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N° 2831

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ASSEMBLÉE  NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

QUINZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 23 avril 2020.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION

pour une relance écologique et sociale de l’industrie,

 

présentée par Mesdames et Messieurs

Pierre DHARRÉVILLE, Huguette BELLO, Moetai BROTHERSON, Alain BRUNEEL, MarieGeorge BUFFET, André CHASSAIGNE, JeanPaul DUFRÈGNE, Sébastien JUMEL, Manuéla KÉCLARDMONDÉSIR, JeanPaul LECOQ, JeanPhilippe NILOR, Stéphane PEU, Fabien ROUSSEL, Gabriel SERVILLE, Hubert WULFRANC,

député‑e‑s,

 


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EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

La crise du coronavirus a provoqué un brutal ralentissement de lactivité économique mondiale, plongeant lEurope et notre pays dans une situation inédite dont lissue est incertaine.

De nombreuses entités de production industrielle vont connaître les effets de cette crise et, de ce fait, certains outils pourront se trouver menacés.

Face à limportante crise économique qui sannonce, de  nombreuses voix sélèvent pour réclamer que lépreuve que nous traversons soit mise à profit pour opérer les profondes transformations dont notre système économique a besoin pour affronter les défis sociaux et écologiques à venir.

Plutôt quune accélération dangereuse, nous devons procéder à une réorientation. Pour sortir des carcans idéologiques néolibéraux qui ont guidé laction des gouvernements et institutions depuis plusieurs décennies, la reprise économique doit faire lobjet dune large appropriation citoyenne et démocratique.

La reprise ne doit en effet pas être synonyme de nouveaux sacrifices, de nouveaux reculs des droits sociaux, de dégradation des conditions de vie de nos concitoyens, de recul des services publics et de renoncement à une trajectoire ambitieuse en matière de lutte contre le changement climatique ou les pollutions atmosphériques. La relance économique ne saurait se faire au détriment des conditions de travail et de vie, au détriment des transformations nécessaires.

La décision ne saurait être déléguée à linitiative privée et lintervention publique devra être un levier essentiel de leffort de redémarrage de notre appareil productif. Elle devra être mobilisée dans la poursuite dobjectifs sociaux et environnementaux clairs, de nature à opérer un véritable changement de paradigme.

Les dogmes de la libre concurrence et de la réduction à marche forcée des déficits publics ont vécu. Il est aujourdhui nécessaire dimpulser une politique dinvestissements publics dampleur, de gagner des leviers daction publique, et de favoriser du même mouvement les politiques de coopération européenne et internationale.

Dans les secteurs stratégiques, linvestissement public devra autant que possible se traduire par des prises de participation et, dans un certain nombre de cas, par des nationalisations. Aucun outil industriel, aucun savoirfaire ne doit être désormais abandonné aux logiques financières de court terme. Ces interventions directes devront porter lambition dune mise à jour technologique et dune transformation de nos modes de production capable dassurer une nécessaire transition industrielle écologique créatrice demplois.

Il conviendra également de réguler les échanges et le commerce international afin de favoriser les circuits courts. Pour ce faire, un passeport social et environnemental des marchandises pourrait être mis en place.

La conjonction des effets de la crise et des nécessités de la transition écologique dans lindustrie appelle à expérimenter un dispositif de sécurisation des parcours professionnels et de formation qualifiante. Il faut donc dépasser le dispositif de chômage partiel, pour  imaginer un mécanisme social de transition écologique permettant aux salariés dévoluer en toute sécurité de se former pour accompagner lévolution des besoins, des technologies et des exigences nouvelles à légard de nos modes de production.

Lhumanité doit se saisir de ce moment dramatique pour dépasser ce stade inquiétant de développement auquel elle est parvenue et inventer un nouvel élan de civilisation. Changeons de trajectoire.

 


proposition de RÉSOLUTION

Article unique

L’Assemblée nationale,

Vu l’article 34‑1 de la Constitution,

Vu l’article 136 du Règlement de l’Assemblée nationale,

Considérant les menaces que fait peser la récession économique sur les conditions de vie de nos concitoyens, l’emploi et la pérennité de certaines activités économiques essentielles, notamment dans le secteur industriel,

Considérant les graves conséquences des politiques d’austérité budgétaire conduites ces dernières années sur la santé et la sécurité sanitaire de nos concitoyens,

Considérant la nécessité de poursuivre et accélérer la transition écologique et de remettre notre pays sur une trajectoire ambitieuse en matière climatique,

Invite le Gouvernement à mettre en place dans les meilleurs délais un haut‑conseil à la relance industrielle, composé de représentants de l’État et des collectivités territoriales, de représentants des salariés, de représentants des entrepreneurs industriels, de personnalités qualifiées issues notamment d’organisation non gouvernementales afin de conseiller les pouvoirs publics dans le pilotage d’une relance industrielle compatible avec la transition écologique ;

Invite le Gouvernement à mettre en place un fonds stratégique pour une relance industrielle écologique et sociale ;

Invite le Gouvernement à accorder ses aides sur la base de critères sociaux et environnementaux ;

Invite le Gouvernement à opérer des prises de participation et des nationalisations afin de sécuriser les emplois et les outils de production dans les secteurs stratégiques, tout en créant les conditions d’investissements permettant la transition écologique, et de se donner une meilleure prise sur les stratégies industrielles ;

Invite à la création d’un passeport social et environnemental des marchandises ;

Invite à une réflexion approfondie avec les partenaires sociaux sur la création d’une assurance emploi formation au sein de la Sécurité sociale, pour élargir les droits sociaux et accompagner la relance en assurant les salariés face au risque d’une cessation d’activité liée aux conséquences de la crise économique et aux impératifs climatiques.