Louis, Jean, Pierre Fontanes

1757 - 1821

Informations générales
  • Né le 6 mars 1757 à Niort ( - Généralité de Poitiers France)
  • Décédé le 17 mars 1821 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Présidence(s)

Présidence de l'Assemblée nationale
du 10 janvier 1804 au 24 janvier 1810

Mandat(s)

Régime politique
Consulat et Premier Empire
Législature
Corps législatif
Mandat
Du 3 février 1802 au 4 février 1810
Département
Deux-Sèvres
Groupe
Bonapartiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député au Corps législatif de l'an X à 1810, membre du Sénat conservateur et pair de France, né à Niort (Deux-Sèvres) le 6 mars 1757, mort à Paris le 17 mars 1821, était issu d'une famille de protestants originaire des environs d'Alais (Gard), mais son père était catholique, et, après avoir été inspecteur des manufactures de l'Etat en Languedoc, avait été obligé, à la suite d'une affaire d'honneur, de changer de résidence ; nommé inspecteur des manufactures de draps de Poitou et d'Aunis, il se fixa à Niort. Le fils fit ses études chez un curé de campagne des environs, les termina chez les Oratoriens, puis exerça à Saint-Gaudens, à Niort et aux Andelys, les fonctions d'inspecteur des manufactures. Quelques essais poétiques, dont la valeur a été fort exagérée, et qui parurent, pour la plupart, dans l'Almanach des Muses, attirèrent sur lui l'attention. A la mort de son père (1774), le jeune Fontanes avait obtenu de Turgot une pension de 800 francs ; mais cette pension ayant été supprimée par Necker en 1777, il se vit réduit, pendant quelques années, à une situation voisine de l'indigence. Sa traduction en vers de l'Essai sur l'homme, de Pope (1783), un poème intitulé le Verger (1788), l'Essai sur l'astronomie (1789) et l'Epître sur l'édit en faveur des non-catholiques, couronnée la même année par l'Académie française, lui valurent le patronage de La Harpe et de Marmontel.

Dans les premiers temps de la Révolution, il écrivit un Poème sur la Fédération de 89, puis il collabora à la rédaction d'un journal intitulé le Modérateur, exposa des opinions contre-révolutionnaires, et se retira à Lyon, où il se maria. Poursuivi en raison des sentiments qu'il avait manifestés à l'égard de la Convention, il resta caché, jusqu'au neuf thermidor, à Servan, près de Lyon, chez Mme Dufrénoy, connue pour ses vers érotiques, et dont il avait gagné les bonnes grâces. En 1796, il obtint la chaire de professeur de littérature à l'Ecole centrale établie à l'ancien collège des Quatre-Nations, et, lors de la formation de l'Institut, il en fit partie comme membre de la classe de littérature et beaux-arts. Mais il dut se dérober de nouveau, le 18 fructidor, à la déportation qui le menaçait, à cause de sa collaboration au Mémorial, feuille royaliste. Il passa alors en Angleterre, fut bien accueilli par les émigrés français et se lia d'amitié avec Chateaubriand. A leur retour en France, après le 18 brumaire, tous deux entreprirent la rédaction du Mercure, pour laquelle ils s'adjoignirent La Harpe, Esménard et de Bonald.

Le 4 pluviôse an VIII le premier consul ayant fait célébrer une fête funèbre en l'honneur de Washington, mort à la fin de l'année précédente, Fontanes fut désigné pour prononcer dans l'église des Invalides, alors le Temple de Mars, l'éloge du libérateur de l'Amérique. Le succès de ce discours, l'intimité de son auteur avec Mme Bacciochi (Elisa Bonaparte, l'aînée des sœurs du premier consul), et les manifestations de dévouement qu'il multiplia alors, assurèrent sa fortune politique.

Le 4 nivôse an IX, il demanda une place à Lucien Bonaparte, ajoutant : « Il n'y a de places convenables pour moi que celles qui m'attachent à votre famille ; c'est mon dernier mot. » Il renouvela sa requête le 28 germinal suivant : « En dépit de quelques alarmes, écrit-il, je me confie entièrement à la fortune du premier consul, » et, plus loin, il conseille le rétablissement du culte, pensant, comme Platon : « Point de culte, point de gouvernement. On peut rire des augures, ajoute-t-il, mais il est bon de manger avec eux les poulets sacrés. »

Lucien l'attacha, à l'administration du ministère de l'Intérieur, et, le 14 pluviôse an X, le Sénat conservateur l'élut député au Corps législatif. Son admiration pour le premier consul ne fit que s'accroître, et, le 4 octobre 1803, il écrivait à son ami Chateaubriand, alors secrétaire de légation à Rome : « Je crois fermement, depuis le 18 brumaire, que le premier consul changera et réformera le monde ; il sera une grande époque historique. Attachons-nous fortement à la destinée de celui qui mènera tous les autres. »

Membre de la Légion d'honneur (4 frimaire an XII), membre de l'Institut. réorganisé (1803) et de la commission qui prépara le Concordat avec le pape, constamment investi des fonctions de président du Corps législatif, de 1804 à la fin de 1808, il n'avait guère, en vertu des constitutions impériales, d'autres occasions, à ce dernier titre, de prendre la parole, que les circonstances officielles où il était admis à haranguer l'empereur, au nom de tous ses collègues, par exemple à l'ouverture et à la clôture des courtes sessions de l'Assemblée.

Il apporta dans cette tâche un tel esprit d'adulation que l'empereur lui-même en fut excédé, et que la publication du recueil des discours de Fontanes ne fut jamais autorisée. En 1806, comme le président du Corps législatif avait fait insérer dans le Mercure l'apologie d'un livre qui faisait un éloge sans réserve du pouvoir absolu, on prétend que Napoléon lui dit à ce sujet: « Pour Dieu ! monsieur de Fontanes, laissez-nous au moins la république des lettres. » Fontanes n'en fut pas moins réélu le 18 février 1807, par le Sénat, député au Corps législatif, et placé, le 17 mars 1808, avec le titre de grand-maître, à la tête de l'Université reconstituée. A ces honneurs il joignit bientôt le titre de comte de l'Empire (3 juin 1808); puis il fut nommé, le 5 février 1810, membre du Sénat conservateur.

Comme chef de l'Université, le rôle de Fontanes se réduisit à peu de chose ; il se borna à seconder les efforts de l'empereur pour rendre avant tout militaire le système général de l'éducation. Fontanes ne fut pas des derniers à voter, le 1er avril 1814, la déchéance de Napoléon, et, le 6 du même mois, il fit parvenir au gouvernement provisoire l'adhésion de l'Université aux actes du Sénat. Il fut, le 9 avril, confirmé dans l'exercice de ses fonctions de grand-maître, et le 3 mai, jour de l'entrée de Louis XVIII à Paris, il adressa au roi un discours enthousiaste. Le 18 mai, il fit partie du comité de Constitution, y vanta le système électoral de L'empire et soutint qu'il n'y avait pas de gouvernement. possible avec la liberté de la presse.

Lorsque le Sénat conservateur fit place (juin 1814) à la Chambre des pairs, Fontanes fut appelé par le roi à y siéger. Mais il se vit alors 1'objet d'attaques réitérées : un pamphlet, intitulé l'Université et son grand-maître, donna le signal d'une guerre des plus vives contre lui : l'organisation de l'Université fut modifiée au mois de février 1815, et la dignité de grand-maître se trouva supprimée. Fontanes reçut en compensation le grand cordon de la Légion d'honneur.

Absent de Paris pendant les Cent-Jours, il présida, après le second retour des Bourbons, le collège électoral du département des Deux-Sèvres, et, le 19 septembre 1815, fut nommé membre du conseil privé. Rentré à la Chambre des pairs, il y vota contre la mort du maréchal Ney, et ne se fit point remarquer à la tribune. Jusqu'en 1819, il soutint le système ministériel du duc Decazes, puis il se l'approcha du parti des ultras.

Par lettres patentes du 31 août 1817, Louis XVIII conféra à Fontanes le titre de marquis. Membre de l'Académie française et président (1821) de la « Société des bonnes lettres », dont le but était de combattre l'envahissement des idées libérales, Fontanes mourut la même année, à Paris.

Il laissait plusieurs ouvrages manuscrits, parmi lesquels un poème sur la Grèce délivrée, des odes médites, etc. Il eut pour successeur à l'Académie M. Villemain, qu'il avait en quelque sorte désigné lui-même, avant de mourir, aux suffrages de ses collègues. Ses œuvres complètes ont été publiées en 1839, par les soins de Sainte-Beuve. Napoléon Ier, qui avait assez peu d'estime pour le caractère de Fontanes, appréciait davantage la distinction de son talent d'écrivain, mais il ajoutait, en se frappant la poitrine : « Tout cela est bien, seulement il n'y a pas de ça ! »

En 1874, le nom de Fontanes fut donné par M. de Fourtou, alors ministre de l'Instruction publique, au lycée Condorcet, qui depuis, a repris son ancien titre. Le nom de Fontanes a été donné du moins au lycée de Niort.