Jacques Boilleau d'Ausson

1751 - 1793

Informations générales
  • Né le 25 mai 1751 à Avallon ( - Généralité de Bourgogne France)
  • Décédé le 31 octobre 1793 à Paris (Département de Paris - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 6 septembre 1792 au 31 octobre 1793
Département
Yonne
Groupe
Girondins

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Frère de Jean Edme qui siégea au Conseil des Cinq-Cents et au Corps législatif, membre de la Convention, né à Avallon (Généralité de Bourgogne ), le 25 mai 1751, d'Antoine Boileau, marchand de bois, et de Marie Jeanne Sergent, exécuté à Paris (Département de Paris), le 31 octobre 1793, il était, avant la Révolution, avocat à Avallon, où il fut nommé juge de paix en 1791.

Le 5 août de cette année, il fit hommage à l'Assemblée constituante des appointements de sa place, « voulant surtout, dit-il, qu'il soit prélevé annuellement sur cette somme, celle de 300 livres, pour payer l'abonnement des Journaux patriotiques, propres à éclairer le peuple des campagnes voisines d'Avallon. »

Le 6 septembre 1792, le département de l'Yonne l'élut député à la Convention par 296 voix sur 539 votants. Dans le procès de Louis XVI, il répondit au 2e appel nominal :


« C'est une erreur, selon moi, de croire que nous ne sommes pas revêtus de pouvoirs suffisants pour prononcer sur le sort de Louis!

Le peuple nous a dit : Allez, sauvez-nous, notre sort est entre vos mains ; cela, je crois, veut tout dire Enfin, nous avons été envoyés pour prendre toutes les mesures nécessaires au salut public. Selon moi, la mort de Louis est nécessaire à la tranquillité de l'Etat; et, si on en appelait au peuple, son voeu aurait-il un cours libre et naturel? les prêtres ne diraient-ils pas aux bons habitants des campagnes : qu'il ne faut pas la mort du pécheur, que l'évangile recommande le pardon des injures ; et avec ces doléances, Louis échapperait à la peine qui lui est due : alors, je ne vois que des malheurs dans la République.

Tous ceux qui se sont occupés du droit politique ont reconnu que le peuple ne devait jamais rien prononcer ni sur un fait, ni sur un homme. C'est l'opinion de Rousseau; Montesquieu dit : C'est toujours un inconvénient que le peuple juge lui-même ses offenses.

Solon, pour éviter l'abus des jugements du peuple sur des faits ou des hommes en particulier, avait fait une loi par laquelle l'Aréopage revoyait encore l'affaire jugée par le peuple, pour la lui renvoyer de nouveau à juger, si l'Aréopage avait trouvé coupable l'homme absous par le peuple. De telles précautions annoncent combien les législateurs trouvaient d'inconvénients à rendre le peuple juge sur un fait ou sur un homme.

Je finis par vous prophétiser que, si l'appel au peuple a lieu, le peuple, travaillé et séduit, exercera une indulgence qui le perdra; que ce sera prolonger l'anarchie pendant vingt à trente ans de plus. La tour du Temple sera le jardin des Hespérides. Louis sera la toison d'or ; et tous les aristocrates intérieurs et extérieurs seront autant d'Argonautes, qui entreprendront sans cesse d'en faire la conquête et inquiéteront toujours les citoyens; je ne suis pas pour l'appel, et je dis non. »

Au 3e appel nominal il dit :


« J'ai été envoyé ici pour concourir avec vous au salut de la patrie, pour faire usage de toutes les mesures que je croirais propres à sauver le peuple.

Si donc les lumières de ma raison et de ma conscience me disent que la mort de Louis est, de ces mesures, l'une des plus importantes, en prononçant sa condamnation, je ne fais que mon devoir, et je ne vais pas au delà de mes pouvoirs.

Ce n'est pas moi qui me suis constitué juge ; c'est la souveraineté du peuple, ce sont les circonstances, ce sont les principes qui m'ont créé tel.

Où il existe un crime, je veux une punition, non par vengeance, car la vengeance ne fut jamais une vertu, et par cela seul elle doit être étrangère à des républicains, qui ne doivent être que généreux; mais je la veux, cette punition, par respect pour la justice, et aussi pour l'utilité de la morale.

Un roi détrôné intéresse l'espèce d'honneur des autres rois; il peut même intéresser les peuples à sa cause par une conduite adroite dans son exil.

Mais s'il expie ses crimes sous le glaive des lois d'un peuple libre, cet acte de vigueur étonne tous les potentats; ils restent effrayés, consternés, ils tremblent d'éprouver son sort; ils sont moins entreprenants, surtout lorsque tous les peuples sont prêts à sonner contre eux le tocsin de l'insurrection, et à faire retentir le canon d'alarme.

On ne fait pas assez d'attention à cette dernière circonstance lorsqu'on semble craindre les suites de la mort de Louis par rapport aux étrangers.

Les peuples, accoutumés à considérer les rois comme des objets sacrés, se diront nécessairement : Mais, il faut pourtant bien que ces têtes de roi ne soient pas si sacrées, puisque la hache en approche, et que le bras vengeur de la justice sait les frapper ; et c'est ainsi que vous les poussez dans la carrière de la liberté.

Citoyens, on parle de factions, de projets liberticides : eh bien! s'il en existe, cette mesure fera tomber les masques; elle mettra les lâches à découvert : moi, je suis las de marcher dans les ténèbres; je veux voir mon ennemi en face.

Rassurez-vous, citoyens, si des fourbes et des ambitieux osent manifester quelques intentions liberticides... nous sommes là... nous les anéantirons, car nous nous réunirons tous pour tous les combattre; alors nous aurons doublement mérité de la patrie.

Je suis humain, j'abhorre le sang ; ainsi, je crois déjà bien mériter d'elle en votant pour la mort. »

De retour d'une mission à l'armée du Nord, il dénonça à la Convention la Commune de Paris et Marat, demandant que la tribune fût purifiée « quand ce monstre y aurait paru », et lutta contre la Montagne, qui le comprit, après le 31 mai, sur la liste de proscription des 22 Girondins. Arrêté et traduit devant le tribunal révolutionnaire, en octobre 1793, il essaya en vain de conjurer le sort qui le menaçait; il écrivit au président de la Convention, « qu'il était jacobin, montagnard, et qu'il se repentait d'avoir abandonné le bon chemin. J'ai été trompé, et j'espère qu'on ne me fera pas un crime d'un moment d'égarement. » Il suppliait en même temps Léonard Bourdon de se charger de sa défense. Ce suprême appel ne le sauva pas; il fut condamné à mort et exécuté, à 42 ans.