Accueil > Archives de la XIe législature > Discours de M. Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale

Remise du Prix de l'OSCE pour le Journalisme et la Démocratie
Xème session annuelle de l'Assemblée parlementaire de
l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe
à l'Assemblée nationale le vendredi 6 juillet 2001

Allocution de M. Raymond FORNI,

Président de l'Assemblée nationale

Madame ARTOLAZABAL,

Madame GONGADZE,

Monsieur le Président,

Chers collègues,

Mesdames, Messieurs,

Il y a deux siècles et demi, à quelques pas d'ici, une voix, celle de la tyrannie et de l'oppression demandait : « Ne fera-t-on jamais taire cet homme ? ». Cette voix était celle de Louis XV, excédé par la liberté des propos et des écrits de VOLTAIRE.

Ces propos, alliés à l'injustice d'un système, celui de monarchie absolue, ont sans doute conduit à la Révolution de 1789.

À l'aube du vingt-et-unième siècle, c'est à deux hommes, que l'on a voulu réduire pour toujours au silence, que nous rendons aujourd'hui hommage. Deux noms qui s'ajoutent à la longue liste de ceux qui se sont battus de par le monde pour que triomphe la liberté d'expression.

On a voulu faire taire, en effet, José Luis LOPEZ de LA CALLE et Georgy GONGADZE. Le premier s'exprimait pour la paix et la fin des violences politiques au Pays basque, en Espagne. Le second réclamait la liberté pour la presse de son pays, en Ukraine.

Et les conditions tragiques de leur disparition le montrent avec force : censurer des textes et abattre des journalistes, bâillonner la liberté d'expression et tuer ceux qui la défendent, étouffer la liberté de l'esprit et assassiner des esprits libres ne sont qu'une seule et même chose. Car nul ne peut vivre sans ces libertés essentielles.

C'est avec beaucoup d'émotion que je remets aujourd'hui ce Prix de l'OSCE pour le Journalisme et les Droits de l'homme à celles qui se battent pour que justice leur soit rendue et qui défendent leur mémoire, Madame GONGADZE et Madame ARTOLAZABAL.

Je souhaite que nos paroles, que notre réunion de ce jour, que ce Prix aident à faire entendre longtemps encore l'écho de ces deux grandes voix de la liberté, qu'elles s'amplifient, qu'elles enflent pour faire reculer la honte des régimes autoritaires, que ces voix restent présentes à notre mémoire pour que triomphent la Liberté, la Paix et la Démocratie.