Accueil > Archives de la XIe législature > Discours de M. Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale

Ouverture de la Xème session annuelle de l'Assemblée parlementaire de
l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe
à l'Assemblée nationale le vendredi 6 juillet 2001

Discours de bienvenue de M. Raymond FORNI,

Président de l'Assemblée nationale

Monsieur le Président de l'Assemblée parlementaire,

Monsieur le Président de l'OSCE,

Mesdames et Messieurs les Présidents,

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Chers collègues,

Mesdames, Messieurs,

Je suis heureux de célébrer en quelque sorte avec vous, à Paris, le dixième anniversaire de votre Assemblée. C'est déjà à Paris, lors de la conférence fondatrice des 19 et 20 novembre 1990, que fut reconnue la nécessité d'associer les parlementaires aux travaux de l'OSCE. La « Charte de Paris pour une nouvelle Europe » envisageait la création d'une telle instance que décida le 3 avril 1991 la Conférence de Madrid. J'ai d'ailleurs participé, au sein de la délégation française, à sa première réunion, à Budapest, en juillet 1992.

C'est donc avec beaucoup d'émotion que je vous accueille - que nous vous accueillons- aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Parce que c'est un honneur pour notre Assemblée. Parce que c'est un bonheur pour moi de voir réunis dans ces murs, sous la Présidence de M. Adrian SEVERIN, les représentants de tant de nations. Surtout parce qu'ici, dans cette « maison de la démocratie », l'Assemblée parlementaire de l'OSCE est au fond « chez elle ».

En effet, la démocratie est au coeur des actions que conduit l'OSCE.

Bien sûr, l'objectif premier de cette organisation est, depuis sa création, de maintenir la paix sur notre continent. L'OSCE est devenue un forum essentiel pour les négociations de désarmement et de maîtrise des armements. Ses travaux ont contribué à éloigner le spectre d'un conflit armé de grande ampleur en Europe. L'OSCE est aussi un acteur majeur d'une diplomatie entièrement consacrée à la prévention des conflits : par le dialogue politique qu'elle organise en son sein, par la qualité des médiations qu'elle peut proposer là où des tensions se font jour, par la compétence et l'engagement des membres de ses vingt et une missions permanentes.

Mais en travaillant ainsi à la paix sur notre continent, l'OSCE contribue aussi à y enraciner la démocratie. La pacification de haines tenaces, nées d'antagonismes souvent séculaires, ravivées parfois par des affrontements plus récents, est toujours un préalable à l'enracinement de la démocratie. C'est le cas en particulier au KOSOVO, où l'OSCE travaille à la préparation des élections du 17 novembre prochain. Ramener la confiance, convaincre le plus grand nombre de prendre part à ces élections décisives est sans doute une des tâches les plus difficiles qui soient.

C'est aussi la plus noble des missions. Et je veux à cet égard saluer l'action que mène M. Mircea GEOANA, qui par ses interventions, au fil de ses déplacements, s'est véritablement fait « le pèlerin de la démocratie » en Europe - et au-delà. Ce faisant, il poursuit encore et toujours l'objectif premier de l'OSCE : consolider la démocratie, c'est assurer durablement la paix entre les peuples.

La démocratie est aussi l'idéal qui anime votre Assemblée parlementaire.

Elle est devenue irremplaçable par le large débat démocratique qu'elle permet à ses membres. Les 317 parlementaires de 54 pays d'Europe, ceux d'Asie et de la Méditerranée, les observateurs de diverses autres assemblées internationales font de votre Assemblée le lieu d'une active diplomatie parlementaire. Les trois « corbeilles » de vos activités vous permettent de traiter d'une grande diversité de questions qui touchent nos concitoyens -des affaires politiques et de sécurité aux droits de l'Homme et aux questions humanitaires. Les projets de résolutions très variés qui sont à l'ordre du jour de cette dixième session en témoignent.

Votre Assemblée oeuvre, elle aussi, à l'enracinement de la démocratie sur notre continent. Depuis 1993, plus de 1 200 parlementaires ont été dépêchés par l'Assemblée parlementaire pour observer des élections dans plus de vingt quatre pays. Ils ont ainsi contribué de façon décisive à diffuser les bonnes pratiques mais aussi le respect des règles issues de nos traditions démocratiques.

Car la démocratie est l'horizon commun des peuples que nous représentons.

Cet horizon donne l'impression de reculer perpétuellement devant nos yeux. C'est que la démocratie est, au sens propre, une utopie. On connaît le mot de Winston CHURCHILL : « le pire des systèmes de gouvernement... à l'exception de tous les autres ». Car partout la démocratie doit s'affirmer plus encore, partout elle doit se perfectionner, partout nous devons inventer de nouvelles manières de la faire vivre.

Les progrès accomplis depuis 1991 doivent nous encourager à poursuivre sur la voie du droit et de la justice. Après la fin des « blocs », la réunification des deux moitiés de l'Europe est bien engagée. 1991 vit débuter le martyre de nombreux peuples et communautés des Balkans. 2001 a vu traduire devant la justice internationale l'un des principaux responsables de cette catastrophe européenne.

Il nous faut aujourd'hui élargir le socle des valeurs partagées sur lesquelles repose la démocratie. Il nous faut pour cela défendre la dignité de l'homme, qui fonde l'ensemble des droits de la personne. Je me réjouis à cet égard qu'une proposition slovène et une proposition française soumises à cette Assemblée visent à étendre à toute l'OSCE l'abolition de la peine capitale. Elles appellent à un moratoire immédiat des exécutions. Elles entendent ainsi porter plus haut et plus fort l'Appel à un moratoire mondial des exécutions que Lord RUSSELL-JOHNSTON, président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, Madame Nicole FONTAINE, présidente du Parlement européen et moi-même avons lancé à Strasbourg le 22 juin 2001, avec quinze présidents de parlements venus du monde entier. Je veux donc apporter mon soutien à ces initiatives -devenues me dit-on communes.

Mesdames, Messieurs,

La tâche à accomplir reste immense :

soigner les blessures encore à vif de tant de conflits, lutter contre le crime organisé qui menace la sécurité de nos peuples, aider ceux qui le souhaitent à parachever leur transition démocratique, bâtir les réseaux et les structures indispensables à la prévention des conflits. Votre réunion nous permettra, j'en suis convaincu, d'accomplir ensemble de nouveaux progrès. C'est pourquoi je souhaite un plein succès aux travaux de cette dixième session annuelle de l'Assemblée parlementaire de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe.