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Remise des prix du 10ème Concours de la Francophonie
à l'Assemblée nationale le mardi 12 juin 2001

Discours de M. Raymond FORNI,

Président de l'Assemblée nationale

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs, chers amis,

Soyez les bienvenus à l'Assemblée nationale, où j'ai grand plaisir à vous accueillir à l'occasion de la remise des prix du "Concours international des 10 mots de la Francophonie". Après le Sénat, je crois que vous ne pouviez trouver meilleur endroit que cette maison, qui contribue activement à ce que les trésors de nos langues et de nos cultures, de nos traditions et de nos créations, puissent rayonner dans le monde entier.

Je tiens tout d'abord à saluer la remarquable initiative de Monsieur Jacques Godfrain, Président de l'Association Francophone d'Amitié et de Liaison, et le travail accompli par tous ceux qui ont fait de ce grand concours un succès. Ensemble, vous oeuvrez, avec enthousiasme et détermination, à la promotion du "français comme on l'aime" : le français qui nous rassemble au-delà de nos différences, le français qui unit dans la richesse et la diversité.

Je veux aussi saluer tous les participants et adresser mes plus chaleureuses félicitations aux lauréats, qui seront récompensés dans quelques instants. Amoureux de la langue de Racine et de Proust, qui est aussi celle de Georges Simenon, Léopold Sédar Senghor ou Amin Maalouf, vous êtes les plus fidèles ambassadeurs de la francophonie sur les cinq continents. Soyez salués et remerciés pour votre talent et votre engagement en faveur de la langue que nous avons en partage.

A l'heure de la mondialisation, on parle beaucoup du risque d'uniformisation linguistique ou de domination culturelle. Face à de tels dangers, nous devons relever le défi du pluralisme, qui a toujours été source d'inspiration et de progrès pour l'humanité. J'ai la conviction, comme vous, que notre amour de la langue et de la culture françaises va de pair avec notre attachement à la diversité culturelle. Nous ne sommes pas seulement réunis par une même langue : ce sont avant tout des principes et des valeurs humanistes qui composent l'héritage et le ciment de la communauté francophone.

Chers amis, notre rendez-vous est celui du verbe et de la pensée, mais aussi, je le crois, celui de l'action et des projets. La francophonie, espace d'échange et de dialogue, est un formidable vecteur pour défendre notre langue ; elle est surtout le meilleur moyen de préserver une certaine conception de la culture et de promouvoir la vision d'un monde plus juste et plus fraternel. C'est la raison d'être de l'événement qui nous réunit aujourd'hui ; ce doit demeurer le sens de notre projet pour demain.

Les textes rédigés par les jeunes lauréats distingués aujourd'hui sont la plus belle expression de cette ambition. Par leurs mots, ils font vivre et grandir l'idée généreuse de l'amitié entre les peuples et de la solidarité entre les nations. C'est pourquoi je souhaite que leur message de partage et de tolérance puisse être porté au-delà de nos frontières, qu'il soit entendu par le plus grand nombre et qu'il contribue ainsi à donner à notre langue, et à la culture qu'elle incarne, la diffusion et l'audience qu'elles méritent.

Je me suis moi-même prêté à l'exercice qui leur était proposé dans le cadre du "Concours international des 10 mots de la francophonie". Il s'agissait de composer un message de paix et d'amitié à partir de la liste des mots suivants : beauté ; encore ; flamme ; inspiré ; kyrielle ; nuance ; oiseau ; quelqu'un ; utopie ; voyager.

Afin de vous faire partager ma passion pour la politique et de vous faire mieux connaître le travail que j'accomplis ici chaque jour, j'ai choisi de vous parler de mon engagement personnel comme Président de l'Assemblée nationale, bien sûr, mais surtout comme parlementaire et, depuis toujours, comme homme de valeurs et de convictions.

« On associe bien trop rarement la politique, ses contraintes, ses exigences, ses désillusions aussi parfois, à la douceur et aux joies de l'amitié. C'est qu'on s'arrête souvent à sa caricature : un hémicycle un peu bruyant, où des députés chahuteurs s'échangent quelques noms d'OISEAUX...

Pourtant, la politique, ce n'est pas cela. Lorsque j'ai quitté ma carrière d'avocat pour m'engager en politique, j'étais animé par la FLAMME d'une vocation. J'étais INSPIRE. Et aujourd'hui, trente années après, je continue à l'être avec ENCORE plus de ferveur et d'enthousiasme.

La BEAUTE de ce métier tient tout entière dans ses vertus de dialogue et de partage. Faire de la politique, c'est VOYAGER, aller à la rencontre des autres, écouter QUELQU'UN, partager une opinion, souvent toute en NUANCES, ou échanger un point de vue. C'est surtout le convaincre que l'idée que l'on défend est belle, qu'elle mérite d'être soutenue, qu'elle rendra sans doute notre société plus juste et plus humaine.

Certains à ce propos utilisent le mot d'UTOPIE. Je préfère celui d'idéal. Le premier suggère parfois un combat perdu d'avance... Le second appelle au contraire la réalisation de tous nos espoirs et d'une KYRIELLE de rêves. »

Je vous remercie.