Antoine, François Fourcroy

1755 - 1809

Informations générales
  • Né le 15 juin 1755 à Paris ( - Généralité de Paris - France)
  • Décédé le 16 décembre 1809 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 25 juillet 1793 au 26 octobre 1795
Département
Seine
Groupe
Gauche

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Membre de la Convention, député au Conseil des Anciens, né à Paris (Généralité de Paris, France), le 15 juin 1755, mort à Paris (Seine), le 16 décembre 1809, il était fils de Jean-Michel Fourcroy et de Jeanne Laugier. Son père exerçait l'état de pharmacien, ou plutôt jouissait du revenu d'un établissement de pharmacie, en vertu d'une charge qu'il avait dans la maison du duc d'Orléans. La corporation des apothicaires ayant obtenu la suppression générale de ces sortes de charges, il perdit le peu de fortune qu'il avait, et des malheurs de famille vinrent en outre l'affecter profondément.

Antoine Fourcroy brilla peu dans ses premières études et quitta le collège d'Harcourt à quatorze ans. Il se passionna ensuite pour la musique et pour la poésie, se mit à composer des pièces de théâtre, et eut un moment la fantaisie de se faire comédien. Ses vues se tournèrent ensuite vers le commerce. Il perfectionna son écriture, prit des leçons de comptabilité, et fut bientôt en état d'occuper un emploi modeste dans le bureau d'un commis du sceau, ami de sa famille. Il ne le garda pas longtemps. Par bonheur pour lui, Vicq d'Azir s'était mis en pension chez son père. Les conseils de ce savant, son exemple, la célébrité qu'il s'était acquise de bonne heure, achevèrent de déterminer le jeune Fourcroy à étudier la médecine, l'anatomie, la chimie, la botanique et l'histoire naturelle. Deux ans après, Fourcroy publiait une traduction d'un ouvrage de Ramazzini sur les Maladies des artisans, qu'il enrichit de notes et d'éclaircissements. Ce premier essai parut sous les auspices de la Société royale de médecine, instituée en 1776 par Vicq d'Azir ; or, l'ancienne Faculté crut voir, dans cette institution, une atteinte portée à ses privilèges, et elle se plut à humilier dans la personne de Fourcroy un protégé de l'autre compagnie : elle le repoussa (1778), lorsqu'il se présenta au concours du prix fondé par le docteur Diets, pour la réception gratuite d'un jeune médecin tous les deux ans, et consentit seulement à l'admettre usque ad meliorem fortunam : c'était la formule usitée. Alors Fourcroy refusa à son tour : grâce à la générosité de ses amis qui lui permit d'attendre, il put être reçu en 1780. Il n'était pas seulement devenu médecin : chimiste de premier ordre, il avait ouvert des cours particuliers où se pressait une foule considérable.

En 1784, la mort de Macquer laissa vacante la chaire de chimie au « Jardin du roi ». Buffon choisit Fourcroy de préférence à Berthollet, à cause de l'aptitude toute particulière à l'enseignement qu'il avait remarquée chez lui. Les services que le jeune professeur rendit à la science lui valurent bientôt une brillante réputation. Il entra, l'année suivante, à l'Académie des sciences, et appartint successivement aux sections d'anatomie et de chimie. Admis, en 1782, aux réunions scientifiques qui se tenaient chez Lavoisier, il prit une part très active aux conférences dans lesquelles fut déterminée la nouvelle nomenclature chimique, et consigna, dans un ouvrage publié en 1787, l'historique des expériences qui firent presque de la chimie une science nouvelle. Deux ans après, s'ouvrit pour Fourcroy une autre carrière.

Appelé, en 1789, à faire partie du comité des électeurs de Paris, il fut élu, le 21 septembre 1792, quatrième suppléant du département de Paris à la Convention nationale, par 300 voix sur 396 votants. Après avoir travaillé sans repos, pendant dix-huit mois, à l'extraction et à la purification du salpêtre destiné à la fabrication de la poudre, il fut appelé, le 25 juillet 1793, à siéger dans l'Assemblée en l'emplacement de Marat. L'un des membres les plus actifs du comité d'instruction publique, on lui dut l'agrandissement du Jardin des Plantes et la formation d'une commission des arts pour veiller à l'entretien des chefs-d'œuvre. Il réussit à faire mettre en liberté Desault, chirurgien de l'Hôtel-Dieu, et à soustraire Chaptal à l'accusation de fédéralisme, en le faisant appeler, de Montpellier à Paris, pour l'employer à la fabrication du salpêtre. Il prit aussi la parole en faveur de Darcet, qu'il sauva, et de Lavoisier, dont il ne put empêcher la condamnation. Fourcroy présida le club des Jacobins ; puis il se déclara contre Robespierre.

Après le 9 thermidor, il fut appelé au comité de salut public ; mais il y resta, semble-t-il, étranger à toute intrigue, et ne fit usage de son pouvoir que pour protéger plus efficacement les établissements scientifiques et littéraires. Il eut une part directe à l'organisation de l'Ecole polytechnique ainsi qu'à la création de trois écoles de médecine à Paris, Montpellier et Strasbourg. Il organisa deux écoles de droit et un grand nombre de collèges.

Lors de la rédaction de la Constitution de l'an III, ce fut Fourcroy qui fit comprendre l'instruction publique et l'Institut dans l'acte constitutionnel.

Après la session de la Convention, il passa (23 vendémiaire an IV) au Conseil des Anciens, où il siégea pendant deux ans, reprit ensuite ses cours publics, et rédigea son principal ouvrage,
Système des connaissances chimiques, le plus grand monument élevé à la chimie moderne.

Six semaines environ après le coup d'Etat du 18 brumaire, Fourcroy reçut du premier consul l'invitation de se rendre au Luxembourg; il entra au Conseil d'Etat (4 nivôse an VIII) et fut nommé (an IX) directeur général de l'Instruction publique, puis membre de la Légion d'honneur le 9 vendémiaire an XII, et commandeur de l'ordre le 25 prairial suivant. Ses fonctions de directeur de l'Instruction lui furent enlevées lors de la création de l'Université impériale, à la tête de laquelle fut placé Fontanes. Napoléon, a-t-on dit, avait voulu, par ce choix, flatter les partisans de l'ancien régime. Fourcroy n'en espérait pas moins être revêtu de la dignité de grand-maître, à laquelle il avait des droits. Cette disgrâce le désola et porta atteinte à sa santé, qui devint de plus en plus chancelante.

Il mourut le 16 décembre 1809, d'une attaque d'apoplexie : peu de jours auparavant, il avait été nommé directeur général des mines, et, le 26 avril 1808, il avait reçu le titre de comte de l'Empire avec une dotation de 20 000 francs.

Fourcroy fut un professeur du plus haut mérite. « Il était né, a écrit M. Pariset, pour le talent de la parole, et ce talent, il l'a porté au plus haut degré : ordre, clarté, expression, il avait toutes les parties d'un orateur consommé; ses leçons tenaient de l'enchantement. »

Il laissa deux enfants : le comte de Fourcroy, officier d'artillerie, qui mourut sur le champ de bataille de Lutzen ; et une fille, Mme Floucaud, qui épousa un receveur général.

On a de lui :
- Leçons de l'histoire naturelle et de chimie (1781) ;
- Collection de Mémoires de chimie (1784) ;
- l'Art de reconnaître et d'employer les médicaments dans les maladies qui attaquent le corps humain (1785) ;
- la Médecine éclairée par les sciences physiques (1791) ;
- la Philosophie chimique (1792) ;
- Tableaux synoptiques de chimie (1805), etc.