévisionnel des recrutements pour 1998 et 1999 semble diminuer, comme le montre le tableau ci-dessous.

RECRUTEMENTS EN COURS OU PROJETÉS EN 1998 ET 1999

 

Recrutements en cours

Recrutements projetés

 

(premier semestre 1998)

(2ème semestre 1998 et 1999)

Hiérarchiques

15

24

Administratif/Service

67

52

Techniques

87

196

Total

169

272

Source : AFPA.

2.- Les rémunérations

a) Les facteurs d'évolution des rémunérations

Le montant des rémunérations brutes du personnel de l'AFPA, tel qu'il apparaît dans le bilan financier de l'association, a connu les évolutions suivantes :

· 1995 : 2.442,996 millions de francs ;

· 1996 : 2.485,695 millions de francs  (+1,74 %);

· 1997 : 2.542,542 millions de francs, soit une augmentation de 2,29 %.

b) Le niveau des rémunérations

Le tableau suivant met en regard les rémunérations et les niveaux de qualification pour l'année 1997.

RÉMUNÉRATION MENSUELLE MOYENNE
PAR CATÉGORIE D'EMPLOI

(en francs)

Formateurs/psychologues stagiaires

12.173,92

Activités rémunérées à la vacation

3.546,67

Cadres hiérarchiques

24.959,85

Cadres fonctionnels administratifs/service

20.631,19

Administratif/service non cadre

10.914,71

Cadres fonctionnels

23.254,60

Formateurs/psychologues

18.439,91

Techniques non cadres

12.394,54

Source : AFPA.

L'évolution des rémunérations obéit à des logiques assez rigides, les hausses générales étant beaucoup plus importantes que les hausses individuelles. Ce mode de gestion n'est évidemment pas spécifique à l'AFPA.

Le tableau ci-après décompose l'augmentation des rémunérations du personnel de l'AFPA.

AUGMENTATION DE LA RÉMUNÉRATION MOYENNE DU PERSONNEL EN PLACE

(en %)

 

1995

1996

1997

1998
(prévisions)

Hausses générales

       

- Effet report N - 1

0,64

0,71

0,73

0,59

- Effet masse

0,79

1,05

0,74

0,82

Mesures individuelles, GVT

       

- Effet report N - 1

0,15

0,02

0,11

0,11

- Effet masse

1,45

1,37

1,20

1,07

Augmentation prime 8 % (accord du 4 juillet 1996)

-

0,17

0,09

-

Positionnement nouvelle grille

-

-

0,54

-

Rémunération moyenne du personnel en place (effet masse)

3,04

3,32

3,36

2,58

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

c) Améliorer la gestion des ressources humaines

L'AFPA étant une association de la loi de 1901, ses salariés dépendent du régime général de la Sécurité Sociale et cotisent aux caisses ARRCO et AGIRC. Les règles de droit commun s'appliquent en matière de liquidation des droits à la retraite. Cependant, l'article 74 de l'accord sur les dispositions générales régissant le personnel de l'AFPA stipule que l'association peut mettre à la retraite des salariés ayant atteint ou dépassé l'âge de 60 ans et pouvant bénéficier d'une pension de vieillesse à taux plein. L'âge moyen de départ à la retraite est de 60,66 ans au premier semestre 1998. Une indemnité de fin de carrière est versée à tous les agents justifiant d'au moins 5 ans d'ancienneté (montant au premier semestre 1998 : 129.359 francs). Compte tenu de l'aspect de la pyramide des âges, les coûts liés à cette mesure augmenteront dans les années prochaines (112 personnes en ont bénéficié en 1997, et l'AFPA en prévoit 174 en 1999).

Un accord sur la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences a été conclu le 6 mars 1993, pour une durée de trois ans. Le 4 juillet 1996, des négociations ont abouti à la signature d'un accord avec trois organisations syndicales (CFDT, CFTC, CFE-CGC). Cet accord collectif relatif aux « dispositions générales régissant le personnel » est conforme à plusieurs objectifs du premier contrat de progrès 1994/1998, tels que la modernisation de la gestion des ressources humaines et une meilleure maîtrise des coûts salariaux. De nombreux travaux relatifs à la mise en _uvre de l'accord ont été menés jusqu'à la fin de l'année 1997 avec les organisations syndicales signataires. Ils se sont concrétisés par :

· l'élaboration d'une grille de rémunération et de classification ;

· la mise en place de trois nouvelles instances entre 1996 et 1998 : une commission paritaire nationale intercatégorielle chargée d'examiner le classement des emplois, une commission paritaire nationale de discipline et une commission paritaire d'application et de suivi de l'accord ;

· un accord visant à recruter des travailleurs handicapés ;

· un accord portant amélioration du régime de retraite et un autre sur la refonte de la protection sociale unifiant « par le haut » les garanties (à coût budgétaire inchangé, l'accord permet de généraliser à l'ensemble du personnel des garanties plus avantageuses jusque-là réservées aux cadres) ;

· des négociations portant sur le droit syndical, les salaires, l'aménagement du travail et la réduction du temps de travail ;

· la procédure de recrutement des formateurs ; les régions sont responsabilisées par leurs décisions sur la présélection des candidats ;

· un nouveau règlement intérieur ;

· la création d'un poste de responsable des ressources humaines dans chaque région, au siège et à la direction technique, ainsi que la redéfinition du dispositif d'orientation de carrière et de mobilité ;

· la dynamisation de la gestion des cadres.

Cette nouvelle politique de gestion des ressources humaines a été accompagnée par des actions de communication visant à favoriser l'adhésion des salariés au changement. Elle devrait favoriser une meilleure maîtrise des coûts salariaux par l'aménagement des indexations et les avancements automatiques.

Selon les informations fournies par l'AFPA, la réduction des effectifs sera accélérée dans les années qui viennent, en privilégiant la mise en place d'organigrammes simplifiés et resserrés. Le fonctionnement du siège sera modifié progressivement pour que l'exercice des responsabilités régionales puisse se faire dans des conditions optimales.

B.- LE NIVEAU ENCORE ÉLEVÉ DES CHARGES DE GESTION

Suivant le rapport du commissaire aux comptes, les charges d'exploitation se sont montées en 1997 à 5.271 millions de francs, contre 5.193 millions de francs en 1996, soit une croissance de 1,7 %. Rappelons que les charges de gestion avaient diminué de 1,5 % en 1996 par rapport au budget exécuté en 1995 (hors variation de stocks et dotations aux amortissements et provisions).

On remarque néanmoins des efforts de maîtrise de dépenses en ce qui concerne les dépenses d'achats de véhicules (l'AFPA ayant recours à la location de longue durée) et les dépenses informatiques.

Afin de maîtriser les charges de gestion, une remise en ordre de la comptabilité était nécessaire. Les services comptables ont fait porter leurs efforts sur cinq axes :

· réalisation d'un bilan comptable intermédiaire ;

· explication de l'enjeu du redressement comptable aux différents responsables ;

· rappel des règles applicables ;

· renforcement des moyens d'appui et professionnalisation des comptables ;

· regroupement de la fonction comptable.

III.- LES INVESTISSEMENTS

A.- LA CROISSANCE DES INVESTISSEMENTS

1.- Situation au 31 décembre 1997

Selon le rapport des commissaires aux comptes pour l'année 1997, les immobilisations corporelles nettes de l'AFPA au 31 décembre 1997 se montaient à :

· 10,9 millions de francs de terrains ;

· 1.695,7 millions de francs de constructions ;

· 1.366,2 millions de francs d'outillage et d'installations techniques ;

· 1.073 millions de francs d'autres immobilisations.

Les investissements au titre de l'année 1997 se sont montés, en crédits de paiement, à 243 millions de francs, et en autorisations de programme à 260 millions de francs). 124 millions de francs ont été consacrés à la maintenance mobilière et immobilière, 31 millions de francs à la « modernisation pédagogique ».

2.- Les projets pour 1999

Le budget prévisionnel des investissements pour 1999 est présenté dans le tableau suivant :

BUDGET D'INVESTISSEMENT 1999

(en millions de francs)

 

Montant prévisionnel

1.- Évolution du dispositif (expérimentations)

2,5

2.- Études et recherches psycho-pédagogiques

6

3.- Adaptation du dispositif

85

4.- Maintenance locaux hors accueil

155

5.- Locaux d'accueil

66,2

6.- Fonds d'assurance

2

7.- Centre Yves Bodiguel

3

Total

319,7

Source : AFPA.

En 1998, les montants des crédits de paiement au titre des investissements se sont élevés à 294 millions de francs (393 millions de francs en autorisations de programme). Les dépenses de maintenance mobilière et immobilière représentaient 197 millions de francs.

Rappelons que la subvention d'équipement de l'AFPA, prévue au chapitre 66-71 (articles 40,50 et 60) passe en autorisations de programme de 393,24 millions de francs à 319,74 millions de francs, et en crédits de paiement, de 294,4 millions de francs à 324,74 millions de francs. dans le même temps, les moyens consacrés aux acquisitions immobilières de l'AFPA (chapitre 57-92) passent de 3,42 millions de francs à 3,85 millions de francs (en crédits de paiement et en autorisations de programme).

Compte tenu du montant en constante augmentation des placements financiers de l'AFPA, votre Rapporteur s'interroge sur les capacités de l'association à pourvoir au financement de ses investissements sans recourir à des dotations spécifiques provenant de l'État.

B.- DES CLARIFICATIONS SEMBLENT NÉCESSAIRES

Le rapport du commissaire aux comptes sur l'exercice 1997 note que « le régime juridique des immobilisations de l'AFPA est imprécis. L'Association dispose en effet d'un patrimoine qui est mis à disposition par l'État et cela sans qu'il ait été possible de déterminer si cette mise à disposition relève de l'affectation ou de la dotation d'autant que certains biens donnent lieu à des locations.

« Depuis 1985, la comptabilité de l'AFPA tend à retracer dans ses comptes de bilan les immobilisations qui concourent à son activité, et s'en tient ainsi au critère économique.

« Ces incertitudes juridiques et les contraintes budgétaires qui, au niveau de l'État, obligent à une distinction stricte entre le fonctionnement et l'investissement, ont retardé la comptabilisation des amortissements des immobilisations et des subventions.

« Les comptes présentés au titre de l'exercice 1997 ne comportent pas la régularisation des différents postes du bilan concernés : immobilisations, capitaux propres ainsi que amortissements des immobilisations et des subventions.

« Des dispositions visant à la réalisation d'un inventaire physique et comptable détaillé des biens composant le patrimoine mis à la disposition de l'Association viennent d'être arrêtées.

« L'AFPA a pour ambition de présenter dans les meilleurs délais des comptes de « haut bilan » parfaitement fiabilisés. »

Votre Rapporteur reprend à son compte ces remarques et souhaite que se poursuive et s'approfondisse la réforme comptable de l'AFPA, afin d'offrir une meilleure lisibilité patrimoniale.

IV.- ACTIVITÉS ET RÉSULTATS

A.- L'ACTIVITÉ DE L'AFPA

Les deux tableaux suivants montrent l'évolution de l'activité de l'AFPA entre 1996 et 1997.

ACTIVITÉ DE L'AFPA EN 1997

Financeurs

Stagiaires entrés (1)

(en %)

Heures travaillées stagiaires (1)

(en %)

État (commande publique)

71.108

44,6

47.504.004

74

Hors commande publique dont

88.178

55,4

16.671.044

26

- État hors commande publique

17.495

19,8

4.596.827

27,6

- Collectivités territoriales

12.772

14,5

4.614.107

27,7

- Entreprises

56.846

64,5

6.846.186

41,1

- Fonds social européen

1.065

1,2

613.924

3,6

Total

159.286

100

64.175.048

100

(1) hors enseignement à distance et hors centre Y. Bodiguel (rattachement à l'AFPA le 1er octobre 1997).

Source : AFPA.

ACTIVITÉS DE L'AFPA 1996-1997 PAR PUBLICS

 

Nombre d'heures

Nombre de stagiaires

Publics

1997

1996

Évolution

(en %)

1997

1996

Évolution

(en %)

Demandeurs d'emploi

57.328.862

59.568.408

- 3,8

102.440

103.111

-0,7

Salariés

6.846.186

7.144.383

- 4,2

56.846

52.464

8,4

Total

64.175.048

66.712.791

- 3,8

159.286

155.575

2,4

Source : AFPA.

Sur le nombre total des stagiaires, 64,5 % sont salariés d'une entreprise. La part des demandeurs d'emploi dans le nombre total de stagiaires accueillis tend à diminuer.

B.- L'ÉVALUATION DE LA QUALITÉ DE LA FORMATION DÉLIVRÉE PAR L'AFPA

1.- Année 1996

L'AFPA a délivré 29.169 titres de formation professionnelle. 84 % des diplômes sont délivrés à des bénéficiaires relevant de la commande publique ; viennent ensuite les actions réalisées au titre du congé individuel de formation et les actions relevant de la commande privée.

Les centres de formation ont présenté 35.155 personnes à l'examen de validation des compétences professionnelles, avec un taux de réussite de 83 %. Les stagiaires en congé individuel de formation ont le meilleur taux de réussite car ils réalisent des formations dont le niveau est plus élevé que la moyenne.

2.- Année 1997

L'AFPA a délivré 29.358 titres de formation professionnelle. Les certificats de formation professionnelle représentent la majeure partie des diplômes remis avec 95,1 %. Les personnes de niveau V (CAP ou BEP) représentent 66,4 %. Le bâtiment (certificat de maçon par exemple) est le secteur qui délivre le plus de diplômes, avant les secteurs tertiaires et l'électricité.

Les centres de formation ont présenté 35.320 personnes à l'examen de validation des compétences professionnelles. Le taux de réussite est de 83,1 % (pour les organismes agréés hors AFPA, il est de 81,8 %).

3.- Taux de placement des stagiaires après 6 mois

Entre 1995 et 1998, le taux de placement en emploi est de 50 % pour les stagiaires sortis en 1995 et de 47 % pour les sorties de 1996. 41 % des emplois occupés à 6 mois sont des emplois à durée limitée. Les niveaux de formation supérieurs ont les taux d'emplois les plus satisfaisants.

V.- LES NOUVELLES ORIENTATIONS DE L'AFPA

A.- LE GOUVERNEMENT A TRACÉ LA VOIE DE LA RÉNOVATION
DE L'AFPA

1.- La vocation de l'AFPA n'est pas remise en cause

L'AFPA n'a pas vocation à être positionnée comme un organisme classique de formation professionnelle. Association à caractère national et tripartite, l'AFPA concourt à la réalisation de la politique de l'État, aux niveaux national et déconcentré, dans le champ de la qualification pour l'emploi. Elle est partie intégrante du service public de l'emploi. L'AFPA est nationale, par les titres et les validations auxquelles elle prépare, par les parcours de formation qu'elle organise, par la dimension et l'implantation géographique de son dispositif qualifiant, et, enfin, par le recrutement de ses stagiaires. Elle exerce une mission d'intérêt général en complémentarité avec l'ANPE pour aider à la construction de parcours de formation adaptés aux besoins des demandeurs d'emploi et en facilitant leur accès à l'emploi. Elle apporte aux demandeurs d'emploi un ensemble de prestations spécifiques propre au service public de l'emploi (orientation, formation, hébergement, validation, suivi et accompagnement, y compris dans le champ socio-éducatif et sanitaire).

2.- Les contrats de progrès

Les premières conclusions du Comité d'évaluation du contrat de progrès conclu pour la période 1994-1998 constatent les avancées de l'AFPA dans les voies tracées. L'AFPA doit continuer ces efforts au cours du prochain contrat de progrès, notamment dans les domaines de la modernisation de la gestion, la déconcentration interne et la répartition régionale de ses moyens.

Le deuxième contrat de progrès pour la période 1999-2003 recentrera l'AFPA sur sa mission de service public. Selon le secrétariat d'État à la formation professionnelle, elle devra organiser son fonctionnement autour de quatre axes :

· fournir des services aux demandeurs d'emploi en vue de leur retour dans l'emploi, c'est-à-dire organiser avec l'ANPE un dispositif intégré d'appui personnalisé aux demandeurs d'emploi jeunes et adultes. L'AFPA veillera à l'adéquation du recours à la formation (que celle-ci se déroule à l'AFPA ou dans un autre organisme). L'AFPA devra également permettre aux demandeurs d'emploi adultes d'acquérir ou de développer une qualification certifiée, en leur proposant un ensemble de prestations articulées en fonction de leurs besoins et leurs capacités ;

· ancrer plus fortement son activité dans les objectifs et les priorités des politiques publiques pour la formation professionnelle et l'emploi. En particulier, l'AFPA contribuera, par l'ensemble de son activité, à la réalisation des objectifs définis par le Plan national d'Action pour l'Emploi et à la lutte contre le chômage de longue durée et l'exclusion ;

· renforcer ses liens avec les deux autres composantes du service public de l'emploi, les services déconcentrés de l'État et l'ANPE ;

· affirmer et clarifier ses modes de relations avec les régions, les branches professionnelles et les entreprises en complémentarité avec sa mission centrale de qualification des demandeurs d'emploi.

Votre Rapporteur approuve ce recentrage sur le public des demandeurs d'emplois. Pour autant, l'AFPA doit conserver des clients privés afin de garder un contact étroit avec le marché de la formation professionnelle.

B.- L'AFPA DOIT POURSUIVRE LA REMISE EN ORDRE DE SA GESTION

Cette remise en ordre passe par deux orientations : la rationalisation accrue de la gestion et l'accent mis sur la gestion régionale des objectifs donnés à l'AFPA.

1.- L'AFPA doit renforcer son pôle régional

Votre Rapporteur estime que l'AFPA doit privilégier une vision d'action régionale. Une régionalisation totale de l'association priverait le service public de l'emploi d'un réseau national et efficace, susceptible de faire jouer des économies d'échelles. Pour autant, la conclusion de « contrats régionaux d'objectifs » permettrait sans doute de rationaliser l'activité de l'association. Un partenariat étroit entre les services régionaux de l'AFPA, le conseil régional et le préfet de région est indispensable. Dans ce cadre, une modernisation des outils de gestion serait indispensable afin d'identifier à l'échelon régional les ressources et leur utilisation.

Toujours au niveau régional, l'AFPA pourrait également renforcer sa coopération avec des organismes tels que le Centre national de la fonction publique territoriale, avec lequel des complémentarités pourraient s'instaurer.

2.- La rationalisation de la gestion

Cette rationalisation passe par le respect des procédures administratives et de contrôle interne par l'ensemble des centres de responsabilité.

Une gestion rigoureuse exige également un inventaire comptable détaillé des biens composant le patrimoine immobilisé de l'association et l'analyse des comptes de capitaux propres qui en sont la contrepartie. Un inventaire physique est en cours de réalisation ; ses résultats devraient pouvoir être traduits dans les comptes de l'exercice 1998.

L'imbrication des règles privées et publiques entraîne quelques interrogations quant au régime juridique applicable par exemple à l'amortissement des immobilisations appartenant à l'État et mises à la disposition de l'AFPA, ou celui de la provision pour congés payés. Ces questions mériteraient une clarification.

Laisser cette page blanche sans numérotation.

CHAPITRE V :

DÉVELOPPER LA FORMATION
PROFESSIONNELLE DES SALARIÉS

Dans ce domaine, l'État dispose de peu de moyens d'action financiers : la formation des salariés repose essentiellement sur un dispositif de gestion paritaire.

La future réforme du système de la formation professionnelle devra tirer le bilan de cette expérience et dessiner les contours de la « formation tout au long de la vie ».

I.- LE MARCHÉ DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE

A.- LA DÉPENSE TOTALE POUR LA FORMATION PROFESSIONNELLE A AUGMENTÉ EN 1996

1.- Une reprise

Après deux années consécutives de baisse, la dépense totale pour la formation professionnelle en 1996 (dernière année connue) est en hausse de 5 % en francs constants et atteint plus de 138 milliards de francs, soit 1,76 % du produit intérieur brut.

Si l'on intègre les dotations de décentralisation aux dépenses de l'État, ce dernier reste le contributeur le plus important. Cependant, sa part diminue en 1996, comme le montre le tableau ci-dessous :

RÉPARTITION DE LA DÉPENSE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE DE 1987 A 1996

(en %)

 

1987

1990

1993

1995

1996

État

48,7

47,7

45

42,4

40,6

Régions

6,3

5,7

5,7

8,4

9,2

Autres administrations publiques (dont UNEDIC)

2,9

4,1

9,5

8,6

8,7

Entreprises

40,6

41,2

38,3

38,9

39,8

Ménages

1,5

1,4

1,5

1,7

1,7

Total

100

100

100

100

100

Total (en millions de francs)

71.363

102.653

136.758

130.312

138.205

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

Le tableau suivant synthétise les transferts entre les financeurs de la formation professionnelle en 1996. Ces transferts se sont montés à 29,733 milliards de francs.

LES TRANSFERTS ENTRE FINANCEURS
DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE EN 1996

(en pourcentage)

 

Poids dans le financement final

Part dans les fonds versés

Part dans les fonds reçus

Poids dans le financement initial

État

40,57

27,99

2,70

46,01

Régions

9,23

0,44

27,50

3,41

Autres administrations publiques

(dont UNEDIC)

8,72

-

10,55

6,45

Entreprises

39,79

64,85

59,25

40,99

Ménages

1,70

-

-

1,70

Extérieur
(Fonds social européen)

-

6,73

-

1,45

Total

100

100

100

100

Total (en millions de francs)

138.205

29.733

29.733

138.205

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité, compte économique de la formation professionnelle.

Le financeur final est le commanditaire des producteurs de formations. Le financeur initial supporte effectivement la charge du financement. L'État reste bien le premier financeur initial de la formation professionnelle, et les régions en deviennent le troisième financeur.

Une analyse par publics bénéficiaires fait apparaître une partition entre, d'une part, à hauteur de 41 %, les dépenses consacrées aux jeunes et aux demandeurs d'emploi, et, d'autre part, à hauteur de 59 %, les dépenses destinées aux salariés et aux agents publics. Au total, dix millions de stagiaires ont été formés en 1996.

2.- L'offre privée de formation

Sur la dépense totale de 138 milliards de francs, un quart seulement est assuré par l'offre privée. La moitié de la dépense totale est constituée de rémunérations des stagiaires, d'exonérations et de dépenses d'accompagnement. Le dernier quart est « hors marché » et correspond aux dépenses de formation interne des entreprises et des organismes publics.

Le « Contrat d'études prospectives » sur le secteur de l'offre privée de formation, réalisé de 1995 à 1997 en partenariat par l'État et la profession, conformément à un accord signé le 28 juin 1994, donne des informations précieuses sur les caractéristiques du secteur.

a) S'adapter aux attentes des entreprises

En 1996, les quelque 38.000 dispensateurs de formation ont réalisé 36,7 milliards de francs de chiffre d'affaires, contre 35,1 milliards de francs en 1995, soit une augmentation de 4,6 %. Le contrat d'études prospectives a dégagé les variables d'évolution du secteur.

Ainsi, les entreprises ont de plus en plus tendance à traiter par des formations internes les compétences relatives aux métiers stratégiques de l'entreprise, et à ne confier aux organismes de formation extérieurs que les compétences générales.

Elles ont des exigences accrues en matière de qualité de la formation. Elles ont de plus en plus recours aux formations à distance, aux centres de ressources, aux réseaux, et relativement moins aux stages proposés par les organismes de formation.

Enfin, l'individualisation de la formation devient une exigence généralisée, et la formation intégrée au poste de travail se développe fortement.

Depuis 1974, on constate qu'à la croissance du taux d'accès des stagiaires correspond une diminution régulière de la durée des stages (62 heures en 1974 contre 40 heures en 1996).

b) Un marché très éclaté

Les dispensateurs de formation continue exerçant en 1996 sont au nombre de 38.000. Moins du quart de ces organismes déclarent exercer comme activité principale la formation continue. Leur chiffre d'affaires moyen déclaré est d'un million de francs, mais les trois quart d'entre eux annoncent un chiffre d'affaires inférieur à 500.000 francs. Seuls 200 prestataires déclarent un chiffre d'affaires de plus de 20 millions de francs. L'importance du chiffre d'affaires est liée à l'ancienneté du prestataire : le volume moyen d'activité des prestataires les plus anciens (créés avant 1980) est dix fois plus important que celui des prestataires nés après 1993.

Cette dispersion du marché s'accompagne d'une extrême hétérogénéité des statuts : travailleurs individuels, associations, sociétés, organismes consulaires ou structures relevant du secteur public. Les organismes privés représentent 67 % de l'ensemble des prestataires et 76 % du chiffre d'affaires global.

La natalité et la mortalité des entreprises est très forte : près de 70 % des prestataires ont débuté leur activité à partir de 1990.

B.- LE CONTRÔLE DES ORGANISMES DE FORMATION

Conformément à l'article L.920-4 du code du travail, « toute personne physique ou morale de droit privé qui entend diriger un organisme de formation ou prendre part à la direction d'un organisme en souscrivant des conventions ou des contrats de prestations de services ayant pour objet la formation professionnelle continue doit adresser aux services de l'État et de la région une déclaration préalable ».

Tous les dispensateurs de formation, quel que soit leur statut juridique, doivent établir chaque année un bilan pédagogique et financier, que leur activé s'exerce à titre principal, à titre accessoire, ou en situation de sous-traitance (article L.920-5 du code du travail). Le bilan pédagogique et financier ne prend en compte que les ressources des organismes qui résultent de conventions portant sur des actions de formation.

Le code du travail subordonne la validité de la déclaration d'existence à la réalisation d'actions de formation et à la fourniture du bilan pédagogique et financier. Si les bilans pédagogiques et financiers ne font apparaître aucune activité de formation pendant deux années consécutives, la déclaration d'existence devient caduque.

Pour 1996, le bilan pédagogique a été modifié et simplifié, ce qui rend difficile les rapprochements statistiques avec les années précédentes.

Les bilans sont collectés par les services régionaux de contrôle des Directions régionales du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle (DRTEFP) et agrégés au niveau national par le Groupe national de contrôle, rattaché à la Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle.

II.- LES ORGANISMES COLLECTEURS

A.- UN DISPOSITIF COMPLEXE

En 1996, 39 % des fonds perçus par les prestataires de formation proviennent des entreprises liées par l'obligation légale de financement de la formation de leurs salariés. Ces fonds suivent un parcours complexe et à caractère redistributif.

1.- Un mécanisme de redistribution

Les bases de l'appareil actuel de collecte des fonds de la formation professionnelle continue ont été posées par la loi quinquennale du 20 décembre 1993 relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle, ainsi que par l'avenant du 5 juillet 1994 à l'accord national interprofessionnel du 3 juillet 1991. Les contributions des entreprises parviennent soit directement aux organismes de formation, soit en transitant par des organismes de financement. Ces organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) bénéficient d'agréments au titre des contributions visant à financer :

· les congés individuels de formation (ce sont alors les ex-OPACIF, organismes paritaires agréés au titre du congé individuel de formation) ;

· les plans de formation des entreprises (ex-FAF, Fonds d'assurance formation)  ;

· l'alternance (anciens OMA, organismes de mutualisation au titre de l'alternance).

Il existe actuellement 99 organismes paritaires collecteurs agréés : 41 organismes nationaux professionnels, 1 organisme national interbranches, 2 organismes nationaux interprofessionnels, 24 organismes interprofessionnels régionaux (OPCAREG) et 31 organismes uniquement gestionnaires du congé individuel de formation, dont 26 régionaux (FONGECIF) et 5 nationaux (AGECIF).

2.- Les obligations pesant sur les entreprises

Elles sont résumées dans le tableau ci-après.

Compte tenu de la complexité de ce tableau, votre Rapporteur souhaite que soit poursuivi et approfondi l'effort de simplification des procédures administratives en matière de financement de la formation. Ainsi, la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier a aligné l'assiette de deux contributions spécifiques (formation des salariés sous contrat à durée déterminée et des intermittents du spectacle) sur l'assiette des cotisations sociales.

LES OBLIGATIONS DE FINANCEMENT AU TITRE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE

Obligations

Assiettes

Taux

(en %)

Utilisation

Toutes entreprises

Masse salariale versée

0,5

Versement à un CFA, à un établissement d'enseignement ou à un organisme collecteur

Entreprises de 10 salariés ou plus:

 

1,5

 

- formation en alternance

Masse salariale versée

0,4

Financement direct des contrats en alternance ou versements aux organismes collecteurs paritaires

- congé individuel de formation

Masse salariale versée

0,2

Versement aux OPACIF

- plan de formation

Masse salariale versée

0,9

Financement direct par l'entreprise, ou/et versement aux OPC, ou/et versements aux organismes consulaires ou/et en taxe parafiscale

Entreprises de 10 salariés ou plus, non assujetties à la TVA

Masse salariale versée

alternance: 0,3

CIF: 0,2

plan de formation: 1

alternance: 0,3

CIF: 0,2

plan de formation: 1

Entreprises de travail temporaire

Masse salariale versée

0,3 + 0,3 + 1,4

alternance: 0,3

CIF: 0,3

plan de formation : 1,4

Entreprises de moins
de 10 salariés:

 

(0,25)

 

- formation en alternance (a)

 

0,10

Versement obligatoire à un OPCA

- formation continue

 

0,15

Versement obligatoire à un OPCA

Entreprises employant des salariés sous contrat à durée déterminée

Masse salariale versée aux CDD.

1

Versement obligatoire aux OPACIF

Non-salariés non agricoles, non artisans

Plafond sécurité sociale

0,15

Prélèvement par les URSSAF et reversement à un fonds d'assurance formation (FAF)

Artisans inscrits au répertoire
des métiers

Plafond annuel de la sécurité sociale au 1er janvier de l'année en cours

0,29

Versement à un FAF

Exploitants agricoles

Assiette forfaitaire ou revenus professionnels

0,3

(dans la limite d'un plafond)

Prélèvement par la MSA, reversement à un FAF spécialisé

(a) Les entreprises non assujetties à la TVA de moins de 10 salariés sont exonérées.

Source : code du travail.

3.- Caractéristiques des organismes paritaires agréés au titre du congé individuel de formation

a) Le dispositif du congé individuel de formation

Le crédit formation destiné aux salariés adultes, mis en place en 1990, se déroule dans le cadre du congé individuel de formation (CIF). Il comprend généralement un bilan de compétences, l'élaboration d'un projet personnalisé et l'acquisition d'une qualification professionnelle de niveau CAP ou BEP.

Ce droit permet aux salariés de bénéficier d'une formation qui ne s'inscrit pas dans le plan de formation de l'entreprise, éventuellement sans lien avec leur activité actuelle. Cette formation se déroule pendant le temps de travail, à l'initiative du salarié et selon ses choix. Tout salarié ayant au moins 24 mois d'activité, dont 12 dans l'entreprise (respectivement 36 et 18 mois dans les entreprises artisanales de moins de 10 salariés), peut y prétendre. Il doit formuler à cet effet une demande d'autorisation d'absence à son employeur, qui ne peut reporter qu'une seule fois le départ du salarié, et une demande de prise en charge financière auprès de l'OPACIF, qui pourra couvrir tout ou partie des frais de formation et prendre en charge sa rémunération. Pendant le stage, le contrat de travail est suspendu et la durée du CIF est prise en compte pour le calcul des congés payés et de l'ancienneté.

Le CIF est financé par un prélèvement de 0,2 % sur la masse salariale. A la suite de la création en juillet 1994 du « capital temps formation » (CTF), les partenaires sociaux ont décidé d'orienter davantage le CIF vers des actions de formation plus lourdes, destinées à favoriser les changements de métier ou de secteur d'activité.

Parallèlement à la restructuration du dispositif de collecte, l'état statistique et financier rénové que sont tenus d'établir les collecteurs rend possible un suivi plus fin de leur activité. Ainsi, les congés de bilan de compétences font désormais l'objet d'un traitement distinct de celui des congés de formation.

Pour l'année 1997, le montant total des ressources perçues par les OPACIF est de 3,17 milliards de francs (3,1 milliards de francs de collecte et 0,07 milliard de francs de produits financiers). Pour 1998, le montant estimé des ressources se monte à 2,96 milliards de francs. Les prévisions pour 1999 font état du chiffre de 2,85 milliards de francs. Les excédents éventuels sont recueillis par l'association gestionnaire du fonds national du COPACIF, habilitée par un arrêté du 5 juin 1996. La baisse de la collecte provient de la mise en place du capital temps de formation, dont la contribution vient s'imputer sur celle du CIF.

b) La collecte au titre du congé individuel de formation des salariés sous contrat à durée indéterminée

Le nombre de demandes enregistrées par les OPACIF en 1997 est en baisse (- 3 %) par rapport à 1996. Le taux d'acceptation des demandes de congés de formation est de 48 % en 1997, soit une baisse de 11 % par rapport à 1996.

En 1997, le coût moyen d'un congé s'élève à 125.000 francs (rémunération comprise), le coût moyen d'un bilan de compétences à 5.900 francs. La durée moyenne d'un congé a tendance à diminuer : 922 heures en 1997, contre 974 heures en 1996 et 984 heures en 1995. Les formations suivies dans le cadre du CIF restent généralement de longue durée (34 % ont une durée supérieure à 1.200 heures). 68 % d'entre elles conduisent à un diplôme d'État ou à un diplôme homologué.

La répartition du nombre de congés et du nombre d'heures de formation selon la catégorie socio-professionnelle des bénéficiaires des congés de formation montre que ce sont les employés qui bénéficient prioritairement du congé de formation (42 % des salariés bénéficiaires).

c) La collecte au titre du congé individuel de formation des anciens titulaires de contrat a durée déterminée

Le taux d'acceptation de prise en charge des salariés en contrat à durée déterminée atteint 75,97 % en 1997 (augmentation de 9,8 % par rapport à 1996). En valeur absolue, le nombre de demandes reste faible : 5.372 demandes acceptées en 1997.

Le coût moyen d'un salarié en contrat à durée déterminée bénéficiant d'un congé individuel de formation s'élève à 104.000 francs. Le coût moyen d'un bilan de compétences s'élève à 4.700 francs. La durée moyenne de formation est de 927 heures en 1997. 32 % des formations ont une durée supérieure à 1.200 heures. 59 % conduisent à un diplôme d'État ou à un diplôme homologué.

La répartition du nombre de congés et du nombre d'heures de formation selon la catégorie socio-professionnelle des bénéficiaires des congés de formation montre que les employés représentent 60 % des salariés bénéficiant d'un congé individuel de formation au titre d'un contrat à durée déterminée.

Le montant des ressources des sections particulières relatives au congé individuel de formation des anciens titulaires de contrats de travail à durée déterminée s'est élevé à 837 millions de francs en 1997. Au cours de la même période, le montant des dépenses a été de 684 millions de francs.

4.- Les organismes paritaires collecteurs agréés au titre  des formations professionnelles en alternance

a) Les contributions gérées par les organismes paritaires agréés au titre des formations en alternance

En application de la loi quinquennale du 20 décembre 1993 relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle, 68 organismes créés par la voie de la négociation collective bénéficient de l'agrément de l'État au titre de l'article 30 de la loi de finances pour 1985 n° 84-1208 du 29 décembre 1984.

Les employeurs occupant dix salariés et plus doivent consacrer aux contrats d'insertion en alternance 0,4 % ou 0,3 % de leur masse salariale, selon qu'ils sont ou non redevables de la taxe d'apprentissage. Les employeurs occupant moins de dix salariés doivent y consacrer 0,1 % s'ils sont redevables de la taxe d'apprentissage.

b) 1997 est la deuxième année de fonctionnement du nouveau régime

Après une première collecte en 1996, année de transition, l'exercice 1997 a été placé sous le signe du renforcement des structures.

822.280 entreprises, employant près de 13 millions de salariés, ont effectué un versement libératoire au titre de la formation professionnelle en alternance auprès d'un OPCA.

Les organismes ont assuré la prise en charge des dépenses de formation des jeunes dans le cadre de contrats d'insertion en alternance et des dépenses pour la formation de tuteurs ou liées à l'exercice de la fonction tutorale, au regard des priorités d'action et des règles de prise en charge définies par leur conseil d'administration.

Les anciens organismes de mutualisation au titre de l'alternance financent pour l'essentiel des contrats de qualification (102.623 contrats conclus) et des contrats d'adaptation (56.664 contrats conclus), essentiellement au profit des petites et moyennes entreprises (70 % des formations financées).

5.- Le plan de formation

Les organismes qui collectent les contributions des employeurs dans le cadre du plan de formation (anciens Fonds d'assurance formation) peuvent également financer des congés individuels de formation. Les 86 Fonds d'assurance formation ont été remplacés par 66 OPCA : 40 organismes nationaux interprofessionnels, 1 organisme national interprofessionnel et 23 organismes régionaux interprofessionnels.

Le nombre des entreprises versant auprès des OPCA une partie de leur participation au développement de la formation professionnelle continue est passé de 56.000 en 1996 à 160.673 en 1997. Le nombre de salariés couverts est de plus de 9 millions, et 1.290.022 salariés ont suivi en 1997 une formation financée par les ex-Fonds d'assurance formation. Ces actions de formation ont représenté près de 54 millions d'heures de formation. Il s'agit de formations courtes débouchant rarement sur une certification. Le niveau visé correspond, pour 36 % des actions, à un niveau IV ou supérieur.

Le montant des produits s'est élevé en 1997 à 8.011,8 millions de francs et le total des charges à 8.091 millions de francs (dont 6.540 millions de francs finançant les actions de formation).

Le capital temps de formation (CTF) a été mis en place par l'avenant du 5 juillet 1994 à l'accord national interprofessionnel du 3 juillet 1991. Le CTF est financé par un prélèvement de 50% au plus du 0,20 % destiné au congé individuel de formation. Le prélèvement est géré par l'OPCA de branche au sein d'une section particulière du plan de formation des entreprises d'au moins 10 salariés.

B.- DES RESSOURCES ABONDANTES, DES FRAIS ÉLEVÉS

1.- Les ressources en 1997

Le tableau suivant indique l'évolution des ressources des OPCA entre 1994 et 1997.

RESSOURCES DES ORGANISMES PARITAIRES 1994-1997

(en millions de francs)

 

Collecte auprès des entreprises

Ressources totales

 

1994

1995

1996

1997

1994

1995

1996

1997

Alternance

5.558

5.040

6.183

5.200

9.669

8.036

8.629

9.045

CIF

5.511

3.474

3.099

3.170

8.447

5.136

4.782

4.749

Plan de formation

5.052

4.052

6.466

6.940

6.473

4.630

7.057

8.011

Total

16.121

12.566

15.748

15.310

24.589

17.802

20.468

21.805

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

2.- Les charges en 1997

a) Les charges d'exploitation

Le tableau suivant fait le point sur l'évolution des charges d'exploitation des différents réseaux de collecte.

CHARGES D'EXPLOITATION DES ORGANISMES PARITAIRES

(en millions de francs)

 

Alternance

CIF

Plan de formation

 

1995

1996

1997

1995

1996

1997

1995

1996

1997

A.- Charges de gestion

287

419

479

195

199

222,3

257

541

525,5

B.- Information des salariés, frais divers

117

144

159,4

42

59

31,2

(nd)

(nd)

(nd)

C.- Charges exceptionnelles et diverses

25

317

69

34

82

23,4

16

236

97,1

Total

429

750

707,4

271

340

276,9

273

777

622,6

Taux de charges [A + B]
(en % de la collecte)

8

12,1

9,7

7,8

10,9

8,7

(nd)

(nd)

(nd)

(*) Ces charges exceptionnelles comprennent les versements à l'AGEFAL et les transferts vers d'autres OMA.

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

La synthèse des charges et des produits de chaque réseau de collecte pour 1997 est retracé dans le tableau suivant.

CHARGES ET PRODUITS DES ORGANISMES PARITAIRES COLLECTEURS EN 1997

(en millions de francs)

 

Alternance

CIF

Plan de formation

Total

Produits

9.045

4.794

8.011

21.805

Charges

8.871

4.371

8.091

21.333

Solde net avant transferts

174

378

- 80

472

Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité.

Quant aux contributions visant à financer le capital temps de formation, le montant des produits au titre de 1997 s'élève à 891 millions de francs, et les charges à 406,6 millions de francs.

b) Une plus grande rigueur dans le financement du paritarisme

Les partenaires sociaux ont souhaité que le financement du paritarisme dans le domaine de la formation professionnelle fasse l'objet d'une plus grande transparence. Le décret n° 96-703 du 7 août 1996 relatif à la gestion paritaire des fonds de la formation professionnelle continue met fin à des pratiques antérieures faiblement réglementées. Une contribution globale et identifiée se substitue à l'ensemble des dotations et vacations diverses octroyées par les organismes collecteurs aux organisations syndicales. Les sommes consacrées au financement du dispositif paritaire de gestion de la formation professionnelle continue sont assises sur le montant des sommes collectées par les organismes collecteurs paritaires au titre des agréments qui leur ont été accordés.

L'accord national signé par les partenaires sociaux le 19 novembre 1996 crée un fonds national dénommé FONGEFOR (fonds national de gestion paritaire de la formation professionnelle continue) géré par une association de la loi de 1901.

Le FONGEFOR reçoit la contribution que les organismes collecteurs doivent lui verser, en vertu du décret du 7 août 1996, et l'affecte ensuite aux organisations patronales et syndicales représentatives.

La contribution au FONGEFOR a représenté 80,8 millions de francs au titre de 1997.

C.- DES EXCÉDENTS FINANCIERS ENCORE EXCESSIFS

La loi quinquennale du 20 décembre 1993 relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle et l'avenant du 5 juillet 1994 à l'accord national et interprofessionnel du 3 juillet 1991 ont engagé une profonde réforme du financement de la formation professionnelle, qui a notamment permis de diminuer le nombre d'organismes paritaires collecteurs agréés. Cet effort de rigueur s'est accompagné de prélèvements opérés sur les excédents de ces organismes.

Le tableau suivant fait le point sur les produits financiers des organismes paritaires de 1994 à 1997.

PRODUITS FINANCIERS DES ORGANISMES PARITAIRES

(en millions de francs)

 

Plan de formation

Alternance

CIF

Total

1994

175

410

261

846

1995

161

229

302,5

692

1996

121

269

224

614

1997

133

150

70

353

Source : ministère de l'Emploi et Solidarité.

Un document sur le projet de loi de finances pour 1999 rédigé par la Direction générale de l'administration générale et des services du ministère de l'emploi et de la solidarité, transmis à votre Rapporteur, précisait que la dotation afférente aux primes d'apprentissage ferait l'objet d'une « contribution d'un montant de 500 millions de francs versée au budget de l'État par les organismes paritaires collecteurs agréés ».

Selon les dernières informations recueillies par votre Rapporteur, cette « contribution » sera versée sous la forme d'un fonds de concours rattaché au budget de la formation professionnelle. Ses ressources proviendront de l'Association de gestion des fonds de l'alternance (AGEFAL), et elle servira à « assurer une meilleure péréquation des fonds destinés au financement des différents dispositifs de formation professionnelle des jeunes en alternance » (dépêche de L'Agence Éducation formation du lundi 2 novembre 1998).

S'il est bon que les prélèvements sur les réseaux de collecte apparaissent clairement à travers la procédure des fonds de concours, on peut se demander à quoi correspond alors le niveau des dotations destinées au financement des formations en alternance et votées par le Parlement.

1.- Les organismes de collecte agréés au titre du congé individuel de formation

Un prélèvement de 1.465 millions de francs effectué en août 1996 sur la trésorerie des organismes paritaires agréés dans le cadre du congé individuel de formation a notamment permis de financer 900 millions de francs supplémentaires au titre des primes d'apprentissage.

Le Comité paritaire du congé individuel de formation (COPACIF) a été agréé par arrêté du 5 juin 1996 pour gérer les excédents des organismes paritaires en charge du congé individuel de formation des salariés. Sa trésorerie, au 31 décembre 1997, se montait à 595 millions de francs.

Selon les indications fournies par le ministère de l'emploi et de la solidarité, les disponibilités totales au 31 décembre 1997 des OPCA agréés au titre du congé individuel de formation se montaient à 1.029 millions de francs. Conformément à la réglementation relative à l'évaluation des disponibilités, ces organismes devraient reverser au fonds de péréquation (COPACIF) la somme de 8,3 millions de francs.

2.- Les organismes de collecte agréés au titre de   l'alternance

Les disponibilités totales au 31 décembre 1997 des 68 organismes de mutualisation agréés ont été évaluées à 2,7 milliards de francs. 24 organismes ont reversé la somme de 1,37 milliard de francs à l'Association de gestion du fonds des formations en alternance (AGEFAL), créée par l'article 45 de la loi de finances rectificative pour 1986 n° 86-1318 du 30 décembre 1986.

L'article 40 de la loi de finances n° 96-1181 pour 1997 a prévu un prélèvement de 40 % sur les excédents financiers des organismes collecteurs agréés au titre de l'alternance tenus de centraliser leurs excédents au sein de l'AGEFAL. En raison d'une sous-estimation des excédents, ce prélèvement, a finalement permis de recueillir 1.370 millions de francs au lieu du milliard de francs prévu. Cette somme n'a cependant pas été utilisée au profit de l'apprentissage ou des autres dispositifs de formation.

La loi n° 98-546 portant diverses dispositions d'ordre économique et financier du 3 juillet 1998 a prévu un nouveau prélèvement sur l'excédent de l'AGEFAL. Ce prélèvement vise à financer deux mesures.

La loi de finances n °97-1269 pour 1998 a inscrit au budget du ministère de l'emploi et de la solidarité les crédits relatifs aux primes d'apprentissage, précédemment inscrits au budget des charges communes. Le chapitre 43-05 nouveau, accueillant les crédits correspondants, doit être abondé par une participation financière de 400 millions de francs des fonds de l'alternance, sous la forme d'un prélèvement sur l'AGEFAL. Un prélèvement supplémentaire de 100 millions de francs doit financer des exonérations de charges sociales pour le secteur du textile, de l'habillement, des cuirs et peaux et de la chaussure.

A l'occasion de son intervention à l'Assemblée nationale lors de la deuxième séance du 6 novembre 1997, la ministre de l'emploi et de la solidarité s'est engagée à ce que ce montant de 500 millions soit affecté au ministère de l'emploi et de la solidarité.

En raison de la règle de l'universalité budgétaire, il est impossible d'infirmer ou de confirmer cette affectation.

Une étude réalisée par l'AGEFAL évalue ses ressources globales 1998 à 6.390 millions de francs ; au 31 décembre 1997, la trésorerie de l'AGEFAL a été estimée entre 1,5  et 1,8 milliard de francs.

3.- Les organismes de collecte agréés au titre du plan de formation

Les disponibilités des OPCA sont évaluées au 31 décembre 1997 à 2,68 milliards de francs.

III.- PROMOUVOIR LA FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE

La création d'un secrétariat d'État à la formation professionnelle est le signe d'une attention soutenue portée au système de la formation professionnelle en France. Le Gouvernement a annoncé l'engagement d'une réforme du système. Un projet de loi pourrait être présenté en juin 1999, précédé par la publication d'un « Livre blanc » de la formation professionnelle et l'établissement d'un bilan avec tous les acteurs concernés. La négociation interprofessionnelle devrait servir de base à la discussion du projet de loi. Une provision de 20 millions de francs inscrite au projet de budget pour 1999 financera des actions expérimentales de validation des compétences.

Votre Rapporteur ne peut que se réjouir de l'esprit de réforme qui anime le Gouvernement dans ce domaine. Les carences observées d'un système datant de 1971 doivent conduire à une « remise à plat » de tous les dispositifs afin de promouvoir la formation au cours de la vie. Si le système de la formation professionnelle a rendu de grands services à la collectivité en assurant la qualification de millions de salariés, ses inconvénients méritent en effet une réforme d'envergure.

A.- LES CARENCES DU SYSTÈME ACTUEL

Le système actuel, dont les bases ont été fixées en 1971, n'a pas empêché le développement de profondes inégalités dans l'accès à la formation. Le système est de plus devenu opaque et, parfois, source de gaspillages.

1.- Les bases du système datent de 1971

En 1971, fonder un « droit à la formation » pour les salariés était très novateur. Cette ambition s'inscrivait dans un contexte singulier, dont beaucoup de données ont changé :

· le plein emploi a laissé place à un chômage de masse qui frappe particulièrement les jeunes et qui prend la forme d'un chômage d'exclusion (chômage de longue durée) ;

· aux taux de croissance soutenus et réguliers ont succédé des cycles conjoncturels plus instables, marqués par des récessions relativement longues ;

· l'informatisation de la société s'est accélérée : les effectifs du secteur tertiaire des technologies de l'information et de la communication ont été multipliés par 2,6 en 15 ans ;

· en 1971, les carrières des salariés étaient plus linéaires qu'aujourd'hui : en 1980, un travailleur sur cinq changeait d'entreprises en cinq ans ; entre 1988 et 1993, le chiffre est de 1 sur 4 ;

· le caractère global et mondial des processus de production met de plus en plus en valeur l'avantage relatif que constitue pour un pays une main d'_uvre formée.

2.- Il est marqué par de profondes inégalités

La loi de 1971 et les modifications qui lui ont été apportées n'ont pas empêché les inégalités de se creuser entre les différentes catégories socio-professionnelles.

Ainsi, on constate qu'il subsiste une profonde inégalité des chances : 80 % des salariés peu qualifiés n'ont pas accès à la formation continue. De même, le système profite plus aux salariés déjà formés et plus aux hommes qu'aux femmes. L'effort de formation croît avec la taille de l'entreprise : de 1,7% de la masse salariale pour les entreprises de 1 à 10 salariés à 4,87% pour les entreprises de plus de 2.000 salariés.

Le système est de plus marqué par un fort cloisonnement des statuts qui empêche les passerelles entre formations et qui nuit à l'établissement de vraies carrières. Ce cloisonnement empêche la personne d'être au centre du système de la formation professionnelle : entre les contrats à durée indéterminée, à durée déterminée, le chômage, il existe des «insertices», des périodes durant lesquelles la personne ne peut prétendre à une quelconque qualification, chaque financeur ayant ses logiques propres.

3.- Il est source de gaspillages

S'il est hors de question de remettre en cause le principe de la gestion paritaire, il serait bon d'en revoir les modalités, surtout en ce qui concerne la collecte. Comme le prouve par exemple l'ampleur des prélèvements opérés sur l'AGEFAL, chargée de centraliser les trésoreries excédentaires des OPCA acquis au titre du financement des formations en alternance, la gestion de la collecte n'est peut-être pas aussi rigoureuse qu'elle devrait être, même si la constitution de ces « matelas de trésorerie » est en grande partie due au décalage comptable entre la rentrée des fonds et la signature des contrats.

B.- UN NOUVEAU SYSTÈME DE FORMATION CONTINUE: PRIVILÉGIER LA « FORMATION TOUT AU LONG DE LA VIE »

1.- Les principes : la « deuxième chance »

Une réforme du système de la formation professionnelle doit permettre aux salariés de se former tout au long de la vie, afin notamment de se voir attribuer une « deuxième chance » si leurs études initiales ne les ont pas menés à un haut degré de qualification. Il faut donc restaurer une certaine linéarité dans les cursus professionnels, en permettant à chacun de trouver les outils de sa formation.

Le nouveau système devrait donc plus s'attacher à la personne qu'aux statuts. Il devrait également aménager les passerelles entre les différentes filières de formation et renforcer les liens entre le système de la formation professionnelle et la formation initiale.

La réforme permettra ainsi de lutter contre une partie du chômage structurel (lié au manque de main d'_uvre qualifiée), de promouvoir l'épanouissement individuel des salariés et de favoriser la croissance économique.

2.- Les difficultés à surmonter

Quelques écueils seront particulièrement difficiles à éviter :

· les salariés craignent que la réforme se traduise par un surcroît d'obligations à leur charge, par l'individualisation accrue du contrat de travail, et qu'elle remette en cause le système collectif de classification des emplois ;

· les entreprises craignent que la réforme ne les oblige à augmenter brutalement et uniformément les rémunérations en bouleversant les grilles de salaires ;

· l'éducation nationale voit parfois avec appréhension se développer les « certificats de compétences », accusés de concurrence avec le système des diplômes;

· la définition du contenu des « certificats de compétences », devra éviter à la fois la description taylorienne des tâches et des performances et la description d'attitudes désincarnées et peu opératoires.

Ces difficultés exigent que la réforme du système fasse l'objet de la concertation la plus large possible.

3.- Les outils

La réforme devra prendre en compte à la fois le financement de la formation professionnelle et la validation des acquis.

a) Le financement

Le financement concerne à la fois la rémunération de la personne formée et le coût de la formation. Deux solutions, d'ailleurs complémentaires, sont possibles :

- La logique de capitalisation individuelle

Cette solution correspond au développement de l'emploi précaire (contrats à durée déterminée, intérim, temps partiel imposé) et à la mobilité des salariés. Chaque salarié, par son travail, capitaliserait des « droits à formation ». Cela peut passer par le « compte épargne temps », les droits à formation étant alors, par exemple, constitués d'heures de congé non prises.

- La logique de mutualisation-répartition

C'est le système appliqué aujourd'hui : collecte des fonds, centralisation, puis redistribution. En termes quantitatifs, le système est efficace. Néanmoins, la multiplication des intermédiaires empêche la demande de formation d'orienter l'offre de formation. Elle favorise les gaspillages et conduit à la thésaurisation des fonds collectés. Il est donc nécessaire de simplifier le système et de le recentrer.

b) La validation des compétences

Il s'agit de permettre aux individus d'obtenir une reconnaissance formelle de leur expérience professionnelle, sans être nécessairement liée à un parcours de formation.

A l'heure actuelle cohabitent plusieurs références de certifications :

· le système géré par l'éducation nationale (enseignement technique) : les diplômes sont élaborés par les commissions professionnelles consultatives (CPC) ;

· les titres homologués par les autres ministères ;

· les titres homologués par l'AFPA ;

· les certificats de qualification professionnelle (CQP), créés à l'initiative des branches professionnelles.

Les diplômes de l'éducation nationale représentent en 1996 (dernières statistiques connues) 77% de l'ensemble des diplômes et des titres professionnels, les titres homologués 16% et les CQP 1%.

Il est impératif de développer de nouvelles règles en matière de validation et de certification des compétences acquises. Cela exige un partenariat étroit entre les branches professionnelles, les régions et l'éducation nationale. Il serait d'ailleurs opportun que les branches renforcent leurs structures régionales afin de renforcer leur pouvoir de négociation.

Une première expérimentation a été engagée par la Délégation à l'emploi et à la formation professionnelle en 1997-1998. Réalisée par l'ANPE et l'AFPA, elle a mis en évidence l'intérêt et la faisabilité d'une telle démarche. L'opération ayant été conduite à une échelle réduite, de nombreux points, méthodologiques notamment, nécessitent d'être confirmés. Cela implique la mise en _uvre d'une deuxième phase expérimentale plus ambitieuse pour :

· définir des unités de compétences professionnelles correspondant à une véritable employabilité ;

· assurer l'articulation entre ces unités de compétences et le Répertoire opérationnel des métiers et des emplois (ROME) établi par l'ANPE et qui peut constituer un référent d'ensemble des compétences ;

· élaborer les modalités d'évaluation qui permettent d'apprécier la réalité des compétences mises en _uvre et leur transférabilité ;

· organiser l'articulation des certificats de compétences professionnelles avec les titres correspondants du Ministère ;

· mettre au point les passerelles possibles entre les certifications (notamment entre les titres du ministère de l'Emploi et de la Solidarité et les diplômes de l'Éducation nationale) ;

· organiser les modalités d'accompagnement et de suivi nécessaires à une validation des compétences.

Ce système de validation doit être reconnu à la fois par les salariés et les employeurs.

c) La réforme devra prendre en compte le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication

L'essor de ce que certains appellent la « société cognitive » doit être pris en compte dans l'élaboration de la réforme. L'ère des réseaux peut bousculer tout le secteur de la formation professionnelle en favorisant l'enseignement à distance par l'internet. Selon le contrat d'études prospectives, cette technologie entraîne la « rupture des trois unités » qui caractérisent la « pédagogie classique » (unité de temps, de lieu et d'action).

L'utilisation des nouvelles technologies suppose l'essor des formations à distance, organisées en « centres de ressources » grâce à des dispositifs flexibles. La personne formée pourra apprendre :

· au même moment, dans des endroits différents, grâce à des dispositifs de visioconférences, de télé-tutorat et de forums électroniques ;

· au même endroit, à des moments différents, grâce aux centres de ressources ;

· à des moments et dans des endroits différents, grâce à des messageries électroniques.

Or, le système de la formation professionnelle ne semble pas encore avoir pris la mesures des changements à venir. Ainsi, une récente étude de l'observatoire des ressources pour la formation (ORAVEP) évaluait le nombre de centres de formation ayant intégré avec succès les nouvelles technologies de l'information à 10% seulement.

Il convient donc d'encourager les programmes du type FORE (formations ouvertes et à distance et ressources éducatives) qui ont pour objet de faciliter les changements économiques et organisationnels des systèmes de formation. Le programme FORE (13,9 millions de francs consommés en 1998) a notamment permis l'installation de bornes interactives d'information et la promotion de l'utilisation des nouvelles technologies.

d) Des propositions pour motiver les entreprises

Il pourrait être opportun de développer la formation en dehors des horaires de travail, notamment à la faveur de la réduction du temps de travail. Une réduction des charges sociales pourrait être accordée aux entreprise réalisant un effort soutenu et reconnu de formation.

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EXAMEN EN COMMISSION

A.- AUDITION DES MINISTRES

Au cours de sa séance du 23 septembre 1998, La Commission a procédé à l'audition de Mme Martine Aubry, Ministre de l'emploi et de la solidarité, de M. Bernard Kouchner, secrétaire d'État à la Santé et de Mme Nicole Péry, Secrétaire d'État à la formation professionnelle, sur les crédits de leur ministère pour 1999 (1).

Mme Nicole Péry, Secrétaire d'État à la formation professionnelle, a tout d'abord précisé qu'en s'établissant à 26 milliards de francs, dont 7,8 milliards de francs pour la dotation de décentralisation et 18 milliards de francs pour le financement proprement dit de la formation professionnelle, les crédits de la formation professionnelle inscrits au projet de budget pour 1999 augmentaient de 5,3 %. Elle a fait part de son intention de procéder à un diagnostic complet des circuits de financement de la formation professionnelle, à la lumière des travaux parlementaires réalisés dans ce domaine, dont elle a relevé la tonalité généralement critique. Elle a fait part de la convergence de ses préoccupations avec les observations présentées, lors des débats du Parlement, sur l'inefficacité de certains modes de gestion ou l'immobilisation de certains fonds. Elle a rappelé que le budget de la formation professionnelle s'inscrivait dans des moyens de financement plus vastes, d'un total de 138 milliards de francs, partagés entre l'État (56,1 milliards de francs), les entreprises (55 milliards de francs), les collectivités locales (13 milliards de francs) et d'autres organismes comme l'UNEDIC (14,1 milliards de francs).

S'agissant de l'apprentissage, la Ministre a indiqué que le dispositif de collecte n'avait guère été affecté par la loi quinquennale et qu'elle réfléchissait aux moyens d'en améliorer l'efficacité. Elle a considéré qu'il était temps de s'attaquer aux inégalités observées dans les moyens de financement affectés aux centres de formation d'apprentis (CFA). Elle a indiqué qu'une étude récente montrait que le coût moyen annuel d'un apprenti variait sensiblement selon le secteur d'activité et le niveau de formation. Elle a attribué à l'absence de lien financier direct entre l'entreprise et les CFA ces inégalités.

Elle a précisé que, pour les formations en alternance, qui constituent la priorité du budget de la formation professionnelle, 130.000 nouveaux contrats de qualification et 230.000 nouveaux contrats d'apprentissage étaient prévues pour un effort budgétaire respectif de 2,95 et 9,25 milliards de francs. Elle a ajouté que les contrats de qualification, en progression de 13,8 % au cours des huit premiers mois de l'année 1998, connaissaient une augmentation constante, et relativisé la moindre évolution (+ 1,8 %) des contrats d'apprentissage au cours de la même période en rappelant que la conclusion de ces contrats suivait le rythme de l'année scolaire. Elle a fait état avec satisfaction des résultats d'une étude récente de la DARES selon laquelle, au terme de leur contrat de qualification, 61,8 % des jeunes avaient obtenu un diplôme ou une validation de leur formation, et que les deux tiers d'entre eux occupaient un emploi. Après avoir fait observer qu'en 1997 les jeunes suivant une formation de niveau 5 ou de niveau inférieur, ne représentaient que 43,5 % des entrées dans le dispositif, elle a indiqué que le Gouvernement avait décidé de recentrer les primes versées aux contrats de qualification et d'apprentissage sur les publics les plus défavorisés.

Elle a, d'autre part, attiré l'attention sur l'inégalité de l'accès à la formation, les dernières statistiques montrant que les femmes, les salariés des petites entreprises et les salariés peu qualifiés accédaient beaucoup plus difficilement à la formation professionnelle. Elle a déclaré que le Gouvernement avait pour ambition de rendre l'accès à la formation plus égalitaire et plus ouvert afin d'en faire un facteur de progrès personnel et de performance professionnelle.

M. Jacques Barrot, rapporteur spécial des crédits de la Formation professionnelle, a félicité la Ministre pour son investissement personnel dans un domaine dont l'approche est rendue difficile par la complexité des circuits de financement et l'intervention croisée de nombreux partenaires (État, collectivités locales, etc.). Il a mentionné à ce propos le fonds de péréquation de l'apprentissage, créé à son initiative, qui ne faisait que produire ses premiers fruits. Il s'est déclaré très réservé à l'égard du recentrage des primes aux contrats d'apprentissage sur les formations des niveaux inférieurs dont il a craint qu'il donne une image négative de l'apprentissage. Il a, d'autre part, demandé quelle dynamique le Gouvernement entendait donner à l'AFPA, notamment par son rapprochement avec l'ANPE. Il a préconisé, non une régionalisation de l'Agence, mais la négociation, en vue d'une meilleure efficacité des actions, de contrats d'objectif au niveau régional. Il a, enfin, interrogé la Ministre sur le calendrier des mesures prévues pour le développement de la formation continue des salariés tout au long de leur vie active.

Faisant état de l'expérience de plusieurs pays étrangers qui, en ouvrant leurs universités le soir et l'été, facilitaient l'accès à la formation et permettaient ainsi de véritables promotions, M. Pierre Méhaignerie a estimé qu'à défaut de recourir à un tel système, le Gouvernement n'obtiendrait jamais des résultats convenables pour un coût limité.

Mme Nicole Péry a indiqué que le Gouvernement, en recentrant les primes sur les formations de niveaux inférieurs, souhaitait renforcer le rôle de l'alternance dans l'insertion des jeunes au sein du monde du travail. Elle a minimisé l'impact de la mesure sur les entreprises, faisant valoir qu'en comparaison avec les autres aides directes et les exonérations qui sont maintenues, le montant de la prime d'ailleurs versée en une seule fois (6.000 francs) ne lui paraissait pas déterminant pour l'avenir des contrats en alternance. Elle a, par ailleurs, annoncé qu'elle réfléchissait sur la possibilité de faire accéder les salariés à la formation professionnelle tout au long de leur vie, et qu'elle serait en mesure de communiquer au Parlement, dès le début du mois de novembre 1998, le résultat de cette réflexion, les éventuelles modifications législatives ne pouvant intervenir qu'après une indispensable concertation interministérielle. Elle a, enfin, rappelé que l'élargissement des horaires d'ouverture des universités était une des préoccupations du ministre de l'Éducation nationale, qui avait d'ailleurs conduit, cet été, des expériences en ce sens.

Mme Martine Aubry a ajouté que l'AFPA allait signer prochainement un nouveau contrat de progrès recentrant son action sur les plus démunis, en décidant notamment de former, en liaison avec l'ANPE, des chômeurs de longue durée. Elle a constaté qu'en concentrant le financement de l'apprentissage sur les formations de haut niveau, certaines régions avait privilégié les actions les plus valorisantes, et oublié les plus démunis, notamment les jeunes rencontrant des difficultés à réussir dans le système scolaire.

A M. Raymond Douyère qui suggérait que l'AFPA puisse intervenir directement sur les chantiers pour y dispenser des formations au bénéfice de personnes en insertion professionnelle, Mme Martine Aubry a précisé que la réglementation actuelle ne prévoyait pas le type de formation suggéré mais qu'elle prenait bonne note de cette proposition.

B.- EXAMEN DES CRÉDITS

Au cours de sa séance du 19 octobre 1998, la Commission a examiné, sur le rapport de M. Jacques Barrot, rapporteur spécial, les crédits de la Formation professionnelle et l'article 80 rattaché à ce budget.

M. Jacques Barrot, rapporteur spécial, a d'abord insisté sur la complexité du financement de la formation professionnelle et a indiqué que la participation de l'État à l'effort de formation professionnelle en 1999, hors dotations versées à l'Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA), s'élèverait à 26,419 milliards de francs, en augmentation de 5,3 %. Il a précisé que l'effort portait principalement sur les crédits destinés aux formations en alternance, en augmentation de 10,2 %. A ce sujet, il s'est réjoui de l'augmentation des flux d'entrée dans les dispositifs d'alternance prévue en 1999.

Après avoir décrit l'évolution des dépenses liées à la promotion de l'apprentissage, il a rappelé que 10.000 contrats de qualification destinés aux adultes avaient été programmés pour 1999. Après avoir évoqué le coût des actions de formation restant à la charge de l'État, il a abordé la question du financement de l'AFPA, remarquant la forte progression de ses ressources et souhaitant que l'accent soit mis sur une gestion de l'association à l'échelon régional. Concernant l'évolution des dotations de décentralisation, il a regretté que la décentralisation de la formation professionnelle ait été effectuée sans ligne directrice. Il a ensuite exprimé le v_u que la future réforme de la formation professionnelle favorise la formation des salariés tout au long de la vie.

Il a ensuite indiqué que, si la sensible augmentation des crédits de la formation professionnelle pour 1999 le conduisait à inviter la Commission à les adopter, il s'opposerait en revanche à la modification proposée par l'article 80 du projet de loi de finances pour 1999. Précisant que cette disposition visait à réserver aux apprentis les moins formés le versement d'une prime à l'embauche, il a déclaré que ce recentrage nuirait aux formules d'apprentissage correspondant à des niveaux de qualification plus élevés et qu'il diminuerait l'attractivité globale du dispositif. Ajoutant qu'il pourrait être possible de trouver ailleurs le financement nécessaire aux actions menées par le Gouvernement, il a proposé de repousser le dispositif proposé par le Gouvernement en lui substituant, afin de maintenir constantes les dotations budgétaires, un prélèvement d'un montant identique sur les excédents de trésorerie de l'association centralisant le réseau de collecte des fonds de l'alternance (AGEFAL).

M. Alain Rodet, regrettant que « l'ascenseur social » ne fonctionne plus dans les mêmes conditions qu'auparavant, a souhaité que cette dimension ne soit pas absente des préoccupations des autorités lors de la contractualisation des actions de la formation professionnelle avec les régions. Il s'est également prononcé pour une collaboration plus étroite entre l'AFPA et le Centre de la fonction publique territoriale (CNFPT).

M. Gérard Bapt, observant que les artisans étaient parfois dissuadés de prendre un apprenti dès lors que son âge conduisait à lui verser une rémunération plus élevée, a souhaité que le dispositif d'apprentissage soit plus incitatif envers les personnes non qualifiées, objectif qui, selon lui, n'était absolument pas rempli par la modification proposée par l'article 80 du projet de loi de finances. Enfin, il a demandé au Rapporteur spécial des précisions sur les conditions du suivi des stagiaires bénéficiant d'un stage d'insertion et de formation à l'emploi.

Répondant aux intervenants, M. Jacques Barrot a apporté les précisions suivantes :

- s'agissant de l'exigence de promotion sociale, la décentralisation n'avait pas conduit les régions à adopter ce type de préoccupations à long terme ; la future loi réformant la formation professionnelle, annoncée par Mme la Secrétaire d'État, devrait l'inscrire parmi ses priorités ;

- la coopération entre le CNFPT et l'AFPA doit être favorisée car elle permet à l'AFPA de sortir de son isolement.

La Commission a adopté, sur la proposition du Rapporteur spécial, les crédits de la Formation professionnelle et vous demande d'émettre un vote favorable à son adoption.

Article 80

Recentrage de l'aide à l'embauche
de l'indemnité compensatrice forfaitaire à l'apprentissage

Texte du projet de loi :

I. La deuxième phrase du premier alinéa de l'article L. 118-7 du code du travail est ainsi rédigée :

« Cette indemnité se compose :

1° D'une aide à l'embauche lorsque l'apprenti dispose d'un niveau de formation inférieur à un minimum défini par décret.

2° D'une indemnité de soutien à l'effort de formation réalisé par l'employeur. »

II. Les dispositions du présent article entrent en vigueur pour les contrats conclus à compter du 1er janvier 1999.

Exposé des motifs du projet de loi :

Le présent article vise à recentrer l'aide à l'embauche de l'indemnité compensatrice forfaitaire à l'apprentissage (ou prime à l'apprentissage) en faveur des publics prioritaires de la politique de l'emploi, en en réservant le bénéfice aux jeunes de bas niveau de qualification. Il s'agit ainsi, selon la nomenclature des niveaux de formation de l'Éducation nationale, des jeunes ayant un niveau de formation correspondant aux niveaux VI, V bis et V. Cette disposition s'applique aux contrats d'apprentissage conclus à compter du 1er janvier 1999.

Observations et décision de la Commission :

L'article 80 vise à réserver le versement de l'aide à l'embauche de l'indemnité compensatrice forfaitaire à l'apprentissage aux apprentis d'un faible niveau de qualification.

Cette mesure s'applique aux contrats conclus à partir du 1er janvier 1999. Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit la conclusion de 230.000 contrats d'apprentissage, chiffre inférieur au niveau atteint en 1998 (240.000).

a) Le dispositif incitatif a accompagné la croissance des effectifs d'apprentissage

La loi n°93-953 du 27 juillet 1993 relative au développement de l'apprentissage a instauré des aides forfaitaires en faveur des employeurs embauchant des jeunes dans le cadre de contrats en alternance, de qualification, d'orientation ou d'apprentissage. Initialement prévues jusqu'au 30 juin 1994, ces dispositions ont été reconduites pour les contrats d'apprentissage et de qualification qui connaissaient un développement rapide.

La loi n°96-376 du 6 mai 1996 portant réforme du financement de l'apprentissage a institué une nouvelle prime de soutien à l'apprentissage. Les modalités du versement de cette prime sont fixées par le décret n°96-493 du 6 juin 1996.

Cette indemnité compensatrice forfaitaire se compose d'une aide à l'embauche et d'une aide à la formation.

Conformément à l'article D.118-1 du code du travail, l'aide à l'embauche est versée en une seule fois, les versements de l'indemnité de soutien à la formation intervenant à l'issue de chaque année du cycle de formation. Le montant de la prime du soutien à l'embauche se monte à 6.000 francs, et la prime de soutien à l'effort de formation s'élève à 10.000 francs pour les jeunes de moins de 18 ans, 12.000 francs pour les plus de 18 ans. La prime de soutien à la formation est majorée dans les départements d'outre-mer et augmentée lorsque la durée de formation de l'apprenti dépasse 600 heures.

La mise en _uvre de la dépense afférente aux primes d'apprentissage incombe depuis 1998 au budget du ministère de l'emploi et de la solidarité. Elle représente 4.664,61 millions de francs en 1999.

b) La modification proposée

- Le dispositif

L'article 80 vise à réserver le paiement de la prime à l'embauche aux apprentis d'un faible niveau de qualification. Il prévoit que le niveau de formation plafond sera déterminé par décret.

Concernant les primes des contrats de qualification, il faut rappeler que le décret n°98-809 du 12 octobre 1998 a réservé leur versement à partir du 15 octobre 1998 aux jeunes titulaires d'aucun diplôme de second cycle de l'enseignement secondaire (à l'exception du CAP et du BEP).

Selon les termes de l'exposé des motifs, les niveaux de qualification ouvrant droit au versement de cette prime seront les niveaux VI, V bis et V. Ces échelons correspondent aux niveaux les plus faibles dans la nomenclature de l'INSEE, c'est à dire les niveaux correspondant au BEP, au CAP (niveau V) et les non-qualifiés (V bis et VI).

- Impact de la disposition

Selon les chiffres pour 1997 fournis par le ministère de l'emploi et de la solidarité, 74 % des apprentis préparaient une qualification équivalente à un niveau V.

22,5 % des apprentis préparaient une qualification de niveau IV (baccalauréat), III, II ou I (enseignement supérieur long et diplômés bac + 2).

Une projection de ces pourcentages sur les effectifs d'apprentis prévus en 1999, soit 230.000, montre que la mesure toucherait environ 50.000 apprentis.

Compte tenu du caractère saisonnier des entrées dans le dispositif d'apprentissage, qui s'effectuent surtout dans le dernier trimestre de l'année, l'économie espérée est estimée à 61 millions de francs sur l'article 11 du chapitre 43-70 - Financement de la formation professionnelle.

Le ministère de l'emploi et de la solidarité constate depuis quelques années une élévation de l'âge et du niveau de formation des jeunes entrant en apprentissage. Ainsi, entre 1996 et 1997, la proportion d'apprentis préparant une qualification de niveau V a diminué de 3,8%. Cette évolution accentuera à terme l'impact de la mesure proposée.

c) Une mesure néfaste pour l'apprentissage

- Une remise en cause du caractère attractif du dispositif

Le « recentrage » proposé s'assimile à une diminution pure et simple d'une partie de l'incitation à l'embauche d'apprentis. Ce n'est pas une opération de recentrage ou de redéploiement, mais une mesure d'économie budgétaire. Elle diminue les avantages de certaines catégories d'apprentis et ne prévoit aucune mesure d'amélioration de la situation des autres catégories d'apprentis. Globalement, le dispositif de l'apprentissage perd donc en pouvoir attractif.

Certes, par rapport au total des aides dont peut bénéficier l'employeur d'un jeune en contrat d'apprentissage, la prime à l'embauche, versée en une seule fois, peut paraître d'un montant marginal. Cet argument se heurte à l'évidence suivante : en matière d'embauche, c'est parfois à la marge que se prend la décision de l'agent économique. Une baisse de l'incitation financière, même d'un montant qui peut paraître modeste, risque dès lors d'avoir un effet multiplicateur.

Cette mesure conduit à diminuer l'attractivité du dispositif de l'apprentissage pour les employeurs à un moment où les effectifs entrant en apprentissage connaissent une légère baisse.

- Une mesure qui nuit à l'image de l'apprentissage

Diminuer le montant de cette prime revient à revenir sur tous les efforts de promotion de l'image de marque de l'apprentissage effectués par tous les gouvernements depuis une dizaine d'années. Ne pas encourager les formules « pointues » d'apprentissage pourrait conduire à renforcer le sentiment de relégation parfois ressenti par les jeunes entrant en apprentissage. De plus, les études menées par la DARES montrent qu'une proportion importante d'apprentis (environ 25%) enchaînent plusieurs contrats d'apprentissage, en visant à chaque fois un niveau de qualification supérieur. La mesure proposée pourrait casser cet enchaînement vertueux.

L'apprentissage est le maillon essentiel de notre dispositif de formation professionnelle. De nombreuses régions ont développé des formules d'apprentissage haut de gamme qui tendent peu à peu à constituer des pôles d'excellence. Pour ces formules, la suppression de l'incitation a un impact fort.

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La Commission a examiné l'article 80 au cours de sa séance du 19 octobre 1998. Elle a adopté un amendement de nouvelle rédaction de l'article 80 rattaché à ce budget, tendant à substituer au recentrage de l'aide à l'embauche de l'indemnité compensatrice forfaitaire à l'apprentissage un prélèvement de même hauteur sur les excédents de trésorerie de l'AGEFAL, et vous demande d'émettre un vote favorable à l'adoption de cet article ainsi modifié.

() Seuls sont repris ici les propos relatifs aux crédits de la Formation professionnelle.

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