Jean-Baptiste Brunet

1814 - 1893

Informations générales
  • Né le 3 novembre 1814 à Limoges (Haute-Vienne - France)
  • Décédé le 19 août 1893 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Deuxième République
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 23 avril 1848 au 26 mai 1849
Département
Haute-Vienne
Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 8 février 1871 au 7 mars 1876
Département
Seine
Groupe
Union des Droites

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Représentant du peuple à l’Assemblée constituante de 1848, et représentant à l'Assemblée nationale de 1871, né à Limoges (Haute-Vienne), le 3 novembre 1814, il était fils d'un ancien officier.

Destiné à la carrière militaire, il passa par l'Ecole polytechnique (1833), devint officier d'artillerie, et fut promu capitaine en 1840. Auteur d'un important ouvrage qui attira sur lui l'attention des spécialistes, l'Histoire générale de l'artillerie (1842, 2 vol.), il fut attaché à la poudrerie de Vonges et au comité d'artillerie, fit campagne en Afrique comme aide de camp du maréchal Bugeaud, et acquit la réputation d'un officier de mérite.

Ses compatriotes de la Haute-Vienne l'envoyèrent, le 23 avril 1848, siéger à l'Assemblée constituante, le 7e sur 8, par 27 175 voix (61 130 votants, 82 272 inscrits). Il fit partie du groupe des républicains modérés de la nuance du National, et vota :

- 9 août 1848, contre le rétablissement du cautionnement ;
- 26 août, pour les poursuites contre Louis Blanc et Caussidière ;
- 1er septembre, contre le rétablissement de la contrainte par corps ;
- 18 septembre, contre l'abolition de la peine de mort ;
- 7 octobre, contre l'amendement Grévy ;
- 2 novembre, contre le droit au travail ;
- 25 novembre, pour l'ordre du jour en l'honneur de Cavaignac ;
- 12 janvier 1849, pour la proposition Rateau ;
- 16 avril, pour l'expédition de Rome ;
- 2 mai, contre l'amnistie des transportés.

M. Brunet s'était rendu célèbre à l'Assemblée constituante par la longueur et la monotonie de ses discours, sans que rien pût encore faire prévoir quel rôle excentrique il lui serait donné de jouer plus tard dans une autre assemblée.

Non réélu à la Législative, il rentra dans le service militaire actif ; mais après le coup d'Etat de décembre 1851, il refusa le serment à Louis-Napoléon Bonaparte, qui le raya des cadres de l'armée. M. J. Brunet a raconté lui-même à la tribune de l'Assemblée nationale que le président de la République, lui ayant alors vainement offert les positions les plus élevées « avait, de dépit, brisé la plus belle carrière de l'armée française. »

Rendu à la vie privée, M. Brunet composa et publia divers ouvrages (Nouvel Armement général des Etats (1857), Organisation vitale de la terre (1858), le Messianisme (1858), etc., où apparaît pleinement l'exaltation de son esprit.

Après s'être fait éconduire, au début de la guerre franco-allemande, par le maréchal Canrobert, à qui il offrait de lui indiquer « les moyens de rendre la guerre fructueuse pour notre pays, » M. Brunet se mit à publier dans le Siècle, pendant le siège, des articles de critique militaire qui lui valurent à Paris une certaine notoriété.

Aussi fut-il élu, par une sorte de protestation contre les plans militaires du gouvernement de la Défense nationale, représentant de la Seine, le 8 février 1871, le 30e sur 43, par 91 914 voix (328 970 votants, 547 858 inscrits). Il s'était déclaré républicain, et il siégea d'abord à gauche. Il parla et vota contre les préliminaires de paix.

Au cours du débat dans lequel le général Trochu rendit compte de la manière dont il avait exercé le pouvoir, M. Jean Brunet prononça une véritable autobiographie dont le président eut grande peine à arrêter les digressions : « Au milieu des événements les plus terribles et les plus dangereux de la défense de Paris, disait-il, une grande partie de la population demanda que je fusse mis non seulement à la tête de la défense, mais placé avec le titre de major général à la direction supérieure des armées de toute la France pour lutter contre le génie stratégique du général de Moltke. » Dès ce jour, on dut s'attendre de la part de M. Brunet à toutes les fantaisies d'une imagination peu réglée.

C'est vers cette époque qu'il rompit avec la gauche « qui en éprouva peu de regrets, dit une biographie, pour passer avec armes et bagages dans les rangs des conservateurs, qui n'en ressentirent qu'une joie des plus modérées. » Il agit d'ailleurs en irrégulier de la politique, et, illuminé inconscient, il déposa, le 11 janvier 1872, une proposition dans laquelle il demandait que « la France se vouât complètement à Dieu tout-puissant et à son Christ, et qu'en témoignage de ses nouveaux sentiments, elle élevât un temple au Christ sur la hauteur de Paris qui avait été consacrée au roi de Rome. » Cette proposition ne fut pas adoptée, mais l'initiative de M. Brunet ne fut probablement pas perdue, et c'est peut-être son projet qui, plus tard, donna l'idée de la construction, sur les hauteurs de Montmartre, de l'église du Sacré-Cœur. M. Jean Brunet avait voté pour les prières publiques, pour la pétition des évêques, pour l'abrogation des lois d'exil, qu'il avait demandée à la tribune, etc. Il n'eut plus désormais qu'une préoccupation, celle d'introduire dans toutes les lois, quel qu'en fût l'objet, un amendement religieux. C'est ainsi qu'il réclama l'exclusion de la liste du jury de tout électeur qui, par profession ou déclaration, refuserait de croire en Dieu ; qu'il demanda que tout membre du conseil supérieur de l'instruction publique signât par écrit, avant de siéger, la déclaration suivante : « Je crois en Dieu l'éternel, le tout-puissant et souverainement juste, » etc.

Il faut ajouter que M. Jean Brunet prononça, en 1872, au sujet de la réorganisation de l'armée, plusieurs discours ou il faisait preuve d'une compétence réelle. Il vota, le 24 mai 1873, pour l'acceptation de la démission de Thiers, et soutint le gouvernement du 24 mai. Il adopta le septennat, proposa la réorganisation territoriale de la France, l'inscription sur tous les établissements d'instruction supérieure d'une formule glorifiant Dieu, « le créateur et le maître de l'intelligence universelle, etc. »
M. Jean Brunet se prononça contre l'ensemble des lois constitutionnelles. Après la session, il ne se représenta pas aux suffrages des électeurs, et rentra dans la vie privée et dans l'oubli.