Emile Driant

1855 - 1916

Mort pour la France

Informations générales
  • Né le 11 septembre 1855 à Neufchâtel (Aisne - France)
  • Décédé le 22 février 1916 à Beaumont-en-verdunois (Meuse - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
Xe législature
Mandat
Du 24 avril 1910 au 31 mai 1914
Département
Meurthe-et-Moselle
Groupe
Action libérale
Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XIe législature
Mandat
Du 26 avril 1914 au 22 février 1916
Département
Meurthe-et-Moselle
Groupe
Action libérale

Fonds d'archives

Les Archives de l’Assemblée nationale ont versé aux Archives nationales plusieurs documents relatifs à l’activité parlementaire d’Émile Driant, notamment des documents des sessions parlementaires correspondant à ses mandats de député (C//7417 à C//7775) et les documents relatifs aux élections législatives (C//6524 à 7179 et C//7224 à C//7254).

Les Archives nationales conservent d’autres fonds privés dans lesquels sont répertoriées des lettres échangées avec Émile Driant : fonds Jean Guiraud (362AP/155), fonds Madelin (355AP/3), fonds Déroulède (401AP/7). Dans le fonds des pièces isolées, collections et papiers d'érudits, sous la cote AB/XIX/3976, on trouve des Lettres adressées à Anatole Marquet de Vasselot par Émile Driant.

Dans le fonds dit « Panthéon » des Archives nationales, contenant les dossiers individuels et d’affaires du fichier central, on retrouve le dossier d’Émile Driant coté F7 15951/1.

Sous la cote LH/804/13 des Archives nationales (Base Léonore) est conservé le dossier de la Légion d’honneur d’Émile Driant.

Le Service historique de la Défense conserve, sous la cote GR 6 YF 50295, le dossier du lieutenant-colonel Émile Driant. Dans labase des Morts pour la France de la Première Guerre mondiale, on trouve la fiche d’Émile Driant.

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 11 septembre 1855 à Neufchâtel (Aisne), mort le 22 février 1916 au Bois des Caures, commune de Beaumont-en-Verdunois (Meuse).

Député de Meurthe-et-Moselle de 1910 à 1916.

Après d'excellentes études au lycée de Reims, Emile Driant entre à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, en 1875. A sa sortie, en 1877, il est nommé sous-lieutenant au 54e de ligne, puis lieutenant au même régiment. En 1882, il passe au 4e Zouaves en Tunisie et y obtient son troisième galon en 1886. Au cours de l'année 1884, il devient officier d'ordonnance du Général commandant la Division d'occupation en Tunisie, puis officier d'ordonnance du Général Boulanger, Ministre de la Guerre, dont il épouse la fille cadette, Marcelle.

Au crépuscule du boulangisme, il reprit son poste au 4e Zouaves, en Tunisie. Il devait y rester jusqu'en 1892, avant de revenir à Saint-Cyr comme capitaine instructeur pour une période de quatre ans (1892-1896). Major au 4e Zouaves jusqu'en 1898, il passe ensuite comme chef de bataillon au 1er Bataillon de chasseurs à pied. Il y était encore en 1906, lorsque son attitude de protestation dans l'affaire des « fiches » l'amena à demander sa mise à la retraite.

Son retour à la vie civile, ayant coïncidé avec les élections générales législatives des 6 et 20 mai 1906, il se présente dans la circonscription de Pontoise (Seine-et-Oise) comme candidat de l'Action libérale ; ayant recueilli 10.503 voix au deuxième tour de scrutin, il ne put battre le député sortant, M. Aimond, sur lequel s'étaient portés 13.287 suffrages, sur 23.955 votants.

Aux élections générales du 24 avril 1910, le Commandant Driant devait, cette fois, être élu au premier tour de scrutin, dans la troisième circonscription de Nancy (Meurthe-et-Moselle) en obtenant 10.823 voix contre 9.145 à M. Grillon, député sortant, sur 21.711 votants.

Il devait, toujours comme candidat de l'Action libérale, renouveler son succès dans la même circonscription aux élections générales du 26 avril 1914, au premier tour de scrutin par 11.952 voix, contre 7.674 à M. Schutzer, sur 22.397 votants.

Au cours de sa première législature (1910-1914) il fit partie de diverses Commissions, dont celle de l'armée, et son activité à la Chambre des Députés devait correspondre tout naturellement à sa compétence en matière militaire. C'est ainsi qu'il déposa un grand nombre de propositions de lois et de rapports, dont la plupart concernaient le recrutement, les incorporations, les promotions et l'avancement dans l'armée.

De ses interventions en séance, il faut retenir celles relatives à l'organisation du Haut-Commandement (1911), à la Tunisie (1912), au Maroc (1912) ; à la constitution des cadres et effectifs de l'Infanterie (1912), à la durée du service militaire (1913) et à la situation matérielle des officiers et sous-officiers (1914) ainsi que son interpellation sur l'activité des organismes révolutionnaires, responsables de certains désordres dans l'armée (1913).

Sa deuxième législature commença en juin 1914, quelques semaines avant la déclaration de guerre ; le député de Nancy demanda au général Messimy, Ministre de la Guerre, et obtint de lui, de reprendre du service. Son âge - 59 ans - sa situation militaire (il était dégagé de toute obligation et rayé des contrôles de l'armée), enfin son mandat de député le dispensaient de rejoindre les unités combattantes. Pourtant, dès les premiers jours d'août, il se trouve en première ligne comme commandant du 1er Bataillon de chasseurs à pied. Dès 1914, sa conduite héroïque au feu lui vaut la rosette d'Officier de la Légion d'honneur et le commandement du groupe des 56e et 59e Bataillons de chasseurs à pied ; il est promu lieutenant-colonel à titre définitif le 28 mai 1915. Au cours de durs combats dans la région de Douaumont, au début de l'offensive du Kronprinz sur Verdun, il devait tomber au milieu de ses chasseurs, au Bois des Caures, le 22 février 1916.

Ses restes y furent inhumés le 21 octobre 1922, au pied du monument élevé à la mémoire des 56e et 59e Chasseurs, à côté de 13 chasseurs inconnus.

Le soldat n'avait fait, durant cette période, que de brèves apparitions à la Chambre. Il fut cependant rapporteur d'une proposition de loi tendant à instituer une « médaille de la valeur militaire » destinée à commémorer les citations individuelles à l'ordre de l'armée, du Corps d'armée et de la Division (1915). Il rapporta également la proposition de loi qui instituait la « Croix de Guerre » (1915).

Sa mort au combat eut un profond retentissement dans le pays car, pour beaucoup de Français, le colonel Driant qui venait de disparaître n'était pas le député consciencieux, éloquent et désintéressé, c'était le capitaine Danrit.

En effet, c'est sous ce pseudonyme qu'Emile Driant a donné une œuvre littéraire importante, des romans qui tenaient à la fois de Déroulède par leur esprit de revanche, leur glorification des soldats d'hier, et de Jules Verne par leurs anticipations souvent prophétiques.

La Guerre de demain en 8 volumes (1889-1893) lui valut d'être couronné par l'Académie française ; vinrent ensuite La Guerre fatale (1902), L'invasion jaune (1909), Jean Lapin (1898), Filleuls de Napoléon (1900), Petit Marsouin (1901), Robinsons de l'air (1908), De Samarcande à Lhassa (1905), Evasion d'Empereur (1904), La grève de demain (1909), La Révolution de demain (1909), Robinsons sous-marins (1908), Vers un nouveau Sedan (1906), L'Aviateur du Pacifique (1909), Un dirigeable au Pôle Nord 1910), L'Alerte (1911), Au-dessus du Continent noir (1912), L'Invasion noire (1913).

Membre de la Société des gens de lettres, de « La Plume et l'Epée », il posa, en décembre 1915, sa candidature à l'Académie française, au fauteuil d'Albert de Mun. Cette élection n'ayant pas eu de résultat, ce fut Mgr Baudrillart qui succéda à Albert de Mun en 1918. Officier de la Légion d'honneur et décoré de la Croix de guerre, Emile Driant était également Officier de l'Instruction publique, Commandeur de Saint-Stanislas, du Nichan Iftikhar, Officier de l'Ordre du Cambodge et du Dragon d'Annam, Chevalier de la Couronne d'Italie et de Saint-Alexandre de Bulgarie.

Son éloge funèbre fut prononcé par le président Paul Deschanel à la séance du 7 avril 1916. Dans une belle envolée lyrique dont il avait le secret, il rendit au disparu l'émouvant hommage que voici :

« Mes chers collègues, nous devons renoncer à nos espoirs : il ne paraît plus douteux que Driant a été tué. Une famille en pleurs cherche au loin la chère image de l'époux, du père disparu. Nous le pleurons avec elle. Mais lui, voudrait-il être plaint, voudrait-il être pleuré ? Non, il n'avait vécu que pour cette heure suprême. Toutes ses pensées, toutes ses passions, toutes ses généreuses colères - que sa mort explique et ennoblit - n'avaient qu'un objet : la grandeur de la France, la réparation de ses revers.

« Vivre d'une vie collective, supérieure à la vie individuelle, s'absorber tout entier dans un idéal sacré : le triomphe de la justice par le relèvement de la patrie, et mourir pour l'idéal dont on a vécu, quel destin plus digne de tenter un grand cœur ?

« Mourir pour sa patrie ; et pour quelle patrie, et dans quel moment !

Dans le moment que la France répare, au prix de son sang, les plus exécrables forfaits contre le droit, contre la foi jurée, contre l'humanité. C'est pour tout cela - patrie, honneur, justice - que Driant est mort, au milieu des héros immortels de Verdun. Jamais causes plus Saintes ne valurent plus magnifiques trépas. Puissent de tels holocaustes brûler les débris impurs de nos haines ! Puisse la mort éclairer la vie ! « Cher et noble soldat, la France couvre de ses couleurs ta dépouille glorieuse. Tes petits chasseurs que tu aimais tant continueront d'entendre ta voix paternelle ; ils porteront en leurs âmes ta vaillance. Par eux tu seras vengé ! »

Le général Roques, Ministre de la Guerre, associa le Gouvernement à ces nobles paroles, et s'enorgueillit personnellement d'avoir eu sous ses ordres le colonel Driant.

Date de mise à jour: juillet 2015