Pierre, Anselme Garrau

1762 - 1819

Informations générales
  • Né le 19 février 1762 à Sainte-Foy-la-Grande ( - Généralitén de Bordeaux France)
  • Décédé le 15 octobre 1819 à Saint-André-et-Appelles (Gironde - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale législative
Mandat
Du 7 avril 1792 au 20 septembre 1792
Département
Gironde
Groupe
Majorité réformatrice
Régime politique
Révolution
Législature
Convention nationale
Mandat
Du 7 septembre 1792 au 26 octobre 1795
Département
Gironde
Groupe
Montagne
Régime politique
Révolution
Législature
Conseil des Cinq-Cents
Mandat
Du 26 octobre 1795 au 31 octobre 1795
Département
Gironde
Régime politique
Révolution
Législature
Conseil des Cinq-Cents
Mandat
Du 14 avril 1798 au 26 décembre 1799
Département
Gironde
Groupe
Gauche
Régime politique
Cent-Jours
Législature
Chambre des représentants
Mandat
Du 15 mai 1815 au 13 juillet 1815
Département
Gironde
Groupe
Gauche

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1791, membre de la Convention, député au Conseil des Cinq-Cents, représentant aux Cent-Jours, né à Sainte-Foy-la-Grande (Généralitén de Bordeaux) le 19 février 1762, mort à Saint-André-et-Appelles (Gironde) le 15 octobre 1819, « fils de sieur Charles Garrau et de demoiselle Suzanne Montégut, » il suivit la carrière du barreau.

Avocat à Libourne, il adopta avec chaleur les principes de la Révolution, fut nommé, en 1790, président de l'administration centrale du district de Libourne, et recueillit, le 5 septembre 1791, les suffrages des électeurs de la Gironde. qui le désignèrent, par 190 voix sur 372 votants, comme député suppléant du département à l'Assemblée legislative. Garrau, admis à siéger le 7 avril 1792, en remplacement de Lacombe, démissionnaire, fit partie de la majorité.

Réélu par le département de la Gironde, membre de la Convention, le 6e sur 9, avec 487 voix (645 votants), il prit place à la Montagne, et vota la mort de Louis XVI sans appel ni sursis, en disant au 2e appel nominal : « Comme je ne veux ni roi ni royauté, et que l'appel au peuple est peut-être le seul moyen de nous rendre l'un et l'autre; comme je crois impossible que le peuple juge avec connaissance de cause dans une affaire où il n'a ni la faculté d'entendre l'accusé, ni la possibilité d'entendre la procédure; comme je crains plus les ducats et les guinées des puissances étrangères que leurs canons, je dis non. » Et au 3e appel nominal: « Citoyens, je n'examine point si nous devons porter un jugement contre Louis, ou prendre une mesure de sûreté générale. Louis est convaincu d'avoir conspiré contre la sûreté; dès lors j'ouvre le livre de la loi; je trouve qu'elle porte la peine de mort contre tout conspirateur: je vote pour la mort. » Il demanda, à la séance du 16 janvier, que le suffrage de Duchâtel en faveur du roi fût compté, quoiqu'il eût été apporté après la clôture du scrutin. « Pour l'honneur de la Convention, dit-il, au nom de la justice, de l'humanité et de votre propre gloire, je demande que son suffrage soit reçu : s'il eût voté pour la mort, j'eusse moi-même réclamé la radiation de son suffrage. Il a voté pour l'indulgence : je demande que sa voix soit portée au recensement. »

Quelques jours après, Garrau dénonça un placard dans lequel on excitait le peuple à soustraire Louis au supplice, et proposa que Kersaint fût mandé à la barre, pour faire connaître les assassins du 2 septembre, qu'il disait être dans l'assemblée. Il fut un des adversaires les plus ardents des Girondins. Envoyé à l'armée des Pyrénées-Orientales, en qualité de commissaire, il reçut du général espagnol Carro la sommation d'avoir à remettre immédiatement en liberté le comte de Roussignac, prisonnier de l'armée française, et lui fit la réponse suivante:

« Au camp de Pelchénea, le 1er septembre 1793, l'an 2e.

« Réponse de P.-A. Garrau, représentant du peuple, délégué à l'armée des Pyrénées-Orientales, à la lettre ci-dessus. »

« Votre lettre, du 28 août dernier, au général en chef Delbecq, vient de m'être communiquée ; j'y réponds.

« Dans le mois de janvier dernier, le tyran votre maître a eu l'impudence de menacer de toute sa colère la nation française, si la tête de Louis Capet tombait. Cette menace ridicule produisit l'effet qu'elle devait naturellement produire chez un peuple libre et fier. Capet fut reconnu traître, et sa tête tomba sur l'échafaud... Croyez-vous que ce même peuple se laissera intimider aujourd'hui par les menaces que vous lui faites, vous, monsieur le général... ? Non. Si Roussignac est coupable, il sera puni; ainsi le veut la loi : et je vous déclare que si, par cet acte de justice, la vie de nos prisonniers était compromise, votre tête, celle de votre maître et de tous ses sujets en répondraient à la France outragée... Un peuple qui combat l'Europe entière, qui la vaincra ou par la force des armes ou par celle de la raison, est au-dessus des jactances espagnoles et des bravades d'un général.

« Le représentant du peuple français,

« Signé: GARRAU. »

Il passa ensuite à l'armée de l'ouest avec des pouvoirs illimités, fit connaître à la Convention les détails de la prise de Chollet et la défaite des « brigands » à Montrevault, reçut une nouvelle mission dans les Pyrénées-Orientales, annonça la prise de Fontarabie et plusieurs victoires sur les Espagnols, et revint prendre sa place à la Convention. Il appuya les mesures révolutionnaires, prit part à la discussion de l'acte constitutionnel et se prononça pour l'article du projet des comités, qui déclarait tout Français, exerçant les droits de citoyen, éligible dans toute l'étendue de la République.

Secrétaire de la Convention, il se trouva, à la fin de la session conventionnelle, compris dans les deux tiers qui devaient passer d'office au Conseil des Cinq-Cents; mais il donna sa démission, disant qu'il ne pouvait accepter un mandat que le peuple n'avait pas confirmé.

Il fut envoyé alors comme commissaire à l'armée d'Italie, et y resta jusqu'à la fin de 1796.

Elu, le 25 germinal an VI, par la Gironde, avec 253 voix (284 votants), député au Conseil des Cinq-Cents, il apporta dans cette assemblée les mêmes principes républicains qu'à la Convention. A l'occasion de cette élection, Bernadau, dans ses Tablettes manuscrites, l'appelle: « ex-conventionnel d'un patriotisme acerbe. » Il devint secrétaire au Conseil le 21 janvier 1799, et, le 7 juin, accusa François de Neufchâteau d'employer les fonds de son ministère à faire représenter des pièces contre-révolutionnaires. Le lendemain, il fit une motion d'ordre sur les dangers de la patrie, et obtint la création de commissions chargées « d'assurer le libre exercice de la souveraineté du peuple dans les assemblées politiques, et d'organiser la responsabilité des ministres. » Le 13, il dénonça l'espionnage établi autour de l'Assemblée. Le 28 prairial (17 juin), lorsque le Conseil se déclara en permanence contre le Directoire, Garrau se montra un des plus ardents à renverser cette autorité. Le 10 juillet, il attaqua l'administration de Schérer. Le 30, il appela l'attention de ses collègues sur les persécutions dirigées contre les républicains, reprocha à la contre-révolution ses déclamations contre le régime de 1793, « mises en avant, disait-il, pour masquer leurs projets de retour vers 1791, » et, lors de la retraite de Bernadotte du ministère de la Guerre, signala les symptômes d'une réaction nouvelle. Il invita ensuite les républicains à se réfugier « dans le sein de la loi », s'ils étaient persécutés, et, pour le cas où la loi serait impuissante : « N'avez-vous pas, s'écria-t-il, du fer, des bras et du courage ? » Garrau fit encore adopter (septembre) un projet de résolution déclarant traître à la patrie quiconque proposerait, appuierait, ou signerait un traité de paix portant atteinte à la Constitution et à l'intégralité du territoire de la république.

Il fut un des opposants les plus énergiques à la journée du 18 brumaire et fut « exclu de la représentation nationale » par le vainqueur. Garrau accepta cependant, en 1806, les fonctions d'inspecteur aux revues, qu'il remplit jusqu'en 1814, principalement à l'armée d'Espagne. La Restauration le priva de tout emploi.

Pendant les Cent-Jours, il fut élu membre de la Chambre des représentants (15 mai 1815), dans l'arrondissement de Libourne, avec 19 voix sur 31 votants, contre 9 à M. Chauvin. Le 22 juin, il donna lecture de l'article 67 de l'acte additionnel frappant d'une exclusion perpétuelle « la race de Hugues Capet », et rappela à l'assemblée que ses serments lui faisaient un devoir de rejeter toute proposition tendant à la violation de cet article. Le 30, il attaqua vivement son collègue M. de Malleville, qui avait fait une manifestation en faveur des Bourbons, et l'opposa à lui-même dans ses discours et dans ses écrits pour et contre la famille royale. « Ce Malleville, s'écria-t-il, au retour de Napoléon alla se jeter aux pieds de son maître; car de pareils hommes n'ont pas de chefs, ils n'ont que des maîtres. Mais son père n'a pas été placé dans la Chambre des pairs, et voilà pourquoi le fils a changé. Je demande qu'on le déclare aliéné, et qu'on l'envoie à une maison de santé. Je ne demande pas qu'on attente à sa liberté, son caractère le rend inviolable; mais je désire que l'on imprime contradictoirement, sur une colonne, le nouvel écrit de M. de Malleville, et sur l'autre, les mesures qu'il vous a proposées il y a quinze jours, » (Malleville avait fait précédemment la motion de déclarer séditieux et passible des lois pénales quiconque proférerait le cri de Vive Louis XVIII.)

Frappé par la loi du 12 janvier 1816 contre les régicides, Garrau quitta la France, se réfugia à Bruxelles, fut arrêté dans cette ville et expulsé du territoire belge, mais parvint à se soustraire à la surveillance des gendarmes et leur échappa à Aix-la-Chapelle. En 1819, il put rentrer en France, et revint mourir dans son pays natal.