Pierre Bourbotte

1763 - 1795

Informations générales
  • Né le 5 juin 1763 à Vault-de-lugny ( - Généralité de Bourgogne France)
  • Décédé le 17 juin 1795 à Paris (Département de Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 7 septembre 1792 au 17 juin 1795
Département
Yonne
Groupe
Montagne

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention nationale, né à Vault-de-Lugny (Généralité de Bourgogne), le 5 juin 1763, « de Me André Charles Bourbotte, bourgeois au Vault et de demoiselle Madeleine Claude Alexandre de Saline », mort à Paris, le 17 juin 1795, il était administrateur dans l'Yonne, quand il fut élu par ce département, le 7 décembre 1792, membre de la Convention.


Il siégea à la Montagne, se fit remarquer par son ardeur révolutionnaire, et demanda, dès le 16 octobre 1792, une sentence de mort contre le roi et sa famille. Dans le procès de Louis XVI, au 3e appel nominal, il répondit : « Quand les armées prussiennes étaient aux portes de cette ville, quand le carrousel fumait encore du sang que le tyran des Tuileries venait d'y faire couler ; quand un cri général, sorti de toutes les extrémités de l'empire, appelait la vengeance nationale sur la tête de Louis, fidèle à un serment que je venais de prêter, encore tout plein d'un sentiment d'une juste horreur contre la tyrannie, entouré des mânes plaintifs de toutes les victimes immolées pour la défense de la liberté, le premier j'invoquai révolutionnairement une sentence de mort contre les prisonniers du Temple. Mon opinion n'est susceptible d'aucune versatilité, et je n'aurai jamais l'art de l'exprimer d'une manière évasive.

« Au lieu de nous former en tribunal révolutionnaire comme je le désirais à cette époque, vous crûtes qu'il fallait donner une plus grande solennité à ce procès, et vous l'avez enveloppé des formes judiciaires les plus imposantes. Le résultat de ce procédé vient de vous faire déclarer unanimement Louis convaincu de haute trahison et d'attentat contre la liberté et la sûreté générale de l'Etat. Laisser vivre un tyran quand la loi le condamne et qu'on doit le frapper est un crime aux yeux des peuples libres. Je vote pour la mort. » Il vota de même contre l'appel au peuple et contre le sursis, et réclama la mise en jugement de la reine.

Il se joignit à Albitte et à Chabot qui s'opposèrent à l'exécution du décret rendu contre les auteurs des massacres de septembre. Envoyé par la Convention à Orléans afin d'y examiner la conduite des chefs de la légion germanique, accusés d'incivisme, il passa ensuite dans la Vendée, où il donna des preuves de courage personnel. A la prise de Saumur par les Vendéens, son cheval ayant été tué sous lui, Bourbotte , entouré d'ennemis, se défendit seul, et tua plusieurs hommes; il allait succomber lorsque Moreau, alors simple officier, arriva à temps avec quelques soldats, et parvint à le délivrer. Dans une autre affaire, étourdi par un coup de crosse qu'il venait de recevoir sur la tête, il revient à lui, soulève d'une main le fusil du soldat qui l'ajustait, et de l'autre fend avec son sabre le front de celui qui allait lui donner la mort. « Ce farouche héros des champs de bataille, a écrit l'historien des Derniers Montagnards, M. Jules Claretie, était d'ailleurs le plus gai et le plus confiant des hommes. Il avait recueilli à Savenay, dans cette débâcle terrible des Blancs, à côté d'un tas de morts, un petit Vendéen orphelin, Pierre Jarry. Il l'appelait Savenay et le faisait élever avec son propre fils. »


Rappelé par le comité de salut public et accusé de mesures oppressives, il fut acquitté, puis chargé d'une mission nouvelle à l'armée de Rhin et Moselle, où il montra la même intrépidité. Le 26 août 1794, il annonça à la Convention la prise de Reinsfeld, de Bingen et de Trêves.


Les événements de thermidor rappelèrent Bourbotte à Paris. Fidèle à la Montagne, il combattit la faction dominante, puis il fut au premier rang des insurgés de prairial. Maître pendant quelque temps du pouvoir, il demanda l'arrestation des journalistes réacteurs « qui traînent dans la boue, dit-il, ceux qui ont défendu la liberté. » Puis il réclama l'abolition de la peine de mort; cette abolition fut votée, excepté pour les émigrés et les fabricateurs de faux assignats. A ce moment, Duquesnoy ayant proposé que le comité de sûreté générale fût cassé et renouvelé séance tenante, et que quatre de ses collègues fussent nommés pour s'emparer des papiers des comités et suspendre les membres qui les composaient, Bourbotte fut désigné pour faire partie de cette commission : il jura de remplir sa tâche avec courage.


Mais bientôt l'insurrection fut vaincue; Legendre et Auguis marchaient à la tête des sections sur l'Assemblée; ils la prirent d'assaut. Sur la dénonciation de Delahaye, Bourbotte fut arrêté et décrété d'accusation, en même temps que Goujon, Romme, Duquesnoy, Duroy et Soubrany. Bourbotte alla de lui-même aux gendarmes. Transféré avec ses amis au château du Taureau dans le Finistère, puis ramené à Paris trois jours après, il fut comme eux traduit devant une commission spéciale militaire qui se tint à l'Hôtel de Ville. Bourbotte se défendit avec énergie mais en vain. La commission le déclara coupable d'avoir « applaudi à toutes les propositions de Romme, Goujon, Duroy et autres, tendant au réarmement des terroristes, aux visites domiciliaires, à la permanence des sections, au renouvellement des comités, et d'avoir dit, lorsqu'elles furent adoptées, que la commission venait de prendre d'excellentes mesures » (or, il fut prouvé que Bourbotte était, à ce moment, absent de la Convention); « d'avoir proposé l'arrestation de tous les folliculaires; d'avoir été l'un des quatre membres qui devaient former la commission extraordinaire, remplacer le comité de sûreté générale, s'emparer de ses papiers; d'avoir accepté cette place, promis d'en remplir les fonctions et d'être toujours prêt à exécuter les décrets de la Convention nationale. » Il fut condamné, ainsi que ses collègues, à la peine de mort. A midi, on lut ce jugement aux condamnés. Bourbotte s'écria : « Les ennemis de la liberté ont seuls demandé mon sang. Mon dernier voeu, mon dernier soupir sera pour la patrie! » Il était midi et demi, le tribunal allait suspendre la séance, lorsque l'officier de garde entra précipitamment, tenant à la main un couteau ensanglanté. On venait d'arracher cette arme à Bourbotte qui s'était frappé en entrant dans la salle du rez-de-chaussée, servant de prison aux accusés, et non en descendant l'escalier, comme l'ont raconté plusieurs journaux du temps. Son exemple fut imité par Goujon, puis par Romme et successivement par les trois autres : tous se frappèrent au coeur. Comme Duroy se tordait de douleur : « Mon pauvre Duroy, lui dit Bourbotte, je te vois souffrant beaucoup : mais console-toi; c'est pour la République. » Bourbotte fut porté sur l'échafaud. Dans la charrette, « indifférent, dit M. J. Claretie, presque enjoué, l'oeil paisible, la chemise rabattue sur les épaules, couvert de sang, il regardait la foule. » Il fut exécuté le dernier ; il vivait encore, et avant que le couteau retombât, il eut le temps de crier: Vive la République ! »

Date de mise à jour: septembre 2019