Edouard Drumont

1844 - 1917

Informations générales
  • Né le 3 mai 1844 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 4 février 1917 à Paris (Seine - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
VIIe législature
Mandat
Du 8 mai 1898 au 31 mai 1902
Département
Anciens départements d'Algérie

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1889 à 1940 (Jean Jolly)

Né le 3 mai 1844 à Paris, mort à Paris le 4 février 1917.

Député d'Alger de 1898 à 1902.

Issu d'une famille modeste, Edouard Drumont fit ses études au lycée Bonaparte, puis au lycée Charlemagne à Paris, et devint employé à la Préfecture de la Seine, mais se fit surtout connaître, après la guerre de 1870-1871, comme journaliste.

Membre de la Corporation des publicistes chrétiens, il collabora à divers journaux : Le Bien public, La Liberté et Le Petit Journal.

Entre temps, après un essai au théâtre (Je déjeune à midi, comédie en un acte), en 1874, il se fit apprécier dans un cercle malgré tout restreint par les Fêtes nationales de Paris, œuvre de description, Mon vieux Paris, guide érudit (1879) et surtout Le Dernier des Trémolin (1879), petit roman qui fut un succès de librairie et fut réédité dans une collection classique d'auteurs célèbres. Mais il ne parvint à une notoriété assez fâcheuse que lors de la parution de La France juive (1886), en deux volumes, œuvre polémique, outrancière, qui lui attira plaintes, réclamations et représailles des innombrables personnes mises en cause dans cette dénonciation de la mainmise juive sur l'économie et la politique française au XIXe siècle. Une série d'ouvrages partisans suivit : La France juive devant l'opinion (1888), La dernière Bataille (1890), Le testament d'un antisémite (1891), La fin du Monde (1892), De l'or, de la boue et du sang (1895), Une nouvelle Pologne (1897), La tyrannie maçonnique (1897), Les Héros et les Pitres (1898), Figures de bronze et statues de neige (1898). Cependant, il fondait La libre Parole, qu'il dirigea de 1892 jusqu'en 1916, journal violemment antisémite et très nationaliste, plein d'outrances et d'attaques personnelles qui valurent à son directeur de nombreux duels et une condamnation à trois mois de prison pour diffamation, qu'il fit à Sainte-Pélagie (procès Burdeau en 1892). Simultanément, il s'adonna aux études historiques et à la critique d'art qui furent pour cet esprit vigoureux et passionné un délassement et une détente. Ainsi, il édita Les Papiers inédits du Duc de Saint-Simon (1880), d'après les originaux conservés aux Archives des Affaires étrangères et La mort de Louis XVI, d'après le journal d'Anthoine, valet de chambre du Roi.

Les émeutes antisémites de la ville d'Alger en janvier 1898 lui donnèrent l'occasion d’entrer à la Chambre des députés, grâce à l'appui de M. Max Régis, maire d'Alger, et, lui aussi, farouche antisémite. Edouard Drumont se présenta aux élections générales du 8 mai 1898, où il fut élu assez triomphalement, puisqu'il obtint au premier tour de scrutin 11.563 voix sur 15.723 votants, battant largement le député sortant radical-socialiste, M. Samary, qui n'obtint que 2.329 voix ; un troisième candidat, M. Bertrand, ne recevant que 1.703 suffrages.

A la Chambre des députés, il siégea à droite, se déclarant chef du parti antijuif, et n'intervint guère que dans les questions intéressant l'Algérie. C'est ainsi qu'il déposa une proposition de loi tendant à amnistier les condamnés à l'occasion des troubles survenus en Algérie depuis le 16 mai 1897 (1898) et qu'il interpella le Gouvernement sur la question juive en Algérie (1899), sur les manœuvres de M. Lutaud, préfet d'Alger, en conflit ouvert avec la municipalité d'Alger (1900), sur la révocation de Max Régis, maire d'Alger (1901).

Il intervint également pour le rachat du réseau ferré algérien lors de la discussion du budget de 1900 et pour l'attribution du quart colonial aux syndics et gardes maritimes (1900).

Mais, toujours passionné et excessif, il préférait dénoncer l'influence des banquiers juifs (1898), réclamer l'abrogation du décret Crémieux accordant la citoyenneté française aux Israélites algériens (1899), critiquer certaines nominations dans l'ordre de la Légion d'honneur (affaire Grévy-Wilson) en 1900 et ses paroles immodérées lui valurent même la censure avec exclusion temporaire (1901) pour avoir traité Monis et Laettan d' «hommes tarés». Il dut être expulsé de la tribune manu militari.

Pourtant, cet esprit original se montra parfois libéral, notamment quand il s'attira les applaudissements de la gauche, en déclarant le 14 novembre 1898 : « Je suis résolument partisan de la liberté de penser et je blâme absolument les poursuites exercées contre les écrivains et contre les livres » - et quand il dénonça les abus du régime de l'indigénat en Algérie (26 mai 1899) condamnant les internements administratifs sans jugement et le « pénitencier de Tadzmith, où des malheureux sont traités comme des chiens. »

Les élections générales du 27 avril 1902 lui furent moins favorables et il fut battu de 1.000 voix par M. Maurice Colin, avocat, professeur de droit à Alger, qui obtint 9.604 suffrages (sur 18.512 votants), Drumont n'en recevant que 8.692.

Il quitta donc la Chambre, non sans avoir recueilli sur place une collection de notes destinées à peindre sans indulgence les milieux parlementaires mais qui, à la différence de l'ouvrage de Barrès Leurs figures, ne furent jamais éditées.

Mais il reprit son métier de journaliste et d'écrivain qu'il n'avait à la vérité jamais abandonné. Il publia encore Les tréteaux du succès (1901), Vieux Portaits, Vieux Cadres (1903). Candidat à l'Académie française en 1903, au fauteuil de Victorien Sardou, il obtint 10 voix au premier tour, mais n'insista pas et ne se représenta plus.

Avec les années de guerre et la vieillesse, vint l'oubli relatif, bien que le 22 février 1915 il ait encore pris la direction du journal Le Peuple français, mais cessa toute activité en 1916 et sa mort, à Paris, le 4 février 1917, passa presque inaperçue. Il était alors âgé de 73 ans.