- - Rapport sur l'aval du cycle nucléaire SOMMAIRE Fin du Chapitre I IV. La maturite du parc, un atout a gerer conformement a linteret national C. La rente nucléaire française et lavenir dEDF 1 1. Le parc électronucléaire français bientôt amorti comptablement et économiquement 1 2. Les différentes affectations possibles pour les liquidités générées par les tranches amorties 3 3. Un investissement souhaitable, dans le lancement dune tête de série EPR 4 4. La rente électronucléaire, une raison de plus pour que EDF reste une entreprise publique 6 C. La rente nucléaire française et lavenir dEDF Dans son document doctobre 1998 exposant sa stratégie pour EDF, document intitulé « Vers le client, le compte à rebours européen », le Président dEDF, M. F. Roussely indiquait que la production d'électricité nucléaire représente près de la moitié de la valeur ajoutée de l'entreprise et les trois quarts de sa capacité d'autofinancement. Cela « constitue pour deux décennies notre principal avantage. Patrimoine essentiel d'EDF, il l'est aussi pour la Nation ». Actif industriel de quelques 280 milliards de francs, le parc nucléaire nest pas seulement un patrimoine. Les réacteurs nucléaires en service en France vont devenir dans les années qui viennent, une source de bénéfices importants. Dores et déjà, il est possible den estimer lordre de grandeur et utile dexaminer les utilisations possibles au service de la Nation. 1. Le parc électronucléaire français bientôt amorti comptablement et économiquement En 25 ans, la France a su construire un parc électronucléaire de 63 GWe capable de lui apporter plus du tiers de son approvisionnement en énergie primaire. Dans le même intervalle de temps, le pays perdra cet source en cas de non renouvellement du parc, en temps et en heure. · la disparition possible en 25 ans de 37,7 % des ressources en énergie primaire La figure suivante décrit la montée en puissance du parc et sa future décroissance, selon que sa durée de vie sera de 30 ou de 40 ans. Selon la doctrine de la DSIN, chaque réacteur fera lobjet dautorisations spécifiques de prolongation de la durée de vie nominale de 30 ans. La courbe réelle sera donc probablement entre les deux extrêmes représentés sur le graphique ci-après, le choix entre trente et quarante ans jouant un rôle crucial. Figure : montée en régime et décroissance du parc électronucléaire français actuel · La prolongation de la vie des réacteurs : un enjeu considérable De nombreux réacteurs américains mis en service plus tôt quen France, ont dépassé les 30 ans dactivité. De nombreux autres pays envisagent des durées de vie largement supérieures. Ainsi le Japon envisage des durées de vie de 60 ans pour certains de ses réacteurs en fonctionnement. La Suisse vient de prolonger de 15 ans la vie de certains de ses réacteurs qui commencent à arriver dans la zone des 30 à 40 ans. EDF essaie actuellement de mettre au point des méthodes d'analyse des cuves de ses réacteurs à eau pressurisée. L'objectif est d'en démontrer la sûreté à l'horizon d'une cinquantaine d'années de fonctionnement1. Les difficultés à surmonter seront nombreuses : il faut pratiquer des analyses in situ, non destructrices et suffisamment fines pour détecter des micro-fissures pouvant apparaître dans le métal du fait de la fluence des neutrons. Mais grâce à l'optimisation de l'architecture des curs et de la gestion des combustibles, la fluence réelle est très largement inférieure aux spécifications (7,3.109 neutrons par cm2). La probabilité dune durée de vie allant jusquà 40 ans, en respectant toutes les conditions de sûreté imposée par lautorité de sûreté, est donc forte. Un enjeu financier important est attaché à cet allongement. Lâge moyen des réacteurs EDF étant de lordre de 14 ans, les premiers dentre eux commencent à dégager un « cash flow » substantiel, du fait dun amortissement dégressif sur 30 ans Le cash flow engendré par lensemble du parc des réacteurs nucléaires sera considérablement accru si la durée de vie atteint 40 ans. Dix années de vie supplémentaires du parc représentent un « cash flow » cumulé compris entre 100 et 150 milliards de francs suivant les hypothèses de calcul Au demeurant, cest la Nation toute entière qui a vocation à bénéficier de la rente dégagée par un parc électronucléaire en voie damortissement dans lequel elle a investi. 2. Les différentes affectations possibles pour les liquidités générées par les tranches amorties La première utilisation de laccroissement de la marge dexploitation provenant de la fin de lamortissement est la diminution de lendettement. La dette financière dEDF sélevait au 31 décembre 1997 à 136,9 milliards de francs, contre 144,2 fin 1996 et 159,5 fin 1995. Le remboursement de la dette a permis un allègement sensible des charges financières et dexploitation, qui ne représentaient plus que 3,31 milliards de francs, fin 1997, contre 9,19 milliards de francs fin 1993 et 25,84 fin 1985. Le même mouvement sera profitable à lavenir et pourra être accéléré. La deuxième utilisation possible de lamélioration de la capacité dautofinancement pourra bien entendu être la rémunération de lEtat actionnaire. Toutefois, les dividendes versés à lEtat ne devront pas compromettre le renouvellement du parc. Figure : Catégories dutilisation des bénéfices cumulés provenant de lexploitation du parc électronucléaire La troisième utilisation a trait à la constitution de fonds destinés à permettre la couverture de charges futures fatales. La quatrième utilisation est celle du financement des investissements. 3. Un investissement souhaitable, dans le lancement dune tête de série EPR Le tableau de financement dEDF en 1997 décrit ci-après, montre que les investissements ont représenté 54 % des ressources. Figure : Tableau de financement dEDF - Emplois Figure : Tableau de financement dEDF - Ressources Le tableau retraçant la répartition de ces investissements depuis 1993 montre que la part du parc électronucléaire nest pas prépondérante. Tableau : Evolution des investissements dEDF depuis 19932
Les investissements dans le parc de production délectricité au total 6,9 milliards de francs en 1997, soit 23,8 % du total apparaissent peser nettement moins sur les comptes de lentreprise que ceux dans le réseau de transport et de distribution au total 18,1 milliards de francs en 1997, soit 62,4 % du total. Sagissant du parc électronucléaire, la tendance est à une diminution rapide des investissements, le programme de construction de réacteurs du palier N4 touchant à sa fin avec la mise en service des tranches de Civaux. Pour être possible le moment venu, le renouvellement de ce parc par du nucléaire doit être préparé. A cet effet, cest la construction dune tête de série du réacteur du futur EPR qui doit désormais être inscrite à lordre du jour dEDF. Même si lintroduction de la concurrence crée une incertitude notable sur les recettes, la capacité dautofinancement dEDF 43,8 milliards de francs en 1997 paraît appelée à augmenter fortement dans les années à venir. Il paraît donc possible et souhaitable pour peu que lEtat naccroisse pas sa rémunération dactionnaire et accorde une aide limitée, EDF investisse dans la construction dun prototype du réacteur du futur EPR. 4. La rente électronucléaire, une raison de plus pour que EDF reste une entreprise publique Le jargon financier qualifie les investissements amortis et dont lexploitation est rentable de « vache à lait ». Cest exactement ce que va devenir le parc électronucléaire français dans les années à venir. La Suède depuis 1980 et lAllemagne depuis 1998 mesurent la difficulté dabandonner un outil de production payé, rentable, et permettant de fournir de lélectricité à un prix compétitif, avec une stabilité des prix à long terme et une sécurité dapprovisionnement quasiment totale. Il importe que la France touche les dividendes de sa politique déquipement des années 1980 en optimisant ses réacteurs nucléaires sur tous les plans régularité de fonctionnement, extension de la durée de vie, sûreté dexploitation, limitation des rejets dans lenvironnement . Il importe aussi que ce soit la collectivité qui bénéficie des retombées de cet investissement. Collectivité nationale entendue comme la Nation et non pas comme la collectivité des actionnaires français ou étrangers. En conséquence, la privatisation dEDF ne peut en aucun cas être envisagée, dans les prochaines années aussi bien quà lhorizon des années 2020-2030. Cest la Nation qui doit tirer les bénéfices de la rente électronucléaire pour toute la durée de vie du parc électronucléaire et non une catégorie sociale particulière, celle des détenteurs dactions en loccurrence, et ce quels quils soient, groupes privés ou fonds de pension français ou étrangers. Cliquer ici pour accéder à la partie I du chapitre II: Cliquer ici pour retourner au sommaire général: 1 Nucleonics Week, n°39-40, 1/10/98. 2 Rapport dactivité 1997 dEDF.
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