Alexandre, Marie Bracke-Desrousseaux

1861 - 1955

Informations générales
  • Né le 29 septembre 1861 à Lille (Nord - France)
  • Décédé le 25 décembre 1955 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 14 avril 1912 au 31 mai 1914
Département
Seine
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 26 avril 1914 au 7 décembre 1919
Département
Seine
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIIe législature
Mandat
Du 16 novembre 1919 au 31 mai 1924
Département
Seine
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIVe législature
Mandat
Du 29 avril 1928 au 31 mai 1932
Département
Nord
Groupe
Parti socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVe législature
Mandat
Du 8 mai 1932 au 31 mai 1936
Département
Nord
Groupe
Parti socialiste

Biographies

Né le 29 septembre 1861 à Lille (Nord),
mort le 25 décembre 1955 à Paris (14e).

Député de la Seine de 1912 à 1924.

Député du Nord de 1928 à 1936.

Alexandre Desrousseaux, dit Bracke, était l'un des sept enfants du célèbre chansonnier Alexandre Desrousseaux, auteur du populaire « Petit Quinquin ». Boursier de Lille, puis de l'Etat, Bracke est bachelier ès lettres en 1879. Il entre au Lycée Louis-le-Grand pour y préparer l'Ecole normale supérieure, y accède en 1881, en sort en 1884 et est reçu premier à l'agrégation.

Durant ses années d'Ecole normale, il publie des articles dans des revues et journaux socialistes qu'il ne peut signer de son nom. C'est alors qu'il adopte le nom de sa mère, née Bracke, qu'il devait définitivement conserver.

Il est envoyé en 1885 à l'Ecole française de Rome où pendant deux ans il affronte les textes anciens et devient un remarquable déchiffreur de manuscrits. Rentré en France, il est nommé en 1887 Maître de conférences, chargé du cours de philosophie grecque à la Faculté de lettres de Lille, puis à la Sorbonne où il devient en 1896 directeur d'études adjoint et en 1915 directeur d'études à l'Ecole des Hautes études. Entre-temps il prépare pour l'Institut un mémoire sur les manuscrits d'Hérodote.

Ami de Jules Guesde, membre du comité général des organisations socialistes, Bracke devient en 1889 secrétaire du parti ouvrier français, puis membre du comité général des organisations socialistes en 1899, enfin secrétaire pour l'extérieur du parti socialiste de France. C'est le point de départ d'une carrière politique prodigieusement active. Il écrit des articles pour Le Travailleur du Nord fondé par Gustave Delory à l'aurore du mouvement ouvrier, pour Le Socialiste quotidien qu'il crée avec Jules Guesde, pour le Petit sou, pour l'Humanité de Jean Jaurès, pour le Combat social et enfin, après la guerre de 1914-1918 pour le Peuple libre qui redresse la situation socialiste à Lille après la scission de Tours.

Sa carrière parlementaire commence le 14 avril 1912 où il est élu député à une élection partielle dans la 1re circonscription du 14e arrondissement de Paris, en remplacement de M. Messimy, démissionnaire. Il obtient au deuxième tour de scrutin, 6 810 voix contre 6 054 à M. Chatenet son principal adversaire. Aux élections générales des 26 avril et 10 mai 1914, il est réélu au deuxième tour par 7 408 voix contre 5 463 à M. Chatenet et 5.359 à M. Latour.

Le 16 novembre 1919, le renouvellement de la Chambre a lieu au scrutin de liste avec représentation proportionnelle. Bracke prend la tête de la liste du parti socialiste qui a trois élus. Il obtient personnellement 43 337 voix dans la 3e circonscription de la Seine, sur 189 797 votants.

Le 11 mai 1924, il est à la tête de la liste d'unité socialiste et ouvrière qui essuie un échec. Il ne recueille que 13 119 voix sur 201 612 votants.

Il abandonne alors le département de la Seine pour se présenter aux élections législatives suivantes dans la 4e circonscription de Lille où ses amis l'appellent pour combler le vide creusé par la mort de Delory. Il est élu au scrutin de ballottage, le 29 avril 1928 par 6 954 voix contr 5 034 à M. Leleu et 3 013 à M. Hentgès, et il retrouve ce même siège aux élections générales des 1er et 8 mai 1932, au deuxième tour de scrutin, par 8 523 voix contre 4 788 à M. Viellefon et 2 317 à M. Hentgès.

En 1936, malgré l'insistance de ses amis, il renonce à son mandat de député pour se consacrer à des travaux littéraires importants qu'il craint de ne pouvoir achever.

Il assume pour la première fois la charge d'édile en 1929 en se faisant élire conseiller municipal de Lille. Et ici se situe un épisode qui témoigne de sa fidélité à ses amitiés et à ses convictions : la liste socialiste était passée toute entière, à l'exception d'un seul de ses membres : Roger Salengro, maire de Lille, victime d'un panachage ingénieux réalisé par ses adversaires politiques. Bracke s'insurge et passe à la contre-attaque.

Il se fait élire maire de Lille, puis démissionne pour affronter à nouveau le suffrage universel en compagnie de Salengro. Les deux hommes sont réélus, l'un retrouvant son siège de conseiller municipal, l'autre son écharpe de maire qui lui avait été momentanément arrachée. C'est ainsi que Bracke dirigea la mairie de Lille pendant huit jours. II devait retrouver son mandat de conseiller municipal aux élections de 1935.

À la Chambre des députés, il appartint à la Commission de l'armée, à celle des programmes électoraux, à la Commission spéciale chargée d'examiner s'il y avait lieu de mettre en accusation un ancien Ministre de l'Intérieur (Louis Malvy), à celle de l'enseignement et des beaux-arts, à celle chargée d'examiner les divers traités de paix, à celle du règlement, à celle du suffrage universel, à celle des affaires étrangères et à celle d'Alsace et de Lorraine.

Il fut élu vice-président de la Chambre le 14 janvier 1936, mais n'occupa ce siège que durant quelques mois, jusqu'à la fin de la législature qui fut aussi la fin de son mandat.

Ses nombreuses interventions firent toujours recette, tant son humour et ses formules à l'emporte-pièce étaient goûtés de l'auditoire. Sa vigueur intellectuelle, ses yeux bleus pleins de malice, son lorgnon oscillant, sa moustache hérissée étaient légendaires et l'on attendait de lui le trait d'esprit imprévu dont il avait le secret et dont il riait lui-même... n'avait-il pas dit : « Quoi de plus sérieux que le rire ! »

Son apparence rude et quelque peu bougonne cachait une extrême sensibilité et un cœur d'or. Il s'était fait le défenseur passionné des droits de la femme. En 1930, grâce à un subterfuge plein de finesse, emprunté à son inépuisable sac à malices, il arriva à lier la question du vote des femmes à la loi de finances : le devoir fiscal étant, de par la déclaration des droits de l'homme, rattaché au droit de concourir à l'établissement des impôts et d'en surveiller l'emploi, devait impliquer le droit de vote... Mais il ne fut pas suivi.

Sa puissance de travail était étonnante. Il pensait, en ne demandant pas le renouvellement de son mandat en 1936, se libérer quelque peu de la politique pour se pencher davantage sur ses ouvrages d'érudition. Mais la victoire du Front populaire, cette même année, bouleversa ses plans. Léon Blum ayant pris la tête du Gouvernement, Bracke prit la direction du Populaire pour y mener en faveur de la justice sociale un combat parallèle à celui du Président du Conseil. Il mena de front travaux intellectuels et action politique. La littérature grecque ancienne, alexandrine et byzantine, lui avait livré tous ses secrets. Homère, Epicure, Procope lui étaient aussi familiers que nos écrivains modernes. Auteur d'éditions annotées de Lucien, de Babrius, d'Hérodote, de Sophocle, il donna la première traduction française complète des œuvres de Bacchylide de Leos (ve siècle avant-J.C.), retrouvées sur des papyrus égyptiens. Cet ouvrage reçut le prix Jules Janin de l'Académie française. L'Académie des inscriptions et belles lettres lui décerna le prix Alfred Croisset pour l'ensemble de ses œuvres philologiques.

Il traduisit Nietszche, Liebnecht, Kautsky, Bebel, Rosa Luxembourg, Victor Adler, Befort, Bax, Hyndman, Marx et Engels.

Cela ne l'empêchait pas d'aller jusqu'au bout de tous les congrès socialistes où avec son éloquence prenante et imagée, il savait à la fois évoquer le passé (sa mémoire était prodigieuse) et envisager l'avenir.

Profondément humain, il avait en l'individu pris comme entité, une confiance inébranlable quelle que fût par ailleurs la richesse de son essence. On lui doit ce mot « Le parti n'a pas besoin de surhommes, mais d'hommes sûrs ». En dépit de son âge, il participa activement à la résistance pendant l'occupation. Il fut arrêté par les Allemands ainsi que sa femme. Mais une ferme protestation des milieux universitaires lui valut d'être relâché. Toutefois, il ne retrouva Mme Bracke, incarcérée à Fresnes, qu'après la Libération, ayant échappé de justesse à la déportation.

Son étonnante vitalité, sa mémoire et sa vigueur intellectuelle restées intactes, faisaient douter de l'inexorabilité du sort. Le patriarche de la S.F.I.O. s'éteignit cependant à Paris, le 25 décembre 1955, à 94 ans. Pour respecter ses dernières volontés, sa disparition ne fut annoncée que trois jours plus tard. Non seulement le parti socialiste, mais le pays tout entier et spécialement les sphères intellectuelles venaient de subir une perte irréparable.

Mais sa personnalité était de celles qui marquent de façon indélébile leur entourage. Ceux qui l'ont connu n'oublieront pas ce professeur qui ne fut pas pédant, cet universitaire qui ne fut jamais emphatique, cet homme simple, naturel et bon et cet adversaire toujours courtois.




Né le 29 septembre 1861 à Lille (Nord)

Décédé le 25 décembre 1955 à Paris (14e)

Député de la Seine de 1912 à 1924

Député du Nord de 1928 à 1936

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, tome II, p. 746, 747)


Âgé de près de 80 ans en 1940, Alexandre Bracke-Desrousseaux participe néanmoins à la Résistance et est arrêté par les Allemands, ainsi que sa femme. Une ferme protestation des milieux universitaires lui vaut d'être relâché, mais il ne retrouve son épouse, incarcérée à Fresnes, qu'après la Libération, lui-même ayant échappé de peu à la déportation.

Il meurt à Paris le 25 décembre 1955, à l'âge de 94 ans.