Louis, Philippe, Joseph d'Orléans

1747 - 1793

Informations générales
  • Né le 13 avril 1747 à Saint-Cloud ( - Généralité de Paris - France)
  • Décédé le 6 novembre 1793 à Paris (Département de Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 3 juillet 1789 au 3 juillet 1789

Mandat(s)

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 23 avril 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Crépy-en-Valois (Type : Sénéchaussée)
Groupe
Noblesse
Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 19 septembre 1792 au 6 novembre 1793
Département
Seine
Groupe
Montagne

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, membre de la Convention, né au château de Saint-Cloud (Généralité de Paris, France) le 13 avril 1747, exécuté à Paris (Département de Paris) le 6 novembre 1793, arrière-petit-fils du régent, et fils du duc Louis-Philippe d'Orléans (1725-1785) et de Louise-Henriette de Bourbon Conti, il reçut d'abord le titre de duc de Montpensier, puis, à la mort de son aïeul (1752), celui de duc de Chartres.

Confié aux soins du comte Pons de Saint-Maurice, il montra de bonne heure du goût pour le plaisir, le mépris de l'étiquette, emprunta ses façons de vivre aux clubmen de Londres, ses façons de penser aux républicains d'Amérique, et entra dans la franc-maçonnerie.

Ayant refusé de siéger dans le parlement Maupeou, en guise de protestation contre les actes de ce ministre, il dut se retirer pendant quelque temps dans ses terres (1771). Comme on l'avait destiné à la marine, il demanda, lors de la guerre entre la France et l'Angleterre, la survivance de la charge de grand amiral de France exercée alors par le duc de Penthièvre, dont il avait épousé la fille le 5 avril 1769. Le roi refusa, mais le nomma lieutenant général des armées navales. A Ouessant, sous le duc d'Orvilliers, dont il commandait l'arrière-garde (27 juillet 1778), le duc de Chartres se conduisit bravement selon les uns, lâchement selon les autres. Quoi qu'il en soit, Paris le reçut avec enthousiasme à son retour (2 août) ; mais la reine obtint qu'il ne serait pas replacé dans la flotte, et on le nomma, en compensation, colonel général des hussards. Le duc ne pardonna jamais à Marie-Antoinette cette disgrâce ; il bouda Versailles, et se fit une cour de tous les mécontents ; pour réparer les brèches faites à sa fortune, il commença à faire construire (1779) les galeries du Palais-Royal, pour les louer au commerce. On prétend que Louis XVI, qui goûtait peu cette spéculation, lui aurait dit un jour : « Maintenant que vous tenez des boutiques, on ne vous verra plus que le dimanche. » En novembre 1787, le roi étant venu au parlement pour faire enregistrer un impôt sur le timbre et un emprunt, le duc demanda si la séance était une délibération libre ou un lit de justice. Louis XVI ayant répondu que c'était une séance royale, le duc protesta, disant que les états généraux seuls pouvaient voter les impôts. Exilé à Villers-Cotterets pour cette incartade, il s'y ennuya vite, fit solliciter le roi et même la reine de le laisser revenir à Paris, et y revint, pardonné, en mars 1789.

L'opposition qu'il avait faite aux projets ministériels, comme président du 3e bureau de l'assemblée des notables en 1788, l'avait mis encore en vue ; le « parti d'Orléans » rallia alors les plus ardents partisans des réformes, et son chef se prépara à siéger aux états généraux. La noblesse du bailliage de Crépy-en-Valois désirait avoir pour député le colonel Le Pelletier de Glatigny, et avait même pris des engagements en ce sens ; au moment du scrutin, le duc d'Orléans réclama pour lui, à titre d'hommage féodal, la nomination, et promit verbalement, mais officiellement, de ne pas accepter, et de laisser siéger le colonel Le Pelletier. Le duc fut nommé, mais il accepta. La majorité de la noblesse signa une énergique protestation qu'elle remit au colonel, mais qui ne fut pas agréée lors de la vérification des pouvoirs : l'Assemblée, jugeant que la forme emportait le fond, valida l'élection.

Le duc d'Orléans maintint, aux états généraux, son attitude opposante. A la procession solennelle qui précéda l'ouverture des états (4 mai), il affecta de se mêler aux députés du tiers. Le 28 mai, il protesta, dans la Chambre de la noblesse, contre le vote par ordre, refusa (2 juillet) la présidence de l'Assemblée, et vota (6 juillet) la suppression des capitaineries royales. Le 12, son buste fut promené par le peuple dans les rues de Paris à côté de celui de Necker.

Lors des événements des 5 et 6 octobre à Versailles, La Fayette obtint du roi l'éloignement du duc, qui reçut une mission pour Londres (14 octobre). Le 18 février 1790, le duc envoya de Londres son serment civique à l'Assemblée. Pendant ce temps, le Châtelet informait, par ordre du roi, sur les événements d'octobre, et l'on sut bientôt qu'il en faisait porter la responsabilité sur le duc d'Orléans et sur Mirabeau. Le 6 juillet, le duc écrivit qu'il comptait reprendre son siège à l'Assemblée : le 11, il était de retour, et venait à la barre, renouveler son serment civique, aux applaudissements de la majorité. Le 7, l'enquête du Châtelet fut rendue publique : elle concluait à la mise en accusation du duc d'Orléans et de Mirabeau ; l'un et l'autre se défendirent, et la majorité trouva la défense suffisante.

Après la fuite de Varennes (juin 1791), on attribua, non sans raison, à l'inspiration du duc d'Orléans, la pétition portée au Champ de Mars, pour demander la déchéance du roi.

Le 24 août, le duc combattit, à l'Assemblée, l'article qui privait des droits politiques les membres de la famille royale, et déclara que, s'il était voté, il renoncerait à ses droits au trône. Peu après, il se rapprocha du roi qui avait signé sa nomination comme vice-amiral. Bertrand de Molleville assure, dans ses Mémoires, qu'il ménagea alors une entrevue secrète entre le roi et le duc, et qu'ils furent réciproquement satisfaits l'un de l'autre. Mais, fort mal reçu à la cour, le dimanche suivant (janvier 1792), par les amis de la reine, il partit fort irrité, et se jeta ouvertement dans le parti révolutionnaire.

N'ayant pu obtenir aucun commandement, il alla retrouver ses deux fils à l'armée du Nord ; mais le parti de la cour, redoutant ses intrigues, le fit rappeler. Ce fut sur sa demande formelle que la commune de Paris prit, le 15 septembre 1792, cet arrêté :
« Le conseil général arrête :
1° Louis-Philippe-Joseph et sa postérité porteront désormais pour nom de famille ÉGALITÉ ;
2° Le jardin, connu jusqu'à présent sous le nom de Palais-Royal, s'appellera désormais Jardin de la Révolution ;
3° Louis-Philippe-Joseph Egalité est autorisé à faire, soit sur les registres publics, soit sur les actes notariés, mention du présent arrêté ;
4° Le présent arrêté sera imprimé et affiché. »

Quatre jours après, Égalité était élu membre de la Convention par le département de Paris, le 24e et dernier, par 297 voix sur 592 votants. Il prit place à la Montagne, protesta, en ce qui le concernait, contre la motion de Lanjuinais qui réclamait l'exil de tous les Bourbons, et réussit à obtenir l'ajournement.

Dans le procès du roi, n'écoutant que la vengeance ou la peur, il répondit au 2e appel nominal :
« Je ne m'occupe que de mon devoir, je dis non. »
et au 3e appel :
« Uniquement occupé de mon devoir, convaincu que tous ceux qui ont attenté ou attenteront par la suite à la souveraineté du peuple méritent la mort, je vote pour la mort. »
Le Moniteur, ajoute : quelques rumeurs s'élèvent dans une partie de la salle.

« Egalité était peut-être, a dit Robespierre, le seul membre qui pût se récuser. »

Le 6 avril, la Convention ordonna l'arrestation de tous les membres de la famille des Bourbons comme otages. Arrêté, le lendemain, Egalité écrivit, du poste, à la Convention :
« Citoyens mes collègues, il est venu chez moi deux particuliers, l'un se disant officier de paix, l'autre inspecteur de police; ils m'ont présenté un réquisitoire signé Pache, pour me rendre à la mairie ; je les ai suivis : on m'a exhibé un décret de la Convention qui ordonne l'arrestation de la famille des Bourbons. Je les ai requis d'en suspendre l'effet à mon égard. Invinciblement attaché à la République, sûr de mon innocence, et désirant voir approcher le moment où ma conduite sera examinée et scrutée, je n'aurais pas retardé l'exécution de ce décret si je n'eusse cru qu'il compromettait le caractère dont j'étais revêtu.
PHILIPPE-ÉGALITÉ. »

Pour toute réponse, la Convention le fit transporter à Marseille où il fut enfermé au fort de Notre-Dame de la Garde. « Il n'a pas dû, lit-on dans un journal du temps, se louer beaucoup des témoignages d'estime que le peuple lui a donnés pendant son trajet. Il a été placé dans une chambre sans aucune décoration ; il a pu remarquer que, sur les murs de sa prison, étaient des emblèmes sinistres, ouvrages des prisonniers qui l'ont précédé dans cet asile. Il paraît affecté de sa nouvelle situation, mais personne ne le plaint. »

Décrété d'accusation le 3 octobre, il fut ramené à Paris, enfermé à la Conciergerie, et traduit devant le tribunal révolutionnaire, comme coupable d'avoir aspiré à la royauté (6 novembre 1793).

Condamné à mort, il fut exécuté dans la soirée.

S'il faut en croire l'abbé Lothringer, Fouquier-Tinville lui écrivit pour porter à Égalité les derniers secours de la religion. Le prêtre se rendit à cette prière, et reçut la confession générale du prisonnier, qui témoigna du plus profond repentir.