Antoine, Louis Albitte l'Aîné

1761 - 1812

Informations générales
  • Né le 30 décembre 1761 à Dieppe ( - Généralité de Rouen France)
  • Décédé le 25 décembre 1812 à Rosenié (Russie)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 7 septembre 1791 au 20 septembre 1792
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Gauche
Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 6 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Seine-Inférieure
Groupe
Montagne

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Antoine Albitte dit Albitte l'aîné, député à l'Assemblée législative et membre de la Convention pour le département de la Seine-Inférieure né à Dieppe (Généralité de Rouen), le 30 décembre 1761, mort à Rosénié (Russie), le 25 décembre 1812, il était avocat à Dieppe en 1789.

Il adopta les principes de la Révolution, fut, le 7 septembre 1791, élu par son département député à l'Assemblée législative. et s'y fit remarquer par son zèle. Membre du comité militaire, il s'occupa de préférence des questions relatives à l'organisation de l'armée : il présenta, le 31 octobre 1791, un décret sur le mode de remplacement militaire ; s'opposa (7 novembre) à ce que les troupes de ligne séjournassent auprès du Corps législatif ; combattit (17 novembre) divers articles d'un projet sur les prêtres perturbateurs, et demanda (27 décembre) que le ministre de la guerre répondît sur sa tête des détails transmis sur la situation des frontières.

En janvier 1792, il combattit comme dangereux un projet tendant à augmenter la gendarmerie, la liberté politique ou civile ne pouvant, à son avis, subsister avec un corps nombreux de gendarmerie, mis à la disposition des ministres.

Il s'éleva avec une grande vivacité contre la conduite des ministres Narbonne et Bertrand de Molleville, les accusa de négligence, d'incapacité et même de trahison, et demanda leur mise en accusation.

Il insista pour faire décréter le séquestre des biens des émigrés, et prit la défense de Roland de la Plâtrière, qui fut plus tard ministre, et qui, alors, était accusé par le côté droit d'avoir favorisé l'évasion des prisonniers détenus à Avignon, comme prévenus des crimes commis dans ce pays quelques mois auparavant.

À la suite du combat et de la déroute de Tournay, il appuya devant l'Assemblée une députation de pétitionnaires demandant qu'on ôtât aux généraux le droit de faire les règlements, et qu'on augmentât l'influence des soldats dans les conseils de guerre. Le 11 juillet, il provoqua la démolition des fortifications des villes de l'intérieur, comme pouvant servir de point d'appui aux contre-révolutionnaires.

Il contribua violemment aux événements du 10 août, et, dès le lendemain, il fit décréter, concurremment avec son collègue Sers, que les statues des rois seraient renversées et remplacées par la statue de la Liberté.

Elu membre de la Convention nationale, le 6 septembre 1792, par la Seine-Inférieure, il siégea à la Montagne, fut envoyé, le même mois, dans son département avec Lecointre-Puyraveaux en qualité de commissaire, chargé d'opérer le désarmement des suspects et la déportation des prêtres insermentés. Il rendit compte de sa mission le 27 septembre et reçut les félicitations de l'Assemblée. Il demanda la vente des biens des émigrés, et fit voter le décret qui punissait de mort ceux d'entre eux qui seraient arrêtés en pays étranger, armés ou non armés.

Dans le procès de Louis XVI, il vota la mort et se déclara contre l'appel au peuple et le sursis. Adversaire irréconciliable des Girondins, il provoqua des mesures de rigueur contre le ministre Roland. Chargé d'un grand nombre de missions, avec Dubois-Crancé, à Lyon auprès du général Cartaux, à l'armée du Midi, en Savoie, à Marseille, à Toulon, dans le comté de Nice, il exerça, avec la dernière rigueur son pouvoir illimité ; il fit décréter l'arrestation des généraux Estournel et Ligneville, et condamner à mort par le tribunal révolutionnaire le général Brunet. Plusieurs dénonciations ayant été envoyées contre lui, il sollicita de la Commune de Paris l'approbation de ses arrêtés. Une longue et curieuse lettre d'Albitte à la Convention, datée de Pont Saint-Esprit (Gard), 17 juillet 1793, rend un compte détaillé des mesures prises par lui contre les rebelles de Lyon, Marseille, Nîmes, etc., et se termine ainsi :

« ... Je vous annonce, citoyens mes collègues, que beaucoup d'émigrés, de prêtres réfractaires sont rentrés dans ce pays; ils sont les principaux moteurs des troubles qui nous agitent... Je ne balance pas à vous déclarer que les décrets importants sont ici méconnus, ou sans exécution, et je blâme hautement la prétendue philanthropie d'un ministre de l'Intérieur (Garat), à qui j'ai le droit de reprocher de n'avoir pas mis la rigueur nécessaire pour rendre ces lois aussi utiles à la République qu'elles devaient l'être, et que ses liaisons avec le président Chassey, un des principaux instigateurs de la contre-révolution de Lyon me rendent suspect. Je me plains amèrement du comité de Salut public, qui n'a point donné connaissance à l'Assemblée des lettres que nous lui avons écrites, et qui paraît nous avoir oubliés; mais rien de perdu : nous les ferons imprimer. Le temps de la faiblesse est passé ; et, s'il se prolongeait, la coalition départementale reprendrait de nouvelles forces,... etc. » (Arch. nat.)

Le 9 Thermidor mit un terme au pouvoir d'Albitte. Jusqu'au 1er prairial, il se tint à l'écart ; on l'accusa d'avoir pris part au mouvement insurrectionnel de cette Journée : d'après le Moniteur il aurait demandé que le bureau, vacant par l'absence des secrétaires, fût occupé « par les représentants qui avaient été aux armées. » Accusé aussitôt par Vernier et Tallien d'être un des auteurs de l'insurrection, il fut, séance tenante, décrété d'accusation avec Bourbotte, Romme, Duroy, Goujon, Duquesnoy et Soubrany. Il parvint à se soustraire, par la fuite, à l'exécution du décret, non sans avoir protesté de la « pureté et de la loyauté de ses intentions » dans un mémoire qu'il publia sous le titre : Albitte l'aîné, représentant du peuple, à qui il appartiendra. (Paris, le 2 prairial, an III de la République). Il déclare qu'il a proposé, dans la séance du 1er prairial, le remplacement des bureaux par les anciens secrétaires, et non par des représentants revenus des armées, comme le Moniteur le lui fait infidèlement dire. « Je le jure, écrit-il, sur tout ce que j'ai de plus sacré, mon but était d'arrêter l'effervescence ; je ne pouvais autrement m'y opposer... etc. »

Compris dans la loi d'amnistie du 14 brumaire an IV, il reparut alors sur la scène politique. Le Directoire le nomma, en 1796, maire de Dieppe.

Son adhésion au 18 Brumaire lui valut les fonctions de sous-inspecteur aux revues. C'est à la suite de nos armées, dans la retraite de Russie, qu'il succomba, non loin de Moscou, après trois jours d'atroces souffrances, à la fatigue, au froid et à la faim.