Henri, Joseph Gisquet

1792 - 1866

Informations générales
  • Né le 14 juillet 1792 à Vezin (Moselle - France)
  • Décédé le 23 janvier 1866 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Monarchie de Juillet - Chambre des députés
Législature
IVe législature
Mandat
Du 4 novembre 1837 au 2 février 1839
Département
Seine
Groupe
Indépendants

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 (Adolphe Robert et Gaston Cougny)

Député de 1837 à 1839, né à Vezin (Moselle) le 14 juillet 1792, mort à Paris le 23 janvier 1866, il se destina d'abord à l'état militaire: mais une blessure reçue à la chasse, et qui nécessita l'amputation de l'avant-bras, le fit rentrer dans la vie civile.

Admis, en 1808, comme simple commis chez les frères Périer, banquiers à Paris, il s'associa, en 1818, à une maison de commerce du Havre et rentra l'année suivante dans la maison Perier, dont il devint le chef avec Casimir. En 1825, il fonda, avec l'aide de son ancien associé, une maison de banque sous son seul nom. L'année suivante, une avance de fonds lui permit d'acquérir à Saint-Denis une grande raffinerie de sucre; il la transforma en une fabrique d'huiles, qui resta longtemps sa propriété.

Affilié à l'opposition libérale sous la Restauration et l'un des premiers membres de la Société : Aide-toi, le Ciel t'aidera! il prit une part active aux journées de juillet 1830 et fut nommé, au mois d'août, membre du conseil général de la Seine. Au milieu des menaces et des préparatifs de guerre européenne, M. Gisquet fut chargé par le gouvernement de l'achat de 300,000 fusils, et parvint à négocier l'acquisition de 566,000 armes de provenance anglaise. La presse de l'opposition dirigea, à ce propos, contre le commissionnaire et les ministres, de graves accusations. La Tribune, journal républicain, posa cette question : « N'est-il pas vrai que, dans les marchés de fusils et de draps, M. Casimir Périer et le maréchal Soult ont reçu chacun un pot-de-vin qui serait d'un million? » Un autre journal, la Révolution, répéta la question. Tous deux furent saisis et comparurent, le 29 octobre, en cour d'assises. L'instruction établit que M. Gisquet, associé de la maison Périer, avait traité l'affaire pour son propre compte, avait payé très cher des fusils défectueux, et qu'une partie de ces armes, refusée sous le ministère Gérard, avait été acceptée sous le ministère Soult. Le rédacteur de la Tribune, Armand Marrast, fut condamné à six mois de prison, trois mille francs d'amende et vingt-cinq francs de dommages-intérêts (29 octobre 1831). Les « fusils Gisquet » sont restés parmi les souvenirs scandaleux de cette époque.

Décoré de la Légion d'honneur, et appelé par Casimir Périer aux fonctions de préfet de police (14 octobre, de la même année), comme successeur de Vivien, M. Gisquet excita par les mesures politiques exceptionnelles prises par lui ou en son nom pendant cinq ans, par le zèle répressif dont il fit preuve, notamment lors de l'enterrement du général Lamarque et des événements du cloître Saint-Merri, les attaques les plus vives de la part de l'opposition démocratique. C'est ainsi qu'après l'insurrection de juin 1832, il ne craignit pas d'enjoindre, par un arrêté, aux médecins, chirurgiens, pharmaciens, etc., de déclarer dans les vingt-quatre heures, à la préfecture de police, les noms des blessés qui étaient venus réclamer leurs secours. Cet acte souleva une réprobation générale, et pas une déclaration ne fut faite.

Tandis que sévissait l'épidémie cholérique de 1832, il eut à veiller à l'hygiène et à la salubrité publiques. La rapidité foudroyante du mal, les cruelles souffrances des malades, l'aspect étrange des corps, avant même qu'ils fussent des cadavres, inspirèrent aux imaginations populaires de sinistres croyances : des bruits d'empoisonnement circulèrent et une proclamation imprudente du préfet de police contribua peut-être à leur donner créance. M. Gisquet fit preuve, d'ailleurs, d'un réel courage personnel en ces terribles circonstances. Mais un nouveau ministère crut devoir donner satisfaction à l'opinion, en éloignant M. Gisquet de la préfecture de police, où il fut remplacé, le 6 septembre 1836, par M. Gabriel de Lessert. Créé, depuis le 30 avril, commandeur de la Légion d'honneur, il reçut alors le titre de conseiller d'Etat en service extraordinaire.

L'année suivante (4 novembre 1837), il fut élu député du 14e collège de la Seine (Saint-Denis), par 429 voix sur 685 votants et 882 inscrits, contre 233 à M. Benazet. M. Gisquet prit à la Chambre une attitude presque hostile au ministère, et qui ne laissa pas que de causer au cabinet d'assez gros ennuis ; il intervint, par exemple, dans la discussion sur les fonds secrets, et en demanda la réduction, du chiffre de 4,000,000 proposé, au chiffre de 2,400,000 francs, qui n'avait pas été dépassé sous son administration. A la fin de 1838, de vagues rumeurs accusèrent l'ex-préfet de police de concussions auxquelles il aurait mêlé sa maîtresse et sa famille; le Messager, qui s'en fit l'écho, fut poursuivi en diffamation par M. Gisquet et condamné au minimum de la peine (500 francs d'amende), après des paroles de l'avocat du roi, M. Plougoulm, qui faisaient pressentir les rigueurs du pouvoir contre le plaignant (28 décembre). En effet, M. Gisquet fut destitué, le lendemain, de son titre de conseiller d'Etat. Il reprit ses occupations industrielles à Saint-Denis, ne se représenta pas aux élections de 1836, et ne reparut plus sur la scène politique qu'en 1848, comme délégué de la ville de Saint-Denis auprès du comité central de l'Union électorale.

M. Gisquet fit, en 1844, un voyage en Egypte, dont il a donné la relation, sous ce titre : l'Egypte, les Turcs et les Arabes. Il a publié, en 1840, ses Mémoires (4 volumes). Ce préfet de police si impopulaire et dont l'extrême rigueur fut légendaire, était joyeux chansonnier à ses heures, et s'était fait recevoir membre du Caveau.