Martial Dussoubs Gaston

1815 - 1856

Informations générales
  • Né le 8 juin 1815 à Saint-léonard-de-noblat (Haute-Vienne - France)
  • Décédé le 27 novembre 1856 à Moissannes (Haute-Vienne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851
Département
Haute-Vienne
Groupe
Montagne

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant du peuple en 1849, né à Saint-Léonard (Haute-Vienne) le 8 juin 1815, mort à Moissannes (Haute-Vienne) le 27 novembre 1856, il était le fils d'un boulanger de Saint-Léonard,

Comme ses frères, Denis et Hippolyte, il porta deux noms de famille, celui de Dussoubs, nom de leur père, et celui de Gaston, qui appartenait à leur oncle et bienfaiteur, lequel, après avoir fait sa fortune à la Nouvelle-Orléans, s'installa, en 1818, au château du Repaire avec la famille Dussoubs.

Il commença, ainsi que son frère Denis, ses études au collège de la Jonchère, en Limousin ; il les termina comme lui à la Faculté de droit de Poitiers. Dans l'intervalle, il avait suivi les cours de la Faculté de Paris ; mais une condamnation à 18 mois de prison encourue par lui comme membre d'une société secrète et subie à Doullens, l'avait obligé de changer d'Ecole. Leur cours de droit fini, les frères Dussoubs revinrent à Limoges, où Martial Dussoubs acheta une étude d'avoué.

Il se lia avec Pierre Leroux, dont il devint le disciple, et prit une part active à la campagne réformiste.

Le socialisme de Dussoubs aîné était essentiellement pacifique, à en juger par ces paroles qu'il prononça au banquet de Limoges, le 2 janvier 1848. Une voix s'étant élevée pour réclamer la Marseillaise :

« Non, non, mes amis, s'écria-t-il, pas de sang, pas de guerre ; nous nous sommes réunis ici au nom de la fraternité, de la solidarité. Laissons à cette manifestation toute sa grandeur. Que la France entière, que tous les partis s'inclinent devant la démocratie religieuse et pacifique qui les appelle tous dans son sein. Oui, la Marseillaise est un hymne sublime, elle appartient à l'histoire ; ne renions pas nos pères ; mais ne réveillons pas des haines réconciliées dans la tombe. Aujourd'hui il n'y a plus de sang impur; que le sang de l'homme soit sacré aux yeux de son semblable, comme il l'est aux yeux de Dieu... »

Dussoubs salua avec joie l'avènement de la république de février. Impliqué peu de temps après dans un procès qui suivit les troubles causés à Limoges par le refus de l'autorité de donner des armes à la population ouvrière, il fut traduit devant la cour de Poitiers, et acquitté, tandis que son frère, Denis, était condamné à six mois de prison.

Très populaire à Limoges, il fut élu, le 13 mai 1849, représentant de la Haute-Vienne à la Législative, le 4e sur 7, par 35 520 voix (57 464 votants, 81 891 inscrits). Dussoubs prit place à la Montagne, « Dans les premiers temps de sa présence à l'Assemblée, raconte Victor Hugo, il portait, comme autrefois Théophile Gautier, un gilet rouge, et le frisson que donnait aux classiques de 1830 le gilet de Gautier, le gilet de Dussoubs le donnait aux royalistes de 1851. »

Adversaire résolu du gouvernement présidentiel, il vota constamment, pendant toute la législature, avec la minorité républicaine :

- contre l'expédition de Rome,
- contre la loi Falloux-Parreu sur l'enseignement,
- contre la loi restrictive du suffrage universel, etc.

« Gaston-Dussoubs habitait le faubourg Saint-Germain, dans le voisinage de l'Assemblée. Le 2 décembre, nous ne le vîmes pas à nos réunions. Il était malade et avait dû rester couché, cloué, comme il me l'écrivit, par un rhumatisme articulaire. Il avait un frère, plus jeune que lui, Denis Dussoubs. Le matin du 4, ce frère vint le voir. Gaston-Dussoubs savait le coup d'Etat et s'indignait d'être forcé de garder le lit. Il s'écriait :

- Je suis déshonoré. Il y aura des barricades, et mon écharpe n'y sera pas !
- Si, dit son frère. Elle y sera !
- Comment cela ?
- Prête-la-moi.
- Prends-la.

Denis prit l'écharpe, et s'en alla. » (Histoire d'un Crime, tome II, chap. 6.)

Après avoir combattu tout le jour, le frère du représentant se rendit vers neuf heures du soir à la barricade de la rue du Petit-Carreau, et se mit en devoir de haranguer les soldats du 51e de ligne qui se disposaient à l'attaquer. Comme il s'avançait vers eux, seul et sans armes, il reçut, presque à bout portant, deux balles dans la tête et tomba mort. Bien qu'il n'eût pu prendre part personnellement à la lutte, Martial Gaston-Dussoubs fut compris sur la liste des représentants « expulsés du territoire français ».

Il revint mourir à Moissannes en 1856.