Date : jeudi 20 février 2020
Cible : Sur l'ensemble du texte

Personnels éducatifs, risques psychosociaux et pénibilité 
Le président de la République, le premier ministre et le ministre de l’éducation nationale s’accordent pour convenir que les enseignants sont très pénalisés par le système de retraite par points. Le gouvernement devait garantir par la loi aux enseignants, aux chercheurs, aux personnels de l’éducation et de l’enseignement supérieur que leurs pensions ne baisseraient pas.
Depuis l’avis du Conseil d’Etat sur le projet de loi retraites, rendu public vendredi 24 janvier, la promesse de revaloriser les salaires des enseignants et des chercheurs pour équilibrer leurs pertes conséquentes, engendrées par les nouvelles règles de calcul de pensions, ne tient plus.
(Fort logiquement, le Conseil d’Etat considère cette disposition contraire à la Constitution).
Ne pouvant s’inscrire dans le texte de loi sur les retraites, l’engagement politique de revalorisation est « différé dans le temps » a annoncé le ministre de l’éducation nationale. En résumé : on adopte le texte de loi sur les retraites et on revalorisera plus tard selon l’accord trouvé. Cette méthode serait possible et acceptable en situation de confiance entre le gouvernement, les syndicats concernés et les fonctionnaires eux-mêmes de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur. Or, il n’en est rien. Il est donc nécessaire d’inscrire dans le texte de loi sur les retraites des mesures compensatoires, compatibles et pertinentes.
L'exposition des enseignants aux risques psychosociaux s’avère beaucoup plus élevée que chez les autres salariés (cf. étude de S. Jégo et C. Guillo - 2017 - pour la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l'éducation nationale). Le tragique suicide de Christine Renon a mis en évidence l'absence de réponse institutionnelle au mal-être enseignant.
La désaffection pour le métier de professeur, la faible gratification à exercer dans des établissements difficiles pourraient trouver une réponse par cette prise en compte de la pénibilité.
Les critères de pénibilité, revus en 2017, ont donné lieu à l’élaboration de référentiels professionnels de branche homologués (travaux publics, pâtisserie, esthétique, sanitaire, social et médico-social...). Rien n’empêche – sauf la volonté politique – de coupler l’élaboration d’un référentiel de pénibilité spécifique aux métiers de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche au texte de loi sur les retraites actuellement examiné.
Dans l’attente de négociations salariales qui ne peuvent pas venir en même temps que la réforme sur les retraites pour des raisons juridiques, intégrer la pénibilité des métiers du monde de l’éducation permettrait à la fois d’ouvrir la voie à une réforme de justice sociale pour plus d’un million de personnes et de restaurer la confiance, ce lien si nécessaire entre chaque acteur du service public et sa hiérarchie.