Accueil > Archives de la XIe législature > Discours de M. Raymond Forni, Président de l'Assemblée nationale

    Dîner offert en l'honneur de M. Ricardo Garcia Cervantes,
    Président de la Chambre des Députés du Mexique,
    à l'Hôtel de Lassay le mardi 10 juillet 2001

    Discours de M. Raymond Forni,

    Président de l'Assemblée nationale

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs,

Mes chers amis,

Permettez-moi tout d'abord de vous dire, Monsieur le Président, à vous ainsi qu'aux membres de votre délégation, tout le plaisir que mes collègues députés et moi-même avons à vous accueillir aujourd'hui à l'Assemblée nationale, qui perpétue, avec fidélité et constance depuis 1789, la mémoire des premiers Etats généraux de la Révolution française.

Votre visite s'inscrit naturellement dans le cadre des relations anciennes et amicales qui unissent le Mexique et la France. Nos deux pays ont su, depuis de nombreuses années, nouer et cultiver des liens de plus en plus étroits, fondés sur l'amitié, le respect mutuel et le sentiment, malgré l'éloignement géographique, d'une grande proximité culturelle.

Dès le XIXème siècle, des immigrants français de la vallée de l'Ubaye quittaient Barcelonnette pour contribuer à l'essor démographique et économique de votre jeune pays.

La flamme de ces premiers immigrants ne s'est pas éteinte et nombreux sont les Français pour qui aujourd'hui encore, à l'image de Jean-Marie Gustave Le Clezio, le Mexique est une « terre de rêves », rêves d'horizons nouveaux mais aussi « d'une nouvelle idée de l'homme » comme l'a si bien écrit en terre mexicaine Antonin Artaud.

Aujourd'hui, la proximité politique, économique et commerciale dans le cadre de l'accord d'association entre le Mexique et l'Union européenne, mais aussi la globalisation qui caractérise le monde actuel, sont autant de facteurs qui confortent notre volonté commune de renforcer davantage nos relations parlementaires bilatérales.

Le Mexique, par la position centrale qu'il occupe entre les deux Amériques, par les réformes qu'il a entreprises pour mieux renforcer la démocratie, est un partenaire naturel pour notre Assemblée, tant les mêmes principes nous animent. Nos deux Assemblées partagent en effet les valeurs d'ouverture et de dialogue, de liberté et de tolérance, d'attachement à la paix et à la coexistence pacifique entre les Nations.

Je voudrais saluer ici l'examen en cours par la Chambre des Députés de la « loi sur les droits des communautés indiennes ». Il s'agit là d'un témoignage particulièrement exemplaire de votre souci de conforter en permanence la fusion des « trois cultures » dont vous êtes issus et dont témoignent l'histoire, l'archéologie et l'art splendide de votre pays. L'esprit de cette loi, qui devrait contribuer puissamment à l'approfondissement de la démocratie mexicaine, ne peut que rencontrer le soutien total des parlementaires français.

Monsieur le Président, témoignant de ce soutien et de l'amitié renforcée entre nos peuples, nous venons de signer ensemble les statuts de la Commission parlementaire franco-mexicaine. Pour la première fois, notre Assemblée établit une coopération privilégiée durable avec un pays d'Amérique latine. Permettez-moi de souligner toute l'importance que nous attachons à cette instance de concertation bilatérale que nous venons de créer ensemble. En effet, notre Assemblée avait, jusqu'à présent, concentré ses moyens de coopération en direction de trois pays : l'Allemagne, la Russie et le Canada. Ce choix tenait compte de l'histoire bien sûr, mais aussi de nos choix stratégiques.

J'ai souhaité, pour ma part, initier une coopération aussi intense avec le Mexique, engagée sous l'impulsion de son Président, M. Vicente FOX, que j'ai eu l'honneur de recevoir ici même lors de sa visite officielle en France au mois d'octobre 2000, dans une dynamique de réformes politiques, économiques et sociales qui visent à conforter la démocratie et les libertés, à réduire les inégalités et à préparer son économie aux défis du nouveau millénaire.

Dans ce moment si important pour l'histoire du Mexique, notre Assemblée se devait d'être à vos côtés. Mais ce que nous souhaitons à travers nos rencontres qui seront désormais régulières, puisque notre Commission se réunira tous les deux ans, alternativement en France et au Mexique, c'est approfondir notre dialogue et notre concertation politiques autour des grandes questions internationales et nationales d'intérêt commun : quelle politique suivre pour lutter contre l'effet de serre, comment lutter contre les excès de la dérégulation financière, comment rendre l'Etat plus efficace dans la lutte contre les inégalités sociales... Telles sont quelques-unes des grandes questions que nous pourrions évoquer au cours de nos rencontres et qui nous permettront de mieux comprendre nos points de vue respectifs sur ces enjeux essentiels pour nos peuples.

En enrichissant la coopération bilatérale conduite par les gouvernements, les parlementaires font entendre la voix de ceux qu'ils représentent très directement : les peuples mexicain et français. Ils contribuent ainsi à l'affirmation d'une voix des peuples dans le concert des Nations.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, notre rencontre d'aujourd'hui contribue à inaugurer une nouvelle étape dans l'histoire de nos relations bilatérales. Je veux vous assurer que vous n'êtes pas venu ici uniquement pour créer une Commission parlementaire. Vous êtes ici pour établir des relations parlementaires à long terme dans l'intérêt mutuel de nos deux Assemblées.

Le monde de demain sera le fruit de nos efforts d'aujourd'hui. Et ce que nous construisons aujourd'hui sera transmis à la prochaine génération. C'est pourquoi la Commission que nous venons de créer officiellement est si importante. Elle nous aidera à jeter des ponts plus forts entre nos Assemblées, à élargir nos horizons et à renforcer notre compréhension mutuelle.

Nous qui sommes parlementaires savons que les institutions que nous représentons ne sont pas idéales et que nous n'avons pas atteint la perfection. Mais ce qui fait la force des Parlements, c'est précisément cette difficulté et cette imperfection. C'est notre engagement sans cesse renouvelé pour mieux enraciner nos Assemblées dont certaines, comme la nôtre, durent depuis des centaines d'années, et c'est notre combat permanent pour soutenir partout dans le monde les démocraties parlementaires plus récentes.