Ernest, Chrysostome Maignet

1758 - 1834

Informations générales
  • Né le 9 juillet 1758 à Ambert ( - Généralité de Riom France)
  • Décédé le 28 octobre 1834 à Ambert (Puy-de-Dôme - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 6 septembre 1791 au 20 septembre 1792
Département
Puy-de-Dôme
Groupe
Gauche
Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 6 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Puy-de-Dôme
Groupe
Montagne
Régime politique
Cent-Jours
Législature
Chambre des représentants
Mandat
Du 15 mai 1815 au 13 juillet 1815
Département
Puy-de-Dôme

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1791, membre de la Convention, représentant à la Chambre de Cent-jours, né à Ambert (Généralité de Riom) le 9 juillet 1758, mort à Ambert (Puy-de-Dôme) le 28 octobre 1834, « fils d'Etienne Maignet, notaire royal de cette ville, et de demoiselle Anne Serindat, » il étudia la jurisprudence et fut reçu avocat au parlement de Paris en 1782.

La Révolution, dont il adopta avec ardeur les principes, le jeta dans la politique. Membre de l'administration centrale du Puy-de-Dôme (1790), il fut, le 6 septembre 1791, élu par ce département, député à l'Assemblée législative, le 1er sur 12, avec 519 voix (617 votants). Maignet siégea à gauche et ne prit la parole qu'en qualité de rapporteur du comité des secours, dont il était un des membres les plus actifs.

Réélu député du Puy-de-Dôme à la Convention, le 6 septembre 1792, le 3e sur 12, « à la pluralité des voix sur 692 votants », il y vota « la mort » dans le procès du roi, en rejetant l'appel au peuple et le sursis.

Envoyé, en avril 1793, près de l'armée de la Moselle, il en surveilla les approvisionnements. Puis, de retour à Paris, il reçut une nouvelle mission, celle de réchauffer le zèle révolutionnaire de ses compatriotes, et de faire mettre à exécution une levée extraordinaire, destinée au siège de Lyon. Dans le Puy-de-Dôme, il prit un arrêté ordonnant aux « ci-devant prêtres qui ont été appelés dans ce département pour y remplir les fonctions du ci-devant culte catholique, de se retirer dans leurs départements respectifs » (26 novembre 1793). Il se rendit ensuite à Lyon, y tint une conduite mesurée qui lui valut, ainsi qu'à Couthon, les dénonciations de Javogues, dénonciations rétractées d'ailleurs peu après par ce représentant.

Maignet conserva la confiance du gouvernement révolutionnaire, et fut envoyé encore dans les départements des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse, en proie à la guerre civile. Ses actes en Provence soulevèrent plus tard contre lui de graves accusations, bien qu'à son arrivée à Marseille, et sans attendre les ordres du comité de sûreté générale, il eût rendu à la liberté un grand nombre de suspects. Un de ses arrêtés (9 germinal an II) portait: « Considérant que l'homme en paraissant sur la terre y vient sans préjugés, et, qu'en la quittant il ne doit laisser aucune trace de ceux qui ont pu l'assiéger pendant sa vie, ordonne d'enlever des cimetières tous tableaux, peintures ou inscriptions capables d'alimenter le fanatisme, et d'inscrire ces seuls mots sur la porte d'entrée : Silence, ils reposent! »

A Avignon, il changea les administrateurs, et les remplaça lui-même, sous prétexte qu'un « affreux modérantisme paralysait les mesures les plus révolutionnaires » (4 floréal an II). Mais, il eut à lutter contre le fameux Jourdan Coupe-tête et Rovère, protecteurs ou membres d'une association composée de plus de 500 personnes et dont le but était de se faire adjuger les propriétés nationales à vil prix, au moyen d'une coalition des influences locales et de certaines notabilités. Maignet dénonça ce honteux trafic, dans un mémoire qu'il adressa au comité de salut public, ce qui lui valut, après le 9 thermidor, d'être persécuté par Rovère, devenu un des plus violents soutiens de la réaction.

Le bourg de Bédouin ayant été signalé à Maignet comme le foyer de l'agitation des insurrections antirépublicaines, Maignet, sollicité de recourir à des moyens extrêmes, ne voulut rien prendre sur lui, bien que ses pouvoirs fussent illimités ; il soumit l'état des choses au comité de salut public qui répondit par un ordre d'extermination. Maignet, dépositaire des instructions du comité, voulut encore, écrit un biographe, essayer d'en éviter l'effroyable exécution. Il fit faire des sommations aux habitants de Bédouin, les invita à la soumission et à la paix, au nom de leur propre intérêt, et leur déclara que s'ils continuaient de se montrer hostiles à la République, leur village aurait cessé d'exister. Ces exhortations ayant été inutiles, il leur annonça que les vengeances de la République allaient éclater sur l'asile de ses irréconciliables ennemis, et il leur donna néanmoins le temps de se dérober eux-mêmes, avec leur mobilier, aux coups de la foudre révolutionnaire. Six ou sept maisons devinrent la proie des flammes: le reste du village fut préservé par les soins même du chef militaire chargé de cette affreuse expédition.

Après la chute de Robespierre, Rovère dirigea contre Maignet des attaques incessantes et parvint à le faire décréter d'accusation, le 15 germinal an III. L'amnistie de brumaire an IV rendit Maignet à la liberté; il retourna dans son pays natal et y exerça la profession d'avocat.

Estimé de ses concitoyens, il reçut d'eux, en l'an VI, une offre de candidature, qu'il crut devoir décliner. Il fut alors nommé haut juré, puis maire de la ville d'Ambert. Le 15 mai 1815, cet arrondissement, par 66 voix sur 87 votants, 131 inscrits, l'envoya siéger à la Chambre des représentants.

Mais bientôt la loi de 1816 l'obligea à quitter la France. Perclus d'un bras, rongé par la goutte, presque aveugle, il se réfugia en Belgique. En 1818, sa fille aînée, Julie, adressa au roi un recours en grâce, qui fut apostillé par tous les ecclésiastiques de la ville et du canton d'Ambert, ce dont le ministre de la police exprima son grand étonnement à l'évêque de Clermont. Maignet ne revint à Ambert qu'après la révolution de 1830, et y mourut accablé d'infirmités et dans un état voisin de la misère.