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N° 2835

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ASSEMBLÉE  NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

QUINZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 24 avril 2020.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

appelant à l’annulation totale ou partielle de trois mois de loyer par l’ensemble des bailleurs, pour les personnes morales ou physiques exerçant une activité économique dont l’effectif est inférieur ou égal à dix salariés, et dont l’activité est réduite de plus de 75 % de leur chiffre d’affaires en conséquence de l’état d’urgence sanitaire lié à l’épidémie de covid19,

 

présentée par Mesdames et Messieurs

Meyer HABIB, Louis ALIOT, Sophie AUCONIE, Xavier BATUT, Olivier BECHT, Thierry BENOIT, Bruno BILDE, Pascal BRINDEAU, PierreYves BOURNAZEL, Guy BRICOUT, Jacques CATTIN, Sébastien CHENU, Paul CHRISTOPHE, Béatrice DESCAMPS, Frédérique DUMAS, Mjid EL GUERRAB, Michel FANGET, Claire GUION‑FIRMIN, Agnès FIRMIN LE BODO, Claire GUION‑FIRMIN, Antoine HERTH, JeanChristophe LAGARDE, Laure de LA RAUDIÈRE, Vincent LEDOUX, Didier LE GAC, Patricia LEMOINE, Emmanuel MAQUET, JeanLouis MASSON, Pierre MORELÀLHUISSIER, Ludovic PAJOT, François PUPPONI, Didier QUENTIN, JeanHugues RATENON, Frédéric REISS, Maina SAGE, Éric STRAUMANN, Agnès THILL, Frédérique TUFFNELL, Isabelle VALENTIN, Francis VERCAMER, Philippe VIGIER, Patrick VIGNAL, Michel ZUMKELLER,

députés.

 


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EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

La crise sanitaire que nous traversons est inédite. Elle bouleverse nos vies privées, familiales, professionnelles.

« La fraternité nest quune idée humaine, la solidarité est une idée universelle. »

Par ces mots, Victor Hugo exprime lexigence de solidarité nationale, que nous appelons tous de nos vœux.

Dabord pour les plus vulnérables économiquement  commerçants, artisans, professions libérales, et entreprises de moins de dix salariés  qui, contraints administrativement de fermer, ou impactés par le confinement, ont vu leur chiffre daffaires seffondrer, pour beaucoup totalement (quand il nest pas négatif suite à des annulations ou retours de ventes).

En létat, malgré léchelonnement proposé, ou le report des loyers, les locataires seront dans lobligation, à court ou moyen terme, de payer leur loyer.

De lautre côté, les bailleurs percevront à court ou moyen terme ces loyers dans lintégralité.

Il nous appartient de corriger cette injustice et faire en sorte que chacun prenne part à leffort de solidarité nationale.

Cest pourquoi, cette proposition de résolution invite le Gouvernement à annuler les loyers, parfois très élevés, des petites entreprises. Pour beaucoup, cest une question de survie économique!

Cette mesure dexception est fondée par létat durgence lié à lépidémie de covid19.

Nous faisons face à un risque deffondrement économique, et nous devons tenter de sauver ces professionnels, ces entreprises, indispensables à nos vies quotidiennes : commerçants, restaurateurs, hôteliers, artisans, et beaucoup dautres qui sont la richesse de notre pays.

La promesse faite du Président de la République le 16 mars dernier qu « aucune entreprise ne sera livrée au risque de faillite » doit être tenue par des actes ; cette mesure y contribuera grandement.

Le Gouvernement a adopté une série de mesures, notamment par la loi  2020290 du 23 mars 2020 « durgence pour faire face à lépidémie de covid19 » qui prévoit à l’article 11I, g) :

« I.  Dans les conditions prévues à larticle 38 de la Constitution, le Gouvernement est autorisé à prendre par ordonnances, dans un délai de trois mois à compter de la publication de la présente loi, toute mesure [...] permettant de reporter intégralement ou détaler le paiement des loyers ».

Sur ce fondement, le gouvernement a adopté l’ordonnance n° 2020316 du 25 mars 2020 relative au paiement des loyers, des factures deau, de gaz et délectricité afférents aux locaux professionnels des entreprises dont lactivité est affectée par la propagation de lépidémie de covid19, qui dispose à larticle 4 :

« Les personnes mentionnées à l’article 1er ne peuvent encourir de pénalités financières ou intérêts de retard, de dommagesintérêts, dastreinte, dexécution de clause résolutoire, de clause pénale ou de toute clause prévoyant une déchéance, ou dactivation des garanties ou cautions, en raison du défaut de paiement de loyers ou de charges locatives afférents à leurs locaux professionnels et commerciaux, nonobstant toute stipulation contractuelle et les dispositions des articles L. 62214 et L. 64112 du code de commerce. »

Les dispositions cidessus sappliquent aux loyers et charges locatives dont léchéance de paiement intervient entre le 12 mars 2020 et lexpiration dun délai de deux mois après la date de cessation de létat durgence sanitaire déclaré par l’article 4 de la loi du 23 mars 2020 précitée. »

En pratique, ces mesures laissent le soin à chaque locataire professionnel de négocier avec son bailleur. Les situations sont donc diverses et subsistent des inégalités entre locataires. 

Face à lémoi des commerçants, artisans et professions libérales, le 17 avril, le ministère de léconomie et des finances a appelé les grandes organisations de bailleurs à annuler trois mois de loyers des très petites entreprises (TPE) qui ont dû cesser leur activité avec la mise en place du confinement.

Les principales organisations de bailleurs ont répondu positivement et encouragent leurs adhérents à procéder à cette annulation de trois mois de loyer.

Cette initiative responsable et constructive des principaux bailleurs reste insuffisante à deux titres :

 Elle nest pas juridiquement contraignante ;

 Elle ne concerne que les grands bailleurs.

Cest pourquoi, la présente résolution appelle donc le Gouvernement à établir des mesures claires et similaires pour lensemble des bailleurs de locaux professionnels en exonérant les locataires de leurs loyers pour trois mois, a minima, une exonération partielle.


proposition de RÉSOLUTION

Article unique

L’Assemblée nationale,

Vu l’article 34‑1 de la Constitution,

Vu l’article 136 du Règlement de l’Assemblée nationale,

Appelle le Gouvernement à adopter en urgence une mesure visant à l’annulation totale ou partielle de trois mois de loyer, par l’ensemble des bailleurs, pour les personnes morales ou physiques exerçant une activité économique dont l’effectif est inférieur ou égal à dix salariés, et dont l’activité est réduite de plus de 75 % de leur chiffre d’affaires en conséquence de l’état d’urgence sanitaire lié à l’épidémie de covid‑19.