François, Dominique de Reynaud de Montlosier

1755 - 1838

Informations générales
  • Né le 16 avril 1755 à Clermont-Ferrand ( - Généralité de Riom France)
  • Décédé le 9 décembre 1838 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 29 septembre 1789 au 30 septembre 1791
Baillage
Riom (Type : Sénéchaussée)
Groupe
Noblesse

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député en 1789, pair de France né à Clermont-Ferrand (Généralité de Riom) le 16 avril 1755, mort à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) le 9 décembre 1838, il était le douzième enfant de « M. Michel-Amable de Reynaud, chevalier seigneur de Confolan, Beauregard, de Meix et Bourdelles, et de Mme Marguerite-Agnès de Rigaud ».

Sa famille, de vieille noblesse, mais peu aisée, l'envoya à six ans chez les jésuites de Clermont-Ferrand ; son caractère indiscipliné se plia cependant aux études méthodiques: il s'occupa de préférence de questions scientifiques et historiques. Il épousa une veuve, plus âgée que lui de 15 ans, mais qui possédait un ancien château vendu par sa famille : « Je n'étais amoureux ni d'elle ni de sa fortune, dit-il dans ses Mémoires ; je l'étais de ce lieu un peu sauvage (Recolène) qui me rappelait les jours de mon enfance. » C'est là qu'il composa son Essai sur les Volcans d'Auvergne, publié en 1789.

L'étude de l'histoire l'avait aussi mêlé au mouvement politique, et il fut élu, le 25 juillet 1789, député suppléant de la sénéchaussée de Riom aux Etats généraux. Admis à siéger, le 29 septembre 1789, en remplacement de M. de la Rouzière démissionnaire, il se montra l'un des plus ardents champions des privilèges de la royauté, prit souvent la parole et presque toujours contre les réformes demandées par la majorité, s'opposa à l'aliénation des domaines de la couronne, et demanda que le roi eût seul le droit de paix ou de guerre. Rappelé à l'ordre dans cette discussion, pour la violence de son langage (17 mai 1790, il répondit qu'il avait d'autres phrases à placer semblables à celles qui provoquaient ce rappel. Il proposa que les députés chargés de deux fonctions fussent tenus d'opter pour l'une d'elles, combattit avec vivacité la constitution civile du clergé et, ayant excité les protestations des tribunes, réclama ironiquement pour elles voix délibérative.

A la fin de la session, ayant droit, comme député, de se faire payer des frais de poste de Paris à Clermont-Ferrand, il jugea « plus franc et plus gai » de les demander pour Coblentz ; le commis de l'Assemblée nationale trouva l'idée amusante et paya. M. de Montlosier se rendit donc à Coblentz aux frais de l'Etat, fit la campagne de 1792 à l'armée des princes, alla ensuite à Hambourg, puis à Londres où il publia en français le Courrier de Londres avec Mallet-du-Pan, Malouet et Lally-Tollendal. Ce journal était d'un ton assez modéré, et à ce propos, le comte d'Artois lui dit un jour : « Vous écrivez quelquefois des sottises. - J'en entends si souvent ! » répliqua Montlosier.

Après le coup d'Etat de brumaire, le Courrier de Londres défendit la politique du premier consul. Talleyrand demanda alors à Bonaparte le rappel de M. de Montlosier : ce dernier, prévenu de la démarche, rentra aussitôt, mais fut arrêté à Calais et enfermé au Temple à Paris où il ne resta d'ailleurs que quelques heures. On le renvoya à Londres, d'ou il revint en 1803, dûment autorisé cette fois ; il voulut continuer à Paris la publication de son journal sous le titre de Courrier de Londres et de Paris, mais la censure le supprima après quelques numéros. Pour l'en dédommager, le premier consul l'attacha au ministère des Affaires étrangères, et requit sa collaboration pour le Bulletin de Paris où il publia des articles très vifs contre l'Angleterre.

Après la proclamation de l'Empire, l'empereur le chargea d'écrire une Histoire de la monarchie française, dans laquelle, tout en indiquant les causes, irrémédiables selon lui, de la ruine de la monarchie, Montlosier demandait la restauration du régime féodal ; aussi l'ouvrage ne parut pas sous l'Empire, mais seulement sous la Restauration, grâce encore à une préface des plus agressives contre Napoléon. Après l'échec de son mandat d'historien, l'empereur le chargea de le renseigner sur l'opinion des gens en vue sur son compte ; mais, Napoléon ayant oublié un jour dans sa voiture un feuillet de ces rapports, Montlosier, découvert, refusa de continuer cette besogne. Il revint alors à ses études scientifiques, alla visiter les volcans d'Italie (1812), rentra en France en janvier 1816, et se mit à faire de l'agriculture dans son domaine de Randan (Puy-de-Dôme).

Mais ses ardeurs de polémiste le reprirent bientôt, et il les tourna, cette fois, contre les jésuites et la congrégation, tant dans son Mémoire à consulter, que dans sa pétition (1826) à la Chambre des pairs, dans laquelle, « frappé de l'envahissement du parti prêtre », il dénonce la congrégation, « une assemblée pieuse d'anges, un sénat de sages, un foyer d'intrigues et de démons. » Les journaux d'alors firent au Mémoire un prodigieux succès. Le gouvernement supprima à l'auteur la pension qu'il tenait de Napoléon, le fit attaquer par les journalistes à sa solde, et le poussa finalement dans l'opposition ; en 1830, M. de Montlosier collabora au Constitutionnel sans renoncer pourtant à son incurable antipathie contre le nom et les idées de la Révolution.

Nommé conseiller général du Puy-de-Dôme après les journées de Juillet, il fut appelé à la Chambre des pairs le 11 octobre 1832, et y défendit en maintes occasions, avec une verve que son grand âge n'avait guère assagie, la monarchie de Juillet.

Près de mourir à Clermont-Ferrand, il se vit refuser les secours de la religion par l'évêque de la ville qui exigea en vain une rétractation : la population de Clermont se porta en foule à ses funérailles. Il était, depuis 1825, président de l'Académie de Clermont.

On a de lui :

- Essai sur la théorie des volcans en Auvergne (1789) ;
- De la nécessité l'une contre-révolution et des moyens de l'opérer (1791) ;
- De la monarchie française depuis son établissement jusqu'à nos jours (1814) ;
- De la monarchie française depuis le retour de la maison de Bourbon jusqu'au 1er avril 1815 (1815-1817) ;
- Mémoire à consulter (contre les jésuites) (1826, 2 volumes) ;
- Mystères de la vie humaine (1829) ;
- Mémoires sur la Révolution française, le Consulat, l'Empire et la Restauration, 1755-1830 (1830, 2 volumes) ;
- Mémoires de M. le comte de Montlosier (1831, 4 volumes) ;
- Du prêtre et de son ministère dans l'état actuel de la France (1833), etc.