Emile, François Chautemps

1850 - 1918

Informations générales
  • Né le 2 mai 1850 à Valleiry ( - France)
  • Décédé le 10 décembre 1918 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Ve législature
Mandat
Du 6 octobre 1889 au 14 octobre 1893
Département
Seine
Groupe
Radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIe législature
Mandat
Du 3 septembre 1893 au 31 mai 1898
Département
Seine
Groupe
Radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Haute-Savoie
Groupe
Radical-socialiste
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 27 avril 1902 au 16 juin 1905
Département
Haute-Savoie
Groupe
Union démocratique

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1905 au 1er janvier 1918

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 2 mai 1850 à Valleiry (Haute-Savoie), mort le 10 décembre 1918, à Paris-5e.

Député de la Seine de 1889 à 1897.
Député de la Haute-Savoie de 1897 à 1905.
Sénateur de la Haute-Savoie de 1905 à 1918.
Ministre des Colonies du 26 janvier au 1er novembre 1895.
Ministre de la Marine du 9 au 13 juin 1914.

Père du précédent, Emile Chautemps reçu docteur en médecine le 18 juin 1875, vint s'établir à Paris dans le quartier des Arts et Métiers. Il devint président de la Société philanthropiques savoisienne de la capitale, délégué cantonal, membre du Comité de la Caisse des écoles et de la commission scolaire du 3e arrondissement où il joua un rôle fort actif dans les luttes politiques de l'époque.

Elu conseiller municipal du 3e arrondissement de Paris aux élections de mai 1884, il remplaça M. Murat qui en était membre depuis 1871. Il se déclara autonomiste et accepta le programme du Comité démocratique-socialiste de son arrondissement, qui comportait : la mairie centrale, la suppression des monopoles des grandes Compagnies (eau, gaz, omnibus), la réduction du prix du gaz, l'extension des moyens de transport, l'achèvement du réseau des égouts, l'augmentation de l'approvisionnement d'eau, le développement du service médical à domicile, des hôpitaux, des écoles d'apprentissage et professionnelles, les loyers à bon marché, l'imposition des logements non loués, la commune maîtresse de son administration, de ses finances, de sa police dans les limites compatibles avec l'unité nationale, etc.

Réélu conseiller municipal en 1887, il s'occupa principalement de questions d'hygiène et pendant deux années fut chargé de rapporter le budget de la police. Successivement secrétaire puis vice-président du Conseil municipal, il accéda en février 1889 à la présidence de cette assemblée et se distingua par la direction qu'il sut imprimer aux affaires durant la période de l'Exposition universelle. Il reçut à cette occasion à l'Hôtel de Ville de très nombreuses délégations françaises et étrangères. Il convia au banquet du 11 mai donné en l'honneur du lord-maire de Londres et présidé par M. Carnot, Président de la République, tous les hommes politiques et les artistes, littérateurs et industriels les plus en renom. Il prit l'initiative du banquet du 18 août, offert au Palais de l'industrie aux maires de toutes les communes de France qui répondirent au nombre de plus de 13.000 Il fut nommé membre du Conseil d'hygiène et de salubrité du département de la Seine. Candidat républicain radical-socialiste aux élections générales législatives des 22 septembre et 6 octobre 1889, il mit en tête de son programme politique : la révision de la Constitution dans le sens le plus démocratique, par une Assemblée Constituante ; la suppression du Sénat et de la Présidence de la République; la liberté de la presse, de réunion et d'association garantie par la Constitution ; la suppression du budget des cultes, le retour à la Nation des biens de main-morte; la justice gratuite, la magistrature élective ; le droit de l'enfant à l'instruction intégrale (instruction laïque et gratuite) ; le service militaire obligatoire pour tous ; la substitution progressive des milices nationales aux armées permanentes, etc. En matière économique, il réclamait la suppression des octrois et des taxes de consommation, l'impôt unique et progressif sur le revenu, la révision des contrats ayant aliéné la propriété publique (mines, canaux, chemins de fer) ; la création de caisses de retraite pour les vieillards et les invalides du travail, le droit à l'assistance pour toute personne incapable de travailler ; la suppression de l'intervention du patron dans l'administration des Caisses ouvrières; la réorganisation de la Banque de France, le crédit au travail, etc.

Il fut élu au deuxième tour de scrutin, par 10,252 voix contre 5.813 à M. Jacquet, candidat boulangiste sur 16.373 votants. Il se représenta dans la même circonscription, aux élections générales des 20 août et 3 septembre 1893 et retrouva son siège au deuxième tour de scrutin, par 6.240 voix contre 4.775 à M. Champy et 1.403 à M. Donzel, sur 12.764 votants. Mais il ne termina pas cette législature comme député de Paris. A l'occasion d'une élection partielle qui eut lieu le 28 novembre 1897 dans la circonscription de Bonneville (Haute-Savoie) il se fit élire député de son département natal, ayant déjà obtenu en 1895 un siège de conseiller général pour le canton de Chamonix. Il obtint 8.415 voix contre 4.854 à M. Morel-Fredel, sur 13.515 votants. Réélu dans la même circonscription aux élections générales du 8 mai 1898, sans concurrent, par 10.117 voix sur 11.262 votants, il conserva son siège à celles du 27 avril 1902, au premier tour de scrutin, par 10.448 voix contre 4.859 à M. Grisel, sur 15.553 votants. Il quitta la Chambre le 21 mai 1905 pour entrer au Sénat. Dès ses premiers contacts avec le Palais-Bourbon, son activité fut intense. Il serait vain de vouloir énumérer les propositions de loi dont il prit l'initiative et ses discours à la tribune où il traita les questions les plus diverses. Membre du groupe radical-socialiste auquel il resta fidèle toute sa vie, il appartint d'abord à diverses commissions spéciales, puis à la Commission de la marine, à la Commission de l'armée, à celle du droit d'association, à celle de la presse, à celle des voies navigables et ports maritimes, à celle d'hygiène publique, à celle relative aux usines hydrauliques, à celle du budget, à celle des douanes.

On l'entendit fréquemment dans les débats relatifs : aux crédits pour l'économie, au mode d'élection du Sénat, au pari mutuel, à la laïcisation des hôpitaux, au travail des femmes dans l'industrie, etc.

Il fut nommé Ministre des Colonies dans le troisième Cabinet Ribot du 26 janvier 1895. En cette qualité, il soutint le budget de son Ministère pour l'exercice 1895 (1895). Il abandonna son portefeuille à la chute du Ministère, le 28 octobre 1895 et expédia les affaires courantes jusqu'à la formation du nouveau Cabinet, le 1" novembre 1895. Il participa en outre à la discussion d'interpellations concernant la politique du Gouvernement dans nos colonies d'Afrique occidentale française et se fit entendre sur le budget des colonies de l'exercice 1898 (1898).

Il entra au Sénat le 21 mai 1905, à l'occasion d'une élection partielle destinée à remplacer M. André Folliet décédé le 22 mars précédent. Il emporta le siège au deuxième tour de scrutin, par 317 voix contre 281 à M. Jean Mercier également député, sur 647 votants. Il retrouva son siège au renouvellement triennal du 3 janvier 1909, au troisième tour de scrutin, par 315 voix sur 639 votants.

Inscrit au groupe de la gauche démocratique de la Haute Assemblée, il appartint à diverses commissions spéciales. Son activité fut aussi intense au Sénat qu'à la Chambre, s'intéressant aux questions d'armement, surtout d'armement naval. Il avait notamment passionnément discuté du choix des meilleures poudres, et savait tirer parti de l'autorité qu'il avait conservée dans le monde colonial. Il n'est guère de discussions auxquelles il n'ait participé, ne redoutant pas de soulever autour de lui des polémiques qui le mettaient aux prises avec des adversaires aussi ardents que lui. Il devint Ministre de la Marine le 9 juin 1914 dans le quatrième Cabinet Ribot, mais ce Cabinet ne vécut que cinq jours. Il fut remplacé, le 13 juin, par le premier Cabinet Viviani.

Le 8 janvier 1918, Emile Chautemps fut élu vice-président du Sénat mais n'eut pas la possibilité d'en remplir les fonctions. Il devait mourir en cours de mandat, le 10 décembre de la même année, à l'hôpital du Panthéon, rue Lhomond (5e arrondissement), hôpital qu'il avait créé. Il avait 68 ans.

Son éloge funèbre fut prononcé à la séance du 17 décembre 1918, par M. Antonin Dubost : « Bien qu'il eut la satisfaction de connaître le triomphe pour lequel il avait lui-même tant travaillé, et souffert, déclara-t-il, il meurt trop tôt pour l'activité qu'il était encore capable d'offrir à son pays, car Chautemps était un homme d'action et de lutte, et, jusqu'à ses derniers jours, nous l'avons vu redevenir médecin, et se passionner pour de grandes questions d'hygiène publique... Ses adversaires les plus systématiques durent, d'ailleurs, s'incliner respectueusement devant la noblesse d'âme avec laquelle il reçut sans fléchir les plus terribles coups du sort. Durant la guerre son coulage ne faiblit jamais, mais hélas ! sa vitalité n'en fut pas moins atteinte et ce vaillant lutteur est allé rejoindre ses trois fils morts au champ d'honneur. »