Gilbert, Pierre, Charles, Emmanuel Pineton de Chambrun

1909 - 2009

Informations générales
  • Né le 2 novembre 1909 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 22 décembre 2009 à Marvejols (Lozère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Lozère
Groupe
Républicains et Résistants
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Lozère
Groupe
Union républicaine et résistante
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Lozère
Groupe
Union républicaine et résistante
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Lozère
Groupe
Républicains progressistes

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 2 novembre 1909 à Paris (7e)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Lozère)
Député de la Lozère de 1946 à 1955

Descendant du général de La Fayette, fils de Pierre Pineton de Chambrun, qui fut député puis sénateur de la Lozère de 1898 à 1941 et délégué à l'Assemblée consultative provisoire de 1944 à 1945, Gilbert de Chambrun est né à Paris le 2 novembre 1909. Après des études secondaires au lycée Janson-de-Sailly, il s'inscrit à la Faculté de droit de Paris. Licencié en droit, il est diplômé de l'Ecole libre des sciences politiques. Le 4 juin 1934, il est admis au concours d'entrée dans la carrière diplomatique et nommé attaché d'ambassade à Rome (Saint-Siège). En 1938, il réintègre l'administration centrale à la direction Europe.

Mobilisé en 1939, il participe aux combats. Après la démobilisation, il demande sa disponibilité en juillet 1941. Engagé dans la Résistance à partir de 1942, il est le chef de l'Armée secrète en Lozère, chef régional du mouvement « Combat », enfin chef régional F.F.I. de la région 3 (Montpellier), sous le nom de colonel Carrel. Se nouent alors des relations durables entre Gilbert de Chambrun et les résistants communistes qui expliquent en partie son engagement politique. De la fin de 1944 à avril 1945, il participe à la campagne d'Allemagne à la tête du 81e régiment d'infanterie.

Le 21 octobre 1945, Gilbert de Chambrun est élu par la Lozère à l'Assemblée nationale Constituante sur la liste Républicaine, qui obtient 21 641 voix sur 47 241 suffrages exprimés, derrière la liste M.R.P. (25 600 voix). Il s'inscrit au groupe parlementaire des Républicains et résistants, apparenté au groupe communiste et est nommé membre de la Commission des affaires étrangères et de la Commission du ravitaillement. Le 16 janvier 1946, il intervient très longuement à la tribune pour réclamer la rupture des relations diplomatiques entre la France et le gouvernement du général Franco qu'il déplore de ne pas voir « sur le banc d'infamie de Nuremberg ». Le 8 avril suivant, il dépose un rapport au nom de la Commission d'enquête sur la sécurité des personnes déplacées dans la zone d'occupation française en Allemagne. Il vote les nationalisations et le projet de Constitution de la IVe République.

Gilbert de Chambrun est réélu à la seconde Assemblée Constituante, le 2 juin 1946, sur la Liste d'Union des républicains (17 017 suffrages sur 47 733 exprimés). Reconduit à la Commission des affaires étrangères, il est nommé membre de la Commission de la presse. Le 18 juillet, dans la discussion du rapport sur les opérations électorales du Vaucluse, il demande, au nom du groupe des Républicains et résistants, l'invalidation d'Edouard Daladier. Il s'abstient lors de l'élection de Georges Bidault comme président du gouvernement provisoire (19 juin 1946) et vote pour le projet de Constitution (28 septembre).

Les élections législatives du 10 novembre le portent de nouveau à l'Assemblée, avec 16 211 voix sur 46 138 suffrages exprimés. Il s'inscrit au groupe d'Union républicaine et résistante (apparenté communiste), présidé par Emmanuel d'Astier de la Vigerie et auquel appartiennent également Pierre Cot et Félix Houphouet-Boigny. Il fait partie des mêmes Commissions que dans la précédente Assemblée (affaires étrangères et presse), ainsi que de la Commission du suffrage universel. Il est désigné comme juré à la Haute Cour de justice. Le 11 mars 1948, il dépose une proposition de loi ayant pour objet de rétablir le régime du droit commun au profit des associations étrangères.

Ses interventions sont très nombreuses, principalement lors des débats de politique étrangère, au cours desquels il soutient la nécessité du maintien de l'Alliance avec l'Union soviétique et refuse l'intégration de l'Allemagne au système économique occidental. Il critique, à propos de l'accord économique franco-américain, la soumission de la France à toutes les exigences des Etats-Unis (13 février 1948) ; il dénonce lors du débat sur le Pacte Atlantique le procès dirigé contre l'U.R.S.S. (26 juillet 1949). Le 29 novembre 1947, dans une longue intervention au cours du débat sur la protection de la liberté du travail, Gilbert de Chambrun dépose un amendement disposant que celle-ci ne pourra en quoi que ce soit diminuer l'exercice du droit de grève.

Il vote pour la confiance au cabinet Blum (17 décembre 1946), contre la politique du gouvernement Ramadier (4 mai 1947), pour la nationalisation des écoles des houillères (14 mai 1948), contre le plan Marshall (7 juillet), contre le statut du Conseil de l'Europe et contre le Pacte Atlantique (9 et 26 juillet 1949), contre la réforme électorale instituant le scrutin départemental majoritaire à un tour et les apparentements (7 mai 1951).

Le 17 juin 1951, la liste d'Union des républicains que conduit Gilbert de Chambrun est largement en tête avec 33,8 % des suffrages. Il est élu avec 15 519 voix sur 44 447 suffrages exprimés. Le second siège est emporté par la liste des Indépendants (19 %) apparentée aux listes M.R.P. et R.P.F. Inscrit dans la nouvelle Assemblée au groupe des Républicains progressistes apparenté au groupe communiste, il est nommé membre de la Commission des affaires étrangères (1951-1955) et de la Commission du suffrage universel (1951-1954). Le 17 mars 1953, il dépose une proposition de loi tendant à conférer la Croix de guerre aux prisonniers de guerre titulaires de la Médaille des évadés et de la carte du Combattant volontaire de la Résistance.

A la tribune, Gilbert de Chambrun dénonce la politique extérieure dirigée contre l'Union soviétique, propose la démilitarisation et la réunification de l'Allemagne (février 1952). Le 3 juillet 1952, il défend un amendement prévoyant que les recherches nucléaires françaises ne pourront pas servir à la fabrication de l'arme atomique. Le 27 octobre 1953, il attaque le gouvernement sur sa politique en Indochine et souhaite qu'il y ait une majorité de députés « pour éviter qu'une guerre de sept ans ne se transforme en guerre de trente ans », en raison des échecs successifs des opérations militaires.

Au cours de la deuxième législature, Gilbert de Chambrun vote pour l'échelle mobile des salaires (20 septembre 1951), contre les lois Marie et Barangé favorables à l'enseignement privé (21 septembre), contre la ratification du traité instituant la C.E.C.A. (Communauté européenne de charbon et de l'acier -13 décembre), contre la réforme fiscale (9 avril 1954), contre la modification de la loi sur les biens de presse (20 mai), pour l'investiture de Pierre Mendès-France (17 juin) et les accords de Genève qui mettent fin aux hostilités en Indochine (23 juillet). Il s'oppose aussi à la Communauté européenne de défense (30 août), aux accords de Londres mettant un terme à l'occupation de l'Allemagne (12 octobre) et aux accords de Paris qui autorisent le réarmement de la R.F.A. et son entrée dans l'O.T.A.N. (29 décembre). Il refuse, enfin, la confiance à Pierre Mendès-France sur l'Afrique du Nord (4 février 1955 - chute du cabinet) puis combat le gouvernement Edgar Faure.

Lors des élections anticipées du 2 janvier 1956, le succès de sa liste d'Union des républicains (32,9 % des voix) et son résultat personnel (15 399 suffrages sur 44 803 exprimés) ne lui permettent cependant pas de conserver son siège de député de la Lozère. Par le jeu des apparentements, sont élus les candidats de la liste d'Union des indépendants et paysans (13,9 %) et de la liste des Républicains sociaux (20,7 %). Il se consacre alors à la gestion de la ville de Marvejols, dont il est maire depuis 1953.

Gilbert de Chambrun est commandeur de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite, décoré de la Croix de guerre (1939-1945) et de la rosette de la Résistance.