Pierre, Joseph Briot

1771 - 1827

Informations générales
  • Né le 17 avril 1771 à Orchamps ( - Généralité de Besançon - France)
  • Décédé le 16 mai 1827 à Auteuil (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Révolution
Législature
Conseil des Cinq-Cents
Mandat
Du 11 avril 1798 au 10 novembre 1799
Département
Doubs
Groupe
Gauche

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député au Conseil des Cinq-cents, né à Orchamps (Généralité de Besançon, France), le 17 avril 1771, mort à Auteuil (Seine), le 16 mai 1827, il avait été reçu avocat en 1789, et nommé, en 1790, à la chaire de rhétorique du collège de Besançon.

Entraîné par le mouvement de 1792, il s'enrôla avec ses élèves, et fit avec eux la première campagne de la Révolution. Obligé de rentrer à Besançon pour raison de santé, il s'occupa de littérature politique, attaqua Marat et Robespierre, combattit, dans les clubs, le système de la Terreur, et, député par les habitants de Besançon à la barre de la Convention, y prononça un discours qui le fit accuser de fédéralisme (1793). Pour échapper aux suites de cette accusation, il reprit du service, et devint aide de camp du général Réede; mais, ayant négocié l'installation à Besançon de deux mille horlogers suisses, il fut chargé d'organiser notre première manufacture d'horlogerie avec le titre d'agent principal. Une violente altercation qu'il eut avec Robespierre jeune à la Société populaire amena son arrestation; mis en liberté après le 9 thermidor, son opposition aux vainqueurs de cette journée le fit emprisonner de nouveau, cette fois comme terroriste; il réclama vainement des juges, fut relâché par ordre de la Convention, et élu, en brumaire an IV, officier municipal à Besançon.

Il passa de là à Paris comme fonctionnaire au ministère de la Police, démissionna, fut proscrit par le parti aristocratique, puissant alors dans les Conseils, se réfugia au 8e hussards, fut fait deux fois prisonnier pendant la célèbre retraite de Moreau; et deux fois parvint à s'échapper.

Le Directoire le nomma, en l'an VI, accusateur public près le tribunal criminel du Doubs, et, le 22 germinal de la même année, il fut élu député du Doubs au Conseil des Cinq-cents: il siégea parmi les républicains, ennemis du système de bascule du Directoire, fit rejeter, le 3 juillet 1798, une demande de sursis du marquis d'Ambert condamné à mort comme émigré, (la Constitution n'autorisant pas le Corps législatif à accorder des sursis), devint secrétaire de l'assemblée, et demanda, dans un remarquable discours, la création d'une commission spéciale de législation en cas de guerre. Le 12 novembre 1798, il fit décréter la condamnation, comme émigrés, des prêtres qui ne rentreraient pas dans le délai d'un mois, défendit et sauva les naufragés de Calais, déplora (12 fructidor an VII) la division de la République : « La patrie, dit-il, cherche des enfants, et elle trouve des Chouans, des Jacobins, des modérés, des constitutionnels de 91, de 93, des clubistes, des amnistiés, des fanatiques, des scissionnaires, des anti-scissionnaires : elle appelle en vain des républicains!,.. J'attribue une partie de ces maux au ministère de la Police. C'est lui qui a organisé et soutenu le système de bascule politique, qui a alternativement agité, opprimé tous les partis, qui a créé ces conspirations imaginaires qui ont divisé les citoyens et les magistrats...; c'est lui qui rapetisse, rétrécit l'âme des gouvernants, les entretient sans cesse de quolibets frivoles, de rapports perfides, leur fait voir la République dans des tripots, dans des cafés, dans des groupes excités par les mouchards eux-mêmes; c'est le ministre de la Police qui fait, du plus vil des métiers, une institution constitutionnelle, un moyen de gouvernement. »

Après cette sortie contre Fouché, il attaqua si vivement Talleyrand, ministre des Relations extérieures, que celui-ci donna sa démission, sans répondre.

Briot fut un des républicains les plus ardents contre le 18 brumaire. Au moment où Lucien Bonaparte venait de renouveler à la tribune le serment à la Constitution de l'an III, il s'écria : Moniteur, écrivez. Aussi, fut-il compris nominativement sur la liste d'exclusion dressée le soir même par ce qui restait du Conseil des Cinq-cents, sous ce titre : « Ne sont plus membres de la représentation nationale pour les excès auxquels ils se sont constamment portés, et notamment le plus grand nombre d'entre eux, dans la séance de ce matin, les individus ci-après nommés » : suivent soixante et un noms.

Un arrêté des consuls prononça bientôt la déportation de Briot à la Guyane, mais un arrêté suivant le plaça simplement sous la surveillance de la police, dont un troisième arrêté l'affranchit complètement le 5 nivôse an VIII. La bienveillance de Lucien le fit nommer secrétaire général de la préfecture du Doubs (15 floréal an VIII), puis commissaire général du gouvernement à l'île d'Elbe (8 pluviôse an XI). Mais il ne put s'entendre avec le gouverneur militaire, le général Rusca, offrit sa démission qui fut refusée, rentra à Paris où il refusa à son tour la direction des droits réunis, et finit par faire révoquer le général Rusca.

A l'avènement de l'Empire, il demanda un passeport pour l'étranger, et alla à Naples où le roi Joseph le nomma intendant des Abruzzes, puis de la Calabre, où il fit aux Anglais, en 1809, une courageuse résistance. Le roi Murat l'en récompensa en le faisant entrer dans son Conseil d'État. Briot, toujours républicain au fond, ne voulut accepter ni titres, ni décorations, et refusa de même de se faire naturaliser napolitain, quand cette formalité fut imposée aux Français employés dans le royaume des Deux-Siciles. Quand Murat se tourna contre la France, Briot le quitta, et revint en Franche-Comté où il s'occupa, jusqu'à sa mort, d'agriculture et d'industrie.

On a de lui : Défense du droit de propriété dans les rapport avec les fortifications des villes de guerre et les travaux publics (1817); Première lettre à M. B. sur la Caisse hypothécaire (1818). Il aurait aussi écrit, dit-on, de curieux mémoires sur la période qui précéda le 18 brumaire.