Louis, Jules, Ernest Denormandie

1821 - 1902

Informations générales
  • Né le 6 août 1821 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 28 janvier 1902 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Assemblée Nationale
Législature
Mandat
Du 2 juillet 1871 au 7 mars 1876
Département
Seine
Groupe
Centre gauche

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 18 décembre 1875 au 28 janvier 1902

Biographies

Représentant en 1871 et sénateur, né à Paris le 6 août 1821, il était fils d'un avoué au tribunal de la Seine; il succéda à son père le 27 août 1851, et fut plusieurs fois président de la chambre des avoués à partir de 1867. Son père avait été l'avoué de la liste civile sous Louis-Philippe, et le fils conserva la clientèle de la famille d'Orléans.

Nommé, pendant le siège de Paris, adjoint au maire du 8e arrondissement, il se présenta aux élections du 8 février 1871, et ne fut pas élu; mais, aux élections du 2 juillet suivant, qui avaient pour but de remplacer, dans le département de la Seine, 21 représentants décédés, démissionnaires ou qui avaient opté pour d'autres départements, il sollicita le patronage de « l'Union parisienne de la presse » qui le porta sur sa liste, et de « l'Union républicaine » qui, n'ayant pu obtenir de lui la déclaration républicaine qu'elle exigeait, raya son nom de la liste qu'elle présentait.

M. Denormandie n'en fut pas moins élu, le 10e sur 21, par 112,589 voix sur 290,823 votants et 458,774 inscrits. Après son élection, M. Denormandie déclara que « ses sentiments étaient ceux d'un conservateur libéral » et qu'il « adhérait au programme de M. Thiers. » Il siégea au centre gauche, mais vota tantôt avec la droite, tantôt avec la gauche ; après s'être abstenu sur la pétition des évêques, il se prononça:

- pour le pouvoir constituant de l'Assemblée,
- pour le retour du parlement à Paris,
- contre le service militaire de trois ans,
- contre l'ordre du jour Ernoul au 24 mai 1873,

et monta, ce jour-là, à la tribune, pour défendre M. Thiers, mais avec de telles réserves sur « ses tâtonnements, ses faiblesses et ses hésitations », que l'ordre du jour pur et simple, qu'il proposa et auquel se rallia le gouvernement, fut repoussé, et M. Thiers renversé. Il vota ensuite:

- contre l'arrêté contre les enterrements civils,
- pour le septennat,
- pour le maintien de l'état de siège,
- pour le ministère de Broglie,
- contre la circulaire Pascal,
- pour l'amendement Wallon,
- contre l'amendement Pascal Duprat,
- pour les lois constitutionnelles.

Il défendit d'ailleurs, en toute occasion, les intérêts de la ville de Paris, notamment lors de la discussion de la loi électorale; à cette occasion il réclama et obtint pour Paris un nombre de députés supérieur au chiffre fixé par le gouvernement.

Le 18 décembre 1875, l'Assemblée nationale l'élut sénateur inamovible, comme candidat des gauches, le 65e, au 7e tour de scrutin, par 318 voix sur 590 votants, Il prit place à gauche, vota contre la dissolution de la Chambre demandée en 1876 par le ministère de Broglie-Fourtou, et suivit la politique centre-gauche dont M. Jules Simon était alors l'inspirateur.

Le 18 janvier 1879, il fut nommé gouverneur de la Banque de France; M. Magnin lui succéda à ce poste en 1880. A la Chambre haute, il prit part à un certain nombre de discussions : il interpella le ministre de la justice (13 novembre 1883) sur la lenteur de l'application de la loi de réforme judiciaire présenta et soutint (juin 1885) un projet de loi sur les nullités du mariage et sur des modifications au régime de la séparation de corps; parla (février 1888), lors de la discussion du prêt sur gage pour les agriculteurs, en faveur des vœux des sociétés d'agriculture, pour faciliter le crédit des cultivateurs, etc. En dernier lieu, M. Denormandie a voté pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889), pour le projet Lisbonne restrictif de la liberté de la presse; il s'est abstenu sur la procédure à suivre devant le Sénat pour juger les attentats contre la sûreté de l'Etat (affaire du général Boulanger).

Administrateur du chemin de fer Paris Lyon Méditerranée, il a été nommé président du Conseil d'administration du nouveau Comptoir national d'Escompte (mai 1889). Chevalier de la Légion d'honneur du 6 avril 1876. On a de lui : Le VIIIe arrondissement et son administration pendant le siège (1875); Rapport sur la proposition relative aux caisses d'épargne (1875).


Né à Paris le 6 août 1821, mort à Paris le 28 janvier 1902.

Représentant de la Seine à l'Assemblée Nationale de 1871 à 1875. Sénateur inamovible de 1875 à 1902. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 339.)

De 1889 à 1902, Louis Denormandie, sénateur inamovible, participa encore avec beaucoup d'assiduité aux travaux de la Chambre Haute. En 1890, il intervint dans la discussion du projet de loi concernant les contributions directes et taxes assimilées de l'exercice 1891 et, en 1892, dans la discussion du projet de loi portant fixation du budget sur le point particulier des ventes judiciaires.

En 1893, il prit la parole dans la discussion de la proposition de loi modifiant le régime de la séparation de corps et du projet de loi relatif au régime des boissons. Il adressa une question au Ministre de l'Agriculture sur la disette des fourrages et rapporta le projet de loi relatif aux Caisses d'épargne.

En 1896, il intervint dans la discussion de la proposition de loi modifiant l'article 310 du Code civil relatif au divorce. Enfin, en 1897, il déposa et lut le rapport sur les élections du département de Loir-et-Cher.

Ce fut la dernière manifestation de son activité parlementaire en séance publique. Il mourut à la suite d'une longue maladie, le 28 janvier 1902, à Paris, dans sa 81e année.

Il était membre de la Commission supérieure des expositions et du Conseil supérieur des colonies.

M. Armand Fallières, président du Sénat, prononça le 30 janvier 1902 l'éloge funèbre de Louis Denormandie, retraçant la vie de cet homme resté fidèle aux opinions que son patriotisme lui avait imposées, toujours ouvert à l'esprit de progrès et de liberté, ferme dans ses desseins, résolu au devoir : « Denormandie n'était pas seulement un jurisconsulte éminent, il était aussi un homme de tribune. Sa connaissance du droit, sa compétence dans les questions économiques et financières qu'il avait étudiées dans une des plus grandes charges de l'Etat, une hauteur de vue et une puissance d'analyse qui lui permettaient de passer sans effort des généralisations les plus lumineuses à la mise en valeur des plus petits détails, une rare facilité d'improvisation, tout ne concourait-il pas à donner à sa parole claire, alerte, toujours élégante, un charme qui séduisait en enlevant les suffrages ? Que faut-il de plus pour toucher à l'éloquence ? »