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VIèmes Etats Généraux des Elus locaux contre le Sida
à la Mairie de Paris le samedi 24 novembre 2001

Message de Monsieur Raymond FORNI,

Président de l'Assemblée nationale

Il y a un an, j'avais eu le plaisir et l'honneur de vous accueillir à l'Assemblée nationale, à l'occasion des Vèmes Etats généraux des Elus locaux contre le Sida. En raison d'un calendrier parlementaire particulièrement chargé, je n'ai pu être des vôtres pour la sixième édition de ce grand rendez-vous. Croyez bien que je le regrette. Je souhaitais néanmoins vous dire l'importance que j'attache au sujet dont vous allez débattre et l'intérêt que je porte aux propositions et aux recommandations que vous formulerez aujourd'hui. Je tenais, aussi, à rendre hommage à l'engagement de tous ceux qui portent et incarnent le combat contre le Sida. Elus locaux, responsables publics, représentants d'associations, soignants, chercheurs : vous êtes les acteurs indispensables de lutte, de la vigilance et de l'espérance.


Un an après, où en sommes nous ? Les études les plus récentes attestent que, malheureusement, le fléau du Sida continue de s'étendre. Le constat est amer et la réalité révoltante : le nombre de personnes infectées par le VIH augmente ; la proportion de tests positifs dans les Centres de dépistage anonymes et gratuits, qui avait sensiblement diminué il y a quelques années, est de nouveau en hausse. Quel échec !

Nous avions rappelé, l'an dernier, combien il était essentiel de promouvoir la prévention et le dépistage, en multipliant les messages pour l'ensemble de la population, et plus particulièrement en direction des jeunes gens, chez qui l'on observe un relâchement dans la protection. Force est de constater que cette recommandation est toujours d'actualité. Cette année encore, nous devrons poursuivre nos efforts pour répondre au besoin d'information et à l'exigence de responsabilisation de nos concitoyens.

Toutefois, les obstacles qui demeurent ne doivent pas nous faire désespérer de l'avenir. Je veux rappeler combien ces derniers mois ont été riches de progrès et d'espoirs. Progrès médicaux, car la recherche avance et apporte chaque jour à la médecine et aux malades son tribut. Espoirs politiques, car, comme nous l'espérions, nous reconnaissons aujourd'hui le droit d'accès généralisé aux traitements, dans les pays les plus pauvres et les plus touchés par l'épidémie. De nouvelles perspectives s'ouvrent pour les malades des continents frappés par la pandémie, notamment l'Afrique et l'Asie, grâce au développement des versions génériques des antiviraux. Je suis heureux que le message que nous avions lancé ait été entendu et que l'urgence sanitaire prévale aujourd'hui sur les intérêts commerciaux.

En France, aussi, la lutte contre le Sida demeure une urgence et une nécessité. L'évolution de la maladie, dont l'histoire et l'issue ont changé grâce aux nouveaux médicaments actifs, a fait naître de nouvelles attentes et surgir des difficultés nouvelles. Je pense, évidemment, aux contraintes liées à la prise de traitements longs et lourds, aux difficultés thérapeutiques, aux situations d'exclusion et de précarité qui compromettent l'accès aux soins. A toutes ces questions, nous devons sans attendre apporter des réponses efficaces et concrètes, notamment dans le domaine de l'accompagnement psychologique et social des malades.

Je tiens à souligner qu'une étape majeure vient d'être franchie, avec l'examen en première lecture du projet de loi relatif aux droits des malades, qui permet l'accès aux assurances et aux prêts bancaires, qui renforce le droit à l'information et à la confidentialité, qui définit l'indemnisation de l'alea thérapeutique, et surtout, qui reconnaît le rôle des associations de malades dans la vie de l'hôpital. Je me réjouis grandement que ce texte consacre, enfin, l'action et l'engagement indispensables des associations, qui, depuis vingt ans, sont aux premiers rangs de la lutte contre le Sida.

Vous aviez choisi, l'an dernier, de « mettre le Sida au coeur des élections municipales ». Je ne doute pas qu'à l'aube d'échéances électorales décisives pour notre pays, vous affirmiez aujourd'hui la nécessité de mettre ce combat au coeur des campagnes que vous, élus et responsables politiques, allez mener dans quelques semaines. Rien n'est plus actuel, rien n'est plus essentiel.

Votre présence ici témoigne d'une même conviction et d'une même détermination : nous devons croire aux vertus du progrès mais aussi affirmer un devoir de solidarité. Ensemble, unissons nos efforts et poursuivons notre mobilisation pour voir enfin disparaître cette maladie. Puissent vos débats et vos travaux ouvrir la voie.