Accueil > Archives de la XIe législature > Discours de M. Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale

Réception offerte en l'honneur de M. Ricardo LAGOS,
Président de la République du Chili
à la Présidence de l'Assemblée nationale le mercredi 18 avril 2001

Allocution de bienvenue de M. Raymond FORNI,

Président de l'Assemblée nationale

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Chers amis,

« ESTA CASA ES SU CASA ». Cette maison est la vôtre, a-t-on l'habitude de dire dans votre belle langue lorsqu'on reçoit quelqu'un chez soi. Mais, au-delà de la courtoisie hispanique que je fais mienne bien volontiers, cette formule correspond, aujourd'hui, à une réalité profonde puisque vous êtes ici, Monsieur le Président, dans la maison de la démocratie.

Le peuple chilien connaît la valeur de la démocratie pour en avoir payé le prix. Et vous-même, Monsieur le Président, avant d'accéder aux hautes fonctions qui sont aujourd'hui les vôtres, vous avez connu comme militant socialiste les épreuves de l'exil et de la prison.

J'éprouve donc un grand honneur, mais aussi un vif plaisir et - permettez-moi de le dire, Monsieur le Président de la République - une certaine émotion, à vous souhaiter la bienvenue à l'Assemblée nationale, à vous-même et à ceux qui vous accompagnent.

Nos deux pays sont lointains, séparés par un océan, un continent et quelques-unes des plus hautes montagnes de la planète. Mais notre amitié est ancienne, profonde, à l'image de la grande poétesse chilienne Gabriela Mistral au pseudonyme d'archange et de vent qui chanta aussi bien « les murs d'Arles éclatant de soleil » que la cordillère des Andes « chair de pierre de l'Amérique, songe de pierre dont nous rêvons ».

Nos deux pays ont aussi connu leurs années noires, celles de l'étouffement de la liberté et de la peur au quotidien. Pour nous, Français, c'était il y a plus d'un demi-siècle, pour vous, Chiliens, plus récemment. Je crois pouvoir dire que, dans ces circonstances difficiles, malgré la distance, le peuple français a su faire preuve de solidarité avec ceux de vos compatriotes qui avaient été contraints à l'exil.

Ces temps sombres sont aujourd'hui révolus, même s'ils ont laissé, chez vous comme chez nous, des cicatrices incomplètement refermées et des séquelles difficiles à guérir. Il appartient aujourd'hui à la Justice de cicatriser ces plaies, comme elle l'a fait encore récemment en France.

Tournons-nous donc plutôt vers l'avenir qui se présente sous de meilleurs auspices !

Les rapports entre les exécutifs politiques de nos deux pays ont acquis une régularité dont je me réjouis, avec la visite d'Etat de votre prédécesseur il y a exactement quatre ans, sa visite de travail il y a deux ans, et bien entendu, votre propre visite d'aujourd'hui. Parallèlement, de nombreuses rencontres ministérielles franco-chiliennes ont lieu, dont la plus récente est le voyage de votre ministre de la justice il y a seulement quelques semaines.

Les relations économiques aussi - quoique trop modestes - se développent dans le domaine commercial. Les investissements industriels et agricoles ont augmenté au cours de ces dernières années et je sais que quelques-unes de nos plus grandes entreprises sont engagées dans la compétition pour la construction d'infrastructures et le développement économique de votre pays.

Mais il est d'autres liens, dont l'ancienneté de l'institution parlementaire dans nos deux pays justifierait qu'ils soient moins sporadiques : il s'agit - vous l'avez deviné - des échanges politiques et de coopération entre les Assemblées chilienne et française.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, il est en effet une cause à laquelle je suis très attaché : celle de la diplomatie parlementaire. A côté de la diplomatie gouvernementale et sans concurrence avec elle, je suis profondément convaincu qu'il existe un espace pour une diplomatie parlementaire qui, par l'intermédiaire des élus, peut faire entendre la voix des peuples dans les relations entre les nations. Parce que les parlementaires sont moins soumis que les gouvernements au formalisme des rapports entre Etats, ils peuvent aider à rapprocher des points de vue et à trouver des solutions, là où les pratiques diplomatiques usuelles ne le permettent pas toujours aisément.

Vous comprendrez donc aisément que je formule aujourd'hui, en votre présence, le voeu que les relations parlementaires franco-chiliennes s'approfondissent et que nos parlementaires se rencontrent plus fréquemment encore. Je tiens à cet égard à rendre hommage à Madame Isabel Allende, Présidente du groupe d'amitié parlementaire entre le Chili et la France, que je recevais ici même il y a un an, et à Monsieur Henri Sicre, Président du même groupe d'amitié dans notre Assemblée, inlassables promoteurs de l'amitié entre nos peuples.

Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs, je voudrais, en conclusion, formuler des voeux sincères pour le plein succès de votre séjour en France, pour la réussite de votre haut mandat et de l'oeuvre de réconciliation politique que vous avez engagée, mais aussi pour le développement économique et le progrès social de votre pays, ainsi que pour l'approfondissement des relations entre le Chili et la France.