Accueil > Archives de la XIe législature > Discours de M. Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale

Réception offerte en l'honneur
de M. Kwasniewski, Président de la République de Pologne
à l'Assemblée nationale le mardi 16 mai 2000

Allocution de M. Raymond FORNI,

Président de l'Assemblée nationale

Monsieur le Président,

Messieurs les Ministres,

Messieurs les Ambassadeurs,

Chers collègues, Mesdames, Messieurs,

L'Assemblée nationale se réjouit beaucoup de recevoir aujourd'hui en ses murs, pour cette manifestation particulière d'estime et d'amitié, le Président de la République polonaise.

Nous avons en effet en tête deux données de l'histoire de notre continent :

- la situation de la Pologne a fréquemment été un indicateur de l'état de l'Europe et malheureusement, à plusieurs reprises, la conséquence des déchirements d'une Europe en proie aux rivalités de puissances.

- A travers ces vicissitudes, les rapports entre la France et la Pologne se sont toujours caractérisés par des affinités et une proximité spéciale, reposant sur des liens humains, culturels et politiques très denses.

Ces liens franco-polonais ont été éprouvés dans les années sombres, dans les années de lutte pour la liberté en Pologne. Ils gardent toute leur force aujourd'hui, alors que la Pologne a retrouvé la démocratie et que l'Europe est délivrée de ses divisions.

L'unité européenne ainsi retrouvée est la garantie de la paix, de la stabilité et de la prospérité de notre continent. Elle permet et nécessite la poursuite du processus d'intégration entamé à l'Ouest, dont nous venons de commémorer le cinquantième anniversaire. L'Europe est en effet l'avenir de nos nations : celles-ci ne sauraient préserver leur originalité que dans le cadre d'un ensemble européen bien structuré.

La Pologne, qui a su, avec un courage et une persévérance admirables, maintenir son essence nationale à travers les plus rudes épreuves, est, plus encore que d'autres peut-être, au fait de cette réalité et de cette exigence. Son aspiration à rejoindre l'Union européenne est naturelle, évidente, bienvenue.

Nous comprenons que la priorité de la Pologne soit aujourd'hui d'entrer dans l'Union telle qu'elle est. Elle y a bien entendu sa place. C'est précisément parce que nous souhaitons, les uns et les autres, un élargissement réussi que sa préparation doit être aussi soigneuse que possible. Les difficultés ne doivent pas être éludées, mais abordées franchement avec, de part et d'autre, le souci d'avancer. En tant que parlementaires, nous avons ici conscience du considérable travail législatif de reprise de l'acquis communautaire qui incombe à nos collègues polonais. Nous sommes sûrs de leur détermination et de leur efficacité dans cette tâche.

Les problèmes quotidiens, la recherche des compromis, la complexité des processus, ne doivent jamais faire perdre de vue le sens politique de la construction européenne, la consolidation des valeurs humanistes et démocratiques, l'affirmation de la solidarité entre peuples européens et au sein de nos sociétés, l'accession de l'Europe, par l'action collective, à une plus grande autonomie, dans tous les domaines, de la monnaie à la défense.

L'Europe doit, en cette étape de son parcours, trouver un nouvel élan dans de nouvelles frontières. L'élargissement représente pour elle un changement de dimension, et doit s'accompagner d'une réflexion sur ses finalités, d'une adaptation de son organisation. Les évolutions en cours doivent, dans notre esprit, renforcer et non diluer les efforts poursuivis jusqu'à présent.

L'entrée de la Pologne dans l'Union est le principal enjeu de l'élargissement. C'est dire que nous comptons sur la Pologne pour nous aider à donner plus de sens à l'Europe. Les liens traditionnels et renouvelés entre la France et la Pologne nous sont un atout pour travailler ensemble, avec nos partenaires, à ce projet.

C'est donc avec confiance que nous vous accueillons aujourd'hui en cette Assemblée, Monsieur le Président, certains que nos deux pays sauront mettre leur expérience et leur volonté au service de cette Europe de l'avenir qui est désormais leur objectif commun.