Emmanuel, Henry, Louis, Alexandre de Launay d'Antraigues

1753 - 1812

Informations générales
  • Né le 26 décembre 1753 à Montpellier ( - Généralité de Montpellier France)
  • Décédé le 22 juillet 1812 à Barnes terrace (Royaume-uni)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 6 avril 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Villeneuve-de-Berg (Type : Sénéchaussée)
Groupe
Noblesse

Fonds d'archives

Le fonds d’Antraigues, conservé aux Archives nationales, couvre la période 1792-1810. Les documents sont cotés en 419 AP. Ils représentent 10 centimètres linéaires et sont décrits par un répertoire numérique détaillé. Les documents ont fait l’objet d’un achat entre 1955-1959. Le fonds est en libre accès.
Le fonds se compose de mémoires, de rapports, de notes et de correspondance.
De plus amples renseignements sur ce fonds sont disponibles sur le site Internet des Archives nationales.

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député à la Constituante de 1789, né à Montpellier (Généralité de Montpellier ), le 26 décembre 1753, mort à Barnes-Terrace (Angleterre), le 22 juillet 1812. Le comte d'Antraigues était le neveu du comte de Saint Priest, un des derniers ministres de Louis XVI.

En 1788, il publia un Mémoire sur les Etats généraux, dans lequel il signalait avec force, « le danger qui menace la liberté publique quand les provinces sont régies par des états inconstitutionnels ». Ce mémoire favorable aux idées nouvelles, et écrit dans un style vif et coloré, produisit une grande impression sur les esprits. L'auteur avait pris pour épigraphe la formule du serment du justicier d'Aragon : « Nous qui valons chacun autant que vous, et qui tous ensemble, sommes plus puissants que vous, nous promettons d'obéir à votre gouvernement, si vous maintenez nos droits et nos privilèges; sinon, non. » Le comte d'Antraigues n'hésitait pas à se prononcer non seulement contre le pouvoir absolu, mais contre la noblesse héréditaire ; il accusait la royauté d'avoir de plus en plus dégénéré depuis Charlemagne, et ne dissimulait pas ses préférences pour un gouvernement républicain : « Ce fut sans doute, écrivait-il, pour donner aux plus héroïques vertus une patrie digne d'elles, que le ciel voulut qu'il existât des républiques ; et peut-être, pour punir l'ambition des hommes, il permit qu'il s'élevât de grands empires, des rois et des maîtres; mais toujours juste, même dans ses châtiments, Dieu permit qu'au fort de leur oppression il existât pour les peuples asservis des moyens de se régénérer et de reprendre l'éclat de la jeunesse en sortant des bras de la mort. » Dès que le comte de Saint Priest eut été appelé au ministère, son neveu s'empressa de lui adresser une lettre où il lui recommandait d'employer tous ses moyens auprès du prince pour faire rendre au peuple son indépendance et ses droits ; de Saint Priest répondit évasivement. Mais l'année d'après (6 avril 1789), ayant été élu député de la noblesse aux Etats généraux par la sénéchaussée de Villeneuve-de-Berg, le comte d'Antraigues défendit, au sein de son ordre, des opinions sensiblement différentes des théories exprimées dans ses précédents écrits. Lorsque fut discutée la question de savoir si les pouvoirs des députés seraient vérifiés en commun ou dans les salles de chaque ordre, il fut précisément choisi par la noblesse pour défendre les anciens usages, et on le vit revendiquer les prérogatives de la noblesse, de concert avec le marquis de Bouthillier et Cazalès. Il insista pour la séparation des ordres, protesta contre leur réunion, et, dans l'Assemblée constituante, continua jusqu'à la fin de 1789, de se montrer le partisan de l'ancien ordre de choses.

Il s'opposa aux systèmes d'emprunts du ministre Necker, puis, désapprouvant complètement la tournure prise par les événements, il quitta l'Assemblée, sortit de France, et se retira d'abord en Suisse. Dénoncé, pour avoir tenu le 5 mars 1790 des propos antipatriotiques à Bourg (Ain), il écrivit de Lausanne, au président de l'Assemblée, une lettre de justification, puis passa à la cour de Russie, et à la cour de Vienne où on lui confia un certain nombre de missions secrètes, bien rétribuées. Mêlé aux émigrants, il publia à l'étranger de nouveaux mémoires où il réfutait ses propres opinions d'autrefois :

- Exposé de notre antique et seule règle de la Constitution française, 1792
- Lettre sur l'état de la France, 1793.

Il s'offrit comme agent aux princes de la maison de Bourbon, et s'efforça de gagner à la cause royaliste plusieurs personnages importants de la Révolution ; il échoua auprès de Cambacérès, mais réussit avec Pichegru.

Les menées du comte d'Antraigues ayant porté ombrage à Bonaparte, celui-ci le fit arrêter en 1797 à Milan; mais le prisonnier, qui s'était fait naturaliser sujet de l'empereur de Russie, protesta au nom du droit des gens, et fit tant, qu'il réussit à s'échapper avec le concours de la célèbre chanteuse, la Saint-Huberty, qu'il avait épousée secrètement. Il résida encore quelque temps à Vienne, à Dresde, en Russie, où il embrassa la religion grecque et où il eut, a-t-on dit, communication des articles secrets du traité de Tilsitt ; il passa alors en Angleterre et songea à tirer parti auprès du ministère anglais de la précieuse confidence qu'il avait surprise. Canning l'accueillit avec empressement et le gratifia, en échange, d'une pension considérable.

Le comte d'Antraigues ne devait pas assister à la Restauration des Bourbons, qu'il avait contribué à préparer ; il fut assassiné par un Italien à son service, au village de Barnes, près de Londres, le 22 juillet 1812, au moment où il montait en voiture pour aller voir lord Canning ; la comtesse d'Antraigues fut mortellement frappée par le même individu ; l'assassin lui-même fut trouvé mort, et l'on prétendit qu'il s'était suicidé. Au fond, l'événement resta des plus mystérieux, et l'opinion publique supposa que cet obscur meurtrier avait dû recevoir la mort par l'ordre ou de la main de ceux qui l'avaient fait agir. L'importance des secrets politiques dont pouvait être dépositaire le comte d'Antraigues donna une certaine vraisemblance à cette dernière version.