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Réception de Madame Sadako Ogata,
Haut-Commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés,
à l'Assemblée nationale le mardi 26 septembre 2000

Discours de M. Raymond Forni,

Président de l'Assemblée nationale

Madame la Haut-commissaire des Nations-Unies pour les réfugiés,

Permettez-moi de vous dire tout le plaisir qui est le mien de vous accueillir à l'Assemblée nationale, à la fois pour ce que vous êtes et pour ce que vous représentez : que ce soit à travers vos responsabilités antérieures ou que ce soit au sein du Haut commissariat pour les réfugiés dont vous assurez aujourd'hui la direction ô combien utile pour l'ensemble des nations, vous vous êtes sans cesse préoccupée de la défense des plus faibles.

Il était donc légitime et normal qu'à l'occasion de votre passage à Paris, nous vous recevions à l'Assemblée nationale qui est un des piliers de la démocratie, pilier que j'espère attentif à ce qui se passe non seulement en France mais aussi ailleurs. La présence du président de notre commission des affaires étrangères montre d'ailleurs combien ce dernier souci nous anime. Certaines situations sur la scène internationale nous inquiètent en ce moment. Je pense évidemment à la Yougoslavie, et plus particulièrement à la Serbie et aux événements qui s'y déroulent.

Votre travail est utile, ne serait-ce qu'en raison du nombre des réfugiés qui n'a cessé d'augmenter pour atteindre aujourd'hui un chiffre de vingt millions, ce qui est considérable. Je m'étais, lorsque j'étais membre du Conseil de l'Europe, intéressé à ces problèmes : je faisais ainsi partie de sa commission de la population et des réfugiés. Et si les divers organismes qui s'occupent de ces questions ont évidemment moins de présence et moins de poids que le HCR, il n'en reste pas moins que leur action est importante dans la mesure où la condition des hommes ne peut laisser personne indifférent.

De ce point de vue, j'exprimerai deux souhaits, que je m'efforcerai de transmettre au Gouvernement.

- D'une part, il convient que la France, même si, en général, elle remplit ses obligations financières, augmente sa contribution volontaire dans les temps qui viennent, ce qui aurait sans doute quelque intérêt pour vous et surtout pour ceux dont vous vous occupez.

- D'autre part, reconnaissons qu'en matière de traitement des demandes d'asile formulées par un certain nombre de réfugiés, la situation en France n'est pas totalement satisfaisante. Il nous est parfois donné l'occasion de constater que tel ou tel subit un traitement qui ne nous paraît pas tout à fait conforme à la tradition qui est la nôtre - je pense à ce jeune cubain récemment renvoyé à Cuba. Même si, comme dans ce dernier cas, les éléments du dossier ne nous sont pas connus, il n'en demeure pas moins que l'opinion publique n'approuve pas et qu'il nous faut donc sans doute mieux expliquer et peut-être modifier quelque peu la rigueur que nous appliquons.

En ce qui nous concerne, le cinquantième anniversaire de l'organisme que vous représentez sera l'occasion sans doute idéale pour nous de réfléchir à ces questions et d'aider votre action. Nous avons, par exemple, imaginé de réaliser ici à l'Assemblée nationale une réunion de réfugiés venant de partout qui exprimeraient à l'aube de ce nouveau millénaire leurs préoccupations. Ainsi pourrions-nous voir quelles sont les évolutions qui sont nécessaires et utiles pour eux mais également pour nous.

Et parce que, Madame, vous vous apprêtez à quitter vos fonctions dans quelques mois, en juillet 2001, je voudrais rendre hommage à l'action qui est la vôtre. Je ne vous connaissais pas mais l'occasion m'a été souvent donnée de constater sur le terrain combien vous étiez présente et combien le sort des réfugiés était votre préoccupation permanente. C'est une grande et belle cause à laquelle vous vous êtes consacrée. Et ce n'est sans doute pas par hasard si les Nations-Unies, votre organisme, vous ont renouvelé leur confiance à plusieurs reprises, vous permettant finalement de vous inscrire dans la durée et c'est ce qui est important. Bref, vous faites un travail remarquable.

Je n'oublie pas évidemment tous les membres du HCR - et je pense en particulier à ceux qui au quotidien risquent leur vie. Et ce n'est pas simplement une formule puisque quatre d'entre eux sont morts voilà quelques jours à peine en service, au service des réfugiés. C'est dire à la fois la noblesse de la cause qu'ils servent mais aussi le danger qu'elle représente dans un certain nombre de contrées du monde.

Pour tout cela, nous sommes heureux de vous accueillir et je me permettrai tout simplement en conclusion, Madame, de rendre hommage à la qualité de la personne que je reçois ce soir ici à l'hôtel de Lassay.