Jean, Gilbert, Victor Fialin de Persigny

1808 - 1872

Informations générales
  • Né le 11 janvier 1808 à Saint-germain-lespinasse (Loire - France)
  • Décédé le 13 janvier 1872 à Nice (Alpes-Maritimes - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Département
Nord
Groupe
Bonapartiste

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 31 décembre 1852 au 4 septembre 1870

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant en 1849, sénateur du second Empire et ministre, né à Saint-Germain-Lespinasse (Loire) le 11 janvier 1808, mort à Nice (Alpes-Maritimes) le 13 janvier 1872, fils d'un ancien soldat de la grande armée tué en 1812 à la bataille de Salamanque, il fut élevé par un de ses oncles, qui le plaça comme boursier au collège de Limoges.

A dix-sept ans, le jeune Victor Fialin s'engagea ; admis en 1826 à l'Ecole de Saumur, il en sortit maréchal des logis au 4e hussards dans la compagnie du capitaine Kersausie, républicain et carbonaro; à son contact, il renonça bientôt aux idées royalistes qu'il avait d'abord professées, et prit part, avec lui, à Pontivy, au mouvement insurrectionnel de juillet 1830.

Mis en congé de réforme pour insubordination, puis en congé définitif le 4 octobre 1831 il se rendit à Paris, demanda un emploi dans les douanes, collabora au Temps, puis à une correspondance légitimiste, et quitta, vers cette époque, son nom patronymique de Fialin pour prendre le titre et le nom de vicomte de Persigny, qui avait été porté jadis dans sa famille. Il se tourna alors vers les bonapartistes, et fonda, pour les soutenir, une publication enthousiaste, dont le premier et unique numéro parut sous ce titre: l'Occident français, en 1834. L'ex-roi Joseph applaudit à la tentative du publiciste et lui donna une lettre d'introduction auprès du prince Louis Bonaparte qui résidait alors avec sa mère à Arenenberg. Accueilli favorablement par le prétendant qui se l'attacha comme secrétaire et comme confident, M. de Persigny se dévoua tout entier au parti impérialiste, s'occupa avec ardeur de lui recruter des adhérents en France et en Allemagne, et fut le principal promoteur et comme le metteur en scène de l'échauffourée de Strasbourg. « Homme de tête et de résolution », ainsi que le qualifia l'acte d'accusation, ce fut lui qui s'empara de la personne du préfet: ayant rejoint le prince devant la caserne, il fut arrêté avec lui, réussit à s'échapper, passa en Allemagne, erra quelque temps dans la Forêt-Noire, longea le Rhin et se rendit en Angleterre, où il écrivit sur l'affaire de Strasbourg une relation apologétique qui parut à Londres en 1837. Il resta l'âme de tous les complots bonapartistes, s'associa encore à l'entreprise de Boulogne (juillet 1840), fut traduit cette fois avec ses co-accusés devant la cour des pairs, et, chargé par le ministère public des accusations les plus graves, il se défendit en arguant de la légitimité de la dynastie napoléonienne, sans chercher à atténuer sa part de responsabilité. « Sous ce rapport, lit-on dans l'acte d'accusation, Persigny ne s'est pas imposé de bornes ; il a lui-même pris soin de faire connaître que, dans la scène de la caserne, sans l'intervention de l'un de ses co-accusés, il aurait tué à coups de baïonnette l'un des sous-lieutenants d'abord, et puis après le capitaine du 42e. » La cour des pairs le condamna à vingt années de détention. Enfermé d'abord à Doullens, il fut transporté comme malade à l'hôpital militaire de Versailles, oit il ne tarda pas à obtenir l'autorisation de circuler librement. Il publia à cette époque un singulier écrit sur l'Utilité des pyramides d'Egypte, où il s'efforce de prouver que ces gigantesques tombeaux étaient édifiés en réalité pour protéger la vallée du Nil contre les sables du désert.

La révolution de 1848 rendit l'espoir à M. de Persigny. Il s'entendit avec les membres de la famille Bonaparte, fonda des sociétés impérialistes, des journaux, entra au comité de la rue de Poitiers, et contribua de tout son pouvoir au succès de l'élection de Louis-Napoléon à la présidence de la République, le 10 décembre 1848. Nommé, en récompense de son zèle, aide-de-camp du prince-président, il reçut en même temps un commandement supérieur dans l'état-major de la garde nationale parisienne.

Puis il se fit élire (13 mai 1849) représentant à l'Assemblée législative par deux départements : la Loire, qui le nomma, le 7e sur 9, avec 35,483 voix (75,232 votants, 118,427 inscrits), et le Nord qui l'élut, le 6e sur 24, par 93,392 voix (183,521 votants, 290,196 inscrits). M. de Persigny opta pour le Nord et fut remplacé dans la Loire, le 22 juillet 1849, par le général Delmas de Grammont. Il siégea à droite, appuya de son vote la politique gouvernementale, remplit à Berlin, pendant la durée de son mandat, une mission temporaire, dont le succès fut d'ailleurs médiocre, fut initié un des premiers aux projets de coup d'Etat, prit une part personnelle importante à l'acte du 2 décembre 1851, et occupa lui-même, à la tête du 42e de ligne, aux côtés du colonel Espinasse, la salle des séances de l'Assemblée dissoute.

Membre de la Commission consultative, il prit, le 22 janvier 1852, en remplacement de M. de Morny démissionnaire, le portefeuille de l'Intérieur. Il contresigna les décrets confisquant les biens de la famille d'Orléans, ne négligea aucun moyen pour faire triompher aux élections du Corps législatif les candidatures officielles, épousa, le 27 mai 1852, la fille unique du feu prince de la Moskowa, reçut le titre de comte et une dotation de 500,000 francs, fut appelé au Sénat le 31 décembre 1852, et quitta le ministère pour raisons de santé en avril 1854. L'année d'après (mai 1855), il fut envoyé à Londres comme ambassadeur. Il conserva ce poste jusqu'au commencement de 1858, fut remplacé alors par le maréchal Pelissier, et le reprit encore le 18 mai 1859. A la suite des décrets du 24 novembre 1860, l'empereur lui confia de nouveau la direction du ministère de l'Intérieur : son premier soin fut de veiller à l'application du régime auquel la presse venait d'être soumise; on remarqua sa circulaire du 8 décembre 1861 sur la liberté de la presse en France et en Angleterre, et les nombreux discours et rapports officiels qu'il prononça et rédigea sur le même objet. Cependant, à côté des protestations libérales, les mesures prises contre la Société de Saint-Vincent-de-Paul (16 octobre 1861) et contre la franc-maçonnerie rappelèrent les procédés autoritaires d'autrefois, et des indiscrétions révélèrent que les préfets étaient chargés de préparer des listes « d'hommes dangereux » au cas « où un événement grave et imprévu amènerait la transmission du pouvoir au prince impérial » (circulaire confidentielle du 26 septembre 1861). Au Corps législatif, comme au Sénat, M. de Persigny n'eut pas de peine à faire triompher les vues du gouvernement ; mais le succès relatif des candidats de l'opposition lors des élections de 1863 et surtout l'élection de Thiers entraînèrent la retraite de M. de Persigny. Démissionnaire le 23 juin il fut fait duc par l'empereur le 13 septembre suivant. Il continua d'intervenir fréquemment dans les débats parlementaires du Sénat dont il était membre, par des discours que la presse commentait avec un empressement d'autant plus grand qu'elle y cherchait l'expression directe de la pensée du chef de l'Etat. On commenta surtout son discours du 12 mars 1867, contre le régime parlementaire. Il se montra d'ailleurs partisan des diverses modifications apportées à la Constitution de 1852 dans le sens « libéral »; plusieurs lettres de lui, rendues publiques, le prouvent, notamment celle du 3 juin 1869, qu'il adressa à M. Emile Ollivier, et qui contenait une approbation formelle de la nouvelle politique suivie par le pouvoir.

Au 4 septembre 1870, il se rendit à Londres, refusa, par lettre, en février 1871, une candidature à l'Assemblée nationale dans la Loire, et, étant venu rétablir sa santé à Nice, mourut dans cette ville l'année suivante. Grand-croix de la Légion d'honneur. On a de lui : Lettre de Rome (1865); L'outillage de la France (1866) etc.