Accueil > Archives de la XIe législature > Discours de M. Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale

Réunion de travail avec l'Union interparlementaire arabe
à l'Hôtel de Lassay le mercredi 24 janvier 2001

Allocution d'ouverture de M. Raymond FORNI,

Président de l'Assemblée nationale

Messieurs les Présidents,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Permettez-moi de vous souhaiter, au nom de mes collègues ici présents et au nom de l'Assemblée nationale, la plus chaleureuse bienvenue à l'Hôtel de Lassay. Nous sommes particulièrement heureux que vous ayez choisi l'Assemblée nationale comme première étape de votre tournée des Parlements européens pour sensibiliser les parlementaires à la situation en Israël et dans les Territoires autonomes palestiniens.

Cela fait quatre mois maintenant que les affrontements ont repris dans les Territoires autonomes palestiniens et le bilan est terrible : plus de 380 morts, près de 5 000 blessés. Personne ne peut accepter, quelles qu'en soient les circonstances, de voir chaque jour continuer à tomber morts et blessés, dans leur très grande majorité palestiniens. Les images terribles des affrontements, retransmises presque en direct par les télévisions du monde entier, ont marqué les esprits et rappelé, si besoin en était, le caractère inacceptable de toutes les violences et la nécessité du respect des Droits de l'Homme et du droit humanitaire international.

Je tiens à vous dire combien l'Assemblée nationale est consternée par le nombre de victimes, dont la plupart appartiennent à la population arabe des Territoires palestiniens occupés et d'Israël, y compris hélas, de trop nombreux enfants. Les députés de notre Assemblée expriment leur plus profonde compassion pour tous ceux qui ont perdu l'un des leurs.

Ces affrontements sont d'autant plus affligeants que la paix entre Israéliens et Palestiniens nous paraissait, au début de l'année 2000, plus proche que jamais. Sous l'impulsion des Etats-Unis, grâce aux efforts menés par le président Clinton, soutenus par la France et l'Union européenne, chacune des deux parties a fait, lors du sommet de Camp David au mois de juillet 2000, des gestes courageux en direction de l'autre. Ces discussions permettaient d'espérer un événement attendu depuis plus de cinquante ans : la paix, entre Israël et l'Etat de Palestine.

Les députés français, de la majorité comme de l'opposition, ont manifesté dès les premiers jours de la crise leur vive inquiétude et leur réprobation devant la poursuite des affrontements dans les Territoires palestiniens. Notre Assemblée condamne sans réserves les graves incidents qui se sont succédé et réitère son rejet des provocations extrémistes qui, en jouant de manière cynique sur les sentiments les plus profonds des populations, ont donné l'occasion à ceux qui menacent la paix et l'avenir de la région d'entreprendre leur oeuvre funeste de destruction en attisant la peur et la haine.

Face à cette situation, nous appelons avec fermeté au respect absolu des lieux sacrés pour les croyants de toutes les religions. On ne peut en effet assister sans les condamner sévèrement aux attaques contre les fidèles ou contre les Lieux saints de quelque religion que ce soit quel que soit l'endroit où elles se produisent. Malgré les souffrances, malgré l'indignation, les inquiétudes des uns et des autres, il est absolument indispensable de rétablir les conditions de la discussion pour la paix. C'est difficile, cela devient plus dur que jamais, et malgré tout, c'est plus nécessaire que jamais.

Parce qu'elle n'a jamais cessé de croire aux chances de la paix et au rôle que peuvent jouer les parlementaires au service du rapprochement entre les peuples, notre Assemblée a décidé d'envoyer, dès le mois de novembre dernier, une mission parlementaire, composée à parité de députés de la majorité et de l'opposition, en Israël et dans les Territoires autonomes palestiniens.

Ces parlementaires ont rencontré leurs homologues de la Knesset et du Conseil Législatif Palestinien. Si leur bref séjour s'est déroulé dans un climat de grande tension, il n'en aura pas moins permis aux membres de la délégation d'acquérir la conviction que, malgré une incompréhension mutuelle profonde, les chances de la paix ne sont pas totalement perdues.

Notre Assemblée s'est profondément réjouie de la reprise des négociations, il y a deux jours, à Taba en Egypte. Elles ont malheureusement été brutalement interrompues hier soir à la suite de la mort de deux civils israéliens. Nous espérons que ces négociations reprendront au plus vite et qu'elles donneront le signal de la désescalade, de la fin des violences et du retour sur le chemin de la paix.

Nous sommes tous conscients, en effet, que seule une solution négociée est de nature à satisfaire les aspirations des peuples israélien et palestinien à la paix et à la sécurité. Il n'existe pas d'autre voie, pas d'autre choix, que de reprendre le chemin de la négociation pour la paix pour laquelle Israéliens et Palestiniens ont, au cours des dernières années, franchi tant d'obstacles considérés très longtemps comme insurmontables.

C'est dans cet esprit que nous sommes heureux de vous recevoir aujourd'hui, députés de la majorité et de l'opposition réunis dans un seul but : servir la paix et le rapprochement des peuples au Proche Orient. Nous devons continuer à mettre toute notre intelligence, tous nos efforts et tout notre coeur au service de la paix et de ceux qui luttent avec conviction pour la préserver.